
‘Très brave, il eut été un excellent maréchal de France ; il avait reçu de la nature toutes les qualités nécessaire pour être un excellent général…’, Napoléon à Montholon – Sainte-Hélène, 1819.
Claude-Charles Lecourbe naît le 22 février 1759, à Ruffey-sur-Seille, dans le Jura. Il est le fils d’un officier [1]Mais on lit dans Fastes de la Légion d’Honneur que son père était homme de loi. En tous les cas, ses origines sont assez compliquées, comme l’explique le chanoine Rossignol dans une … Continue reading
Ses études, il les fait aux collèges de Poligny et de Lons-le-Saulnier, sans résultats vraiment brillants.
Il s’engage en 1777 dans le régiment Aquitaine-Infanterie (futur 35e de ligne), où il reste jusqu’en 1785, cinq ans après avoir été nommé caporal. Une carrière décidemment laborieuse, qui incite le jeune homme à quitter l’armée.
La Révolution arrivant [2]Lecourbe représentera son département à la Fête de la Fédération., Lecourbe est nommé, avec le grade de capitaine, commandant de la garde nationale de son canton et, en novembre 1791, est élu chef du 7e bataillon (8e compagnie) de volontaires du Jura, avec lequel il participe aux campagnes de 1792 et 1793, à l’Armée du Rhin et Nord. Il est Hondschoote (6-8 septembre 1793) [3]Il est légèrement blessé à la jambe. et à Wattignies (15-16 octobre 1793), où il remplit les fonctions de chef de brigade.
En 1794, alors qu’il est envoyé en Vendée [4]L’Armée du Nord envoie 15 000 hommes de renfort en Vendée, commandés par le Représentant Duquesnoy., il est, sur dénonciation calomnieuse de « modérantisme », arrêté le 7 décembre et traduit devant une commission militaire de Nantes, qui prononce son acquittement à l’unanimité, le 13 avril. Il est alors affecté, le 20 mai, à l’Armée de la Moselle et le 12 juin 1794, il est promu général de brigade à titre provisoire.
Quatre jours plus tard, Lecourbe se distingue à Fleurus (26 juin 1794) [5]La brigade Lecourbe fait partie de l’aile droite française, sous Marceau., résistant avec ses seuls bataillons à18000 Autrichiens, puis participe à la conquête de la Hollande. Du 5 avril au 7 juin 1795, sous les ordres du général de division Montaigu, il est au siège de Luxembourg. Le 13 juin 1795, la place tombe, et il voit son grade de général de brigade confirmé. Il passe à l’Armée de Sambre et Meuse, puis, le 28 juillet à l’Armée du Rhin et Moselle. Il couvre la retraite, après la capitulation de Mayence, au mois d’octobre.

En mars 1796, Moreau remplace Pichegru à la tête de l’Armée de Rhin et Moselle et réorganise son armée en avril. Un moment suspendu de son grade sans doute en raison des soupçons qui pèsent sur lui du fait de ses relations avec Pichegru, il est à son poste. Le 5 juillet 1796, il est à l’affaire de Rastatt, que l’armée de Jourdan remporte sur l’archiduc Charles. Il se distingue encore le 21 juillet à Elingen et Cannstadt, le 8 août, à Gundelfingen, et le 11 du même mois à la bataille de Neresheim. .
A la fin de 1796, Lecourbe participe à la défense de Kehl, assiégé par l’archiduc Charles, notamment lors de l’affaire de l’île d’Ehrlenheim, où il fait preuve d’une très grande bravoure.
L’année suivante, Lecourbe sert à l’Armée d’Allemagne (sous Joubert), puis à l’Armée d’Angleterre (janvier-avril1798)

Le 13 novembre 1798, Lecourbe est envoyé à l’Armée d’Helvétie, dont Masséna prend le commandement à partir du 9 décembre. Il est nommé le 5 février 1799 général de division, et chargé, au début du mois de mars, à la tête de l’aile droite, d’opérer en Engadine et Valteline.[6]Cela comprend la haute vallée de l’Inn, les Grisons, la vallée de l’Adda et le nord du lac de Côme. Il s’empare notamment du défilé de Finstermunz, prenant à l’ennemi 1,300 prisonniers et 2 pièces de canon. Il entre ensuite dans l’Engadine. Vainqueur à Martinsbruck (13 mars 1799) il prend Schuls [7]Nouvelle blessure, cette fois au bras (25 mars 1799) mais doit ensuite se replier sur la Haute-Engadine à la suite du recul de l’Armée d’Helvétie (fin mars 1799) [8]Défaite de Jourdan à Stockach. Il évacue le pays en repoussant les attaques de l’ennemi à Remus (22 avril) et à Zernetz (30 avril) et se retire finalement derrière la Reuss.
Nommé le 25 septembre 1799 provisoirement commandant en chef de l’Armée du Rhin (à la place de Moreau), Lecourbe franchit le Rhin le 28 octobre et s’empare d’Heilbronn et de Pforzheim, 31 octobre. Mais il connaît la défaite à Wisloch, 2-3 décembre 1799.
Lecourbe quitte alors le commandement de l’Armée du Rhin [9]Lecourbe a transmis volontairement son commandement à Moreau (5 décembre) et prend le commandement de l’aile droite de la nouvelle Armée du Rhin, 12 décembre. Il force le passage entre Bâle et Schaffhouse (29 avril 1800), s’empare du Fort de Hohentweil (2 mai 1800). Le 3 mai 1800, il est vainqueur à Stockach, le 5 mai à Mösskirch. Il s’empare de Memingen le 10 mai, occupe Augsburg le 28 mai. Il est de nouveau victorieux à Hochstaedt, le 19 juin 1800. Il s’empare ensuite de Donauwörth, et est par deux fois vainqueur : à Nordlingen (23 juin) et à Neuburg (27 juin 1800).

