Lettres de Joubert – 9 août 1796

Vérone, le 9 août 1796

Le 16 thermidor j’étais à Brescia, j’allais me mettre au lit. Une ordonnance arrive:

« Partez, bien portant ou malade, m’écrivait le chef de l’état-major, pour Castiglione; soyez-y arrivé avant six heures du soir. »

Deux généraux avaient été tués le 16; il devait y avoir bataille le 18; on voulait que je les remplaçasse. J’arrivai à l’heure indiquée:

« Voilà Joubert, dit un des aides-de-camp du général en chef, c’est un bon augure pour la journée de demain. – Il faut encore que tu donnes un coup de collier, me dit Bonaparte, et nous nous reposerons ensuite. »

Je l’ai vivement donné ce coup de collier; je suis à présent à Vérone, ruiné; tous mes équipages sont perdus; malade, jamais je ne fus si épuisé. Mon frère court dépenser 30 louis  qui nous restaient, pour nous refaire un porte-manteau. Cependant Bonaparte m’a promis de faire en sorte que je fusse remboursé. Au reste, mon père, j’attends la paix après un aussi grand événement, et j’espère vous embrasser bientôt.