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Naissance d’une Nation – La République Cisalpine et la République Italienne (1796-1802)

Marco Baratto

(Délégué régional pour la Lombardie du Souvenir Napoléonien)

Les constitutions républicaines

Au cours d’une réception dans la villa Crivelli Pusterla de Mombello [i], le général Bonaparte, confiait à l’ex-patricien milanais, Francesco Melzi d’Eril qu’en Italie il y avait  » encore moins qu’en France des éléments de républicanisme (…) nous ferons de tout ceci ce que nous voudrons. Mais le temps n’est pas encore arrivé; la tâche cède à la pression du moment, et nous aurons ici une ou deux républiques de notre type (…) en attendant j’en ai déjà  fait disparaître deux du territoire de l’Italie et quoique celles-ci fussent des républiques bien aristocratiques, était le qui il y avait le plus grand sens public et les opinions les plus définies. Nous de lui a été beaucoup entravés dans l’avenir (…) je ne rendrai ni la Lombardie, ni Mantoue à l’Autriche (…) je la donnerai comme indemnité à Venise et une partie des domaines de terre ferme de cette vieille république [ii]« .

Bonaparte Consul - d'après Girodet
Bonaparte Consul – Carte postale

Ce texte reflète de manière claire et exhaustive quel furent les intentions du jeune général Bonaparte, à propos de la politique à mener en Italie. Du reste il était évident dans un pays comme le notre, dans les dernières années du XVIII siècle, se présentait sans aucune unité politique et qui feu à l’origine d’une différenciée réaction devant les idées qui venaient de la France. Avant l’arrivée du général Bonaparte, l’Italie était une combinaison de systèmes institutionnels. Quelques états possédaient une constitution monarchique, d’autres possédaient une forme républicaine et d’autres encore étaient sous le contrôle direct d’états étrangers. Dans cette variété de systèmes politiques il y avait un élément commun; en effet, « malgré la grande variété de conditions de vie et de structures de propriété, l’économie de tous les états et de toutes les régions, exceptés les grands ports, était dominée par l’agriculture. En conséquence la structure sociale était marquée par un grand nombre de paysans [iii]  » .

Bien avant la révolution française et l’arrivée de l’armée d’Italie, les idées du siècle des lumières avaient trouvé, dans la péninsule, quelques disciples, même parmi les hommes de gouvernement[iv]. Mais la tragique fin de la monarchie française fit changer d’avis à ces nobles qui avaient, dans un premier temps, adhéré aux  idées de la révolution. Mais tous ne perdirent pas l’intérêt pour les événements qui étaient en train d’arriver en France et au contraire,  un mouvement politique pris naissance qui vit se réunir les réformateurs  déçus, quelques ecclésiastiques, jansénistes, francs-maçons et idéalistes. Ceux qui avaient eu à souffrir des persécutions des différents des régimes trouvaient enfin la possibilité de s’exprimer librement.

Ceux-là, qui se déclaraient « démocratiques » ou « patriotes », se concentrèrent à Milan, donnant vie aux clubs, journaux et, vers la fin de 1796, également aux manifestations. Leur principal objectif était de donner vie à un état républicain unifié, qui devait mettre les italiens sous une un unique loi.[v].

En France, le Directoire, était profondément divisé à propos de la politique à suivre en Italie. Il y avait ceux qui craignaient la création d’une état unifié au-delà des Alpes et qui, par contre, convaincus de la nécessité d' »exporter la révolution » voulaient qu’on appliqua la constitution française de l’an III aux nouveaux territoires conquis, qu’ils considéraient comme l’achèvement suprême en matière de science politique. Dans un premier temps, dans l’attente d’arriver à la signature de la paix avec l’Autriche, les territoires de l’Italie du nord durent rester sous administration militaire française. Cette situation était due à la simple raison que le Directoire, en réalité, n’avait aucunement l’intention d’accorder l’autonomie politique à l’Italie mais, de considérer  » les plus fertiles plaines d’Europe [vi]  » comme gages d’échange contre des concessions sur la rive gauche du Rhin. La même politique suivie par le général en chef était ambiguë. En effet, durant toute l’année 1796, Napoléon, avait assumé un comportement différent selon qu’il s’agissait des territoires conquis aux autrichiens ou bien qu’il s’agissait des possessions arrachées au Duché de Modène ou au Pontificat. Preuve en est que pendant qu’à Milan, l’Administration Générale de Lombardie [vii], n’avait pas réussi à donner au vieil État de Milan une « constitution démocratique » mais s’était limitée à demander « lequel des gouvernements libres conviendrait le plus à la fortune de l’Italie », au sud du Pô la création de nouvelles républiques était, par contre, encouragée.

