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L’ équipage personnel de vénerie du Premier Consul

 

La vénérie consulaire – Article de mon ami Patrice Courcelle

Les médecins avaient ordonné l’exercice au nouveau Premier Consul; la chasse à courre s’imposa.On a beaucoup écrit que Napoléon Bonaparte n’a jamais eu d’intérêt particulier pour la vénerie. Résumons en disant qu’il en reconnaissait la science, indubitablement, et en prisait beaucoup le décorum, l’ambiance et surtout les galops à cheval, qu’il pratiquait sans fin, dédaignant souvent la chasse elle-même. Ce n’était certes pas ce qu’on appelle un veneur. Néanmoins, on le sait peu, devenu empereur il chassait au moins une fois par semaine, y entrainant son monde avec lui, ce y compris les visiteurs étrangers, profitant parfois des circonstances pour des échanges diplomatiques improvisés.
Dès 1800, Bonaparte possédait une petite meute, sans doute comme signe extérieur de richesse et de pouvoir; durant cette période, il chassait principalement en forêt de Bondy. Avant l’organisation du Consulat à vie, Bonaparte entretenait déjà un équipage à titre privé, dont le chef était Dutillet dit « Mousquetaire ». Certains des hommes de cet équipage sont restés célèbres dans les fastes de la Vénerie. Mousquetaire est de ceux-là. Il mènera plus tard toutes les chasses royales pendant la Restauration.
Dans l’équipage privé du Premier Consul, arriva aussi le célèbre piqueur « La Trace » . Personne de ceux qui s’intéressent à l’histoire de la vénerie et à la vénerie dans l’Histoire, n’ignore son nom. Fils de Leroux, de la Vénerie Royale du 18e siècle, celui que l’on appelait toujours sous le second Empire : « Monsieur La Trace » écrit dans son autobiographie:
« En 1801 (j’avais alors 16 ans), Napoléon Bonaparte, Premier Consul, vint chasser le chevreuil dans la forêt de Chantilly avec l’ équipage de M. de Poter et huit chiens appartenant à M. Besnard, de Senlis. Comme je commençais à sonner passablement, M. Besnard pria mon père de me laisser conduire ses chiens au rendez-vous, qui était ce jour-là, au carrefour de la Table.
C’est la que, pour la première fois, j’eus l’honneur de voir le Premier Consul. Il arrivait de Marengo et montait la même jument qu’il avait le jour de la bataille. Cette jument, qu’il paraissait affectionner beaucoup, s’appelait la Belle, surnom qu’elle justifiait du reste a tous égards ».
Le personnel de l’équipage personnel du Premier Consul, recruté parmi les anciens serviteurs de la Vénerie du roi et des princes, comprenait 4 piqueurs, 4 valets de limiers, 4 valets de chiens a cheval et 6 à pied, plus 2 porte-arquebuses.

Les domaines de chasse

Avec Malmaison, les bois de Boulogne, de St-Germain, ce qui restait des forêts entourant Versailles, ajoutés au domaine de Saint-Cloud mis à disposition par l’état français, Bonaparte disposait d’un vaste domaine dédié à la chasse. Il entreprit de l’agrandir.

Le pavillon du Butard

Dès avril 1802, il fit acheter à Joséphine le pavillon du Butard à la Celle-Saint-Cloud, pavillon construit en 1751 pour Louis XV. De même, le même mois, elle fit l’acquisition de la propriété du Clos Toutain à Vaucresson, qui fut réaménagé pour loger l’équipage de chasse.

Les chasses étaient alors très liées à Malmaison dont C-F de Méneval nous apprend que le Premier Consul passait «tout le temps que le travail, la promenade ou la chasse n’occupait pas». Les chasses consulaires, confinées à ce domaine et aux forêts environnantes restèrent éloignées de la vue des citoyens.

Si les intentions de Bonaparte sont affirmées quand à la chasse et singulièrement à la vénérie à cette époque, ses ambitions restèrent relativement modestes, du moins si on les compare à ce qu’elles furent par ailleurs.

La tenue de Bonaparte et des maîtres veneurs de l’équipage

Par tradition séculaire, qui dit équipage de vénerie dit tenue spécifique. Celle de l’équipage privé du Premier Consul nous est connue par les piqueurs représentés sur la planche de JOB « Bonaparte à la chasse ». Le dessinateur possédait l’une de ces tenues; la source ne peut donc être plus exacte. En fait, on y retrouve les couleurs vert et rouge que le général Bonaparte avait choisies pour ses guides en Egypte et que le consul, puis l’empereur, gardera pour livrée jusque la fin.

[1]On les retrouvera encore sous le Second Empire, mais c’est un autre sujet.

Le Premier Consul ose s’approprierle galon de l’Equipage Royal de Vénerie, celui des rois de France; simple détail pour nous aujourd’hui mais qui, à cette époque, se révèle particulièrement édifiant et témoigne d’une arrogance sans borne de la part d’un homme de petite noblesse à peine parvenu au pouvoir . Elle découvre l’image que Bonaparte possède déjà de lui-même et met à jour clairement ses intentions, alors encore cachées au peuple français.

Aussi important que le galon et les couleurs dans la tradition des costumes de vénerie, le bouton. Celui de l’équipage personnel du Premier consul Bonaparte n’est pas connu. On peut penser que ce serait celui de l’équipage royal, mais c’est pure hypothèse.

Le Premier Consul Bonaparte dans la tenue de son équipage personnel de vénérie. A gauche et à droite, le détail de l’habit avec son galonnage. Au centre, le galon des boutonnières. Celui des collets et parements est un peu plus large et s’avère d’un tissage légèrement différent

 

References

References
1 On les retrouvera encore sous le Second Empire, mais c’est un autre sujet.