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Murat et le Dos de Mayo

Joachim Murat
Joachim Murat

Depuis la fin de l’année 1807, Napoléon avait décidé de résoudre à sa façon la crise dynastique espagnole qui fragilisait le flanc sud du système continental. Pour départager les deux rois d’Espagne, Charles IV, le père, et Ferdinand VII, le fils, il avait imposé sa médiation qui allait s’exercer lors d’une rencontre tripartite d’où allait sortir un « troisième roi », Joseph Bonaparte, alors souverain de Naples, appelé à fonder la dynastie des Bonaparte d’Espagne, comme Philippe V y avait installé les Bourbons, un siècle plus tôt. L’aîné des Bonaparte avait donné son accord à l’opération à la fin de l’année précédente, probablement lors du voyage de Napoléon dans le royaume d’Italie [1].

C’est pendant ces discussions, justement surnommées « la souricière de Bayonne », qu’éclata à Madrid, occupée par 30 000 soldats français sous les ordres de Murat, lieutenant de l’Empereur en Espagne, l’émeute du Dos de Mayo (2 mai 1808), suivie, dans la soirée et le lendemain, d’une répression certes vigoureuse, mais lors de laquelle Murat tenta de bien cibler ses coups afin de ne pas envenimer la situation.

L’événement du Dos de Mayo est de taille. Il s’agit presque d’un combat à front renversé. L’armée napoléonienne, héritière de celles de la Révolution et, comme telle, sensée apporter la liberté aux nations, se heurte au soulèvement d’une nation jusque-là méprisée (y compris par ses propres dirigeants) et qui s’ignore encore [2]. Une large part de l’historiographie ibérique voit depuis en ces folles journées de 1808 l’acte de naissance de la nation espagnole. On peut largement la suivre dans cette voie, même si, ici comme en toute interprétation historique, il convient d’être prudent et nuancé.

« Les témoignages et la liste des victimes montrent que les protagonistes du 2 mai sont de toutes origines sociales, remarque un historien français. Des domestiques, des ouvriers, ce que l’on nomme le petit peuple des villes, combattent avec des artisans, des boutiquiers, mais aussi des personnes de condition sociale supérieure, commerçants, médecins, architectes. Quelques membres du clergé participent également à la lutte. La réunion de ces différentes catégories fait du 2 mai une action menée par la population dans son ensemble et pas seulement une action du peuple, et encore moins des militaires. Cet élément a pu être utilisé pour y déceler un caractère national, au sens de la disparition des différences sociales. Il n’est pas possible d’en tirer une telle conclusion compte tenu de la singularité de l’événement qui reste circonscrit dans la ville même de Madrid et à cette journée-là. A moins de projeter sur lui les interprétations bâties pour la suite de la Guerre d’Indépendance ».

Même s’il ne s’est imposé que plusieurs années après les faits, le caractère « national » de l’émeute peut cependant être admis [3].

Quant à l’événement lui-même, il fit tomber le masque de l’épopée : l’armée française d’Espagne était une armée d’occupation qui utilisa, pour réprimer le soulèvement, les méthodes d’une armée d’occupation. Ceci pour rappeler que, malgré la légende, les conflits du temps ne furent pas « en dentelle ». Dans son désir ardent de plier l’Europe à son « système », Napoléon n’avait pas –et n’allait pas- s’embarrasser de principes doctrinaux.

Dans ces événements, quelle fut la responsabilité de Murat ? Fut-il, comme les thuriféraires de l’empereur ne manquèrent pas de le dire, celui par qui une féroce répression arriva, pour corriger, en quelque sorte, ses propres erreurs ? Agit-il au contraire avec doigté et, surtout, avait-il vu le dérapage arriver ? Telles sont les questions que nous allons nous poser lors de cette communication, qui est donc centrée sur le personnage de celui qui était à l’époque grand duc de Berg. On laissera donc de côté bien d’autres considérations sur ces deux journées madrilènes.

La famille d'Espagne en 1808 - Goya - Musée du Prado
La famille d’Espagne en 1808 – Goya – Musée du Prado

A Bayonne, Napoléon avait fort bien reçu Charles IV à qui il avait dit son dépit de l’avoir vu abdiquer en faveur de son fils Ferdinand, après les événements d’Aranjuez. Ce dernier, devenu Ferdinand VII, entraîné sur les bords de la Nive par Savary, n’avait eu droit à son arrivée qu’au protocole princier.

« J’ai ici (toute la famille d’Espagne), écrivait alors l’Empereur à Caulaincourt. Ils sont très animés les uns contre les autres ; la division entre eux est poussée au dernier point. Tout cela pourrait bien se terminer par un changement de dynastie ».

En réalité, Napoléon ne pensait qu’à cela et était déjà convenu avec son frère Joseph du cours que prendraient les événements, une fois les pâles acteurs ibériques sortis du jeu.

