Correspondance de Napoléon – Mai 1813
Dresde, 9 mai 1813, trois heures du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, faites connaître au prince de la Moskova que nous sommes entrés à Dresde et en train de construire un pont pour passer sur la rive droite; que j’ai envoyé un membre de la régence à Torgau ; que nous aurons d’ailleurs dans quarante-huit heures réponse du roi ; que, dans tout état de choses, il est important qu’il arrive rapidement sur Wittenberg; qu’il réunisse son corps, celui du duc de Bellune et celui du général Sébastiani ; qu’il laisse le général Reynier dans la position où il l’a placé; que je donne ordre au général Lauriston de laisser une division à Meissen et de se porter entre Torgau et Meissen pour pouvoir appuyer le général Reynier.
Faites connaître au général Lauriston notre arrivée ici. Donnez-lui ordre de laisser une de ses divisions à Meissen et de faire sur-le-champ brûler les blockhaus et détruire tous les travaux qu’ont faits les Prussiens, et de se porter avec le reste de son corps entre Meissen et Torgau. Mandez-lui que le général Reynier est, avec la division Durutte, vis-à-vis Torgau; qu’il sera chargé de le soutenir, et pourra ainsi, selon les circonstances, se porter sur Torgau ou sur Meissen ; que le prince de la Moskova se porte sur Wittenberg ; qu’il lie bien ses communications avec lui.
Donnez ordre au vice-roi de faire détruire sur-le-champ, dans la nuit, tous les ouvrages que les Russes ont faits à la tête du pont de Dresde, de faire jeter un pont entre Briesnitz et Dresde, et dfy faire sur-le-champ palissader une tête de pont. Donnez le même ordre au général commandant en chef le génie de l’armée.
Dresde, 9 mai 1813, sept heures du soir.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, donnez ordre au vice-roi de faire occuper cette nuit par un bataillon la maison que vous avez fait occuper sur la rive droite par une compagnie de voltigeurs. Ce bataillon s’y barricadera et s’y retranchera. Donnez ordre que deux bataillons soient à la tête de pont, et qu’il y ait un général de brigade ; que les trois divisions du 11e corps soient toutes réunies demain à neuf heures du matin, avec leur artillerie sur l1 avant-train, pour pouvoir effectuer le passage ; qu’à cet effet le vice-roi y porte son quartier général à sept heures.
Voici les dispositions du passage : les trois batteries de 12 de la Garde, formant vingt-quatre pièces de canon, seront sur la gauche du village qui flanque la plaine, ainsi que seize pièces d’artillerie à cheval de la Garde, ce qui fera quarante pièces d’artillerie qui flanqueront toute cette ligne; les quarante autres pièces d’artillerie de la Garde seront eu batterie sur les hauteurs de droite et de gauche du pont; toute l’artillerie du 11e corps sera sur l’avant-train et réapprovisionnée, pour passer le pont; chaque brigade passera avec son artillerie. Les divisions se rangeront eu bataille, la gauche à la hauteur du clocher du village de gauche, la droite au village de droite, et on formera autant de lignes qu’il sera nécessaire pour placer toute la troupe ; une division sera jetée dans le village de droite. On ne fera passer aucune cavalerie. Là, je donnerai des ordres selon les dispositions de l’ennemi. Le but de la journée de demain n’est que de descendre sur la rive droite, de prendre l’autre partie de la ville appelée Neustadt et de prendre position sur les hauteurs. Donnez les ordres en conséquence aux généraux Sorbier et Dulauloy. Une batterie d’artillerie à pied de la Garde restera dans la ville pour être placée sur le bastion et au pont. Tout le reste sera en batterie pour protéger le passage, s’il y a lieu, afin que l’artillerie du 11e corps puisse passer.
Donnez ordre au général Rogniat d’envoyer une compagnie de sapeurs et un officier du génie pour bien se retrancher sur l’autre rive. Donnez ordre au général Rogniat de prendre toutes les mesures nécessaires pour réunir les charpentiers et autres ouvriers de la ville, aûn de pouvoir, aussitôt qu’on sera maître de l’autre côté, réparer promptement le pont de la ville.
