Louis Nicolas Davout (1770 – 1823)
Duc d’Auerstaedt,

Prince d’Eckmühl
Maréchal de France
Pair de France
(1770 – 1823)
« le maréchal de fer »
« la bête »(en 1813 à Hambourg)
Laurent Sauerbach
Né à Annoux, (Yonne) le 10 mai 1770 dans une famille de modeste mais d’ancienne noblesse, le jeune Louis d’Avout perd son père alors qu’il n’a que 9 ans. Comme ses aïeux, il se lance dans le métier des armes et intègre l’École Royale militaire d’Auxerre puis, en 1785, l’École Royale militaire de Paris où vient de le précéder le jeune Napoléon Bonaparte. Il est ensuite affecté, le 2 février 1788, au régiment de Royal Champagne cavalerie comme sous-lieutenant. Très tôt influencé par les idées de la Révolution, il abandonne la particule de son nom et se fait remarquer par des prises de position qui lui valent quelques ennuis (il sera arrêté en 1790 puis en 1794). Promu lieutenant-colonel au 3ème Bataillon des volontaires de l’Yonne en septembre 1791, il se distingue par plusieurs belles actions ( prise de l’Hermitage de Peruwelz en octobre 1792, tentative d’interception du traître Dumouriez en avril 1793, opération de commando contre le moulin d’Esch en mars 1795). Général de Brigade en septembre 1794, il se lie d’amitié avec le Général Marceau puis, après la mort de celui-ci, avec le Général Desaix. C’est ce dernier qui le présente au Général Bonaparte le 22 mars 1798. Quelques semaines plus tard, Davout est donc de l’expédition d’Egypte où il a encore, plus d’une fois, l’occasion de se distinguer à la tête de sa brigade de cavalerie. Il revient en France le 6 mai 1800 avec Desaix, mais ne participe pas à la bataille de Marengo (14 juin) où son ami est tué en venant au secours du Premier Consul. Il ne rejoint l’Italie qu’au mois de juillet avec le grade de Général de Division . Son commandement de la cavalerie de l’Armée lui permet à nouveau quelques belles actions, notamment au passage du Mincio (25 décembre 1800). La paix de Lunéville ayant été signée, Davout est autorisé à rentrer à Paris. Il en profite pour se marier, le 9 novembre 1801, avec Aimée Leclerc, belle-sur de Pauline Bonaparte. Par cette union, il intègre donc le cercle familial du Premier Consul et c’est doute pourquoi il est nommé, quelques jours plus tard, Commandant des grenadier à pieds de la garde des consuls. Le 11 août 1802, Davout et son épouse achètent un domaine et un château à Savigny-sur-Orge (l’actuel lycée Corot).
L’année suivante, le général Davout reçoit le commandement du camp de Bruges, base du 3ème corps qui entrera bientôt dans la légende napoléonienne.
L’année 1804 est celle des honneurs. Le 19 mai, Davout est le plus jeune des promus au titre de maréchal de l’Empire. Il assiste bien entendu, le 2 décembre, aux cérémonies du sacre de l’Empereur.
Mais, en 1805, la guerre reprend. A la tête de son 3ème corps, le maréchal Davout franchit le Rhin le 26 septembre, culbute les Autrichiens à Mariazell (8 novembre), fait son entrée dans Vienne le 14 novembre avant de participer activement, après une longue marche forcée, au triomphe d’Austerlitz le 2 décembre. L’Autriche est vaincue.

