Correspondance de Napoléon – Mai 1813
Dresde, 16 mai 1813, neuf heures du matin.
Au maréchal Mortier, duc de Trévise, commandant la Jeune Garde, à Dresde.
Je vous ai mandé, dans mon ordre de ce matin, de ne pas fatiguer inutilement la jeune Garde, qu’il deviendra important de diriger sur Bautzen. Il me parait difficile qu’il puisse y avoir aujourd’hui, de l’infanterie derrière Grossenhayn, vu le mouvement du général Lauriston qu’ils ne peuvent pas ignorer; il est possible même que la cavalerie s’en soit allée. Dans ce cas, ne fatiguez pas inutilement vos troupes; ne mettez en mouvement que ce qui sera nécessaire pour envoyer au général Lauriston les 8 ou 900 hommes qui appartiennent à la division Chastel, et correspondre avec le général Chastel. Si cette colonne ennemie sa trouvait toujours dans cette position, donnez-lui une bonne leçon, puisque, indépendamment des Cosaques, il y a des hussards prussiens, qui seront moins lestes à s’échapper.
Dresde, 16 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Répondez au général Haxo, qui doit être à Hambourg, de faire lever le plan de Tangermünde, parce que, si 4 à 500 hommes et cinq à six pièces de canon pouvaient tenir là, on pourrait l’occuper comme poste. Du reste, la place de Tangermünde n’a rien de commun avec mes projets sur l’embouchure du Havel et du canal de Plauen. Une place à l’embouchure du Havel et une autre à l’embouchure du Plauen sont indispensables; mais je me réserve de les faire construire lorsque je serai maître de la rive droite.
Si à l’embouchure du Havel on rencontre nue position favorable, on peut commencer les travaux sur-le-champ; s’il y a les mêmes inconvénients qu’à Plauen, il ne fout rien faire à présent.
Si le général Haxo croit qu’avec six pièces de canon 4 ou 500 hommes puissent avec succès occuper Tangermünde, et que le château puisse tenir quinze ou vingt jours, qu’il ordonne sur-le-champ les travaux. Ce serait comme une vedette de Magdeburg. Mais il faut qu’avec des obusiers et des pièces de campagne on ne puisse pas prendre ce poste, sans quoi ce serait une dépense inutile.
Dresde, 16 mai 1813.
Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris
Monsieur le Comte Mollien, je vois avec surprise que les dépenses faites pour le transport des troupes se montent à 829,352 francs. Je vois dans le détail beaucoup de choses inutiles. Cette mesure extraordinaire ne doit être ordonnée que par moi-même, à moins que l’on n’entende les transports par le Rhin, qui sont une économie au lieu d’être une dépense. Mon intention est que ces dépenses soient divisées en deux parties : 1° celles qui regardent la Garde; elles seront portées au ministère de la guerre, chapitre des Marches de la Garde; 2° les autres à l’administration de la guerre, chapitre des Étapes. C’est effectivement une économie pour les dépenses d’étapes. Le ministre de l’administration de la guerre doit organiser un service régulier sur le Rhin, puisque ce moyen de transport épargne le temps, l’argent et la fatigue pour les troupes conduites ainsi.
Faites connaître l’extrait de cette lettre au ministre de l’administration de la guerre.
Dresde, 17 mai 1813, deux heures du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, expédiez en courrier au duc de Trévise pour qu’aujourd’hui 17 l’infanterie de la Garde et la cavalerie Latour-Maubourg rétrogradent et prennent position entre Dresde et Bischofswerda, afin de pouvoir se trouver, le 18, rendues au camp devant Bautzen. Écrivez au général Bertrand que je suis surpris de ce qu’il n’ait pas encore fait dans la matinée du 16 sa jonction avec le duc de Tarente ; qu’il faut donc qu’avec son corps il s’approche de Bautzen, et qu’il prenne la même ligne d’opération que le duc de Tarente par Bischofswerda; qu’il pourra laisser des corps d’observation à Camenz; que ce mouvement est très-urgent, puisque l’ennemi a toute son armée à Bautzen.
Écrivez au duc de Tarente que les renseignements qu’on reçoit de tous côtés ne laissent pas de doute que l’ennemi ne veuille livrer bataille à Bautzen ; que je suppose que le général Bertrand se sera placé sur sa gauche avec son corps; que le duc de Reggio sera aussi en position; que dans la journée du 18, toute la jeune Garde et la cavalerie Latour-Maubourg seront rendues au camp ; que l’Empereur y sera de sa personne, et que le prince de la Moskova sera rendu à la position qu’il doit occuper avec 60 à 70,000 hommes.
Dresde, 17 mai 1813.
INSTRUCTIONS POUR LE GÉNÉRAL CAULAINCOURT, DUC DE VICENCE, A DRESDE.