Donnez ordre au général Bertrand d’appuyer avec sa division sur la ville et de venir se placer entre Pirna et Dresde; au duc de Reggio, de s’avancer à deux lieues de Dresde ; au duc de Raguse, d’être prêt à partir à huit heures du matin, avec son artillerie et en marche de guerre, pour passer le pont et soutenir le vice-roi ; à la jeune Garde, d’être sons les armes; à la vieille Garde, de faire le service de la place. Vous donnerez Tordre que font ce qui appartient an général La lotir- Wau bourg, cuirassiers et cavalerie légère, rejoigne le corps de ce général dans la journée d’aujourd’hui ou demain matin. Donnez ordre que tout le 1e corps de cavalerie que commande le général Latour-Maubourg soit réuni demain à midi dans la plaine devant le pont de radeaux. Je passerai la revue de cette cavalerie; qu’elle ait avec elle son artillerie légère. Donnez les ordres les plus sévères au vice-roi pour qu’aucune voiture, si ce n’est l’artillerie, ne passe demain. A cet effet, toutes les voitures seront parquées dans un lieu qui sera désigné hors de la ville, entre Dresde et le pont. Donnez ordre également que la cavalerie ne mène à sa suite aucun homme démonté, et aucune espèce d’embarras, aucune voiture d’avoine, de fourrage, aucune charrette, sous quelque prétexte que ce soit. Vous préviendrez que tout ce qui se présentera pour passer le pont sera brûlé et les chevaux confisqués pour l’artillerie.
Donnez ordre que les troupes qui devront traverser la ville la traversent en belle tenue et d’une manière militaire. Le duc de Trévise, le comte Bertrand et le duc de Raguse, se trouveront à neuf heures sur une hauteur près du pont, ou moi-même je me trouverai.
Dresde, 10 mai 1813, quatre heures du matin.
Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Langen-Reichenbach. .
J’ai jeté hier un pont près le village de Briesnitz. 5 ou 600 hommes d’infanterie qui y étaient passés en bateau ont été attaqués par l’ennemi ; mais ils étaient protégés par soixante pièces de canon qui balayaient la plaine en flanc. Une vive canonnade a eu lieu, jusqu’à trois heures après midi ; l’ennemi a perdu un millier d’hommes et n’a pu rien faire à nos travailleurs, qui ont établi la tête de pont. J’ai fait établir un va-et-vient, pouvant porter 400 nommes. Le pont de radeaux sera prêt à dix heures du matin.
Dans ce moment, le général saxon Gersdorf m’apporte une lettre du roi, avec un ordre pour que la place de Torgau et le général Thielmann soient à ma disposition. Vous êtes le maître de passer par Torgau ou Wittenberg; mais, comme je vous suppose déjà sur Wittenberg, j’envoie l’ordre au général Lauriston d’entrer à Torgau, et au général Reynier de prendre le commandement du corps saxon, d’en former une division de 8,000 hommes, qui, avec les 4,000 de la division Durutte, fera un commencement de corps d’armée. La cavalerie saxonne arrive de Prague et sera ici dans trois jours; je crois que le roi arrivera lui-même avant tout. Mon intention est que le général Reynier, avec son corps d’armée, soit sous vos ordres; ces 12,000 hommes, joints au corps du duc de Bellune et au général Sébastiani, pourraient vous mettre en état de faire quelque chose. Le général Lauriston pourrait déboucher par Torgau. Si, au contraire, vous n’étiez pas parti et que vous préfériez déboucher par Torgau le général Lauriston serait aussi sous vos ordres.
Dresde, 10 mai 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, la jeune Garde viendra ce soir loger dans les faubourgs, chez l’habitant.
Le vice-roi portera son quartier général dans la ville neuve, ou il réunira tout son corps, son artillerie, ses sapeurs et tout ce qui lui appartient, afin de se mettre en marche demain, à la pointe du jour, pour poursuivre l’ennemi.
Le général Bertrand réunira toute sa troupe, cavalerie, infanterie, artillerie, et s’arrangera de manière à traverser la ville demain, de huit à neuf heures du matin, avec ses trois divisions et toute sa cavalerie en tête, son artillerie placée avec ses brigades et divisions, et dans le plus grand ordre.
Le duc de Raguse traversera demain la ville à midi, son corps en grande tenue, avec ses pièces et dans le meilleur ordre. Il fera passer ses bagages, avec tout ce qui peut n’être pas beau à voir, par le pont de radeaux. Sa cavalerie sera en tête.
Le duc de Reggio se portera demain sur les hauteurs où était la jeune Garde, à qui on défendra de brûler son bivouac, afin qu’il serve au duc de Reggio.
Le quartier général se rend à Dresde. Toute l’artillerie de la Garde et la Garde à pied et à cheval seront placées autour de Dresde.
Dresde, 10 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, écrivez au prince de la Moskova et au général Lauriston que j’ai passé aujourd’hui l’Elbe, que j’ai rétabli le pont de Dresde, et que demain, à midi, toute l’armée, même le duc de Reggio, sera sur la rive droite; qu’il faut que le général Lauriston rappelle le général Maison, pour que tout son corps passe à Torgau; qu’il faut que le prince de la Moskova passe également sur la rive droite; que je lui enverrai des ordres aussitôt que je saurai positivement s’il passe à Torgau ou à Wittenberg; que les renseignements sont que tous les Russes se retirent par la Silésie; que, quant aux Prussiens, il n’en est pas revenu plus de 20,000 de la bataille, et qu’en supposant qu’ils reçoivent en route 10,000 hommes de renfort, ils ne peuvent pas être plus de 30,000 hommes.
