Siège de Tarifa en 1811 et 1812

(Extrait de Journaux des sièges faits ou soutenus par les Français dans la Péninsule de 1807 à 1814 – J. Belmas)


 

Tarifa, situé sur la côte entre Cadix et Gibraltar, était fort utile aux Espagnols et aux Anglais comme point de débarquement, soit pour agir sur les der­rières du premier corps, posté devant Cadix, soit pour protéger les mouvements de Ballesteros [1] dans les montagnes de Gibraltar et de Ronda. Cette place les rendait aussi maîtres du passage du dé­troit, les vaisseaux étant obligés de raser de très-près la presqu’île de la ville, et elle leur permet­tait d’intercepter les convois de vivres que l’armée du Midi, menacée d’une disette complète en Anda­lousie, était obligée de faire venir des côtes d’Afri­que.

Jean de Dieu Soult
Le maréchal Jean de Dieu Soult

Ces motifs déterminèrent le maréchal Soult à faire assiéger Tarifa. Le maréchal Victor, commandant du premier corps, fut chargé de diriger cette opération.

Claude Victor Perrin - Gros-1812 - Château de Versailles
Claude Victor Perrin – Gros-1812 – Château de Versailles

Dans les premiers jours du mois de novembre, le général d’Aboville [2], commandant de l’artillerie au premier corps, réunit en secret à Puerto-Réal un équipage de siège de quatre pièces de 16, de quatre de 12, et de quatre obusiers, avec un approvisionnement de cinq cents coups par pièce, en tout cent quatre voitures. A défaut d’autres moyens de transport, trois cent soixante chevaux de l’ar­tillerie de campagne du premier corps et cent che­vaux du train des équipages militaires furent choi­sis pour conduire ce matériel. Le général Garbé [3], commandant du génie, fit également préparer plu­sieurs fourgons d’outils et d’ustensiles divers.

Avant de marcher sur Tarifa, le maréchal Vic­tor voulut mettre Ballesteros dans l’impossibilité d’agir pour secourir cette place.

Le général Pierre Barrois
Le général Pierre Barrois

Dans ce but, le gé­néral Barrois [4], commandant la deuxième division du premier corps, cantonnée à Zaharra et Ronda, se porta, le 21 novembre, sur los Barrios et Algéciras; tandis que la brigade du général Pécheux [5], détachée du camp devant Cadix, se portait sur la droite au col d’Ojen et de Pedregosa, pour surveil­ler la garnison de Tarifa. En même temps, le gé­néral Leval, qui avait remplacé le général Sébastiani [6] dans le commandement du quatrième corps, cantonné sur les frontières de Grenade et de Murcie, s’avança de Malaga sur Gibraltar avec environ trois mille hommes d’infanterie, cinq cents dra­gons, et une batterie d’artillerie de montagne. Ces mouvements combinés forcèrent Ballesteros à se retirer sous le canon de Gibraltar.

Le général Sébastiani
Le général Sébastiani

Le 2 décembre, le maréchal Victor se rendit, avec trois bataillons d’infanterie et deux escadrons du deuxième régiment de dragons, à Vejer, petite ville située à huit lieues de Cadix et à sept de Ta­rifa, afin d’être à portée de surveiller à la fois le blocus de Cadix et le siège de Tarifa. L’équipage de siège fut aussitôt mis en mouvement pour se rendre à Vejer. Le général Garbe fut envoyé à Fas­cina avec les officiers du génie et les sapeurs pour étudier le pays, et reconnaître les communica­tions. Ce général s’assura que deux chemins con­duisaient à Tarifa; l’un très-mauvais, passant par Puerto-Llano et Virgen de la Luz, qui ne pouvait être rendu praticable à l’artillerie sans de grands travaux; l’autre beaucoup meilleur, passant par el Valle, las Casas de Perro et Torre Peña, mais que l’ennemi, qui depuis longtemps s’attendait à être attaqué, avait coupé à Torre Peña, dans un long défilé où le chemin, situé à quelques toises au-dessus du niveau de la mer, se trouve resserré entre le rivage et le pied escarpé de la Sierra del Medio. Une division de sa flotte, composée de deux frégates, d’une goélette et de cinq chaloupes canonnières, était mouillée à petite portée de canon de cette coupure, qu’il était impossible de tour­ner en se jetant dans la montagne, parce qu’elle ne présentait que des rochers à pic, Néanmoins, le général Garbe pensa qu’en établissant deux batteries au bord de la mer près de la coupure, on pourrait éloigner les bâtiments ennemis, ré­tablir le chemin, et passer de nuit. Ayant soumis ce projet au maréchal Victor, qui l’approuva, il s’occupa aussitôt de le mettre à exécution.

