Correspondance de Napoléon – Mai 1813

De notre camp impérial de Lützen, 3 mai 1813.

PROCLAMATION A L’ARMÉE.

Soldats, je suis content de vous! Vous avez rempli mon attente! Vous avez suppléé à tout par votre bonne volonté et par votre bra­voure. Vous avez, dans la célèbre journée du 2 mai, défait et mis en déroute l’armée russe et prussienne, commandée par l’empereur Alexandre et le roi de Prusse. Vous avez ajouté un nouveau lustre à la gloire de mes aigles; vous avez montré tout ce dont est capable le sang français. La bataille de Lützen sera mise au-dessus des batailles d’Austerlitz, d’Iéna, de Friedland et de la Moskova. Dans la cam­pagne passée, l’ennemi n’a trouvé de refuge contre nos armes qu’en suivant la méthode féroce des barbares ses ancêtres : des armées de Tartares ont incendié ses campagnes, ses villes, la sainte Moscou elle-même. Aujourd’hui, ils arrivaient dans nos contrées, précédés de tout ce que l’Allemagne, la France et l’Italie ont de mauvais sujets et de déserteurs, pour y prêcher la révolte, l’anarchie, la guerre civile, le meurtre; ils se sont faits les apôtres de tous les crimes. C’est un incendie moral qu’ils voulaient allumer entre la Vistule et le Rhin, pour, selon l’usage des gouvernements despotiques, mettre des déserts entre nous et eux. Les insensés ! Ils connaissaient peu l’attachement à leurs souverains, la sagesse, l’esprit d’ordre et le bon sens des Allemands. Ils connaissaient peu la puissance et la bravoure des Français.

Dans une seule journée, vous avez déjoué tous ces complots par­ricides. Nous rejetterons ces Tartares dans leur affreux climat, qu’ils ne doivent pas franchir. Qu’ils restent dans leurs déserts glacés, séjour d’esclavage, de barbarie et de corruption, où l’homme est ra­valé à l’égal de la brute !

Vous avez bien mérité de l’Europe civilisée. Soldats, l’Italie, la France, l’Allemagne vous rendent des actions de grâces !

 

3 mai 1813, du champ de bataille de Lützen.

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel

Mon Frère, votre aide de camp m’a trouvé sur le champ de ba­taille, poursuivant l’ennemi, que mon armée a entièrement défait hier. L’empereur de Russie et le roi de Prusse commandaient en personne : leurs gardes ont été écrasées.

Je ne comprends rien au retard qu’éprouve le payement des 500,000 francs; ils sont compris dans la ‘distribution du mois de mars. Envoyez un courrier au duc de Bassano, qui devrait déjà vous avoir fait payer cette somme.

 

Pegau, 3 mai 1813.

Au prince Lebrun, gouverneur général des départements de la Hollande, à Amsterdam

Je vois dans le Journal d’Amsterdam que vous avez mis un extrait de mes lettres dans les journaux : cela me servira de règle pour ne plus vous écrire. Comment peut-on commettre une pareille inconve­nance!

 

Pegau, 4 mai 1813, quatre heures du matin.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Pegau.

Mon Cousin, ordonnez au vice-roi de partir aujourd’hui à six heures du matin pour se porter sur Borna. Vous lui ferez connaître que je donne ordre au général Lauriston, qui continue à être sous ses ordres, de se porter à Rœtha.

Donnez au général Lauriston l’ordre de se porter sur Rœtha, et, une fois passé, de favoriser le passage du vice-roi à Borna.

Mandez aussi au vice-roi qu’il faut absolument avoir Borna dans la journée, afin de pousser l’ennemi et d’avoir des renseignements sur sa direction.

Donnez ordre au duc de Raguse de partir de meilleure heure qu’il pourra, pour joindre la route de Borna; qu’il fasse connaître sur quel point et à quelle heure il arrivera.

Donnez ordre au général westphalien, s’il est à Naumburg, de se porter sur Zeitz, et s’il est à Weissenfels, de se porter sur Pegau.

 

Pegau, A mai 1813, quatre heures du matin.

Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Lützen.

Le major général vous fera connaître mes intentions pour les mouvements d’aujourd’hui. S’il n’y a pas d’inconvénient, je désire que vous vous rendiez à Leipzig : faites-y la plus belle entrée qu’il sera possible, et employez là votre temps à me donner des renseigne­ments de toute espèce. Passez la revue de votre corps; proposez-moi de nommer aux places vacantes pour bien remettre en état ce qui serait désorganisé, et surtout l’artillerie, qu’il ne faut diminuer d’au­cune pièce. S’il y a des chevaux tués, on peut facilement s’en procu­rer d’autres dans le pays où l’on est : il faut que vous ayez le même nombre de pièces que vous aviez avant la bataille.

