La campagne de 1809 – La marche vers l’Autriche – 24 avril-3 mai

« Avant un mois nous serons à Vienne. »

 

Hiller se rebiffe à Neumarkt

Après la terrible journée du 21, les troupes sous les ordres de Hiller [i] continuent leur retraite, et, franchissant l’Inn, bivouaquent entre Alt et Neu-Otting. Une arrière-garde, sous les ordres de Mesko avait été laissée à Neumarkt, tandis que le général Reinwald occupait, avec 2 bataillons et 2 batteries, Markel et Braunau. Le pont de Mülhdorf est incendié.

Johann baron von Hiller. HGM Vienne
Johann baron von Hiller. HGM Vienne

Durant la journée, Mesko évacue Neumarkt, aussitôt occupé par une partie de l’avant-garde française. En avant de Neu-Otting, Radetzky reste sur la rive gauche de l’Inn, avec 4 bataillons, 4 escadrons et une batterie.

Hiller pense que Napoléon, après sa victoire de Landshut, s’est de nouveau dirigé sur Ratisbonne et le centre de l’armée principale de l’archiduc Charles. Mais les informations dont il dispose à ce moment, datent du 20 avril. Il ressent la nécessité de venir en aide à son généralissime et, pour cela, d’opérer une diversion. Il décide donc de reprendre l’offensive et de repasser l’Isar à Dingolfing.

Ce mouvement est prévu pour le 24 avril. Avec les troupes des Ve et VIe corps, il forme, le 23, trois avant-gardes sur la rive gauche de la rivière :

  • La 1e (Radetzky), formée de 2 bataillons de Frontaliers n° 8 Gradiskan, de 8 escadrons de uhlans archiduc Charles et d’une demie batterie, est en avant de Neu-Otting, sa droite sur la route qui mène à Wurmansquick, avec quelques détachements vers Eggenfelden an die Rohr ;
  • La 2e (Mesko), formée de 2 bataillons de Frontaliers n° 7 Brod an der Sava, 8 escadrons de hussards Kienmayer et une demie batterie, prend position sur les hauteurs le long de l’Isar, depuis Frauenbuchel jusqu’à Kiebling, et appuyée sur Erharting ;
  • La 3e (Nordmann) formée de 2 bataillons de Frontaliers n° 6 Varasdin – Sankt-Georg, 8 escadrons de hussards Liechtenstein et une demie batterie, également sur la rive gauche de l’Inn, de Neu-Otting jusqu’à Degning.

Le 22, Bessières a quitté Landshut avec les divisions Wrede et Molitor [ii], la division de cavalerie Marulaz et la brigade Jacquinot [iii], en direction de Neumarkt.

Monsieur le Général, vous partirez aujourd’hui à la pointe du jour pour vous rendre avec toute votre division à Neumarkt. L’intention de l’Empereur est que nous passions l’Inn le plus tôt possible ; il faut se mettre à même de le satisfaire. [iv]

Leur avant-garde arrive bientôt sur l’Isen (2 bataillons bavarois), à Erharting an der Isen, et jusqu’à l’Inn, à Winkering (2 régiments de cavalerie).

Ce mouvement empêche Nordmann et Mesko d’exécuter immédiatement leurs instructions. Toutefois, le soir du 23, ils attaquent les avant-postes alliés et les repoussent jusqu’à Neumarkt, occupant finalement les positions prévues par Hiller.

Les chevau-légers Rosenberg (Vincent) se trouvent encore, dans la nuit du 22 au 23, sur la Vils. Au lever du jour, ils avancent par Maßing et Eggenfelden, jusqu’à Wurmansquick, y prenant position, sur la route menant à Braunau. Vincent arrive lui-même à Arding, à onze heures du soir.

Hiller a décidé d’attaquer le 24, à 3 heures du matin, passant l’Inn à Neu-Otting. Le but est Neumarkt, où les Français doivent être attaqués et repoussés. Il forme ses troupes en trois colonnes :

  • La colonne de droite (Reuß Plauen – Bianchi) doit marcher sur la droite de la route principale qui mène à Neumarkt, passer l’Isen et aller jusqu’à Leonsberg ;
  • La colonne centrale (Kottulinsky – Weißenwolf) s’engagera sur la route principale, par Erharting, directement sur Neumarkt, pour en repousser les Français ;
  • La colonne de gauche (Hofmeister) marchera à gauche de la route principale, par Frixing, franchira l’Isen à Oberhofen, se dirigeant sur la Roth

Le 2e corps de réserve (Kienmayer) quittera ses bivouacs à 5 heures, se formera au pont de Neu-Otting, pour suivre le mouvement des trois colonnes.

Le maréchal Bessières - Raffet - Marco Saint-Hilaire
Le maréchal Bessières – Raffet – Marco Saint-Hilaire

De son côté, Bessières occupe les deux rives de la Roth. Les divisions Molitor et Boudet arrivent de Vilsbiburg. Les Bavarois de Wrede (13e de ligne bavarois) et plusieurs régiments de cavalerie sont en avant de Neumarkt, aux villages de Strasset Scherm, ayant derrière eux un défilé et les terrains marécageux des bords de la Roth. Ce sont environ 18.000 hommes, qui être opposés à environ 32.000 Autrichiens..

Lorsque le maréchal voit s’approcher les têtes de colonnes autrichiennes, il est certes surpris, mais il fait mettre aussitôt la division Wrede en ordre de bataille, sur les hauteurs en avant de Neumarkt. L’infanterie est à gauche, à laquelle le 6e bataillon léger s’est intégrée, appuyée sur le village de Scherneck et les bois qui se trouvent en avant. A droite se rangent les cavaliers de Marulaz.

C’est la 1e colonne autrichienne (2 bataillons IR 29 Lindenau, ½ escadron de hussards Stipsicz) qui attaque l’aile gauche bavaroise, avec le soutien de 3 bataillons  IR 39 Duka et 2 bataillons IR 60 Gyulai. Le reste de la colonne (1 bataillon Gyulai, 2 bataillons IR 58 Beaulieu, ½ escadron Stipsicz) se répand derrière, vers la droite, dans le but d’envelopper les Bavarois. Se dirigeant vers Leonsberg, les Autrichiens doivent passer Taufkirchen, sous un terrible feu de mousqueterie, qui ne les arrêtent cependant pas, et ne les empêchent pas de réussir le mouvement prévu. Les Bavarois se défendent héroïquement, mais ils sont finalement rejetés des bois et du village, poursuivis à la baïonnette par les Autrichiens.