Les choses s’engagèrent fort bien pour l’empereur. Charles renonça à son abdication, demanda à son favori et principal ministre Godoy de préparer un traité par lequel la lieutenance générale du royaume serait confiée à Murat, déjà présent dans la Péninsule, comme on va le voir. Tout se passait donc en douceur et Napoléon était à la veille de réaliser la meilleure affaire qui soit, sans avoir à brûler une cartouche, en laissant les rivalités espagnoles agir d’elles-mêmes. Il ne manquait plus que la collaboration de Ferdinand.

Placé à la tête des forces qui devaient, en théorie, couvrir l’invasion du Portugal, Murat n’avait pas été parfaitement informé des intentions de l’Empereur. Nommé par deux lettres du 20 février, il avait été chargé de commander les troupes, d’occuper les places et de couvrir les arrières de l’armée de Junot. C’était son rôle militaire, pour lequel il n’avait pas besoin d’un ordre de route très détaillé : la conduite de la marche d’une armée était son métier. Sur le plan diplomatique et politique, en revanche, ses instructions ne contenaient aucun détail ni aucune ligne de conduite, alors que Napoléon savait déjà où il voulait en venir. Pis encore, toute communication avec la cour d’Espagne lui était interdite jusqu’à nouvel ordre. En résumé, celui qui avait le titre de « lieutenant de l’Empereur en Espagne » devait se contenter de faire marcher ses troupes sans connaître l’objectif stratégique et politique de sa marche.

Compte tenu du peu d’informations dont il disposait et des plus récents développements de la politique française en Espagne, Murat pouvait tout au plus légitimement penser que l’empereur poursuivait un objectif d’assainissement de la situation de la Péninsule impliquant, outre l’occupation du Portugal : la fin de la puissance de Godoy, le retrait de Charles IV et l’installation de Ferdinand VII, éventuellement en le mariant à une princesse française choisie par lui. De cette manœuvre, il tirerait la reconnaissance nationale et un renforcement de ses liens avec l’Espagne.

A l’approche de Madrid, Murat reçut comme une confirmation des intentions généreuses de Napoléon : il devait occuper la ville et laisser la cour tranquille. « Le roi d’Espagne n’a rien à craindre de nos troupes », écrivait-il. Par ailleurs, le lieutenant de l’empereur était prié de préparer ni plus ni moins que l’arrivée du maître dans la capitale.

Le grand duc de Berg avait traversé la Péninsule de façon plutôt confortable, toujours bien accueilli par les autorités, parfois acclamé par les populations. Les autorités madrilènes lui avaient exprimé leurs vœux de bienvenue. Alors qu’elles pensaient sans doute que Ferdinand VII serait accepté par la France, il n’y avait aucune raison de faire mauvaise figure au représentant de l’empereur.

Les premiers courriers de Murat à son beau-frère avaient donc été encourageants, même s’il commençait à identifier les problèmes qui, immanquablement, allaient se poser écrivant, le 29 février 1808 :

« Jusqu’à la prise de la citadelle (de Pampelune), on voyait les Français en Espagne sans crainte et sans étonnement, mais on a éprouvé l’un et l’autre à la nouvelle de l’occupation de cette forteresse » [4].

Le 30 mars 1808, il revint encore à la charge :

« Je le dis et je le répète, Votre Majesté peut disposer de l’Espagne comme elle le voudra. Vous êtes adoré de la nation. Les nobles vous admirent et vous craignent, mais ils préfèrent les Bourbons (…). Le parti du prince des Asturies (NDA : Ferdinand VII) m’a fait dire ce matin (…) que tous mes ordres seraient exécutés (…). Ce qui les déconcerte et les tue dans l’opinion publique, c’est ma juste mesure et ma ferme résolution de ne pas reconnaître le prince des Asturies avant les ordres de Votre Majesté » [5].

 Face à Murat, comme face à ses autres collaborateurs [6] qui allaient « tirer le signal d’alarme », Napoléon, pourtant éloigné du théâtre des opérations de plusieurs centaines de lieues, allait faire preuve d’aveuglement. Que son projet espagnol ait été arrêté est une chose ; qu’il n’ait pas tenu compte des avertissements en est une autre. Par exemple, alors qu’un rapport lui annonçait que des soldats français avaient été assassinés à Barcelone, dans les premiers jours de l’occupation, il avait péremptoirement répondu :

« Il n’y a aucun mécontentement à Barcelone (…). Le général Duhesme est une commère. On donne quelques coups de stylets à des Napolitains. C’est dans le caractère des habitants. D’ailleurs, on est très bien disposé » [7]

 D’un autre côté, il critiqua même Murat d’avoir pris possession de certaines places fortes en recourant à la négociation, alors qu’il aurait préféré qu’on les prenne de force.

Telle  était la façon d’agir de Napoléon, tout entier tendu vers son but, et qui ne tenait que peu de comptes de la réalité, pas plus que de la fidélité et du souci de bien faire de Murat. Sa correspondance regorge de reproches, souvent injustes, auxquels le grand duc de Berg répondait avec mesure, pris entre les nécessités de terrain et son désir de ne pas trop mécontenter l’empereur [8]. On avouera qu’il était bien difficile d’y voir clair dans les intentions de Napoléon. A force de masquer ses intentions, il finit par mettre ses collaborateurs –et lui-même !- dans l’embarras.

