Historiques – Légion irlandaise – Le Consulat et le Premier empire
La Légion Irlandaise au Service de la France, 1803-1815 [1] [2]
Nicholas Dunne-Lynch
La vie de la Légion irlandaise fut bien courte, de 1803 à 1815. Pendant ces douze années, tant son appellation que son organisation furent souvent changées ou remaniées. Légion Irlandaise à ses débuts, on l’a connue ensuite comme le Bataillon Irlandais, le Régiment Irlandais, le 3ème Régiment Etranger (irlandais) et pour finir le 7ème Régiment Etranger. Sa courte vie, fut cependant plus longue que celle des autres régiments étrangers de l’époque, formés après ou dissous avant le 3ème Régiment Etranger [3].
Le contexte de sa création
Le concept de forces irlandaises au service de la France existait déjà avant sa concrétisation. A la fin de l’ancien régime royal, une Brigade Irlandaise dissoute lors de l’avènement de la Révolution avait vu la majorité de ses cadres rallier la Grande Bretagne. En 1796, une dénommée Brigade Irlandaise, avec pourtant peu d’Irlandais de souche, avait participé à une expédition navale avec le général Hoche[4]. En 1800, Napoléon avait rejeté l’idée d’un corps irlandais, refus confirmé lors de la Paix d’Amiens de 1803[5]. Mais la rupture de la même Paix, le 22 mai 1803, allait ouvrir la voie pour la formation d’une Légion Irlandaise. L’impulsion majeure en fut donnée par la présence d’anciens rebelles irlandais des soulèvements manqués de 1798 et 1803 exilés en France. Les rêves de liberté de ces derniers, la persistance de leur vision de délivrance du joug anglais demeuraient vivaces. La puissance militaire grandissante de la France les motivait dans leur envie de réessayer. Pour le moins, un tel corps fournirait un emploi à ces réfugiés politiques et constituerait une source d’irritation pour Londres et Dublin. Mais surtout les perspectives d’un succès militaire paraissaient bien meilleures sous le Consulat qu’elles ne l’avaient étés sous le Directoire.
Ce furent Arthur O’Connor et Thomas Addis Emmet qui allaient donner le coup d’envoi du projet. Fraichement arrivés à Paris, ils se réclamaient tous deux comme les émissaires exclusifs du Directoire des Irlandais Unis de Dublin. Leur hostilité mutuelle allait jeter une ombre sur la Légion naissante. Déjà, lors de leur incarcération comme prisonniers d’état — de 1798 à 1802 — à Fort Georges en Ecosse, les deux hommes s’étaient affrontés. Emmet représentait la tendance modérée, tandis qu’O’Connor, proche de Lord Edward Fitzgerald, préconisait la lutte armée[6].
Chargé d’étudier la faisabilité d’un nouveau corps irlandais, Alexandre Dalton,[7] aide de camp du ministre de la Guerre Berthier[8], et ancien officier de la Brigade Irlandaise, allait charger Emmet et O’Connor, séparément vu l’absence de coopération entre eux, de sonder les expatriés irlandais. En son absence, le général Olivier Harty, né en Irlande et ancien capitaine du Régiment de Berwick[9], sollicitait le capitaine James MacGuire, un vétéran de la tentative de Hardy en 1798 pour une mission d’exploration[10]. Se basant sur le résultat de ces diverses enquêtes, Bonaparte ordonna la formation d’une Légion Irlandaise le 31 août 1803. (13 fructidor de l’An XI). Que le Premier Consul ait agi pour d’autres raisons que la nécessité du moment est improbable, et la croyance qu’il respectait les Irlandais semble n’avoir été qu’un mythe[11].
Les premières années
La Légion formée à Morlaix dans le Finistère fut rattachée à l’Armée des Côtes de l’Océan, en attendant le projet de débarquement aux Îles Britanniques. Pendant les premières années, la Légion fut déployée dans d’autres villes du Finistère, telles Carhaix et Lesneven. L’idée était, qu’après le débarquement armé en Irlande, les officiers de la Légion encadreraient une force levée parmi des Irlandais. Ces officiers feront l’objet d’un examen ultérieur.
C’est le général, futur maréchal Augereau qui commandait à Brest[12]. Ayant commencé sa carrière militaire dans la Brigade Irlandaise, il souhaitait évidemment le succès pour le Corps Irlandais, cependant c’est son chef d’état major, le Général Donzelot, qui avait la haute main sur les affaires militaires[13]. Fraichement promu au grade de lieutenant général et faisant partie de l’état major d’Augereau, Arthur O’Connor faisait fonction de conseiller, mais ce fut le général Harty qui allait se charger des affaires urgentes — peut être, trop de sages-femmes pour un accouchement sans douleur. Plus tard, c’est le Duc de Feltre, ministre de la Guerre Henri Clarke qui ferait prévaloir son intérêt personnel sur celui de ces hommes[14]. Du fait de ses origines irlandaises, cet ancien officier de la Brigade Irlandaise, allait s’immiscer un peu trop dans les affaires de la Légion. Ces interventions continuelles seraient dommageables pour le Corps dont il serait d’ailleurs l’ordonnateur des pompes funèbres en 1815.
Dans ces petites villes bretonnes, le manque d’effectifs, le petit nombre de troupes, s’expliquait car les officiers en formation étaient destinés à devenir les cadres d’une force en Irlande, aussi le recrutement n’était pas très actif. Ceci fut, peut-être, la cause de conflits et d’antagonismes entre les officiers eux-mêmes et les habitants. Les dix premiers mois, furent émaillés de duels, pour des raisons tant politiques ou nationales que personnelles. Qu’une telle conduite fût causée par une frustration profonde de ces hommes exilés et spoliés, cela n’en fut pas moins dommageable pour les intérêts français. Le nouvel état de guerre contre l’Autriche et la victoire navale britannique à Trafalgar en 1805, rendant infaisable une invasion des Îles Britanniques, faillirent provoquer la disparition du Corps. La Légion se languit jusqu’en 1806, avec des effectifs de quelques soixante-quinze troupes et sous officiers.
Les recrues furent, du moins au début, limitées aux natifs ou d’origine irlandaise. Comme peu se présentèrent, leur recrutement en fut très faible. Quelques volontaires étaient issus du 18e Régiment de Ligne britannique, dont ils avaient déserté et devenu plus tard le Régiment Royal Irlandais cantonné aux Îles Anglo-Normandes. D’autres étaient d’ex prisonniers de guerre provenant de la Marine Royale.
Pays de naissance | Quantité | % |
Irlande | 35 | 46 |
France | 28 | 37 |
Inconnu | 13 | 17 |
TOTAL | 76 | 100 |
Dire que les Irlandais se présentèrent en grand nombre pour s’enrôler dans la Légion serait exagéré. Moins d’une centaine d’officiers et de simples recrues natifs ou d’origines irlandaises s’engagèrent de 1803 à 1806. Si les archives indiquent au moins cinquante candidatures Irlandaises ou autres, la plupart furent rejetées, ou le grade offert décliné[15].
Campagnes et opérations
En 1806, la Légion incorporée à la Grande Armée et déployée en Allemagne, commença à recruter activement[16]. Un contingent de prisonniers de guerre de l’armée prussienne défaite à Iéna en constitua la première vague. Parmi eux plusieurs centaines de rebelles irlandais des soulèvements de 1798 et 1803,[17] qu’on pensait avoir été vendus comme esclaves pour les mines au sel de Silésie, mais qui avaient été recrutés en alternative à leur déportation à vie en Australie[18].
Enfin unité militaire à temps plein, la Légion était déployée pour la défense du littoral le long de l’estuaire de la Rivière Schildt, une basse terre infestée par la malaria. Coïncidence, du côté anglais de la Manche, une brigade britannique, parmi lequel notamment le Connaught Rangers, sous les ordres d’un certain Sir Arthur Wellesley allait jouer le même rôle[19], du 88e de Ligne Britannique. Ce régiment irlandais était destiné à faire partie des troupes de choc pendant la future guerre dans la péninsule ibérique[20].
En Novembre 1807, les effectifs de la Légion furent suffisants pour permettre à un bataillon provisoire d’être envoyé en l’Espagne sous le commandement du capitaine Louis Lacy, né en Andalousie d’un père irlandais[21]. Après la révolte populaire du 2 mai 1808 (« el Dos de Mayo »), cette unité installée près de Madrid était appelée à rétablir l’ordre.
Démoralisé par la disparition soudaine du capitaine Lacy, leur commandant, le deuxième bataillon provisoire allait être renforcé par quelques 600 baïonnettes. L’ex rebelle de Wexford, Jeremiah Fitzhenry[22], était nommé successivement lieutenant colonel puis commandant de la Légion en Espagne avant de prendre la tête du 2e bataillon. Un choc encore plus douloureux attendait le bataillon : Lacy avait rallié ses compatriotes espagnols[23]. Des événements encore pires allaient suivre.
Le tout nouveau 3e bataillon, constitué de 800 baïonnettes sous les ordres du Chef de Bataillon Jean François O’Mahony arrivait en Espagne en 1810[24]. Parti de Landau en renfort du 1er bataillon stationné à Flessingue aux Ile Walcheren, le 3e dut être dérouté vers l’Espagne. En effet, Flessingue encerclée, investie à la suite d’un débarquement britannique, venait de tomber. Presque tout le 1er bataillon dut partir en captivité en Angleterre jusqu’en 1814, à l’exception d’une poignée d’officiers qui réussirent à s’évader. Parmi ces fugitifs, William Lawless, futur colonel et commandant du Régiment. Cela n’en demeurait pas moins le premier désastre opérationnel pour les Irlandais.
En dépit du fait que le corps changeât d’appellation « Le Régiment Irlandais », et la nomination à sa tête du Colonel Daniel O’Meara[25], Fitzhenry resta commandant en Espagne jusqu’à l’arrivée de celui-ci. Mais le renvoi d’O’Meara par Junot pour incompétence allait donner à nouveau le commandement à Fitzhenry[26] d’un corps combinant l’absorption des restes du 3e bataillon et du 2e. Le Corps demeurait très actif dans la Péninsule, avec le maintien d’effectifs de 500 à 550 d’avril à novembre 1810, un chiffre élevé comparé à celui des autres régiments étrangers[27]. Las ! Le régiment fut d’autant plus choqué quand, en avril 1811, Fitzhenry se rallia à Wellington, avant d’être amnistié et renvoyé en Irlande.
Réduit, démoralisé, le bataillon fut rappelé en France en décembre 1811. Les recrues irlandaises de Mayence en 1806, de 1807 en Espagne avec Lacy, furent reclassées dans le Régiment Prussien avec leurs camarades non-Irlandais[28]. Ainsi, la Légion perdait sa spécificité irlandaise, laquelle n’excéderait désormais jamais dix pour cent parmi les soldats et sous-officiers.
Trois Légions d’honneur récompensèrent l’assaut héroïque à Astorga, la poursuite de Wellington au Portugal aux lignes de Torres Vedras par l’avant-garde avec Masséna et par l’arrière-garde pendant la retraite en Espagne. Si bien menées qu’elles fussent, ces actions ne changèrent rien à l’absence de confrontations du bataillon avec l’armée britannique pendant presque quatre ans dans la Péninsule. A Fuentes de Oñoro, par exemple, les recrues furent privées de bataille tandis qu’au contraire les Connaught Rangers menaient la 3e division de Wellington à l’assaut final qui prit fin au bout de trois jours de combats sanglants.
Tandis que la Légion ne recevait aucune citation ou distinction pour ses efforts sur le champ de bataille, les Rangers de l’armée d’en face, en tête de liste des régiments irlandais, en obtenait une douzaine[29].De même, la plupart des pertes du Régiment Irlandais résultèrent de la désertion et aucun officier ne tomba au combat, contre vingt-sept parmi les Rangers[30]. Ce serait à se demander si le Régiment Irlandais participa à la même guerre.
Au début de 1811, le 4e bataillon, récemment formé à Landau, fut absorbé par le nouveau 1er, sous les ordres du Chef de Bataillon John Tennent, un presbytérien natif d’Antrim. Après le retrait d’Espagne, le cadre du 2e bataillon servit de base à un nouveau 2e, à Bois-le-Duc. L’ancien 3e put lui aussi se reconstituer et le recrutement progressa partout. En dépit de sa préparation, le régiment dut rester au dépôt, peut-être par bonheur, en 1812 pendant l’invasion de la Russie par la Grande Armée. En 1813, en préparation pour la campagne de Saxe, Napoléon allait reconstituer son armée brisée en donnant aux Irlandais une opportunité de gloire et d’anéantissement. Jadis, William Lawless avait offert sa démission quand la Légion dévoyée de sa cause de libération de l’Irlande avait été déployée à l’est du Rhin afin de combattre la Prusse. A présent, ayant beaucoup à prouver, c’est lui qui allait faire prendre le même chemin aux deux bataillons du 3e Régiment Étranger (irlandais) en Silésie, dans un esprit de confiance renouvelé. Formée des vétérans des meilleures armées d’Europe, la force irlandaise semblait une force sur laquelle pouvaient compter les « Marie Louises », les jeunes conscrits français. Ce fut une nouvelle expérience pour le Corps Irlandais, mais la campagne de Saxe tourna au désastre, contribuant largement à la chute de l’Empereur.