Ceux-ci se heurtent ensuite à la réserve bavaroise, renforcée de troupes fraîches. Devant leur résistance, les Autrichiens commencent à faiblir, mais ils reçoivent bientôt le soutien de deux bataillons IR 58 Beaulieu, que Reuß envoie sur l’aile gauche des Bavarois, qui reculent alors rapidement, poursuivis par les régiments IR 39 Duka et IR 60 Gyulai. Pendant ce temps, le régiment IR 58 Beaulieu a continué son mouvement sur les hauteurs de Leonsberg.

Les Bavarois sont désormais repoussés jusque derrière Neumarkt, sur la route d’Ecklhofen, abandonnant de nombreux prisonniers.

Monument à la mémoire des Bavarois tués le 24 avril 1809
Monument à la mémoire des Bavarois tués le 24 avril 1809

Ce succès de la droite autrichienne facilite le mouvement en avant de la colonne centrale, qui a du endurer un terrible feu d’artillerie, et se trouve maintenant sur la route Umpfing – Neumarkt, prête à tomber sur le flanc droit des Bavarois.

Nordmann et la 3e colonne s’est avancé sur Velden, passant par Zangberg an die Vils. Elle ne rencontre aucun ennemi devant elle et arrive sans encombres jusqu’à la Roth

Bataille de Neumarkt
Bataille de Neumarkt

Lorsqu’il a vu son aile gauche faiblir, Wrede a fait également reculer son centre sur Neumarkt. Ce mouvement se fait plus ou moins en désordre et les Bavarois sont poursuivis par les tirailleurs autrichiens (IR 39 Duka) jusqu dans les faubourgs de la ville, où ils se heurtent à un régiment de chasseurs, bloqué par l’encombrement sur le pont[v]. La confusion est à son comble parmi les Bavarois, d’autant qu’ils sont également attaqués par des tirailleurs autrichiens. Le général Wrede fait montre à ce moment d’un exceptionnel courage, à la tête du 7e régiment d’infanterie Löwenstein, dont la résistance permet au reste des Bavarois de repasser la rivière.

Le mouvement rétrograde fut donc commencé à midi et demi et exécuté dans le plus grand ordre, et cet ordre n’a été qu’un moment interrompu lorsque la cavalerie et l’infanterie arrivèrent en même temps sur le pont de la Rott pour passer cette rivière. Ce fut là que la perte devint plus considérable, l’ennemi suivant de très près et chaque balle atteignant son homme. La division se retira à Aich, et la division du général Molitor fit l’arrière-garde avec le plus grand sang-froid et dans le meilleur ordre. [vi]

Il est trois heures de l’après-midi, les combats tournent à l’avantage des Autrichiens et les Bavarois vont continuer leur retraite, protégés par les fantassins de Molitor[vii] jusque tard dans la nuit, jusqu’à Vilsbiburg, dont ils brûleront le pont derrière eux, continuant ensuite en direction de Landshut.

Ces combats de Neumarkt ont coûté aux Autrichiens 123 tués, 625 blessés et 122 prisonniers. Les Bavarois, qui « se sont battus avec le plus grand acharnement, et ont été obligés de céder au nombre [viii] », ont eu 42 officiers et 1650 tués, et perdu 910 prisonniers. [ix]

Mais cette courageuse et brillante réaction de Hiller n’aura servi à rien. Dans la nuit du 24 au 25, il est informé des événements d’Eckmühl et de Ratisbonne, et de la retraite de son généralissime au nord du Danube. Il n’est plus question de refranchir l’Isar. Il lui faut au contraire penser à se retirer derrière l’Inn, pour couvrir les frontières de l’empire et la route de sa capitale. Sa décision est prise le 25, à Neu-Otting. Toutes ses troupes doivent franchir l’Inn à cet endroit, et y bivouaquer.

L’ennemi a évacué Neumarkt à trois heures du matin ; une grande partie de ses forces a filé sur Ampfing et l’autre sur Otting. Il occupe toujours Velden avec de l’infanterie et de la cavalerie. Demain, j’enverrai un fort parti de cavalerie sur la route d’Ampfing et de Mühldorf, pour savoir si l’ennemi se retire sur Salzbourg ou s’il suit la grande route de Munich. [x]

Le 2e corps de réserve continue sa marche sur Markel. Radetzky se dirige, avec son avant-garde, sur Braunau, pour surveiller le cours de l’Inn depuis Schärding jusqu’à Burghausen. Melko en fait autant, en direction de Wasserburg. Jellačić reçoit l’ordre d’occuper, avec des troupes légères, le cours de l’Inn, depuis Wasserburg jusqu’à la frontière du Tyrol.

Enfin, de Schärding à Passau, le cours de l’Inn est surveillé par un corps d’armée composé à la hâte de bataillons de Landwehr.

De gauche à droite : caporal, officier, chasseur, officier et troupe de la Landwehr de Salzbourg. Eder-Oesterreicher)
De gauche à droite : caporal, officier, chasseur, officier et troupe de la Landwehr de Salzbourg. Eder-Oesterreicher)

C’est ainsi que Hiller entend repousser les attaques alliées qui, pour l’instant du moins, ne semblent pas devoir le poursuivre.

 

Napoléon se décide : ce sera Vienne !

Après la retraite de l’archiduc Charles derrière le Danube, Napoléon reste d’abord dans son quartier général de Prüll [xi]. De là, il s’adresse à ses soldats

PROCLAMATION À L’ARMÉE [xii]

Soldats ! Vous avez justifié mon attente. Vous avez suppléé au nombre par votre bravoure. Vous avez glorieusement marqué la différence qui existe entre les soldats de César et les cohues armées de Xercès.