Après la révolution d’Aranjuez, qui provoqua la chute du couple Godoy-Charles IV et porta Ferdinand VII au pouvoir (20 mars 1808), la situation se tendit rapidement. Murat en avertit Napoléon :

« Je ne puis dissimuler à Votre Majesté toute ma douleur, je prévois que le sang peut couler, et l’Europe ne manquera pas de dire que la France l’a ordonné »[9].

Le lendemain, dans une seconde lettre, il se plaignit de ne rien connaître des projets de son impérial beau-frère :

« Si Votre Majesté eût voulu ou pu m’accorder plus de confiance, un seul mot sur ses véritables projets eût suffi » [10].

Les partisans de Napoléon n’ont guère tenu compte de ces documents irréfutables qui montrent que Murat avait bien senti la situation. Ils se sont même laissé abuser par un autre « document » qui, selon eux, montre que l’empereur avait tout vu et tout prévu, tandis que son lieutenant, lui, n’avait rien compris.

Il s’agit d’une lettre qu’aurait envoyé Napoléon à Murat, le 29 mars 1808. Il y aurait fait tomber le masque sur ses intentions et aurait mis en garde son lieutenant sur les difficultés qu’il allait rencontrer. Evidemment, l’analyse de ce document montrerait que Murat n’aurait pas suivi ces conseils : 

« Ne croyez pas que vous attaquez une nation désarmée, et que vous n’avez que des troupes à montrer pour soumettre l’Espagne (…). Vous avez affaire à un peuple neuf : il a tout le courage et il aura tout l’enthousiasme que l’on rencontre chez des hommes que n’ont point usés les passions politiques » [11].

Selon toute vraisemblance, cette lettre n’a jamais existé (Note : voir aussi  l’article sur ce site). Il en est fait mention une première fois dans le Mémorial de Sainte-Hélène [12]. Elle fut ensuite recopiée par Montholon dans ses récits [13]. Et comme, dans les leurs, Bausset [14], Savary [15] et quelques autres la reprirent, puisque Thiers la cita dans son Histoire du Consulat et de l’Empire [16], elle devint une sorte de classique de la clairvoyance de Napoléon se heurtant à l’imprévision de Murat. Elle fut intégrée à la Correspondance de Napoléon, publiée sous le Second Empire [17].  A force d’avoir été recopiée et citée par les uns et les autres, ce soi-disant document a fini par faire autorité… alors qu’on n’en trouve nulle trace ailleurs que dans le Mémorial de Sainte-Hélène.

Dans son étude sur Murat en Espagne, le comte Murat a démontré la falsification. Il disposait pour son travail des papiers Murat, aujourd’hui déposées aux Archives Nationales [18], et connaissait parfaitement le style des correspondances échangées entre le grand duc et son beau-frère. Outre qu’il ne retrouva pas –et pour cause- la lettre dans ces archives et qu’elle ne figure pas non plus dans les registres des courriers reçus, la lettre du 29 mars n’est pas enregistrée et recopiée en minute dans les archives de la Secrétairerie d’Etat, ce qui n’est pas concevable pour un courrier de cette importance et de cette longueur, alors même que les billets les plus insignifiants y figurent.

Sur le fond, l’authenticité de la lettre du 29 mars 1808 ne tient pas davantage : certains ordres qu’y donne Napoléon ont déjà été donnés (parfois différemment) les jours précédents. Il y reproche aussi à Murat d’être entré à Madrid, alors qu’on dispose par ailleurs d’une dizaine d’autres lettres dans lesquelles il lui donne sans équivoque l’ordre de le faire. Enfin, le comte Murat remarque que les formules ne correspondent pas aux habitudes épistolaires très codifiées que Napoléon utilisait pour écrire à son beau-frère : il l’appelle « Monsieur le Grand Duc de Berg », dans la lettre du 29 mars, alors que la formule habituelle était « mon Frère », il lui donne de l’Altesse Impériale, alors qu’il ne le faisait jamais, il parle d’un « ministre des affaires étrangères », alors qu’il y avait un « ministre des Relations extérieures ».

La vérité est sans doute que Napoléon a voulu démontrer à Las Cases qu’il avait tout fait pour éviter la guerre civile, qu’il avait prévu que le peuple madrilène était à manier avec doigté et que, finalement, ce fut la « maladresse » de Murat qui fit tout basculer. Or, tous les documents prouvent au contraire que le grand duc de Berg a exécuté les instructions reçues tout en mettant clairement en garde son beau-frère contre les risques de sa politique, en regard du maintien de l’ordre dans la Péninsule.

Mais revenons à Madrid, où Murat avait fait son entrée, le 23 mars 1808, sous les acclamations d’une foule qui pensait que les Français venaient soutenir Ferdinand VII.

