Louis-Pierre Montbrun (1770-1812 )

Louis-Pierre Montbrun nait à Florensac (Hérault), à 25 km à l’est de Béziers, le ler mars 1770. Son père, homme instruit et distingué, est juge de paix. Il fait lui-même l’éducation de ses trois fils, cultivant, en plus de leurs facultés intellectuelles, leur force et leur adresse physiques.
Le 5 mai 1789, le jeune Montbrun s’engage dans le régiment de chasseurs d’Alsace (qui deviendra plus tard le 1er de chasseurs). Il est brigadier le 20 novembre 1791. Il sert aux armées du Nord et de la Moselle. Il est promu maréchal des logis, le 11 juillet 1793, puis adjudant le 1er octobre. Il passe, avec son régiment, en 1794, à l’Armée de Sambre-et-Meuse. Le 12 septembre de la même année, il est élu sous-lieutenant.
Nommé, en 1796, aide de camp du général Richepance (son ancien chef d’escadrons), il est nommé lieutenant la même année, après avoir, le 16 aout 1796, à la bataille d’Altendorf, empêché que Richepance ne soit fait prisonnier, puis, en 1797, au choix, capitaine. Durant la campaggne de 1799, à la suite du combat du 5 octobre sur la Nidda, il est cité à l’Ordre de l’Armée et nommé chef d’escadron à la suite, sur le champ de bataille, par le général en chef Moreau. Il est blessé de deux coups de sabre, à Groß-Gerau, le 12 octobre 1799.
Confirmé dans son grade de chef d’escadron, le 5 mars 1800, Montbrun est alors versé au 5e de dragons, puis repasse, sur sa demande, au 1er de chasseurs le 16 avril. Cité de nouveau à l’ordre du jour aux combats d’Erbach (16 mai 1800), de Delmesingen (23 mai 1800) et de Kirchberg (5 juin 1800), il est nommé le 15 juin chef de brigade à titre provisoire, nomination ratifiée le 26 octobre.
"Le citoyen Montbrun n'a pas cessé de commander le ler régiment de chasseurs, a déployé un caractère et des talents rares, une bravoure extrême. Il a obtenu à la tête de ce corps plusieurs succès importants contre un ennemi toujours plus nombreux ; enfin il en a toute la confiance, et elle est justement acquise (Proposition présenté aux Consuls - 7 Thermidor An VIII)"
Le 26 octobre, Montbrun entre au 8e de dragons, mais il reprend, dès le 28 novembre, le commandement du ler de chasseurs, à la tête duquel il se signale de nouveau à la bataille de Hohenlinden (3 décembre 1800), sous les ordres de Richepance.
Après la paix de Lunéville, il est en garnison à Verdun, puis au camp de Bruges, de 1803 à 1805. Au moment de la rupture du traité d’Amiens, il fait partie, toujours avec le 1er de chasseurs de la brigade de cavalerie légère Viallanes, du IIIe corps d’armée, commandé par Davout. A la création de la Légion d’honneur, il en est nommé membre le 11 décembre 1803. Il reçoit la croix d’officier le 14 juin 1804.
En 1805, toujours sous les ordres de Davout, Murat le signale à l’attention de l’Empereur après le combat de Lambach (Ried – 30 octobre).
"M. le colonel Montbrun mérite tous les éloges ; cet officier, aussi instruit que brave, réunit toutes les conditions qui sont nécessaires à un commandant d'avant-garde" |
"Apercevoir l'ennemi et le charger n'a été qu'une même chose pour la cavalerie... Le colonel Montbrun s'est couvert de gloire (Bulletin de la Grande Armée - Braunau - 31 octobre 18105)"
Montbrun se signale, le 2 décembre 1805, à Austerliz, à la suite de laquelle il est cité à l’ordre et nommé général de brigade, le 24 décembre 1805.
