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L’empereur détrôné. 35 caricatures francaises (1813-1814)

Le diable l’emporte !

Souhait de la France.

Une des rares caricatures s’inspirant et parodiant le grand art. Les auteurs se sont en effet inspirés de la figure d’Ugolin, telle que Michel-Ange l’a peinte sur la fresque de l’autel de la Chapelle Sixtine, en puisant dans « l’Enfer » de la Divine Comédie de Dante. Ugolin/Napoléon est donc entraîné aux Enfers par un diable, thème très courant à la fin de l’Empire.

L’œuvre prend ainsi une dimension cosmique, puisque l’Empereur fut aussi assimilé à l’Antéchrist ou à l’ange exterminateur annoncé par Saint Jean dans l’Apocalypse et éliminé avant la restauration définitive de la foi.

Le coup de peigne

ou

La toilette avant le départ pour Sainte-Hélène

(Saint-Phal – 1815)

Napoléon est ici assis sur la côte d’Angleterre, le bicorne à la main.. Wellington le tient par l’épaule, tenant dans sa main droite un fer à friser pour le préparer avant son départ (on voit un bateau dans le lointain).

L’anglais : »L’on te disait né coiffé (chanceux) cependant tu viens de recevoir  un fameux coup de peigne (ne viens-tu pas d’être corrigé  d’importance ?) »

Napoléon : « J’en conviens, je suis un homme rasé (brisé) ! Mais après m’avoir fait la barge (désappointé) , je ne veux pas passer au fer (être emprisonné) »

Le « coup de peigne » est évidemment la décision d’exiler Napoléon à Sainte-Hélène.

Der Rheinische Courier

verliert auf der Heimreise von der Leipziger Messe alles

(Le Courier Rhénan perdant tout lors de son retour au pays)

(Anonyme – 1813/1814)

Le « Courier Rhénan » était également le titre d’un journal de l’époque. Napoléon, Protecteur de la Confédération du Rhin est appelé ici, par dérision le « Courrier du Rhin ».

Après la défaite de Leipzig, les Français entamèrent leur retraite et, grâce à la lenteur des Alliés, Napoléon put rester jusqu’en novembre à Mayence : ce qui explique la silhouette de la ville dans le fond.

Il tient le sceptre de Charlemagne.

Les cartes et les images qui tombent de la sacoche du Courrier, portent les noms des villes et des provinces qui furent soumises au pouvoir napoléonien et dont le sort sera plus ou moins réglé par le Congrès de Vienne.

Le petit arbuste en bas à gauche peut bien être un laurier, qui serait alors une sorte de pressentiment des victoires que Napoléon va encore remporter durant la campagne de 1814.

Il y eut de nombreuses versions de cette caricature, dont le modèle original, qui date de 1813, est allemand. Elles parurent également en Italie et en Angleterre.

Le Rasoir anglais

(Lacroix – 1815 )

Napoléon : Messieurs, avec quel rasoir me faites vous la barbe ?

Wellington : Sire, avec un rasoir anglais !

Il y a ici évidemment un jeu de mot sur « Faire la barbe » à quelqu’un, « tourner une personne en dérision ». La mine souffrante, l’empereur déchu est assis à côté d’une coiffeuse, une serviette nouée autour du cou. Il tient lui-même la cuvette. Le prussien Blücher lui tient la joue, et l’anglais Wellington le crâne.

Grand nettoyage pour la rentrée du Roi

(Blondeau – 1815)

Près d’une bouche d’égout, trois balayeurs parisiens trouvent l’empereur allongé sur de gros pavés, parmi les ordures. Un pot de chambre, rempli de violettes (symbole du retour de l’île d’Elbe) est posé à ses cotés. Deux des employés ramassent « la saleté » avec leurs pelles, pour la mettre dans la charrette : il faut que Paris soit propre pour le retour du roi.

Le serrement de nez (le serment de Ney)

Je jure que ça sent la violette !

(Lacroix – 1815)

Jeu de mot scatologique, faisant allusion, au serment du Champ-de-Mai (1er juin 1815) et, bien évidemment, à la promesse de Ney à Louis XVIII de ramener Napoléon dans une cage de fer suivi de son ralliement à l’Empereur.

Napoléon se tient sur un escabeau rococo et tient un étendard, surmonté d’une aigle misérable, portant l’inscription « Champ de Mai ». Il s’est déculotté devant le maréchal, tout en jurant de sa main gauche.

Nicolas dansant l’Anglaise

(Anonyme – 1815)

Le perdant de la bataille de Waterloo doit « obéir à la baguette anglaise ». Vêtu d’une tunique rouge, un Anglais replet bat la mesure dans la fosse d’orchestre. Il est accompagné – à gauche, à la contrebasse – par un autrichien maigre – François Ier – et – à droite, au violon – par un russe portant un plumet – Alexandre Ier ; tout à droite, un prussien coiffé d’un bonnet de la landwehr – Frédéric-Guillaume III – joue d’un instrument à vent.

Face au spectateur, Napoléon exécute une « Anglaise », contredanse populaire à l’époque.

Le caricaturiste fait ici foi à une légende alors largement colportée, qui voulait que Napoléon se soit d’abord prénommé Nicolas.

Ce que l’on retrouve dans « L’Aiglon » d’Edmond Rostand (acte IV, scène 14) :

Tiburce :

Il ne s’appelait pas.,d’ailleurs, Napoléon (…)
Il s’est fabriqué ce nom, c’est très facile !
On veut se faire un nom magnifique !
(…)
Il s’appelait Nicolas ! »

La Parade.

Le sujet ici est le retour de Napoléon de l’île d’Elbe. Un officier qui lance l’ordre  » Faire un trou à la Lune ! » est un soldat des Bourbons. L’expression signifie aussi « Décampez ! », et fait allusion à la rapidité avec laquelle Louis XVIII, sa famille et la cour s’échappent de Paris pour se mettre à l’abri. Derrière l’officier, des soldats de Napoléon, remplis de joie, crient « Vive le troublion ! »

A droite, les généraux, unanimes, s’exclament : nous attaquerons le retour »

Un chien tire un cercueil, portant l’inscription « Équipage militaire », allusion sarcastique aux nombreux morts que la guerre qui s’annonce vont coûter. Le « Corps de Réserve » doit être également pris dans cette allusion.

Dans le fond, un soldat de la Révolution, dont la présence peut prêter à différentes interprétations. Attend-t-il le retour de cette Révolution ? Laisse-t-il entendre que seule une guerre civile déterminera pour qui combattre ?