Victor Fanneau de La Horie est le huitième d’une famille de seize enfants de Charles-Julien Fanneau de La Horie et de Marie Jeanne Renée Le Meunier du Bignon.
Il fait ses études au lycée Louis-le-Grand, où il côtoie Jean-Baptiste Desmarets, le futur directeur de la police. Mais on sait peu de choses sur sa jeunesse. Noble, il a cependant apparemment la fibre républicaine.
Il s’enrôle dans le bataillon de la Mayenne, en mars 1793. Le 1er juillet 1793 il est sous-lieutenant à l’Armée de Rhin-et-Moselle, remplissant les fonctions d’adjoint à l’état-major général. Il est rapidement sous-lieutenant, puis chef de bataillon le 9 août 1797. Colonel en 1799 il est attaché au ministère de la Guerre, et le 5 février 1799 il est nommé adjudant-général chef de brigade.
Il rejoint Moreau en Italie et s’attache à sa carrière. Le 11 décembre 1799 celui-ci est nommé commandant en chef de l’armée du Rhin, et La Horie est son chef d’état-major. En 1800 [1]Chétard, Les Armées françaises jugées par les habitants de l’Autriche (p. 180),, on le dit commandant à Strasbourg et très dur.
Il est promu général de brigade le 11 mai 1800. Cette année là, il est en Souabe et en Bavière où les troupes de Moreau ont exécuté un « rétablissement militaire » que couronne l’armistice de Parsdorf qu’il négocie.
Mais La Horie est malchanceux : nommé général de division par Moreau sur le champ de bataille de Hohenlinden, il se voit refuser pour d’obscures raisons la ratification de son grade par Napoléon Bonaparte, alors Premier consul [2]il se serait montré, semble-t-il, trop ferme avec le général Charles Victoire Emmanuel Leclerc, beau-frère de Bonaparte. Le 25 décembre 1800, il signe pour la France le traité de Steyer, dont les clauses seront confirmées par celui du traité de Lunéville le 9 février 1801.
Il est enfin confirmé dans son grade de général de division, le 23 septembre 1801.
Il est impliqué à tort dans la conspiration de Pichegru et du général Moreau. Quand Moreau est arrêté et jugé, la carrière de son chef d’état-major est brisée. Il est mis d’office à la retraite à l’âge de 37 ans, le 26 août 1803. Il réside alors dans sa propriété de Saint-Just à Vernon.
Poursuivi et condamné à mort en 1804, ses biens sont séquestrés. Le 4 septembre 1804 Napoléon Ier écrit à son ministre de la police Fouché. Et comme Lahorie, fort imprudent, demandait une audience à l’empereur pour s’expliquer, celui-ci annotait ainsi la pétition : « Renvoyé au ministère de la police. Ce citoyen ne doit pas rester en France. »
Cette surveillance se relâchera un peu par intervalles : le 6 septembre 1805 il signe tranquillement à son domicile l’acte de vente de sa propriété de Saint-Just, 28 rue Gaillon. Le 17 août 1805 du camp de Boulogne, l’empereur écrit encore à Fouché qui avait trouvé un intermédiaire pour s’aboucher avec La Horie [3]« Que M. Réat fasse causer La Horie, Lenormand, Rapatel, non pour bâtir sur cela une conspiration, mais pour s’assurer s’il y a quelque autre chose que du bavardage. Le frère de La … Continue reading.
En 1809, Lahorie devient « M. de Courlandais ». Traqué, il se cache un moment en Normandie vers 1807, puis chez la femme du général Hugo, mère de l’écrivain Victor Hugo, Sophie Hugo, venue de Clichy au faubourg Saint-Jacques où elle a loué les Feuillantines. Selon Raymond Escholier [4]Un amant de génie, Victor Hugo, Fayard, 1953, il ne fait pas le moindre doute que La Horie a été son amant pendant de longues années, et le père probable de Victor Hugo qui reçoit son prénom et dont il est le parrain. C’est délibérément que Victor Hugo aurait écrit plus tard que Lahorie avait plus de vingt-cinq ans d’écart avec son père, alors qu’il n’était son aîné que de sept ans.