Chargé de maintenir les communications avec l’Armée d’Italie par le Vorarlberg et les Grisons, Lecourbe s’empare de Füssen le 10 juillet et de Feldkirchle 13. Il prend alors deux mois de congé, à l’issue duquel il revient à son commandement. Le 1er décembre, il s’empare de Rosenheim. Au moment d’Hohenlinden (3 décembre) il commande le 1er corps de l’Armée du Rhin (aile droite de l’armée de Moreau) mais ne prend pas part à la bataille. Le 12, il est victorieux à Salzburg (combat de Walsee) s’empare de cette ville (14 décembre), est enfin vainqueur à Kremsmünster (20 décembre 1800). L’armistice du 25 décembre 1800 met un terme à cette brillante campagne.
Ses relations avec Moreau lui valent la déconsidération de Bonaparte. Il s’en suivra une longue période d’inactivité, après sa destitution le 10 septembre 1805, suivie d’un exil dans le Jura.
Durant la Première Restauration, Louis XVIII le nomme grand officier de la Légion d’honneur et comte. Le 15 avril 1814, quelques jours après l’abdication de Napoléon, le comte d’Artois le rappelle et le 3 janvier 1815, il redevient inspecteur général d’infanterie dans la 6e division militaire de Besançon.
Au moment du retour de l’île d’Elbe, Lecourbe refuse d’abord de se rallier, puis offre ses services à Napoléon, pour « défendre la France menacée». Il reçoit, dès le 27 mars, le commandement de la 18e division militaire et est fait comte de l’Empire le 3 avril 1815. Le 16 avril, il est nommé commandant en chef du Corps d’Observation du Jura (plus tard le VIIIe Corps). Peu avant la campagne de Belgique, il est fait pair de France, le 2 juin 1815. Il va déployer un grand zèle dans l’accomplissement de sa tâche, qui est de défendre les issues de la Suisse et de la Franche-Comté. C’est notamment le cas à Foussemagne (30 juin), Bourogne, Chévremont (2 juillet) et Bavilliers (8 juillet), où il signe un armistice avec le général autrichien Colloredo, le 11 juillet 1815.
Après la 2e abdication de Napoléon, Lecourbe se rallie à Louis XVIII, le 23 juillet 1815. Le 4 septembre, il est réadmis à la retraite. Mais sa santé, fortement ébranlée par les fatigues des derniers mois, se dégrade rapidement et il meurt à Belfort, le 22 octobre 1815. [10]Les Fastes etc. indique le 23.
LES LIEUX DE MÉMOIRE
- Une statue du général Lecourbe, oeuvre du sculpteur Etex, se trouve à Lons-le-Saunier, place de la Liberté
- La tombe de Lecourbe se trouve à Ruffey-sur-Seille – sa ville natale (à 15 km de Lons-le-Saunier). Elle est située le long du mur de l’église.
- Dans le même village, la mairie est l’ancien château que Lecourbe se fit construire, durant sa disgrâce et où il habita de 1806 à 1813.
- La maison où mourut Lecourbe se trouve à Belfort, au 18 de la Grande-Rue. Dans cette même ville, place de la République, on peut voir la statue du défenseur de la ville, en 1815.
![]() Plaque commémorative | ![]() L’église de Ruffey-sur-Seille | ![]() La statue de Lecourbe à Belfort
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References[+]
↑1 | Mais on lit dans Fastes de la Légion d’Honneur que son père était homme de loi. En tous les cas, ses origines sont assez compliquées, comme l’explique le chanoine Rossignol dans une biographie de 1909 |
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↑2 | Lecourbe représentera son département à la Fête de la Fédération. |
↑3 | Il est légèrement blessé à la jambe. |
↑4 | L’Armée du Nord envoie 15 000 hommes de renfort en Vendée, commandés par le Représentant Duquesnoy. |
↑5 | La brigade Lecourbe fait partie de l’aile droite française, sous Marceau. |
↑6 | Cela comprend la haute vallée de l’Inn, les Grisons, la vallée de l’Adda et le nord du lac de Côme. |
↑7 | Nouvelle blessure, cette fois au bras |
↑8 | Défaite de Jourdan à Stockach |
↑9 | Lecourbe a transmis volontairement son commandement à Moreau |
↑10 | Les Fastes etc. indique le 23. |