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Napoléon à Finkenstein (1er avril-6 juin 1807)

Le 21 février 1807, après la terrible bataille d’Eylau, Napoléon avait installé ses quartiers d’hiver au château d’Osterode.

Mais cette petite ville était loin d’offrir toutes les commodités nécessaires à un tel séjour. C’était, écrit-il à Joséphine, « un mauvais village » qui « ne vaut pas la grande ville ». L’empereur avait derrière lui les terribles moments de cette nouvelle campagne, qui l’avait mené de Prusse en Pologne, au cours de laquelle il s’était heurté au froid, à la pluie, à la neige, à la boue, surtout à la boue.

Alors on peut aisément comprendre sa satisfaction d’entrer, le 1er avril, au château de Finkenstein (« Enfin un château », s’écrit-il), et de découvrir ses nombreuses pièces, équipées de cheminées, dans lesquelles, enfin, il va pouvoir faire faire du feu. Il en informe Joséphine :

Finkenstein, 2 avril 1807

Mon Amie, je t'écris un mot. Je viens de porter mon quartier général dans un très beau château, dans le genre de celui de Bessières, où j'ai beaucoup de cheminées, ce qui m'est fort agréable; me levant souvent la nuit, j'aime à voir le feu.

Ma santé est parfaite. Le temps est beau, mais encore froid. Le thermomètre est de quatre à cinq degrés.

Adieu, mon amie; tout à toi.

Et même Talleyrand :

J'ai porté mon quartier général ici; c'est un pays où le fourrage est abondant et où ma cavalerie peut vivre. Je suis dans un très beau château, plus beau que celui de Grignon, qui a des cheminées dans toutes les chambres, ce qui est une chose fort agréable. Vous y aurez un fort bel appartement, si vous venez m'y joindre.

Deux jours plus tard, il fait venir Maria Walewska.

L’empereur, de son quartier général de Finkenstein, écrivit à Mme V…, qui s’empressa d’accourir auprès de lui. Sa Majesté lui fit préparer un appartement qui communiquait avec le sien. Mme V… s’y établit et ne quitta plus le palais de Finkenstein, laissant à Varsovie son vieil époux qui, blessé dans son honneur et dans ses affections, ne voulut jamais revoir la femme qui l’avait abandonné. Mme V… resta trois semaines, jusqu’à son départ, et retourna ensuite dans sa famille. Pendant tout ce temps, elle ne cessa de témoigner à Sa Majesté la tendresse la plus vive, comme aussi la plus désintéressée. L’empereur, de son côté, paraissait parfaitement comprendre tout ce qu’avait d’intéressant cette femme angélique, dont le caractère plein de douceur et d’abnégation m’a laissé un souvenir qui ne s’effacera jamais. (Constant)

 

Le château

Construit entre 1716 et 1720, le château n’a même pas encore cent ans d’existence et se trouve en parfait état, ayant encore le cachet voulu par son architecte.

C’était alors l’un de ces « châteaux royaux », que les princes de Brandebourg avaient fait ériger, après avoir accédé à la couronne de Prusse, Donhoffstädt, Friedrichstein et, donc, Finkenstein, tous dans le même style, sans doute dus au même architecte.  Dans chacun d’entre eux, un étage entier pouvait servir de résidence temporaire aux invités royaux, ce dont ne se privèrent jamais la plupart des souverains prussiens.

Napoléon en avait, bien sûr, été informé et, lorsqu’il avait décidé de s’y installer, il avait auparavant envoyé faire prévenir qu’il désirait occuper les pièces où avait, avant lui, séjourné le Grand Frédéric. On ne jugea pas nécessaire de lui faire savoir que cela ne se pouvait faire, Frédéric n’étant jamais venu à Finkenstein, et l’on se contenta de lui préparer les « appartements royaux ».

Finkenstein s’était un temps appelé Habersdorf, le nom de Finkenstein venant de celui qui était à l’origine du château, Albrecht Conrad von Finkenstein, qui avait acquis le domaine en 1706. Peu avant de mourir, en 1736, il avait été nommé, par le roi Frédéric Guillaume Ier, gouverneur militaire et précepteur du prince héritier Frédéric. Son fils vendit ensuite ce domaine à son beau-fils, Friedrich Alexander zu Dohna-Schlobitten, futur maréchal de Prusse. Lorsque la Prusse s’effondre, à l’automne 1806, ce dernier, accompagné de sa famille, suit le couple royal à Memel et ne se trouve donc pas à Finkenstein lorsque Napoléon prend possession des lieux. A sa place, c’est son fils qui doit s’y présenter, sur l’ordre de l’empereur, qui d’ailleurs se montrera satisfait de son comportement.