Drapeau de la Légion lombarde
Drapeau de la 6e cohorte de la Légion Lombarde
1797 – Photo (C) RMN-Grand Palais / Emilie Cambier

A Bologne, dés juin 1796, l’ancien sénat de la ville, avait proposé la creation d’une nouvelle constitution qui, si au premier abord, semblait propre à renforcer le vieux statut médiéval de la ville, visait de fait à élaborer un projet de loi fondamentale qui rappelait, pour beaucoup la constitution française de l’an III avec la seule différence qu’était reconnu un droit plus important au suffrage et qu’on prévoyait un organe exécutif de neuf consuls. Mais, une telle mesure resta lettre morte, car, entre temps avaient été proclamés d’autres républiques à Reggio Emilia et Modène.

Le 7 janvier 1797, une assemblée à laquelle prirent part des délégués des différentes républiques nées au sud du Pô, donnèrent naissance à la république cispadane qui, en plus d’adopter comme emblème officiel le drapeau tricolore vert, blanc et rouge [viii] s’était doté d’une constitution modelée sur le texte français de l’an III.

Mais, là également, on avait essayé de mieux répondre aux exigences de la population locale. En effet, le texte approuvé à Reggio Emilia, prévoyait que la  » religion catholique apostolique romaine était la religion de l’état  » et les autres cultes étaient simplement tolérés; il reconnaissait le suffrage universel à trois niveaux, et le pouvoir exécutif était considérablement plus renforcé par rapport à la France. Même dans ce cas, ce texte ne fut jamais utilisé, les préliminaires de Leoben et l’armistice de Passariano (connu comme paix de Campo-Formio) qui suivit,  donnaient à toute l’Italie du Nord un nouvel arrangement politique et institutionnel.

Article 8 du traité de Campo-Formio 

S.M. l’empereur, roi de Hongrie et de Bohême, reconnaît la république cisalpine comme puissance indépendante.
Cette république comprend la ci-devant Lombardie autrichienne, le Bergamasque, le Bressan, le Crémasque, la ville et forteresse de Mantoue, le Mantouan, Peschiera, la partie des états ci-devant vénitiens à l’ouest et au sud de la ligne désignée dans l’article 6 pour la frontière des états de S.M. l’empereur en Italie, le Modenais, la principauté de Massa et Carrara, et les trois légations de Bologne, Ferrare et la Romagne.

La Lombardie entre bientôt de droit dans la République cisalpine, à laquelle, en peu de mois, viennent s’ajouter les territoires de l’ex-duc de Mantoue, des ex-légations pontificales et de la terre ferme vénitienne à l’ouest du fleuve Oglio. La capitale de cette nouvelle entité est établie à Milan [ix]. Le nouvel état cisalpin se voit doté, par la France, après consultation avec les personnalités lombardes modérées, d’une constitution, qui est la copie presque fidèle de la constitution française de l’an III.

Le 29 juin 1797, Bonaparte en personne, pourvoyait à la nomination des cinq directeurs. Par la suite, le 9 juillet, le texte fut solennellement promulgué mais ce n’est que le 21 novembre de la même année, que la nouvelle constitution cisalpine put réellement entrer en application, faisant cesser définitivement le régime d’occupation militaire commencé en mai 1796.