S’étant bien comporté à Bautzen, entre autres combats avant de la trêve du 4 juin au 13 août 1813, les Irlandais eurent à souffrir de pertes à Goldberg et à Lowenberg. Plusieurs officiers tombèrent, et parmi eux mourut John Tennent, le commandant du 1er bataillon, tandis que Lawless lui-même y laissait une jambe. Peu après, sous les ordres d’un Hugh Ware blessé, le régiment fut pris au piège avec la 17e division Puthod à la rivière Bober, en crue, des pluies torrentielles ayant emporté tous les ponts. Attaqué après un terrible bombardement par plus de 30.000 russes commandés par Langeron, un comte français au service du tsar, le 3e Étranger allait combattre jusqu’à sa dernière cartouche. La Division dans sa presque totalité allait être anéantie — pour beaucoup par noyade — ou partir en captivité[31]. Ce que le bombardement avait commencé fut achevé par le torrent. Plus de 1.400 hommes allaient perdre la vie et moins de 100 survivants parvenaient à revenir à Bois-le-Duc.
Assiégé par les Britanniques en Anvers en 1814, le Corps allait rester encerclé jusqu’à l’abdication de Napoléon. Malgré sa déclaration de loyauté au Roi par le corps des officiers[32], des officiers bonapartistes dissimulèrent l’Aigle Impériale contrairement aux ordres reçus.
S’appelant désormais le 7e Régiment étranger, le Corps ne participa à aucun combat pendant les Cents Jours, et la duplicité des bonapartistes contribua à sa dissolution le 29 septembre 1815[33]. C’est le ministre de la Guerre Clarke, lui-même rallié aux Bourbons, qui allait lui-même brandir la hache qui allait l’abattre.
Le corps des officiers
Les premiers officiers furent surtout des natifs d’Irlande, mais cette tendance changea au fil du temps. Au début, la plupart des officiers arrivés à Morlaix entre décembre 1803 et janvier 1804 étaient soit d’anciens combattants rebelles soit des membres des Irlandais Unis, tous refugiés d’Irlande. Le Tableau 2 indique la concentration d’irlandais au total, et de rebelles parmi ces mêmes irlandais.
Tableau 2 : Officiers irlandais et franco-irlandais dans la Légion Irlandaise (1803-04)
Se sont présentés à la Légion | Total officiers | Officiers nés en Irlande | Pourcentage des officiers nés en Irlande | Rebelles/ Irlandais Unis | Pourcentage des rebelles/Irlandais Unis |
Décembre 1803 | 24 | 20 | 83% | 17 | 71% |
Janvier 1804 | 25 | 21 | 84% | 17 | 68% |
Février-Août 1804 | 19 | 13 | 68% | 12 | 63% |
Bien que près de cinquante officiers se soient présentés à la base de Morlaix de décembre 1803 à janvier 1804, sept mois de plus furent nécessaires pour le recrutement des dix neuf suivants. Parmi ces derniers, le pourcentage des natifs d’Irlande, puis parmi les Irlandais, des rebelles ou Irlandais Unis, allait encore baisser.
Le premier commandant en chef, l’adjudant-commandant Bernard MacSheehy était né en Irlande, puis adolescent était arrivé en France pendant les années 1780, comme étudiant au Collège Irlandais. James Blackwell, lui aussi natif d’Irlande, fut le premier chef de bataillon de la Légion. William Barker était déjà arrivé dix ans plus tôt pour la même raison. William Lawless et John Tennent, parmi d’autres, étaient d’anciens Irlandais Unis, déjà refugiés d’Irlande avant la rébellion de 1798[34]. Tous ceux qui sont mentionnés avaient déjà servi dans l’armée française, Blackwell and Barker avant la Révolution, ce dernier à la Brigade Irlandaise de l’ancien régime royal. Des officiers qui servirent dans l’armée française à l’époque des rébellions de 1798 et de 1803, il faut inclure les membres éminents des Irlandais Unis que furent William Corbet en 1798, John Tennent et William Lawless en 1799[35].
Les noms d’au moins trois officiers figuraient sur la liste du Fugitives Act de 1798[36], ceux de Lawless, Arthur MacMahon et Valentin Derry. Ce dernier était un proche du père Patrick MacCoigley, exécuté en Angleterre en 1798. Au moins six officiers figuraient sur la liste du Banishment Act[37], Christopher Martin, Bernard MacDermott, Hugh Ware, Patrick MacCann, William MacNeven et Hamden Evans[38].
La deuxième catégorie d’officiers irlandais comprend ceux qui avaient participé activement à une ou deux rebellions. Le plus célèbre est Miles Byrne qui avait participé à l’insurrection de Wexford en 1798, à la guérilla à Wicklow la même année et à la révolte de Dublin en 1803. Venons-en à la chronique des évènements par Byrne. Certes son récit comporte de temps à autre des erreurs, pèche par excès de sentimentalisme, mais elle est très importante pour la compréhension de l’histoire des insurrections et de la Légion Irlandaise.
Comme autres rebelles importants, citons Austin O’Malley, nommé colonel à titre provisoire par le général Humbert ; Hugh Ware, commandant en second des insurgés de Kildare du nord, et Jeremiah Fitzhenry, rebelle de Wexford[39]. O’Malley s’enfuit en France. Fitzhenry bien qu’amnistié, choisit l’exil. Contraint à la reddition face à des forces gouvernementales supérieures en nombre, Ware, à l’inverse d’autres rebelles importants de Kildare, échappa à l’échafaud et fut incarcéré. Grâce à la Paix d’Amiens, sa peine fut commuée en exil à vie en 1802. Citons dans la même catégorie John Allen de Dublin et Thomas Markey d’Ardee.
Toutefois, une classification précise et distincte s’avère impossible. Les premiers officiers, du fait de la variabilité de leurs histoires, se retrouvent à cheval sur plusieurs catégories. William Barker, par exemple, un officier de l’ancienne Brigade Irlandaise retourna en Irlande pour participer à la rébellion de Wexford de 1798, à la suite de laquelle il s’exila en France.
La majorité des officiers irlandais étaient issus de classes élevées. O’Malley, Ware et Fitzhenry avaient été de grands propriétaires terriens. Austin O’Malley descendait de la célèbre héroïne de l’époque élisabéthaine, Grace O’Malley surnommée Grainuaile et son cousin, George, ferait un futur colonel des Connaught Rangers.[40] Fitzhenry descendait du roi Henry I d’Angleterre, et de Meillor Fitzhenry, un des plus éminents des premiers normands d’Irlande. D’autres officiers étaient issus des classes moyennes. James MacGuire était à l’origine un tailleur, et John Allen, associé d’une entreprise de tissus de Dublin à Collège Green.
Le premier corps des officiers comportait plusieurs avocats[41], médecins ou chirurgiens tel William MacNeven et John Cummins, un ancien professeur de chirurgie comme William Lawless[42], d’anciens officiers de l’armée britannique à l’instar d’Edward Masterson ou de l’armée française, tels James Perry et Jean Bernard MacSheehy[43] ou encore de l’armée espagnole comme Louis Lacy et Patrick O’Kelly. Patrick MacSheehy avait servi dans la Garde Républicaine de Paris les six mois suivant la chute de la Bastille[44], et dans la milice irlandaise de la Yeomanry pendant la rébellion de 1798[45], et Jérôme Dowling quant à lui, avait servi dans la Marine royale britannique. On dénombre au moins un ministre du culte presbytérien, Arthur MacMahon, ainsi qu’un prêtre anglican, John Richard Burgh[46]. Notons qu’aucun rapport ne fait mention d’un prêtre catholique[47]. Plusieurs officiers, anciens étudiants exclus du Trinity Collège de Dublin, avaient été professeurs d’anglais aux académies militaires françaises [48].
Deux officiers avaient été condamnés à l’exil en Australie. Edward Gibbons, condamné à mort mais de fait exilé à vie, et Michael Sheridan déporté pour émission de fausse monnaie[49]. Notons que ce dernier avait servi comme capitaine des insurgés sous les ordres du général Humbert[50].
Pendant la durée de vie du Régiment, les officiers natifs d’Irlande venaient de trois régions principales, les comtés de Wexford, de Mayo et de l’ancienne redoute anglaise « The Pale » autour de Dublin. Le reste enfin se répartissait entre les provinces de Leinster et celle de Munster. Ils étaient de confession catholique ou anglicane. Le petit nombre qui venait d’Ulster était en majorité de culte presbytérien.
Tableau 3 : Comtés d’origine des officiers né en Irlande.
Leinster | Munster | Ulster | Connaught | ||||
Dublin | 18 | Cork | 11 | Down | 4 | Mayo | 6 |
Wexford | 7 | Kerry | 5 | Antrim | 1 | Galway | 4 |
Kildare | 6 | Tipperary | 3 | Derry | 1 | ||
Louth | 4 | Clare | 1 | Donegal | 1 | ||
Kilkenny | 3 | Waterford | 1 | ||||
Carlow | 2 | ||||||
Wicklow | 2 | ||||||
Meath | 1 | ||||||
Total | 43 | 21 | 7 | 10 |
Poursuivons avec les officiers nés hors d‘Irlande, mais d’origines irlandaises ou mixtes ayant adhéré au nationalisme républicain irlandais, quoique avec moins de ferveur que les natifs d’Irlande. Dans cette catégorie, plusieurs cherchaient surtout à s’attacher à une unité militaire irlandaise. D’autres furent envoyés à la Légion du fait de leur origine irlandaise, en dépit que ce lien fût faible.
En tête de cette catégorie des débuts de la Légion, un ancien officier de l’ancienne Brigade Irlandaise, Guillaume O’Meara[51]. Exilé de France après la Révolution, puis engagé dans la Brigade Irlandaise de l’armée britannique, il était revenu en France pendant la Paix d’Amiens. Son frère jumeau, Daniel, allait devenir commandant du Régiment, quand la Légion Irlandaise prit l’appellation de Régiment Irlandais. D’origine franco-irlandaise citons encore Henri Mandeville, parent de Henri Clarke, futur Duc de Feltre et ministre de la Guerre[52], et Louis Tournier Dupouget, né d’une mère irlandaise du nom de Lee. Tous deux avaient fait partie de l’ancienne Brigade.
Dans le même groupe, Edmond Saint-Leger, né à Paris d’un père irlandais et d’une mère française que ses frères, Patrice, mort à Flessingue, et Auguste, allaient suivre à la Légion. Un certain Auguste Osmond, incorporé après avoir déclaré ses origines irlandaises, devint un excellent officier en dépit de son rejet initial par les officiers natifs d’Irlande. A l’inverse, le jeune premier quartier-maître, Jean Bernard MacSheehy, parent de l’adjudant-commandant en chef, lui aussi victime de l’ostracisme des officiers irlandais, finit par quitter la Légion.
Caractéristique du groupe suivant : des officiers sans aucune origine irlandaise et nés en France, qui furent rattachés dès le début à la Légion afin d’en diriger la formation de ses officiers. Ainsi Alexis de Coüasnon, adjudant-major en 1804, de petite noblesse, ancien page à Versailles, puis aspirant aux Corps Royal de l’Artillerie[53]. Comme O’Meara et O’Mahony, Coüasnon avait servi dans l’armée britannique. O’Mahony avait combattu contre les Français en Egypte, Coüasnon aux Pays Bas. Sa brevet avait été signée par le marquis de Cornwallis, futur Lord Lieutenant d’Irlande et commandant-en-chef des forces britanniques en Irlande, qui avait mis fin à l’insurrection de 1798.
La plupart des officiers non natifs mais d’origines irlandaises étaient nés en France, notamment Guillaume et Daniel, les frères jumeaux O’Meara, le baron Patrice Magrath, ses fils, Achille et Louis, les frères Saint-Leger, Guillaume O’Morand et Jean François O’Mahony. Louis Lacy and Alfred de Wall étaient nés en Espagne, Thomas O’Sullivan aux Pays Bas. Les pères de ces officiers servaient ou avaient servi dans les armées de ces trois pays. Certains d’entre eux avaient quitté l’armée française suite au démantèlement de la Brigade Irlandaise après la Révolution.
Les dix principaux départements français et comtés irlandais d’où proviennent ces officiers figurent sur le Tableau 4. Le défunt département de la Seine, qui englobait la ville de Paris, comprend un nombre d’officiers égal à celui de Dublin. Le département du Nord, huit, moins que Cork, mais un peu plus que Wexford.
Tableau 4 : Les principaux dix départements français et comtés irlandais d’où sont originaires des officiers irlandais ou franco-irlandais[54]
Dept. français /comtés irlandais | Nombre | % du total | Dept. français /comtés irlandais | Nombre | % du total |
Dublin Seine Cork Nord Wexford | 18 18 11 8 7 | 6.5 6.5 4.0 2.9 2.5 | Mayo Pas de Calais Kildare Kerry Tipperary | 6 6 6 5 3 | 2.2 2.2 2.2 1.8 1.1 |
Le corps d’officiers de la Légion très varié comprenait des officiers originaires de plus de dix-huit pays. Si dans leur grande majorité, ces officiers étaient natifs d’Irlande, leur proportion alla en déclinant au fil des ans. Sur le Tableau 5, les huit principaux des dix huit pays d’origines pendant la durée de vie du corps.
Tableau 5 : Les principaux pays d’origine des officiers de la Légion irlandaise, 1803-15.