Une fois parti pour Bayonne, celui que Napoléon se refusait à considérer comme le roi d’Espagne avait laissé le pouvoir à une junte provisoire de gouvernement qui s’entendait plus ou moins bien avec le lieutenant de l’empereur. Afin d’éviter à cette instance de s’inventer des solutions alternatives en cas d’arrestation de Ferdinand (solution envisagée s’il ne se montrait pas plus coopératif), Napoléon donna l’ordre à son beau-frère d’éloigner de la capitale et de diriger vers Bayonne tous les membres de la famille royale.  Le choix s’arrêta d’abord sur l’ex-reine d’Etrurie (dont les territoires toscans avaient été confisqués par la France) et le jeune infant Francisco, tous deux enfants de Charles IV. Leur départ fut programmé pour le matin du 2 mai 1808. L’annonce de cette nouvelle mit Madrid en émoi. Et voici le prétexte de l’émeute du Dos de Mayo. Mais le prétexte n’est pas la cause : il faut la rechercher dans le lâchage de Ferdinand par Napoléon.

 

Pendant l’occupation de la capitale espagnole, la politique de Murat n’avait pas varié et s’articulait autour de fermes consignes. Aucune violence ne devait être faite à la population. Fort de l’accueil favorable de la junte et des manifestations d’enthousiasme qui avaient marqué ses premières sorties, il avait laissé le plus gros de ses forces en dehors des murs. La présence française était la plus discrète possible, car elle ne reposait sur rien : l’Espagne avait toujours un gouvernement légal (la junte) qui disposait de la force armée et était toujours un solide allié de la France. Murat, pour qui la population ne voulait pas être « conquise » mais finirait par se « donner » [19], conseilla aux officiers d’accepter les invitations des notables et lui-même s’entoura de quelques conseillers espagnols réputés pour leur ouverture aux Lumières.

Malgré ces bonnes manières réciproques, le lieutenant de l’empereur n’ignorait pas, toutefois, que des forces commençaient à donner en coulisse pour s’opposer à la présence française. Les partisans de Ferdinand commençaient à comprendre que leur roi était sur le point de tomber dans un guet-apens. Ils travaillaient à son retour, pour qu’il puisse enfin commencer à régner. L’annonce de sa sortie du territoire espagnol agit comme un accélérateur de la crise qui couvait. Plusieurs villes de province, telles Burgos ou Tolède, avaient commencé à bouger, tandis qu’à Madrid, Murat connaissait ses premières difficultés avec la junte de gouvernement.

Ainsi, la police espagnole arrêta un de ses agents qui voulait faire imprimer une proclamation apaisante de Charles IV. La scène attira des badauds et bientôt, des cris hostiles aux Français se firent entendre. Les portes de l’imprimerie furent forcées et les presses détruites. L’intervention de deux officiers de Murat, dépêchés sur les lieux, ne servit à rien. Dans les jours qui suivirent, l’agitation persista, alors que l’aristocratie commençait à prendre ses distances vis-à-vis du lieutenant de l’empereur. Plusieurs attentats eurent lieu contre des Français isolés. Le 1er mai, lors d’une revue, le grand duc lui-même fut copieusement sifflé par la foule.

Murat sentait depuis longtemps que la situation était sur le point de basculer. Il informa l’empereur que sa situation devenait « pénible », du fait de « l’anarchie » qui commençait à s’installer. Et que pouvait-il faire ? Sans fonction officielle, respectueux de la junte, il devait laisser agir les autorités espagnoles et n’avait guère d’armes pour contrer leurs initiatives. Il ne pouvait de son propre chef disperser les attroupements. Il n’avait aucune prise sur les journaux. Il avait des forces mais ne pouvait s’en servir. Il s’en ouvrit à Napoléon :

« Il est bien nécessaire que l’Espagne connaisse sa nouvelle destinée, car il serait difficile, avec un gouvernement qui nous est opposé par devoir, de diriger l’opinion dans le sens du système de Votre Majesté » [20].

Quelques jours avant l’émeute, il reçut enfin des instructions plus précises [21]. Napoléon lui enjoignait de prévoir l’impression de proclamations, de prendre en main « de gré ou de force » la Gazette de Madrid, principal journal de la capitale. Surtout, il fallait contrôler la population en faisant savoir que si des troubles avaient lieu, on démembrerait l’Espagne, au lieu que tout se passe « avec décorum » [22]. Déjà, à Bayonne, on se saisissait des agents que Ferdinand envoyait en Espagne et des lettres envoyées par la junte. L’étau se resserrait autour du prince et, presque du jour au lendemain, on demandait à Murat de changer de politique.

C’est dans le cadre de cette clarification et de ce durcissement politiques qu’il fallut faire partir la reine d’Etrurie et l’infant Francisco. Murat se heurta à la junte (qui avait tout compris) puis obtint qu’on délivre les passeports nécessaires. A partir de ce moment, les partisans de Ferdinand ne pouvait plus se faire d’illusions : le changement de dynastie était programmé, à moins qu’un grand événement ne vienne perturber les plans de Napoléon. Des messagers secrets furent envoyés par la junte à Bayonne, tandis que des agents espagnols préparaient un soulèvement. Des pamphlets anti-français, souvent recopiés à la main, circulaient à Madrid [23].

