Vice-amiral Henry Blackwood (1770-1832)
« The Nelson’s Eye »

Henry Blacwood, septième fils (et dixième enfant) de Sir John Blacwood, naît le 28 décembre 1769 et entre dans la marine à l’âge de 12 ans, en 1781 et est « volontaire » sur l’Artois lors de la bataille du Dogger Bank.
Aspirant sur le Queen Charlotte (amiral Howe), en 1790, il est promu lieutenant la même année. Il sert comme Premier Lieutenant sur l’Invincible (74 canons), dans l’escadre de Howe, lors de la bataille du 29 mai, suivie de la bataille du 1er juin 1794 (The Glorious First June [1] ), avec l’Invincible, s’emparant du vaisseau français de 84 canons, Le Juste, dont il prend le commandement et qu’il ramène à Portsmouth. Son nom apparaît sur les rapports et il est promu commander.
En 1795, Blackwood est promu capitaine; il commande la même année le Megara, un navire canonnier de 14 canons, lors de l’affaire devant Groix (amiral Bridport). En 1796, aux commandes de la frégate Brilliant, il capture le Nonsuch (64).
L’année suivante, le Brilliant fait partie des navires qui se mutinent à Nore et pour obstruée le passage. En 1798, toujours aux commandes du Brilliant, après avoir forcé un navire espagnol à prendre refuge derrière les batteries de Ténérife, il se bat puis échappe à deux navires de guerre français de 32 canons. Entre 1799 et 1802, il commande le 36 canons Penelope, s’emparant notamment de l’espagnol N. S. del Carmen (16), et bloquant Malte.
En 1800, Blackwood se distingue particulièrement à l’occasion de la capture du Guillaume Tell (86 – 1000 hommes). Lorsque celui-ci sort de Malte, qui essaye de sortir sans être aperçu, c’est le Pénélope qui l’aperçoit le premier, l’attaque, détruisant son grand mat et son mat de misaine, lui résistant ensuite jusqu’à l’arrivée du Lion et du Foudroyant. Nelson mentionnera son nom dans son rapport.
C’est toujours sur le Pénélope qu’il participe aux opérations sur les côtes d’Égypte, en 1801 (il y gagne la médaille d’or de Turquie). En 1803, il reçoit le commandement de l’Euryalus, servant sur les côtes d’Irlande, ou observant Boulogne et Cadix.
A la tête de son escadre de frégates il effectue un travail très utile en surveillant la flotte combinée franco-espagnole durant les trois semaines qui précèdent la bataille de Trafalgar. Appelé sur le Victory le matin de la bataille, il est personnellement remercié par Nelson; il est alors, avec Hardy, l’un des deux témoins de celui-ci, lorsqu’il rédige les deux codicilles à son testament, dans lesquels il recommande Lady Hamilton et sa fille Horatia à la nation anglaise. L’Euryalis ne sera pas vraiment engagé durant la bataille, mais Blackwood tient sa place, et, par exemple, envoie les messages de l’amiral Collingwood, lorsque le Royal Sovereign n’est plus manœuvrable.
C’est Blacwood qui est envoyé en Angleterre porteur des dépêches de Collingwood, et emmenant avec lui l’amiral Villeneuve. Il participe aux funérailles de Nelson.
En 1806, Blacwood prend le commandement de l’Ajax (80) avec lequel, sous les ordres de Duckworth, il participe à l’expédition des Dardanelles en 1807. Son navire ayant été accidentellement incendié, alors qu’il était près de sombrer (il y a de nombreuses victimes), Blackwood est présenté devant une cour martiale, qui l’acquitte. Il sert alors, comme volontaire, sur le Royal George, qui porte la flamme de l’amiral Duckworth, durant le reste de l’expédition, qui voit le passage des Dardanelles forcé. Une fois encore il est cité dans les rapports.
Blackwood commande le Warspite (74) de 1807 à 1813, participant au blocus de Toulon en 1810-1812, à la tête d’une escadre de six navires. En 1813 il s’empare de six corsaires.
Nommé Capitaine de la Flotte à Spithead, sous les ordres du duc de Clarence, responsables des préparatifs à l’occasion de la visite du tsar de Russie et du roi de Prusse en Angleterre en 1814. Cette année là il est fait baron et promu contre-amiral. De 1819 à 1822 il commande en chef dans les Caraibes, ayant son pavillon sur le Leander. Il revient en Angleterre en 1822. De 1824 à 1832, est Valet de la Chambre du Roi William IV. En 1825, il devient vice-amirat , puis est nommé commandant en chef à Nore, poste qu’il conserve de 1827 à 1830.
Henry Blacwood meurt à Ballyliddy (Down – UK), le 17 décembre 1832. (Il s’était rendu au chevet de son fils, malade du typhus. Celui-ci survécu mais son père contracta la maladie qui l’emporta.) Il fut enterré à St John the Evangelist Church, Killyleagh, Co Down.
[1] Bataille de l’océan livrée par Villaret-Joyeuse en 1794. Les Anglais l’appellent le Glorious First June parce qu’ils y prirent ou y détruisirent 7 vaisseaux de l’escadre de Villaret-Joyeuse. On fit des feux de joie dans les rues et des services d’action de grâce à Westminster. Il s’agissait là, en fait, d’une opération de propagande destinée à faire oublier un échec retentissant : la flotte britannique était sortie pour intercepter un immense convoi de 117 navires parti des États-Unis avec des produits divers (surtout alimentaires) et dont la France révolutionnaire, étranglée économiquement, avait le plus grand besoin. La Convention a ordonné à l’escadre de Brest de sortir, malgré son évidente impréparation, parce que l’arrivée de ce convoi était perçue comme vitale et qu’il fallait accepter le risque d’une bataille. L’escadre britannique est restée maîtresse du champ de bataille, mais elle a ramené très peu de prisonniers et les vaisseaux qu’elle a capturés étaient dans un tel état qu’ils étaient tout juste bons à la démolition. Surtout elle avait été, elle aussi, passablement malmenée et elle dut rentrer au port. Le convoi put ainsi arriver tranquillement, non seulement sans aucune perte mais encore grossi d’une trentaine de bâtiments marchands, ennemis ou neutres, capturés durant la traversée. L’avantage stratégique reste à la France.
LIEUX DE MÉMOIRE
- La tombe du vice-amiral Blackwood se trouve dans l’église St John the Evangelist, Killyleagh, Down (plaque commémorative sur le mur)
- Une plaque commémorative se trouve également à l’abbaye de Westminster, à Londres (derrière le monument de Pitt)
Un buste du vice-amiral Blackwood se trouve au Painted Hall de Greenwich