Pays d’origine | Nombre | % % du total | Pays d’origine | Nombre | % du total |
France Irlande Etats germaniques Prusse | 102 86 23 10 | 36.5 31.0 8.2 3.5 | Pologne Italie Angleterre Ecosse | 7 7 7 4 | 2.5 2.5 2.5 1.4 |
Si on élargit cette catégorie à l’ascendance irlandaise, la proportion des officiers irlandais augmente certes, mais n’atteint jamais les cinquante pour cent. En fait, plus de la moitié des officiers qui servirent à la Légion Irlandaise n’eurent pas le moindre lien avec l’Irlande.
La première vague d’officiers irlandais bientôt épuisée[55], c’est la promotion des sous officiers, comme James MacEgan, François Eager et James Perry, qui allait pourvoir les postes vacants. D’autres jeunes officiers de bonne éducation se présentèrent comme Samuel Stephens, un Dublinois venu en 1808 à l‘âge de dix huit ans. Fourrier au début, puis breveté sous lieutenant, il fut incorporé dans une compagnie. Anthony Setting, lui aussi natif de Dublin, s’engagea comme chasseur à quatorze ans à peine ; mais, « passé par tous les grades », il devint voltigeur sergent-major quand il obtint à dix sept ans son brevet de sous-lieutenant.
Le manque d’Irlandais allait être compensé pour l’essentiel par des Français, Allemands, Prussiens et Polonais. A l’inverse des Français qui n’appréciaient pas d’être dans un régiment étranger, tant ils pensaient que leur possibilités d’avancement serait limité, les Prussiens faisaient preuve d’une loyauté sans faille[56]. En 1814, la prédominance irlandaise chez les officiers en général allait être très sérieusement menacée, comme le montre la transcription ci-dessous d’un état nominatif du 1er mars 1814[57].
Tableau 6 : Représentation irlandaise dans le corps d’officiers le 1er mars 1814.
Grade | Total postes | Postes tenus par Irlandais |
Colonel | 2 | 2 |
Lieutenant colonel | 5 | 4 |
Adjudant-major | 7 | 3 |
Cdt. de Bataillon | 4 | 4 |
Capitaine | 24 | 5 |
Lieutenant | 24 | 6 |
Sous-lieutenant | 24 | 2 |
Grenadiers | ||
Capitaine | 16 | 3 |
Lieutenant | 4 | 1 |
Sous-lieutenant | 6 | 0 |
Les deux colonels William Lawless et Jean François O’Mahony y figurant sont irlandais. Le premier né en Irlande, n’est plus en service actif. Le deuxième né en France d’un père irlandais et une mère française exerce le commandement. Bien que quatre des cinq chefs de bataillon à l’état major soient irlandais, seulement trois des quatre adjudants-majors sont d’origines irlandaises. Quant au quartier maître, officier payeur etc., il n’y pas un seul Irlandais. Des commandants irlandais à la tête des quatre bataillons, deux seulement ont le grade de lieutenant colonel.
Des vingt-quatre postes de commandant de compagnie, cinq restent vacants et cinq sont pourvus par des capitaines irlandais, alors que quatorze sont tenus par des officiers français ou allemands[58]. Des vingt-quatre postes de lieutenant, de commandants adjoints de compagnies, il n’y a que deux Irlandais de naissance, un Irlandais d’origine et quatre restent vacants. Parmi les sous-lieutenants, seulement deux sont irlandais de naissance et un seul Irlandais d’origine, le reste, vingt-et-un, étant en majorité d’origines germaniques. Parmi les compagnies de grenadiers, sur seize capitaines, il n’y a seulement que trois Irlandais. Un seul Irlandais figure sur une liste de quatre lieutenants, mais il n’y a pas un seul sous-lieutenant. Conclusion indéniable : de moins en moins de jeunes officiers irlandais s’engagent dans le Régiment.
L’examen par nationalité des officiers dans la vie de l’unité exposée sur le Tableau 5, ci dessus, ne rend pas compte de la réalité. Quand bien même il fût nécessaire d’incorporer quelques non-irlandais parmi les officiers lors de la formation et beaucoup plus par la suite, le Régiment ne perdit pas sa spécificité irlandaise. Le Tableau 7 ci dessous, démontre que les officiers d’origines irlandaises servirent plus longtemps, avaient plus d’ancienneté par rapport à l’état nominatif du 1 janvier 1815. Cependant la dilution de plus en plus grande de la spécificité irlandaise y est révélée.
Tableau 7 : Comparaison entre les mois de service des officiers d’origines irlandaises et des autres.
Officiers admis à la Légion d’honneur[59] | Officiers listés sur l’état nominatif du 1 janvier 1815 | ||
Nationalité | Mois de service dans la Légion | Nationalité | Mois de Service dans le Légion |
Origines irlandaises | 100 | Origines irlandaises | 115 |
Autres | 51 | Autres | 15 |
Pas un seul officier d’origines non-irlandaises, engagé depuis la première année n’était présent à la dissolution du Régiment, le 29 septembre 1815. En général, la présence d’officiers d’autres origines ne fut que transitoire. Le noyau d’Irlandais nationalistes, présent dès le début allait subsister dont Miles Byrne, le plus célèbre d’entre eux. Pourtant, du groupe d’approximativement cinquante officiers d’origines irlandaises du début en 1803-4, moins de dix restaient en septembre 1815.
Tableau 8 : Commandants de la Légion Irlandaise, et ses régiments successeurs. (Voir aussi l’Annexe)
de | à | Officiers | Grade | Titre du Corps |
Dec. 1803 | Sep. 1804 | Bernard MacSheehy (irlandais) | adjudant-commandant | la Légion Irlandaise |
Sep. 1804 | Avr. 1809 | Edouard Antoine Petrezzoli (Italien) | Lieutenant- colonel | “ |
Avr. 1809 | Mai. 1810 | Daniel O’Meara [60] (franco-irlandais) | colonel | le Régiment Irlandais |
Mai 1810 | Fev. 1812 | Pas de commandant en chef. O’Meara fut rappelé par Junot, mais Clarke le considérait toujours comme commandant jusqu’en 1812 et la nomination de Lawless. | “ | |
Fev. 1812 | Dec. 1813 | William Lawless (irlandais) | colonel | 3e Régiment Étranger (irlandais) |
Dec. 1813 | Avr. 1815 | Jean François O’Mahony (franco-irlandais) | colonel | “ |
Avr. 1815 | Sep. 1815 | Hugh Ware (irlandais) | major [61] | 7e Régiment étranger |
Recrutement
Le trop petit nombre de volontaires irlandais allait obliger la Légion à recruter parmi les déserteurs et prisonniers de guerre de toutes nationalités, comme cela est indiqué dans les lettres ou documents saisis aux soldats britanniques prisonniers en Espagne. Ainsi un soldat des « Gordon Highlanders », du 92e de Ligne, témoigne pendant sa captivité, qui date de 1809, de ses rencontres avec les Irlandais qui, écrit-il, recrutent parmi les prisonniers. A Vittoria, la Brigade Irlandaise au service des Français vinrent parmi nous à la recherche de volontaires, mais n’en trouvèrent aucun « A Vittoria …la brigade irlandaise au service des Français recherchait des volontaires parmi nous, sans aucun succès. »’[62]
Cependant le goût âpre de la captivité, une longue et difficile marche à travers la France allaient en rendre leur recrutement plus facile. Ce sergent écossais écrit encore, « Le 17 à Gap[63]. Nous avons rencontré un grand nombre de britanniques du dépôt de prisonniers qui se sont engagés à la Brigade Irlandaise au service de la France.’ La pression des recruteurs irlandais augmente, provoquant l’irritation du Highlander. ‘[…] nous avons étés encore harcelés à Gap par ces harpies de la Brigade Irlandaise. Le Capitaine (O’) Reilly et le Sergent-major Dwyer[64], nous offrirent du cognac tout en nous disant le plus grand mal des prisons françaises. Trois d’entre nous vont s’engager » [65].
Dans l’incapacité de recruter suffisamment de prisonniers britanniques, la Légion fut amenée à engager davantage de recrues originaires de l’est. Bientôt, l’élément nationaliste fut si modifié, qu’en 1813, la spécificité irlandaise avait presque disparue des rangs du Régiment, comme le démontre le Tableau 9 ci-dessous [66].
Tableau 9 : 3e Régiment étranger (Irlandais), 1er bataillon. Origines par nationalités des troupes en 1813, indiquant les dix nationalités prédominantes sur vingt six (604 hommes)
1er Bataillon | |||||
Origines | Nombre de troupes | % du total | Origines | Nombre de troupes | % du total |
Hongrois Allemands Irlandais Français Autrichiens | 99 77 65 57 52 | 16.39 12.75 10.76 9.44 8.61 | Prussiens Polonais Silésiens Saxons Westphaliens | 42 40 29 21 19 | 6.95 6.62 4.80 3.48 3.15 |
Dans les 2e et 3e Bataillons, les Irlandais sont encore plus minoritaires, comme le montrent les Tableaux 10 et 11 ci-dessous.
Tableau 10 : 2e bataillon. Sélection des origines nationales des troupes en Novembre 1812. Les Irlandais sont la huitième de quatorze nationalités (669 hommes).
2e Bataillon | ||
Origines | Nombre de troupes | % du total |
polonais autrichiens hongrois westphaliens français irlandais | 163 124 113 83 52 9 | 24.36 18.54 16.99 12.41 1.94 1.35 |
Tableau 11 : 3e bataillon. Sélection des origines nationales des troupes en Novembre 1812. Les Irlandais sont la neuvième des quatorze nationalités (511 hommes).
3e Bataillon | ||
Origines | Nombre de troupes | % du total |
Prussiens Polonais Rhénans Français Irlandais | 262 42 40 19 12 | 51.27 8.22 7.83 3.72 2.35 |
Le déclin des recrues irlandaises qui s’aggrave avec la détérioration de la situation militaire. Après la première Restauration, les chiffres sont trop faibles pour être pris en compte.
Tableau 12 : Recrutement irlandais en fin de vie de la Légion. (‘e’ = échantillon, ‘t’ = total)[67]
Epoque | Recrues | Recrues irlandaises | % |
Désastre de la Bober à la 1e Restauration | 200 (e) | 4 | 2 |
1ère Restauration | 100 (e) | 3 | 3 |
Les Cent Jours | 78 (t) | 6 | 8 |
De la 2e Restauration à la dissolution | 26 (t) | 1 | 4 |
La Désertion
La désertion avait gangrené la Légion Irlandaise depuis presque le début[68]. Dix sept pour cent des recrues allaient déserter jusqu’en novembre 1806. Des 76 premiers noms des registres, 70 étaient effectifs. 12 des 13 déserteurs étaient Irlandais de naissance, soit 92 pour cent. Dix furent arrêtés, envoyés en cour martiale, puis réintégrés dans leurs unités mais à nouveau deux autres abandonnèrent encore leurs postes.
Tableau 13 : Enregistrement des déserteurs du premier contrôle des troupes de la Légion Irlandaise (1803-06).[69]
Nom de famille | Prénom | Nationalité | Grade | A déserté en |
Carrotte | François | française | tambour | 1804 |
O’Brien | Daniel | irlandaise | caporal | 1804 |
Born | Andrew | “ | soldat | 1804 |
O’Connor | Michael | “ | “ | 1805 |
Fitzgerald | Thomas | “ | “ | 1805 |
Goodchild | Thomas | “ | sergent | 1806 |
Aldwell | John | “ | caporal | 1806 |
Mulauney | Francis | “ | sergent | 1806 |
Gallagher | John | “ | caporal | 1806 |
Harragan | John | “ | “ | 1806 |
MacGuicken | Hugh | “ | “ | 1805&06[70] |
Malley | John | “ | soldat | 1806×2 |
Moore | John | “ | “ | 1806 |
La désertion allait en s’aggravant et les contingents envoyés en Espagne en pâtirent fortement en route, à raison d’un taux constant de 60% de déserteurs[71]. En 1809, dans un échantillon de 100 recrues de toutes nationalités, 63% allaient déserter[72]. D’un groupe de 11 recrues, qui s’étaient déclarées irlandaises, prélevées d’un dépôt de déserteurs ou de prisonniers de guerre le 8 août 1809, 6 allaient déserter (55,5%), deux avant la fin août, et quatre avant la fin septembre[73].
Sur un échantillon choisi au hasard de 60 hommes, recrutés parmi des déserteurs ou prisonniers de guerre entre le 25 octobre et le 21 novembre 1813, 37 sont désignés comme natifs d’Irlande (62%), et 18 d’entre eux (49%) allaient déserter, 7 avant la fin de 1813 et le reste avant juin 1814. D’un autre échantillon de toutes nationalités, 66% allaient déserter.
Plusieurs de ces déserteurs, Irlandais et non-Irlandais, s’engagèrent à la Légion toute simplement afin de s’évader, de rejoindre leurs propres unités ou d’échapper aux rigueurs de la captivité. Ils désertaient donc le plus vite possible. La défection de la Légion pour cause de désertion fut si élevée qu’elle finit par attirer l’attention ennemie. Un officier britannique écrivait en 1810 :
« Les déserteurs continuent d’arriver […] Des 45 arrivés lundi dernier, certains d’entre eux sont irlandais. Ils ont prétendu avoir fait partie de la Brigade Irlandaise, dont un des régiments, constitué de 900 anglais et irlandais était entré en Espagne il y a quelques mois, mais il n’avait pas traversé les Pyrénées il y a six semaines que la désertion le réduisait à 500 hommes »[74].