Le général Reynier commande le 7e corps, composé de Saxons et de la division Durutte ; il se trouve à Merseburg : je le mets sous vos ordres. Je lui donne ordre de se rendre demain à Leipzig, si toutefois il est certain que la colonne ennemie qui avait marché sur Halle l’ait évacué, ce dont je ne doute pas. La division Durutte est forte de 3,000 hommes. Je désire également que le duc de Bellune, qui est à Bernburg, vous rejoigne.

Mon intention est de porter aujourd’hui mon quartier général à Borna pour suivre vivement l’ennemi. Là je me déciderai peut-être à me porter sur Dresde; mais dans ce cas je vous laisserai sur ma gauche, pour vous porter sur Wittenberg, après avoir débloqué Torgau et mis le général Reynier à la tête de son 7e corps. Je sup­pose qu’il pourra former là une division de 6 à 7,000 Saxons, ce qui lui fera 10,000 hommes. Je voudrais, à Wittenberg, réunir à vous le général Sébastiani, qui a 14,000 hommes, dont 4,000 de cavalerie; ce qui ne laisserait pas de faire à Wittenberg une très-belle armée. Cela me permettrait, suivant les renseignements ultérieurs que je recevrais, ou de m’en tenir à l’Elbe, ou de déboucher par Wittenberg et de me porter immédiatement sur Berlin. Mais je ne puis pas encore fixer mes idées sur cela, parce que je ne connais pas exactement la situation de votre corps; faites-moi-la bien connaître. Vous êtes celui qui avez le plus souffert. Je vous prie de donner ordre aussi qu’on ramasse les fusils sur le champ de bataille.

On m’assure que l’ennemi n’a laissé près de Wittenberg que le général Kleist avec 3 ou 4,000 hommes, une petite colonne qui a marché sur Halle et peu de monde à Dessau. Aussitôt que vous serez arrivé à Leipzig, si vous apprenez que le chemin soit libre de Leipzig à Bernburg, où est le duc de Bellune, donnez-lui ordre de se tenir prêt à vous rejoindre. Je vous prie de m’envoyer de Leipzig des renseignements sur ce qui se passe à Magdeburg, Wittenberg et Torgau. Le général Reynier peut envoyer un officier saxon à Torgau pour y faire connaitre le résultat de la bataille, et qu’il vient prendre le commandement du corps.

 

Pegau, 4 mai 1813, cinq heures du matin.

Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Lützen.

Mon Cousin, écrivez au général Bertrand que, jusqu’à ce qu’il soit instruit que le duc de Reggio est arrivé à Zeitz, il envoie de fortes reconnaissances dans la direction de Zeitz et d’Altenburg, afin d’avoir des nouvelles de l’ennemi; qu’il envoie aussi des patrouilles du côté de Borna, et que, s’il entendait une vive canonnade sur ce point, il s’y porte et envoie demander des ordres.

 

Pegau, 4 mai 1813, neuf heures du matin.

Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Lützen.

Je reçois des nouvelles du vice-roi, datées sept heures du matin; il est arrivé à Borna. L’armée prussienne et russe fuit à toutes jambes sur Rochlitz. La perte de l’ennemi a été énorme. Nous avons trouvé ici le corps du prince de Hesse-Homburg ; je le fais enterrer avec tous les honneurs dus à son rang. On soutient que le prince de Prusse a été blessé. Le désespoir est dans l’âme des Prussiens. Je fais marcher sur Dresde. Je vous ai envoyé ce matin mes intentions. Réunissez le duc de Bellune pour débloquer Wittenberg. Envoyez le général Reynier à Torgau pour y rallier les Saxons. Le général Sébastiani ayant près de 4,000 hommes de cavalerie, il sera possible que je me décide à vous faire marcher sur Berlin pour y prévenir l’ennemi ; mais, comme de raison, aussitôt que j’aurai des renseignements plus précis.

 

Pegau, 4 mai 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Pegau.

Mon Cousin, écrivez au général Sébastiani, par un officier d’état-major , qu’il ait à se diriger de manière à opérer le plus tôt possible sa réunion avec le prince de la Moskova ; qu’il tâche de se réunir en route avec toute l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie qu’il trouvera, et qu’il amène tout à l’armée; qu’il prenne sous ses ordres la 1e divi­sion de l’armée, commandée par le général Philippon; que, si le duc de Bellune n’est pas réuni au corps du prince de la Moskova, il s’y réunisse aussi, de manière à arriver avec le plus de forces possible , mais aussi de manière à rejoindre promptement le prince de la Mos­kova; qu’il écrive à Hanovre et à Brunswick pour que toute la cava­lerie possible le rejoigne. Il ne laissera à Magdeburg que le régiment westphalien, le régiment de marche de la citadelle, quatre bataillons de la 1e division, deux du 2e corps; ce qui fera hait bataillons français.