Dresde, 10 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, écrivez au général Reynier que je désapprouve qu’il ait écrit au roi de Saxe ; que désormais il ait à s’abstenir de toute correspondance avec le roi de Saxe et ses ministres ; qu’il doit s’adresser à vous pour tous ces objets, et que, dans le cas où votre état-major serait trop éloigné, il doit du moins s’adresser à mon ministre près la cour de Saxe, mais ne jamais écrire directement ni au roi ni à ses ministres.
Dresde, 10 mai 1813.
Au général baron Rogniat, commandant le génie de la grande armée, à Dresde.
Présentez-moi demain un projet de tête de pont pour le pont de Briesnitz, ainsi que pour la construction de trois batteries à la hauteur du village qui flanque toute la plaine. Chacune de ces batteries, à barbette, pourra contenir huit pièces de canon.
Indépendamment du pont de radeaux, il sera construit un pont de bateaux entre le pont actuel et le village de Briesnitz. Il sera planté quelques pilots, pour que le pont soit à l’abri des brûlots qu’on pourrait y jeter.
Le chemin de Briesnitz à la grande route par laquelle nous sommes arrivés sera bien tracé.
Il me sera présenté un projet de tête de pont qui enveloppe toute la ville neuve, ainsi qu’un projet définitif pour réparer le pont de Dresde d’une manière prompte et solide, à l’abri des débordements et des glaces.
Dresde, 10 mai 1813.
Au prince Cambacérès, archichancelier de l’empire, à Paris.
Mon Cousin, nous voici arrivés à Dresde : je suis maître des deux rives et des places de l’Elbe. Il est probable que je vais me porter en Silésie.
Dresde, 10 mai 1813.
A M. Fouché, duc d’Otrante, à Paris.
Monsieur le Duc d’Otrante, je vous ai fait connaître que mon intention était, aussitôt que je serais à même d’entrer dans les États du roi de Prusse, de vous appeler près de moi pour vous mettre à la tête du gouvernement de ce pays. La victoire de Lützen m’ayant mis dans le cas de rejeter l’ennemi au-delà de l’Elbe, et mes troupes s’avançant sur l’Oder, je désire qu’au reçu de la présente vous ne perdiez pas un moment et que vous vous rendiez secrètement à Dresde. Vous pouvez faire choix de deux ou trois personnes de confiance, de celles sur l’attachement desquelles je ne puis faire aucun doute. Tâchez d’en prendre qui parlent allemand, mais n’en amenez pas plus de trois. Quant aux autres personnes dont vous aurez besoin, vous m’en présenterez l’état à votre arrivée. Que cela ne fasse aucun bruit à Paris. Il faut que vous soyez censé partir pour votre campagne, et que vous soyez déjà ici qu’on vous croie encore chez vous.
La Régente seule a connaissance de votre départ.
Je suis fort aise d’avoir occasion de recevoir de vous de nouveaux services et de nouvelles preuves de votre attachement.
Dresde, 11 mai 1813.
Au vice-amiral duc de Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Duc Decrès, je réponds à votre rapport du 21 avril sur les bataillons d’ouvriers de la marine. Je fais grand cas de ces bataillons. Toutes nos manœuvres de force de terre sont pour eux des jeux. C’est avec peine que j’ai vu que le général Haxo a fait battre le bataillon qui est à Magdeburg, et je crois qu’il a perdu une centaine d’hommes.
Mon intention est que vous dirigiez le plus rapidement possible sur Dresde le bataillon qui vient d’Espagne en le portant à son grand complet, et que vous envoyiez 200 ouvriers d’Anvers sur Magdeburg pour compléter le bataillon qui se trouve dans cette place.
Causez avec le général Gassendi et le général Évain pour savoir le genre d’ouvriers qu’il faut envoyer de préférence à ce bataillon pour construire des ponts et réparer des voitures.
Dresde, 12 mai 1813, au matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, faites connaître au duc de Tarente que l’armée de l’Elbe est dissoute; qu’il a le commandement du 11e corps; qu’il doit correspondre directement avec vous; que sa cavalerie &en composée de deux escadrons du 4e de chasseurs italiens et de deux, escadrons de Würzburg, ce qui fera à peu près 400 hommes. Vous lui ferez connaître que l’avant-garde du 4e corps est aujourd’hui à Kœnigsbrück; que je désire que son corps continue son mouvement pour se porter sur Bischofswerda, roule de Bautzen.
