Tout à coup le bruit de la canonnade lointaine se fait entendre … la bataille d’Iéna était engagée. Dès ce moment on marche au canon. Les bataillons pressent le pas, sous le regard impatient des officiers qui font serrer les traînards. Le Major d’Ornano est partout galopant de la tête à la queue des ses Tirailleurs. Morandini les électrise : « Allons ! Soldats, la bataille ne peut se faire sans nous. »
Et pourtant malgré tous ses efforts, la 3ème division ne put arriver à temps pour moissonner les lauriers que glanèrent le IV° Corps et la Grande Armée dans cette immortelle journée.
Plus fatigués que s’ils avaient combattu, les hommes de la 3e division s’installèrent à Ulrichshalben. Ils avaient parcouru 82 km en 32 heures consécutives, dont 5 ou 6 seulement de repos. En 7 jours, les Tirailleurs Corses avaient couvert 216 km, pris deux fois les avant postes, et tout ceci par un temps épouvantable.
L’armée prussienne était vaincue, mais non détruite, et dans la retraite précipitée qui suivit la bataille d’Iéna, elle se divisa. Une partie se porta sur Berlin, pour couvrir la capitale et Blücher avec un corps de 30 000 hommes descendit l’Elbe pour attirer la Grande Armée et dégager Berlin.
Le maréchal Soult fut chargé de sa poursuite. Instruit qu’une colonne ennemie dans laquelle se trouvait le Roi de Prusse était à Gross-Sömmern, à la pointe du jour, la poursuite commença. L’Infanterie Légère de la 3ème division, toujours en avant arriva à Gross-Sömmern, lorsque les Prussiens en sortaient précipitamment, laissant entre nos mains de nombreux canons et bagages.
Le mouvement repris avec une activité incroyable, à 4 heures, le général Legrand, attaque la position de Creussen. Les Tirailleurs Corses et les Tirailleurs du Pô chargent l’ennemi à l’entrée de la ville et forcent la position, s’emparent des équipages et font 300 prisonniers. Ces braves soldats ne s’arrêtent qu’à la nuit tombante ayant fait plus de 40 km dans la journée.
Le 17 octobre, à la pointe du jour, la division lève le bivouac et se dirige sur Nordhausen. Elle y rencontre les Prussiens en position, immédiatement le Général Legrand lance sa brigade légère en avant, tandis que sa brigade de ligne est chargée de tourner la ville. Les Tirailleurs Corses et les Tirailleurs du Pô chargent avec intrépidité, et renversent tout devant eux. Ils ne purent cependant faire que 300 prisonniers et prendre 3 pièces de canon qui étaient en batterie et n’avaient cessé de faire le feu le plus vif. La nuit vint encore sauver l’ennemi.
A Nordhausen, on trouva des magasins considérables tant en pain, qu’en farine ou en fourrage, et une caisse du Roi de Prusse remplie d’argent. Les Français avait une cinquantaine d’hommes et 4 officiers hors de combat.
Le 18 octobre, les troupes se remettent en route et par étapes serrant de près l’ennemi, elles traversent le 19 Quedlinburg, serrant toujours de plus près l ‘ennemi, elles lui font encore plus de 100 prisonniers.
Le 20 octobre, on cantonne à Grappenstadt. Le 21 octobre, marche sur Magdeburg.
La 3e division arrivant devant la ville au moment où l’arrière garde du général Kalkreuth du corps de Blücher allait y entrer. Cette troupe fut obligée de se jeter dans un camp retranché en dehors des murs. Après trois engagements sérieux le 18ème de ligne, réuni aux Tirailleurs Corses et ceux du Pô, la força à mettre bas les armes. Cette affaire fut menée très brusquement, toute résistance depuis la victoire d’Iéna irritait les soldats et même les généraux. (Comte de Persan).
La division Legrand, installée à Olvenstadt fut chargée de bloquer Magdeburg. Sept compagnies, de Tirailleurs Corses et les Tirailleurs du Pô prennent position à Wolmirstadt, les deux autres compagnies Corses sont envoyées à Glindenberg.

Dans la nuit du 24 octobre, la 3e division relevée devant Magdeburg par le Corps de NEY, se remet en marche, et va venir s’installer à Stendal, pendant que les deux compagnies de Tirailleurs Corses s’embarquent sur l’Elbe pour couvrir la compagnie de pontonniers, protéger la navigation sur le fleuve, et surtout ramasser les bateaux, radeaux ou nacelles, ainsi que tous les matériels et agrès nécessaires au corps d’armée. Ce petit détachement commandé par le lieutenant d’artillerie Lavilette, de l’état major du général Lariboisiere, descendit l’Elbe jusqu’à Tangermünde ramenant avec lui une véritable flottille.
Le 28 octobre, les Tirailleurs Corses regroupés passent l’Elbe dans les embarcations ramenées à cet effet, puis se dirigeaient vers Zechlin.
Le 31 octobre, ils y couchent.
Malgré la diligence du maréchal Soult, et l’empressement qu’avaient su montrer les Tirailleurs Corses pour accomplir leur mission, le duc de Weimar avait réussi à passer l’Elbe à Havelsberg.
Le 1er novembre à l’aube, le IV° corps se remet en marche et se dirige vers Mizow, où l’on apprend que le duc de Weimar s’était rallié à Speck et que son arrière garde se trouvait aux prises avec notre cavalerie à Wahren. La division d’infanterie presse le pas et vient bivouaquer à Wahren après avoir parcouru 12 lieues (48 km) dans un chemin encaissé et sablonneux.
Le 2 et le 3 novembre, la poursuite des Prussiens en déroute continue, acharnée.
« Les Prussiens reculaient toujours abandonnant caissons et canons, pour se sauver plus lestement, ils couraient comme des lapins ! c’était plaisir de les voir…(lettre d’un officier de cavalerie légère – Sabretache n° 1007).
Notre cavalerie fait tous les jours des prisonniers, et l’on sent que le moment décisif approche… Soult s’attend à un combat général.
Le maréchal se flatte que dans la journée de demain, il n’y aura pas un seul homme qui reste en arrière, ni s’écarte de la colonne, il espère même qu’au premier coup de canon qui sera tiré ceux que les fatigues ont empêché de rejoindre seront de suite à leur drapeau . (ordres de Soult du 3 novembre)
Mais l’ennemi reste hors de portée par une fuite incessante et rapide, chaque jour nous ramène quelques prisonniers ou quelque matériel abandonné par l’ennemi, mais le gros de ses forces recule toujours. Talonnés par notre cavalerie, ils avaient réussi à rejoindre Lübeck et commençaient déjà à fortifier la ville.
Le 6 novembre les marches continuelles et harassantes s’arrêtent. Enfin le IV° corps qui avait longé la rive gauche du lac de Ratzeburg prenait position à 10 heures devant la ville de Lübeck, en face de la pente de Mulhen, Tirailleurs Corses et Tirailleurs du Pô se déploient prêts à l’attaque. Les marches fatigantes sont oubliées, les estomacs se resserrent, la faim est neutralisée. On va en découdre avec le Prussien.
L’infanterie Prussienne, appuyée d’une artillerie nombreuses et bien servie, occupait les remparts de la ville, remparts de terre et de gazon, mais d’un accès difficile et protégé de fossés plein d’eau. (Saint-Chamans)