En peu de jours, nous avons triomphé dans les trois batailles rangées de Thann, d’Abensberg et d’Eckmühl, et dans les combats de Peising, de Landshut et de Ratisbonne. Cent pièces de canon, quarante drapeaux, 50,000 prisonniers, trois équipages de pont, tous les parcs de l’ennemi portés sur six cents caissons attelés, trois mille voitures attelées portant ses bagages, toutes les caisses des régiments, voilà le résultat de la rapidité de vos marches et de votre courage.

L’ennemi, enivré par un cabinet parjure, paraissait ne plus conserver aucun souvenir de vous. Son réveil a été prompt; vous lui avez apparu plus terribles que jamais. Naguère il a traversé l’Inn et envahi le territoire de nos alliés. Naguère il se promettait de porter la guerre au sein de notre patrie. Aujourd’hui, défait, épouvanté, il fuit en désordre; déjà mon avant-garde a passé l’Inn. Avant un mois nous serons à Vienne.

Mais il a également besoin de recueillir toutes les informations disponibles sur la démarche de son adversaire, dont il craint, à ce moment, qu’il ne tente une autre offensive sur Straubing, voire sur Passau.

Le dilemme qui se présente désormais à l’empereur est le suivant :

  • poursuivre l’archiduc Charles en Bohème, pour tenter de l’anéantir, et avec lui, la monarchie autrichienne, laissant à Bessières le soin de poursuivre Hiller et l’archiduc Louis,
  • ou bien, au contraire, abandonner le généralissime autrichien à son sort et empruntant la voie la plus rapide, celle qui longe le Danube, se précipiter sur Vienne, avant que Charles n’y parvienne, et s’emparer ainsi de la capitale des Habsbourg. [xiii]

L’empereur, à ce moment, hésite, pèse le pour et le contre, ce que reflète sa correspondance

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 25 à onze heures du soir, où je vois que vous pensez que le prince Charles se serait porté sur Passau par Cham. Cette marche de flanc serait bien hasardeuse. Nous devons être aujourd’hui 26 à Passau. D’ailleurs vous ne dites point sur quoi vous fondez cette opinion. Les renseignements donnés par le général Montbrun, qui les a pris sur les lieux, sont tout opposés. Tout porte donc à penser qu’il a pris la direction qu’annonce le général Montbrun; cette marche est plus naturelle. Cependant j’attends de connaître positivement ce qui en est; il m’importe beaucoup d’être éclairé sur cette affaire (…) J’ai bien de l’impatience à savoir ce que fait l’ennemi. [xiv]

Comme il serait possible que je partisse d’ici ce ma­tin, je désirerais avoir, avant de partir, les rapports d’avant-garde et savoir sur quoi est fondée l’idée que vous avez que l’ennemi se retire sur Passau; est-ce conjecture, ou votre opinion est-elle appuyée sur des témoignages ? Le duc de Rivoli, qui était à Straubing, me mandait le 25 qu’à huit lieues à la ronde il n’y avait pas d’ennemis. [xv]

Quels qu’aient pu être les avantages et inconvénients de la première solution, c’est finalement, après avoir reçu la nouvelle des évènements de Neumarkt, la deuxième que Napoléon, choisi : il va suivre le Danube et se diriger droit sur Vienne.

Le 26, à trois heures du matin, il envoie à Lannes l’ordre de quitter Landshut dès l’aube, à la tête des grenadiers, de la division Saint-Hilaire et de la cavalerie légère de Colbert (en tout 25.000 hommes), et de se diriger sur Mühldorf, où Wrede doit également se rendre, ainsi que le reste des Bavarois (division Prince royal et Deroy), sous le commandement de Lefebvre. La cavalerie de Bessières est également placée sous les ordres de Lannes, lequel doit, sans attendre de nouveaux ordres, attaquer les troupes d’Hiller. Lefebvre devra lui s’emparer de Salzbourg, et contourner Kufstein, pour s’engager ensuite dans la vallée de l’Inn. La division Demont doit rester en réserve à Landshut. Quant à Masséna (qui est le 25 à Osterhofen), il doit s’emparer de Passau, menaçant ainsi le flanc gauche de Hiller et coopérer avec Lannes. [xvi]

Le 26 au soir, Napoléon, après avoir visité des blessés à Eglofsheim et Eckmühl, est à Landshut. Il en repart le lendemain à midi, traverse Neumarkt et atteint Mülhdorf, à six heures du soir. Là, il passe l’Inn : le voici en Autriche ! [xvii]

Le lendemain, il arrive à Burghausen, où il doit s’arrêter et prendre patience : les Autrichiens ont détruit le pont sur la Salzach [xviii], que les hommes du génie de Bertrand doivent remettre en état.

Mon amie, je suis depuis hier ici ; je suis arrêté par la rivière. Le pont a été brûlé ; je passerai à minuit.

Tout va bien ici comme je peux le désirer, c’est-à-dire très bien.

Les Autrichiens ont été frappés de la foudre.

Adieu mon amie. Tout à toi[xix]

 

Les Alliés franchissent la Salzach

Au début de l’après-midi du 30 avril 1809, les travaux de remise en état du pont de Burghausen touchent à leur fin. De plus, Bertrand, utilisant les pontons pris aux Autrichiens, et enfin arrivés, ainsi que le matériel trouvé sur place, a réussi à construire un deuxième point de passage, en dessous de la ville. Napoléon va enfin pouvoir rompre une inaction qui, toujours, le met mal à l’aise. Il a reçu de Masséna l’information que Hiller est bien en pleine retraite, avec toutefois une avance confortable. Mais surtout, Davout lui a confirmé que l’archiduc Charles a entamé sa propre retraite en direction de la Bohème, le 28, et qu’il va pouvoir commencer sa marche vers Passau. La nouvelle est d’importance, car elle rassure l’empereur sur sa ligne d’opération, qu’une contre-attaque du généralissime aurait pu menacer.

Mais un regard sur les cartes lui montre également qu’il lui faut atteindre Linz très rapidement, s’il veut y arriver avant que l’armée principale autrichienne n’ait le temps de rejoindre les troupes d’Hiller.

Bien avant que les ponts sur la Salzach ne soient terminés, Napoléon a donné les ordres nécessaires à la marche en avant de ses corps d’armée.