Faites connaître au vice-roi que 1 armée de l’Elbe ese dissoute; que tout ce qui appartient à l’éiat-juajor de l’Elbe doit rejoindre l’élal-major général.
Faites connaître de même au général Latour-Maufeoarg ^«e l’armée de l’Elbe est dissoute; que le général Bruyère continue™ à éclairer les mouvements du duc de Tarente.
Faites-moi connaître quand le général Fresia passera ici avec sa division; je désire qu’il ne passe pas le pont sans que j’et sois prévenu, parce que je veux le voir.
Dresde, 12 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, donnez ordre au prince de la Moskova de faire venir en toute diligence à Torgau le 2e corps, que commande le duc de Bellune, ainsi que le général Sébastiani, et la division du 1er corps, que commande le général Philippon; je ne conçois pas qu’aujourd’hui, 12, tous ces corps-là n’aient pas rejoint.
Dresde, 12 mai 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Dresde
Mon Fils, partez ce soir, et rendez-vous à Munich pour vous porter de là en Italie. Je donne ordre au ministre de la guerre de mettre sous vos ordres les troupes qui sont dans mon royaume d’Italie et dans les provinces illyriennes.
Vous trouverez en Italie les ordres que j’ai donnés pour la formation d’un corps d’observation de l’Adige. Mon intention est de l’augmenter jusqu’à quatre-vingts on quatre-vingt-dix bataillons, Uni de troupes françaises qu’italiennes, de les faire encore exagérer par l’opinion, afin d’avoir par-là de l’ascendant sur l’Autriche, et que ce soit mot qui la menace, et non elle. Faites ce qui est nécessaire pour faire penser que les troupes vont se rendre par le Tyrol à Dresde.
Vous vous ferez rendre compte, en passant par Augsburg, de l’état du 9e bataillon d’équipages militaires et de l’artillerie des 4e et 12e corps.
J’avais donné ordre d’acheter 1,000 chevaux et 200 voitures qui doivent arriver chargées à Ulm : assurez-vous que ces voitures ont été achetées et qu’elles sont parties bien attelées pour Dresde.
Le général Grenier commandera le corps d’observation de l’Adige, qui est destiné à être composé de quatre divisions; mais, si mes affaires avec l’Autriche s’obscurcissaient, je formerais trois corps, chacun de deux divisions, qui, à raison de douze à quinze bataillons par division, formeront quatre-vingts à quatre-vingt-dix bataillons.
Vous aurez soin de veiller à l’instruction des conscrits jusqu’au mois de septembre. Du moment qu’ils auront reçu des vestes, culottes et capotes, on peut les considérer comme habillés.
Il est important de visiter les cadres des 4e bataillons, afin de nommer aux places vacantes et de donner la retraite aux officiers qui ne peuvent plus servir.
Dresde, 12 mai 1813.
A Frédéric-Auguste, roi de Saxe, à Dresde
J’apprends avec plaisir que Votre Majesté arrive à Dresde et a couché cette nuit à mi-chemin de Teplitz. J’éprouve une vraie satisfaction de la réinstaller dans sa capitale, et de lui rendre ses États, que la Providence a voulu que je délivrasse de ses ennemis. Votre Majesté ne doit jamais douter de tous les sentiments que je lui porte et qui sont inaltérables.
Dresde, 13 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, donnez ordre au duc de Raguse de porter les deux divisions et son quartier général qui sont à Dresde à mi-chemin de Dresde à Bischofswerda et en prenant la route de Radeberg. Ordonnez-lui de laisser sa cavalerie légère avec un ou deux bataillons dans la direction de Berlin encore la journée d’aujourd’hui, avec ordre d’éclairer tout ce qui est passé de ce côté.
Donnez ordre au général Bertrand de porter son quartier général à Kœuigsbrûck et d’envoyer des avant-gardes dans différentes directions pour connaître les mouvements.
Donnez ordre au duc de Reggio de passer aujourd’hui à midi le pont de Dresde, et de venir prendre position avec ses trois divisions dans la ville neuve et les villages environnants. Son quartier général sera dans la ville neuve.
Il faut qu’à quatre heures après-midi il n’y ait plus personne, de ce côté-ci de Dresde.