La jeune « république soeur » ne vas pas être épargnée par les luttes intestines ou les pressions françaises; en effet, de 1798 jusqu’à sa chute en avril 1799, cet état, né sur la vague des passions révolutionnaires, subit une série ininterrompue de coups d’état, qui ne feront qu’éloigner les sympathies d’une grande partie de cette aristocratie éclairée qui avait cru dans le jeune général Bonaparte et espérait pouvoir créer en deçà des Alpes un état indépendant et souverain.

 

La chute de la république cisalpine

Gravure
E’Questa l’Italia nell’epoca luttuosa della sua prima invasione, 1796. Francesco Rosaspina. Musée deu Risorgimento de Milan

A partir du 1796 et jusqu’en 1799 se créa, autour des institutions cisalpines, un certain consensus, même si les ressentiments (plus d’une fois justifiés) ne manquaient pas, dans de vastes couches de la population. D’un côté, en effet, les classes privilégiées nourrissaient une profonde hostilité vis-à-vis de ces institutions qui visaient à éliminer (et confisquer) leurs anciens biens; quant aux nombreux révolutionnaires de la première heure, ils voyaient disparaître l’espoir de donner vie à un état pleinement souverain et indépendant.

A ceci vint s’ajouter que que les institutions cisalpines ne réussirent pas, dans les quelques années de leur existence, à donner vie à un appareil de gouvernement qui puisse offrir des garanties de solidité. Cette faiblesse était imputable essentiellement à deux causes. D’abord, au caractère querelleur des différents représentants du « triennio », ensuite, aux fortes ingérences que les autorités civiles et militaires françaises exercèrent sur les institutions de la « République soeur  »

Sur le plan international, il faut se rappeler qu’en février 1798 les armées françaises d’Italie, sous les ordres du général Berthier (le futur maréchal de France) font leur entrée triomphante dans Rome et, après  avoir fait prisonnier le pape Pie  VI, âgé et malade, proclament la république romaine; en avril de la même année,  ils occupent la Suisse et 10 décembre Charles-Emmanuel IV renonce, pour lui et ses descendants, à tous ses droits sur le Piémont, sanctionnant par là même, lentement mais progressivement, le processus d’union du Piémont à la France qui sera définitif avec la création de la 27e division militaire.

Presque en même temps les armées de la révolution marchent  victorieusement sur Malte et dans le Moyen-Orient, menaçant directement la suprématie russe. Face à cette situation, la Russie accueille favorablement la proposition anglaise de donner vie à une deuxième coalition contre la France et en novembre 1798 les forces coalisées établissent des plans d’action et invitent le tsar à prendre l’initiative.

Les objectifs sont clairs:

  • La France doit être rejetée de nouveau en deçà des frontières d’avant la Révolution
  • la Hollande et la Suisse doivent retrouver leurs territoires et l’indépendance
  • l’Autriche obtiendra des possessions en Italie (Lombardie et, dans un premier accord, également le Piémont)
  • La Prusse obtiendra quelques rémunérations territoriales
  • Au lieu d’un transfert à l’Autriche du Piémont il paraissait plus opportun de reconstituer le royaume de Sardaigne afin de créer une barrière entre la France et l’Italie.

Dans le but d’éviter un possible conflit, un congrès est réuni à Rastatt, les envoyés du Directoire se contentant de réclamer quelques îles du Rhin et différents territoires le long de la rive droite du fleuve); après six mois d’un dur et intense travail et un ultimatum, les raisons avancées par les français ne font plus obstacle et on arrive à la signature du traité (9 décembre 1798) qui semble recueillir l’assentiment du Directoire.

En dépit de cette victoire de la diplomatie le spectre de la guerre ne semblait pas s’être éloigné de l’Europe. En effet, des mouvements de troupes (entrée de navires militaires anglais à Livourne, attaque par le roi de Naples de la république romaine et entrée de troupes russes en Galicie) faisait prévoir le pire. L’assassinat des envoyés français à Rastatt, par des sicaires présumés envoyés par l’archiduc Charles, précipita la situation et 12 mars 1799 le Conseil des Cinq-Cents déclarait la guerre à l’Autriche et au grand duc de Toscane.