L’essentiel est de se parler. Vous me ferez savoir du quartier général ce qui a été dit. En connaissant les vues de l’empereur Alexandre, on finira par s’entendre. Mon intention au surplus est de lui faire un pont d’or, pour le délivrer des intrigues de Metternich. Si j’ai des sacrifices à faire, j’aime mieux que ce soit au profit de l’empereur Alexandre, qui me fait bonne guerre, et du roi de Prusse, auquel la Russie s’intéresse, qu’au profit de l’Autriche, qui a trahi l’alliance, et qui, sous le titre de médiateur, veut s’arroger le droit de disposer de tout, après avoir fait la part qui lui convient.
D’ailleurs, avant la bataille qui va être livrée, l’empereur de Russie ne doit pas se regarder encore comme fort engagé dans la lutte. Cette considération, que l’affaire de Lützen ne peut pas détruire, doit porter ce prince à s’entendre avec moi, parce que cette bataille sera nécessairement très-meurtrière de part et d’autre; que, si les Russes la perdent, ils quitteront la partie, mais en ennemis vaincus; au lieu qu’en traitant aujourd’hui, et en obtenant de bonnes conditions pour son allié le roi de Prusse, et sans l’intervention de l’Autriche, l’empereur Alexandre prouverait à l’Europe que la paix est due à ses efforts, au succès de ses armes; de cette façon, ce prince sortira de la lutte d’une manière honorable, et réparera noblement l’échec de Lützen. Tout l’honneur de cette paix serait donc à l’empereur Alexandre seul, tandis qu’en se servant de la médiation de l’Autriche, cette dernière puissance, quel que fût l’événement de la paix ou de la guerre, aurait l’air d’avoir mis dans la balance la destinée de toute l’Europe.
La Russie ne peut avoir oublié la marche du contingent de l’Autriche dans la campagne précédente, et l’empereur Alexandre doit être flatté de pouvoir faire la paix sans le secours de cette puissance, qui, après avoir été si peu amie dans des circonstances difficiles, n’est entraînée que par un intérêt personnel à quitter les rangs de son alliance récente avec la France. Enfin l’empereur Alexandre doit saisir avec joie cette occasion de se venger avec éclat de la sotte diversion des Autrichiens en Russie.
Ainsi, sans vous arrêter à telle ou telle partie des instructions, vous devez chercher à nouer une négociation directe sur cette base. Une fois qu’on en sera venu à se parler, on finira toujours par tomber d’accord.
Dresde, 17 mai 1813.
A François Ier, empereur d’Autriche, au château de Laxenburg
Monsieur mon Frère et très-cher Beau-Père, ce que Votre Majesté me dit dans sa lettre sur l’intérêt qu’elle me porte m’a touché vivement. Je le mérite de sa part par les sentiments si vrais que je lui porte. Si Votre Majesté prend quelque intérêt à mon bonheur, qu’elle soigne mon honneur. Je suis décidé à mourir, s’il le faut, à la tête de ce que la France a d’hommes généreux, plutôt que de devenir la risée des Anglais et de faire triompher mes ennemis. Que Votre Majesté songe à l’avenir; qu’elle ne détruise pas le fruit de trois ans d’amitié et ne renouvelle pas les trames passées qui précipiteraient l’Europe dans des convulsions et des guerres dont l’issue serait interminable ; qu’elle ne sacrifie pas à de misérables considérations le bonheur de notre génération, celui de sa vie et le véritable intérêt de ses sujets, pourquoi ne dirais-je pas, d’une partie de sa famille qui lui est si sincèrement attachée. Que Votre Majesté ne doute jamais de tout mon attachement.
Dresde, 17 mai 1813.
A François Ier, empereur d’Autriche, au château de Laxenburg.
Monsieur mon Frère et très-cher Beau-Père, j’ai reçu la lettre de Votre Majesté. J’ai entretenu le comte de Bubna plusieurs heures. Je lui ai dit tout ce que je pensais avec franchise et vérité. Je désire la paix plus que personne. Je consens à l’ouverture d’une négociation pour une paix générale et à la réunion d’un congrès dans une ville intermédiaire des séjours des diverses cours belligérantes. Aussitôt que je serai instruit que l’Angleterre, la Russie, la Prusse et les alliés ont accepté cette proposition, je m’empresserai d’envoyer un ministre plénipotentiaire au congrès, et j’engagerai mes alliés à faire de même. Je ne fais pas de difficulté d’admettre même au congrès les plénipotentiaires des insurgés d’Espagne, pour qu’ils puissent y stipuler leurs intérêts. Si la Russie, la Prusse et les autres puissances belligérantes veulent traiter sans l’Angleterre, j’y consens également. Je serai prêt à envoyer mon ministre plénipotentiaire aussitôt que je serai instruit que cette proposition a été agréée, et j’engagerai mes alliés à en faire autant, dès que je connaîtrai l’époque de la réunion. Si, une fois le congrès ouvert, il est dans l’intention des puissances belligérantes de conclure un armistice, comme cela s’est fait dans plusieurs circonstances, et comme il en a été question à Paris avec le prince de Schwarzenberg, je suis prêt à y adhérer. Votre Majesté verra dans ce langage, qui est le même que je tiens depuis six mois, mon désir d’épargner le sang humain et de mettre un terme aux malheurs qui affligent tant de peuples.