Voila comment est décrite l’arrivée en Espagne du 3e bataillon, sous les ordres du Chef de bataillon J.F. O’Mahony. Les effectifs en hommes de ce bataillon s’étaient certainement effondrés, mais à un tel point, cela était extrêmement grave et allait empirer comme l’observait un officier commandant les avants postes de la Division Légère Britannique : « Début Juin 1810, un sergent qui avait déserté de la Brigade Irlandaise ennemie, a déclaré que la Brigade appartenait au corps de Junot (8e Corps de l’Armée du Portugal) commandé par le général Thomières, et que chaque bataillon comprenait 350 hommes »[75].
L’information donnée par ce sergent confirme le recensement du même mois, établissant les effectifs en Espagne à 735 hommes et 36 officiers[76]. Il semble que cette situation resta sans changement jusqu’en février 1811. Cependant, quand Miles Byrne affirmait que : « Le Régiment Irlandais est un des plus fourni de l’armée », il passait sous silence que le 2e bataillon venait d’absorber les débris du 3e[77], et que le cadre dont il parlait comprenait l’excédent d’officiers et sous officiers du 3e retournant en France[78].
Pourtant, une polémique persiste quant aux sources archivées. Dans son rapport à Napoléon, le 11 février 1811, Berthier estimait le nombre d’hommes du 2e bataillon à la Légion à 505, tous rangs confondus, soit 200 de moins que l’estimation de Byrne. Avant la fusion, la désertion avait réduit le 3e bataillon au niveau des effectifs d’une seule compagnie[79].
Byrne oubliait aussi de faire mention du nombre total d’effectifs de tous rangs diminué de 1050 en avril 1810, soit une perte de 33%, surtout à cause de la désertion, bien que les pertes à Astorga devraient être aussi prises en compte[80].
Les erreurs
Les erreurs majeures furent inhérentes à sa formation et l’action d’agents externes. Une meilleure gestion aurait pu les éviter pour la plupart.
Dans l’impossibilité de recruter normalement en France ou dans les territoires sous contrôle français, le Régiment dut avoir recours aux déserteurs et aux prisonniers de guerre, lesquels allaient eux aussi déserter. Ce défaut est inhérent aux régiments étrangers en général, à l’exception notable des troupes dans les régiments de Wellington, que ces régiments fussent irlandais ou pas.
Les politiques de libération de l’Irlande furent la cause des premières divisions intestines et l’incapacité de gérer ces conflits par Bernard MacSheehy, le premier commandant, allait déjà causer beaucoup de dégâts. En deuxième lieu, le rejet des non-irlandais par les officier natifs d’Irlande, conséquence directe d’un nationalisme irlandais étroit et sectaire. Le deuxième commandant d’origine italienne Pettrezzoli mit fin à ces conflits en usant de moyens extrêmes. Toutefois, c’est l’ingérence du Ministre de la Guerre Clarke, de père irlandais et ex-officier de l’ancienne Brigade Irlandaise, qui porta le coup fatal. Son ingérence fut la principale raison du ralliement à Wellington du Chef de Bataillon Jérôme Fitzhenry, commandant en Espagne et désormais ange déchu aux yeux de ces camarades. Junot avait d’ailleurs prédit que la perte de Fitzhenry signerait la fin de la Légion en Espagne. Rien de ce que la Légion n’eut à souffrir, la perte du 1er bataillon à Flessingue, ses deux bataillons décimés sur la Bober, rien n’allait ronger l’âme du Régiment comme « la trahison » de Fitzhenry. De cela, l’ingérence de Clarke, son népotisme et sa morgue en furent largement coupables. Cependant, ce ne fut pas là la seule cause du départ de Fitzhenry[81].
Comme Junot l’avait prédit, le jour de Noël en 1811, les hommes restant au 2e bataillon furent transférés au Régiment Prussien (le 4e Étranger). Officiers et sous officiers durent faire une longue marche hivernale pour Bois-le-Duc[82]. Byrne eut beau y faire bonne figure, rien ne pourrait changer à cette honte et ce déshonneur.
La dernière recrue à s’engager le 17 septembre 1815, fut John Leoye, un Anglais de vingt ans, maréchal ferrant de son état. Le 29, dernier jour de vie de la Légion Irlandaise, il fut transféré avec plusieurs centaines de ses nouveaux camarades à la Légion Royale Etrangère à Toulon. Le Registre des Troupes fut clos avec sans doute beaucoup de solennité et signé par le conseil d’administration des noms suivants : adjudant sous-officier Gugelot (Français), capitaine Owidsky (Polonais), chef de Bataillon Braun (Allemand), capitaine Miles Byrne (Irlandais) et enfin par « le Major Président » Hugh Ware[83]. De l’esprit rebelle subsistait encore, mais comme Irlandais, seuls Byrne et Ware resteraient, afin d’être les témoins des ultimes vestiges. Cela dut être avec un profond chagrin qu’ils virent se consumer l’Aigle du Régiment, l‘Aigle que les bonapartistes avaient caché avec vénération après la première abdication de l’Empereur, l’Aigle que Ware avait sauvé du désastre à la Bober et que Lawless et O’Reilly avaient sauvé de la débâcle à Flessingue.
La Légion Irlandaise et l’ancienne Brigade Irlandaise
Comparer la Légion Irlandaise et l’ancienne Brigade Irlandaise s’avèrerait aussi pertinent que forcer des carrés en bois à s’introduire dans des trous ronds. Les officiers de la Légion qui s’y essayèrent firent probablement plus de mal que de bien en rappelant au souvenir du Roi la loyauté de l’ancienne Brigade que le souverain avait dû démanteler, contrastant avec la déloyauté à son égard de la Légion Irlandaise[84].
En dépit du fait qu’un petit nombre d’officiers de la Légion avaient fait partie de l’ancienne Brigade, très peu d’entre eux étaient nés en Irlande ou Français de la première génération et ne pouvaient donc pas être décrits comme des « oies sauvages ». Les officiers de la Légion nés en Irlande étaient très différents des « oies sauvages », nom donné aux Irlandais expatriés et servant la France depuis 1690, qui s’étaient battus pour défendre une cause légitime, la monarchie, et en maintenir le statut quo. Ils en étaient l’exact opposé : rebelles, républicains, antimonarchistes et, par la suite, bonapartistes et anti-Bourbons.
Ils n’avaient que peu en commun avec la majorité des officiers de l’ancienne Brigade qui s’étaient placés sous une « bannière d’adieux » en 1792 en jurant une éternelle fidélité au Roi[85]. Ces officiers avaient fait allégeance au Roi de France et à lui seul. Les officiers de la Légion avaient prêté serment à l’Empereur Napoléon, et la plupart demeuraient républicains ou bonapartistes. Pas un seul officier de la Légion natif d’Irlande ne s’était rallié aux royalistes, à l’inverse de plusieurs officiers Franco-irlandais pendant les Cent Jours.[86]
Quelques uns de l’ancienne Brigade allaient faire de brillantes carrières dans l’armée britannique. L’un d’entre eux allait infliger aux Français un de leurs plus cuisantes défaites pendant la guerre d’Espagne. Probablement, le sort de toute la campagne en Péninsule allait dépendre du colonel Nicholas Trant, ancien lieutenant du régiment de Walsh qui avec un détachement de miliciens portugais, réussit en mars 1810 à tenir le front sur la rivière Mondego, résistant à la retraite désespérée des forces de Masséna des lignes de Torres Vedras[87].
Epilogue
Le soleil déclinant de la Légion Irlandaise, allait aussi se coucher sur le recrutement irlandais par l’Armée Française. Une tendance séculaire des siècles, qui allait culminer en une vague, celles des « oies sauvages » en 1690, qui allait réduire à un simple filet. Quant au nombre d’Irlandais passés à la Légion Royale Etrangère, il ne vaut pas la peine d’un débat. Il semble que pas un seul officier irlandais n’y alla avant 1816. Au total, les nombre d’Irlandais qui s’engagèrent pendant les 12 ans de vie de la Légion, ne suffirait pas à former un seul bataillon d’active[88].
Dans l’établissement d’un corps militaire irlandais, ce sont les britanniques qui allaient l’emporter sur le plan même de l’essence, de l’âme. Un élan nouveau avait commencé en 1793, l’enrôlement en masse desIirlandais dans l’armée britannique. Le Duc de Wellington aurait déclaré que la Grande Bretagne dut sa supériorité militaire aux troupes irlandaises[89], qui contribuèrent largement à ses victoires en Espagne et à Waterloo. « Ce n’est pas trop d’affirmer », écrivit le secrétaire d’état à l’intérieur Sidmouth, « que les troupes d’Irlande firent pencher la balance à Waterloo, 18 Juin 1815 »[90].Vraiment ironique.
Au milieu du siècle, plus de 40% de l’armée britannique était d’origine irlandaise, une symbiose nouvelle qui allait jouer un rôle majeur dans la consolidation de l’empire britannique. Les deux choses les plus importantes pour l’armée britannique furent, au dix-huitième siècle, le fusil qui se charge par la culasse et le fantassin irlandais qui peut marcher tout le jour sans fatigue, supporter le chaud ou le froid comme la salamandre. Loin de Dunkerque et de Belgrade[91], les soldats irlandais servirent sous un drapeau très différent, dans les montagnes sauvages de l’Inde ou dans la chaleur brulante de l’Afrique. Un univers bien loin de la vision de Tone, O’Connor et Fitzgerald. Bien loin de celle de Lawless et ses camarades, partisans de la libération de l’Irlande et d’une république irlandaise assortie d’une liberté des religions et d’égalité des cultes.
Ces hommes talentueux de la Légion Irlandaise, qui tentèrent de réaliser ce rêve furent dispersés dans le vaste monde et perdirent l’Irlande à jamais, comme apatrides à leur propre pays, qui les oublia rapidement. Exploités par la France, ils furent bientôt aussi oubliés dans ce pays. L’histoire de la Légion Irlandaise est un chant amer, le chant du cygne d’un grand mouvement.
Annexe I : Liste des Officiers, 1803-15 (et leur pays de naissance)
Ahern, John, Irlande
Allard, Pierre, France
Allen, John, Irlande
Arkwright, James, Angleterre
Aubier, Antoine, France
Avenarius, Guillaume, Allemagne
Baillot, Joseph, France
Balthasar, Louis, France
Barbier, Claude, France
Barker, Arthur, Irlande
Barker, William, Irlande
Barrier, Pierre, France.
Bavier, Jean-Baptiste, France
Behr, Georges Henry, Allemagne
Belaerts, Jacques, Pays-Bas
Benisch, François, Bohême
Beraud, Honore, France
Bernhold, Sigismund, Allemagne
Berthomé, François, Irlande
Blackwell, James, Irlande
Blussand, Jean-Pierre, France
Bohnen, Stanislas de, Suède
Bosilio, Maurice, Italie
Bourguignon, Jean-Louis, France
Bousmard, Henri, France
Boyer, Francois, France
Bracy, Francois, France
Bracke, François Henri, France
Brangan, Patrick, Irlande
Braun, Antoine, Allemagne
Brelivet, Jean-François, France
Brown, Thomas, Irlande
Buchwald, Henry, Autriche
Buhlmann, Jacques, Allemagne
Burgh, John Richard, Irlande
Burghess, John, Irlande
Burke, William, Irlande
Butler, Alexandre, France
Buy, François, France
Byrne, Miles, Irlande
Cabour-Duhay, Edouard, France
Campbell, John, Angleterre
Canillot, Jean-Baptiste, France
Canton, Thomas, Irlande
Cardaillac, Louis, France
Carotte, François, France
Carové, -, -.
Cesack, Charles, Bohème
Chatelin, Jean Martin, France
Chevalier, Julien-Fran’s, France
Choll, Guillaume, -.
Conway, Thomas, France
Corbet, Thomas, Irlande
Corbet, William, Irlande
Cordier, Victor, France
Cosgrove, John, Irlande
Coüasnon, Alexis de, France
Cremer, Paul, Luxembourg.
Crova, Joseph, Italie.
Cummins, John, Irlande
Dantrass, Ddouard, France
Debonnaire, Charles, France
Decarne, Louis, France
Delaheese, Charles, Prusse
Delaney, James, Irlande
Delaney, Matthew, Irlande
Delaplaigne, Adolphe, France
Delavieuville, Adolphe, France
Delhora, Charles S, Prusse
Demeyere, Jean-Jacq’s, France
Démon, Jean-Louis, France
Demonts, Jean, Allemagne
Deral, Arthur, -.
Derry, Valentine, Irlande
Devreux, Alexander, Irlande
Dillon, Auguste, France
Dowdall, William, Irlande
Dowling, Jerome, Irlande
Doxal, René, Suisse
Dubourg, Louis, France
Ducros, -, -.
Dupont, Gilles, France
Dupouget, Louis, France
Dyer, Antony, Irlande
Eagar, William, Irlande
Eckhardt, Chretien, Allemagne
Eliot, Jean, Lituanie
Engelhard, Philippe, Allemagne
Englehardt, Louis, Allemagne
Erbling, Joseph, Allemagne
Erdely, François, Romania
Esmonde, Laurent d’, Irlande
Evans, Hampden, Irlande
Farquharson, John, Ecosse
Ferguson, –, Ecosse
Ferrary, Dominique, Espagne
Finney, John, Irlande
Fioles, François, France
Fitzhenry, Jeremiah, Irlande
Fitzhenry, John, Irlande
Fitz-Patrick, James, Irlande
Fleche, Louis, France
Foyard, Louis, France
François, Jean-Pierre, France
Gaboulbene, Joseph, France
Gaillot, Charles, France
Gallagher, Patrick, Irlande
Gefort, Jean, France
Gemmingen, Charles, -.