Le 2 mai 1808, à huit heures du matin, les carrosses de la reine d’Etrurie et de l’infant Francisco furent avancés et s’arrêtèrent devant le palais royal où une foule nombreuse était venue protester contre le transfert des princes. Nul ne broncha lorsque la reine prit place dans sa voiture et s’éloigna. Elle ne représentait pas grand chose aux yeux de la population. En revanche, l’apparition de l’infant provoqua le mouvement qui allait dégénérer en drame.

Le Dos de Mayo - Goya
Le Dos de Mayo – Goya

Vers dix heures trente, le bruit se répandit que l’enfant était en larmes et refusait de quitter les lieux. La tension monta d’un cran. Au même moment, le chef d’escadron Lagrange, aide de camp de Murat, se présenta sur la place. Il n’en fallut pas plus pour que la population s’imagine que Francisco allait être enlevé de force par les Français. Une cinquantaine de personnes tenta de pénétrer dans le palais royal. Quelques individus parvinrent même jusqu’à l’infant qu’ils voulaient « sauver ». Dehors, Lagrange fut entouré et frappé, dans l’indifférence des plantons espagnols. Un sort plus grave lui fut épargné de justesse par l’intervention vigoureuse d’une quinzaine de grenadiers de la garde impériale stationnés à peu de distance. Les premiers coups de feu furent tirés. Le premier sang coula. La machine de la révolte était lancée.

En quelques minutes, l’émotion populaire, attisée par quelques activistes (dont les officiers Velarde et Daoiz ou l’artisan José Blas Molina, considérés depuis comme les « héros » du Dos de Mayo), se transforma en émeute. On courut aux armes, quelles qu’elles soient, on se regroupa, on appela au secours les 3 000 hommes de la garnison espagnole (une poignée d’hommes seulement se joignit à la population) et environ 20 000 Madrilènes ouvrirent la chasse aux Français isolés. Plusieurs dizaines de ceux-ci furent assassinés. Pendant une bonne partie de la matinée, la foule en furie fut maîtresse des rues de la capitale.

Informé de la situation (qu’il redoutait depuis plusieurs jours, ainsi que le montre sa correspondance), Murat décida de contre-attaquer, en utilisant les grands moyens. Il disposait de 10 000 hommes en ville et de 20 000 aux environs. Il ordonna de former des colonnes qui remonteraient les grandes avenues jusqu’à la Puerta del Sol, centre de l’émeute. Lui-même, comme à son habitude, se porta immédiatement au cœur de l’action, à la tête d’un peloton de Mamelouks, de quelques compagnies de marins de la garde et d’un bataillon de troupes de lignes. Les cuirassiers, cavalerie lourde peu adaptée au combat de rues, et les dragons suivaient à peu de distance.

Sur la Puerta del Sol, la choc fut violent. Premiers sur les lieux, les Mamelouks essuyèrent un feu nourri. L’un d’eux, le célèbre Mustapha, héros d’Austerlitz, fut tué d’une balle, ce qui eut pour conséquence de rendre furieux ses camarades qui redoublèrent d’activité. Le général Marbot raconte :

« En voyant arriver les Mameluks qu’ils redoutaient beaucoup, les Espagnols essayèrent néanmoins de faire résistance ; mais leur résolution ne fut pas de longue durée, tant l’aspect des Turcs effrayait les plus braves !… Les Mameluks, s’élançant le cimeterre à la main sur cette masse compacte, firent en un instant voler une centaine (sic) de têtes, et ouvrirent passage aux chasseurs de la garde, ainsi qu’à la division de dragons, qui se mit à sabrer avec furie. Les Espagnols, refoulés de la place, espéraient échapper par les grandes et nombreuses rues qui y aboutissent de toutes les parties de la ville ; mais ils furent arrêtés par d’autres colonnes françaises, auxquelles Murat avait indiqué ce point de réunion. Il y eut aussi dans d’autres quartiers plusieurs combats partiels, mais celui-ci fut le plus important et décida la victoire en notre faveur » [24].

On ne fit guère de quartiers, de part et d’autre. « Les Français parcourent les rues de la capitale et font un carnage affreux de tout ce qu’ils trouvent les armes à la main », allait écrire un jeune conscrit de 1808, apparemment choqué par ce drôle de baptême du feu.

En quelques heures, Murat redressa la situation. Sagement, il ordonna de cesser la chasse à l’homme, afin de ne pas encourager la résistance. L’adjudant-major Husson en témoignera :

«Tout le monde sait à quel point les Espagnols poussèrent la barbarie durant ce jour qui, sans la clémence du prince Murat, aurait dû être le dernier pour les habitants. Jamais massacre ne fut plus épouvantable que celui qui se fit pendant cette journée sur les Français qui étaient logés en ville » [25].

C’était faire peu de cas cependant de la violence des charges françaises et des excès auxquels elle donna lieu. Des centaines de cadavres gisaient sur le pavé.