Dresde, 18 mai 1813, quatre heures du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, donnez ordre au duc de Trévise et au général Latour-Maubourg de se porter aujourd’hui en avant de Bischofswerda.
Aussitôt que sa tête sera arrivée, le due de Reggio se portera entièrement en ligne. Vous réitérerez l’ordre au duc de Reggio de faire occuper Neukirch et les positions de la droite, de manière qu’il n’y ait aucun ennemi dans ces bois.
Donnez ordre également au général Latour-Maubourg de faire fouiller toute la droite et vivement poursuivre tous ces Cosaques sur les routes de Neustadt et de Neukirch.
Donnez ordre à toute la vieille Garde avec les réserves des batteries de la Garde, de partir de sept à huit heures du matin, pour se rendre à une journée, sur la route de Bautzen,
Donnez ordre à la division Barrois de se tenir également prête à partir à onze heures du matin. Je pense qu’il serait nécessaire de faire distribuer une livre de riz à chaque soldat de la vieille Garde et de la division Barrois; cela ferait une réserve pour quatre jours en cas d’embarras dans les transports.
Réitérez l’ordre au général Bertrand de se mettre en communication avec le général Lauriston et le prince de la Moskova, qui arrivent aujourd’hui à Hoyerswerda.
Je suppose que le petit quartier général est parti. Faites partir tout ce qui est nécessaire pour un jour de bataille. Remettez-moi l’état de la garnison qui reste à Dresde et de toutes les troupes qui pourront arriver demain ou apes-demai.
Dresde, 18 mai 1813, quatre heures du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, donnez ordre au général Beaumont de rester en observation pour couvrir Dresde à MoriUburg, ayant des postes à Gros-senbayn, à Radeburg et sur la route de Kœnigsbrück, et d’instruire de tous les mouvements le quartier général qui est à Baulzen, et le général Durosnel, qui reste à Dresde; d’envoyer des espions et de bien s’éclairer sur toutes les routes; surtout de ne se laisser surprendre aucun poste. Envoyez directement cet ordre sur la route de Grossenbayn, et envoyez-en un duplicata par le duc de Trévise, sous les ordres de qui le générai Beaamont était hier et avant-hier, et qui est à même de savoir où il se trouve.
Dresde, 18 mai 1813, quatre heures du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, donnez ordre de faire partir aujourd’hui, avant neuf heures du matin, pour le quartier général > l’équipage de pont, les sapeurs et tout ce qui compose le génie de l’armée, en laissant ce qui est nécessaire pour la confection du pont et des travaux que j’ai ordonnés; qu’ils prennent du pain pour quatre jours.
Donnez ordre que tout le matériel des ponts, du génie, de l’artillerie et des équipages militaires, tous les caissons soient parqués, attelés ou non attelés, sur la rive gauche, dans le lieu qui sera indiqué par le général Durosnel, et que rien ne reste sur la rive droite.
Réitérez Tordre que les hôpitaux soient placés sur la rive gauche.
Enfin prévenez l’administration qu’il faut qu’on puisse évacuer la rive droite en six heures, si les circonstances l’exigeaient.
Donnez ordre au commandant du génie de laisser ici ce qui est nécessaire pour continuer les travaux de la tête de pont.
Faites-moi un rapport sur les officiers de la place, sur l’infanterie, la gendarmerie et les dépôts de cavalerie qui seront laissés à Dresde.
Dresde, 18 mai 1813, dix heures du matin.
Au maréchal Oudinot, duc de Reggio, commandant le 12e corps de la Grande Armée, à Rothnauslitz.
Je vous ai envoyé l’ordre d’envoyer une colonne d’infanterie et de cavalerie pour chasser l’ennemi de Neustadt et de Neukirch et de toutes les positions de la droite, de manière que votre droite appuie à la Bohême; je suppose que vous l’avez fait. Si vous ne l’avez pas fait, faites-le sans délai. Celte position de l’ennemi sur notre droite est honteuse et contraire à tous les principes de la guerre. Il n’y a de Bautzen et de Bischofswerda à la Bohême que trois à quatre lieues; il faut chasser l’ennemi de là. Occupez-vous-en sans délai, et rendez-moi compte par le retour de l’officier d’ordonnance que je vous expédie.
Dresde, 18 mai 1813, au matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, faites connaître au prince de la Moskova, par un officier intelligent et par un écrit en chiffre, que nous sommes à une portée de canon de la petite ville de Bautzen, que l’ennemi occupe comme tête de position et où il a fait des retranchements; que sur la droite sont placés les Prussiens et sur la gauche les Russes; que je désire qu’avec le général Lauriston et toutes ses forces réunies, en marche militaire, il se dirige sur Drehsa; ayant ainsi dépassé la Sprée, il se trouvera avoir tourné la position de l’ennemi ; il prendra là une bonne position ; que je suppose qu’il est dans le cas d’arriver bien entièrement le 19 à Hoyerswerda. Il s’approchera de nous le 19, et le 20 il pourra se porter sur la position; ce qui aura l’effet, ou que l’ennemi évacue pour se retirer plus loin, ou de nous mettre à même de l’attaquer avec avantage.