Dresde, 13 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mou Cousin, faites connaître au prince de la Moskova que je reçois à l’instant des nouvelles du duc de Bellune ; qu’il sera avec le général Sébastiani et les 1e et 4e divisions de l’armée, c’est-à-dire avec près de 25,000 hommes, aujourd’hui 13, à Kœthen; que je lui donne ordre de déboucher sur Wittenberg le 15 à neuf heures du matin, et de faire une demi-marche dans la direction de Luckau et de Berlin; que la cavalerie du général Sébastiani peut y arriver de meilleure heure, afin de balayer toute la route; qu’il faut détruire le pont de Dessau, si l’ennemi en avait un là; que mon intention est que demain, 14, le prince de la Moskova se porte avec ses cinq divisions sur Luckau, où son avant-garde peut être le 15 et son quartier général le 16; que le même jour, 16, il donne l’ordre au duc de Bellune d’être rendu entre Wittenberg et Luckau en menaçant Berlin; qu’il place le 7e corps que commande le général Reynier entre Luckau et le duc de Bellune ; qu’il dirige le général Lauriston sur Dobrilugk, où son avant-garde sera le 14 et son quartier général le 15; qu’aujourd’hui, 13, le quartier général du général Bertrand est à Kœnigsbrück; que demain, 14, il sera près de Hoyerswerda; que le duc de Tarente avec le 11e corps est aujourd’hui, 13, à Bischofswerda, et sera probablement le 14 à Bautzen; que d’ici au 15 l’Empereur prendra sa détermination définitive, selon ce qu’aura fait l’ennemi, pour faire occuper Berlin ou pour ordonner tout autre mouvement.
Donnez ordre au prince de la Moskova que la division Puthod, qui appartient au général Lauriston, le rejoigne sur-le-champ, ainsi que le régiment étranger et tout ce qui lui appartient; qu’il appelle à lui la cavalerie du général Sébastiani.
Écrivez au duc de Bellune qu’il recevra les ordres du prince de la Moskova, et que, s’il tardait à les recevoir, le prince partant demain pour se rendre sur Luckau, lui, duc de Bellune, doit être le 15 de bonne heure à Wittenberg et avoir débouché avec tout son corps dans la journée, en plaçant une partie de son avant-garde sur Berlin et une autre sur Luckau.
Écrivez au général Reynier qu’il est sous les ordres du prince de la Moskova.
Écrivez au général Lauriston le mouvement qu’il doit faire.
Dresde, 13 mai 1813.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, écrivez sur-le-champ an duc de Bellune que j’ai reçu sa lettre par laquelle il me fait connaître qu’il sera le 13 à Kœthen; qu’il est important qu’il arrive le plus tôt possible sur Wittenberg; qu’il appelle à loi le régiment étranger qui est à Halberstadt, que je n’approuve pas qu’on place ce régiment à Magdeburg; qu’il appelle également à lui tous les détachements de troupes qu’il trouvera dans sa direction, n’importe à quel corps ils appartiennent. Il doit prendre les ordres du prince de la Moskova, qui sera le 15 à Luckau. Le duc de Bellune doit, le 15, dépasser Wittenberg, pour se porter dans la direction du prince de la Moskowa.
Dresde, 13 mai 1813.
Au général comte Bourcier, commandant les dépôts de cavalerie, à Hanovre.
Vous avez encore bien de la cavalerie en retard : vous devez cependant avoir beaucoup de chevaux et une grande quantité d’effets de harnachement â Wesel et à Magdeburg. Continuez l’opération des remontes. Je vais incessamment être à Berlin, ce qui mettra le prince d’Eckmühl à même de rentrer à Hambourg, de tranquilliser toute la 32e division et de vous rendre les moyens d’accélérer les remontes. Une fois à Berlin, je crois que le point le plus favorable pour rétablissement du dépôt, vu la facilité qu’on y trouve pour réunir avec rapidité les effets d’habillement et d’équipement, c’est Magdeburg.
Dresde, 13 mai 1813.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, je reçois votre lettre du 7 mai. Je sais bien que vous m’avez fait un rapport ; mais je ne peux m’occuper quarante fois de la même chose. Je vous ai donné ordre de faire passer 500,000 francs au roi de Westphalie ; je vous ai donné un crédit : vous deviez faire passer cette somme. Je vous avais ordonné d’envoyer un million à M. Bignon, il y a trois mois; c’était une somme urgente et vous deviez la faire passer également. Vous n’avez point réussi, et pourtant il n’y avait de grandes difficultés ni dans l’un ni dans l’autre cas.
Quant aux 200,000 francs du secrétaire interprète Lelorgne, ce n’était point sur les fonds de réserve, mais sur les fonds secrets de votre ministère qu’il les fallait prendre; vous avez eu tort de les prendre sur les fonds de réserve; il faut donc changer cela sur-le-champ.
Dans des circonstances aussi importantes que celles-ci, mes ministres à Munich, à Würzburg, à Prague, où était M. de Serra, et à Vienne, auraient pu me donner des renseignements ; aucun d’eux ne peut rien faire, parce qu’ils n’ont pas un sou, ni l’autorisation de faire aucune dépense. Le département des relations extérieures ne me sert à rien du tout.