Le château vers 1908 – Côté cour
Le château vers 1908 – Côté cour

 

Rez-de-chaussée
Rez-de-chaussée

1 Hall d’entrée, 2 Escalier, 3 Salon chinois, 4 Salle d’attente, 5 Salon bleu des Hommes, 6 Schmelzenstube, 7 Salon bleu, 8 Salon jaune, 9 Cabinet rouge,   10 Mopkenstube, 11 escalier.

Le château côté jardins

Le château côté jardinsAu premier étage, à droite de l’entrée, les cinq fenêtres des appartements de l’empereur. Les deux premières sont celles de la salle

Premier étage du château
Premier étage du château

 

(1) (2) Bibliothèque (3) (4) (5) Appartements de la Reine (6) Salon brun (7) Salon et salle de travail  (8) Chambre à coucher (9) Petit salon (10) Chambre (11) Salle des aides de camp (12) Bibliothèque d’audience (n° 6) et  de la salle à manger (n° 7). Les deux suivantes sont celles de sa chambre à coucher (n° 8), la dernière celle d’un boudoir (n° 9)

Le salon perse
Le salon perse
  • Pièces 3-4-5 : les appartements de la Reine, où l’envoyé du shah de Perse sera installé lors de sa visite au mois de mai

 

  • Pièce n° 6 – C’était le « salon brun », salle de réception, aux parois recouvertes de panneaux de chêne (qui lui ont donné son nom). Réservé aux audiences, c’est là qu’est plusieurs fois reçu en audience par Napoléon, entre le 26 avril et le 8 mai, l’ambassadeur de Perse, Riza
Le salon brun
Le salon brun
  • Pièce n° 7 – Destinée aux petits-déjeuners et aux audiences intimes. C’est là que Napoléon se tient durant la journée, dictant sa correspondance, ses ordres, ses Bulletins.

  • Pièce n° 8 –  Chambre à coucher. Mais l’empereur dort généralement sur son lit de camp, et non dans le lit d’apparat, à baldaquin, qui s’y trouve alors.

 

  • Pièce n° 9 – Très étroite, elle ne semble pas avoir été utilisée.
  • Pièce n° 10 – C’est la pièce où séjourne Marie Walewska. Elle est reliée, par une salle de bain, à la chambre de Napoléon. Selon Frédéric Masson, elle a à Finkenstein une existence mélancolique, toute semblable à celle qu’elle menait jadis à Walewice, près de son mari, dont la solitude n’est coupée que par les repas, pris en tête à tête avec Napoléon, servis par le valet de chambre. Elle lit, fait de la tapisserie. Nulle société, nul plaisir, nulle coquetterie. Les seules personnes qu’elle rencontre sont Constant et Roustam.  Mais de cette vie, elle se satisfait.

Ils prenaient tous leurs repas ensemble ; je les servais seuls ; ainsi j’étais à même de jouir de leur conversation, toujours aimable, vive, empressée de la part de l’empereur, toujours tendre, passionnée, mélancolique de la part de Mme. V…. Lorsque sa majesté était point auprès d’elle, Mme V. passait tout son temps à lire, ou bien à regarder, à travers les jalousies de la chambre de l’empereur [1], les parades et les évolutions qu’il faisait exécuter dans la cour d’honneur du château, et que souvent il commandait en personne. Voilà qu’elle était sa vie, son humeur, toujours égale, toujours uniforme. Son caractère charmait l’empereur et la lui faisait chérir tous les jours davantage. (Constant)

 

  • Pièces n° 11 et 12 – Orientées à l’ouest, c’est-à-dire sur la cour du château, elles sont réservées aux aides de camp de service. C’est d’ici que, de temps à autre, Marie Walewska, regarde les revues passées par l’empereur

Notons encore que, dans l’aile nord, logent :

  • au rez-de-chaussée le Grand-Écuyer Caulaincourt,
  • au premier étage le cuisinier en chef.

 

dans l’aile sud  :

  • au premier étage, Talleyrand (lorsqu’il sera au château)

 

Murat occupe, au rez-de-chaussée, les trois pièces situées au nord du Salon chinois, Berthier celles situées au sud de ce même Salon.

Le maréchal Bessières, quant à lui, ne loge pas au château, mais au village, chez un certain docteur Leonhardi, de même que Duroc, qui est hébergé dans l’auberge Dyck.

