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Wagram – Les combats à Wagram

5 juillet 1809

 

Napoléon, dans l’espoir d’en finir rapidement avec les Autrichiens, donne l’ordre, en fin d’après-midi, de prendre Wagram. Sont chargés de l’entreprise, en particulier, les troupes du IXe corps, sous les ordres de Bernadotte, qui doit porter ses efforts à partir d’Aderklaa. En même temps, Oudinot doit emporter Parbarsdof (Baumersdorf), l’Armée d’Italie, sous les ordres du prince Eugène, passant le Russbach entre Parbarsdorf et Wagram.

 

Le prince Eugène de Beauharnais Appiani. Malmaison
Le prince Eugène de Beauharnais Appiani. Malmaison

Marmont:

« L’Empereur… donna l’ordre au vice-roi de faire attaquer par le général Macdonald le centre de l’ennemi dans la direction de Wagram »

Le Russbach à Deutsch-Wagram
Le Russbach à Deutsch-Wagram

Sur la gauche des troupes de Davout, qui attaquent (en vain) les positions autrichiennes de Parbarsdorf, l’armée d’Italie profite de la protection offerte par la fumée des incendies qui ravagent ce village, pour attaquer Wagram. L’attaque, bien emmenée par Dupas (division mixte saxon-français détachée du corps de Bernadotte), suivi par l’ensemble des troupes du prince Eugène, à savoir Macdonald, Lamarque, Serras et Durette et la cavalerie, sous les ordres de Sahuc, est un succès: les Autrichiens reculent en désordre. Mais Bellegarde rallie ses troupes et les reforme sur le flancs des Français.

Une contre-attaque de la cavalerie de Sahuc est près de réussir, quand l’archiduc Charles, payant de sa personne (il va être blessé légèrement à l’épaule), emmène le 42e régiment d’infanterie, au moment même où Hohenzollern arrive avec de la cavalerie. La ligne française est brisée, la confusion s’installe, les français tirant sur les saxons, qu’ils prennent pour des autrichiens. Ceux-ci s’enfuient, et ne sont regroupés qu’à hauteur de Raasdorf.

Pareille mésaventure va arriver à peu de distance de là.

Il est maintenant 9h du soir la nuit est près de tomber.

Les troupes de Bernadotte sont composées de deux divisions saxonnes (Zerschwitz et Polenz) et de la division Dupas (5e léger et 19e de ligne). Wagram est alors tenu par un détachement de Bellegarde.

L’attaque menée par les Saxons de Bernadotte permet, après plusieurs tentatives, de se rendre maître de la partie ouest du village, autour de l’église, sans pouvoir toutefois aller plus avant.

De l’autre coté, les troupes de Dupas, auxquelles sont également attachés deux autres bataillons de grenadiers saxons (Rudlof et Melsch) passent le Russbach, bousculent les autrichiens, s’apprêtant à couper leur ligne.

Soudain, à leur légitime surprise, nos troupes reçoivent le feu par derrière. Que s’est-il passé ?

Les troupes de l’Armée d’Italie, menée par Macdonald et Grenier, avaient franchi, sans encombre, le Russbach, et allaient rejoindre Dupas, lorsqu’ils aperçoivent, dans la demi-obscurité, les saxons de celui-ci. Les uniformes clairs de ces derniers et les cris poussés en allemand font qu’ils les prennent pour des ennemis et font feu. Ils ne reste aux pauvres saxons qu’à reculer, en tirant sur les troupes de Macdonald et Grenier, alors même que ces dernières doivent parer à une attaque de flanc menée par le corps du Prince Hohenzollern.

Ce feu croisé entraîne une panique, aggravée par la nuit tombée. Toutes nos troupes, saxons en tête, repassent le Russbach, au cri de « Tout est perdu ! ». Quelques-uns s’y noient. Dupas lui même doit reculer, assailli par le Corps de Bellegarde que l’archiduc Charles a lui même rallié. Nombreux sont les prisonniers saxons. Des groupes entiers de soldats vont errer dans la nuit, incapables de retrouver leurs unités. Les pertes en hommes sont importantes.

Marmont:

« Macdonald se mit en mouvement, ses troupes atteignirent le haut du plateau; mais elles y furent si vigoureusement reçues, qu’elles redescendirent rapidement et dans la plus grande confusion. Les saxons, après une attaque pareille, eurent un sort semblable. »

Macdonald:

« Mes pertes en morts, blessés et prisonniers, étaient énormes, approchant les deux milles. Le général Grenier avait eu une main enlevée par un boulet »

Au soir du 5, Wagram est perdu, alors que Bernadotte l’avait eu entre ses mains.

Cette affaire coûta un millier d’hommes à Dupas, la dispersion quasi complète des deux bataillons saxons (environ 4500 hommes), dont la majorité se rendît aux autrichiens, s’attirant le mépris de Napoléon

Elle eût des suites, beaucoup plus tard.

Le 7 juillet, Bernadotte avait, dans un ordre du jour, écrit

 » Saxons, dans la journée du 5 juillet, 7 à 8 mille d’entre vous ont percé le centre de l’armée ennemie et se sont portés sur Deutsch-Wagram, malgré les efforts de 40000 hommes…..Vous avez combattu jusqu’à minuit (..) Le 6….vos colonnes vivantes sont restées immobiles comme l’airain.(..) Le grand Napoléon a vu votre dévouement: il vous compte parmi ses braves ».

La réaction de Napoléon sera cinglante.