Bessières, avec la cavalerie légère (division Marulaz, brigade Piré et Jacquinot qu’il avait déjà sous ses ordres, et les deux divisions de cuirassiers Nansouty et Saint-Sulpice) doit former l’avant-garde, se dirigeant sur Ried puis, de là, par Riedau, Penerbach et Eferding, en direction de Linz. Mais il doit ménager ses « gros culs », car « l’ennemi est loin, et rien ne presse ».

Lannes doit le suivre immédiatement, sa tête de colonne devant être le 30 à Braunau pour, ensuite, se diriger sur Lambach. La division Molitor soutiendra l’arrière-garde. La brigade Colbert et la division Tharreau formeront une avant-garde, que commandera Oudinot. Le gros de ses troupes sera formé des divisions Saint-Hilaire et Demont.

Toutefois, les cuirassiers se trouvent alors encore à Alt-Ötting et ne pourront rejoindre Bessières en temps voulu, et se joindront plus tard au corps de Lannes. Celui-ci informe Berthier que son quartier-général se trouvera, le 1er mai  au matin, à Braunau, où il compte rétablir le pont sur l’Inn, d’où il espère envoyer, le même jour, son avant-garde jusqu’à Ried. Vandamme doit également participer à la remise en état du pont de Braunau, ayant réuni son corps d’armée autour de Simbach.

Mais le manque de matériel rend les travaux de remise en état du pont impossible. Sur la proposition du lieutenant-général Wöllwarth, Vandamme envoie le 2e régiment de chasseurs á cheval à Schärding, où ils passent la rivière. Tôt le 1er mai, sa cavalerie se met également en route sur ce point de passage.

De son côté, Masséna reçoit l’ordre de marcher sur Linz, pour s’y emparer du pont sur le Danube (Linz se trouve à cette époque entièrement sur la rive droite du Danube, le village d’Urfahr lui faisant face sur l’autre rive ; un pont existe à cet endroit).

On voit ainsi que Napoléon suppose à ce moment là que Hiller retraite derrière la Traun, qu’il n’offre pas de véritable résistance, et qu’il attache la plus grande importance à s’emparer du pont de Linz, pour lui permettre de s’installer sur la rive gauche du Danube et, selon les circonstances, lancer une attaque de flanc contre l’armée principale autrichienne. Mais l’ordre de marche va atteindre Masséna avec du retard, ce qui aura des conséquences négatives sur la suite des évènements.

Davout a chargé Montbrun de suivre de près l’arrière-garde autrichienne jusqu’à la frontière de la Bohème, lui-même restant en soutien à Kürn, avec la division Gudin. Les divisions Morand et Friant sont mises en marche, et doivent, le 30 avril, atteindre Plattling et Straubing.

Finalement, les ponts sur la Salzach sont enfin terminés, à 16 heures. Napoléon franchi à cheval le pont de bateau, puis fait défiler devant lui les troupes qui se sont bien comportées durant les derniers combats, en particulier les chevau-légers hessois (Bulletin du 1er mai). Le passage s’effectue sans encombres et en bon ordre : en six heures, 50 à 60.000 hommes atteignent la rive droite de la Salzach. Sur la rive gauche restent le quartier général et la Garde (elle passera le lendemain matin, la cavalerie à Burghausen, l’infanterie à Alt-Ötting).

Plaque commémorative signalant l'emplacement du QG de Napoléon à Burghausen
Plaque commémorative signalant l’emplacement du QG de Napoléon à Burghausen

Marmont, envoyé en avant par Bessières, s’est avancé de Braunau jusqu’à Altheim, où il prend position le soir. Les habitants l’informent que, le 28, l’archiduc Louis et le FM Hiller ont traversé la ville. Une partie a pris ensuite la direction de Ried, l’autre celle d’Obernberg. En face d’Altheim, vers Polling, il peut apercevoir des feux de bivouacs. Une patrouille envoyée dans cette direction se heurte à des Autrichiens.

Bessières installe son quartier-général à Braunau, les brigades Jacquinot et Piré prennent position à l’est de la ville, autour de Sankt-Peter ; Molitor fait bivouaquer ses troupes autour de Braunau, tout comme Oudinot. Saint-Hilaire, quant à lui, passe la Salzach à 8 heures du soir et arrive jusqu’à Ranshofen.

L’empereur a donné l’ordre à son quartier-général de se préparer à quitter Burghausen très tôt le 1er mai. Ce départ s’effectue effectivement dès 5 heures du matin.

Altheim, Hauptplatz 33, « Napoleonwirt ». Suivant la tradition locale, Napoléon se serait arrêté en ici le 2 mai 1809, lors de l’étape Braunau-Lambach. Photo D. Timmermanns
Altheim, Hauptplatz 33, « Napoleonwirt ». Suivant la tradition locale, Napoléon se serait arrêté en ici le 2 mai 1809, lors de l’étape Braunau-Lambach. Photo D. Timmermanns

Juste au moment de partir, Napoléon reçoit, transmise par Davout, une lettre de l’archiduc Charles, qui lui propose un échange de prisonniers et, en même temps, l’informe qu’il est prêt à faire la paix. Si cette lettre démontre, s’il en était besoin, que son adversaire se trouve à la limite de ses possibilités de résistance, et qu’il cherche à éviter « la punition » qu’il mérite pour avoir rompu la paix existante, elle arrive dans les mains de son destinataire au plus mauvais moment, alors que ce dernier s’apprête à frapper le dernier coup en fonçant sur Vienne. Davout est donc informé que l’empereur répondra à cette lettre « quand il aura le temps », « dans huit jours », que d’ailleurs l’armée d’Allemagne est en route vers Lambach et Linz.

Lorsqu’il arrive à Braunau (il loge chez le marchand Josef Schüde, Hauptplatz 73, au premier étage – plaque commémorative), l’empereur reçoit la nouvelle, confirmée par les habitants et des prisonniers, que les Autrichiens sont rassemblés à Wels, qu’ils ont renvoyé leur train derrière l’Enns et que l’intention de l’archiduc Charles est bien de se joindre à Hiller à Linz.

