Kleber Jean-Baptiste (1754-1801)

Jean-Baptiste Kleber - Musée de l'Armée
Jean-Baptiste Kleber – Musée de l’Armée

[1]source : MulliéJean-Baptiste Kléber nait à Strasbourg en 1754, où son père est terrassier-maçon ; l’enfant est élevé par un curé de village.

Il étudie l’architecture sous l’architecte Chalgrin, entre ensuite à l’École militaire de Munich ; lieutenant dans le régiment de Kannitz, où il reste depuis 1772 jusqu’en 1783.

Il est alor inspecteur des bâtiments de la haute Alsace.

Adjudant-major d’un bataillon de Volontaires au commencement de la Révolution., il est adjudant-général au siège de Mayence, puis général de brigade, général de division en 1794, enfin général en chef de l’armée française en Égypte, en remplacement de Bonaparte, qui rentre en France.

Le 24 février 1800, il signe avec le commodore anglais, Sidney-Smith, une convention honorable pour l’évacuation de l’Égypte. L’amiral Keith ne veut la ratifier qu’à condition que l’armée française mettra bas les armes et se rendra prisonnière. Kléber, indigné, s’écrie, en montrant le manifeste à l’armée : « Soldats ! on ne répond à cette lettre que par des victoires, préparez-vous à combattre ». dit-il et gagna la bataille d’Héliopolis.

Mais il est assassiné au Caire par le Syrien Soliman, le 14 juin 1801.

Kléber n’avait jamais commandé en chef ; il avait servi à l’armée de Sambre-et-Meuse, comme général de division, sous les ordres de Jourdan. Tombé dans la disgrâce du Directoire, il vivait obscurément à Chaillot, quand Bonaparte, en novembre 1797, arriva de Radstadt, ayant conquis l’Italie, dicté la paix sous Vienne et pris possession de Mayence.

Kléber s’attacha alors à son sort et le suivit en Égypte. Il s’y comporta avec autant de talent que de bravoure, et s’acquit l’estime du général en chef qui, après Desaix, le tenait pour le meilleur officier de son armée.

Il s’y montra des plus subordonnés, ce qui étonna les officiers de son état-major, accoutumés à l’entendre fronder et critiquer les opérations à l’armée de Sambre-et-Meuse. Il témoigna une grande admiration de la belle manœuvre de la bataille du mont Thabor, où le général en chef lui sauva l’honneur et la vie. Quelques semaines après, il marchait à la tête de sa division à l’assaut de Saint-Jean-d’Acre ; Bonaparte lui envoya l’ordre de venir le joindre, ne voulant pas risquer une vie si précieuse dans une occasion où son général de brigade le pouvait remplacer.

Quand le général en chef prit le parti d’accourir en Europe, au secours de la République, il pensa d’abord à laisser le commandement à Desaix ; ensuite, à emmener avec lui en France Desaix et Kléber, et enfin, il résolut d’emmener le premier, et d’investir le second du commandement (Napoléon à Sainte-Hélène) .

Kléber était le talent de la nature, celui de Desaix était entièrement celui de l’éducation et du travail. Le génie de Kléber ne jaillissait que par moments, quand il était réveillé par l’importance de l’occasion, et il se rendormait aussitôt après au sein de la mollesse et des plaisirs.

Après le départ du général en chef pour la France, Kléber, qui lui succéda, circonvenu et séduit par les faiseurs, traita l’évacuation de l’Égypte ; mais quand le refus des ennemis l’eut contraint de s’acquérir une nouvelle gloire, et de mieux connaître ses forces, il changea tout à fait de pensée et devint lui même partisan de l’Égypte. Il ne s’occupa donc plus que de s’y maintenir ; il éloigna de lui les meneurs qui avaient dirigé sa première intention, et ne s’entoura plus que de l’opinion contraire. L’Égypte n’eut jamais couru de dangers s’il eût vécu : sa mort seule en amena la perte (Mémorial de Sainte-Hélène)

Si Kléber était doué du plus grand talent, il n’était que l’homme du moment. Il était d’habitude un endormi ; mais dans l’occasion, il avait le réveil du lion. Il cherchait la gloire comme la seule route aux jouissances ; d’ailleurs, nullement national, il eût pu sans effort servir l’étranger : n’avait-il pas commencé dans sa jeunesse, sous les Prussiens, dont il demeurait fort engoué.

C’était un homme superbe, mais de manières brutales ; la sagacité des Égyptiens leur avait fait deviner qu’il n’était pas Français. Au milieu de ses soldats, il semblait le dieu Mars en uniforme.

Kléber tomba victime du fanatisme musulman. Rien ne peut autoriser en quoi que ce soit l’absurde calomnie qui essaya d’attribuer cette catastrophe à la politique de son prédécesseur ou aux intrigues de celui qui lui succéda. (Mémorial de Sainte-Hélène.)

Caffarelli, qui pouvait porter sur Kléber un jugement désintéressé, disait de lui : « Voyez-vous cet Hercule, son « génie le dévore ! »

Les restes de Kléber, rapportés à Marseille, étaient oubliés dans le château d’If, lorsque Louis XVIII ordonna, en 1818, qu’ils fussent transférés dans sa ville natale, qui les reçut avec gratitude et vénération. Ils reposent dans un caveau construit au milieu de la place d’armes, et au-dessus duquel Strasbourg et la France entière ont fait élever une statue eu bronze, inaugurée le 14 juin 1840.

Quelques paroles de Kléber achèveront de le peindre.

A Torfou (19 septembre 1793) il a en tête 20 000 Vendéens contre les 4 000 hommes qu’il commandait. Il dit au capitaine Schwardin : « Prends une compagnie de grenadiers, arrête l’ennemi, devant ce ravin ; tu te feras tuer, mais tu sauveras tes camarades. — Oui, mon général, répond l’officier. » Il part. Ses grenadiers et lui périssent tous à leur poste ; mais l’armée est sauvée. »

A Savenay, les commissaires de la Convention veulent l’obliger d’attaquer pendant la nuit. « Non, dit Kléber, les braves gens n’ont rien à gagner en combattant dans les ténèbres ; il est bon de voir clair dans une affaire sérieuse, et celle-ci doit se passer au grand jour. » La bataille se donne (22 décembre 1795). Ce fut un massacre de 60 000 Vendéens ; il s’en échappa 5 à 6 cents. Les Nantais offrent à Kléber une couronne de laurier. « C’est aux soldats plutôt qu’aux généraux, dit un commissaire, que sont dus les lauriers. — Nous avons tous vaincu, s’écrie Kléber avec fierté, je prends cette couronne pour la suspendre aux drapeaux de l’armée. »

 

 

 

References

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1source : Mullié