La Horie doit se cacher pendant sept ans. Le proscrit trouvera son dernier refuge dans l’ancien couvent des Feuillantines qu’habitèrent un temps Sophie Hugo et ses trois enfants. À partir du milieu de l’année 1809, il se cache au fond du jardin dans la sacristie d’une chapelle en ruine où on lui a apporté un lit, une table, une toilette et deux chaises. Présenté aux enfants comme un parent, Fanneau de La Horie partage leurs jeux. Il semble avoir une affection particulière pour Victor Hugo, qu’il s’amuse à jeter en l’air très haut et à recevoir dans ses bras à la grande terreur de sa mère mais à la grande joie de l’enfant. Il donna son prénom à l’enfant dont il fut le parrain.

Plusieurs thèses affirment que le vrai père de Victor Hugo serait Fanneau de La Horie (voir Le Barbier & Dormann). Le général se fait précepteur et initie Victor et ses deux frères au latin avec Tacite, Virgile. Père de substitution, il devient la figure de référence du jeune Victor Hugo [5]Victor Hugo garda jusqu’à sa mort un petit ouvrage de Tacite remis par son parrain la veille de son arrestation..
La Horie écrit au mois de juin 1810 une lettre de 8 pages pour exposer à l’Empereur la netteté de sa conduite, qu’il n’avait pas participé à la conspiration de Pichegru, etc. La Horie s’est engagé vis-à-vis de Fouché à passer en Amérique quand certaines sommes seraient réalisées. Il gagne ainsi du temps et se cache aux Feuillantines. C’est le moment où sa mère demande la levée du séquestre. « Où est La Horie, dit l’Empereur, pourquoi ne se présente-t-il pas ? ».
Filé par la police impériale, le fugitif tombe dans le piège tendu par le ministre de la police Savary et est arrêté aux Feuillantines « chez une dame nommée Hugo » à la suite d’une trahison. Incarcéré le 30 octobre 1810, il est jeté au donjon de Vincennes puis emprisonné en juillet 1812 à la prison de La Force. Là, on lui propose le bannissement à perpétuité en Amérique.

Mais Fanneau de La Horie se trouve impliqué dans un nouveau complot : le coup d’État de Malet. Il est libéré par le général Malet en octobre 1812 pour prendre les fonctions de ministre de la Police après l’annonce inventée par Malet du décès de l’Empereur en Russie. La Horie devait remplacer Savary, son ex-camarade, au ministère de la Police. Chargé de l’arrêter, il le traite avec générosité, mais est lui-même arrêté par l’adjudant général Laborde le 22 octobre à 10 h lorsque la situation se retourne.
La conspiration est éventée le 22 octobre, et les conspirateurs dont il fait partie sont condamnés le 29 octobre 1812, et fusillés dans la plaine de Grenelle le jour même à quatre heures de l’après-midi [6]Devant l’affiche blanche annonçant l’exécution, Sophie Hugo demanda à ses enfants : « N’oubliez jamais ». Les convictions royalistes du jeune Hugo furent en partie liées à cet … Continue reading.
(Source : Wikipedia et Mullié)
References[+]
↑1 | Chétard, Les Armées françaises jugées par les habitants de l’Autriche (p. 180), |
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↑2 | il se serait montré, semble-t-il, trop ferme avec le général Charles Victoire Emmanuel Leclerc, beau-frère de Bonaparte |
↑3 | « Que M. Réat fasse causer La Horie, Lenormand, Rapatel, non pour bâtir sur cela une conspiration, mais pour s’assurer s’il y a quelque autre chose que du bavardage. Le frère de La Horie, qui est à Paris, n’est pas sans doute celui qui est mon conservateur à Liege. Il me semble qu’il devait vous être facile de vous défaire des Frémin, Rapatel, La Horie et qu’ils ne trouvassent pas l’impunité qu’ils trouvent » |
↑4 | Un amant de génie, Victor Hugo, Fayard, 1953 |
↑5 | Victor Hugo garda jusqu’à sa mort un petit ouvrage de Tacite remis par son parrain la veille de son arrestation. |
↑6 | Devant l’affiche blanche annonçant l’exécution, Sophie Hugo demanda à ses enfants : « N’oubliez jamais ». Les convictions royalistes du jeune Hugo furent en partie liées à cet évènement. |