Écrivez au duc de Bellune les ordres que vous donnez au général Sébastiani ; faites-lui connaître qu’il sera sous les ordres du prince de la Moskova, comme plus ancien maréchal que lui; qu’il réu­nisse également tous les détachements d’infanterie, cavalerie et ar­tillerie qui seraient à sa portée, et qu’il marche avec précaution. Écrivez au prince de la Moskova que, indépendamment des divisions qui composent son corps d’armée, mon intention est que le 2e corps, commandé par le duc de Bellune, ayant une division de dix bataillons qui était à Bamberg, soit sous ses ordres et le rejoigne ; que le gé­néral Sébastiani, ayant sous ses ordres la division Puthod, de 10,000 hommes d’infanterie, et 4,000 de cavalerie, soit sous ses ordres et le rejoigne; que la 1″ division de l’armée, faisant partie du 1er corps, qui est de seize bataillons et qui est du côté de Magdeburg, laisse quatre bataillons à Magdeburg et le rejoigne avec douze bataillons. Le prince de la Moskova recevra ainsi une augmentation de douze bataillons de la division Puthod, douze de la division du ler corps, que commande le général Philippon, dix du duc de Bellune, total trente-quatre bataillons avec leurs batteries d’artillerie, plus 4,000 hommes de cavalerie du général Sébastiani ; ce qui, avec la division Durutte, lui fera une augmentation de 30,000 hommes, y compris les Saxons. Il y a deux bataillons du régiment étranger et plusieurs bataillons isolés du général Lauriston qui n’ont pas encore dépassé Leipzig; il peut réunira lui tout ce qui n’aurait pas dépassé Leipzig dans la journée de demain, en en rendant compte. Qu’il envoie des estafettes à ces différents généraux, et qu’il se tienne prêt à manœuvrer pour se porter sur Torgau; qu’il réunisse, en consé­quence, le duc de Bellune et les généraux Sébastiani et Philippon, pour qu’il ne leur arrive rien en route.

Écrivez au commandant de Magdeburg et à tous ces généraux en conséquence, et donnez avis partout de la victoire que nous avons remportée.

 

Pegau, 4 mai 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Pegau.

Mon Cousin, il me semble que je vous avais donné ordre de faire connaître au duc de Reggio que mon intention était qu’il se portât sur Zeitz. Cependant la note que vous m’avez envoyée cette nuit ne dit rien de ce dernier ordre; faites-moi connaître de quelle date il est. J’avais ordonné également que la division wurtembergeoise se rendît sur Pegau en droite ligne pour rejoindre le général Bertrand ; elle a fait un détour : donnez-lui l’ordre, puisqu’elle est à Kaja, de rejoindre sur-le-champ le général Bertrand. J’ai donné ordre au gé­néral Hammerstein de se porter sur Pegau ; dirigez-le sur le duc de Raguse; il fera partie de son corps et marchera avec lui. Comme ce général a un millier d’hommes de cavalerie, il sera utile au duc de Raguse. Le général Milhaud ne doit point passer par Kaja, mais se diriger en droite ligne sur Pegau. Quand est-ce que la colonne com­mandée par le général Decous est arrivée à Naumburg ? Quand en est-elle partie ? Avez-vous spécifié dans votre ordre qu’elle vienne sur Pegau ?

Les quatre compagnies de pontonniers qui sont arrivées le 1er mai à Erfurt ont-elles eu ordre de continuer leur route? Quant au trésor de l’armée, il est bien à Erfurt; laissez-l’y jusqu’à ce que nous ayons pris une position définitive. Le bataillon du 37e léger peut aussi, sans difficulté, rester quelques jours à Erfurt, s’y reposer et se reformer. Donnez ordre à la division Lorge de partir de Hanau pour se rendre à Gotha.

 

Pegau, 4 mai 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Pegau.

Mon Cousin, expédiez l’ordre à la division Milhaud, qui arrive aujourd’hui à Naumburg, de se rendre en droite ligne sur Pegau; même ordre pour la colonne du général Decous. Dites à ces deux généraux de marcher ensemble, afin de se soutenir mutuellement.

Le corps du général Hammerstein fera partie du corps du duc de Raguse; qu’il se dirige donc aujourd’hui sur Borna. Mandez cela au duc de Raguse, pour qu’il apprenne le plus tôt possible que ce corps, ayant 1,000 chevaux, sera mis sous ses ordres.

 

Pegau, 4mai 1813.

Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris

Mon Cousin, je reçois vos lettres du 28 et du 29. Vous verrez par les relations envoyées à l’Impératrice quelle est la situation actuelle des affaires. On ne peut pas aller mieux. Rien n’égale surtout la va­leur, la bonne volonté et l’amour que me montrent tous ces jeunes soldats; ils sont pleins d’enthousiasme.