Dresde, 13 mai 1813, au soir.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, les quatre divisions du général Latour-Maubourg seront composées de la manière suivante,
Division Bruyère : les trois régiments français qui sont à présent sous ses ordres et qui comptent 1,200 chevaux, le ler régiment de chasseurs italiens, le régiment de hussards et de chevau-légers saxons ; cela formera trois brigades et 3,600 chevaux.
Division Chastel : comme elle se trouve actuellement formée, ayant déjà 1,800 chevaux.
Division Bordesoulle : composée de six régiments de cuirassiers français, qui ont déjà 1,200 chevaux, et de deux régiments de cuirassiers saxons de 1,200 chevaux; total, 2,400 chevaux. Cette division formera également trois brigades.
Enfin, la division Doumerc : composée des trois régiments de cuirassiers et des trois régiments de dragons qui la composent aujourd’hui ; plus, du régiment italien Napoléon.
Total du corps du général Latour-Maubourg, 9,000 chevaux; ce qui, avec les 4,000 chevaux de la Garde, formera 13,000 hommes de cavalerie, capables d’obtenir un grand résultat.
L’artillerie à cheval du général Latour-Maubourg se composera de deux batteries françaises qui existent, d’une batterie italienne qui existe, d’une ou deux batteries saxonnes; total, quatre batteries ou vingt-quatre bouches à feu. La batterie italienne sera attachée à la division Doumerc. La batterie saxonne sera attachée à la division Bordesoulle.
Il serait donc convenable que la brigade de cuirassiers saxons eût passé l’Elbe demain, ainsi que la batterie à cheval, et qu’après-demain la cavalerie légère pût également passer pour rejoindre le général Latour-Maubourg.
Vous ferez comprendre l’importance pour le pays de gagner quelques jours, puisqu’il paraît que les Russes commettent toute espèce de dévastations. Vous ferez connaître que je réunis cette cavalerie sous les ordres du général Latour-Maubourg, ce qui met ensemble 10,000 hommes de cavalerie.
Dresde, 13 mai 1813. an soir.
Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Torgau.
L’état-major général vous a fait connaître mes intentions. Le général Sébastiani doit avoir 4,000 hommes de cavalerie; la 1e et la 4e division du duc de Bellune doivent former au moins 12,000 hommes; la division Puthod, qui appartient au général Lauriston, et qui est en ce moment avec le duc de Bellune, est au moins de 7,000 hommes : le duc de Bellune a donc environ 25,000 hommes sous ses ordres. Je lui ai fait donner ordre de se diriger sur Wittenberg, où il sera le 15 au matin, et là de prendre vos ordres pour son mouvement sur Luckau. Il pourra s’y tenir à portée ou de former votre avant-garde, si je vous ordonne de vous rendre par un à-gauche sur Berlin, ou de vous rejoindre sur Luckau, si cela devient nécessaire. Le général Reynier doit avoir 12,000 hommes; tenez-le de préférence sur votre gauche.
J’ignore votre force ; mais je suppose que vos cinq divisions, voire cavalerie et votre artillerie font environ 40,000 hommes; le général Lauriston, ayant réuni tout son corps, à l’exception de la division Puthod, doit avoir, avec son artillerie, environ 25,000 hommes : vous avez donc dans la main une armée de près de 100,000 hommes, dont 6,000 hommes de cavalerie environ. Le major général vous a écrit que je désirais que vous vous portassiez sur Luckau, où vous serez à vingt-deux lieues de Dresde et à vingt et une lieues de Berlin, mais en assurant toujours bien vos communications avec Torgau , et que le général La u ris ton fût demain ou après à Dobrilugk.
Le duc de Tarente est à Bischofswerda, où il a eu une affaire assez vive avec l’ennemi et a fait 1,000 prisonniers; le général Bertrand est à Kœnigsbrück; le duc de Reggio et le duc de Raguse sont en seconde ligne sur ces deux routes ; la Garde est encore à Dresde.
Je commence à avoir de la cavalerie. J’ai organisé au général Latour-Maubourg, dans ses quatre divisions, environ 12,000 hommes; la cavalerie de la Garde est de 4,000 chevaux et attend de nombreux renforts à chaque instant.
Je ne vois pas encore bien ce qu’ont fait les Prussiens ; il est bien certain que les Russes se retirent sur Breslau; mais les Prussiens se retirent-ils sur Breslau, comme on le prétend, ou se sont-ils jetés sur Berlin, comme cela paraît naturel, pour couvrir leur capitale? C’est ce que les renseignements que j’attends cette nuit du général Bertrand, et ceux que je recevrai probablement de votre côté, m’apprendront parfaitement. Vous sentez qu’avec des forces aussi considérables que celles que vous commandez, ce n’est pas le cas de rester en repos. Dégager Glogau, occuper Berlin, pour mettre le prince d’Eckmühl à même de réoccuper Hambourg et de s’avancer avec ses cinq divisions en Poméranie, m’emparer de Breslau, voilà les trois buts importants que je me propose et que je voudrais remplir tous trois dans le mois. Par la position que je vous fais prendre, nous nous trouverons toujours réunis, pouvant nous porter sur la droite ou sur la gauche et avec le plus de masses possible, selon les renseignements.