Le 8 décembre, l’équipage de siège se trouvant réuni à Vejer, le maréchal Victor se mit en me­sure de marcher sur Tarifa. Les troupes du qua­trième corps formèrent la première division, qui fut mise sous les ordres du général Barrois pour couvrir l’opération. Le général Leval [7], qui avait le commandement de toutes les troupes, prit en par­ticulier celui de la deuxième division, chargée de faire le siège, et vint rejoindre au col d’Ojen et à Pedregosa la brigade du général Pecheux, qui de­vait faire partie de cette division. Un bataillon du huitième régiment et deux bataillons du cinquante-quatrième restèrent à los Barrios pour renforcer la première division, et surveiller Algéciras, qui fut évacué.

Le 9, le général Leval se mit en marche sur Tarifa avec les troupes et l’artillerie. Toute la jour­née, le temps fut fort mauvais. Quelques voitures de munitions traversèrent dans la nuit la Laguna de Janda; mais les pièces ne dépassèrent Vejer que d’une lieue. La marche de l’infanterie fut lente et pénible, et le général Leval n’arriva que le soir à Tayvilla, petit hameau en deçà de Fascina. À mi­nuit, le temps devint affreux, et pendant qua­rante-huit heures la pluie ne cessa de tomber par torrents. Tout le pays compris entre Vejer et Fas­cina fut couvert d’eau; la Laguna de Janda, que devait traverser l’artillerie, n’était plus qu’un lac impraticable; on ne distinguait plus les chemins, et des officiers, que le général Leval envoya à Vejer pour prendre les ordres du maréchal Victor, coururent plusieurs fois le danger de se noyer. Des bêtes de somme chargées, et des chevaux de dragons, périrent sous les eaux. Les troupes, réfu­giées sur les hauteurs, restèrent deux jours dans cette pénible situation, sans vivres et sans possi­bilité d’en recevoir.

La première division, qui était restée à Saint-Roch et à los Barrios, se trouvait dans une position non moins critique. Les eaux l’empêchaient de communiquer, soit avec Malaga, soit avec le premier corps. Le maréchal Victor envoya au général Barrois, commandant de cette division, l’ordre de se porter au col d’Ojen et à Pedregosa pour se lier avec la deuxième. Mais trois officiers, chargés successivement de la mission avec une escorte de cinquante hommes, furent arrêtés par les eaux. Ce fut alors que le capitaine Saint-Albin, adjoint à l’état-major du quatrième corps, se dévoua, et parvint à porter l’ordre. Le temps s’améliorant, le général Barrois put se mettre en marche le 12, et arriver dans la matinée du 13 au camp de Pedregosa. L’armée se trouvait sans vivres dans un désert au milieu des eaux et de la boue. Le maré­chal Victor fut obligé de tirer des subsistances de ses magasins, établis sous Cadix, et de former un dépôt à Vejer, quoiqu’il n’eût qu’un très-petit nom­bre de chevaux et de bœufs pour les transports.

Le 14 décembre, le matériel de siège se remit en marche sous l’escorte de la brigade Pecheux; mais la journée suffit à peine pour arriver à Tayvilla. Il fallut atteler jusqu’à quarante et cinquante chevaux à chaque pièce de siège pour la sortir de la boue. Ce ne fut que le 18, après avoir mis qua­tre jours à faire moins de quatre lieues d’Espagne, que les douze bouches à feu et les munitions se trouvèrent réunies à el Valle, petit hameau entre Fascina et Torre Peña. Près de cent mille cartouches, portées dans les gibernes et dans les sacs des soldats, se trouvèrent avariées. On fit venir de Puerto Real un nouveau convoi d’artillerie et de munitions. Les sapeurs qui avaient travaillé à ré­parer la route, en commencèrent une nouvelle par la montagne de Reting, afin d’éviter les marais de Janda, et d’avoir en tout temps une bonne com­munication.

Cependant Ballesteros, informé de nos projets contre Tarifa, voulut, tenter un effort pour secou­rir cette place. Il s’avança avec une de ses divisions à los Barrios, et, dans la journée du 17, il poussa des partis jusqu’en vue du col d’Ojen, qu’il at­taqua le 18, à onze heures et demie du matin, avec deux mille hommes de troupes d’élite : le batail­lon du huitième régiment qui s’y trouvait se re­tira par échelons et en bon ordre sur le camp de Pedregosa. Le général Barrois se porta aussitôt avec les troupes du quatrième corps à la rencontre de l’ennemi, le culbuta, et le poursuivit jusqu’au-delà de la Venta d’Ojen en lui faisant éprouver une perte considérable. Les Espagnols se sauvèrent en désordre à travers les rochers, et leur épouvante fut telle, que ce jour-là même ils atteignirent leurs lignes sous Gibraltar. Nous fîmes une vingtaine de prisonniers, et Ballesteros lui-même faillit d’être pris. Nous n’eûmes que deux hommes de tués et quinze de blessés.

Le général Thomas Jean Chassereaux
Le général Thomas Jean Chassereaux

L’attaque de Ballesteros se combinait avec une sortie que fit la garnison de Tarifa sous les ordres du général Copons, et qui s’avança jusqu’à Virgen de la Luz sur le chemin de Puerto-Llano; mais elle fut contenue par la brigade du général Chasseraux [8], et rentra ensuite dans la place.