 

Pegau, 4 mai 1813.

A François Ier, empereur d’Autriche, à Vienne.

Monsieur mon Frère et très-cher Beau-Père, connaissant l’intérêt que Votre Majesté prend à tout ce qui m’arrive d’heureux, je m’em­presse de lui annoncer la victoire qu’il a plu à la Providence d’accorder à mes armes dans les champs de Lützen. Quoique ayant Voulu diriger moi-même tous les mouvements de mon armée, et m’étant trouvé quelquefois à portée de la mitraille, je n’ai éprouvé aucune espèce d’accident, et, grâce au ciel, je jouis de la meilleure santé.

J’ai des nouvelles journalières de l’Impératrice, dont je continue d’être extrêmement satisfait. Elle est aujourd’hui mon premier mi­nistre, et elle s’en acquitte à mon grand contentement; je ne veux pas le laisser ignorer à Votre Majesté, sachant combien cela fera plaisir à son cœur paternel.

Que Votre Majesté croie aux sentiments d’estime et de parfaite considération que je lui porte, et surtout au véritable intérêt que je prends à son bonheur.

 

Pegau, 4 mai 1813.

A Frédéric, roi de Wurtemberg, à Stuttgart

Monsieur mon Frère, j’ai chargé le roi de Westphalie d’écrire à Votre Majesté pour lui faire connaître l’état de mes affaires ; j’espère qu’il le fait exactement. Votre Majesté aura appris la victoire signalée que la Providence a accordée à mes armes dans les champs de Lützen. Le roi de Prusse et l’empereur de Russie, avec l’armée russe de Wittgenstein, forte de 150,000 à 200,000 hommes, dont 30,000 de cavalerie, sont venus m’attaquer au village de Kaja, le 2, à dix heures du malin. Je les ai complètement battus avec ma seule infanterie ; je les poursuis l’épée dans les reins, et déjà le vice-roi est arrivé à Borna.

La garde du roi de Prusse a été détruite, celle de l’empereur de Russie a beaucoup souffert; les régiments de cuirassiers russes ont été écrasés ; je compte la perte de l’ennemi à 25 ou 30,000 hommes. On dit que plusieurs princes de la maison de Prusse ont été blessés ; je viens de faire enterrer le prince de Hesse-Hombourg.

Et pourtant les trois divisions du duc de Reggio ne m’avaient pas rejoint; des trois divisions du général Bertrand, deux ne m’avaient pas joint et une a à peine tiré quelques balles ; les quatre divisions du général Lauriston n’ont pas participé à l’affaire; la moitié de ma vieille Garde, qui me rejoindra dans trois jours, n’y était pas; les trois di­visions du 1er corps, trois du 2e ne m’avaient pas joint-, le général Sébastiani, avec 14,000 hommes, dont 4,000 de cavalerie, était sur Lüneburg : j’ai donc remporté cette victoire avec le tiers de mon armée contre toutes les armées ennemies. Cela ne m’étonne pas, vu la mauvaise composition de l’infanterie actuelle russe. L’empereur de Russie et le roi de Prusse se dirigent sur Dresde ; je les y pour­suis; ceci nous mènera à la Vistule. Voilà donc tant d’espérances de changement et de bouleversement anéanties!

Borna, 5 mai 1813, deux heures du matin.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Borna.

Mon Cousin, écrivez au vice-roi qu’il marche beaucoup trop len­tement; qu’il occupe beaucoup trop de place, ce qui embarrasse la marche de l’armée ; qu’il y a beaucoup trop de voitures à son corps, et qu’il n’y a pas d’ordre; que la cavalerie traîne à sa suite, comme à l’ordinaire, une grande quantité d’embarras et d’hommes éclopés; qu’il fasse diriger tout cela sur Leipzig ; qu’il mette aussi de Tordre dans ses voitures; qu’il fasse exécuter les règlements et qu’aucun bagage ne marche avec la 1″ division d’infanterie; qu’il faut, aujour­d’hui 5, que la queue du corps ait dépassé Colditz à midi, et que son quartier général soit entre Colditz et Waldheim, le plus près de Waldheim qu’il pourra; le quartier général de l’armée sera à Colditz à midi ; qu’il est nécessaire aussi de marcher aujourd’hui plus réuni.

Donnez ordre au général Bertrand de se porter sur Rochlitz ; faites-lui connaître que le vice-roi a dépassé Colditz.

Donnez ordre au duc de Raguse de se diriger entre Colditz et Rochlitz, pour y passer la Mulde, si l’ennemi la défend à Colditz, et pouvoir ainsi tourner la position; qu’il fera reconnaître Rochlitz; que le général Bertrand doit arriver sur Rochlitz, mais très-tard; que le vice-roi sera au-delà de Colditz.

