HOFF – 06.02.1807
Le 06 février, l’avant garde du IV° corps arrive au contact de l’arrière garde de Benningsen.
Le prince Murat, arrivé en face de cette position, ne juge pas à propos d’attendre l’infanterie du Maréchal Soult. Surestimant ses forces, il décide d’attaquer la position des Russes. Il envoie les 10e Chasseurs et 3e Hussards.
Nous passâmes un défilé par quatre et la mitraille commença à jouer, sans cependant atteindre personne. Nous parvînmes à contourner les pièces et à les faire abandonner par les canonniers ; mais la cavalerie qui les protégeait se présenta et on laissa les pièces pour tomber sur elle. Cela s’exécuta dans le meilleur ordre, mais commençant à être engagés, des cosaques se présentèrent et nous chargèrent au flanc. Ne nous trouvant pas secondés par d’autres troupes, nous fumes obligés de faire retraiter, non au pas, mais au grand galop. L’ennemi alors, profitant de notre grand désordre, nous ramena tambour battant jusqu’au défilé qui était un fossé de douze pieds de large et six de profondeur, rempli d’eau et où la moitié du régiment fut précipitée. Ils nous tuèrent et blessèrent beaucoup de monde, mais en revanche ils en ont laissé aussi sur le carreau !. On fit avancer deux régiments de dragons, mais, déjà effrayés de la petite déroute que reçut le régiment, on ne put parvenir à les faire charger. (lettres et souvenirs d’un officier de cavalerie légère J.J. Zichel).
Force fut à Murat d’interrompre le combat et d’attendre l’infanterie de l’avant garde qu’on alla quérir au galop.
En arrivant devant Hoff, le Commandant Hulot lance ses Tirailleurs du Pô contre le 5e Régiment de Chasseurs Russes (3 bataillons) qui, après un court arrêt marche résolument en avant le débordant sur sa droite. Le Commandant Morandini arrive sur ces entrefaites, à la tête des Tirailleurs Corses, il reçoit l’ordre de marcher sur le bois déjà occupé par l’ennemi. Les Corses se dirigent rapidement sur la position, mais devant ce mouvement, Barclay envoie au devant d’eux six bataillons d’infanterie et une batterie d’artillerie volante. Les compagnies reçues à coup de mitraille sont contraintes au repli, elles sont alors poursuivies par l’ennemi. Courant le risque d’être encerclées par un ennemi vingt fois supérieur en nombre.. la situation des Tirailleurs Corses et des Tirailleurs du Pô devient inquiétante. Pour les dégager, Murat, lance les dragons de Colbert.
A ce moment fort heureusement un brave chef d’escadron charge vigoureusement et à fond l’infanterie ennemie de notre droite et nous dégage. Le combat se trouve ainsi rétabli en notre faveur. Tout mon bataillon était alors déployé en tirailleurs, moins une compagnie de garde au drapeau, lorsque tout à coup, je vois arriver au galop en face de nous plusieurs escadrons de cavalerie Russe. Par bonheur cette cavalerie était encore à distance, j’avais encore une minute devant moi, et j’en profitai pour faire battre le rappel, rallier mes braves enfants autour de moi, leur recommandant de ne tirer qu’au nez des chevaux, commander au premier rang : Croisez la baïonnette et aux autres apprêtez vos armes. La charge arrive à moins de vingt pas et nous tourne le dos, le premier rang à ce moment ouvre le feu et abat quelques cavaliers, mais les autres conservent le feu ». (Hulot)
De son côté, le Commandant Morandini avait eu le temps de mettre les Corses en colonne de division à distance de peloton et formés en carré, avait vigoureusement refoulé la charge.
Que s’était il passé ? Après avoir culbuté toute la cavalerie qu’ils avaient en face, les dragons de Colbert étaient parvenus à s’emparer de quatre pièces d’artillerie, mais là, arrêtés par le feu de trois régiments d’infanterie, ils avaient du céder et la cavalerie ennemie avait eu le temps de se ressaisir et les ramena, puis ne trouvant plus d’obstacle devant elle, chargea les Tirailleurs.
Cette charge, fut bravement repoussée mais notre situation n’en restait pas moins périlleuse, en effet, les Tirailleurs Corses et les Tirailleurs du Pô se trouvaient séparés par un intervalle de plus de 600 mètres et risquaient d’être culbutés.
Pour gagner du temps, Murat lance trois régiments de cavalerie , ils seront ramenés, mais ceci permit au Général Legrand d’atteindre le champ de bataille avec son 26e Léger. Ce régiment se couvre de gloire sous un feu horrible qui le décime, il résiste, et donne aux autres régiments le temps d’arriver. Les Russes sont alors culbutés. Hoff est abandonné et Barclay se reforme à la sortie du village, où il vient de recevoir un renfort de 9 bataillons. Il remet ses troupes en ligne de bataille, prêt à lancer un nouvel assaut. Mais ….les Cuirassiers d’Hautpoul débouchent de Hoff et fondent avec une telle rapidité sur la ligne Russe qu’ils la couchèrent littéralement par terre.
Il y eut en ce moment une véritable boucherie, les cuirassiers, furieux des pertes que leurs camarades Hussards et Dragons venaient d’éprouver, exterminèrent presque entièrement les bataillons Russes !. Tout fut tué ou pris. Le champ de bataille faisait horreur.
L’Empereur, pour témoigner sa satisfaction aux cuirassiers, ayant embrassé son général en présence de toute la division, d’Hautpoul s’écria : Pour me montrer digne d’un tel honneur, il faut que je me fasse tuer pour votre majesté !. Il tint parole ; le lendemain il mourrait sur le champ de bataille d’Eylau. Quelle époque et quels hommes». (Hulot).
Tel fut le combat de Hoff, commencé à deux heures de l’après midi, il ne cessa qu’à la nuit. La division Legrand avait glorieusement combattu, mais durement souffert. Tous les officiers d’état major étaient blessés, les Commandants Hulot et Morandini avaient eu leurs chevaux tués sous eux. Les Bataillons Corse et Piémontais avaient repoussé quatre charges, tenus en échec plus de 10.000 Russes. A la nuit close, le Maréchal Soult établit l’infanterie légère en avant de Hoff pour couvrir la cavalerie de Murat qui avait besoin de se reposer et de nourrir ses chevaux.
Cette bataille coûtera à l’arrière garde Russe, 2.000 hommes hors de combat, 800 prisonniers, 4 drapeaux et 9 pièces d’artillerie. Sur la campagne recouverte de neige, la lune brillait de tout son éclat, après avoir jeté des petits postes en avant de son bivouac, le Commandant Morandini s’efforce de rétablir l’ordre dans son bataillon, on fait l’appel, on remplace provisoirement les gradés blessés ou tués. On fait rôtir quelques pommes de terre et serrés autour d’un feu péniblement allumés, les Tirailleurs Corses prennent enfin un instant de repos.