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Manuel Godoy (1767-1851)

« Prince de la Paix »

 

Portrait de Godoy par Goya
Portrait de Godoy par Goya

Manuel Godoy, de son nom complet Manuel de Godoy Álvarez de Faria Ríos Sánchez Zarzosa, príncipe de la Paz y de Basano, duque de Alcúdia y de Succa, naît le 12 mai 1767, à Castuera. Jeune homme de belle tournure[1], instruit, élégant, beau parleur, charmant, il possède beaucoup d’esprit. C’est aussi un séducteur, très apprécié des femmes. Il part de bonne heure à Madrid chercher fortune. En 1787, il s’engage dans la garde royale, et se fait « remarquer » par Marie-Louise de Parme[2], de seize ans son aînée, épouse de l’héritier du trône, lequel, sous le nom de Charles IV, monte sur le trône en 1788 et nomme, en 1792, Godoy, l’amant de son épouse[3], Premier Ministre[4], à la place du comte d’Aranda.

Godoy essaye de sauver Louis XVI, mais sans résultat. L’Espagne et la France entrent alors en guerre. Après quelque succès, l’Espagne est rapidement acculé à la paix, qui est signée à Bâle. Godoy reçoit à cette occasion le titre de Prince de la Paix[5]. Il renforce alors les liens de l’Espagne avec la France, notamment par le traité de San Ildefonse (16 août 1796).[6]

Charles IV et sa famille - Goya
Charles IV et sa famille – Goya

Godoy démissionne en 1798, après la défaite maritime du Cap Saint-Vincent, sans pour autant perdre de son influence. En 1801, il est de nouveau nommé Premier Ministre. Il noue une alliance avec la France, qui conduit à l’invasion du Portugal, au cours de la Guerre des Oranges[7], qui se termine rapidement par la capitulation du Portugal[8]. Mais lors des négociations de paix à Amiens, les intérêts de l’Espagne sont mis de côté.

Malgré une opposition croissante du peuple à l’égard de Charles IV, Godoy réussit à maintenir une certaine neutralité de l’Espagne, mais s’allie néanmoins de nouveau avec la France[9]. Le 14 octobre 1805, la marine espagnole, alliée à la marine française, subit une terrible défaite à Trafalgar.

Malgré tout, Godoy réussit à garder des relations plus ou moins sincères (au moment d’Iéna, il parie sur la défaite de Napoléon, mais doit faire rapidement machine arrière !) avec Napoléon, avec lequel il signe, le 29 octobre 1807, le Traité de Fontainebleau, qui organise le démembrement du Portugal au profit de l’Espagne, de la France… et de Godoy. La zone sud du Portugal serait, en effet, revenue à Godoy et sa famille comme principat de los Algarves.

Mais Napoléon ne l’entend pas vraiment de cette oreille. En mars 1808, l’opposition espagnole renverse Charles IV, qui doit abdiquer au profit de son fils Ferdinand. Godoy manque de peu de trouver la mort lors de ces journées. Ayant « convoqué » le père et le fils à Bayonne, Napoléon fait arrêter Ferdinand  et se fait remettre la couronne d’Espagne par Charles IV.

A partir de 1819, Godoy vit alors modestement à Paris, d’une maigre pension allouée par le roi Louis-Philippe, écrivant ses Mémoires. Il meurt le 4 octobre 1851. Il sera tout d’abord enterré dans l’église Saint-Roch, puis sa dépouille  sera transférée l’année suivante au Cimetière du Père-Lachaise.

 

LIEUX DE MÉMOIRE

 

  • La tombe de Manuel Godoy se trouve au cimetière du Père Lachaise de Paris, 45e division, 3e ligne, face à la 23e division.
  • Tombe de Godoy au cimetière du Père Lachaise
    Tombe de Godoy au cimetière du Père Lachaise

    A Madrid,

    • non loin de la plaza de la Cibeles, le ministère de la défense est installé dans le palais qui servit de résidence à Godoy..
    • l’Académie des Beaux Arts de Saint-Fernando (13 calle Alcala) présente plusieurs bustes et portraits de Godoy.
Portrait de Godoy
Portrait de Godoy

 

  • Le musée Romantique (13 calle San Mateo) possède un portrait de Godoy par Carnicera.
Portrait de Godoy
Portrait de Godoy

En complément : Napoloéon et Godoy.

NOTES

[1] « Bien chair sans être gros, les épaules fortes au point qu’il tient la tête un peu baissée, un grand nez un peu retroussé qui lui donne une expression de franchise et de sociabilité, les cheveux blonds tirant sur le roux, la peau très blanche, les joues en revasnche d’un carmin si vif qu’on dirait qu’il se farde, les yeux clairs mais le regard lourd, endormi ; de manières gracieuses, un peu nonchalantes ; la parole aisée avec parfois une pointe d’esprit ; bien que massif d’ensemble, très « Narcisse de sa personne », toujours vêtu avec recherche, même avec faste » (in Lucas-Dubreton. Napoléon devant l’Espagne)

[2] Marie-Louise de Parme (1751 – 1919), petite-fille de Philippe V par son père, et de Louis XV par sa mère, d’une laideur presque proverbiale mais que rachetaient, selon Lucien Bonaparte, « certains charmes secrets » !

[3] La reine réussira à dissimuler cette liaison à son mari. « Nulle femme ne ment avec plus d’assurance et n’a une perfidie plus concentrée », selon un contemporain.

[4] Le peuple appelle le trio „les rois“, les opposants, plus prosaïquement : « le bouc, la putain et le ruffian. »

[5] Le prince de Ligne pensait qu’il aurait mieux mérité le titre de Baron de la Guerre.

[6] En réalité, le traité met l’Espagne dans la dépendance du Directoire, qui exige la collaboration dans la guerre, l’action commune contre le Portugal qu’il faudra contraindre à fermer ses ports aux Anglais.

[7] Guerre très courte et peu sanglante.  Les Français n’ont pas tiré un coup de fusil. Après leur victoire, les soldats espagnols envoyèrent à Godoy des branches d’orangers chargées de fruits.

[8] Le traité de Badajoz termine la campagne et les deux négociateurs Godoy et Lucien Bonaparte remplissent leurs poches : ils ont réclamé 25 millions du Portugal, « 15 millions pour le gouvernement, 10 millions pour nous, il faut saisir des occasions pareilles, car elles ne se présentent pas tous les jours. » Bonaparte, furieux, rappellera Lucien.

[9] Pourtant, Napoléon, lui, ne le porte pas vraiment dans son coeur : « Je puis m’en servir, mais je ne lui dois que du mépris. »