Donnez ordre au duc de Reggio de se porter sur Altenburg.

 

Borna, 5 mai 1813, neuf heures du matin.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Borna.

Mon Cousin, écrivez au prince de la Moskova que j’ai donné ordre au comte Lauriston de se rendre avec son corps à Wurzen, pour nettoyer la route de Wurzen à Dresde, ce qui assurera son flanc droit; que je désire qu’il se dirige le plus tôt possible sur Torgau pour rétablir la communication.

Écrivez au général Thielmann, commandant de Torgau, pour lui faire .connaître que le général Reynier va reprendre le comman­dement du 7e corps.

 

Borna, 5 mai 1813.

Au maréchal Kellermann, duc de Valmy, commandant supérieur des 5e, 25e et 26e divisions militaires, à Mayence.

Je donne ordre au comte Beugnot de fournir 500 chevaux, des lances et tout ce dont il peut disposer dans le Grand-Duché à la brigade du général Dombrowski. Prévenez-en le général Dombrowski pour qu’il se fasse remettre ces fournitures sur-le-champ. Pressez le départ de cette petite division pour l’armée.

 

Borna, 5 mai 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Dans la dernière bataille, j’ai vu avec la plus grande peine qu’un bon tiers des obus n’a pas éclaté. Cette affaire est de la plus grande importance. Cela provient de ce qu’ils étaient chargés depuis longues années : cela ne doit pas être; il n’y a ni mais ni si qui puissent jus­tifier le corps d’artillerie de pareille négligence. J’ai vu beaucoup de ces obus sur le champ de bataille; ils avaient des fusées, mais pas de mèches. Enfin prenez les mesures les plus efficaces pour re­médier à un si grand inconvénient. La responsabilité en pèse tout entière sur le corps d’artillerie ; un directeur d’artillerie qui expédie des munitions qui ne sont pas en état, selon les lois militaires mérite la mort. Il est nécessaire aussi de prendre quelques mesures pour former des artificiers.

 

Borna. 5 mai 1813.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre lettre du 25 avril. Vous dites que je ne vous ai pas fait connaître mon intention pour les dix-sept majors venant d’Espagne ; je ne puis pas concevoir cela. Quand je vous ai dit que tous les officiers venant d’Espagne devaient se rendre au quartier général de la Grande Armée, il me semble que cela comprenait colonels,  colonels en second, majors, majors en second, chefs de bataillon, etc. En attendant, je me trouve sur le champ de bataille sans officiers. D’ailleurs, la campagne en usera beaucoup ; il faut donc en avoir pour les remplacer, sans faire des avancements trop rapides et qui n’atteignent pas le but. Je ne puis donc que vous répéter ce que je vous ai déjà dit dix fois, c’est que tous les officiers qui vous arrivent d’Espagne doivent être dirigés sur Mayence.

Si vous avez besoin d’officiers et de sous-officiers, l’armée d’Es­pagne est une pépinière inépuisable ; je vous autorise à en faire venir.

 

Colditz, 5 mai 1813.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Colditz.

Mon Cousin, écrivez au général Lauriston, par un homme du pays, à qui vous promettrez vingt napoléons de récompense s’il ap­porte la réponse avant six heures du matin. Faites connaître au général qu’il se porte à grandes marches, et par la grande roule, sur Dresde, de manière à faire sept à huit lieues par jour; que mon quartier général est arrivé ici aujourd’hui ; que tous les corps sont passés par ici, et qu’il ne doit rien y avoir de considérable du côté du prince de la Moskova.

 

Colditz, 6 mai 1813, trois heures et demie du matin.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Colditz.

Mon Cousin, écrivez au duc de Raguse que le vice-roi a défait hier le corps de Miloradovitch, au village de Gersdorf; que son avant-garde était sur les hauteurs de Hartha ; qu’il est nécessaire que sa 1e division commence à entrer dans la ville à quatre heures du matin et se porte en toute diligence sur Waldheim ; qu’une division du général Kleist, qui venait du côté de Wittenberg, est retournée sur Wurzen par Leisnig, qu’elle aura probablement évacué pendant la nuit; qu’il faut qu’il envoie une reconnaissance sur Leisnig, où il est bon que Ton entre pour savoir ce qui s’est passé ; que cela ne doit pas arrêter la marche de son corps d’armée dans la direction du vice-roi.