Envoyé, le 18 janvier 1806, à Naples, pour combattre contre les insurgés de Calabre, il fait d’abord partie de la division Reynier, puis de la division Espagne. Mais il n’y reste que six mois. Il est en effet rappelé, le 1er septembre, pour prendre part à la campagne de Prusse. Il ne rejoint cependant la Grande Armée qu’apès Iéna. Chargé tout d’abord, le 1er septembre 1806, de commander. le mois suivant, la cavalerie légère du Ve corps, il prend la tête de la cavalerie wurtembergeoise, sous Vandamme. Puis il passe au IXe corps d’armée (Jérôme Bonaparte), en Silésie, le 3 novembre. Il est au siège de Breslau (décembre 1806-janvier 1807), au combat de Strehlen (23 décembre 1806).
Montbrun rejoint ensuite le Ve corps d’armée (Masséna), où il prend le commandement de la cavalerie légère. Il sera cité dans le Bulletin après le combat de Drenzewo.
Après la paix de Tilsitt, Montbrun reste en Pologne, puis en Allemagne. Le 17 mars 1808, il reçoit une rente annuelle de 4 000 francs, et, le 19 mars, il est fait baron de l’Empire.
Le 27 septembre 1808, Montbrun est nommé commandant de la cavalerie légère du Ier corps d’armée en Espagne (Victor), mais ce commandement est conservé au général Beaumont, car il reçoit, le 17 octobre, l’ordre de rejoindre Bayonne.
Le 30 novembre suivant, il est à Somo-Sierra. Sa participation à cette journée, tout comme sa participation à la guerre d’Espagne, est entourée d’un certain flou historique, mais il semble qu’il fut employé dans l’état-major de la réserve de cavalerie, et utilisé selon les circonstances. En tous les cas, ce n’est pas lui qui conduisit la célèbre charge des cavaliers polonais, contrairement à ce que l’on peut lire dans le 13e Bulletin de l’Armée d’Espagne, dans les Mémoires de Lejeune ou voir sur certaines illustrations.
« Montbrun, à la tête des lanciers polonais, gravit la montagne au galop, tomba sur les retranchements et sabra quelques canonniers sur leurs pièces; mais le désordre du terrain, joint à une salve de mitraille, renversa la tête de sa colonne et le forca à se retirer, pour raliier son monde hors de la portée du canon … » (Mémoires de Lejeune)
« Une charge que fit le général Montbrun, à la tête des chevau-légers polonais de la Garde, décida l’affaire, charge brillante s’il en fut, où ce régiment s’est couvert de gloire et a montré qu’il était digne de faire partie de la Garde impériale » (Bulletin de l’armée d’Espagne – 2 décembre 1808)
Le 23 janvier 1809, Montbrun est rappelé en France, où, le 1er mars, il se marie à une demoiselle de Morand – la fille du général Joseph Morand qui sera tué à Lunebourg, en 1813. Il est également nommé général de division, le 9 mars. Il passe alors à l’Armée d’Allemagne, où il reçoit le commandement de la 2e division de cavalerie légère de 4 000 cavaliers (sous Bessières). Le 14 avril il passe sous les ordres de Davout, et sera à Thann (19 avril), Schierling (22 avril), Eckmühl (22 avril).
« Le lendemain, nous joignîmes, au village de Daswang, le 13e 1éger avec lequel nous devions opérer. Nous y trouvâmes le général de division Montbrun, arrivant d’Espagne pour prendre le commandement de la division de cavalerie legére d’avant-garde, avec, pour aides de camp, les capitairies Guinard et Calon, et pour ofticier d’ordonnance, le lieutenant Waldner, du 11e Chasseurs, beau jeune homme d’une grande famille d’Alsace. Nous fumes d’autant plus satisfaits d’être sous les ordres de ce brave général qu’il jouissait à juste titre dans toute l’armee de la plus brillante réputation. » (D’Espinchal. Souvenirs militaires.)
Chargé de surveiller l’éventuelle arrivée de l’archiduc Jean, Montbrun est à Brück au moment des deux journées d’Essling (21-22 mai 1809), auxquelles, à son grand dam, il ne participe pas.
Il est ensuite envoyé renforcer l’armée du vice-roi d’Italie, le prince Eugène. Le 14 juin 1809, il est à la bataille de Raab, où il contribue largement au succès de la journée.