Stadtplatz 34, maison Josef Schüde où Napoléon loge à Braunau Photo D. Timmermanns
Stadtplatz 34, maison Josef Schüde où Napoléon loge à Braunau. Photo D. Timmermanns

Durant son court séjour à Braunau (il va quitter la ville le 2 à 19 heures). Napoléon réorganise sa ligne d’opération, Passau devenant le principal dépôt de l’armée, et devant être organisée comme une ville fortifiée, permettant, en cas de revers, de repasser l’Inn sans encombre. La forteresse de Oberhaus se voit approvisionnée pour 1.000 hommes pour quatre mois, les défenses de la ville améliorées et la construction d’un camp retranché, pouvant accueillir une garnison de 1.000 hommes et, le cas échéant, abriter 12 à 15.000 hommes, est ordonnée.

Au quartier général  de l’empereur, on tient pour assuré que l’archiduc Charles ne peut avoir d’autre projet que d’arriver à Vienne avant l’armée d’Allemagne et de se réunir, sur la rive gauche, aux troupes d’Hiller. On estime qu’il ne pourra arriver à Linz avant le 7 mai, mais qu’il ne lui faudra alors pas plus de deux marches supplémentaires au cas où il déciderait de rejoindre le Danube à Krems (venant alors directement de Budweis). Si l’armée d’Allemagne prend quelque retard, il pourra même se mettre en travers de sa route vers la capitale, aux environs de Sankt-Pölten. On n’est d’ailleurs pas loin de penser que Hiller va mener des actions retardatrices, en utilisant, pour cela, les lignes de la Traun et l’Enns.

Napoléon calcule qu’il arrivera sans vraiment de problèmes jusqu’à la Traun, mais qu’il lui faudra alors en forcer le passage. Que Hiller puisse passer sur la rive gauche du Danube, pour y attendre, à Linz, le généralissime, ou qu’il essaye de se maintenir dans cette ville jusqu’à l’arrivée de celui-ci, voilà deux hypothèses que Napoléon ne prend même pas en compte. Pour lui, une chose est sûre : Hiller se dirige droit sur Vienne !

Masséna, dont la cavalerie est renforcée de la division Marulaz, reçoit l’ordre d’avancer sur Linz, aussi rapidement qu’il le pourra, et de s’emparer d’un pont sur la Traun, voire, si cela est possible, d’un pont sur le Danube. L’empereur calcule que son lieutenant atteindra ce but dès le 2 mai, et il lui fait savoir que, si les Autrichiens veulent défendre le passage de la Traun, c’est à Ebelsberg qu’ils le feront, dans une position très avantageuse pour eux. Mais il lui fait également remarquer que cette place ne manquera pas de tomber dès l’instant que le gros de l’armée aura passé la rivière à Lambach. Masséna doit se lier avec lui, en envoyant des unités en direction de Wels. Il semble donc que, pour Napoléon, l’objectif de Masséna ne doit pas être seulement Linz, mais la portion de la Traun de Wels au confluent avec le Danube.

Portrait de Dominique Joseph Vandamme
Dominique Joseph Vandamme

De son côté, Vandamme reçoit l’ordre de se rendre à Riedau, avec les deux régiments de chasseurs à cheval wurtembergeois, son infanterie légère et ses batteries attelées, d’éclairer en direction de Wels et d’assurer la liaison le contact entre Masséna et Lannes.

Enfin, Davout doit réunir son corps à Passau, envoyer les divisions Dupas et Rouyer sur Straubing, pour leur faire prendre position le long du Danube, et doit se tenir  prêt à être, le 4 ou le 5 mai, à atteindre Linz.

Napoléon a maintenant le sentiment que les troupes qui se trouvent en face de lui sont déjà derrière l’Enns, Hiller à Steyer, Louis à Enns. Cette opinion est confortée par les renseignements obtenus de prisonniers, d’un rapport de Wrède, mais aussi de dépêches interceptées, qui l’ont informé que le gouvernement autrichien a quitté Vienne pour Pest, que l’empereur François se trouve à Strengberg, ainsi que de la levée de l’Insurrection hongroise.

Il écrit personnellement à Davout que, selon lui, les Autrichiens espèrent visiblement effectuer leur jonction à Mauthausen, mais qu’il atteindra ce point avant eux, de sorte que l’archiduc Charles n’aura plus d’autres points de passage que Krems ou Vienne. Le duc d’Auerstaedt doit donc accélérer sa marche sur Passau, puis sur Linz, et envoyer sans retard toutes les troupes qui se trouvent encore à Ratisbonne et Straubing sur Passau. Par précaution, il laissera 2 régiments de cavalerie légère, qui sécuriseront le Danube depuis Ratisbonne, et attendront l’arrivée du corps saxon.

La marche sur Vienne ainsi préparée, Napoléon s’occupe encore de sa ligne d’opération, qui s’allonge au fur et à mesure de cette marche en pays ennemi.  C’est surtout son flanc sud qui le préoccupe alors (une attaque par la Bohème lui apparaissant de plus en plus improbable), d’autant qu’il ignore presque tout de ce qui se passe sur le front italien, et qu’il ne peut rejeter l’hypothèse d’une attaque de la part de l’archiduc Jean, si celui-ci est vainqueur en Italie.

Il laisse donc en arrière le maréchal Lefebvre, avec deux divisions bavaroises, forces qui s’avèreront rapidement insuffisantes, compte tenu des tâches de plus en plus nombreuses qui leur seront assignées. Quoiqu’il en soit, elles doivent s’appuyer sur Salzbourg et Kufstein. Pour protéger Lefebvre d’une attaque des Tyroliens et des Voralbergeois, les princes de la Confédération sont appelés a faire avancer toutes les troupes encore disponibles jusqu’à la frontière et de mettre á disposition leurs milices.

Toutes ces dispositions étant prises, Napoléon quitte Braunau et rejoint Ried dans la nuit du 2 mai.

 

L'entrée en Autriche l2 2 mai 1809
L’entrée en Autriche l2 2 mai 1809

L’affaire d’Eferding (2 mai 1809)

Le 2 mai, à Sigharting, Masséna reçoit de Napoléon l’ordre, écrit la veille, d’accélérer sa marche sur Linz. Il fait savoir qu’il sera à Eferding le soir même, et se dirige aussitôt sur cette ville.

