Henry Addington, vicomte Sidmouth (1757-1844)

Addington naît le 30 mai 1757. C’est le fils l’aîné et quatrième de six enfants qu’Anthony Addington a eu de son épouse Marie Hiley. Anthony Addington est médecin, et il a eu pour patient George III et Pitt le jeune, à qui, par exemple, il prescrit une bouteille de porto quotidienne pour le guérir de la goutte !
Le jeune Addington va à l’école Winchester puis au Collège Brasenose d’Oxford. Il est bachelier en 1778. En 1781 il épouse Ursule Marie Hammond, la fille d’un homme d’affaires. Dès lors, son avenir financier est assuré, puisqu’elle lui apporte un revenu de 1000 livres par an. Le couple aura huit enfants.
Addington fait ensuite des études d’avocat, et entre au Barreau le 11 mai 1784. La même année il devient député du Wiltshire. Il représentera ses électeurs jusqu’à son élévation à la Chambre des lords (il devient alors Vicomte Sidmouth) le 12 janvier 1805.
Addington et Pitt le jeune sont des amis de l’enfance et c’est à l’instigation de Pitt qu’Addington avait été élu speaker de la Chambre des communes en 1789. L’année suivante, le salaire du speaker sont portés de 1,200 livres annuelles à 6,000 livres. Addington sera à ce poste pendant les Guerres françaises jusqu’en 1801, lorsqu’il devient le Premier ministre. En 1799 il avait défendu un projet de loi d’Union avec l’Irlande, détaillant les problèmes qu’une telle union apporterait. Il soutient l’union, mais s’oppose à l’Émancipation Catholique. Ce n’était pas chose fréquente que la speaker participe aux débats parlementaires; c’était encore moins fréquent de voir Addington s’exprimer ainsi, de sorte que cet événement était doublement significatif. L’Acte d’Union est adopté en 1800. Pitt avaient promis qu’il présenterait l’Émancipation Catholique si l’Acte d’Union était couronné de succès; mais George III refuse de sanctionner l’acte d’Émancipation et Pitt démissionne. Addington devient alors le Premier Ministre, formant un ministère de minorité.
Le Ministère d’Addington : le 17 mars 1801 – le 10 mai 1804
Le 2 avril 1801 la flotte danoise à Copenhague est détruite par Nelson : c’est une tentative pour rompre la Ligue du Nord, résurrection de la Ligue de Neutralité Armée, qui avait été formée par les pays baltes pendant la Guerre américaine d’Indépendance.. Addington soutient Nelson, mais en fait il veut négocier une paix avec la France. Par conséquent il annule l’ordre permettant à la Navy d’arrêter des pêcheurs français. C’est le début d’une reprise des relations diplomatiques entre la France et la Grande-Bretagne. Durant l’été et automne de 1801, l’ambassadeur français Otto, Addington et lord Hawkesbury, ministre des affaires étrangères (plus tard, il deviendra Lord Liverpool) des pourparlers sont engagés en vue de la conclusion d’un règlement de paix. Durant cette période, il devient de plus en plus clair que Pitt ne se satisfait pas d’être un simple député, et commence à s’opposer à son ami Addington.
Le 25 mars 1802 la Paix d’Amiens est signée, finissant la guerre avec la France. La Grande-Bretagne abandonne tous les territoires qu’elle avait gagnés, sauf Trinidad et Ceylan. Malte est rendue aux Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, l’Egypte et le cap de Bonne-Espérance sont cédés. En échange, les français consentent à évacuer l’Italie. Le traité de paix marque l’apogée du court ministère Addington. Celui-ci a également abrogé l’impôt sur le revenu. Mais Addington décide également de réviser le système fiscal entier et il a fait beaucoup pour rationaliser les finances nationales. Il perd ensuite beaucoup de ses appuis, en juillet 1802, lorsqu’il nomme son fils à la sinécure (note : tout travail ou poste comportant un salaire, mais auquel n’est attaché peu ou pas de travail) de Clerc du Pells, qui représente un revenu de 3,000 livres par an. Cela lui vaut d’être accusé de népotisme.