Écrivez au vice-roi que j’ai vu avec plaisir sa relation d’hier, mais qu’il y a bien peu de prisonniers ; que, dans un pays où la cavalerie ne peut rien, on aurait dû prendre 2 à 3,000 hommes ; qu’il parte à la pointe du jour pour arriver à Nossen dans la journée; que le duc de Raguse le soutient à trois heures de marche; que toute la Garde est en avant de Colditz; qu’il peut donc marcher droit et rapide­ment; que, comme toutes les colonnes de l’ennemi convergent sur Dresde, il est important d’arriver rapidement devant cette ville, puisque tout ce qui n’aurait pas passé serait rejeté sur la Bohême ; que le général Lauriston a reçu ordre de se diriger à grandes marches de Wurzen, par le grand chemin, sur Dresde. Donnez l’ordre au général Bertrand, qui est à Rochlitz, de marcher sur deux colonnes, l’une pour passer la rivière entre Waldheim et Mitveida, l’autre sur Mitveida; faites-lui connaître que le vice-roi est sur Waldheim ; qu’il a défait hier le corps de Miloradovitch ; que le vice-roi a ordre d’aller aujourd’hui à Nossen; qu’il faut donc qu’il s’approche; que le général Lauriston part aujourd’hui de Wurzen pour faire huit lieues par jour sur la grande route de Dresde; qu’il est donc nécessaire d’arriver tous à la fois sur Dresde; qu’il envoie un officier au duc de Reggio pour avoir de ses nouvelles , car il est à prévoir que, s’il y a une colonne ennemie qui ne soit pas encore arrivée à Dresde, l’en­nemi voudra tenir pour gagner vingt-quatre heures.

 

Colditz, 6 mai 1813, trois heures et demie du matin.

Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Leipzig

J’ai reçu votre lettre de Leipzig en date du 5 mai, avec les ren­seignements qui y sont contenus. Le vice-roi a battu hier à Gersdorf
et poussé sur Hartha le général Miloradovitch, qui avait deux divisions, formant douze régiments, et à peu près 9,000 hommes sous les armes. Ce général était en marche, mais n’avait pu arriver à la bataille; il a été culbuté et a beaucoup perdu. Nous serons aujour­d’hui à Nossen. J’ai fait donner ordre au général Lauriston de marcher en toute hâte sur Dresde; il doit être à Wurzen. Comme mes ordres lui parviennent par des chantas de traverse, et que vous pouvez lut écrire par la grande route, prévenez-le que c’est mon intention qu’il fasse sept à huit lieues par jour, afin d’arriver à la même hauteur que nous à Dresde. Prévenez-le que le général Kleist, avec une division de 5 à 6,000 hommes, était hier au village de Leisnig et se dirigeait sur la route, probablement pour couvrir la route de Wurzen à Dresde. Il serait possible que, si le général Lau­riston manœuvrait bien, il pût enlever cette division.

Vous me parlez d’une division qui est à Halle, je suppose qu’elle aura rétrogradé sur Dessau à la nouvelle de la bataille; s’il en était autrement, vous vous trouveriez sur ses derrières et ne la laisseriez pas rejoindre.

J’ai bien de l’impatience de vous savoir sur Torgau et de voir débloquer Wittenberg, car les choses prennent une tournure telle qu’il serait très-possible que je prisse le parti de me porter de suite sur Berlin.

 

Colditz, 6 mai 1813, neuf heures du matin,

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Colditz.

Mon Cousin, écrivez au général Bertrand que je Le laisse maître de se porter sur Freyberg, afin de déboucher par cette grande route sur Dresde; que le vice-roi sera ce soir à Nossen; peut-être y porte-rai-je mon quartier général ce soir ; peut-être le porterai-je à Etzdorf.

 

Colditz, 6 mai l813.

Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Leipzig.

Faites expédier tous les jours de Leipzig 20,000 rations de pain par la grande route sur Dresde, car nous allons être entassés chaque jour davantage les uns sur les autres.

 

Colditz. 6 mai 1813.

Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Hanau.

Les deux compagnies du 6e bataillon d’équipages militaires sont arrivées hier à Borna ; envoyez-les chercher. Envoyez un officier à Naumburg, afin que tout ce qui est destiné à votre corps et à celui du duc de Bellune se dirige sur Leipzig.

Faites faire des hôpitaux à Leipzig pour 0,000 blessés, et faites-y transporter les blessés qui sont à Lut zen. Nous serons probablement demain à Dresde. 11 paraît que le corps prussien de 20 à 25,000 hom­mes se retire sur Meissen.

La le division de l’armée fera partie du corps du duc de Bellune jusqu’à nouvel ordre. Ce maréchal aura deux divisions, la 1e et la 4e, ce qui, avec vos cinq divisions et les deux divisions du général Reynier, fera neuf divisions. Les routes doivent être libres pour arri­ver à Magdeburg. Pressez votre jonction avec le général Sébastian! Ce général a avec lui une division qui appartient au général Lauriston; faites-moi connaître quand elle arrivera, pour que je désigne où elle doit rejoindre son corps. Je suppose que le générai Sébastiani doit avoir 6,000 hommes de cavalerie; c’est une belle armée, avec laquelle je voudrais vous voir déboucher sur Torgau. Pendant ce temps, je pousserai les Russes dans ce pays-ci. Je ne sais si je pour­rai passer à Dresde ; je crains de trouver embarras pour passer, car j’ai des pontonniers et pas de pontons; ils ne seront pas arrivés avant quinze jours. Si je n’ai pas de bateaux et si l’ennemi défend sérieu­sement le passage et expose Dresde aux circonstances de la guerre, je serai obligé de revenir sur Torgau ; mais votre présence à Torgau avec votre corps d’armée doit imposer à l’ennemi et le faire renoncer au projet de défendre l’Elbe.