Il en est de même pour le général Lejeune, comme il nous le raconte dans ses Mémoires :

Je retrouvai l'Empereur à Finkenstein, où il habitait un assez joli château, dans le voisinage de plusieurs lacs on grands étangs à moitié couverts de glaces, sur lesquels il prenait le plaisir de la chasse aux cygnes sauvages.

L'Empereur reçut dans ce village les ambassadeurs de Perse, conduits par Mirza-Riza-Khan; ils venaient le féliciter sur les victoires qu'il avait remportées sur leurs ennemis les Russes. Nous étions au milieu de forêts peuplées d'Élans. Cet animal est plus grand que le cerf et porte des bois immenses. Nous consacrions à la chasse difficile de ces animaux le peu de jours dont nous pouvions disposer, et nous en primes quelques-uns. Au retour de ces chasses sur la neige, sur la glace et dans des forêts épaisses de pins el de sapins, nous venions nous réchauffer dans les serres chaudes du château, où croissaient, à la chaleur de fourneaux, des fraises, des prunes et des cerises.

Entourés, comme nous l'étions, de fleurs et de fruits, on eût dit un petit paradis terrestre, s'il n'eût pas été nécessaire de sortir par sept ou huit degrés de froid pour rentrer ensuite chacun dans sa demeure. Finkenstein était un des plus pauvres villages de l'Allemagne. J'habitais la maisonnette en terre de l'un des paysans les plus aisés de l’endroit, et la même chambre, la seule qu'il y eût, à un pied au-dessous du sol, contenait en habitant tout ce que je vais nommer: une cage et trois serins, deux chats et un chien, six poules et sept oies; le paysan, sa femme et trois enfants ; M. de Curnieux, M. Bontemps et moi. Tout ce monde couchait sur quelques bottes de paille dans la plus douce confraternité; le même foyer chauffait la soupe et les convives, et le repas du porc, auquel on portait nos restes. En protégeant cette nombreuse famille contre l'appétit de nos soldats, nous avions conquis l'amour de nos hôtes, et ils semblaient être heureux de l’embarras que nous devions leur causer.

 

Le plus souvent, Murat et Caulaincourt mangent chez l’empereur, la table des maréchaux se trouvant au rez-de-chaussée, dans le salon chinois.

Dans la plaine située en face du château, la Garde installe ses quartiers, dont nous parlent trois témoins :

"Dès que les neiges furent complètement fondues, l’empereur fit venir des ingénieurs et dresser un camp magnifique dans une belle position, en avant de Finkenstein. On traça de grandes lignes le long desquelles nous devions établir nos baraques, et, tout au milieu, l’on réserva une place pour faire un palais à l’empereur. Jamais on n’aura l’exemple d’une activité semblable à celle que nous déployâmes.

La résidence impériale, toute construite en briques, s’éleva comme par magie. En quinze jours nos baraques furent montées grâces aux planches de sapins que nous avions recueilles dans les environs (…) Nous construisîmes, pour les officiers supérieurs, des logements très confortables. Les rues étaient, on peut le dire, tirées au cordeau. Chacune portait le nom de l’une des victoires remportées depuis le commencement de la guerre. " (Coignet)

"Sur une hauteur, près de Finckenstein, pour y vivre dans des baraques que nous devions construire. Dès notre arrivée [2] on se mit à l’œuvre, et en peu de jours, ce fut un camp de plaisance des plus intéressants. Il y eut beaucoup à travailler, bien des bois abattus, bien des maisons démolies pour construire les nôtres. C’étaient des actes de vandalisme qui affligeaient, mais la guerre fait une excuse. " (Barrès)

"S.M. (fit) former des camps, pour sa garde et pour les corps d'armée, dans les endroits qui parurent les plus salubres. Ce déplacement et la construction des baraques procurèrent aux soldats un exercice très salutaire; en effet, dès ce moment nous eûmes très peu de malades. Le camp de la garde impériale, établi sur un plateau élevé près de Finkenstein, se faisait remarquer par la beauté des baraques, par leur uniformité et leur distribution intérieures : chaque soldat semblait avoir acquis tout-à-coup les talents de l'architecte, du menuisier et du maçon." (Larrey)

 

Les principaux évènements durant le séjour

 

Le 21 (ou le 22 ?) avril, Napoléon reçoit en audience le feld-maréchal Blücher. Celui-ci, échangé au mois de mars contre le général (futur maréchal) Victor, se trouve alors à Hambourg, sur parole. Durant cette rencontre, l’empereur essaye de persuader Blücher que le roi de Prusse devrait signer une paix séparée et se séparer de son allié russe, ce qui ne l’impressionne pas le moins du monde. Après cette rencontre, il dit à son entourage „Mes enfants ! Voilà un satané personnage ! Il a été si charmant, que je n’ai même pas pu le haïr !“