Dans le même temps, en France, on procédait à une profonde réforme du système de recrutement. En effet, en janvier 1798, c’était le vote de la loi sur la conscription générale (dite aussi loi Jourdan), qui entrait en force le 5 septembre de la même année.

A partir de cette date, tous les citoyens français de plus de 20 ans étaient inscrits sur des listes de recrutement, pour cinq ans. Les conscrits étaient répartis dans cinq classes qui viendraient, au fur et à mesure des appels du ministère de la guerre, former les différents contingents. Le corps législatif demanda tout d’abord la levée d’un premier contingent de 200.000 hommes, mais la désorganisation fit que seulement 143.000 seront effectivement appelés. De ceux-ci seuls 96.000 partiront, le restant ne rejoignant pas les différents dépôts ou ne répondant pas à l’appel.

En ce qui concerne le plan d’opérations choisi par le Directoire pour la campagne de 1799, il s’agissait d’un plan résolument offensif :

  • avance déterminée en Italie, qui devait porter les armées françaises au-delà de la limite tracée par la paix de Campo-Formio, suivie du passage de l’Adige
  • marche de Jourdan sur Vienne, par l’Allemagne du sud, et en remontant le Danube
  • marche de Masséna en direction du Tyrol, en passant par les Grisons
  • Scherer, qui commanderait l’armée d’Italie, protègerait l’avance en territoire italien en se maintenant sur la Piave

A cette stratégie, la coalition austro-russe oppose une avance en territoire italien, comme les français, mais évidemment en sens opposé, et une offensive dans l’est de la France, combinée avec le débarquement d’une force anglo-Russe en Hollande, dans le but d’envahir la Belgique et d’entrer en France par le nord.

Vaincues rapidement plusieurs fois, les armées franco-cisalpines sont contraintes à abandonner la ligne de l’Adige, engendrant dans les troupes de fortes craintes, car, en effet, « il n’y avait pas dans l’armée un soldat qui ne connaissait l’importance de l’Adige et l’indignation grandissait avec l’éloignement de ces rivages chargés du souvenir de beaucoup de victoires ». [x] [1][11] . Afin d’endiguer la  marche des adversaires les franco-cisalpins, installant leur ligne de défense sur le Mincio et en créant, en même temps, des fortifications à Peschiera et Mantoue. Malgré cela, l’armée austro-russe réussit à forcer cette nouvelle ligne de défense,  s’emparant aussi des poste sur l’Oglio, et le général Kray force la ligne française sur le Mincio, essayant d’investir Peschiera.

La situation pour l’armée franco-cisalpines devient dramatique; Scherer se trouve confronter à une difficile alternative : livrer bataille en maintenant l’aile droite arrêtée au Mincio, exposant, dans ce cas, la Lombardie et essayer une retraite au-delà du Pô, en cherchant à rejoindre Crémone; ou bien se replier vers le milanais, en essayant de se rapprocher de l’armée de Dessolles et en fixant la ligne de défense sur l’Adda. Malgré la gravité de la situation, le commandement français opte pour la deuxième option.

Schérer, alors, après avoir envoyé Montrichard sur la rive droite du Pô , pour couvrir la retraite de Macdonald (arrivant par le sud), établi son quartier général à Milan et commence par placer les cinq divisions franco-cisalpines qui lui restent le long de la ligne de l’Adda, de la façon suivante  : l’aile gauche à Lecco, le centre à Cassano d’Adda et l’aile droite à Lodi et Pizzighettone.