 

Colditz, 6 mai 1813.

Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Leipzig.

Faites construire un pont de bateaux, près de Wurzen et un tam­bour en palissades, afin que la communication avec Dresde soit sûre et rapide.

 

Colditz, 6 mai 1813.

A Mme la maréchale Bessières, duchesse d’Istrie, à Paris

Ma Cousine, votre mari est mort au champ d’honneur. La perte que vous faites, et celle de vos enfants, est grande sans doute, mais la mienne Test davantage encore. Le duc d’Istrie est mort de la plus belle mort et sans souffrir. Il laisse une réputation sans tache: c’est le plus bel héritage qu’il ait pu léguer à ses enfants. Ma protec­tion leur est acquise; ils hériteront aussi de l’affection que je portais à leur père. Trouvez dans toutes ces considérations des motifs de consolation pour alléger vos peines, et ne doutez jamais de mes sen­timents pour vous.

 

Waldheim, 7 mai 1813, dix heures du matin.

Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Schilda.

Le général Sébastiani est parti le 1er mai de Lüneburg, il y a donc aujourd’hui six jours : il doit être près de vous. Il est important que ce général, qui a beaucoup de cavalerie, d’infanterie et d’artillerie, rejoigne le plus tôt possible. Écrivez par des gendarmes saxons, dans différentes directions, pour qu’il rejoigne bientôt. L’arrivée de ces forces du côté de Wittenberg et de Torgau mettra en état de tout entreprendre avec succès sur la rive droite de l’Elbe.

 

Nossen, 7 mai 1813, cinq heures après midi.

Au général comte de Lauriston, commandant le corps 5e corps de la Grande Armée, à Lommatzsch.

Le quartier général est aujourd’hui à Nossen ; le vice-roi arrive ce soir auprès de Wilsdruf, au village de Blankenstein. Les habitants du pays prétendent avoir entendu du canon du côté de Meissen, ce matin, à dix heures; il parait difficile que ce puisse être vous. Je vous expédie un gendarme pour avoir de vos nouvelles. Demain nous marcherons sur Dresde. Il paraît que les Prussiens ont fait leur retraite sur Meissen ; on dit qu’ils ont fait quelques retranchements sur les montagnes en avant; c’est ce que les gens du pays vous auront appris et que vous aurez été à même de vérifier. Faites-moi connaître par le retour du gendarme tous les renseignements que vous avez, votre position et l’heure à laquelle vous arriverez demain devant Meissen.

 

Nossen, 7 mai 1813, cinq heures après midi.

Au général comte Bertrand, commandant le 4e corps de la Grande Armée, à Haynichen

Monsieur le Comte Bertrand, notre avant-garde est à Wilsdruf. Il est convenable que vous partiez demain de meilleure heure possible pour entrer à Dresde. Vous pouvez mettre en avant toute votre cava­lerie , une bonne partie de votre artillerie et une bonne avant-garde pour pousser plus rapidement.

Arrivé à Tarandt, vous ne vous trouverez qu’à une lieue de Wils­druf, et Ton pourra communiquer. Faites-nous connaître à quelle heure vos trois divisions seront arrivées ce soir, et à quelle heure vous pourrez vous mettre en marche demain.

Le général Lauriston arrive ce soir sur Meissen.

 

Nossen, 7 mai 1813.

Au général Caulaincourt, duc de Vicence, grand écuyer de l’empereur, à Nossen.

Les caissons du nouveau modèle qui ont été faits contiennent vingt quintaux de farine, ce qui, pour quatre chevaux, fait cinq quintaux par cheval; ce n’est pas beaucoup, mais c’est pourtant tolérable. Vingt quintaux de farine font 1,800 rations de pain; ainsi un de ces caissons porte de la farine pour un bataillon pour deux jours; cinq de ces caissons porteraient de la farine pour dix jours; mais, si l’on charge ces caissons de pain, ils ne portent plus que 900 rations : je désirerais donc un modèle de caisson qui ne pesât pas davantage que le caisson actuel et qui put cependant porter vingt quintaux de farine comme actuellement, ou, si on voulait, 1,800 rations de pain et à plus forte raison 1,800 rations de biscuit.

 

Nossen, 7 mai 1813.

