Louis-Jean-Nicolas Abbé (1761-1834)

Louis-Jean-Nicolas Abbé
Louis-Jean-Nicolas Abbé

Louis-Jean-Nicolas, Abbé nait  le 28 août 1761, à Trépail (Marne). Il entre au service le 14 avril 1784, dans le régi­ment de Barrois (futur 9e d’infanterie). Ser­gent-major le 29 avril 1792, il fait la cam­pagne de cette année à l’armée des Alpes.

Envoyé à l’armée d’Italie, il y fait les guerres de 1793 à l’an VII inclusive­ment. Sous-lieutenant en septembre 1793, il se distingue à l’affaire de Limone, où il est blessé; lieutenant en l’an IV, il se signale de nouveau au pas­sage du Mincio le 20 thermidor, à la prise de Governolo, au combat de Castellaro où il est même encore blessé.

Le général Joubert
Le général Joubert

Le 16 février an VII, il surprend la ville de Novare, en Piémont, par un coup de main que lui-même a proposé au géné­ral en chef Joubert. Avec quelques grena­diers cachés dans deux voitures, et placé lui-même dans la première, il se fait ouvrir la porte comme envoyé extraordinaire au­près du roi par le général en chef. Arrivé en face du corps-de-garde, il se préci­pite sur le poste à la tête de ses grena­diers, s’empare des faisceaux d’armes et fait 20 prisonniers. Le général Victor, qui le suit de près avec des trouves, ar­rive immédiatement, s’empare de la ville et fait mettre bas les armes à une garnison de 1,200 hommes.

Le Directoire exécutif le nomme, le 23 de ce mois, capitaine au 8e dragons. Envoyé à Paris pour présenter au gou­vernement les drapeaux pris sur l’ennemi, il est nommé chef d’escadron et reçoit un sabre et des pistolets d’honneur.

Devenu aide-de-camp du général Le­clerc, il le suit à l’armée du Rhin en l’an VIII, à celle du Midi en l’an IX et à l’expédition de Saint-Domingue où il exerçe les fonctions de chef de brigade.

De retour en France,  il est confirmé dans ce grade et commande en Corse la 23° demi-brigade d’infanterie légère. Membre de la Légion d’honneur le 19 frimaire an XII, et officier, le 27 prairial suivant, il fait en Italie les campagnes de l’an XIV à 1809. Le 4 juillet 1806, à la bataille de Sainte-Euphémie (Calabre), il soutient et protége la retraite de l’armée. L’Empereur récompense sa bravoure et ses talents militaires par le grade de gé­néral de brigade, le 1er mars 1807.

Le 27 du même mois, le général Abbé bat complètement les Anglo-Siciliens à Milète ; il concourt à la prise du fort de Scylla et est nommé commandant de la Légion d’honneur.

En 1809 il se signale surtout aux ba­tailles de Sacile et de la Piave, au com­bat de Tarvis, au passage du pont de Karako qu’il emporte de vive force.

Envoyé en Espagne en 1810 et em­ployé au 3e corps sous les ordres de Suchet, il coopéra à la prise de Lérida.

Le 8 juillet, à la tête de 1800 hommes, il bat complètement 3,000 Espagnols commandés par O’Donnel. Après s’être signalé dans toutes les occasions et no­tamment au siège de Tortose, en décem­bre 1810, il est créé baron de l’Empire en janvier 1811.

Au siège de Saragosse ; il se couvre de gloire au dernier assaut, enlève de vive force le Montserrat, est nommé gé­néral de division le 31 juillet et va commander en Navarre sous les ordres du général comte Reille.

En août 1812, il fait perdre dans une rencontre plus de 800 hommes à Mina, et pendant près d’un an qu’il combat ce chef, il lui fait éprouver des pertes consi­dérables.

Rentré en France à la suite de la ba­taille de Vittoria, il commanda la 3e di­vision sous les ordres du duc de Dalmatie, fait des prodiges de valeur à la ba­taille de Saint-Pierre d’Irube ; renfermé dans Bayonne avec sa division, il com­mande une sortie le 14 avril 1814 et tue 3,000 hommes aux Anglais.

Après l’abdication, il envoie son adhé­sion au nouveau gouvernement. Louis XVIII le nomme chevalier de Saint-Louis le 19 juillet, et lui confie le 15 janvier 1815 le commandement de la 2e subdivi­sion de la 8e division militaire (Toulon). Informé le 2 mars du débarquement de l’Empereur, il communique cette no­velle au maréchal prince d’Essling, gou­verneur de la 8e division qui se trouve à Marseille , et prend, de concert avec les autres autorités, toutes les mesures com­mandées par la circonstance.

Le duc d’Angoulême, arrivé à Toulon, approuve ce qu’avait fait le général Abbé pour l’or­dre et la discipline. Le 4 avril, arrivé à Cannes avec un seul aide-de-camp, il est arrêté par la population en armes. Mis en liberté peu de jours après , il apprend à Toulon le changement de gouverne­ment.

Le 23 avril il reçoit ordre de l’Empe­reur d’aller prendre à Belfort le com­mandement de la 18° division militaire , sous les ordres du général Lecourbe.

Le général Lecourbe
Le général Lecourbe

Le 26 juin, avec une division de 2,600 hommes il repousse les Autrichiens sur tous les points ; mais se reconnaissant trop inférieur en nombre , il fait une re­traite habile, tenant  constamment les Autrichiens en échec, défendant chaque position, chaque défilé et leur tuant beau­coup de monde.

Le général Abbé, licencié le 2 septem­bre 1815, est mis à la retraite le Ier jan­vier 1816.

Rentré dans la vie civile , il vivra de sa modique pension à Chalons-sur-Marne.

En août 1830, il est nommé commandant de la garde nationale de Châlons , mais ses infirmités le forcent à y re­noncer.

Placé dans le cadre de réserve de l’é­tat-major général en février 1831, il est de nouveau admis à la retraite le 1er mai 1832, et meurt à Châlons, le 9 avril 1834.