Gerber, Godefroi, Allemagne
Gestal, -, -.
Gibbons, Austin, Irlande
Gibbons, Edmund, Irlande
Gibbons, John, Irlande
Gilmer, Joseph, Angleterre
Giraud, Jacques, France
Glashin, Daniel, Irlande
Glashin, Jean, Irlande
Goetz, Jean-Philippe de, France
Gordon, Robert, Ecosse
Gorrido, Vincent, Spain
Gossling, George, Allemagne
Gougis, Charles, France
Gourgas, Bernard de, France
Gourlay, François, France
Gregoire, Victor, France
Guettir, Georges, France.
Hamman, Jean, Prusse
Herbe, Joseph, -.
Hertig, Charles, Prusse
Hoyne, William, Irlande
Hughes, John, Irlande
Hupert, Frederic, Allemagne
Igydowitz, François, Italie
Jackson, Thomas, Irlande
Jeetze, Charles de, Prusse
Keller, Godefroi, Prusse
Keller, Guillaume, Prusse
Kienlin, Louis, France
Klembt, Jean, Pologne
Klopstock, Jean-Henry, Italie
Koning, Jean Pierre de, Belge
Koslowski, Joseph, Pologne
Lablairie, Olivier, France
Laboulbene, Joseph, France
Lacy, Louis (Luis), Espagne
Lagrange, Jean-Baptiste, France
Lalande, François, France
Lamanois, Michel, France
Lambert, Robert, Irlande
Landy, Michael, Irlande
Landy, Richard, Irlande
Langer, Louis, France
Langlois, Patrice, France.
Lawless, Luke, Irlande
Lawless, William, Irlande
Lefort, Jean, France
Lerreuse, Bague, France
Levacher, Claude, France
Lipinski, Michel, Pologne
Lossell, Patrick, France
Lynch, Patrick, Irlande
MacCann, Patrick, Irlande
MacCarthy, James, Irlande
MacDermott, Bernard, Irlande
MacEgan, James, Irlande
MacGawley, William, Irlande
MacGuire, James, Irlande
MacMahon, Arthur, Irlande
MacNevin, William, Irlande
MacSheehy, Bernard, Irlande
MacSheehy, Jean Ber’d, France
MacSheehy, Patrick, Irlande
Magrath, Achille, France
Magrath, Louis, France
Magrath, Patrick, France
Malisieux, François, France
Mandeville, Auguste, France
Many, -, -.
Marcelin, Joseph, France
Maréchal, François, France
Markey, Thomas, Irlande
Martin, Christopher, Irlande
Masterson, Edward, Irlande
Matthieu, Louis, -.
Menzer, Joseph, Allemagne
Mercy, -, -.
Metz, Charles, Allemagne
Milleville, Bartholme, France
Montagu, Maurice, France
Montbert, Ragnar de, France
Montrand, François, France
Morand, Edouard de, France
Morand, William de, France
Morrison, Fecorbert, Irlande
Mougenot, Henri, France
Mullany , Charles, Irlande
Muller, Conrad, France
Mundt, Charles, Prusse
Murray, Paul, Irlande
Noel, Félix-Hippolite, France
Nugent, Charles, France
O’Brien, Jean, France
O’Gorman, Thomas, Antilles
O’Kelly, Patrick Paul, Irlande
O’Mahony, Jean-Fr, France
O’Malley, Austin, Irlande
O’Meara, Daniel, France
O’Meara, William, France
O’Quin, Patrice, France
O’Reilly, Terence, Irlande
O’Sullivan, Thomas, Pays-Bas
Onslow, Maurice, France
Oppermann, François, All’gne
Osmont, Augustin France
Osmont, Edouard, France
Owidzky, Patrice d’, Pologne
Parrott, Joseph, Irlande
Pascand, Michel, France
Pectoire, Philippe, France
Peeters, Philippus, Belge
Pernet, Auguste, France
Perry, James, Angleterre
Petit, -, France
Petrezzoli, Edouard Ant, Italie
Pfeiffer, Philippe, Allemagne
Pickert, Leopold, Danemark
Plunkett, Christopher, Irlande
Pernette, Jean, France
Poleski, François, Pologne
Powell, Patrick, Irlande
Prevost, Louis, France
Ramm, Pierre, Allemagne
Raymond, Jacques, Suisse
Read, Thomas, Irlande
Regnier, François, France
Reiff, Joseph, Allemagne
Reiffe, Matthieu, France
Reilly, John, Irlande
Reynolds, Matthew, Irlande
Robiquet, Jacques Ch’s, France
Roche, Hercule de, France
Roger, Thomas, France
Ross, Daniel, Scotland
Rouveirolle, Jean-Bapt, France
Royal, Nicholas, France
Ruff, Gottlieb, Prusse
Russell, Michael, Irlande
Ryan, Charles, Irlande
Saint-Leger, Auguste, France
Saint-Leger, Edmond, France
Saint-Leger, Patrice, France
Salomez, Daniel, France
Salomez, Jean Henry, France
Saltel, Pierre, France
Sanford, François, Allemagne
Schadler, -, Allemagne
Schinelzer, Arnauld, Allemagne
Schmidt, Johan, Allemagne
Schroeder, Dom’que, Allemagne
Schroeder, Jean, Allemagne
Schurmann, Joseph, Allemagne
Segaud, Jean Pierre, France
Sejournant, Pierre, France
Serisy, Edward, France
Setting, Antony, Irlande
Sheridan, Michael, Irlande
Smal, Guillaume, Belge
Smith, James, Irlande
Souillard, François, France
Ste-Colombe, Maurice de, Fr
Stephens, Samuel, Irlande
Stockert, Mathé , Allemagne.
Stokker, Christophe, Allemagne
Sturm, Frédéric, Allemagne
Sue, Jean, France
Swanton, Armand, France
Swanton, Robert, Irlande
Sweeny, John, Irlande
Tennent, John, Irlande
Thiroux de St Cyr, Denis, France
Thompson, Henry-Jean, France
Thuillier, Louis, France
Thumerel, Augustin, France
Tournier, Louis-Jacques, France
Towne, David William, Angleterre
Trach, Adolphe, Allemagne
Tréssan, Louis de, France
Tuillier, Jacques, France
Tyrrell, Nicholas, Irlande
Vacher, -, France
Valentin, Louis, France
Van Lyl, François-Ch’s, France
Vanthuien, Patrice, France.
Verteuil, Stanislas de, France
Wagner, Hermann, Moravie
Wagter, Godefroi, Allemagne
Wall, Alfred de, Spain
Wall, Richard de, Irlande
Walsh, John, Irlande
Ward, George, Irlande
Ware, Hugh, Irlande
Weichenheim, Ch’s, Allemagne
Weiss, Michel, Pologne
Wissen, Jean,-.
Wolff, François, Allemagne
Zapssell, Joseph, France
Zelinski, Jean, Pologne
Zobinsky, Charles, Prusse
Liste Numéro 2, 15 Mai 2010 – ©Nicholas Dunne-Lynch 2010 – Renseignements : nicholas.dunnelynch@free.fr – n.dunnelynch@gmail.com
Annexe II, Commandants 1803-1815
Adjudant-Commandant Bernard MacSheehy (décembre 1803- septembre 1804) |
Né à Dublin le 2 décembre 1774, de Bernard et de Honorée, née Fagaud[92], MacSheehy dès son jeune âge allait parfaire son éducation en France au Collège Irlandais de Paris. Sa famille était bien établie, son oncle était médecin à Versailles. Comme celui qui en deviendrait le plus jeune commandant, MacSheehy allait mettre sur pied et prendre la tête de la Légion Irlandaise de décembre 1803 à septembre 1804. Il avait été l’adjoint du rebelle irlandais Théobald Wolfe-Tone alors que ce dernier officiait comme adjudant-général dans l’Armée de la Sambre et Meuse commandée par le général Hoche. En dépit de sa piètre opinion sur MacSheehy[93], Tone l’avait recommandé à Hoche pour une mission d’espionnage en Irlande, tâche dont le jeune homme semblait s’être bien acquitté[94]. Tone écrivait alors « un esprit obtus »[95], et plus tard, « S’il y a un gredin au monde, dépourvu de principes, c’est bien lui »[96]. Cette mauvaise opinion de Tone à son égard résultait vraisemblablement de sa jalousie quant aux multiples talents du jeune homme, tant militaires et linguistiques qu’administratifs. Miles Byrne se fait lui aussi l’écho des opinions de Tone[97] [98], quand il accuse MacSheehy d’avoir retardé son avancement. Bien qu’ayant fait carrière à l’Etat Major en atteignant en cinq ans le grade d’adjudant major, c’était un homme de terrain et un organisateur très efficace[99]. Ayant formé la Légion Maltaise en Egypte, il fut gratifié de l’Epée d’Honneur (par le Maréchal Kellermann) pour son courage pendant la prise de Suez. En dépit de ses talents, il manqua des qualités nécessaires pour commander la Légion Irlandaise et surmonter les conflits internes entre factions nationalistes irlandaises des premières années.[100] Rappelé à l’Etat-major en septembre, il mourut en soldat à Eylau en 1807. Sa correspondance fait apparaître des compétences militaires de premier ordre, un Français excellent, et une aptitude certaine à communiquer aussi bien avec l’échelon des officiers supérieurs qu’avec les ministres. Qu’il se soit fait beaucoup d’ennemis est indéniable. Sa promotion comme adjudant général-rang atteint par Tone ne fut d’ailleurs jamais confirmée. Dans les 500 mots où MacSheehy est répertorié, (Dictionnaire des Colonels de Napoléon) de Danielle et Bernard Quintin, (Paris, 1996), il n’est pas fait mention de ses dix mois de commandement de la Légion Irlandaise. |
Lieutenant Colonel Edouard Antoine Petrezzoli (septembre 1804-mai 1809) |
Le 18 novembre 1764, il naissait dans le duché de Parme, de Julius Petrezzoli et de Vittoria, née d’Allargina. Grenadier en 1793 lors de son engagement dans l’armée française, il allait en gravir rapidement les échelons pour parvenir au rang de lieutenant colonel, en 1799. Quand le colonel Harispe[101], du 16e d’Infanterie Légère, apprit qu’on cherchait un nouveau commandant pour la Légion Irlandaise, il sut qui convenait pour le poste, l’un de ses lieutenants-colonels, Petrezzoli, officiant à l’État-Major de Brest, qui avait été chef du 1er Bataillon du 16ème. Harispe le recommanda chaudement tant pour sa fermeté que pour son sens du devoir[102], Cependant quand Petrezzoli remplaça MacSheehy à la tête de la Légion Irlandaise en septembre 1804, pour ses supérieurs, sa qualité première était qu’il ne fût pas irlandais et donc ignorant des arcanes du nationalisme irlandais. Seul non irlandais ou franco-irlandais, Petrezzoli devait en somme être le « remède de cheval »pour sauver ce Corps rongé par des luttes intestines. Vétéran des campagnes napoléoniennes en Italie, ce rude commandant d’infanterie légère, ce tacticien compétent, dut à la fois faire face à la malaria, aux intrigues politiciennes, à la mauvaise volonté et au refus de coopérer. Toujours en s’assurant du soutien de ses supérieurs, les généraux Augereau, Donzelot, plus tard Monnet, et le ministre Berthier, il sut se débarrasser des incompétents, déplacer les fauteurs de troubles sous le prétexte de « missions ». Il allait vouer les officiers récalcitrants dont William Lawless à un « exil intérieur » en préfecture maritime de Brest, où ceux-ci se languirent plus de deux ans[103], submergeant de lettres pleines d’invectives le ministre contre lui, en ignorant la chaine de commandement. Au début rejeté par la plupart des officiers irlandais, qui ne voyaient en lui qu’un « oppresseur étranger », il allait réussir à faire de ce corps fragmenté, un véritable bataillon de d’infanterie légère. Premier dans la durée, il ne se dessaisit de son commandement que quelques semaines avant la chute de Flessingue en 1809, où il fut fait prisonnier. Loué par le général Osten pour avoir rameuté ses troupes en débandade[104], ses cinq années d’efforts allaient s’avérer inutiles, le corps dans sa presque totalité le suivant dans la captivité. Remis en service actif après son retour en 1814, il fut naturalisé français en 1819[105], |
Colonel Daniel O’Meara (mai 1809-février 1812) |
O’Meara, le plus improbable des commandants de la Légion était né le 1 novembre 1764 à Dunkerque de Jean et Marie-Anne, née Eylnek. Bien que du même âge que son prédécesseur, il n’avait jamais exercé de commandement opérationnel, à l’exception d’une brève période comme chef de bataillon dans l’ancien 87e Régiment de Dillon. Jeune officier aux Antilles anglaises, il avait fui aux Etats-Unis après la capitulation de St. Nicholas. A la tête de son propre régiment en 1796 au cours de l’expédition navale du général Hoche, il était tombé aux mains de l’ennemi au cours d’une bataille navale, puis avait été échangé en 1799. Après une série de commandements de moindres importances, il devenait pendant la guerre d’Espagne, gouverneur militaire de plusieurs villes espagnoles, et en dernier lieu de Burgos. Porté sur la « bouteille » selon des rumeurs, il n’avait guère le profil pour commander le Régiment Irlandais dont le premier Bataillon était en poste à Walcheren et le deuxième en Espagne. Qu’il fût le beau frère de Clarke le ministre de la Guerre semble avoir été avec ses origines irlandaises les principales raisons de sa promotion. Il n’était pas doté des mêmes compétences militaires que Petrezzoli son prédécesseur, et ses graves lacunes sur le terrain apparurent bientôt clairement au commandant du 8eme Corps, le général Junot, qui le rappelait à l’Etat-major en mai 1810, au bout de moins d’une année de commandement et de deux mois en Espagne. Junot ne l’estimait pas même digne de commander « une escouade de dix hommes ». O’Meara était limogé en novembre 1811, mais Clarke n’en tira aucun enseignement. La nomination d’O’Meara par-dessus la tête du populaire, de l’homme de terrain Jeremiah Fitzhenry, allait provoquer des remous parmi les officiers du 2e Bataillon en Espagne. |