Les dernières divisions se mettent en marche au lever du jour, celle de Carra Saint-Cyr vers six heures du matin. La cavalerie de la Confédération (chasseurs à cheval wurtembergeois  König et Herzog Louis, sous le commandement du GM Stettner) reste à Weidenholz jusqu’à 8 heures, pour, peu après, passer rapidement devant la colonne. L’avant-garde (14e chasseurs à cheval – un bataillon du 24e léger), est commandée par l’adjudant général Trenqualye

Partis de Prambachkirchen, les chasseurs à cheval rencontrent rapidement, près de Waizenkirchen, les postes de cavalerie autrichienne, qui se replient sans résistance. Mais lorsqu’ils arrivent à l’ouest d’Eferding, ils trouvent, devant la ville et sur les deux côtés de la route, de l’infanterie, qui a pris position derrière les haies  et les clôtures. Ce sont les deux bataillons de frontaliers Walachie-Illyrie et deux compagnies du 2e bataillon de Volontaires Viennois, sous le commandement du lieutenant colonel Steigentesch.

Trenqualye comprenant qu’une attaque avec de la cavalerie n’a pas de sens, fait déployer les fantassins du  24e léger. Comme ceux-ci n’arrivent pas à gagner du terrain, il demande en renfort à Carra Saint-Cyr 3 compagnies de voltigeurs. Leur attaque permet de faire reculer, à 9 heures, les Autrichiens, le 24e léger les poursuit avec force, arrivant, sur leurs talons, à Eferding, où une partie des frontaliers, complètement isolés, sont obligés de se rendre.

Avec l’arrivée des cavaliers de la Confédération, Trenqualye espère contourner le village, et couper la ligne de communication des Autrichiens. Avec le 14e chasseurs à cheval et les dragons badois, il contourne la ville par le nord, mais est arrêté par l’obstacle infranchissable que représente le ruisseau qui, d’Eferding, rejoint le Danube. Il fait donc demi-tour.

Entre-temps, l’infanterie de l’avant-garde et les chevau-légers garde wurtembergeois ont poursuivi les Autrichiens à travers la ville, pour les repousser sur Raffelding, lorsque de nouvelles troupes autrichiennes arrivent sur le front et arrêtent cette poursuite.

Vincenz-Ferrerius Frederico Bianchi
Vincenz-Ferrerius Frederico Bianchi

Conformément aux ordres qu’il avait reçu, Bianchi, à Wallern, a mis sa brigade en marche à 5 heures du matin, et est arrivé à 8 heures à Raffelding. Là, il a recueilli le groupe du colonel Gratze et a pris position sur le Wilden Innbach. Il fait occuper  les passages de Hörsdorf et Ranzing par un demi bataillon Duka (capitaine Josef Wasserthal), et le pont près de Fraham par la sixième division de Gyulai (capitaine Ladislaus Sártory). Le reste des fantassins de Gyulai (major Czarnotzay von Charlottenburg), et deux canons de brigade, sont placés en avant du pont de Raffelding. Sur la rive droite se trouve quatre bataillons (Major Nepomuk von Urmenyi). Le régiment d’infanterie Duka se trouve encore plus en arrière, en réserve.

Carra-Sant-Cyr comprend qu’il lui faut renforcer son avant-garde et faire avancer de l’artillerie. Ce développement de forces supérieures et leur attaque sur un adversaire qui recule en désordre vers le pont de Raffelding, n’est pas sans effet sur les 4 compagnies Gyulai. Czarnotray ordonne la retraite. C’est à ce moment qu’arrive de nouveau Trenqualye avec ses deux régiments de cavalerie. Il envoie deux escadrons de dragons badois, et les chevau-légers wurtembergeois, couvrir l’artillerie, suivant avec les autres escadrons l’infanterie en marche.

Pour Trenqualye, ce désordre des Autrichiens refoulant sur Raffelding doit être mis à profit. Il donne l’ordre au lieutenant-colonel Heimrodt d’attaquer avec ses deux escadrons badois et un escadron du 14e chasseurs à cheval. Comme il est difficile d’avancer le long de la route,  les cavaliers doivent progresser en colonne. Ils sont aussitôt pris sous le feu de l’infanterie autrichienne, qui s’est postée des deux côtés de l’entrée du pont, ce qui force le gros des cavaliers à faire demi-tour. Seuls le lieutenant colonel Heimrodt et le capitaine Schimmelpennig, 10 dragons et 12 chasseurs à cheval continuent leur marche en avant, dans l’espoir de s’emparer des deux canons autrichiens, dont les chargements avaient été perdus dans la fuite.

Ce petit groupe de cavaliers réussi à passer le pont et à rejoindre les deux canons au deuxième pont, à l’entrée ouest de Raffelding, où ils s’étaient arrêtés. Heimrodt s’en empare à la première attaque. Mais des Autrichiens arrivent en renfort. Le Wachtmeister Weber (chevau-légers Rosenberg) se lance, avec quelques cavaliers, à l’assaut de ses adversaires, des fantassins s’en mêlent, et forcent, après un court affrontement, Heimrodt à prendre la fuite. Schimmelpennig est tué dans cette action d’une balle en plein cœur, plusieurs cavaliers sont blessés et faits prisonniers.

Par chance pour Heimrodt, le 4e de ligne, envoyé par Carra Saint-Cyr en renfort, s’est emparé des bosquets de la rive gauche du Wilden Innbach, ce qui permet à Heimrodt et à ses hommes de se retrouver en sécurité derrière cette infanterie.

L’attaque française sur le Wilden Innbach marque un temps d’arrêt. Une offensive menée sur le pont par quelques escadrons de cavalerie est repoussée.

Carra Saint-Cyr amène maintenant son artillerie, pour préparer une nouvelle attaque du pont, que les Autrichiens ne sont plus en mesure de détruire, en dépit des mesures prises, sous la pression des évènements.

A 10 heures, Bianchi doit reconnaître qu’une bataille est inévitable et que le maintien de l’avant-garde sur le Wilden Innbach, et le retour simultané de sa brigade à Linz, comme le lui ordonne Hiller, sont impossible. Il ordonne une retraite générale sur Alkoven, où il espère être recueilli par le 2e corps de réserve.