Dresde, 18 mai 1813.
Au général comte Durosnel, gouverneur de Dresde.
Monsieur le Comte Durosnel, le général Fresia restera à Dresde pour commander les dépôts d’infanterie et de cavalerie. Le général Beaumont, avec 1,000 chevaux, sera à Moritzburg, ayant ses postes sur Grossenhayn, Kœnigsbrück, Radeburg, c’est-à-dire sur toutes les avenues de Dresde. Il a ordre de correspondre avec vous et de vous tenir au courant de tous les mouvements de l’ennemi.
Vous ferez camper les quatre bataillons qui sont ici en dedans des palissades, sur la rive droite, de façon qu’ils soient chaque jour, à la pointe du jour, sous les armes. Les hommes des dépôts seront formés en petits bataillons que vous organiserez, et ils seront chargés d’un service .spécial. La police sera faite par la garde bourgeoise. Le service du château sera fait par 800 grenadiers saxons et 100 hommes de cavalerie saxonne. Ces grenadiers saxons seront chargés de la défense des ponts.
J’ai ordonné qu’il y eût ici douze pièces d’artillerie saxonne; on pourra en placer deux sur chaque bastion, à la droite et à la gauche de la ville, deux sur la place qui enfile le pont. Par ce moyen, six pièces peuvent défendre les ponts. On peut en placer six autres sur la rive droite, en en plaçant deux sur chaque bastion de droite et de gauche, et deux pour soutenir les bataillons en les couvrant par des palissades.
Il y aura ici un officier de gendarmerie et 50 gendarmes, y compris les gendarmes d’élite, pour la police des ponts de la ville et de la rive droite; ils seront chargés de maintenir Tordre dans les convois de blessés ou autres qui arriveront. H arrivera aujourd’hui, demain et après-demain , beaucoup d’hommes isolés ; j’ai donné l’ordre d’en faire un état ; cela vous renforcera. Il restera un officier du génie et un officier d’artillerie.
Ayez soin que le service se fasse militairement. L’artillerie parquera sur la rive gauche jusqu’à l’issue d’une bataille, afin que, si la bataille était perdue, on pût passer sur la rive gauche sans rien perdre. J’ai ordonné qu’on établit des tambours à la tête des ponts. Ayez soin que tout le monde soit sous les armes à la pointe du jour, et soyez de votre personne aux ponts et sur la rive droite tous les jours, au soleil levant.
Entendez-vous avec l’aide de camp du roi, le général Gersdorf, qui est un homme intelligent, pour être au courant de tout ce qui se passe. Faites préparer, aujourd’hui et demain, les palissades de la ville, de manière que tout soit en bon état et bien fermé, que la troupe puisse être à l’abri derrière contre les coups de main des Cosaques. Faites établir des barrières avec palissades sur les chaussées.
Dresde, 18 mai 1813.
Au général comte Bertrand, commandant le 4e corps de la Grande Armée, à Gross-Welka
Monsieur le Comte Bertrand, je vous envoie copie d’un renseignement reçu de Kœnigsbrück. N’avez-vous rien laissé pour occuper Kœnigsbrück ou Camenz ? Au reste, le corps du général Lauriston, arrivant aujourd’hui à Hoyerswerda, nettoiera nécessairement le pays. Vous devez prévenir de ceci le général Lauriston, afin qu’il mette une division à moitié chemin, et vous enverrez une brigade sur la route pour établir la communication et l’assurer. Le général Lauriston devra envoyer prévenir le prince de la Moskova que l’Empereur couche ce soir au camp devant Bautzen.
Dresde, 18 mai 1813.
Au général comte Bertrand, commandant le 4e corps de la Grande Armée, à Gross-Welka.
Monsieur le Comte Bertrand, le major général doit vous avoir écrit de correspondre avec le général Lauriston et le prince de lu Moskova. Ils doivent arriver ce soir à Gross-Dœbern et à Hoyerswerda. Envoyez une forte reconnaissance en infanterie et en cavalerie dans cette direction, et faites dire par un officier ou par un de vos aides de camp, mais sans écrire, ou bien en le faisant par chiffre, que le prince de la Moskova doit manœuvrer pour tourner la position de l’ennemi, pour se porter sur Drehsa. Le général Lauriston et le prince de la Moskova se rapprochant de vous, il est indispensable de vous tenir en communication avec eux par votre gauche.
Je pars aujourd’hui pour me rendre au quartier général, à mi-chemin de Dresde à Bautzen. Je me rendrai au camp dans la nuit. Faites-moi passer ce soir vos rapports sur l’ennemi et sur la possibilité de manœuvrer par votre gauche.