La paix est de courte durée car ce sont bientôt les Prussiens qui prennent les armes. Davout va alors signer son plus beau fait d’armes. Alors que, le 14 octobre 1806, l’Empereur affronte à Iena l’avant-garde prussienne, le maréchal Davout et son seul 3ème corps (28.000 hommes) vont, le même jour à Auerstaedt, combattre 75.000 Prussiens sous le commandement du duc de Brunswick. Les divisions Morand, Friant et Gudin résistent d’abord à la poussée ennemie avant de contre-attaquer et de bousculer leurs adversaires qui s’enfuient en déroute. Cet exploit vaut à Davout et à ses hommes d’être autorisés par l’Empereur à pénétrer les premiers dans Berlin (25 octobre 1806). La guerre continue toutefois contre les Russes. Davout participe à la meurtrière bataille d’Eylau, mais pas à la victoire de Friedland. Le 15 juillet 1807, il est nommé Gouverneur général du Grand Duché de Varsovie. C’est là qu’il apprend, le 6 avril 1808, qu’il a été fait duc d’Auerstaedt par l’Empereur.
Mais ce sont maintenant les Autrichiens qui reprennent les armes. Le 3ème corps est à nouveau en première ligne. Grâce à son sens tactique, Davout est à l’origine de la victoire d’Eckmühl (22 avril 1809) et à la conclusion de celle de Wagram (6 juillet 1809). Sa valeur militaire est à nouveau mise à l’honneur par Napoléon qui le fait prince d’Eckmühl le 15 août 1809.
L’année 1810 est plus calme, en dépit du décès de sa mère, mais, ayant été nommé Gouverneur des villes hanséatiques, il doit s’installer à Hambourg au début 1811. Il gère cette province d’une main ferme, mais avec respect et probité, pendant 18 mois. Il profite de cette période pour organiser l’immense armée que Napoléon veut emmener à Moscou. Davout, cette fois à la tête du 1er corps, traverse le Niémen le 24 juin 1812 pour la plus terrible des campagnes. Les Russes reculent continuellement devant l’impressionnante Grande armée. Après de sévères combats à Mohilev et Smolensk, la grande bataille a enfin lieu autour du petit village de Borodino (5 septembre 1812). C’est un carnage. Davout est blessé puis son cheval est tué. Le champ de bataille reste aux troupes de l’Empereur mais, malgré de très lourdes pertes, l’armée russe a pu se replier en bon ordre. Si Napoléon parvient peu après à occuper Moscou, l’incendie de la ville et les frimas de l’hiver l’incitent à rebrousser chemin sans que le Tsar Alexandre ait cédé. La retraite s’effectue dans des conditions épouvantables. Le froid, la faim et les cosaques déciment les restes de la Grande armée. Davout est d’abord affecté à l’arrière-garde, mais l’Empereur lui reproche d’être trop lent et le remplace par le maréchal Ney. Il est vrai que le maréchal Berthier, qui le déteste, ne manque pas une occasion de dénigrer son collègue Davout. Le prince d’Eckmühl effectue une bonne partie du voyage retour à pieds, au milieu de ses hommes. Il franchit la Bérézina le 27 novembre et arrive à Smogorni le 5 décembre où Napoléon, malgré sa disgrâce prolongée, se montre amical avec lui.
A peine revenu de Russie, Davout se voit confier la mission de punir la rébellion de la ville d’Hambourg qui s’est soulevée contre l’autorité de l’Empire. Il arrive dans la ville le 31 mai 1813. Pendant une année entière, isolé de tout, sans aucune instruction, avec à peine 15.000 hommes, il va résister dans Hambourg aux armées russes de Bennigsen. Pour tenir, il organise la défense en expulsant des habitants, en saisissant l’or de la banque de Hambourg, en rasant des maisons et en maintenant une discipline de fer parmi les troupes d’occupation et à l’égard de la population. Cette résistance opiniâtre ne cessera que le 11 mai 1814 sur l’ordre du roi Louis XVIII, soit après que Napoléon eut abdiqué.

Rentré en France, Davout est accusé d’avoir rendu odieux le nom de Français à Hambourg et il doit se justifier en envoyant un mémoire au roi. Maintenu à l’écart par la monarchie restaurée, il sera le seul des maréchaux à ne pas avoir prêter serment au roi lorsque Napoléon reviendra de l’île d’Elbe.
Ayant rejoint l’Empereur aux Tuileries le 20 mars 1815, Davout accepte à contre cur le ministère de la guerre. Pendant les cent jours, il va parvenir à reconstituer une armée, mais cela ne suffira pas à éviter la défaite de Waterloo (18 juin). Face à la progression des troupes coalisées, la commission de gouvernement, qui s’est constituée après la seconde abdication de l’Empereur, confie toute l’armée au maréchal Davout. Celui-ci avait espéré pouvoir remporter une victoire qui aurait permis de négocier avec l’ennemi dans des conditions plus favorables ; mais les intrigues de Fouché ont raison des dernières illusions du prince d’Eckmühl et il doit signer la capitulation de Paris le 3 juillet 1815.
Dépité, il se retire sur ses terres de Savigny, mais il sort de sa retraite le 5 décembre 1815 pour aller témoigner au procès du maréchal Ney en faveur de son ancien compagnon d’armes. Cet acte courageux lui vaut d’être exilé pendant six mois à Louviers et d’être privé de ses titres et traitements. Il ne pourra les récupérer qu’en août 1817 avec son bâton de maréchal.
Nommé Pair de France en mars 1819, il continue de défendre l’honneur de l’armée. Il devient maire de Savigny-sur-Orge le 13 mars 1822 mais, très affecté par la mort de sa fille Joséphine, comtesse Vigier, il décède à Paris le 1er juin 1823. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise. Souvent décrié de son vivant pour son caractère « difficile », il est aujourd’hui reconnu pour avoir été l’un des meilleurs maréchaux du Premier Empire. De nombreuses biographies lui ont été consacrées (Blocqueville, Mazade, Vigier, Reichel, Hourtoulle, etc).

Il est à noter que son gendre Achille Vigier et son fils Louis Davout deviendront tous deux maires de Savigny-sur-Orge. Quant à la princesse d’Eckmühl, veuve du Maréchal, elle résidera à Savigny jusqu’à son décès en 1868 et contribuera grandement à l’essor de la ville, notamment en favorisant la création de la gare de chemin de fer.