Colonel William Lawless (février 1812-décembre 1813) |
Né à Dublin le 20 avril 1770[106], de John et Marie née Beauman, professeur d’anatomie au Collège Royal de Chirurgie en Irlande, Lawless est considéré comme un héros en Irlande en raison de son activisme politique et plus tard de sa carrière militaire. Pourtant, son comportement durant les premières années de la Légion Irlandaise fut loin d’être exemplaire. Outrageant le pays qui lui avait offert asile, il avait fait mine de démissionner pour protester quand la Légion avait reçu l’ordre de participer à la campagne de Prusse de 1805-6. Il s’était ouvertement opposé au commandant Petrezzoli en se plaignant directement au ministre, faisant fi de la voie hiérarchique. Considéré comme un intrigant dépourvu de talents militaires et un perturbateur de la bonne marche du Corps, il fut envoyé « en mission », à vrai dire en exil à la préfecture maritime de Brest de 1807 à 1809 avec Thomas Markey et quatre autres officiers récalcitrants. Lawless se plaignit avec amertume que la Légion fût sous la coupe de non irlandais, mais dut demeurer à Brest plus de deux ans. Réintégré par le ministre de la Guerre en 1809 (Clarke), chef de Bataillon à Landau, le transfert de Petrezzoli au 43e Régiment lui offrit le commandement du 1er bataillon à Flessingue assiègée qu’il réussit pourtant à rallier. Blessé au moment de la chute de Flessingue il réussit à récupérer l’Aigle du Bataillon et à s’évader. Désormais adulé aussi bien par ses officiers que par ses soldats, il fut promu colonel en 1812. Chef courageux et organisateur de talent, il réussit à reconstituer le Régiment malgré sa fragmentation due à la guerre en Espagne. La campagne de Saxe de 1813 tourna au désastre, « bien que les Irlandais allaient s’y couvrir de gloire ». Lawless allait voir tomber non seulement son beau frère le Capitaine Hamden Evans[107], son vieux camarade John Tenant, voir décimer presque entièrement ses deux bataillons à la rivière Bober, mais aussi lui-même allait être gravement blessé y laissant une jambe et mettant fin à sa carrière militaire. Déchu du titre de baron de l’Empire conféré par Napoléon, il prit sa retraite en tant que major général honoraire et mourut prématurément en 1824[108]. |
Colonel Jean François O’Mahony (décembre 1813- mai 1815) |
Né près de Calais le 7 octobre 1772 de Dermot (Démetrie) et de Marie née Defrenaye, O’Mahony avait fait partie du régiment Dillon de la Brigade Irlandaise. Il suivit son régiment en exil avec « les Princes au-delà de la Frontière » en 1792 et plus tard, rejoignit le régiment Walsh de la Brigade Catholique Irlandaise au service britannique. Après la dissolution de celle ci il devint capitaine au 97e de ligne, le Régiment Allemand de la Reine. Blessé en 1801 à la bataille d’Alexandrie contre les Français, il céda son engagement et retourna en France en 1802. En 1809, à la grande irritation des autres officiers, il était fait chef du 3e bataillon du Régiment Irlandais par Clarke le ministre de la Guerre. Le général Junot le rappelait ensuite à l’état-major. Sa nomination en 1813 à la tête du Régiment Irlandais avec rang de colonel par Clarke défiait toute raison. A l’instar de la récente promotion de O’Meara aux dépends de FitzHenry, la nomination de O’Mahony passait par-dessus la tète de Hugh Ware, le commandant effectif. Comme Colonel, O’Mahony était vilipendé par les officiers du Régiment Irlandais, surtout les Bonapartistes, en raison de son appartenance passée à l’armée britannique contre les français, ses opinions politiques, son caractère et son mode de conduite. Royaliste déclaré, il avait été arrêté à Anvers en 1814 pour « collusion avec l’ennemi », et encore une fois pendant Les Cents Jours. Bien qu’il se fût efforcé d’obtenir de l’avancement pour Miles Byrne, il était soupçonné d’avoir dénoncé Byrne, Luke Lawless, Thomas Jackson et d’autres comme « bonapartistes et jacobins », peut-être en représailles de leur opposition quand il avait été colonel. Pendant la deuxième restauration, il fut comme colonel à la tête de la Légion de Haute Loire (9e régiment d’infanterie légère). Pendant la campagne d’Espagne de 1823, il atteignit le grade de général de division et était toujours à 67 ans sur les listes de réserve en 1839. |
Colonel Hugh Ware (mai 1815-septembre 1815) |
Probablement le plus remarquable des officiers à porter l’uniforme de la Légion Irlandaise, Hugh Ware était né à Rathcoffey, Comte de Kildare, le 19 janvier 1776 de Patrick et de Catherine, née O’Farrell. Arpenteur de profession, il avait pris part à la rébellion de 1798 comme second de son parent, William Aylmer, à la tête de quelques 4000 insurgés. Après l’échec de la rébellion, il avait été emprisonné à Kilmainham jusqu’à la Paix d’Amiens de 1802 pour être alors banni à vie. Lieutenant de carabiniers à la Légion Irlandaise en 1803, capitaine en 1804, il allait monter du grade de lieutenant colonel en 1810 à celui de major en 1814. Il fut fait colonel pendant les Cent Jours[109]. Ses sympathies bonapartistes étaient notoires, mais il était très respecté par les Bourbons de la Restauration. Cependant il fut rétrogradé au rang de major après l’annulation du flot de promotions accordées pendant les cent jours. Mis à la retraite en demi-solde en 1816 à Tours, il ne fut pas rappelé en service. Son grade de colonel lui fut rendu par Louis Philippe en 1831. « D’une bravoure proverbiale », « presque trop humain »[110], Ware, blessé lui même à Lowenberg allait remplacer Lawless hors de combat à la tête de la Légion. Il la commandait donc au moment du désastre sur la rivière Bober. Mais à nouveau blessé, il était dépassé par les évènements. O’Mahony lui étant préféré en décembre 1813 il n’allait devenir commandant qu’en avril 1815. Homme d’éminents talents militaires, Ware était doté des qualités idéales requises en tant que chef et soldat, excellant dans la conduite de troupes d’élite[111]. Le Général Solignac, le général de sa division en Espagne le considérait parmi les meilleurs officiers qu’il n’avait jamais rencontré[112]. Ironiquement, ce serait à l’ancien chef de la rébellion irlandaise à avoir combattu sur le champ de batailles à être le dernier commandant de la Légion. Quelle frustration d’être réduit à l’inactivité cela dut être pour ce courageux officier, alors qu’il y avait assez de conflits intérieurs pour l’occuper. Sa notice nécrologique publiée dans The Times à Londres en 1816 montre combien il était respecté. |
Lieutenant Colonel Jeremiah Fitzhenry |
Le cas du plus qualifié des soldats pour la fonction de commandant du Régiment de la Légion et qui ne le soit jamais devenu mériterait qu’on s’y arrêtât. Né à Ballymakesy dans le comté de Wexford, le 15 octobre 1774 de Guillaume FitzHenry et de Catherine née Hegarty, Jeremiah FitzHenry participa activement à la rébellion de 1798 quoique son action semble avoir été plutôt modeste et qu’elle ne soit que peu mentionnée. Cependant, après son départ pour la France en 1802 et la reprise des hostilités en 1803, il suscita beaucoup d’intérêt auprès des autorités de Dublin, tant il était sensé être influent au comté de Wexford. Premier capitaine de carabiniers de la Légion en 1803, à la tête du 2e Bataillon d’Espagne en 1808, promu lieutenant colonel la même année, il devait commander la Légion en Espagne et au Portugal jusqu’en 1811. Type même du héros, grand, athlétique, c’était un cavalier accompli et un redoutable gaucher comme escrimeur. Ses supérieurs en faisaient grand cas, notamment Junot chef du 8e Corps de l’Armée de Portugal, Solignac son général de division et Thomières son général de brigade, aussi son proche confident et ami. Sans aucune considération pour l’excellence de ses états de services, du soutien de sa hiérarchie et de ses officiers, le ministre de la Guerre Clarke nommait à sa place à la tête du Régiment son propre beau frère Daniel O’Meara, pourtant lui-même en faveur de la nomination de Fitzhenry. Il fut encore écarté après Junot ait limogé O’Meara pour incompétence, et le Régiment allait se retrouver sans commandant ; Fitzhenry commandant en Espagne et Lawless à Landau[113]. Séparé de sa famille depuis huit ans, ayant conscience de la santé déclinante de son père, probablement désenchanté du peu d’égard avec lequel on le traitait et de l’évolution de la situation sur le terrain il concluait un pacte avec le Docteur Patrick Curtis, recteur du Collège Irlandais à Salamanque, un membre influent de El Mirador, réseau d’espionnage nationaliste espagnol, allait se rallier à Wellington et bénéficier d’une totale amnistie octroyée par le Prince de Galles. Il revenait en Irlande en 1811, adulé par la population de Wexford. Il dut être en proie au remord du fait de la montée de controverses et d’accusations de traitrise. |
Annexe III : Campagnes et cantonnements, 1803-15
Années | Lieu | Pays | Bat. | Titre[114] | Rattachée à | Aux ordres de | Actions/missions |
1803-5 | Morlaix, Carhaix, Quimper, Lesneven, Alençon | France | 1 | 1 | L’Armée des Côtes de l’Océan [115] | Augereau | aucune |
1806 | Mainz | Allemagne | 1 | 1 | L’Armée de la Reserve[116] | Kellerman[117] | “ |
1807 | Boulogne |
France | 1 |
1 | L’Armée de l’Escaut | St.Cyr & Chamberlac | “ |
L’Armée du Nord | Ferins | ||||||
Bayonne | 2p[118] | Corps d’Observation des Cotes de l’Océan [119] | Moncey | “ | |||
1808-9
| Walcheren | Belgique | 1 | 2
| L’Armée de l’Escaut | Monnet | Défense de Flessingue |
Madrid | Espagne | 2p | L’Armée d’Espagne | Mortier, Bessieres | Rétablissement de l’ordre après l’insurrection du 2 mai | ||
1808-12 | Burgos, Ciudad Rodrigo, Ledesma etc | Espagne – Portugal | 2, 3 | 2 | L’Armée du Portugal (8e Corps) | Junot, Masséna, Marmont | Siège & prise d’Astorga; Siège de Ciudad Rodrigo, etc. |
1810 | Landau | Allemagne | 1,[120] 4 | 2 | 5e Division Militaire | – | aucune |
1811 | Ile de Gorée, Willemstadt etc. | Belgique | 2,3 | 2 | L’Armée de l’Escaut | Padoue [121] | “ |
1812 | Belge | 4 | 3 | Molitor | “ | ||
1812-13 | Bois-le-Duc [122] | Pays Bas | 1-4 [123] | 3 | L’Armée de la Reserve | Kellerman | “ |
1813 | Divers | Allemagne / Pologne | 1, 2 | 3 | La Grande Armée | Lauriston | Bautzen, Lowenberg, Goldberg, Bober |
1814 | Anvers, Avesnes, Lille | Belgique / France | 1-4 | 3 | L’Armée du Nord | Carnot | Défense d’Anvers |
1815 | Montreuil | France | 1-4 | 4 | 5e Division Militaire | Salamon | aucune |
Bibliographie
Livres
Miles Byrne, Mémoires d’un exilé irlandais de 1798. Paris, Bossange et Cie.1864. 2 tomes.
John G. Gallaher. Napoleon’s Irish Legion, (Carbondale, Illinois, 1993).
Eugene Fieffe. Histoire des troupes étrangères au service de la France. (Paris 1854) 2 tomes.
A. Martinien. Tableaux par corps et par batailles des officiers tués et blessés pendant les guerres de l’Empire 1805-1815 (Paris, 1899)
Danielle & Bernard Quintin. Dictionnaire des colonels de Napoléon, (Paris, 1996)
Chapitres
Guy C. Dempsey, Napoleon’s Mercenaries: Foreign Units in the French Army under the Consulate and Empire, 1799-1814, (London, 2002).
Articles
John G. Gallaher, ‘Irish Patriot and Napoleonic Soldier- William Lawless,’ The Irish Sword, 1992, 18: 225-263.
John G. Gallaher, ‘William Lawless and the Defense of Flushing, 1809,’ The Irish Sword, 1989, 7: 159-64
E.W. Ryan, ‘A projected invasion of Irlande in 1811,’ The Irish Sword, 1950-51, 1: 136—41.
P. O’Snodaigh, The flag of Napoleon’s Irish legion, The Irish Sword, Vol.XVIII, No.72 (Winter 1991) 239.
Thomas Bartlett, Last flight of the Wild Geese? Bonaparte’s Irish legion, 1803–15, Irish communities in early modern Europe, ed. Thomas O’Connor et Mary Ann Lyons (Dublin, 2006).