 

Le 26 avril, Napoléon, qui vient de passer une nuit à Marienbourg, informe Talleyrand que « L‘ambassadeur persan est arrivé pendant mon absence et s’est couché. »

Le lendemain 27, c’est la célèbre rencontre, dont il informe Talleyrand, qui se trouve alors à Varsovie :

Monsieur le Prince de Bénévent, j'ai vu ce matin l'ambassadeur persan. J'ai coupé court à toutes ses phrases orientales, et je lui ai demandé net l'état de la question, en lui faisant comprendre que je connaissais l'état de son pays, et qu'il fallait traiter les affaires comme des affaires. Envoyez-moi, je vous prie, les instructions du général Gardane, que vous avez oublié de m'envoyer. On souhaite beaucoup l'ambassadeur persan à Paris; mais peut-être faudrait-il attendre que le second soit arrivé. Je me déciderai donc à renvoyer celui-ci chez lui; son retour ne peut qu'y faire du bien. J'attends les instructions du général Gardane, que vous avez du rédiger sur les bases que je vous ai indiquées dans ma dernière lettre sur ce sujet. (Lettre du 12 avril 1807)

Réception du shah de Perse à Finkenstein
Napoléon Ier reçoit au château de Finkenstein en Pologne, l’Ambassadeur du Shah de Perse (Georges Outrey, vice-consul de France à Bagdad, présente Mohammed Mirza Reza) – François Henri Mulard (1769-1850) (RMN). Ce tableau fut commandé par Napoléon alors qu’il était de retour à Paris. C’est lui qui donna les détails nécessaires à son exécution : il ne faut donc pas y chercher une exactitude concernant les personnages et les lieux.

Le 28 avril, il passe en revue, accompagné de l’ambassadeur, 20 bataillons, 30 escadrons et 20 pièces d’artillerie de sa Garde.

Le 4 mai, il signe le traité d’alliance avec la Perse.

Au début de ce mois de mai, Marie Walewska quitte Finkenstein, comme elle y était arrivée, de nuit, dans une voiture tous rideaux fermés. Son frère Bénédicte l’accompagne jusqu’à Kiernozia, où elle avait grandi, et non pas à Varsovie, où se trouve son mari. Elle a promis de venir à Paris pour l’hiver.

Ce qui n’empêchera pas Napoléon d’écrire, le 10 mai, à Joséphine :

Je n'aime que ma petite Joséphine, bonne, boudeuse et capricieuse, qui sait faire une querelle avec grâce comme tout ce qu'elle fait, car elle est toujours aimable, hors cependant quand elle est jalouse : alors elle devient toute diablesse.

Le 8 mai, il se rend à Elbing, où il passe en revue 18.000 cavaliers.

Le 14 mai, il apprend la mort du fils d’Hortense, Charles Napoléon Louis.

Je conçois tout le chagrin que doit te causer la mort de ce pauvre Napoléon ; tu peux comprendre la peine que j'éprouve. Je voudrais être près de toi, pour que tu fusses modérée et sage dans ta douleur. Tu as eu le bonheur de ne jamais perdre d'enfant; mais c'est une des conditions et des peines attachées à notre misère humaine. Que j'apprenne que tu as été raisonnable et que tu te portes bien ! Voudrais-tu accroître ma peine ? (Lettre à Joséphine)

Le 15 mai, il dicte une longue note sur la formation intellectuelle et morale des jeunes filles de la Légion d’honneur.

Le 25 mai, il rend visite à sa Garde, établie dans son camp.

«  Il dut être satisfait, car on y avait pris peine pour le rendre digne de l’auguste visiteur. Etais ce jour-là de cuisine. Il visita la mienne comme les autres, me fit beaucoup de questions sur notre nourriture et surtout le pain de munition. Je lui dis sans balbutier, et très nettement, qu’il n’était pas bon, surtout pour la soupe. Il demanda à le goûter, je lui en présentai un. Il ôta son gant, en brisa un morceau avec ses doigts, et, après l’avoir mâché, il me le rendit en disant : En effet, ce pain n’est pas assez bon pour ces messieurs. Cette réponse m’atterra. Il fit ensuite d’autres questions, mais, dans la crainte que je répondisse comme je venais de le faire, le général Soulès prit la parole pour moi.