Moreau
Jean-Victor-Marie Moreau

Dans le camp des forces coalisées, il y a une certaine difficulté à passer la ligne de l’Adda et Kray hésite à marcher directement sur Milan, attendant que le corps autrichien, emmené par Melas et les russes entre en ligne; Souvorov, qui assume le commandement général des armées de la coalition, décide audacieusement de marcher directement contre l’armée française: il ordonne à Kray de presser le siège des villes de Mantoue et Peschiera et à Klenau de se diriger sur Ferrare pour bloquer l’avance de Macdonald; dans le même temps, avec Melas, il décide d’avancer sur la route de Bergame à Cassano d’Adda. Un autre corps est chargé de se porter en face des villes de Lodi et Pizzighettone,  pour bloquer sur ces positions les armées françaises. La stratégie de Souvorov est claire : empêcher la  réunion des divisions françaises et cisalpines, en s’attaquent à tous les points de leur ligne jugés vulnérables. Les premiers effets de cette manoeuvre se font sentir dans le camp français, et Schérer, comprenant que sa tactique est mauvaise, présente sa démission et Moreau, nommé à sa place, accepte cette nomination « avec une rare noblesse » [xi].

Le 26 avril, les avant-gardes des armées austro-russes sont aux portes de Lecco, dans le but de maintenir les français (commandant : Sérurier) et de permettre au gros des forces de la coalition de trouver un point de passage plus facile et d’encercler l’ennemi.

Dans ce but, durant la nuit du 26 au 27 avril, Wukassowich réussit à prendre le contrôle du pont à Brivio et Chasteler, grâce à un pont de bateaux, passe le fleuve à Trezzo (encerclant de cette manière la garnison de Cassano d’Adda), assaillent les avant-postes français de la division Grenier (sous les ordres du général Moreau –  9000 hommes contre 20.000 austro-russes), les forces franco-cisalpines sont contraintes à se retirer sur Milan.

Le général Moreau, qui pendant l’affrontement à Trezzo a perdu 13 canons et 2800 hommes, se trouve définitivement coupé des 4000 hommes du général Sérurier, qui avait reçu l’ordre de couvrir l’aile gauche (Lecco) et qui était resté immobile pendant toute la journée du 27 avril à Verderio, engage, le 28 avril, la bataille  avec le corps austro-russe de Wukassowitsch. Sérurier, conscient d’avoir sa retraite coupée, maintient sa position à Lecco, permettant de cette façon, au gros des armées françaises de Milan de retirer sur la France

La ville de Lecco, après un âpre combat, tombe définitivement aux mains des russes. De l’autre côté, là où se trouve le centre de la ligne de défense française, Melas réussit à forcer le pont sur l’Adda à Cassano. Dès lors, les forces coalisées ont conquis l’Adda, et les franco-cisalpins sont contraints d’évacuer la capitale de la république soeur. Moreau, se trouvant dans une situation dramatiques cherche avec le peu d’hommes à disposition à ralentir le plus possible la marche des austro-russes sur Milan, pour permettre aux représentants cisalpins, à leurs familles et aux militaires de se mettre à l’abri. [xii]

marengo
La bataille de Marengo – Lejeune

De Marengo à Lyon

Après la victoire de Marengo, le 14 juin 1800 et l’expulsion qui suit des autrichiens du territoire de la Lombardie, Napoléon, depuis peu de mois Consul de la république française, redonne vie à la République cisalpine. Dans cette optique, à Milan, il installe un gouvernement provisoire de neuf membres, présidé par le français Claude Petiet, qui a la charge de rédiger nouvelle loi fondamentale de l’état cisalpin. Comme en 1797, les nominations sont faites directement par Napoléon qui, encore une fois, privilégie les représentants les plus modérés parmi les « patriotes » italiens. Au début de septembre de la même année, le gouvernement provisoire, est remplacé par un triumvirat [xiii]  et un gouvernement de quatre ministres.

Milan, le 28 prairial.  

Bonaparte, premier consul de la République française, considérant que la République cisalpine ayant été reconnue libre et indépendante par l’empereur et la plus grande partie des puissances de l’Europe, il est de la loyauté du peuple français, et conforme à son désir, de mettre un terme à la guerre qui dévaste le continent, et de procéder à la réorganisation de ladite république, arrête :  

Art. Ier. Il sera réuni à Milan une consulte chargée de préparer l’organisation de la république, et de rédiger les lois et règlements relatifs aux différentes branches de l’administration publique.  