Au général Clarke – Schönbrunn, le 29 juillet 1809

Si vous avez occasion de voir le prince de Ponte-Corvo, témoignez lui mon mécontentement du ridicule ordre du jour qu’il a fait imprimer dans tous les journaux, d’autant plus déplacé qu’il m’a porté pendant toute la journée des plaintes sur les Saxons. Cet ordre du jour contient d’ailleurs des faussetés. C’est le général Oudinot qui a pris Wagram le 6 à midi; le prince de Ponte-Corvo n’a donc pas pu le prendre. Il n’est pas plus vrai que les Saxons aient enfoncé le centre de l’ennemi le 5; ils n’ont pas tiré un coup de fusil »

Le 5 août, son ordre du jour sonne comme le clairon:

« Indépendamment de ce que SM commande son armée en personne, c’est à elle seule qu’il appartient de distribuer le degré de gloire que chacun mérite. SM doit le succès de ses armes aux troupes françaises et non à aucun étranger.(..) L’ordre du jour du Prince de Ponte-Corvo est contraire à la vérité….Le village de Deutsch-Wagram n’a pas été en notre pouvoir dans la journée du 5…ce village n’a été pris que le 6, par le corps du maréchal Oudinot.(..) Le corps du prince de Ponte-Corvo n’est pas resté immobile comme l’airain. Il a battu le premier en retraite »

Le 11 septembre, il n’aura toujours pas décoléré, lorsqu’il écrira à Fouché:

« J’ai été mécontent de l’ordre du jour du prince de Ponte-Corvo, qui ferait croire que je n’ai que 15000 hommes, tandis que j’ai intérêt de persuader que j’en ai 200000. La vanité de cet homme est excessive. J’ai ordonné au ministre de la Guerre de le rappeler… »

Fouché:

« Quelle fut ma surprise, le lendemain, quand Bernadotte m’apprit, dans l’épanchement de l’intimité et de la confiance, qu’ayant tenu la gauche à Wagram, et les Saxons qui en faisaient partie s’étant mis en déroute, l’empereur, sous ce prétexte, lui avait ôté le commandement et l’avait renvoyé à paris; que pourtant son aile s’était à la fin bien comportée; mais qu’on ne l’avait pas moins blâmé au quartier général d’avoir, dans un ordre du jour, adressé à ses soldats une espèce de proclamation approbative; qu’il imputait cette nouvelle disgrâce à des rapports malveillants faits à l’empereur. »

 

6 juillet 1809 – La victoire

Deploiement des forces à Wagram
Deploiement des forces à Wagram
L'instant critique à Wagram
L’instant critique à Wagram
Wagram - La victoire.
Wagram – La victoire.
La grande batterie de 100 canons.
La grande batterie de 100 canons.

A Wagram, peu ou presque rien ne va se passer jusqu’au début de l’après-midi. A ce moment, le dispositif mis en place par l’archiduc Charles se désagrège, à gauche, à Markgrafneusiedl, où Davout enfonce Rosenberg et se joint aux troupes d’Oudinot, qui est en train de repousser Hohenzollern, et à droite, où Masséna, après bien des moments difficiles, a enfin réussi à faire reculer Klenau.

Au centre, Bellegarde tient encore Aderklaa et Wagram. Mais Napoléon, pour en finir, lance maintenant dans la bataille les troupes encore fraîches du Xe corps de Marmont. Celles-ci renforcent la division Pacthod de l’armée d’Italie dans son attaque de Wagram. Le village tombe bientôt aux mains des français, d’autant que, dans le même temps, les fantassins d’Oudinot, devant de Parbarsdorf, qu’ils ont repris, repoussent en désordre la division Wacquant du 1er corps de Bellegarde.

Le clocher de Wagram.
Le clocher de Wagram.

L’archiduc Charles, réalisant la situation de son armée, ayant perdu tous espoir de voir arriver l’archiduc Jean sur les arrières des français, donne, à 14h30, l’ordre d’une retraite qui va s’effectuer en bon ordre.

Vers cinq-heures du soir, des éléments de cavalerie de l’archiduc Jean feront leur apparition vers Ober-Sieberbrunn, causant un instant la panique dans les rangs français.

Boulart:

« On aperçut une grande masse de fuyards accourir vers nous. La peur se communiquant, rapide comme l’éclair, à tous les hommes qui étaient éparpillés dans la campagne, ce fut une panique générale….On a su depuis qu’un corps autrichien, coupé par notre cavalerie et manœuvrant pour rejoindre l’archiduc Jean, avait donné cette épouvante et fini par être fait prisonnier. »

de Castellane:

« La tente de l’Empereur fut établie à quatre heures en avant de Raasdorf. Vers la nuit, on eut une alerte; les soldats des cantines arrivèrent en courant des avant-postes et en criant: < Aux armes, l’ennemi est là ! > Le désordre était général. De service dans la seconde tente de l’Empereur, j’avertis de suite l’aide de camp; j’avais appris un an auparavant, à Madrid, dans une débâcle semblable, qu’il ne fallait pas se presser. Je bridai tranquillement mon cheval, et je fus le premier auprès de l’Empereur. Il était monté à cheval, boutonnant ses culottes, sans chapeau, sans épée. On les lui apporta: il me donna l’ordre de faire former de suite à la Garde les bataillons carrés; tout le monde croyait que c’était le prince Jean qui arrivait de Hongrie. On revint bientôt d’une terreur si chaude. On sut qu’une vingtaine de housards autrichiens égarés, se trouvant en arrière des avant-postes, avaient rencontré des cantinières qui s’étaient mises à crier et avaient fait courir toute l’armée »