Le 19 décembre, nos deux divisions se rappro­chèrent de Tarifa. Le général Pecheux [9] laissa le ba­taillon du quatre-vingt-quatorzième à el Valle pour la garde de l’artillerie, et, tournant, avec le sei­zième léger, le défilé de Torre Peña par la Sierra del Medio, il déboucha dans la plaine de Tarifa. Les troupes de la première division s’avancèrent par le chemin de Puerto-Llano sur Virgen de la Luz, où elles prirent position. Le bataillon du huitième resta en observation au col d’Ojen, et fut soutenu par un bataillon du soixante-troisième et vingt-cinq dragons établis à Fascina. Ces troupes furent commandées par le colonel Saint-Clair, qui fut chargé d’assurer les communications. Un autre bataillon du soixante-troisième, et deux escadrons du deuxième régiment de dragons, restèrent à Vejer pour couvrir les derrières.

Le 20 décembre au matin, le général Leval con­tinua son mouvement sur Tarifa. Les voltigeurs réunis sous les ordres du colonel Lacoste, du vingt-septième léger, formaient l’avant-garde, sou­tenus par le seizième de dragons et soixante che­vaux du vingt et unième. La première division, aux ordres du général Barrois, marchait ensuite, et elle était suivie des trois brigades de la deuxième division. L’ennemi, qui s’était porté sur les hau­teurs avec deux pièces de canon et quelque infan­terie, fut repoussé sous les murs de la place par la cavalerie et les voltigeurs. Là, s’engagea une action vive que l’ennemi soutint du feu de ses remparts et de l’escadre anglaise, composée de deux frégates, de dix corvettes, de trois bricks et de quarante et une chaloupes canonnières ou bombardes, qui bor­daient la plage. Le général Leval fit alors avancer quatre obusiers de montagne, dont le feu bien nourri et bien dirigé força l’ennemi de se retirer dans les faubourgs. Les troupes de la première division occupèrent, d’un bord de la mer à l’autre, la presqu’île à l’extrémité de laquelle se trouve la ville, et à quatre heures du soir l’investissement était complet Nous eûmes dans cette journée quatre hommes de tués, dont un officier, et vingt-sept de blessés. Un caporal de grenadiers anglais fut fait prisonnier.

Le soir même, la deuxième division releva la première, qui alla s’établir avec le seizième régiment de dragons à Virgen de la Luz sur la route d’Algéciras, afin de couvrir le siège et d’observer les mouvements de Ballesteros.

Cependant le matériel, les canonniers et les sapeurs avaient quitté el Valle le 19, et étaient arri­vés le même jour à las Casas del Perro. Dans la nuit, on commença sur la côte, près de Torre Peña, une batterie de quatre pièces de 12 et de deux obusiers, qui fut masquée pour ne pas donner l’é­veil à la station ennemie sur nos projets de pas­sage. Les sapeurs travaillèrent à détruire les obstacles qui barraient la route, et à combler en partie le fossé de la coupure. Ces travaux furent continués les nuits suivantes, et le 22 l’équipage de siège défila sans accidents sous le feu de la croisière en­nemie, et arriva au parc, établi au pied d’un ma­melon situé à la droite de nos lignes devant Tarifa. La garnison avait fait le 21 décembre une sortie infructueuse sur la brigade de gauche, com­mandée par le général Cassagne [10]. Le 22, à huit heures du matin, elle en fit une nouvelle contre les brigades Pecheux et Chasseraux qui se trouvaient à la droite et au centre; en même temps, l’escadre se rapprocha de la côte, et fit une vive canonnade. L’ennemi fut repoussé par les voltigeurs du cinquante et unième de ligne et du seizième léger; mais il revint deux heures après avec du canon et de la cavalerie qui essaya de déborder notre, droite le long de la plage. Cette nouvelle tentative ne lui réussit pas mieux que la première; il fut repoussé avec perte par le seizième léger, secondé par le feu de sept pièces de montagne de l’artillerie polonaise. Nous eûmes trois hommes de tués et vingt-trois de blessés; parmi ces derniers se trou­vaient un officier de l’état-major et trois officiers du seizième léger.

Dans la nuit, une partie de l’escadre anglaise mit à la voile, paraissant se diriger vers Cadix. Nous pensâmes que c’était pour y prendre des troupes afin d’opérer un débarquement sur nos derrières; mais elle reparut à la pointe du jour, et s’appro­cha de la côte. Deux déserteurs anglais, échappés de la place, nous donnèrent quelques renseigne­ments sur ce qui s’y passait. Le reste du matériel arriva sous Tarifa; les sapeurs se mirent à faire des gabions et des fascines; les ouvriers de la ma­rine jetèrent des ponts sur les principaux torrents, et les officiers du génie s’occupèrent des reconnais­sances et du choix du front d’attaque.

