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Les services de santé sous le Premier empire

A la veille de la Révolution, la France comptait soixante dix hôpitaux militaires fixes, dont 60 financés par le Roi, et des hopitaux ambulatoires (1 pour 20000 hommes) adjoints aux hôpitaux sédentaires. En 1788, pour une armée de 200 à 300000 hommes, il y avait comme personnel 510 chirurgiens et 130 apothicaires. Cependant, les pertes en hommes étaient importantes et relevaient moins de la bataille que de la piètre qualité des soins apportés aux blessés; gangrène, fièvres, épidémies comme le typhus,… Une des causes (malgré les avancées humanitaires et techniques de formation des médecins, apportées par le Siècle des Lumières) était toujours l’arrivée tardive des secours qui n’intervenaient qu’à la fin de la bataille.

Il faudra attendre la Révolution pour voir apparaître les premières expérimentations de soins rapides aux blessés.

Pierre-François_Percy
Pierre-François_Percy

L’organisation du traitement des blessés sur les lieux de combat et leur évacuation, vont véritablement  se structurer lors des guerres de la révolution et de l’empire. Sous la première république, le chirurgien en chef des armées de Moselle, François Percy, expérimenta un corps ambulant de chirurgiens militaires pour soigner les blessés sous le feu de l’ennemi. Il les fit accompagner de soldats d’élite chargés de relever les blessés et d’aider aux soins. Mais la transformation d’une expérimentation en l’organisation d’un corps d’infirmiers et brancardiers fut très longue.

« En 1807, à Eylau, la détresse des blessés est incommensurable. Percy réclame à Napoléon, ému par le spectacle désolant du champ de bataille, la création d’un vrai corps d’infirmiers militaires.

Un premier  » bataillon de soldats d’ambulance  » verra le jour en Espagne, en 1808. Puis, un décret impérial du 13 avril 1809 créera un corps d’infirmiers militaires, formé de 10 compagnies composées de 125 hommes chacune et commandées par un centenier.

Cinq compagnies seront levées à Vienne, en septembre 1809, deux en Italie et trois en Espagne. Leur rôle consiste à enlever les blessés du champ de bataille, à les évacuer vers les hôpitaux de l’arrière, à les convoyer et à les défendre si cela devient nécessaire.

En 1813, ce corps d’infirmiers militaires est complété par un corps de brancardiers d’ambulance, les fameux despotats de Percy. Ces soldats, par groupe de 2, portent les éléments d’un brancard démonté. Chacun d’eux porte une traverse posée sur le sac, un montant muni à une extrémité d’un fer de lance et une demi-gaine en toile enroulée autour de la taille comme une ceinture.

Ces compagnies d’infirmiers seront, toutefois, peu nombreuses et ne rendront pas les services attendus, tant le recrutement de ces soldats sera le plus souvent douteux et inadapté et leur réputation d’honnêteté et de professionnalisme très contestable. » -La santé aux armées de Jacques Sandeau »-

Chirurgiens et infirmiers étaient transportés au coeur même des combats, sur des véhicules qui étaient des caissons de munition modifiés.

La Wurtz de Percy
La Wurtz de Percy

Cette voiture d’intervention rapide, attelé à quatre ou six  chevaux, était précédée par le chirurgien major qui décidait du lieu d’intervention. Le caisson, nommé wurtz,  renfermant les appareils et instruments chirurgicaux  était conduit par deux postillons. Il transportait les infirmiers, les chirurgiens et, éventuellement, des blessés légers. 