Dès la fin des opérations, Murat publia proclamations et ordre du jour visant à séparer les émeutiers du reste de la population qui s’était tenue tranquille. Les seconds n’avaient rien à craindre s’ils restaient chez eux. Les premiers, par contre, devaient être pourchassés et châtiés. Le lieutenant de Napoléon suspendit toutes les libertés et institua une commission militaire, présidée par le général Grouchy, pour juger, de façon expéditive, tous ceux qui seraient surpris porteurs d’une arme : le peloton d’exécution était la dernière étape de leur aventure. Les réunions de plus de huit personnes étaient interdites. Les vendeurs de libelles seraient assimilés désormais à des agents anglais et, comme tels, fusillés. Il était même devenu obligatoire de porter son manteau sur le bras, afin de ne pas y dissimuler d’arme. Au-delà de la capitale, Murat ordonna que tout village où un Français serait assassiné soit brûlé (car les campagnes étaient aussi touchées par l’impatience des populations face à l’occupation française et les premiers meurtres de soldats avaient eu lieu). « Je suis fort aise de la vigueur que vous avez mise », devait écrire Napoléon à son beau-frère, en apprenant ces mesures (5 mai 1808) [26]. Sourd aux alarmes de ses envoyés, comme le nouvel ambassadeur de France Laforest ou les membres de l’état-major, l’empereur pensait n’avoir affaire qu’à une simple et très provisoire émotion. Avec un peu de fermeté et de sang, tout rentrerait dans l’ordre.

Lorsque le jour du 3 mai se leva, la commission militaire était depuis longtemps à pied d’œuvre. Des fournées d’émeutiers (ou assimilés) lui furent présentées. Elle ne fit preuve d’aucune clémence. Après simple constatations d’identité et de la matérialité des faits, les prévenus étaient livrés aux pelotons d’exécution qui opérèrent sans discontinuer au Prado, dans le patio de l’Eglise Buen Suceso, sur la montagne du Principe Pio, pratiquant même souvent des fusillades collectives. C’est ce que Goya a représenté sur son Tres de Mayo.

Éxécution des rebelles, ou le Tres de Mayo – Goya

Selon les rapports officiels (dont celui, circonstancié, de Belliard, chef d’état-major de Murat), 400 personnes furent ainsi passées par les armes, dont les infirmiers espagnols de l’hôpital militaire qui, la veille, avaient torturé puis tué des blessés français. On ajoutera à ce bilan les six cents émeutiers tués dans les combats et la répression du 2 mai. Il y eut donc environ mille morts espagnols pendant les deux journées, n’en déplaise aux historiens du XIXème siècle qui comptèrent de cinq mille à vingt-cinq mille ( !) victimes. Côté français, moins de deux cents hommes avaient trouvé la mort, la plupart au matin du 2 mai. Il n’empêche que jamais auparavant, les armées napoléoniennes n’avaient eu à faire face à une telle situation. On était loin de l’accueil bienveillant et presque amical que leur avaient réservé Vienne en 1805 ou Berlin en 1806.

A l’annonce du soulèvement madrilène, c’est un Napoléon furieux qui, à Bayonne, se précipita dans les appartements de Charles IV. On convoqua Ferdinand car il était clair que l’émeute avait été fomentée par ses partisans.

L’empereur n’eut guère besoin de s’employer : les princes espagnols se déchirèrent. Il assista même à une scène hallucinante, Charles IV allant jusqu’à lever la main sur son fils (tout « roi » qu’il était) et la reine Marie-Louise –mère de Ferdinand- demandant qu’on fasse monter le « misérable » à l’échafaud. C’est alors que Napoléon entra dans la danse :

« Ce massacre, déclara-t-il à Ferdinand, ne peut être que l’œuvre d’un parti que vous ne pouvez désavouer, et je ne reconnaîtrai jamais pour roi d’Espagne celui qui le premier a rompu l’alliance qui, depuis si longtemps, l’unissait à la France, en ordonnant le meurtre des soldats français ».

Le 4 mai, Napoléon reçu la reddition des insurgés madrilènes.

La reddition de Madrid. Gros. Musée de l'Histoire de France
La reddition de Madrid. Gros. Musée de l’Histoire de France

Le 6 mai, l’impossible Ferdinand VII, menacé d’être considéré comme « rebelle » par Napoléon, renonça au trône et Charles IV abdiqua une nouvelle fois. Un traité fut rédigé et promptement signé, par lequel l’empereur des Français, reconnu comme « le seul qui, au point où en (étaient) les choses, (pouvait) rétablir l’ordre », se voyait remettre tous les droits « sur le trône des Espagnes et des Indes », moyennant l’intégrité du royaume et le maintien de la religion catholique comme religion de l’Espagne. Ces droits allaient bientôt passer à Joseph, chargé de recueillir les fruits du changement de dynastie.

