Jean-Pierre Louis, marquis de Fontanes (1757 – 1821)
Jean-Pierre Louis marquis de Fontanes (plus communément appelé Louis de Fontanes) naît le 6 mars 1757 à Niort. Son père Marcellin de Fontanes, est inspecteur des manufactures à Niort, et d’origine protestante à l’éducation très stricte (il a été élevé par des prêtres jansénistes et a fait ensuite ses études au collège de l’oratoire à Niort). Sa mère, Jeanne de Sède, une fervente catholique, exige que les deux garçons, nés de cette union, Dominique (1751) et Louis (1757) soient baptisés.

Fontanes perd toute sa famille en quelques années : son frère (1772), son père (1774), sa mère (1776). Des amis de la famille le recueillent, espérant qu’il prenne la suite de son père, en vain. En 1777, il se rend à Paris, pour se consacrer à l’écriture. Il publie ses poèmes et ses premières productions dans l’Almanach des Muses et le Mercure de France[1].
Il rencontre alors Fanny de Beauharnais[2], tante de la future impératrice Joséphine, qui le présente à son amant Claude Joseph Dorat, poète à la mode qui l’introduit dans les cercles littéraires. Il écrit beaucoup, rencontrant un certain succès, et devenant l’ami du philosophe Joseph Joubert, du poète André Chénier, et même de Chateaubriand.
Lorsque la Révolution éclate, il se déclare pour une monarchie éclairée. En 1792, il se retire à Lyon et y épouse Chantal Cathelin, une riche héritière. Ils auront deux filles : Imberthe (1793 – 1794) et Christine (1801). Ce mariage met fin aux difficultés financières de Fontanes. Lyon, ville royaliste, est alors assiégée. Fontanes réussit de justesse à quitter la ville, bombardée par les troupes républicaines menées par Joseph Fouché. Il se cache en Normandie, puis il revint à Paris. Après la chute de Robespierre, il devient membre de l’Institut.
Le 18 fructidor 1797, il doit à nouveau fuir. Il se réfugie alors en Angleterre, où il retrouve Chateaubriand, qui s’y trouve depuis 1792.
Il rentre à Paris après le 18 brumaire, qu’il applaudit des deux mains, devient critique au Mercure de France et gagne la faveur du Premier consul Bonaparte. Il est bientôt nommé professeur de belles-lettres au Collège des Quatre-Nations, et membre de l’Institut de France.
Sa carrière s’accélère : député en 1802, membre de l’Académie française en 1803, membre du Corps législatif en 1804 (il en est le président en 1805), Comte d’Empire en 1808, sénateur en 1810.
Nommé premier Grand maître de l’Université en 1808, son œuvre sera importante. Avec l’aide de Joseph Joubert[3], Ambroise Rendu[4], Pierre-Paul Royer-Collard[5] et Philibert Guéneau de Mussy[6], entre autres, il réorganise entièrement le système scolaire français, depuis les classes primaires jusqu’à l’Université. Il crée les divisions modernes des études, veillant à la qualité des programmes et de l’enseignement, crée les postes d’Inspecteurs Généraux et met des hommes compétents à la tête des services de l’Instruction.
Resté royaliste de cœur, Fontanes sert cependant Napoléon avec fidélité. Sous son influence, Chateaubriand est autorisé à rentrer en France.
Le 14 avril 1814, Napoléon abdique[7]. Quelques jours plus tard, le 22 avril, Louis de Fontanes harangue le comte d’Artois, puis le 3 mai, il prononce un discours dithyrambique en faveur de Louis XVIII. Celui-ci le maintient à son poste de Grand-Maître de l’Université, membre du conseil privé, Pair de France. Mais en février 1815, suite à la réorganisation de l’Université, la fonction de Grand-Maître est supprimée. Le roi, en compensation, lui décerne le Grand cordon de la Légion d’honneur. Après les Cent-Jours[8], Louis de Fontanes accueille, le 22 juin 1815, le roi à Saint-Denis. Louis XVIII le fait marquis le 31 août 1817.
Louis de Fontanes meurt le 17 avril 1821, de troubles cardiaques. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise, non loin de la tombe du maréchal Ney, dont il avait refusé de signer la condamnation à mort.
LIEUX DE MÉMOIRE
- A Paris, au 126 de la rue de l’Université, se trouve l’hôtel de Lassay, qui fut occupé par Fontanes, lorsqu’il était Grand-Maitre de l’Université.

- La tombe de Louis de Fontanes se trouve au cimetière du Père Lachaise, à Paris, 37e division – 1e ligne)

- La maison natale de Fontanes se trouve à Niort, au n° 12 de la rue Cloche-Perce.
[1] Le Mercure de France est à l’origine une revue française, fondée au XVIIe siècle sous le nom de Mercure Galant. Elle paraîtra jusqu’en 1825. Elle est alors dirigée par Mallet du Pan.
[2] Fanny de Beauharnais, 1737 – 1813, femme de lettres française. Elle avait épousé fort jeune le comte Claude de Beauharnais, oncle d’Alexandre de Beauharnais et de François de Beauharnais. Elle fut la marraine de Hortense de Beauharnais.
[3] Joseph Joubert, 1754 – 1824, moraliste et essayiste français.
[4] Ambroise Rendu, 1778 – 1860, administrateur, pédagogue et traducteur français.
[5] Pierre-Paul Royer-Collard, 1763 – 1845, homme politique libéral et philosophe français.
[6] Philibert Guéneau de Mussy, 1776 – 1854, membre du cercle littéraire de Chateaubriand, fit toute sa carrière comme haut fonctionnaire dans les différents ministères de l’Instruction publique.
[7] Fontanes a voté la déchéance de l’empereur.
[8] Il ne s’est pas vraiment « rallié »