Tarifa est une ville de douze mille âmes entou­rée d’une antique muraille, de deux mètres cin­quante centimètres d’épaisseur, et surmontée d’un mur crénelé; elle était flanquée de tours dont quelques-unes étaient assez grandes pour être armées d’artillerie. Des hauteurs qui l’environnent et la dominent, elle était vue jusqu’au pied; mais ses abords étaient protégés par l’escadre anglaise et par le couvent retranché de Saint-François, situé à soixante-dix mètres de l’enceinte sur la route de Xérès. La place était armée de trente bou­ches à feu. Sa garnison se composait de quinze cents Anglais, sous les ordres du colonel Skerret, et de trois mille Espagnols, commandés par le général Copons.

Statue du général Copons à Tarifa
Statue du général Copons à Tarifa

A huit cents mètres en arrière de la ville, se trouve une petite île tenant à la pointe de la presqu’île de Tarifa par une langue de sable escarpée sur presque tout son pourtour, et garnie du côté de terre de retranchements et de batteries: cette île était pour la garnison un excellent réduit après la prise de la ville. A la tête de la langue de sable qui la rattache à la ville se trouve, sur le petit monticule de Sainte-Catherine, un fort case­mate servant de cavalier, dont la communication à la place est couverte par un ouvrage et des re­tranchements.

Des trois plateaux sur lesquels nos lignes s’éten­daient, celui du centre fut jugé le plus favorable aux attaques, en ce que les cheminements s’y trou­vaient naturellement défilés des feux de la mer et de ceux de l’île; en ce que notre artillerie n’aurait à combattre que celle de deux tours de l’enceinte, et qu’un vallon à gauche et une haie d’aloès à droite permettaient de s’approcher à couvert ù moins de quatre cents mètres de la place. Tout fut donc disposé pour ouvrir la tranchée sur ce plateau.

 

1e Nuit, du 23 au 24 décembre.

A six heures du soir, le major du génie le Gentil, avec deux cents travailleurs d’infanterie et cent cinquante sapeurs, mineurs ou marins, ouvrit une première parallèle à l’attaque de droite, à une distance de deux cent quatre-vingts mètres de la place; il entreprit ensuite, à cent cinquante mè­tres en avant, une portion de la deuxième, ainsi qu’une communication pour y arriver. Un batail­lon du seizième léger forma la garde de la tranchée sous les ordres du général Cassagne; un autre ba­taillon fut tenu en réserve. L’ennemi ne s’aperçut de nos travaux qu’à sept heures du matin, lorsque déjà les travailleurs étaient couverts. Il fit sans beaucoup d’effet un feu très-vif de son artillerie, et à midi, il montra quelques troupes en avant des retranchements de Sainte-Catherine, sans cependant oser déboucher. Nous eûmes trois hommes de tués et quatre de blessés.

 

2e Nuit, du 24 au 25 décembre.

À l’entrée de la nuit, on ouvrit sur le plateau de gauche une portion de première parallèle où furent placés des voltigeurs armés de fusils de rempart pour tirer aux embrasures des tours qui se trouvaient en face. L’ennemi ne s’aperçut de ces travaux qu’au jour; tous ses feux avaient été dirigés sur le plateau du centre, où néanmoins la deuxième parallèle fut prolongée vers la gauche.

L’escadre tira aussi beaucoup, mais au hasard, et sans nous faire aucun mal. Dans la journée, elle ne put agir, le vent qui s’éleva ayant rendu la mer houleuse.

Nous eûmes quatre hommes de tués et vingt-cinq de blessés.

 

3e Nuit, du 25 au 26 décembre.

À l’attaque de droite, on prolongea la deuxième parallèle dans le vallon de gauche pour gagner l’emplacement de la batterie n° 2, reconnu dans la journée à cent quarante mètres de la muraille. L’artillerie entreprit cette batterie, qui devait être armée de quatre pièces de 16, destinées à battre en brèche la muraille vers la porte del Retira, et de deux pièces de 12, pour ruiner les défenses de l’enceinte, et éteindre les feux de deux pièces pla­cées dans la tour de Jésus. On entreprit en même temps en arrière la batterie n° 1 de deux pièces de 12 et de quatre obusiers, afin de soutenir la première et d’éloigner les bâtiments mouillés dans la rade.

À l’attaque de gauche, on prolongea vers la droite la première parallèle.

Dans la journée, le vent du S. 0. souffla avec violence et força l’escadre ennemie de gagner le large. Le feu de la place ne cessa pas d’être très-vif, et nous incommoda beaucoup dans les tran­chées.

Nous eûmes un homme de tué et treize de blessés.

 

4e Nuit, du 26 au 27 décembre.

À l’attaque de droite, on prolongea la deuxième parallèle jusqu’au ruisseau qui traverse Tarifa, et l’on élargit les communications afin de les rendre propres au passage de l’artillerie. On forma dans plusieurs parties de la parallèle des banquettes et des créneaux où furent placés, avec des fusils de rempart, cinquante hommes des meilleurs tireurs de l’armée pour viser aux embrasures des tours.