La tête de la cavalerie saxonne est arrivée aujourd’hui. Ce sont 3,000 bons chevaux que je réunis au général Latour-Maubourg et qui nous font un grand bien.
Le roi de Saxe a fait hier une entrée triomphante à Dresde ; il dîne aujourd’hui avec moi.
Profitez des gens du pays pour m’écrire souvent et promettez de fortes récompenses pour ceux qui vous rapporteront promptement réponse.
Dresde, 14 mai 1813, trois heures du matin.
Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Torgau.
Je reçois des nouvelles positives sur le mouvement du général Blücher, du général York, du général Kleist, du roi de Prusse et des cinq ou six princes de sa famille : tous ont passé le 10 et le 11 sur Kœnigsbrück, venant de Grossenhayn et de Dresde, et se rendant sur Bautzen, route de Breslau. Il ne paraît donc pas douteux qu’on dégarnit Berlin et qu’il n’y a pour couvrir cette ville que quelques cavaliers et le corps de Bülow : cela rend d’autant plus nécessaire le mouvement ordonné.
Faites revenir au général Lauriston ce qui lui appartient, a6n qu’il puisse renforcer l’armée, si l’ennemi veut recevoir bataille, comme on dit les Russes et les Prussiens réunis. Leur arrière-garde montre 30,000 hommes et beaucoup d’artillerie; ils couvrent la petite ville de Bautzen j ils brûlent les villages comme dans la dernière campagne.
J’attends avec impatience des nouvelles de votre armée et les renseignements que vous aurez, mais ceux que j’ai reçus ici, sur le passage de la plus grande partie de l’armée prussienne par la route de Silésie, sont certains.
Dresde, 14 mai 1813, neuf heures du matin.
Au maréchal Macdonald, duc de Tarente, commandant le 11e corps de la Grande Armée, à Bischofswerda
Les nouvelles que je reçois me portent à penser que l’ennemi a cessé les travaux qu’il faisait à Bautzen, que le gros de l’armée est parti, et qu’il a renoncé au projet de faire sur ce point une forte résistance. Vous aurez déjà eu quelques indices sur cela. Il est avantageux que vous entriez dans cette ville, afin de nous étendre, si cela peut se faire avec une simple affaire d’avant-garde.
Si vous allée à Bautzen, vous manderez au duc de Raguse de venir s’établir à Bischofswerda.
Dresde, 14 mai 1813.
Au maréchal Ney, prince de la Moskova, commandant le 3e corps de la Grande Armée, à Torgau.
Vous ne m’avez pas encore envoyé l’état de votre corps depuis la bataille, de sorte que j’ignore ce que vous avez avec vous. Je désire que vous m’envoyiez, par le retour du présent officier, l’état des présents sous les armes et des détachés, ainsi que l’état de votre cavalerie et de votre artillerie. Vous sentez combien ces renseignements sont indispensables.
D’après plusieurs rapports, il parait que l’ennemi évacue Bautzen pour se porter plus loin. Je suppose qu’aujourd’hui ou demain le duc de Bellune arrivera à Wittenberg, et que vous et le général Lauriston vous êtes en mouvement pour la direction que je vous ai donnée. Je n’attends que de vos nouvelles et de savoir positivement où votre armée arrivera, pour partir moi-même de Dresde.
L’ennemi commet des horreurs, brûle les villages et fait tout ce qu’il a fait en Russie : ce sera une bonne leçon pour les Allemands !
Dresde, 14 mai 1813.
A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Paris
Monsieur le Duc de Bassano, le comte de Narbonne se plaint beaucoup de l’aide de camp du roi de Naples, le prince Cariati, qui est en ce moment à Vienne, où il se conduit très-mal et ne voit que nos ennemis. Envoyez une estafette à mon ministre à Naples pour faire connaître mon extrême mécontentement de toutes les mauvaises intelligences que le Roi entretient, demander le rappel du prince Cariati et qu’on fasse en sorte de revenir du mauvais système qu’on parait avoir embrassé, et qui pourrait entraîner la ruine du roi de Naples. Il donnera une note formelle là-dessus.
Dresde, 15 mai 1813, dix heures du soir.
Au maréchal Macdonald, duc de Tarente, commandant le 11e corps de la Grande Armée, devant Bautzen.
L’officier d’ordonnance Laplace arrive dans ce moment et me fait connaître que vous avez pris position vis-à-vis Bautzen.