Dresde, 18 mai 1813.
Au maréchal Macdonald, duc de Tarente, commandant le 11e corps de la Grande Armée, devant Bautzen.
Je pars de Dresde avec toute ma Garde, pour me rendre à mi-chemin de Bautzen. Je serai à votre quartier général à la pointe du jour pour reconnaître l’ennemi. Faites préparer un croquis dans lequel sera placé tout ce que vous avez vu, afin de faciliter ma reconnaissance. Le général Lauriston et le prince de la Moskova doivent arriver à Hoyerswerda. Le général Bertrand se sera mis en communication avec vous.
J’ai ordonné au, duc de Reggio de balayer les Cosaques sur la droite.
J’apprends que votre batterie d’artillerie de 12 n’est partie que ce matin de Dresde. Envoyez à sa rencontre pour qu’elle vous arrive demain.
Dresde, 18 mai 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan.
Mon Fils, je pars aujourd’hui de Dresde pour me porter sur l’ennemi, qui a concentré ses forces et qui a été rejoint par le corps de Barclay de Tolly sur la position de Hochkirch, sur la route de Breslau. Il n’a rien laissé pour couvrir Berlin.
Le comte de Bubna est venu à mon quartier général. L’Autriche paraît fort embarrassée de son rôle.
Il est nécessaire que vous formiez avec toute l’activité dont vous êtes capable l’armée qui sera sous vos ordres. Occupez-vous sur-le-champ de l’organisation de vos six régiments. Vous les habillerez d’abord en vestes, pantalons et schakos. Le général Grenier doit être arrivé. Le général Vignolle pourra prendre provisoirement le commandement d’une division.
Faites augmenter l’armement et les approvisionnements d’Osoppo, de Palmanova, et de la petite place de Malghera, près de Venise. Faites-le cependant sans trop de dépense. Vous devez lever tous les obstacles et acheter des chevaux d’artillerie. Je ne vous parle pas de l’armée d’Italie, qui vous regarde particulièrement. Il importe que l’Autriche voie le plus tôt possible vos divisions campées et les places armées. Établissez une police active sur les frontières pour savoir tout ce qui se passe. Faites dire dans les gazettes de Turin et de Milan, et partout, que vous aurez bientôt 150,000 hommes. Organisez vos ambulances. Nommez provisoirement à tous les emplois vacants, et envoyez-m’en l’état, pour que je puisse prendre les décrets. Mettez-vous en correspondance avec le prince Borghèse. Organisez 3 à 4,000 hommes de cavalerie italienne, ainsi qu’une quarantaine de bouches à feu d’artillerie italienne. J’ai arrêté l’organisation de votre artillerie française à quatre-vingt-seize bouches à feu ; je la tiercerai si cela est nécessaire.
Écrivez à Corfou, par la voie de terre, pour qu’on envoie à Rome, des 14e léger et 6e de ligne, les officiers, sergents et caporaux nécessaires pour former les 8e bataillons de ces régiments. Donnez-vous enfin tous les mouvements convenables pour avoir, à la fin de juin, une armée en Italie, de manière à faire sentir à l’Autriche qu’elle ne peut nous inquiéter qu’en pouvant vous opposer une armée de 60 à 80,000 hommes, ce qu’elle est hors d’état de faire.
Engagez le roi de Bavière à fortifier dans le Tyrol quelques gorges, quelques chiuse et quelques fortins, afin d’être maître des passages et de contenir les habitants. Ayez l’œil sur les places fortes, tant en France qu’en Italie. S’il y avait le moindre débarquement, soit à Rome, soit en Toscane, c’est à vous à y pourvoir. Vous ne changerez rien à l’organisation des troupes dans les 28e, 29e et 30e divisions militaires, ni dans les provinces illyriennes, mais, comme commandant en chef de l’armée d’Italie, vous vous ferez rendre compte de tout et vous surveillerez tout.
Dresde, 18 mai 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan.
Mon Fils, le comte Daru vous aura envoyé un décret que j’ai pris pour ériger en duché la terre de Galiera en faveur de votre fille aînée. Faites-en prendre possession. Mon intention est que jusqu’à la date de ce décret les revenus de cette terre soient versés à mon domaine privé, et que depuis sa date ils appartiennent à votre fille. Je désire que, tant qu’elle sera mineure, ces revenus avec les intérêts soient placés sur les cinq pour cent de France. En supposant qu’elle rende 200,000 francs, ce sera 200,000 francs qui seront placés sur la tête de votre fille, ce qui fera une augmentation de revenu de 12 ou 15,000 francs, le tout appartenant à votre fille et devant, comme de raison, en cas qu’elle meure, passer à ses héritiers naturels. Faites prendre possession du palais de Bologne; quoique appartenant à la duchesse, il servira au roi d’Italie dans ses voyages.
Les affaires continuent ici à bien marcher.