Le FML Kienmayer se trouve en effet à ce moment à Maria Scharten et, pour se rendre à sa position de Hartheim, doit emprunter la route qui passe par Polsing. Les dragons Knesevich forme l’arrière-garde. Mais, tout comme pour Bianchi, les ordres de Hiller à Kienmayer sont contraignants : s’il doit recueillir les troupes de l’avant-garde, sa mission principale est de rejoindre Linz  (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle Bianchi a engagé si peu de moyens). Kienmayer se dirige donc vers le point de rencontre, mais continue sa marche sur Linz, peu après son arrivée à Hartheim (vers 11 heures), lorsqu’il apprend le repli de Bianchi et l’impossibilité de se maintenir sur le Wilden Innbach. Le 2e corps de réserve arrive à Linz à deux heures de l’après-midi.

Lorsque Trenqualye remarque le repli des Autrichiens, il fait passer le pont à toute sa cavalerie. L’avant-garde (les Badois apparemment) rejette une compagnie de chevau-légers Rosenberg qui s’est mis en travers.

Les cavaliers rejoignent le 1er bataillon Gyulai, qui est mis en morceaux avant qu’il ait pu se regrouper. Bianchi lui-même (qui se trouve à l’arrière-garde avec son état-major) se retrouve au milieu des cavaliers. Tandis qu’il réussit à s’échapper, le commandant du bataillon est blessé et manque de peu d’être fait prisonnier. Le caporal Szrabo et cinq soldats viennent à son aide, deux sont déjà gravement blessés, lorsque enfin arrive du secours.

Après la destruction du bataillon, le gros des cavaliers a continué sa charge, apercevant les deux canons en retraite. Ceux-ci sont bientôt la proie des cavaliers, les servants sabrés et le capitaine d’artillerie Franz Hayduck fait prisonnier. Alors qu’ils s’apprêtent à mettre leur butin en sécurité, une salve retentit : c’est le 3e bataillon Gyulai, placé là pour recueillir l’arrière-garde. Au même moment, le major Scheibler attaque avec des chevau-légers rapidement rassemblés, et même des hussards Stipsicz, qui viennent à la rescousse. Les canons sont reconquis, un certain nombre de prisonniers sont libérés.

Cette contre-attaque ne dure pas longtemps. Voyant arriver le gros de la cavalerie alliée, les poursuivants doivent penser à se mettre à l’abri. Bianchi a entre-temps réussi à remettre de l’ordre dans sa brigade, qui reprend sa retraite, en carré, la cavalerie sur les ailes. Les 5 compagnies qui se trouvaient à Fraham et Ranzing retraitent indépendamment, au pied de la colline.

Trenqualye a remarqué cette colonne et demande à Carra Saint-Cyr de l’infanterie pour la couper. Celui-ci prend désormais le commandement pour la suite des opérations, et met sa division en marche, en direction de Alkoven. La cavalerie suit l’infanterie en soutien.

Bianchi retraite lentement, mais avec beaucoup de talent, en utilisant toutes les ressources du terrain, vers l’entrée du défilé près de Wilhering, où il arrive dans le courant de l’après-midi. Il ne lui reste qu’un canon, les 6 autres ayant été  envoyés avec 7 chariots à Linz, où 2 autres bataillons doivent suivre. Le soir, les frontaliers Wallachie-Illyrie et vraisemblablement les deux compagnies  de Volontaires Viennois, retournent à Linz.

Carra Saint-Cyr ne s’est avancé que jusqu’à Alkoven, car il a été informé que l’ennemi occupe les hauteurs des deux côtés de la route qui va de Strassham à Linz. L’infanterie hessoise est chargée de l’attaque : 3 bataillons se déploient sur la droite de la chaussée, les tirailleurs (10 par compagnies) se déploient pour contourner la gauche ennemie, vers Annaberg, les fusiliers restent en réserve.

Il n’y aura pas de combat. Masséna, ayant reçu la nouvelle que Carra Saint-Cyr se heurte à une vive résistance, s’est d’abord occupé  d’accélérer le mouvement les divisions restées à Waizenkirchen. Au début de l’après-midi il arrive sur le champ de bataille. Selon les dires de prisonniers, il y a des forces considérables à Linz ; on entend la canonnade en direction de Wels, sur l’autre rive du Danube on aperçoit des unités autrichiennes, qui laissent augurer l’arrivée de l’armée principale. Dans cette situation incertaine, avec des troupes fatiguées et après avoir atteint le but fixé, Masséna ne souhaite pas se laisser entraîner dans une attaque sur un terrain difficile à l’ouest de Linz, et envoie donc l’ordre à Carra Saint-Cyr de cesser le combat. D’ailleurs, la nuit est venue. Et les unités autrichiennes vont continuer leur retraite, et rejoindre, à Leonding, le groupe du FML Dedovich.

Carra Saint-Cyr fait cantonner ses troupes à l’est de Alkoven, la cavalerie (Trenqualye) est envoyé, par sécurité, en avant à Bergham, les tirailleurs hessois occupent Annaberg. La division Legrand occupe Emling et Staudach, les divisions Claparède et Boudet l’espace derrière Eferding, où Masséna prend ses quartiers au château Starhemberg[i]. Les cuirassiers d’Espagne passent la nuit à Alkoven.

Afin d’établir la liaison avec Lannes, un escadron de chevau-légers wurtembergeois (Rittmeister Palm) est envoyé sur la route Eferding – Wels. Il semble qu’ils aient ainsi atteint Maria-Scharten. Masséna envoie le lieutenant badois Zorn von Bulach au quartier général de Napoléon, porteur du rapport de la journée. Passant par la vallée du Wilden Innbach, il tombe aux mains d’une patrouille de Schustekh.

Durant cette affaire d’Eferding-Raffelding les Autrichiens, qui n’ont pu opposer que 2.800 hommes à trois divisions alliées, ont eu environ 600 hommes hors de combats:

Gyulai : 9 fantassins tués, 2 Officiers et 48 fantassins blessés, 3 Officiers et 30 fantassins prisonniers, 120 disparus;

Duka : un tué, 16 prisonniers ou disparus;

Frontaliers Walachie-Illyrie: 5 Officiers et 72 hommes prisonniers, 4 tués, 216 disparus;

Volontaires Viennois : 2 tués, 3 disparus, 22 prisonniers;

Chevau-légers Rosenberg : 8 tués; 

Hussards Stipsicz : 8 tués.