A l’attaque de gauche, on perfectionna la pre­mière parallèle.

Cent cinquante travailleurs de la ligne et plusieurs détachements de canonnière furent em­ployés à l’achèvement des batteries et au trans­port des projectiles, des fascines, des gabions, et des plates-formes confectionnées avec les bois provenant de la démolition du couvent de Virgen de la Luz.

Le vent du S. O. continuant de souffler avec violence, força l’escadre ennemie de se réfugier au cap Carnero, où elle jeta l’ancre. La pluie tomba avec abondance et nuisit aux travaux.

Nous eûmes huit hommes de blessés, dont un sergent d’artillerie.

 

5e Nuit, du 27 au 28 décembre.

Aux attaques de droite et de gauche on déboucha, malgré le vent et la pluie, par deux boyaux pour se rapprocher de l’enceinte. Celui de droite fut terminé par une place d’armes faisant face à la tour de Corchula; celui de gauche, partant du ruis­seau qui traverse Tarifa, s’élevait insensiblement sur le revers du plateau jusqu’à un monticule, où il se terminait par une place d’armes d’où l’on plon­geait sur les terre-pleins de l’enceinte et même dans la ville. On jugea ces travaux indispensables pour garantir la batterie de brèche contre les sorties.

Nous eûmes cinq hommes de blessés, dont un officier.

 

6e Nuit, du 28 au 29 décembre.

On travailla à réparer les tranchées que la pluie, qui ne cessait de tomber depuis deux jours, avait remplies d’eau et de boue. L’armement des batteries se fit avec beaucoup de peine. Le terrain, détrempé par les pluies, était en outre très-acci­denté, et l’on ne put faire arriver les pièces qu’en les tirant à bras d’hommes.

Le 29 au matin, l’ennemi s’étant aperçu que nos batteries étaient armées, voulut tenter une sortie pour s’en emparer. Il fit paraître quelques tirailleurs sur notre gauche, et se porta sur notre droite avec cinq ou six cents hommes; mais, re­poussé avec perte par le seizième léger, il fut contraint de regagner la place. Nous eûmes dans cette affaire un homme de tué et onze de blessés, parmi lesquels un officier du seizième léger.

Le duc de Bellune voulant suivre de près les opérations du siège, porta son quartier général à Virgen de la Luz. A onze heures du matin, notre artillerie ouvrit son feu avec douze pièces réparties dans les batteries n° 1 et 2. La batterie n° 2 com­mença une brèche à l’enceinte près de la porte del Retira, point fort mal choisi, puisqu’il était flan­qué par la partie de la muraille attenant à la tour de Jésus. L’ennemi riposta vivement de la place et de ses bouches à feu, dont deux mortiers, qu’il avait dans l’île. Il lança des boulets creux de la tour de Carchula, et il tira des tours du château avec des pièces de petit calibre.

Le château de Tarifa
Le château de Tarifa

Un brick et quatre autres bâtiments de l’escadre qui, malgré le mau­vais temps, tenaient le mouillage, lancèrent aussi des bombes et des obus. À trois heures après midi, nous avions démonté les deux pièces de la tour de Jésus, et la brèche était en bon train. L’artille­rie eut un homme de tué et trois de blessés, dont un soldat auxiliaire du cinquante-quatrième.

 

7e Nuit, du 29 au 30 décembre.

On continua de faire écouler les eaux des tran­chées, d’enlever les boues qui les obstruaient, et de réparer les éboulements des parapets; mais dans la nuit, qui fut des plus orageuses, les tranchées furent de nouveau remplies. On commença cependant à l’attaque de droite un boyau de quatre-vingts mètres de longueur pour se rapprocher de la place. À celle de gauche, on poussa une tête de sape en avant de la place d’armes la plus avancée, et l’on entreprit sur le penchant de la montagne une portion de troisième parallèle, d’où l’on put tirer sur la brèche que les Anglais essayaient de réparer et de retrancher.

Le 30, à la pointe du jour, l’artillerie reprit sou feu avec vivacité et démonta une pièce que l’en­nemi avait amenée sur la tour de Jésus. Celui-ci fit, du rempart, une vive fusillade dirigée parti­culièrement sur la batterie de brèche. Quatre canonniers et trois soldats auxiliaires furent bles­sés.

À midi, la brèche paraissant praticable sur une étendue de dix à douze mètres, le général Leval envoya un de ses aides de camp sommer le gou­verneur de se rendre; mais le général espagnol Copons et le colonel anglais Skerret refusèrent toute capitulation. Le feu reprit avec vigueur.

Les pluies forcèrent de suspendre entièrement les travaux. Il restait encore à perfectionner les ouvrages entrepris la veille, et à exécuter une sape debout pour arriver au pied de la brèche ; mais on ne pouvait creuser le sol sans y être noyé d’eau.