Au vice-amiral comte Decrès (nommé duc par décret du 13 avril 1813), ministre de la marine, à Paris

Il faut réorganiser l’inspection maritime des côtes de la 32e division. Envoyez le contre-amiral Lhermitte et ce qui est nécessaire pour réor­ganiser la 32e division et surveiller les côtes. Adoptez un modèle de péniche et de bâtiment pour la défense des bouches de l’Elbe, du Weser et de la Jahde.

 

Nossen, 7 mai 1813.

A Frédéric, roi de Wurtemberg, à Stuttgart

Monsieur mon Frère, depuis le 2 je poursuis l’année ennemie, qui a brûlé tous les ponts et fait tout ce qu’elle a pu pour retarder ma marche. Les Prussiens se sont retirés sut Meissen, et les Russes sur Dresde. II y a eu différents combats d’arrière-garde à Gersdorf, Waldheim, Hartha et Blankenstein, où l’ennemi a perdu des prison­niers. Tous les villages de la route sont pleins de ses blessés et de ses morts. Je pense être demain à Dresde, ou du moins dans la partie de la ville qui est sur cette rive.

Le prince de la Moskova marche sur Wittenberg pour manœuvrer sur la rive droite.

 

Dresde, 8 mai 1813.

Au général Caulaincourt, duc de Vicence, grand écuyer de l’empereur, à Paris.

Expédiez sur-le-champ l’aide de camp du prince de Neuchâtel, baron de Montesquiou, pour Prague, avec la lettre ci-jointe pour M. de Serra.

A M. de Serra, ministre de l’empereur, à Dresde.

Monsieur, l’Empereur est arrivé à Dresde, et fait jeter un pont du côté du village de Briesnitz. Demain et après, l’armée passera pour poursuivre l’ennemi.

Vous trouverez ci-jointe une lettre du général Reynier et une du prince de la Moskova, qui vous mettront au fait de la conduite du général Thielmann. Vous voudrez bien vous rendre sur-le-champ chez M. de Senft, et lui demanderez des explications là-dessus. Vous lui ferez connaître que M. de Metternich a déclaré à M. de Narbonne que l’Autriche n’avait pas de traité avec la Saxe; que la cour de Saxe est tombée à Prague comme une bombe. Vous ajouterez que d’ailleurs l’Autriche n’a rien à faire à la Confédération, et qu’attenter aux principes de la Confédération, c’est déclarer la guerre à l’Empe­reur; que l’Empereur a plaint le roi; que l’intérêt et l’amitié que l’Empereur porte au roi l’ont porté jusqu’à présent à la patience, mais que, les circonstances devenant urgentes, vous ne pouvez don­ner que six heures à la cour de Saxe pour satisfaire sur les points suivants :

1° Pour ordonner au général Thielmann de sortir de Torgau avec ses troupes, pour rentrer dans l’organisation du 7e corps sous le commandement du général Reynier;

2° Pour mettre en marche sans délai toute la cavalerie, sans exception, pour se rendre à Dresde ;

3° Pour que le roi déclare, par une lettre à l’Empereur, qu’il est toujours membre de la Confédération ; qu’il connait les engagements que ce lien impose; qu’il veut les remplir, et qu’enfin il n’a avec aucune puissance aucun traité contraire aux principes de la Confédération. Vous ne manquerez pas d’observer que le roi de Saxe a déshonoré, de gaieté de cœur, l’aigle polonaise que ses ancêtres avaient au contraire honorée; qu’enfin il a fait ce qu’il pouvait y avoir de plus contraire à l’honneur et aux intérêts de l’Empereur, en fai­sant un traité avec l’Autriche pour le désarmement des Polonais : chose qu’il n’avait pas droit de faire, puisque ces troupes étaient sous les ordres de l’Empereur.

Si les trois points ci-dessus ne vous étaient pas accordés sans délai, vous voudrez bien faire connaître au roi que je le déclare félon, hors de ma protection, et qu’en conséquence il a cessé de régner. Vous prendrez vos passeports et partirez sans délai pour Dresde.

  1. S. Si M. Serra est à Prague, M. de Montesquiou lui remettra cette lettre; s’il n’y est pas, comme M. de Montesquiou n’a pas carac­tère pour remplir tout ce qu’exigerait cette mission, il ouvrira la lettre et la portera tout simplement à M. de Sentit, en demandant sa réponse sur-le-champ, ayant ordre de ne rester que six heures à Prague.

 

 

Dresde, 8 mai 1813, au soir.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.

Mon Cousin, donnez ordre au général Bertrand de pousser demain une division sur Pirna, de rallier ses deux autres divisions, de placer des piquets sur les différents chemins qui conduisent en Bohême afin de savoir ce qui se passe, et de se bien faire couvrir sur les derrières.