Historiques – 93e de ligne – Le Consulat et le Premier empire
A de tels hommes, rien d’impossible
Le général en chef a été très content de la bravoure, de l’ordre et de la discipline du 93e régiment
(Général Duchesne – 1808)
La charge du 18e léger fut extrêmement brillante; il est impossible d’aborder l’ennemi avec plus de confiance et d’audace
(Maréchal Marmont – 1809)
Vous voyez bien qu’il n’y a rien d’impossible avec de tels soldats
(Napoléon – 2 juillet 1809)
C’est une ordonnance du 1er février 1706 qui avait créé le régiment Enghien (pour Louis-Henri de Bourbon-Condé, duc d’Enghien), et ce régiment garde ce nom jusqu’en 1791, où il prend le n° 93 dans la liste des régiments d’infanterie de la Révolution. (a) (b)
Sous le Directoire, après la réorganisation du 31 décembre 1795 et du 1er février 1796, le régiment devient la 93e demi-brigade de ligne, et est incorporé à l’Armée de Rhin et Moselle, placée sous les ordres de Moreau. Il se distingue particulièrement à Ettlingen (9 juillet), Nersheim (11 août), Friedberg ( (23 août) ainsi qu’au siège de Kehl (octobre 1796 – janvier 1797).
Le régiment est alors envoyé à l’Armée d’Italie, combattant au Tyrol, sous les ordres de Dallemagne.
Au début de 1799, face à la coalition austro-russe, le 93e est intégré à la division Delmas et combat avec bravoure à Bussolengo (26 mars), Magnano (5 avril). Passé sous les ordres de Victor, ses succès continuent, à Bassignano (12 mai) San Ouliano (16 mai). Suit un court séjour à l’armée de Naples, sous Macdonald, avec les combats de la Trébbia (16-18 juin), et de San Giorgo (19 juin), avant de retrouver l’Armée d’Italie, cette fois-ci sous les ordres de Grouchy. Le 15 août 1799, deux bataillons du 93e sont à Novi, puis á Villanova (20 septembre), Benitta (1er novembre), Genola (4 novembre), combattant dans des conditions fort difficiles. Le 3e bataillon, de son coté, est resté à Mantoue, où il doit capituler, avant d’être envoyé à Tours.
Colonels et Chefs-de-Brigade 1791: Grammont (Sylvain-Joseph de) – Colonel Officiers tués ou blessés durant la période 1804-1815 Officiers tués: 36 Batailles et combats 1792: Mayence, Wissembourg 1793: Bergzabern, Vendee 1794: Hagenau, Siège de Maastricht 1796: Siége de Kehl 1797-1800: Armée d’Italie 1805: Trafalgar 1807: Siège de Colberg 1808: Armée d’Espagne 1809: Eckmühl, Essling, Wagram, Klagenfurth 1810: Corps d’Observation de Hollande 1811: Armée de Catalogne 1812: Smolensk, Valoutina, Moskowa, Mojaisk, Krasnoe, Beresina 1813: Dresde, Leipzig 1814: Magdebourg 1815: Waterloo (Tony Broughton) |
Sous le Consulat, la 93e demi-brigade combat de nouveau en Italie, à Cadibone, le 6 avril, puis dans Savone assiégée. Les vivres manquant, la ville capitule le 16 mai. et la demi-brigade est faite prisonnière de guerre.
On reconstitue la formation, en deux bataillons : le premier, formé des anciens 1er et 2e bataillons de la 93e, qui est envoyé à l’Armée d’Angleterre. Le second est formé à partir de l’ancien 3e bataillon. L’ensemble ainsi reconstitué est bientôt envoyé à l’Armée d’observation de la Gironde, afin d’opérer avec les troupes espagnoles contre le Portugal. Il tient garnison à Rochefort et dans les îles d’Aix, de Ré et d’Yeu.
Le 24 septembre 1803, Les 90e et 93e demi-brigades de ligne donnent naissance au 93e régiment d’infanterie de ligne (il a alors quatre bataillons).
Le 93e de ligne, au début des guerres de la Troisième Coalition.
De fin 1804 à début 1806, il fournit la garnison des vaisseaux de guerre qui sont au mouillage en rade d’Aix. Le décret du 19 septembre 1805, sont créées, à partir de la 2e compagnie de chaque bataillon ls compagnies de voltigeurs. Deux d’entre elles sont envoyées à Cayenne, le 25 janvier 1805. Le 2e bataillon, embarqué sur l’Achille, est perdu lorsque l’Achille sombre, à Trafalgar.