Le général Bertrand avait hier son avant-garde à Klostermarienstern et son quartier général à Camenz ; il doit être aujourd’hui à deux lieues de Bautzen. J’espère que vous aurez communiqué ; il se trouve sur votre gauche.
J’ai donné l’ordre au duc de Reggio de se porter en avant de Bischofswerda ; par ce moyen, les quatre corps seront en ligne.
Le prince de la Moskova et le général Lauriston sont partis depuis deux jours de Torgau pour tourner Bautzen. Si l’ennemi continue à rester en force, prenez une bonne position; assurez-la par quelques flèches, et liez-vous bien avec le général Bertrand. L’arrivée des deux corps, qui font 60,000 hommes, nous mettra dans une grande supériorité. Dans le même temps, 40,000 hommes marchent sur Berlin. Le corps du général Latour-Maubourg, qui va partir, s’organise; il compte dans ce moment 12,000 chevaux.
Je vous envoie un rapport qui paraît fort extraordinaire ; faites-le vérifier.
Dresde, 16 mai 1813, quatre heures du matin.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Dresde.
Mon Cousin, envoyez la lettre ci-jointe au duc de Trévise. Faites connaître au général Beaumont qu’il est sous les ordres de ce maréchal.
Donnez ordre au général Latour-Maubourg de faire partir, pour joindre la division Bruyère, tous les détachements de cavalerie qui lui appartiennent, hormis le régiment de chasseurs italiens qui doit être de l’expédition d’aujourd’hui. Vous lui ferez connaître qu’il ait à se mettre en marche sur-le-champ avec toute la cavalerie appartenant au général Chastel, avec la brigade italienne, avec La cavalerie saxonne, et enfin avec ses cuirassiers et dragons, ce qui fera près de 6,000 chevaux. Il laissera devant Dresde tous les détachements de cavalerie appartenant au général Sébastiani. Il trouvera jointe à cet ordre la position du général Beaumont, qui a 1,500 chevaux et qui sera sous ses ordres, ainsi que les deux bataillons d’infanterie française qu’a ce général. Il fera porter le général Beaumont sur Grossenhayn. Le duc de Trévise, sous les ordres de qui il sera, part avec une division de la jeune Garde.
Vous ferez connaître à ce maréchal qu’il aura sous ses ordres le général Latour-Maubourg, qui a près de 6,000 hommes de cavalerie, le général Beaumont, qui en a 1,500, et deux bataillons d’infanterie légère, et enfin la division de la jeune Garde. Il laissera cette division en échelons, une brigade à une lieue d’ici, une brigade à mi-chemin, et une qu’il mènera avec lui, afin de ne pas la fatiguer inutilement. Son expédition a deux buts : 1° d’arriver de bonne, heure à Grossenhayn, de cacher le plus possible à l’ennemi la grande, quantité de cavalerie qu’il a, afin de se mettre à sa suite avec toute cette cavalerie, de lui enlever son artillerie et son infanterie, s’il en a, et de le poursuivre vertement et sans relâche de manière à le disperser; 2° de se mettre en communication avec le général Lauriston, qui est arrivé hier 15 à Dobrilugk, et avec le prince de la Moskova, qui est arrivé hier à Luckau. L’ennemi ayant beaucoup de patrouilles dispersées sur l’Elbe, il prendra des renseignements partout où il peut en avoir, et les fera poursuivre. Comme le général Beaumont a déjà deux bataillons qui sont à mi-chemin, le duc de Trévise peut choisir les quatre bataillons les plus lestes de la Garde pour marcher avec lui. Le général Beaumont a quatre pièces de canon, le général Latour-Maubourg a vingt-quatre pièces d’artillerie légère : cela est plus que suffisant. Il faut donc qu’il tienne la jeune Garde en réserve, comme je l’ai dit plus haut, pour ne pas la fatiguer inutilement, et la mettre à même de se porter sur Bautzen. Il établira sa communication avec le général Lauriston, aussitôt qu’il croira qu’il n’y a point de danger. De Grossenhayn, il dirigera sur Dobrilugk toute la cavalerie qui appartient au général Chastel (je crois qu’il y a 7 à 800 hommes ici), en les faisant accompagner autant que cela sera nécessaire. De Grossenhayn il écrira, par des gens du pays et des estafettes du pays, au général Lauriston pour lui faire connaître le mouvement qu’il fait, et pour que celui-ci envoie une division à sa rencontre jusqu’à Elsterwerda. S’il y avait quelque rassemblement de l’ennemi du côté d’Ortrand, le duc de Trévise y marcherait également, afin de purger entièrement ce côté. Le général Beaumont, qui est depuis plusieurs jours dans cette position, a des renseignements sur ce qu’y a l’ennemi ; il faut tâcher de le surprendre, parce qu’il ne s’attend pas à lutter contre une cavalerie supérieure.