Hohenlinden – Plan des adversaires – Le Consulat et le Premier empire

Carte des opérations
Carte des opérations

L’archiduc Jean veut, appuyé sur ses têtes de pont sur l’Inn – Wasserburg, Kraiburg, Mühldorf, Braunau – avancer, avec l’armée principale, à marches accélérées, depuis l’Inn inférieur, jusqu’à l’Isar, passer celui-ci à Landshut, faire sa jonction avec Klenau, qui arrive par Regensburg (Ratisbonne) et Augsbourg, puis, effectuant un changement de direction sur sa gauche, couper la ligne de retraite des Français, à l’ouest de Münich, à Dachau.

Moreau, de son coté, a prévu de concentrer son aile gauche à l’est de Münich puis, à partir de son aile droite, d’avancer, par l’Inn supérieur, par Rosenheim et Salzbourg.

Lorsque l’archiduc Jean prend connaissance de l’avance des Français vers l’Inn, depuis Münich, et en passant par Haag, il abandonne – influencé en cela également par les conditions météorologiques déplorables – sa rotation sur sa gauche et décide d’attaque Moreau directement. Les Français marchent sur un front de 50 km vers les têtes de pont autrichiennes, et l’archiduc ignore tout de la concentration des troupes de son adversaire. Cette marche, sans protection en avant, est dangereuse : s’il rencontre, de façon inattendue, l’ennemi, il lui est impossible d’effectuer un regroupement sur une aile.

Effectivement, le 1er décembre, l’avant des troupes de l’archiduc sur la grande route de Münich, à Haun, au sud de Ampfing , tombe sur la pointe de la colonne gauche de Moreau. Dans le combat qui s’ensuit, les Autrichiens, en surnombre (1), sont vainqueurs, les Français, sous les ordres de Ney et de Hardy se retirent en bon ordre, après une dure résistance, de Haag sur Hohenlinden, où les différentes parties de l’armée française doivent se rassembler.

Un corps, sous les ordres de Sainte-Suzanne, sur l’aile située au nord, reste détaché, pendant qu’une partie de l’aile droite de l’armée du Rhin, sous Lecourbe, observe le Tyrol et le Vorarlberg, le restant – division Montrichard et Gudin – arrivant à marches forcées.

Les Autrichiens surestiment leur victoire d’Ampfing, en réalité peu significative, et pensent avoir devant eux un ennemi en pleine retraite. Ils marchent pourtant tête baissée contre l’armée du Rhin, prête au combat, et qui a, de plus, une exacte connaissance du terrain.

La marche des troupes ne doit pas être arrêtée en raison de la difficulté de faire avancer l’artillerie; même si la colonne arrive sans canons, mais en temps voulu, le but poursuivi sera tout autant atteint, qu’il serait perdu si des hésitations arrêtait la marche; l’artillerie peut soit suivre la colonne, ou, au pire, rejoindre la colonne sur la route principale. L’ensemble de l’armée réunie le 3 décembre doit avoir sous la main sa nourriture, puis les chevaux de traits avec les cuisines ainsi que les bêtes boucherie; on fera la soupe dès l’arrivée à Anzing et, le jour suivant, on avancera de nouveau, de bonne heure (2) (Dispositions de l’archiduc Jean, 3 décembre 1800)

Anton von Xylander, participant bavarois à la bataille, décrit l’insouciance durant cette marche en avant :

Le 3 décembre, lorsque le jour commença de poindre, les colonnes commencèrent à se mouvoir, avec les caisses de guerre, l’artillerie de réserve, le train, et même mélangés aux boeufs de transport, en direction de et sur la route de Haag vers Hohenlinden, dans le bois,comme si tout était en profonde paix et qu’on ne pouvait pas penser à un quelconque ennemi, sans connaître les lieux et sans envoyer de patrouille sur les cotés, jusqu’à ce que, en avant, des coups de feu se fassent entendre (…) Je dis en blaguant à mon capitaine, que ces coups de feu saluaient le début de la soupe à Anzing. (3)

NOTES

 

(1) Les Français, au nombre de 35.000 (il s’agit d’éléments des divisions Delmas, Leclerc, Richepance et d’Hautpoul – mais les contributions respectives sont incertaines) se heurtent à 12.000 Autrichiens. Ils ont 1.200 tués et blessés, les Autrichiens 303 tués et 1.690 blessés)

(2) Heilmann, page 48 et Picard, page 180

(2) Heilmann, page 49