Exercez une grande surveillance en Italie. Il n’y a pas d’inconvénient à ce que le duc de Lodi fasse connaître confidentiellement à ses -connaissances à Vienne l’armée qu’on réunit en Italie, qu’on arme les places, et la disposition où Ton est de ne pas se laisser faire la loi. Ces confidences arrivant dans le parti le plus mal disposé à la cour de Vienne seront utiles. Le duc de Lodi est assez avant dans nos affaires pour pouvoir faire ces confidences. Je désire lui donner un témoignage de ma satisfaction pour le temps qu’il a correspondu avec moi pendant votre absence; faites-moi connaître ce que je pourrais faire à cet égard.
Il y a trop longtemps que vous êtes en Italie pour que j’aie besoin de vous répéter ce que je vous disais au commencement : placez les troupes le plus loin possible du Pô et des marais ; mettez très-peu de inonde à Venise et surtout très-peu à Mantoue et à Peschiera. Cela est important, surtout pour les jeunes conscrits.
Vous pourrez m’écrire par l’estafette de Paris, et, si cela était urgent, m’envoyer une estafette extraordinaire sur Dresde. Ayez l’œil sur ce que fait l’Autriche. Envoyez des agents et rendez-moi compte de tout.
Faites-moi connaître si vous avez conservé le chiffre pour correspondre avec moi; comme je l’ai ici, vous pouvez vous en servir si vous l’avez encore, mais, moi, je ne m’en servirai que quand je saurai que vous l’avez gardé.
Dresde, 18 mai 1813.
Au général Caulaincourt, duc de Vicence, ministre plénipotentiaire, à Dresde
Monsieur le Duc de Vicence, étant résolu à tous les moyens de rétablir la paix, ou générale ou continentale, nous avons proposé la réunion d’un congrès, soit à Prague, soit en tout autre lieu intermédiaire aux séjours des puissances belligérantes. Nous espérons que ce congrès conduira promptement au rétablissement de la paix, dont tant de peuples éprouvent le besoin. Nous nous sommes en conséquence déterminé à conclure un armistice ou suspension d’armes avec les armées russe et prussienne, pour le temps que durera le congrès. Voulant prévenir la bataille qui, par la position qu’a prise l’ennemi, paraît imminente, et éviter à l’humanité une effusion de sang inutile, notre intention est que vous vous rendiez aux avant-postes, où vous demanderez à être admis auprès de l’empereur Alexandre, pour lui faire cette proposition et négocier, conclure et signer toute convention militaire ayant pour but de suspendre les hostilités. C’est à cet effet que nous vous écrivons la présente lettre close, pour en faire usage si elle vous est demandée, et en forme de pleins pouvoirs.
Hartau, 19 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Hartau.
Mon Cousin, écrivez au duc de Reggio que mon quartier général sera ce soir à Klein-Fœrtschen, devant Bautzen, qu’il donne ordre à la division Lorencez de se mettre en ligne avec la division Pacthod. La division bavaroise se mettra en seconde ligne derrière la division Lorencez; elle aura des postes et fera des patrouilles vers la frontière de Bohême.
Wurschen, 22 mai 1813, neuf heures du soir.
A François Ier, empereur d’Autriche, au château de Laxenburg.
Monsieur mon Frère et très-cher Beau-Père, j’ai livré bataille le 20 et le 21 à l’armée russe et prussienne, retranchée aux camps de Bautzen et de Hochkirch. La Providence m’a accordé la victoire. Je m’empresse d’informer Votre Majesté que ma santé est fort bonne, comptant sur l’intérêt qu’elle me porte.
Gœrlitz, 23 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Goerlitz.
Mon Cousin, faites-moi connaître tout ce qui existe actuellement à Dresde des troupes qu’y a retenues le général Durosnel.
Donnez ordre également que le bataillon bavarois qui est à roi-chemin de Dresde à Gœrlitz rejoigne son corps ; que le bataillon de vélites de la Garde qui est à Bautzen rejoigne la Garde; que la garnison de Bautzen soit formée par un régiment westphalien. Il sera fourni à ce régiment deux pièces de canon saxonnes, de celles qui sont à Dresde. Nommez un officier général ou supérieur français pour commander à Bautzen. Par ces dispositions, la garnison de Dresde se trouvera affaiblie de deux bataillons. Le général Durosnel fera placer 100 hommes au point intermédiaire entre Bautzen et Dresde, pour garder la poste.
Le commandant de Bautzen sera sous les ordres du général Durosnel, ainsi que tous les antres commandants des troupes françaises -en Saxe.
Donnez ordre que le bataillon du 37e de ligne et tout ce qui serait à Dresde parte pour Gœrlitz, ne laissant à Dresde que les bataillons westphaliens, les grenadiers saxons et les deux bataillons des flanqueurs de la jeune Garde. Donnez ordre que l’autre bataillon des flanqueurs de la jeune Garde, qui doit être en chemin de Paris à Erfurt, continue sa route pour Dresde ; par ce moyen, la brigade de flanqueurs se trouvera réunie.