La position de l’armée était d’ailleurs des plus critiques; les communications avec Vejer étaient coupées par la crue des torrents; les vivres n’arri­vaient plus; et les soldats, se trouvant sans abri, sans moyens de se sécher, ni de cuire leurs ali­ments, demandaient hautement à monter à l’as­saut pour mettre un terme à leurs misères. Vou­lant profiter de cet enthousiasme, le général Leval fixa le moment de l’assaut au lendemain matin à la pointe du jour.

Notre perte dans les vingt-quatre heures fut de cinq hommes blessés, dont un officier du cinquante et unième.

 

8e Nuit, du 30 au 31 décembre.

Pendant la nuit, le général Leval fit reconnaître la brèche par les capitaines Merlis du génie, Marconnier et Vernon des sapeurs, lesquels devaient le lendemain guider les colonnes : leur rapport confirma que la brèche était praticable. L’artillerie continua d’y lancer des obus pour en éloigner l’ennemi et l’empêcher d’y travailler. Toutes les compagnies de grenadiers et de voltigeurs se ras­semblèrent en arrière de la première parallèle. On en forma quatre bataillons dont deux de grena­diers, sous les ordres du colonel Combelle, du quatre-vingt-quatorzième de ligne, et deux de voltigeurs sous les ordres du colonel Lacoste, du vingt-septième léger.

Il ne cessa de pleuvoir pendant toute la nuit, et les troupes ne purent arriver qu’au jour dans les tranchées, en sorte que l’ennemi apercevant nos mouvements se mit en mesure de se défendre, la population quitta la ville pour se réfugier dans l’île, et la garnison occupa le mur d’enceinte ainsi que les terrasses des maisons ayant vue sur la brèche. Vingt bâtiments de guerre anglais, dont deux frégates, arrivèrent en toute hâte et repri­rent leur mouillage pour protéger la place.

Malgré toutes ces circonstances défavorables, on ne voulut pas ajourner l’assaut, et à neuf heures du matin, après plusieurs décharges de notre ar­tillerie, les grenadiers s’élancèrent de la batterie de brèche et s’avancèrent sous une grêle de balles et de mitraille le long du ruisseau qui traverse la place. Les voltigeurs, soutenus par la bri­gade du général Cassagne, engageaient en même temps une vive fusillade sur la gauche pour occu­per l’ennemi, tandis que le général Peclieux, avec sa brigade, faisait des démonstrations sur la droite. Le fond du vallon par où s’avançait la colonne d’assaut était formé d’une terre grasse détrempée par les pluies, dans laquelle on enfonçait jusqu’aux genoux. Cet obstacle et le débordement des eaux du ruisseau arrêtèrent l’élan de nos troupes.

Scène de reconstitution à Tarifa
Scène de reconstitution à Tarifa

Plu­sieurs soldat» se mirent à tirailler, de sorte que la colonne n’arriva qu’en désordre au pied de la brèche, dont le talus lui-même n’était qu’un amas de boue et de pierres où l’on pouvait à peine se tenir. Cependant quelques braves parvinrent à le gravir, et arrivèrent jusque sur le terre-plein du rempart ; mais ils ne purent aller plus loin. Le mur d’en­ceinte, qui n’avait été battu qu’à moitié de sa hau­teur, formait du côté delà ville un ressaut de cinq à six mètres qu’il était impossible de franchir. Nos troupes, après avoir résisté quelques moments contre le feu terrible que faisait l’ennemi, princi­palement du grand flanc attenant à la tour de Jésus, et n’ayant plus d’espoir de vaincre des obstacles qui étaient réellement insurmontables, fu­rent obligées de se retirer.

Cet assaut malheureux nous coûta quarante-huit hommes tués et cent cinquante-neuf bles­sés, dont quinze officiers. Un détachement do cinquante sapeurs, mineurs ou marins, qui mar­chait en tête de la colonne, eut quarante-trois hommes hors de combat. Le capitaine de sapeurs Vernon, qui le commandait, eut la cuisse traver­sée d’une balle au pied de la brèche, et le capi­taine de marine Maubras, qui le remplaça, lut blessé mortellement sur la brèche, où il resta au pouvoir de l’ennemi.

Toute la journée la pluie tomba avec violence, et ne permit de faire aucun travail. En peu d’heures les rivières qui se jettent dans la mer près de Tarifa se trouvèrent impraticables par la crue extraordinaire de leurs eaux; les ravins eux-mêmes se changèrent en torrents impossibles à franchir.

 

9e Nuit, du 31 décembre au 1er janvier.

