Johann Liechtenstein (1760-1836) – Le Consulat et le Premier empire

Johann I. Josef von Liechtenstein. Portrait de Johann Lampi, Heeresgeschichtliches Museum
Johann I. Josef von Liechtenstein. Portrait de Johann Lampi, Heeresgeschichtliches Museum

Johann Liechtenstein voit le jour le 26 juin 1760, à Vienne. Il est le fils du prince Franz Joseph Liechtenstein et de la princesse Léopoldine Sternberg, née comtesse Sternberg. 

Dès sa jeunesse, il est attiré par la vie militaire et c’est un ami de la famille, le maréchal Moritz Lach, qui s’occupe et surveille personnellement sa formation militaire. A 22 ans, il entre comme lieutenant dans le régiment de cuirassiers Anspach. Après avoir obtenu les grades de Rittmeister, en 1783, de Major, en 1787, dans le régiment de dragons Harrach (qui sera ensuite le n° 7), il lui est donné d’affronter l’ennemi pour la première fois en 1788, durant la guerre contre les Turcs. 

A peine arrivé entre Temlin et Belgrade, il démontre, dans de nombreux combats avec les avant-postes turcs, une telle assurance qu’il est bientôt promu  lieutenant-colonel au régiment de chevau-légers Kinsky (qui deviendra le dragons n° 10). Mais c’est à Czettin, dont les Turcs tentent en vain de s’emparer, qu’il gagne la Croix de Chevalier de l’Ordre de Marie-Thérèse. Le 20 juillet 1790, il est, avec Gyulai, le premier à franchir les murs de la place. Peu après, il prend le commandement de son régiment.

Durant les guerres de la Révolution – 1789-1790, 1792-1797 – à la tête de ses cavaliers, il va continuer de se faire remarquer par sa bravoure et semer la déroute dans parmi les cavaliers adverses.

Le 12 septembre 1793, par exemple, c’est le combat d’Avesnes le Sec, près de Cambrai, où il résiste, malgré une infériorité numérique flagrante et force même l’infanterie à former le carré, que la fougue des cavaliers de Liechtenstein (le général Bellegarde est également présent ainsi que deux escadrons du Royal-Allemand) brise pourtant. La journée rapporte 5 drapeaux, 70 chevaux, 20 canons, 3.000 fusils, tout le train, 2000 prisonniers en plus des 2000 tués chez l’ennemi.

Le 29 septembre 1793, il est à Saint-Rémy Malbatie sur la Sambre, près de Maubeuge : il emporte les défenses à la tête d’un division de son régiment.

Le 24 mai 1794, à Erquelines, il poursuit victorieusement les Français échappés des fortifications (les Français essayent à cette époque de s’avancer au nord de la Sambre). Cette même année (le 12 juin), Liechtenstein est nommé Général-Major.

L’année 1795 s’avère pour lui calme, mais, en 1796, il peu de nouveau donner des preuves de ses talents. Le 24 août, il est à à Amberg, les 1er et 3 septembre à Wurzbourg, où il met les fantassins français en déroute, malgré les efforts de Jourdan. L’Archiduc Charles le serre dans ses bras sur le champ de bataille.

Sa conduite durant la campagne de 1796 lui vaut , le 26 septembre, la Croix de Commandant dans l’Ordre de Marie-Thérèse.  

En 1799, il est en Italie, et participe victorieusement (il n’a pas reçu officiellement de commandement, et combat comme « volontaire ») à la bataille de la Trebbia, les 17-19 juin. Il s’y distingue particulièrement le troisième jour de la bataille (le 19) lorsqu’il repousse victorieusement l’attaque désespérée de Macdonald, à la tête des chevau-légers Lobkowitz, de quelques hussards Blankenstein et du bataillon de grenadiers  Wouvermans, infligeant aux Français de très grosses pertes. Durant la bataille, Liechtenstein a cinq chevaux blessés sous lui. Une nouvelle fois, mais c’est ici Souvarov, le général en chef le serre dans ses bras sur le champ de bataille.

Il est maintenant Feldmarschall Leutnant et combat, le 15 août à Novi. Du 20 novembre au 4 décembre, il dirige le siège de Cuneo.

Si la campagne de 1800 n’est pas glorieuse pour les armées autrichiennes, Liechtenstein y récolte cependant des lauriers, comme à Hohenlinden, le 3 décembre, où il résiste 6 heures aux Français, près de l’auberge de Straßmayer, puis à Anthering, le 14 décembre et dans les combats qui suivent pour couvrir, avec le corps de réserve, la retraite autrichienne. Le 14 décembre, il bat Lecourbe à Salzbourg, lequel n’est sauvé de la destruction totale que par l’arrivée propice de Moreau. Liechtenstein oppose alors une résistance farouche aux Français.

Liechtenstein reçoit, le 18 août 1801, lors la Grande-Croix de l’Ordre de Marie-Thérèse.

Le 24 mars 1805, Johann Liechtenstein entre au gouvernement de l’empire, à la place de son frère Alois Joseph, décédé. Il est alors, après l’Archiduc Charles, l’un des personnages les plus aimé de son pays.

Bien que sa santé ne soit pas alors parfaite (il est malade au moment d’Ulm), il prend, à la mi-novembre 1805, le commandement d’un corps d’armée. Il va, avec celui-ci, combattre avec sa fougue habituelle à Austerlitz, le 2 décembre. Le nuit qui suit la défaite austro-russe, il rencontre Napoléon, avec des propositions de paix. Le 4 décembre, il est aux cotés de François II, lors de son entrevue avec Napoléon. Le 6 décembre, il signe, à Austerlitz, l’armistice, Enfin, avec Gyulai, il négocie les termes de la paix de Presbourg (aujourd’hui Bratislava), dont il signe le traité, avec Talleyrand, le 26 décembre 1805.

Pour tous ces glorieux services, François II le décore, le 12 février 1806, du Collier de la Toison d’Or, puis, en 1808, il est nommé Général de Cavalerie (l’équivalent de maréchal).

En 1809, malgré une santé toujours chancelante, il va de nouveau vaillamment servir son pays. Il prépare cette campagne sans prendre de repos. Le 20 avril, il entre dans Regensburg (Ratisbonne), que les Autrichiens doivent évacuer le 23. A Essling et Wagram, il démontre encore ses qualités. Le 31 juillet, après le départ de l’Archiduc Charles, Liechtenstein prend le commandement général de l’armée autrichienne. Il signe la paix de Schönbrunn, le 14 octobre 1809 (jour anniversaire de la paix de Westphalie !), aux cotés de Champagny.

Mais tous ces efforts altèrent fortement la santé de Liechtenstein et il doit quitter le service actif. Ce Feld-Marshall qui, de façon presque incroyable, malgré vingt-quatre chevaux tués sous lui, dans 13 campagnes, ne fut jamais blessé (mis à part quelques contusions à Wagram), se consacre désormais à sa famille, à ses proches et aux gens qui le servent. Il soutient les arts et la culture, l’agriculture, l’industrie, l’architecture, etc.

Johann Liechtenstein meurt à Vienne, le 24 avril 1836, à l’âge de 76 ans.

Sa tombe se trouve à Wranau 10 km au nord de Brno.