Les pertes des Français sont très inférieures :

Dragons badois : 1 officier tué, 13 hommes blessés, 4 prisonniers;

24e léger : 1 homme tué, 2 officiers et 18 hommes blessés.

 

 

Hiller, de son côté, s’était replié sur Linz, où les défenses semblaient être en mesure d’offrir la possibilité de contrebalancer cette infériorité numérique. Mais lorsqu’il arrive dans cette ville, il y trouve des ordres relativement contradictoires : d’un côté (lettre du 1er mai), l’archiduc Charles lui ordonne de passer le Danube à Linz, justement, pour se joindre à lui et livrer une bataille décisive, tandis que, de l’autre (lettre du 3 mai), l’empereur François lui fait savoir qu’il doit impérativement se mettre en travers de la route des Français, sur la Traun ou sur l’Enns, pour leur barrer la route qui mène directement à Vienne.

Hiller calcule que les troupes de Napoléon arriveront à Linz forcément avant celles du généralissime. Par ailleurs, il lui en coûte de laisser à leur sort ses lieutenants Schustekh et Radetzky, dont il est par ailleurs sans nouvelles. Il ne balance donc pas, et préfère obéir à son monarque : il défendra le passage de la Traun à Ebelsberg. Pour cela, après avoir, dans la nuit du 2 au 3 mai, fait mettre le feu au pont de Linz (celui de Mauthausen, en aval, plus important, a été très endommagé par des bateaux bavarois lancés dans le courant, méthode que les Autrichiens utiliseront eux-mêmes au moment d’Essling), il ordonne à ses divers détachements de rallier Ebelsberg. Ce départ de Linz se fait en trop bon ordre, et selon les règlements en vigueur : les fonctionnaires chargés de superviser le ravitaillement des troupes prennent si bien leur tâche à cœur, que beaucoup d’unités quittent finalement la ville sans avoir rien reçu. Une grande partie des magasins tombera ainsi bientôt dans les mains des Français.

Bibliographie

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  • Anonyme. Der Feldzug Frankreichs und seine Verbündeten gegen Österreich im Jahre 1809. Eine historische Übersicht der Kriegsereignisse in Teuschland, Ungarn, Italien und Polen. Meißen, 1820.
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  • Molières, Michel. Napoléon en Autriche. La campagne de 1809. Le Livre Chez Vous. Paris, 2004.
  • Moltke, Helmuth Karl Bernhard von. Der Feldzug 1809 in Bayern. Berlin, 1899.
  • Napoléon Ier. Correspondance. Vol. 18. Paris, 1865.
  • Parquin. Souvenirs militaires. Édition pour la Jeunesse. Paris, 1897.
  • Pelet. Mémoires sur la guerre de 1809 en Allemagne. Tomes I et II. Paris, 1824.
  • Saski. Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche. Tomes 1 et 2. Paris, 1899.
  • Savary, Jean. Mémoires du duc de Rovigo pour servir à l’histoire de l’empereur Napoléon. Vol. 4. Paris, 1828.
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  • Thiers, Adolphe. Histoire du Consulat et du Premier Empire. Tome X. Paris, 1851.
  • Tulard, Jean – Garros, Louis, Itinéraire de Napoléon au jour le jour. Paris, 1992.
  • Weininger, H. Der 23. April 1809 in Regensburg. Österr. Militär.Zeitschrift (ÖMZ), 1868/2, p. 57.

NOTES

[i] Il s’agit des éléments du IVe corps de Reuß, du Ve corps de l’archiduc Louis et du VIe corps d’Hiller, soit près de 32.000 hommes, sans compter la division Jellačić, qu’il peut, éventuellement, ramener à lui.

[ii] En arrière-garde.

[iii] En avant-garde.

[iv] Bessières à Molitor, le 24 avril, une heure et demie du matin. Cité par A. Rabel, Le maréchal Bessières, p. 148. Librairie des Deux Empires, Paris, 2004.

[v] Il s’agit d’un simple pont de chevalets, peu fait pour supporter le passage d’une troupe nombreuse (Thierss)

[vi] Rapport de Wrede. Saski, volume 3, p. 9.

[vii] Thiers donne le beau rôle dans cette affaire à Molitor, minimisant la belle conduite des Bavarois.

[viii] Rapport de Bessières à Berthier. In Le maréchal Bessières, p. 154.

[ix] Le 13e de ligne bavarois (brigade Minucci) perd à lui seul près de 100 prisonniers

[x] Rapport de Bessières à Berthier. In Le maréchal Bessières, p. 155.

[xi] D’où est daté le Premier Bulletin de l’Armée d’Allemagne, qui résume les évènements depuis le 9 avril, avec, ici et là, des inexactitudes plus ou moins volontaires….

[xii] Correspondance,  15111.

[xiii] La plupart des historiens (Thiers, Buat, Pelet, Angeli, Stutterheim, etc.) ont longuement discuté les éléments pris en compte par Napoléon pour prendre sa décision et, a posteriori, la justifier ou la critiquer. Un excellent résumé en est donné dans le livre de Michel Molières (voir la bibliographie)

[xiv] A Davout, 26 avril, 3 heures du matin. Correspondance, 15122

[xv] Idem, quatre heures du matin. Correspondance, 15123

[xvi] Les divisions Dupas et Rouyer (10.000 hommes) restent à Ratisbonne. La division Boudet, à Straubing, doit faire la liaison entre Bernadotte, Davout et Masséna. Les Wurtembergeois de Vandamme forment une réserve générale.

[xvii] „Nous voilà en Autriche“ écrit-il le 27, de Mühldorf, à notre chargé d’affaires à Munich, Otto.

[xviii] Les Bavarois en avaient de même, au début de la campagne….

[xix] Burghausen, 29 avril 1809. Lettres de Napoléon à Joséphine. Édition annotée par Jacques Haumont, p. 312. Paris, 1985.