Mais, à moyen terme, les journées des 2 et 3 mai 1808 eurent d’autres conséquences, cette fois fâcheuses pour le système napoléonien. La nouvelle de l’insurrection et de la répression (les bilans des deux étant, comme d’habitude, enflés pour les besoins de la cause) se répandit à travers toute l’Espagne qui se souleva, des juntes locales surgissant du néant et « déclarant la guerre » à la France. Elles réveillèrent le sentiment anti-français dans toutes les classes, notamment les plus pauvres qui, normalement auraient du être heureuse de l’arrivée des « Lumières » dans la Péninsule. Une véritable révolution « nationale » -que les Espagnols appellent encore aujourd’hui « la guerre d’indépendance »- venait de commencer. La Grande Armée allait y perdre son invincibilité et ses meilleures forces.

 

Comme souvent, les historiens et Napoléon lui-même tentèrent de faire porter à d’autres la responsabilité d’un tel échec. Murat fut en première ligne. C’est probablement aux fins de lui faire « porter le chapeau » devant l’histoire que Napoléon forgea la lettre du 29 mars 1808.

Quelle fut la responsabilité de celui qui allait gagner dans l’affaire la couronne de Naples ?

On ne peut nier que, parce qu’il était sur le terrain, Murat avait bien senti la dégradation de la situation et la montée des oppositions dans une partie de la population. Il tenta, avec d’autres, d’en faire prendre conscience à Napoléon. Celui-ci fit la sourde oreille, donnant son avis sur des événements dont il ne savait rien. Une première accusation contre Murat tombe : celle de ne pas avoir vu monter la colère populaire.

On ne peut non plus lui reprocher de n’avoir pas démasqué les complots qui s’ourdissaient dans l’ombre. Il y a peu de doutes que ses avertissements se fondaient aussi sur la connaissance qu’il avait d’un parti prêt à tout pour imposer Ferdinand VII. Mais il n’avait à Madrid aucun pouvoir de police. Il occupait la capitale espagnole sans avoir le pouvoir de la contrôler. Un pouvoir légal subsistait en Espagne : la junte de gouvernement. Elle avait une police et une armée, l’Espagne était l’alliée de la France et Napoléon n’avait pas donné d’instructions claires. Murat devait donc entièrement s’en remettre à la sincérité de ses interlocuteurs espagnols. En d’autres termes, il n’avait pas de moyens d’agir. Le fait qu’il ait stationné le plus clair de son armée en dehors de la capitale n’est pas une erreur : il est la conséquence du flou de sa propre situation. Napoléon, une fois encore, en était responsable.

Pendant l’émeute, Murat eut le comportement que l’on pouvait attendre d’un chef de sa trempe : il se précipita au cœur de l’action. Il le fit avec peu de troupes, car le gros de ses forces avait environ une lieue à parcourir avant d’arriver en ville. Son souci essentiel fut de rétablir l’ordre. Partant, au cœur de l’action, il n’y eut pas de quartiers. C’est une bataille qu’on livrait et le sort de l’armée d’occupation était en jeu. Mieux, on pourrait dire que la vivacité de la contre-attaque française put s’avérer salutaire : en sapant l’émeute à sa base, Murat empêchait les indécis de s’y joindre.

Comme nous parlons d’une sorte de guerre, on ne fustigera pas non plus l’instauration des commissions militaires, parce que nous n’étudions pas l’histoire d’il y a deux cents ans avec la « morale » d’aujourd’hui. Ce mal était nécessaire, compte tenu de l’objectif du lieutenant de l’empereur. On ne pouvait pas reprendre Madrid en main sans fermeté, de même que l’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. De même, on ne pouvait laisser non plus impunis les assassinats de soldats français aux yeux des autres soldats français. Ce furent tous ces éléments qui furent pesés, dans le feu de l’action, par Murat. Et on n’est pas cynique en disant que, à la vue du résultat, il adopta la bonne solution puisque l’émeute fut étouffée avant de se développer.

L’objectif de Murat fut clairement annoncé, aussi bien dans ses proclamations que dans les contacts qu’il eut immédiatement avec la junte de gouvernement : seuls les insurgés seraient poursuivis, les autres devaient rester chez eux et se tenir tranquille, le temps que durerait la répression.

Il écrivit une lettre en ce sens aux capitaines généraux des provinces, tous espagnols, pour leur dire que l’affaire était terminée :

« Je vous adresse ci-joint copie de mon ordre du jour, avec une de mes proclamations et une à la junte d’Etat ; vous ne manquerez pas de vous apercevoir que la clémence a suivi de près la grande sévérité qu’il a fallu déployer pour arrêter le désordre et l’effusion de sang. Tout est maintenant rentré dans l’ordre ; le passé est entièrement oublié, il s’agit de réparer le mal » [27].

Le grand duc de Berg avait compris depuis longtemps que l’Espagne était au bord de l’explosion et qu’il fallait la gagner et non la conquérir.

Acteur du 2 mai, Murat n’en fut pas responsable. Il avait fait et fit, à notre sens, ce qu’il fallait faire. Il dut d’abord subir et improviser. Il reprit la situation en main comme il devait le faire. On ne peut pas dire que ce soit son action à Madrid qui ait poussé la population à se soulever.

