Né à Valensole (Alpes de Haute-Provence) en 1763, Pierre Charles Sylvestre de Villeneuve entreen 1778, âgé de 15 ans, dans les gardes marines, à Toulon. Il participe à la guerre d’indépendance américaine, sur le vaisseau Le Marseillais, dans l’escadre de De Grasse. S’étant distingué à la prise de Saint-Christophe et à la défaite des Saintes, il est promu enseigne de vaisseau en 1780 : il n’a que 17 ans.
En 1793, il est promu capitaine de vaisseau, mais destitué la même année : il a le tort d’être noble. Réintégré en 1795, il est nommé contre-amiral en 1796, à 33 ans. A la fin de la même année, il conduit une escadre de 5 vaisseaux de Toulon à Brest, qui arrive trop tard pour participer à l’expédition d’Irlande. Les capitaines de vaisseaux Decrès et Ganteaume font partie de la même expédition ! Les trois hommes vont se retrouver en 1798 lors de l’expédition d’Égypte. Villeneuve, à bord du Bucentaure, vaisseau de 80 canons, est alors le commandant de l’arrière garde de la flotte de Brueys. Après Aboukir, il rejoint Malte avec Decrès où ils restent bloqués près de deux ans. C’est Villeneuve qui signe, de concert avec le général Vaudois, qui a soutenu le siège, la capitulation française, le 5 septembre 1800
Au moment de paix d’Amiens, Villeneuve reçoit le commandement de la division des Antilles, puis celle de la petite escadre de Rochefort.
Le 30 mai 1804, Villeneuve est promu vice-amiral, le même jour que Decrès et Ganteaume, devenant le plus jeune officier à occuper ce grade. Il prend au début de 1805 le commandement de l’escadre de Méditerranée, remplaçant l’amiral de La Touche Tréville, qui vient de mourir à Toulon. Il reçoit la mission d’attirer les Anglais aux Antilles, puis de revenir libérer l’escadre de Brest afin de permettre aux troupes impériales de débarquer en Angleterre, ainsi que le prévoit le second plan d’invasion imaginé par l’Empereur (le « grand dessein »).
Villeneuve sort de Toulon le 17 janvier 1805 avec 11 vaisseaux (4 de 80, 7 de 74), 7 frégates et 6.400 soldats, mais tempête et mauvaise préparation des navires le forcent à rentrer au port dès le 21. Perdant confiance, il demande à Decrès de le remplacer, mais ce dernier refuse.
Conformément au troisième plan de Napoléon, Villeneuve quitte Toulon le 30 mars, atteint Cadix le 14 avril, ralliant l’amiral espagnol Gravina (6 vaisseaux de 64 à 80 canons et 1 frégate) et l’Aigle, vaisseau de 74. Un mois plus tard, il touche à la Martinique, mais Missiessy a déjà quitté les Antilles et Ganteaume est resté bloqué à Brest ! Toutefois, les vaisseaux l’Algésiras et l’Achille et la frégate La Didon l’ont rejoint, amenés par le contre-amiral Magon.
Le 9 juin, estimant que Ganteaume ne viendra plus, et apprenant l’arrivée des escadres de Nelson et Cochrane, Villeneuve renonce à attaquer la Barbade et repart vers l’Europe. Il remporte le combat des Quinze-Vingts, le 22 juillet et le 28 juillet, entre à Vigo, où il laisse 3 vaisseaux endommagés et 1.200 malades. Le 1er août, il entre au Ferrol, effectuant la jonction avec Gourdon et Grandellana. Faisant voile vers Brest pendant deux jours, il se réfugie, démoralisé, à Cadix, y arrivant le 20 août. Le 27 septembre 1805, il reçoit l’ordre de regagner d’urgence Carthagène où il doit rejoindre les 6 vaisseaux de Salcedo. Mais le blocus de Cadix se renforce avec l’arrivée de l’escadre de Nelson.
Le 18 octobre, profitant de sa légère supériorité numérique (33 vaisseaux contre 27 Anglais), Villeuve sort de Cadix, qui aboutit au désastre de Trafalgar. A bord du Bucentaure, il voit sa flotte se faire anéantir, perdant 22 vaisseaux et 5.000 hommes !
Fait prisonnier et emmené en Angleterre, Villeneuve est, mis en liberté sur parole. Durant sa détention à Bishop’s Waltham, il est autorisé à se rendre à Londres pour assister aux funérailles de Nelson.
Il regagne la France et fait une halte à rennes. C’est dans une auberge de cette ville que Villeneuve se suicide, de 6 coups de poignards près du cœur !
LIEUX DE MÉMOIRE
- A Valensole (Alpes de Haute-Provence), chemin de la Fontaine-Blanche, bastide provençale , « Le Clos » qui fut la propriété de l’amiral Villeneuve.

- A Bishop’s Waltham (Hampshire – Royaume-Uni) , à l’arrière du Pub Crown Inn, une plaque rappelle la détention de l’amiral Villeneuve et de 200 autres prisonniers français, après Trafalgar.