Pendant quelques jours, dans le camp, on ne m’appelait que « le monsieur ». Quoiqu’il en soi, nous eûmes le lendemain du pain blanc pour mettre à la soupe, du riz et une portion d’eau-de-vie de grain, qu’on appelle schnaps. Le mot « messieurs » n’avait pas été dit pour se moquer de mon audacieuse réclamation. » (Barrès)

Le 28 mai, il reçoit en audience l’ambassadeur de Turquie, ce dont le 77e Bulletin rend compte :

L'ambassadeur de la Porte, Sid-Mohammed-Emin-Vahid, a été présenté le 28, à deux heures après midi, par M. le Prince de Bénévent, à l'Empereur, auquel il a remis ses lettres de créance. Il est resté une heure dans le cabinet de Sa Majesté. Il est logé au château et occupe l'appartement du grand-duc de Berg, absent pour la revue. On assure que l'Empereur lui a dit que lui et l'empereur Selim étaient désormais inséparables comme la main droite et la main gauche. Toutes les bonnes nouvelles des succès d'Ismaïl et de Valachie venaient d'arriver. Les Russes ont été obligés de lever le siège d'Ismaïl et d'évacuer la Valachie. (77e Bulletin de la Grande Armée)

Durant le séjour assez long que fit l’empereur à Finkenstein, il reçut la visite d’un ambassadeur persan à qui il donna le spectacle de quelques grandes revues. Sa Majesté envoya à son tour une ambassade au schah, à la tête de laquelle il mit le général Gardane. (Constant)

Le 31 mai, il se rend à Dantzig (d’où il reviendra le 3 juin), accompagné, nous dit Savary, de l’ambassadeur de Turquie.

L’empereur le mena à Dantzig, pour voir le spectacle d’une armée européenne ; ce grave Oriental ne concevait pas pourquoi, puisque nous étions ennemis, nous ne faisions pas couper la tête à tous les habitants ; il était curieux de tout, la parade l’amusait beaucoup ; il demandait comment il pouvait se faire que tous les soldats marchassent ensemble, et il aimait particulièrement la musique militaire. Il demandait si l’empereur voudrait bien lui donner quelques-uns des musiciens, comme s’ils avaient été des esclaves.

Napoléon arriva dans cette place le 29 mai ; il y passa deux jours. Il comptait en tirer des ressources immenses, en argent surtout. Je reçus les ordres les plus sévères de faire rentrer les contributions, qui s'élevaient á vingt millions, et qui furent portées á une trentaine en denrées par le traité que je fis avec cette ville quelque temps plus tard (Rapp)

Le 6 juin, à 20 heures, l’empereur quitte le château de Finkenstein pour entrer de nouveau en campagne [3]. Le 14, c’est la victoire de Friedland.

 

Finkenstein aujourd’hui

 

Plaque commémorative à l'entrée de ce qui reste du château
Plaque commémorative à l’entrée de ce qui reste du château

 

Du merveilleux château où Napoléon séjourna deux mois, et où « son génie se développa le plus » et où, enfin, il déploya une « énergie miraculeuse » [4], il ne reste aujourd’hui malheureusement plus que des ruines. Il fut en effet détruit, volontairement, par les troupes Russes, qui y mirent le feu le 22 janvier 1945 [5]. Seule la bibliothèque et les ouvrages qu’elle contenait alors put être sauvée [6], de même que quelques tableaux des décorations intérieures, et les archives familiales.

Plaque commémorative à l'entrée de ce qui reste du chateau
Les ruines du château

Le magnifique parc « à la française » est désormais un terrain de sport. Les quatre statues, représentant les quatre saisons, et qui surmontaient le portail d’entrée, côté jardin, furent, en 1975, retrouvées dans les décombres et, après restauration, installées dans le parc « Alter Friedhof » de Deutsch-Eylau. 

Une plaque commémorative a été apposée, en 2001, par la Fondation Napoléon, pour commémorer le séjour de Napoléon dans ce « palais, d’où il dirigeait l’empire »

 

NOTES

[1] En fait de la salle des aides de camp.

[2] Le 18 mai

[3] Citons encore Coignet : „Le 5 juin, le bruit se répandit que le maréchal Ney avait sur les bras une armée toute entière, et qu’il lui avait fallu une intrépidité extraordinaire pour empêcher une déroute. Aussitôt l’ordre de se préparer au départ fut donné, et le 6, à trois heures du matin, nous levâmes notre camp. » Comme toujours avec Coignet, le Bulletin n’est pas loin !

[4] In Hendelsman – Napoléon et la Pologne“

[5] « Involontairement » nous dit le Guide Napoléon.

[6] Elle se trouve dans la bibliothèque municipale d’Olstyn (Allenstein).