En mai 1806, le 93e est en Italie, puis rejoint la Grande Armée au printemps de l’année suivante. Il intègre, sous les ordres de Brune, le corps d’observation des côtes de la Baltique. Il participe aux engagements contre les Suédois, à la prise de Colbert, le 3 juillet, et au siége de Stralsund, finalement prise le 20 août 1807. Le 17 septembre, le régiment rejoint le VIe corps à Hambourg.
En 1808, le 93e combat sur deux fronts. Le 4e bataillon, sous les ordres du général Duhesme, est envoyé à l’armée de Catalogne, participant aux combats d’Esperaguera (5 juin), au siège de Gérone (juillet) et à la défense de Barcelone, à Bruch (1er janvier 1809), Igualda (17 février), Molin del Rey (14 mars), Vich (20 février), Manzera (2 avril), Picamonos (25 août) avant de rejoindre le régiment, au sein du corps d’armée de Masséna, en Allemagne.
De son coté, le 3e bataillon, est en Italie, sous les ordres de Baraguey d’Hilliers, avec lequel il combat à Noviglio (24 avril 1809), Neve di Cadore (10 mai), Klagenfurt (6 juin), avant de rejoindre les deux premiers bataillons en Autriche, sur les bords du Danube, le 27 juillet.
Le reste du régiment se trouve à Eckmühl (13 mai 1809), puis à Essling (21/22 mai 1809), Wagram (5/6 juillet). Après l’armistice, il est envoyé à Utrecht, au sein du corps d’armée des Côtes de l’Océan, où elle reste jusqu’en février 1812.
Le 18 mars 1812, le régiment se reforme à Leipzig, avant de prendre la route pour la Russie. Il fait partie du IIIe corps d’armée (Ney – division Razout), qui passe le Niémen, le 25 juin, à Kowno (aujourd’hui Kaunas). En août, il est à Smolensk, puis combat en avant-garde contre l’arrière-garde russe à Valoutina (19 août). Il est à la Moskowa (7 septembre) et entre à Moscou le 14 septembre 1812.
Le 93e quitte Moscou le 18 octobre, et va combattre à Maloyaroslavets (24 octobre), Smolensk (14 novembre), Krasnoe (18 novembre), Berezina (26/27 novembre) Ce qui reste du régiment rejoint comme il peut Königsberg.
Le régiment est réorganisé en 1813, et participe à la campagne d’Allemagne, au sein du IIe corps (Victor – division Dufour). Il participe de façon décisive à la bataille de Dresde (27 août 1813), puis combat à Leipzig (16/18 octobre 1813) et à Hanau (30 octobre).
Le 1er bataillon du 93e participe à la campagne de France, toujours dans le IIe corps d’armée (division Forestier), combattant à Brienne (29 janvier), La Rothière (1er février). Le 3e bataillon, lui, était resté bloqué à Magdeburg, bloqué dans la ville, dont il sort finalement en mai, avec les honneurs de la guerre. Les autres bataillons avaient participé à la défense de Besançon, jusqu’à l’abdication de Napoléon.
Durant les Cent-Jours et la campagne de Belgique, deux bataillons du 93e sont intégrés au IIe corps d’armée (Reille – division Foy). Ils participent aux combats de Quatre-bras (16 juin 1815) et à Waterloo (18 juin 1815)). Après la défaite, le régiment retraite sur Laon, pour prendre position , le 1er juillet, derrière le canal Saint-Denis, pour défendre la capitale.
La deuxième abdication signe la fin (provisoire) du 93e, après le licenciement de l’armée.
NOTES
(a) Le 93e régiment d’infanterie a pour double filiation :
· 1706 : Enghien · 1791 : 93e régiment d’infanterie · 1794 : 93e demi-brigade de bataille · 1796 : 93e demi-brigade de ligne · 1803 : 93e régiment d’infanterie de ligne · 1815 : dissous | 1794 : 18e demi-brigade d’infanterie légère 1803 : 18e régiment d’infanterie légère |
(source : Recueil d’Historiques de l’armée blindée et de la cavalerie – Général Andolenko – 1968 (NDLR)
(b) Un certain nombre d’éléments ont été ajoutés à cet article, basées essentiellement sur « Napoleon Wars Data Book – Digby Smith – Greenhill Books)