Aiguillonnée par Napoléon, qui voulait se dédouaner et montrer que son génie avait été mal secondé, la postérité ne lui en a rendu aucune justice, malgré une multitude de travaux qui ont rétabli son véritable rôle et sa véritable responsabilité. Tout se passe comme si ces travaux, dont ceux, irremplaçables, du comte Murat, n’avaient pas existé.

La légende du Dos de Mayo est une preuve supplémentaire du fait que l’histoire napoléonienne mérite sans cesse d’être revisitée, retravaillée et éclairée sous un angle différent, plus neutre et plus froid, en se dégageant du carcan de l’historiographie du XIXè siècle, le plus souvent napoléoniste. Nous nous réjouissons que les Amis du Musée Murat nous aient donné l’occasion de le rappeler au travers de cet exemple.

 

Thierry Lentz – Directeur de la Fondation Napoléon


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NOTES

[1] Le couronne avait d’abord été proposée à Louis Bonaparte qui l’avait refusée.

[2] Sur l’affaire espagnole en général, nous renvoyons à notre ouvrage Nouvelle Histoire du Premier Empire. I. Napoléon et la conquête de l’Europe (1804-1810), Fayard, 2002, p. 373-423.

[3] R. Hocquellet, Résistance et révolution durant l’occupation napoléonienne en Espagne, La boutique de l’Histoire, 2001, p. 68.

[4] Lettres et documents pour servir à l’histoire de Joachim Murat, Plon-Nourrit, 1901, p. 298.

[5] Comte Murat, Murat, lieutenant de l’Empereur en Espagne, Plon, 1897, p. 188.

[6] Nous avons étudié par ailleurs le mépris avec lequel il repoussa les conseils de Savary lorsque celui-ci se rendit en Espagne et l’alerta sur la gravité de la situation (T. Lentz, Savary, le séide de Napoléon, Fayard, 2001).

[7] Lettre de Napoléon à Murat, 20 mars 1808, citée par le comte Murat, op. cit., p. 116.

[8] On n’étudiera pas ici la question de savoir si Murat souhaita ou espéra être roi d’Espagne. De toute façon, dans le système napoléonien, une telle ambition n’avait rien d’irréaliste : toute la famille Bonaparte (dont Murat était un membre éminent) régnait sur de vastes contrées. Alors pourquoi pas lui ?

[9] Lettres et documents pour servir à l’histoire de Joachim Murat, p. 358.

[10] Lettres et documents pour servir à l’histoire de Joachim Murat, p. 367.

[11] Lettre de Napoléon à Murat, citée par le comte Murat, op.cit., p. 141-144. Dans cette lettre, Napoléon reprochait aussi à Murat d’être entré trop vite à Madrid. Or, une dizaine d’autres lettres montrent bien qu’il en avait donné l’ordre à son lieutenant.

[12] Mémorial de Sainte-Hélène, chez l’auteur, 1823, t. IV, p. 246. Las Cases écrit tenir cette lettre de Napoléon lui-même.

[13] Récits de la captivité de l’Empereur Napoléon à Sainte-Hélène, Paulin, 1847, t. II, p. 451.

[14] Mémoires anecdotiques sur l’intérieur du Palais et sur quelques événements de l’Empire depuis 1805 jusqu’au 1er mai 1814 pour servir à l’histoire de Napoléon, Baudouin Frères, 1827, t. I, p. 151.

[15] Mémoires du duc de Rovigo pour servir à l’histoire de Napoléon 1er, Bossange, 1828, t. III, p. 258.

[16] Thiers estimait cependant que cette lettre n’avait pas été envoyée.

[17] Correspondance, n° 13696. Fait exceptionnel, cette lettre est accompagnée d’une note où les membres de la commission chargée de publier la correspondance signale qu’ils n’ont retrouvé ni copie, ni original du texte et se sont inspirés du Mémorial et des mémoires successifs pour l’établir.

[18] 31 AP 1 à 607.

[19] Lettre du 10 avril 1808, comte Murat, op. cit., p. 280.

[20] Lettre du 1er mai 1808, citée par le comte Murat, op. cit., p. 313.

[21] Cette lettre du 28 avril 1808 est citée par le comte Murat, op. cit., p. 300.

[22] Lettre du 29 avril, ibid., p. 301.

[23] La préparation secrète de la journée du 2 mai ne fait plus de doute pour les historiens.

[24] Mémoires du général baron de Marbot (édition de J. Garnier), Mercure de France, rééd. 2001, t. I, pp. 427.

[25] Adjudant-major Husson, Journal de campagne, Teissèdre, 1999, p. 12.

[26] Correspondance, n° 13801. Murat avait rédigé un long rapport sur le 2 mai. On peut en prendre connaissance dans les Lettres et documents pour servir à l’histoire de Joachim Murat, t. VI, p. 38-41.

[27] Lettres et documents pour servir à l’histoire de Joachim Murat, t. VI, p. 46.