« La Wurtz de Percy est surtout un moyen rapide d’amener du personnel sanitaire en un point du champ de bataille pour commencer à panser les blessés avant de les évacuer vers l’ambulance (nom de l’hôpital de campagne). C’est vers 1799, à l’armée du Rhin, que Percy utilise le Wurtz  (saucisse en allemand). Il s’agit d’un petit caisson allongé, utilisé par l’artillerie pour le transport des munitions ; le dessus de celui-ci est couvert de cuir arrondi pour servir de siège aux aides majors et aux infirmiers à l’aller et aux blessés au retour. L’intérieur du caisson est rempli d’objets de pansement et de chirurgie ainsi que de brancards.
Le caisson attelé de six chevaux emmène à califourchon huit chirurgiens et/ou aides qui vont commencer à panser les blessés sur le champ de bataille et à les ramasser à l’aide de brancards contenus dans le caisson.

Voiture du service de santé dite "voiture de Percy" ou "Wurst"
Voiture du service de santé dite « voiture de Percy » ou « Wurst »

Cette ambulance, nécessitant beaucoup de chevaux, peu confortable pour le personnel sanitaire ou les blessés légers, ne permettra pas d’évacuer les blessés graves. Elle sera, de fait, peu utilisée et aura totalement disparu en 1810.. » [1]-La santé aux armées de Jacques Sandeau »-

Ce type d’ambulance ne répondait donc pas véritablement au problème de l’évacuation des blessés.

Dominique Larrey. Portrait de Girodet. Base de données Joconde
Dominique Larrey. Portrait de Girodet. Base de données Joconde

En 1792, à la bataille de Spire, un jeune chirurgien dénommé Larrey, qui attendait la fin des combats pour pouvoir intervenir, observait à la lorgnette la rapidité d’intervention des équipages d’artillerie au coeur des combats. Cela lui donna l’idée de créer les ambulances volantes qui permettraient d’amener les secours au cœur des combats et de rapatrier les blessés. Il lui faudra attendre 1797 et sa participation avec Bonaparte à la bataille d’Italie pour voir son projet se réaliser. Il en sera félicité par Bonaparte « votre œuvre est une des plus hautes conceptions de notre siècle et suffira à elle seule à votre réputation. ». Cependant, face aux réticences des ordonnateurs et commissaires de guerre, ce premier service d’ambulance ne se développera que très progressivement. L’ambulance volante de Larrey ne se généralisera vraiment qu’en 1812 et seule la Garde de l’empereur en sera correctement dotée.

Deux types de voitures furent utilisés; la voiture légère à deux roues, montée généralement en poste à deux chevaux, et la voiture à quatre roues, destinée surtout aux pays de montagne, à la caisse plus longue que la précédente et attelée en poste à quatre chevaux.

La première transporte deux blessés couchés. Sur le plancher de la voiture se trouve un « matelas » rembourré de crins et monté sur rail, sur lequel le chirurgien peut panser le blessé. Sur les côtés intérieurs de la voiture, se trouvent des poches contenant du matériel chirurgical et des pansements.

La deuxième, montée sur un train à quatre roues, a une capacité de quatre blessés couchés sur deux niveaux ; elle est munie de portes coulissantes sur les côtés permettant de rentrer ou sortir facilement les blessés. Comme la voiture légère, elle est équipée, sur les côtés, de poches ou de compartiments contenant matériel et pansements.

Pendant la campagne d’Egypte, Larrey avait également développé un autre systéme d’évacuation des blessés en adoptant le sytème du cacolet aux chameaux.

 « Je fis construire cent paniers, deux par chameau, disposés en forme de berceau que l’animal portait de chaque côté de sa bosse, suspendus par des courroies élastiques au moyen d’une prolonge à bascule : ils pouvaient porter un blessé couché dans toute sa longueur »

Cette évacuation par ambulance ne fut donc opérationelle que partiellement et trés tardivement. Elle ne donna que des résultats limités et les batailles de l’empire provoquèrent une véritable hécatombe. Les travaux réalisés, en 1972, par Jacques Houdaille dans  « Pertes de l’armée de terre sous l’empire », à partir des relevés de matricule, montrent que trois fois plus de soldats sont morts dans les hopitaux qu’ au combat. 

References

References
1 -La santé aux armées de Jacques Sandeau »-