II. La consulte sera composée de 50 membres, et présidée par le ministre extraordinaire de la république française.  

III. La consulte, dans la première séance, arrêtera son ordre de travail et sa division en sections.  

IV. La consulte sera tenue de s’occuper de tous les projets de règlements urgents dont la demande lui serait faite par la commission extraordinaire du gouvernement.

Même cette organisation institutionnelle n’accomplit pas de grands pas dans l’organisation de l’État et dans la rédaction d’une nouvelle Constitution. Mais au contraire elle ne fut même pas en mesure d’arrêter la malversation et les fraudes commises contre les finances publiques. Un pas significatif vers la normalisation de l’organisation constitutionnelle de l’État ne fut fait qu’en octobre de 1801 lorsque fut convoquée à Lyon une Assemblée Constituante composée de 445 délégués qui auraient dû représenter toutes les classes sociales de la République. Le 26 janvier 1802, après une série de réunions, dans lesquelles se fit sentir le poids de la volonté de Napoléon, fut approuvé un nouveau Document Constitutionnel qui sanctionnait la naissance d’une nouvelle réalité statutaire qui, au moment de la proclamation de la fin  du Royaume, sera appelée République Italienne

De même qu’en 1797, la loi fondamentale du nouvel état n’avait rien d’original. En effet, c’était une reprise de la constitution consulaire française de l’an VIII. Comme celle-ci, elle conservait un caractère « court et obscur ». Beaucoup des organes prévus dans la constitution étaient simplement esquissés, de sorte que « les premiers actes du gouvernement furent destinés à doter l’état des organes administratifs essentiels que le texte constitutionnel squelettique ne mentionnait pas. Parmi ceux-ci il faut mentionner l’organisation des préfectures, qui fournissaient le point de raccordement fondamental entre le sommet et base, la création d’une monnaie nécessaire pour faire en sorte que l’augmentation de puissance du pouvoir exécutif ne resta pas seulement au niveau des intentions [xiv] « .

 

NOTES

[i] Ville qui se trouve à 30 Km de Milan

[ii] Miot, Memorie, Parigi, 1864, Vol. I, p. 164

[iii] J.M. Roberts, L’Italia, Oxford, 1982, p. 487

[iv] Comme le montre le décret d’abolition de la peine capitale dans le grand-duché de Toscane avant 1789

[v] Mais aussi d’un état républicain fédéral.

[vi] Expression de Bonaparte dans la proclamation de Monte Legino

[vii] Première administration civile du vieil état de Milan après l’arrivée des français, formellement dans la main des anciens notable milanais mais, de fait, directement contrôlée par les émissaires du Directoire.

[viii] A ce concours participèrent cinquante-sept concurrents et le vainqueur fut  Melchiorre Gioia qui soutenait la nécessité de donner à l’Italie une forme républicaine et unitaire. Il ne faut pas oublier de mentionner les concurrents qui soutenaient la nécessité de créer dans la péninsule une série de républiques indépendantes, qui se seraient fédérés seulement en cas d’un danger commun..

[ix] Semblable au drapeau qui avait été donné à la légion lombarde en octobre 1796.

[x] Même si certains préféraient Pizzighettone, à cause de l’imposante structure de défense qu présentait et, présente toujours aujourd’hui, la ville.

[xi] Anonyme , Tableau des guerres de la Révolution de 1792 à 1815, Paris, 1838, p. 206

[xii] Anonyme, op. cit., p. 206

[xii][13] On trouvera des informations importantes

[xiii] On trouvera des informations importantes sur la campagne et les événements de 1799 en Lombardie dans : Marco Galandra-Marco Baratto, 1799, Les baïonnettes sages, Pavie, 1999

[xiv] Livio Antonelli, Dalla servitù al primo Stato Nazionale » in « Lombardia ’89 », Milano, 1989, pagg.31 ss.