Lt-Col Pierre Carles, Président du centre d’histoire de Montpelier, ‘Le Corps irlandais au Service de la France,’ Revue Historique des Armées, no. 1976/2, 25-54.
Archives (principalement)
Service historique de la Défense (ShD), Vincennes : Cartons Xh 14, 15,16a-d ; C1 1-35 Armée des Cotes de l’Océan 1803-1805 ; C2 461 Situations Armée des Cotes de l’Ocean 1803-1805 ; C2 704 Situations de la Grande Armée 1813 ; V1N 72 Siege d’Astorga, Armée de Portugal, 1810 ; M Série (Mémoires et Reconnaissances) ; dossiers individuels 2Ye et 8Yd etc.
Archives nationales de France (ANF): Naturalisation et Léonore bases de données.
Drapeaux
1er Drapeau (Juin 1804) | |||
2eme Drapeau (Décembre 1804) Présenté à la Légion par l’empereur aux Champs-de-Mars. | |||
Uniformes (1812 : 3e Régiment étranger (irlandais) Knötel)
Colonel – Porte-aigle – Tambour-carabinier
Voltigeur – Chasseur – Sapeur
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NOTES
[1] Note de l’auteur (1) : Remerciements à Félix Pariente pour son aide pour la traduction de cet article de l’anglais.
[2] Note de l’auteur (2) : Cet article est basé sur les données les plus récentes, mais non définitives car l’auteur continue ses recherches.
[3] Les régiments similaires au 3e Régiment étranger (irlandais) sont le 1er Régiment étranger (la Tour d’Auvergne), 2eme Régiment étranger (d’Isembourg), et le 4eme Régiment étranger (Prusse). Tout furent dissouts avant 1815, mais quelques furent reformés sous d’autres désignations. Il existait d’autres unités étrangères soumises à un service plus long.
[4] Carles, p.26, aussi service historique de la défense, (ci-après SHD), Vincennes, Carton Xh17.
[5] 25 mars 1802 à 22 mai 1803.
[6] Voir Jane Hayter Hames, Arthur O’Connor, United Irishman, Cork, 2001.
[7] Alexandre Dalton (d’Alton-Shee) 1776-1859 ; Lt. (Rég. de Berwick, devenu 88th Ligne), 1791; Adj. Cdt 1803; Gal. de Brigade, 1809 ; Gal. de Division, 1815 ; Baron de l’Empire, 1810.
[8] Louis Alexandre Berthier (1753 – 1815), Chef d’Etat Major de Napoléon, Duc de Wagram, 1er Duc de Valengin, 1er Prince Souverain de Neuchâtel, Maréchal de France.
[9] Le général de brigade Oliver Harty, 1746-1823.Baron Harty de Pierrebourg.
[10] Harty à MacGuire, 8 juillet 1803, SHD XH16c.
[11] Carles, p.27, et Edouard Desbriere : 1795‑1803, Projets et tentatives de débarquement aux Iles britanniques, Paris 1900, iii, p.593.
[12] Charles Pierre François Augereau, 1757-1816 ; Maréchal de France, 1804 ; Duc de Castiglione.
[13] Le général de brigade François Xavier Donzelot , 1764-1843.
[14] Henri-Jacques-Guillaume Clarke, 1765-1818 ; Comte d’Hunebourg 1807 ; Duc de Feltre 1809 ; Maréchal de France 1816. Ministre de la Guerre 1807-14 et en 1815.
[15] SHD Xh16b, 16c et 16d.Le principal d’entre eux fut James Joseph MacDonnell, commandant des rebelles à Castlebar en 1798 qui obtint le grade provisoire de général du général Humbert, et plus tard allait démissionner en tant que capitaine à la Légion Irlandaise.
[16] La limitation de notre espace ne nous permet qu’un aperçu sommaire des opérations. Voir Byrne, Gallaher et Carles pour davantage des détails. Voir annexe.
[17] Byrne estime que 1,500 prisonniers de l’armée prussienne furent recrutés, sans mentionner le nombre d’irlandais. Un officier, Charles Mullany, né Comte Donegal en 1777 qui servit sous Humbert, fut, peut-être, parmi eux. Voir Byrne, ii, pp.26-27.Mullany allait s’engager le 27 novembre 1806. Voir son dossier de naturalisation, ANF BB/11/136/1 1505B4. Il semble qu’il y ait eu des lacunes dans les registres des recrues pour les derniers mois de 1806.
[18] Correspondance en 1798 et 1799 entre le vicomte de Castlereagh, secrétaire en chef d’Irlande et le capitaine Schouler de l’armée de Prusse ne traite seulement que du service militaire. Voir archives nationales d’Irlande (NAI), Rebellion Papers 620/18a/2/1-11, etc. Ces rebelles devaient servir dix ans dans l’armée de Prusse, mais ils pouvaient aussi être envoyés pour indiscipline aux mines du sel. Voir The Freeman’s Journal, 1 juin 1799. Le Roi de Prusse leur donna la permission à retourner en Irlande. Voir The Waterford Mirror du 6 avril 1806, sept mois avant leur recrutement à la Légion Irlandaise, novembre 1806.
[19] Premier Duc de Wellington, né à Dublin en 1769.
[20] Cela concerne le 88ème Régiment d’Infanterie, au sujet duquel Wellington déclara, ‘Quand il y a quelque chose de périlleux ou de courageux à faire, il n’y a pas un corps dans l’armée que je préfère employer plus que nos vieux amis, les Connaught Rangers.’ Sir James MacGrigor, The Autobiography and Services of Sir James MacGrigor, Londres, 1861, p.259. MacGrigor a servi sous Wellington comme général-médecin
[21] Louis Lacy (Luis Roberto Lacy Gautier) est né en Andalousie en 1776. Son père, Patrick était colonel à la tête du Régiment Irlandais d’Ultonia au service de l’Espagne. Lacy démissionna de l’Ultonia après un incident, et partit pour la France.
[22] Il semble que Gallaher confonde Jeremiah avec le rebelle du d’Irlande du nord, John Fitzhenry, né comte de Derry en 1768 et mourût à Landernau en 1805. Voir Gallaher, p.119. Pour détails comparatifs, voir Etat nominatif, 20 Floréal, l’an XII (8 mai 1804), SHD Xh14. Byrne parle de John Fitzhenry comme « John MacHenry ». Byrne, ii, p.300.
[23] Lacy devint capitaine-général de Catalogne, mais il fut faussement accusé d’activités républicaines en 1816 et exécuté sans procès. Pris de remords, le roi Ferdinand IV le fit premier duc d’Ultonia à titre posthume.
[24] Plus fréquemment « Mahony », que son nom correct, « O’Mahony » figurant dans son dossier pour la Légion d’Honneur, comme « le Comte O’Mahony, Jean François. » ANF L201803. Avant 1814, son signature habituelle fut « J.F. Mahony, » Voir O’Mahony au Roi, Anvers, 23 avril 1814, SHD Xh16b. La déclaration de loyauté au Roi, datée du 1er Janvier 1815, est signée « Le Chevalier de Mahony, » Voir SHD Xh16a.
[25] Fils de John O’Meara, du Régiment de Clare, Daniel Joseph est né à Dunkerque en 1764 et frère jumeau de l’ancien officier de la Légion, William (Guillaume), plus tard colonel du Régiment d’Isembourg. Daniel débuta sa carrière militaire au Régiment de Dillon. Il prendra sa retraite de l’armée en 1811.
[26] Jean-Androche Junot (1771-1813), maréchal de l’Empire, Duc d’Abrantes, Commandant du 8th Corps de l’Armée du Portugal.
[27] Carles, p.37.
[28] Sauf 12 chasseurs, nés en Irlande.
[29] Bataillons 1, 2 & 3/27e, Les Inniskillings ; 2/83rd, plus tard, Le Comte de Dublin ; 2/87e, Les Irlandais du Prince de Galles, plus tard, Les Fusiliers Royaux Irlandais ; and 1 & 2/88th, Les Connaught Rangers.
[30] Entre 1808 et 1814, les bataillons irlandais de Wellington subirent en moyenne par bataillon, des pertes de l’ordre de 600 soldats morts ou blessés et de 10 officiers tués. Compilé de C.B.Norman, Battle Honours of The British Army, Londres, 1911, et de Sir Charles Oman, A History of the Peninsular War, Tome VIII, John A. Hall, A Biographical Dictionary of British Officers Killed and Wounded 1808-1814, Londres, 1998.
[31] L’auteur étudie le bilan des pertes.
[32] Officiers au Roi, 1 janvier 1815. SHD Xh16d.
[33] Byrne accusa Castlereagh d’avoir causé le démantèlement du corps : « Lord Castlereagh et l’influence anglaise sur le conseil française […]. » (Byrne ii, p.173) Toutefois, si Castlereagh fut coupable, pourquoi ce dernier n’avait-il pas agi pendant la première Restauration ? Le Régiment n’avait rien fait militairement parlant pendant les Cent jours sans attirer l’attention. Il est donc difficile d’imaginer les britanniques s’occupant d’une si petite unité ne comprenant qu’une poignée d’irlandais.
[34] Quelques commentateurs considèrent comme anomal l’emploi du terme chef de bataillon (Blackwell), adjudant-commandant (MacSheehy) á la tète de la Légion Irlandaise à sa formation. Ils sont dans l’erreur. Il n’y a là aucune anomalie. Adjudant–commandant était un grade supérieur à celui de chef de bataillon. On envisagea la création d’un deuxième bataillon. MacSheehy devait en commanderait la totalité, Blackwell seulement le 1er Bataillon.
[35] Lawless s’engagea avec un brevet de lieutenant colonel le 9 septembre 1799, Corbett avec celui de capitaine le 4 septembre 1798, et Tennent comme capitaine provisoire en 1799.
[36] Fugitives Act (38 George III, c.78). Il exigeait des rebelles de rendre sous peine d’être accusé de haute trahison.
[37] Banishment Act (38 George III, c.78). Il imposait aux personnes accusées de liens avec la rébellion un exil à perpétuité, une interdiction de retour dans les dominions britanniques ou dans les pays en état de guerre avec la Grande Bretagne. La France fut en paix avec la Grande Bretagne pendant la Paix d’Amiens, 1802-3, quand les exilés y commencèrent à y résider.
[38] Arthur O’Connor et Thomas Addis Emmet sont listés. Le Hamden Evans listé fut aussi prisonnier d’état à Fort George entre 1798 à 1802, et père d’un officier portant le même prénom, (né à Dublin 2 octobre 1782), apparaissant pour la première fois sur l’état nominatif daté du 5 mai 1810. Cependant, la signature de Evans père apparaissait sur le procès verbal de la formation de la Légion daté 30 janvier 1804 (SHD Xh14) mais jamais ultérieurement. La question mérite d’être tirée au clair. Voir Miles Byrne au sujet de la famille Evans. (Byrne, Tome ii, pp. 178, 324, 336 etc.).
[39] Quoique les activités de Ware en tant qu’activiste de la rébellion soient mentionnées aux archives nationales d’Irlande et dans l’historiographie contemporaine, celles de Fitzhenry sont moins connues, bien que les agents du gouvernement irlandais lui témoignèrent beaucoup d’intérêt après son départ pour la France. Sa femme était la sœur de John Colclough de Ballyteige exécuté en 1798. Toutefois il n’y a pas non de référence significative à ce sujet par Miles Byrne qui, selon plusieurs documents au service historique de la défense, avait prés de 2000 hommes sous son commandement. Mais Byrne allait garder le silence à ce sujet.
[40] Le général de Division George O’Malley (1780-1843) commandait le 44e de Ligne sous Wellington à Waterloo et devint colonel du 88e de Ligne (Connaught Rangers) en 1825. Son nom figure sur un monument à Castlebar. Le nom d’Austin ne figure sur aucun monument commémoratif.
[41] Plusieurs d’entre eux ont reçu une formation légale, mais il semble que Luc Lawless, qui s’engagea plus tard fut le seul praticien reprenant sa profession aux Etats-Unis après son expulsion de France en 1815. William MacNeven eut une formation en médecine et en jurisprudence.
[42] Royal College of Surgeons in Irlande. Le collège royal de chirurgie en Irlande.
[43] Le capitaine Jean Bernard MacSheehy (né à Paris 1783) parent du commandant, peut être son cousin. SHD Xh16c.
[44] Patrick MacSheehy au Ministre de la Guerre Clarke, sans?, mais vers la fin de 1806, SHD Xh16c.
[45] Cousin de l’adjudant commandant MacSheehy, le capitaine Patrick MacSheehy était né à Kerry en 1770. (Voir Byrne ii, p.297) Byrne confirma que Patrick faisait partie comme officier de la Yeomanry de Gorey, Co. Wexford, mais sans préciser s’il avait combattu activement contre les forces gouvernementales pendant l’insurrection de 1798 après être passé dans le camp des rebelles. Jusqu’ en 1798, Patrick était professeur d’académie à Gorey. Voir Etat nominatif des Officiers 27 Floréal An 12 (17 May 1804), signé par l’Adjudant Commandant. SHD Xh14. Beaucoup d’hommes de la yeomanry allaient passer dans le camp des rebelles.
[46] Né à Dublin en 1867. Voir Donzelot, Rapport d’Inspection, 19 Vendémiaire, An 13. (11 Oct. 1804). SHD Xh14.