Donnez ordre au 3e corps de partir de Weissenberg, où il est, pour aller demain à Gœrlitz. Mon intention est que vous désigniez l’étape d’ici à Bautzen; que vous y nommiez un commandant, que vous y placiez des gendarmes pour garder la poste; que ce commandant ait une centaine d’hommes sous ses ordres et qu’on retranche une maison, de manière que cette petite garnison soit à l’abri de tous les événements. Par ce moyen, de Dresde ici, il y aura quatre journées. Nommez un commandant pour Gœrlitz; la garnison sera composée de deux bataillons. Vous les ferez d’abord fournir par les Saxons du général Reynier.
Faites-moi connaître ce qui reste dans les places d’Erfurt, de Würzburg et de Torgau. Faites-moi connaître également quand les régiments de voltigeurs de la garde, qui s’organisent à Mayence, arriveront à Erfurt, et en6n le mouvement d’un grand nombre de bataillons de marche qui doivent être en route pour l’année. Indiquez-moi où se trouvent la division Saint-Germain, le corps du duc de Padoue et les détachements d’Italie.
Donnez ordre qu’il soit établi une manutention et des magasins à Gœrlitz.
Gœrlitz, 24 mai 1813.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, écrivez au baron de Saint-Aignan pour qu’il fasse connaître aux ducs de Gotha et de Weimar qu’ils aient à reformer leur contingent, et qu’ils arment leurs villes, de manière qu’elles soient à l’abri des partisans ennemis, et qu’elles empêchent les coureurs prussiens de faire aucun mal au pays et à l’armée française. Cela doit être commun à tous les autres princes de Saxe, de Reuss, de Schwarzburg, etc. Les villes qui ont plus de 2,000 habitants seront responsables des prises qui seraient faites sur l’armée et dans leur enceinte par des détachements d’une force inférieure, à laquelle elles peuvent raisonnablement résister.
Gœrlitz, 24 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Goerlitz.
Mon Cousin, faites connaître au prince d’Eckmühl que je désire qu’aussitôt qu’il sera entré à Hambourg il y reste avec une division de Hambourg, et la 3e, qu’il fera venir de Wesel et qu’il réunira à Bremen et Hambourg, et qu’il fasse partir de Hambourg le général Vandamme, avec les 2e et 5e divisions et l’artillerie nécessaire, dans la direction de Mecklenburg et de Berlin, afin de couvrir le flanc gauche du corps qui est sur Berlin.
Gœrlitz, 24 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Goerlitz.
Mon Cousin, faites-moi connaître quand le duc de Padoue arrivera à Leipzig, et quand il aura une division bien organisée de 3,000 chevaux, avec deux batteries d’artillerie à cheval.
Donnez ordre au duc de Reggio de partir avec les trois divisions de son corps d’armée et de manœuvrer sur Berlin. Le général Beaumont, avec les deux bataillons, l’artillerie et les 1,200 chevaux qu’il a sous ses ordres, rejoindra le duc de Reggio et sera sous son commandement. Le bataillon que ce maréchal a laissé à moitié chemin de Dresde à Bautzen le rejoindra également. La garnison de Bautzen sera composée, comme je l’ai déjà ordonné, des deux bataillons westphaliens qui sont partis de Dresde. S’ils n’étaient pas arrivés demain quand le duc de Reggio se mettra en marche, le duc y laissera» jusqu’à leur arrivée, deux de ses bataillons. Le duc de Reggio doit opérer son mouvement en se portant d’abord sur Hoyerswerda, où il pourra être demain; de là, en se portant sur Luckau et Lübben. Vous lui ferez connaître que l’armée va se diriger sur Glogau, et que ses communications auront donc lieu par sa droite; qu’il est probable que nous sommes aujourd’hui à Bunzlau, où le quartier général sera demain. Faites également connaître au duc de Reggio que le duc de Padoue arrivera à Leipzig, où il réunit son corps de cavalerie, qui sera bientôt de 4,000 chevaux. Mandez-lui que je mets à sa disposition : 1° un corps composé de quatre bataillons de la le division et de deux de la 4e; 2° deux bataillons des 125e et 124e régiments qui sont, à Torgau. Ces huit bataillons seront commandés par un des généraux de brigade qui sont à Magdeburg. Il y sera attaché une batterie de huit pièces de canon, c’est-à-dire la 2e batterie destinée au 2e corps. Le duc de Reggio donnera des ordres pour que celte division vienne le joindre lorsqu’il sera sur Berlin ; elle augmentera ses forces de huit bataillons et de huit bouches à feu ; son artillerie doit être en état, puisqu’elle a peu tiré à la bataille. Son principal but est de contenir Bülow et de le rejeter au-delà de l’Oder. Le général Lorencez ayant été blessé, il serait nécessaire de lui envoyer un général de division.
Gœrlitz, 24 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Goerlitz.