Durant les journées de Wagram (5/6 juillet 1809), la division de cavalerie légère de Montbrun (brigades Pajol et Jacquinot) sert dans le IIIe corps d’armée de Davout, à la droite du dispositif français.
« Peu d’instants après arriva le général Montbrun avec le 7e hussards; il venait reprendre le commandement de la division. En nous passant en revue, s’apercevant que les manteqaux étaient en bandoulière : « Allons, braves hussards du 5e, dit-il, montrez à l’ennemi toute la blancheur de votre belle pelisse, et placez moi vos manteaux sur les fontes des pistolets ». (Souvenirs militaires. D’Espinchal.)
La division Montbrun perd, durant cette journée, quatre-vingt hommes tués ou blessés, deux cent blessés et quatre cents chevaux tués ou blessés « ce qui vous prouvera, Monseigneur, que cette divisin a servi dans cette journée » (Montbrun à Davout). Le 9 juillet, Napoléon lui décerne la Couronne de Fer.
Montbrun est à Znaim lorsque l’armisitice est signé.
Mis en disponibilité le 1er avril 1810, Montbrun rentre à Paris où, le 17, il reçoit le commandement de la réserve de cavalerie de l’armée que Masséna commande au Portugal. Il a sous ses ordres les brigades Lorcet, Vavrois et Ornano (au total, un peu plus de 3 000 cavaliers). Il s’y distingue particulièrement, acquérant, d’après les témoins, une réputation à l’égale de celle des Lasalle, Milhaud et Colbert. Tel est le cas, en particulier, à Bussaco, le 27 septembre 1810, et à Fuentès-de-Onoro (5 mai 1810), où, au début de la bataille, il enfonce la première ligne anglaise (mais Masséna devra renoncer à la victoire). Il gagne là la Croix de Grand-officier de la Légion d’honneur.
« Le général Montbrun débuta par aborder avec une grande audace la ligne de cavalerie ennemie, qui s’était formée dans une petite plaine. en avant de Roso Bello; au premier choc, choc terrible, il la renversa complètement; celle-ci courut se rallier derrière une nombreuse infanterie qui occupait un bois auprès de ce village. Le général Montbrun commença alors à s’étendre par sa gauche afin de déborder et d’envelopper toute la droite ennemie. Ces mouvements s’exécutaient à la vue de l’armée avec une précision admirable et malgré les difficultés du terrain rocailleux. En moins d’une heure, la cavalerie avait déjà gagné plus d’une lieue sur la droite de l’ennemi, culbutant tout devant elle, cavalerie, infanterie et artillerie. « (Mémoires. Delagrave.)
L’expédition de Portugal ayant tourné court, Montbrun rentre en Espagne, où il tente de s’emparer d’Alicante, sans succès, et s’attirant même les sévères critiques de Suchet.
Rappelé en France le 9 janvier 1812, Montbrun prend la tête, le 15 février 1812, du 2e corps de réserve de cavalerie – divisions Sebastiani, Wathier, Defrance), sous les ordres de Murat, avec lequel il va participer à la première partie de la campagne de Russie.
Vainqueur à Swentsiany le 3 juillet, puis sur la Disna, le 5 juillet, Louis-Pierre Montbrun trouve la mort le 7 septembre 1812, durant la bataille de la Moskowa : jeté à bas de son cheval par un éclat d’obus qui lui transperse un rein, le commandant du 2e corps de cavalerie meurt dans l’après-midi. Il n’était âgé que de 42 ans.
« A quelques pas de là, notre brillant général de cavalerie Montbrun venait d’être emporté par un boulet. » (Mémoires. Lejeune.)
Lieux de mémoire
- On peut toujours voir la maison natale de Louis Montbrun, à Florensac, au 33-35 de la rue général Montbrun
Sources
- Ledru A. Montbrun, 1809. Paris, 1913
- Biographie universelle, ancienne et moderne. Vol. 29, p. 54. Paris.
- Fastes de la Légion d’honneur. Vol. 3, page 416. Paris, 1845.