[47] Valentin Derry était frère de l’évêque catholique de Dromore.
[48] Parmi des professions et métiers, Hugh Ware fut arpenteur, Joseph Parrot mécanicien, Patrick MacCann pharmacien et James FitzPatrick bottier-cordonnier.
[49] Donzelot, Rapport d’Inspection, Lesneven, 10 octobre 1804, Coüasnon/St-Leger, Projet d’organisation en Deux Bataillons, SHD Xh14. Coüasnon fut mis en congé à la fin de 1804 à la cause de la blessure que lui avait infligée O’Malley. Il démissionna en mai 1805.
[50] Dalton, état supplémentaire, non daté vers la fin de 1803. SHD Xh14.
[51] Futur colonel du 2e Régiment Etranger (Isembourg).
[52] Mandeville avait servi comme sous-lieutenant au 111e de Ligne. Son père avait été tué au champ de bataille en combattant avec l’ancienne Brigade Irlandaise. Voir SHD Xh14.
[53] Alexis Leonard Coüasnon, SHD 2Ye 820.
[54] Les tableaux 3 et 4 se basent sur 280 officiers pendant la vie du Régiment, bien qu’il faille en établir la provenance de plusieurs.
[55] Les amnisties proclamées par Lord Cornwallis allaient réduire le nombre de refugiés.
[56] Ayant été transférés du Régiment en 1813, pour cause que leur pays était en guerre contre la France, plusieurs officiers prussiens, soutenus par leur camarades irlandais, adressèrent une pétition au Ministre de la Guerre, et furent réintégrées trois mois plus tard. La dispersion des autres régiments étrangers eut pour cause un afflux d’officiers étrangers qui dilua encore plus la spécificité irlandaise.
[57] Etat nominatif des Officiers, 1 mars 1814, SHD Xh16.
[58] Officiers en provenance de l’actuelle République Fédérale d’Allemagne (Bundesrepublik Deutschland), de la République d’Autriche (Republik Österreich), et ceux en provenance dans l’Empire Austro-hongroise avec noms d’orthographie germanique.
[59] Au moins 35 officiers allaient devenir membres de la Légion d’ Honneur, avant, pendant ou après leur service à la Légion, mais il est possible qu’il y en ait plus.
[60] Junot rappelait O’Meara à l’état major en mai 1810. Feltre nommait William Lawless commandant du Régiment le 8 février 1812.
[61] Ware fut nommé colonel par Napoléon pendant les cent jours, mais il fut rétrogradé au rang de major pendant la deuxième restauration. Son grade de colonel lui fut rendu en1831.Le grade de major était équivalent à celui d’un lieutenant colonel assorti du commandement d’un dépôt.
[62] Daniel Nicol, (redacteur: Mack) The Experiences of a Gordon Highlander during the Napoleonic Wars in Egypt, the Peninsula and France, Glasgow, 1853, p.211.
[63] Département des Hautes-Alpes.
[64] Vraisemblablement le capitaine Terence O’Reilly, un des plus actifs des recruteurs de la Légion. Probablement, le sergent-major Anthony Dwyer, né à Cork en 1775 ou en 1783, devenu sous-lieutenant en 1812.
[65] Nicol, ob cit, p.217.
[66] Les tableaux 8, 9 et 10 sont basés sur des états numériques à SHD Xh16.
[67] Compilation des contrôles des troupes, SHD 23Yc 205 & 206.
[68] Contrôle des troupes, SHD 23Yc 207.
[69] SHD 23Yc 207.
[70] Probablement Hugh Boyd MacGuekin. SHD Xh16c et d. Noté comme « ni bon officier ni bon soldat », mis hors de cause en décembre 1806 autorisé à immigrer en « l’Amérique ».
[71] Les taux estimés de désertion des contingents passés par l’Espagne évalués à : sous le commandement de Lacy (1807-8) 60%, de Fitzhenry (1808) 35%, de O’Mahony (1809) 60%, d’Osmond (1810) 60%.
[72] SHD 23YC 208, numéros 601-700.
[73] Au moins un Irlandais fut condamné à mort pour désertion. Joseph Howard, né à Belfast en 1789, recruté en Espagne en 8 aout 1809, probablement à Talavera (27-28 juillet 1809). Ayant déserté le 23 mars 1810, Howard fut appréhendé, déclaré coupable et fusillé le 28 mai. SHD 23Yc 208, #694, p.114.
[74] John Aitchison, An Ensign in the Peninsular War, The Letters of John Aitchison, Ed. W.F.K. Thompson, London 1983, p.93, lettre à son frère, William, Vizeu, 6 April 1810. Le taux de désertion indiqué est de 56%.
[75] Sir James Shaw Kennedy, Diary of Gen Craufurd Outpost Operations in 1810, dans Rev Alexander H. Craufurd, General Craufurd and his Light Division, London, 1892, p.289.
[76] SHD Xh15b.
[77] En conformité avec le décret impérial du 28 octobre 1810, le 1er Bataillon allait absorber le 4e, le 2e et le 3e, ce dernier en février 1811, parce que les deux autres bataillons étaient déjà en campagne.
[78] Report to the Minister, Bertrier, 11 Feb. 1811, SHD Xh15; Report on 8th Corps of the Army of Portugal, 11 Feb 1811, SHD C7 28; Report 1 Jan. 1811 SHD C7 26. Also Byrne, II, pp. 78-9.
[79] Berthier à Napoléon, 11 février 1811. De nombreux documents allaient mentionner la désertion. Par exemple L’histoire du 3e Bataillon où il est dit que la plupart des prisonniers s’étaient engagés plus pour « s’évader que par désir de servir Sa Majesté l’Empereur ». SHD Xh14. Il semble que ce document soit une page déchirée d’un contrôle des troupes, par exemple, 23Yc208, concernant les premières recrues du bataillon.
[80] Le plupart des 80 hommes tombés à Astorga faisaient partie de la compagnie de voltigeurs du Régiment irlandais.
[81] D’autres facteurs devraient y être inclus comme sa séparation de sa famille pendant huit ans, et le mauvais état de santé de son père qui allait mourir en décembre 1811. Né à Enniscorthy en 1774, Fitzhenry est probablement le seul officier de la Légion qui allait décéder dans son lieu de naissance, et être enterré en Irlande. Son ralliement à Wellington fera l’objet d’une étude. (2) William Napier se trompait en déclarant que c’était ‘le Colonel O’Meara’ qui était passé à l’ennemi. Voir William Napier, A History of the War in the Peninsula and in the South of France, from the year 1807 to the year 1814, 6 tomes, London 1834), iii. p.504. Il est possible que le nom de O’Meara fut substitué à celui de Fitzhenry pour protéger la réputation de dernier en Irlande.
[82] SHD 23Yc206, p. 112.
[83] Par exemple, La Déclaration de Loyauté au Roi, daté du 1er janvier 1815 et signé par quatre vingt officiers faisait cette comparaison, sur l’instigation du royaliste Jean François O’Mahony probablement convaincu du fait que l’Aigle existait toujours. Le Roi plus tard dut en être irrité et se souvenir de la loyauté de l’ancienne Brigade Irlandaise et de la mauvaise foi des bonapartistes qui avait caché l’Aigle en dépit des ordres reçus. Voir Ware au Ministre de la Guerre Clarke, 20 janvier 1816. Hugh (Hughes) Ware SHD 3Yf39169.
[84] « Semper and ubique fidelis. »
[85] La plupart étaient nés en France. Plusieurs avaient la double nationalité franco-irlandaise. Aucun d’entre eux n’était né en Irlande. Voir l’Annexe.
[86] Michael Glover, The Peninsular War, London, 1974. p.144. D’une famille de Comte de Kerry, Oies Sauvages des origines Vikings, Ancien lieutenant du Régiment de Walsh, Trant servit comme colonel à l’état major de Wellington, et, « agent militaire », il commandait plusieurs bataillons de la milice portugaise qui allait se couvrir de gloire dans plusieurs engagements. Il allait devenir général de division dans l’armée britannique.
[86]Ce sujet fait l’objet d’une étude de l’auteur. Plusieurs officiers de la Légion Irlandaise s’engagèrent dans la Légion Royale Etrangère en 1816 ou plus tard, par exemple Jérôme Dowling Thomas Brown. Le colonel Patrick O’Murphy, né à Ballyadam dans le comté de Wexford, en 1779, allait devenir colonel de la Légion de Hohenlohe qui allait succéder à la Légion Royale Etrangère.
[87] Michael Glover, The Peninsular War, London, 1974. p.144.
[88] Carles, p.35.
[89] Cette citation est apocryphe. John Cornelius O’Callaghan, The History of the Irish Brigades in the Service of France, Glasgow, 1870, note à pp 615-16, affirma que c’est bien authentique, mais le bilan de l’évidence suggère autrement. Remerciements à Steven H. Smith pour cette information.
[90] Sidmouth à Whitworth, 24 juin 1815, Archives Nationales, Kew, H.O. 100/184 f.204.
[91] En évocation d’une chanson irlandaise : « Des lointains champs de batailles de Dunkerque à Belgrade, reposent chefs et soldats de la Brigade irlandaise. »
[92] Peut-être Honora Fagan.
[93] Cité par Marianne Elliot, TCD MS 2049/359.fos. 131v, 136v et 154 pour des doléances similaires. Le Docteur Elliot constate qu’ ‘…aucunes de ces attaques n’apparaissent dans tout ce qui a été publié sur la vie de Tone. Matilda, la veuve de Tone, pour mieux le connaître allait rencontrer MacSheehy à Paris.’ Elliott, Wolfe Tone, in fine notes 36, ch. 24.
[94] Marianne Elliott, Wolfe Tone, Prophet of Irish Independence, Yale 1989, p.320 et in fine 41 à ch. 23.C.J.Woods, ‘The Secret Mission to Irlande of Captain Bernard MacSheehy, an Irishman in French Service, 1796’, Journal of the Cork Historical and Archaeological Soc., LXXVIII (1973), 93-108.Voir aussi Elliott, p.319, and Partners in Revolution, pp. 334-6.
[95] Elliott, Wolfe Tone, p.347
[96] Elliott, Wolfe Tone, p.370, et in fine 12 au chapitre 28.
[97] Byrne, II, p.8. La question demeure. L’opinion de Byrne sur MacSheehy était-elle influencée par Matilda, la veuve de Tone ?
[98] L’avancement médiocre de Byrne résultait d’autres raisons. La carrière militaire de Miles Byrne sera examinée en profondeur par Nicholas Dunne-Lynch, en The Career of Miles Byrne in the Service of France une série de quatre articles, The Irish Sword, 2009.
[99] ‘Suite au rapport élogieux fait au général en chef de l’excellente conduite, de l’intelligence et autres talents militaires dont a fait preuve le citoyen MacSheehy adjoint de l’adjudant général, je l’élève au grade provisoire de chef de bataillon, commandant de la Légion Maltaise.’ Damas à Berthier, 29 Août 1798, SHD 2Ye 2320.
[100] Byrne, ii, p.6.
[101] Jean Isidore Harispe, 1er Comte Harispe (1768-1855), Maréchal de France, 1851.
[102] Harispe à Donzelot, 11 juillet 1804, SHD C1-14.
[103] Plusieurs officiers récalcitrants furent envoyés ‘en mission’ à la préfecture maritime de Brest, de mai 1807 à mai 1809.
[104] Général Osten, (chute de Flessingue) Rapport fait par le Général de Brigade Osten le 30 août 1809, SHD C2-103, p.6. Pierre Jacques Osten, 1759-1814, commandant à Flessingue en remplacement du Général Monnet.
[105] Pettrezzoli, dossier de naturalisation : ANF BB/11/175, 1140BS
[106] La copie certifiée d’une déclaration signée par Lawless à la Maire de St. Germain-en-Laye du 12 janvier 1815 indique 1770 comme année de naissance, mais sur son Solde de Retrait du 28 septembre 1815 est indiqué 1772 (SHD 8Ye1840).Sa tombe au Père Lachaise à Paris porte l’inscription 1771.
[107] William Lawless, Etat des Officiers existent au Régiment à l’époque du 18 Octobre 1813, avec une indication de ceux morts, blessés et faits prisonnier, pendant la campagne de 1813, Bois-le-Duc, SHD Xh16a.
[108] Lawless allait mourir le jour de Noël 1824, à 52 ans.
[109] Le 7e Régiment étranger.
[110] Notice nécrologique, The Times, Londres, le 27 mars 1846.
[111] Ware allait succéder à Fitzhenry comme capitaine de carabiniers (grenadiers)
[112] Inscrit au-dessus de la signature proposant la promotion de Ware au rang de chef de bataillon du 12 avril 1810. SHD XH15.
[113] Lawless fut nommé commandant en 1812.
[114] (1) La Légion Irlandaise, (2) Le Régiment irlandais, (3) 3rd Régiment Etranger (irlandais), et (4) 7 Régiment Etranger.
[115] L’Armée des côtes de l’Océan, de 1805, La Grande Armée.
[116] En service à côte de La Grande Armée.
[117] Futur Duc du Valmy.
[118] 2nd bataillon provisionnel.
[119] Corps d’Observation des Côtes de l’Océan.
[120] Nouveau 1er Bataillon.
[121] Arrighi de Casanova, Duc de Padoue.
[122] ‘sHertengebosh, Pays Bas.
[123] Un 5e (Dépôt) bataillon existait pendant deux ans, bien qu’il fût toujours faible et commandé par un capitaine.