Lettres de Joubert – 10 avril 1797

Saxembourg en Carinthie, le 10 avril 1797


Je suis sorti vainqueur du Tyrol. On aura peut-être fait courir le bruit que j’y ai succombé avec toutes mes troupes, parce que j’ai interrompu de suite toutes mes communications avec Trente, et que, laissant un corps ennemi derrière moi, je me suis jeté au milieu des gorges, à travers une multitude de paysans armés, pour forcer les passages et faire ma jonction avec le général Bonaparte qui est aux portes de Vienne. Mon projet a réussi; je fais à présent l’arrière-garde; j’espère bientôt faire une aile de son armée. Pendant vingt-quatre heures je me suis vu sous le fer homicide des Tyroliens levés en masse, et pendant une marche de vingt lieues, dans les pays les plus terribles, je les ai contenus. Ma marche est quelque chose d’extraordinaire; avec Bonaparte peut-on faire autre chose? Puissent tant d’efforts héroïques nous amener la paix!…