Mon Cousin, instruisez le prince d’Eckmühl des événements qui viennent de se passer ici. Faites-lui connaître que mon intention est de fortifier Hambourg avec une citadelle ou réduit, où 4,000 hommes puissent se défendre longtemps; par ce moyen, ces 4,000 hommes défendront les remparts tout le temps convenable et auront toujours pour refuge cette citadelle.
J’ai l’intention d’établir une place à l’embouchure du Havel. Cette place doit remplir le même rôle que Wittenberg : Wittenberg est le point le plus proche de Berlin sur le haut Elbe; cette place du Havel en est le point le plus proche sur le bas Elbe, et elle complétera la défense de l’Elbe. Le gouverneur de Magdeburg fournira le bataillon qui doit y rester, et le commandant de Magdeburg donnera les fonds nécessaires et les officiers du génie. Les travaux seront commencés sans délai, et même sans attendre mon approbation. Je m’en rapporte à la direction que donnera le gouverneur de Magdeburg. Vous en écrirez directement au gouverneur de Magdeburg, et vous instruirez le prince d’Eckmühl de toutes ces dispositions.
Gœrlitz, 24 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Goerlitz.
Mon Cousin, donnez ordre au duc de Valmy de faire partir le général Dombrowski avec son infanterie, sa cavalerie et son artillerie, en le dirigeant en droite ligne sur Dresde.
Gœrlitz, 24 mai 1813.
Au général baron Rogniat, commandant le génie de la Grande Armée, à Dresde.
Les circonstances me portent à attacher une nouvelle importance à la citadelle de Würzburg. Remettez-moi sous les yeux les sommes que j’ai accordées pour cette citadelle sur les fonds de l’armée du Main, et faites-moi connaître celles qui sont nécessaires pour In mettre en état. Ordonnez sur-le-champ les travaux convenables et fournissez les fonds nécessaires.
Görlitz, 24 mai 1813.
Au général baron Rogniat, commandant le génie de la Grande Armée, à Dresde.
Réitérez vos ordres pour qu’au 1er juin la tête de pont de Dresde soit entièrement terminée, qu’elle soit bien palissadée et à l’abri d’un coup de main, enfin qu’elle puisse jouer tout son rôle. Les palissades doivent être de gros arbres. Donnez des ordres pour que le pont de Dresde soit réparé de manière à être à l’abri des glaces et des inondations. L’architecte de la ville doit être chargé de ces réparations, qui doivent être faites avant le 10 juin, et d’une manière solide, mon intention étant alors de faire reployer les ponts de bateaux.
Donnez des ordres pour que le poste déjà établi pour un bataillon entre Dresde et Bautzen puisse être défendu par 100 hommes qui seraient à l’abri de la cavalerie légère ennemie.
Faites faire la reconnaissance de Bautzen, et mettez cette place en état de défense en établissant des tambours aux, portes et en établissant tes points que doivent prendre les deux bataillons qui occuperont cette ville. On mettra en état le château, de manière que ces deux bataillons puissent s’y retirer comme dans un réduit.
Faites établir entre Bautzen et Gœrlitz, à Weissenberg, au point que vous déterminerez, une maison retranchée et palissadée, où 100 hommes puissent être à l’abri de la cavalerie ennemie.
Faites faire également une reconnaissance de Gœrlitz. Vous ferez établir sur la hauteur de la rive droite une bonne redoute palissadée, avec un blockhaus, arranger les portes et préparer les postes nécessaires pour que deux bataillons y soient à l’abri des attaques de la cavalerie.
Envoyez 100,000 francs à Wittenberg, pour qu’on pousse les travaux avec la plus grande activité; on ne doit pas perdre un moment pour pousser les travaux des fortifications, même en attendant que j’aie adopté un projet définitif. Mon intention est de faire de Wittenberg une place permanente et que je garderai; présentez-moi les projets nécessaires; j’y dépenserai 5 ou 600,000 francs. 11 faut calculer les travaux de manière que chaque mois la situation, de la place devienne meilleure, de manière que ce point important de l’Elbe soit entièrement occupé.
Mon intention est également d’établir une place sur l’Elbe, à moitié chemin de Hambourg à Magdeburg, à l’embouchure du Havel. Le commandant du génie de Magdeburg sera chargé de la construction de cette place. D’abord elle ne sera occupée que comme un poste, mais elle sera augmentée successivement, de sorte que j’aurai sur l’Elbe Königstein, la tête de pont de Dresde, Torgau, Wittenberg, Magdeburg, cette place du Havel et Hambourg. Quant à Hambourg, j’attends les plans que j’avais fait rédiger, pour arrêter définitivement le projet. J’ai donné ordre que l’on postât 1,200 hommes à L’embouchure du Havel. La place doit être établie à l’embouchure du canal, de manière à faire tête de pont sur la rive droite, et à couvrir le pont qu’il est important d’avoir sur ce point, qui est le plus près de Berlin sur le bas Elbe.