La nuit et le jour furent affreux, et la situation de l’armée devint de plus en plus critique. Toute communication était interrompue non-seulement avec Fascina et Vejer, mais encore entre les camps du siège. L’artillerie, dont les approvisionnements ne s’élevaient qu’à deux cents coups par pièce, avait consommé ses munitions, et les cartouches de l’infanterie étaient presque toutes avariées dans les gibernes ou dans les sacs des soldats. Un tiers des chevaux de l’artillerie étaient morts de fatigue et de faim, un autre tiers se trouvait hors de service, et le restant était obligé d’aller à quatre lieues chercher de la paille qui commençait à manquer. L’eau qui coulait par torrents dans les tranchées les rendait inhabitables. Les batteries étaient dans le         plus triste état; les terres en étaient tellement dé­trempées qu’on ne pouvait plus y travailler, et les pièces s’y enfonçaient par leur propre poids. Depuis quatre jours, les soldats manquaient de pain, les transports envoyés à Fascina ne pou­vant revenir, et ils n’avaient pas de bois pour cuire leur viande. Épuisés de fatigue et de faim, rece­vant sur le corps une pluie froide chassée par un vent violent, dans la houe jusqu’aux genoux, n’ayant aucun moyen de se sécher ou de se pro­curer le plus faible abri, ils ne pouvaient dormir ni le jour ni la nuit. Ils se trouvaient sans souliers, et leurs vêtements n’étaient plus que des haillons pour­ris. Tant de souffrances firent que la plupart tombè­rent dans un état d’égarement qui ressemblait à de la folie. On les voyait errer en chancelant dans les bivouacs, sans savoir où ils allaient. Les moins affaiblis se répandaient dans les campagnes à une ou deux lieues à la ronde, cherchant quelque abri ou des broussailles pour tâcher, malgré la pluie, d’allumer du feu. Les maladies exerçaient en outre de grands ravages, et tout faisait craindre une dissolution totale de l’armée.

Le maréchal Victor, tout en appréciant la mal­heureuse situation des troupes, répugnait à l’idée de lever le siège. Il ordonna aux officiers de re­doubler d’efforts pour soutenir le courage des sol­dats, espérant que quelques jours de beau temps suffiraient pour rétablir les communications, rece­voir des vivres et des munitions, et permettre de reprendre les travaux.

 

10e Nuit, du 1er au 2 janvier.

La pluie ne cessa de tomber par torrents. Dans la journée, un canonnier s’étant hasardé de monter dans une embrasure de la batterie de brèche pour la réparer, s’enfonça dans l’argile jusqu’à la ceinture et il fallut employer des leviers et des cordes pour le retirer.

 

11e Nuit, du 2 au 3 janvier.

Le temps fut un peu moins mauvais, et les bat­teries tirèrent une cinquantaine de coups. Au jour, quelques cavaliers ennemis sortirent de la place pour reconnaître si nous occupions encore nos positions. La pluie cessa, et le temps sembla devoir être plus favorable.

Le maréchal Victor, jugeant que la brèche qui avait été faite à l’enceinte était très-mal située, prescrivit au général Levai de s’entendre avec les commandants du génie et de l’artillerie pour diriger une nouvelle attaque contre la tour de Jésus,  et de faire brèche à cette tour par le canon ou par la mine. Le général Leval lui exposa la triste situa­tion de l’armée, et l’impossibilité où l’on était de reprendre les travaux; mais le maréchal insistant, on employa quelques hommes à faire écouler les eaux des tranchées, et l’on reconnut le pied de la tour de Jésus pour y attacher le mineur. Nous ti­rions fort peu, ainsi que l’ennemi. A trois heures du soir, un officier du seizième léger fut envoyé en parlementaire dans la place pour visiter nos blessés, faits prisonniers sur la brèche. L’amélioration du temps, et l’arrivée de quelques subsistances, ren­dirent un peu de force à nos soldats; on les vit rentrer aux camps, s’occuper de sécher leurs ef­fets et de réparer leurs armes ; enfin ils semblaient reprendre courage, lorsque les apparences du beau temps s’évanouirent de nouveau,

 

11e Nuit, du 3 au 4 janvier.

Une tempête affreuse s’éleva dans la nuit, et la pluie recommença à tomber avec violence: il fallut renoncer à toute espèce de travaux, et évacuer les tranchées.

La journée du 4 fut plus mauvaise encore, et mit le comble à tout ce que les troupes avaient déjà souffert. Pénétré de la position critique où le retour des pluies mettait les troupes, le ma­réchal Victor jugea enfin indispensable de lever le siège avant que la crue des eaux interrom­pit encore une fois les communications, et ame­nât de nouveaux malheurs. En conséquence, le général d’Abeille prit les mesures nécessaires pour sauver tout ce qu’il pourrait d’artillerie et en dé­truire le reste; le général Garbe réunit le peu de matériaux dont il pouvait disposer, pour construire des ponts sur les torrents.

Dans la soirée du 4, une felouque anglaise, ve­nant de Tanger, fut jetée à la côte par la tempête. Le capitaine et un matelot furent sauvés; nos soldats, malgré le feu de la ville, se portèrent au lieu du naufrage, où ils recueillirent des bois et quelques subsistances.

 

12e Nuit, du 4 au 5 janvier.

On travailla à désarmer les batteries ; et, malgré les efforts de plus de deux cents hommes, on n’en put tirer qu’une pièce de i a et deux obusiers de six pouces, à chacun desquels il fallut attacher ensuite quarante chevaux pour les conduire au-delà de Torre Pefia. Ces chevaux revinrent au parc, et emmenèrent encore une forge, une voiture de car­touches et deux voitures de blessés; ce fut tout ce que l’on put sauver. On noya les poudres; les projectiles furent jetés au fond d’un ravin boueux; on mit le feu aux voitures, et l’on détruisit les pièces et les affûts. La nuit, qui fut des plus affreuses, rendit ces travaux très-pénibles.       i

La retraite eut lieu le 5, à trois heures du matin. Elle fut couverte par le général Barrois avec la première division, qui prit position sur les hauteurs en avant de Virgen de la Luz et près du Rio Salado. A six heures du matin, les trois brigades de la deuxième division se trouvèrent réunies sur la droite. Celle de gauche se joignit à la division du général Barrois, et se retira avec elle sur Torre del Rayo; les deux autres se retirèrent par sur Torre Peña, couvertes par les compagnies de voltigeurs du seizième léger.

L’ennemi nous suivit avec sa cavalerie jusqu’au Rio Salado, où il s’arrêta devant la contenance en­core imposante de nos malheureux soldats. Une frégate anglaise, mouillée à demi-portée de canon de la plage, tira plusieurs bordées à mitraille, mais sans atteindre nos colonnes. À dix heures du ma­tin, toutes nos troupes avaient passé le défilé de Torre Pena sans avoir éprouvé d’autres pertes que celle d’un voltigeur tué et de deux blessés. Une compagnie du seizième léger resta à Torre Peña jusqu’à l’évacuation des blessés et des voitures d’ar­tillerie qui se trouvaient à el Valle. La brigade du général Pecheux occupa las Cassas del Perro; celle du général Chasseraux resta à el Valle; le général Barrois, avec la première division et la brigade de gauche, prit position en arrière de Virgen de la Luz.

Le 6 janvier, l’évacuation du matériel et des blessés continua sur Tayvilla, avec un renfort de cent chevaux, venu au-devant de nous de Vejer, où il avait amené quatre pièces et un convoi de munitions. Malgré ce renfort, on ne put emmener de ce qui restait, que les deux obusiers de six pou­ces et les deux voitures de blessés. La pièce de 12, et les fourgons chargés de munitions, demeurerait enterrée dans les boues avec une partie de leurs attelages.

Le 7, les troupes atteignirent Vejer, et s’établi­rent autour de cette ville, à l’exception de la bri­gade du général Pecheux, qui resta en position dans les bois à une lieue et demie en arrière.

Le plus grand ordre régna dans cette pénible re­traite, bien que le mauvais temps ne discontinuât pas. C’était avec des peines infinies que les soldats parvenaient à s’arracher des fondrières creusées par les pluies sous leurs pas. On ne distinguait plus les chemins, et tout le terrain de Fascina à Vejer n’était qu’un bourbier impraticable. On eut cepen­dant la consolation de ramener tous les blessés, grâce aux efforts des officiers et de la cavalerie, qui offrit avec empressement ses chevaux pour les transporter.

Les troupes restèrent quelques jours à Vejer pour se remettre de leurs fatigues; celles du qua­trième corps se portèrent ensuite par Xérès sur Moron pour y attendre des ordres.

Ainsi se termina cette expédition, qui, par les fatigues, la misère et les maladies, fut une des plus malheureuses de la guerre de la Péninsule.

L’artillerie eut cinq hommes de tués et onze de blessés; elle perdit deux cent quinze chevaux ou mulets, et la plus grande partie de son matériel.

Le génie eut cinquante et un hommes mis hors de combat, dont deux officiers ; il perdit presque tous ses outils, quatre caissons et huit chevaux. La perte de l’infanterie, après la rentrée de tous les hommes, que le mauvais temps avait éloi­gnés de leurs régiments, se trouva être de quatre cent cinquante hommes [11]. La cavalerie perdit aussi un grand nombre de chevaux; mais en définitive la perte totale qu’éprouva l’armée fut beaucoup moindre que celle à laquelle on s’était attendu d’après les maux qu’elle avait éprouvés.

Ainsi se termina cette expédition, qui, sous le rapport des fatigues, de la misère et des maladies, fut une des plus malheureuses de la guerre de la Péninsule.


NOTES

[1] Francisco Ballesteros (1770 – 1832)

[2] Augustin Gabriel d’Aboville (1773 – 1820)

[3] Marie Théodore Urbain Garbe (1769 – 1831)

[4] Pierre Barrois (1774 – 1860)

[5] Marc Nicolas Louis Pecheux (1769 – 1831)

[6] Horace Sébastiani (1772 – 1851). Il avait été rappelé en France, mai 1811, en semi-disgrâce.

[7] Jean-François Leval (1762 – 1834)

[8] Thomas-Jean Chassereaux (1763 – 1840)

[9] Marc-Nicolas Pécheux (1769 – 1831)

[10] Louis-Victorin Cassagne (1774 – 1841)

[11] Beaucoup moururent des maladies contractées durant le siège (Historique du 95e de ligne)