Pourtant, les élections législatives de juillet 1802, aboutissent au renforcement du ministère d’Addington. Le mois suivant, en France, Napoléon Bonaparte est élu Premier Consul à vie et crée une nouvelle armée française malgré le cessation d’hostilités avec la Grande-Bretagne. En octobre, Napoléon « organise » une insurrection en Suisse; Addington promet de l’argent et l’appui moral à la Suisse. Il retarde l’évacuation des troupes britanniques des diverses colonies, comme le prévoit le traité de paix.
Addington comprend que son ministère s’affaiblit : des négociations sont ouvertes pour faire entre Pitt dans le ministère. Pitt rejète le portefeuille des finances, ne voulant retrouver le gouvernement que comme Premier Ministre. Addington propose alors un ministère avec le frère de Pitt, Lord Chatham, comme Premier Ministre. Pitt insiste pour que le Lord Grenville (le cousin de Pitt) soit nommé à la tête du ministère. Comme personne n’est prêt à accepter un compromis, les négociations sont interrompues et Addington reste en poste.
Entre janvier et mai 1803, la Grande-Bretagne et la France se querellent sur les termes de la Paix d’Amiens : aucun côté n’observent les termes du traité et il devient clair que la guerre sera reprise. Malheureusement pour la Grande-Bretagne, Addington était si convaincu que la paix serait permanente, qu’il a réduit les effectifs de l’armée et de la marine pour faire des économies. Quand la guerre reprend, le 18 mai 1803, la Grande-Bretagne est très mal préparée.
Le discours parlementaire d’Addington n’a pas donné confiance aux députés, tandis que Pitt donne une nouvelle démonstration de son habileté comme un orateur. L’opinion publique se retourne contre Addington, d’autant plus lors du retour de l’impôt sur le revenu, désormais collecté à la source.
En juillet 1803 Addington doit faire face à deux problèmes principaux. Le premier suit l’adoption de la loi sur le service militaire, qui permet aux volontaires de s’enrôler pour se battre contre les français. Plus de 300,000 hommes se sont offerts et le gouvernement est incapable de faire face à un tel nombre. La loi est abandonnée. En Irlande un soulèvement a lieu, emmené par Robert Emmet, le frère de Thomas, celui qui qui a mené le soulèvement irlandais de 1798. Robert Emmet est jugé, reconnu coupable et exécuté en septembre.
Dès décembre 1803, Pitt s’oppose ouvertement au gouvernement et continue jusqu’à la démission d’Addington en mai 1804. Pitt retrouve alors le gouvernement, Premier Ministre d’un ministère de minorité. Addington est nommé à la Chambre des Lords, avec le titre de Vicomte Sidmouth.
En 1805 Addington est nommé à la Chambre des Lords et démissionne du gouvernement après un désaccord avec Pitt, qui va décéder juste après, en janvier 1806. Addington rejoint alors le ministère de Lord Grenville (William Wyndham, Lord Grenville 1759-1834) comme Lord du Sceau Privé, puis comme Lord Président du Conseil. Lorsque Grenville essaye de présenter une loi permettant aux catholiques d’Irlande d’obtenir des commissions militaires jusqu’au rang de colonel, Addington démissionne. Sa santé s’est alors affaiblie, et il n’aura pas de vie publique jusqu’à 1809.
En 1811, l’épouse d’Addington décède, un événement qui l’abasourdi. Toutefois, il accepte le poste de Lord Président du Conseil en avril 1812 et devient ensuite Ministre de l’Intérieur du gouvernement Liverpool [1]Robert Jenkinson, le deuxième Comte de Liverpool, 1770 – 1828. Il sera Premier Ministre du 8 juin 1812 au 17 février 1827. Au Congrès de Vienne, c’est lui qui poussera en avant … Continue reading qui a succédé à Spencer Perceval , après l’assassinat de celui-ci, le 11 mai, alors qu’il se rend au Parlement ; Perceval a été tué dans le lobby de la Chambre des communes. Son assassin, John Bellingham, se rend immédiatement. Il sera condamné à la mort le 15 mai et exécuté le 18 mai [2]A noter que Spencer Perceval est le seul Premier Ministre anglais à avoir été assassiné. Le Ministre de l’Intérieur, Sidmouth poursuit une politique de sévérité, afin de réduire les manifestations de mécontentement et de désaffection.
Durant les années qui suivent les guerres françaises, la Grande-Bretagne doit subir une hausse des prix, la baisse des affaires, le chômage élevé, des troubles et la détresse citadine. Pour empêcher le déclenchement de la révolution, la plus grande crainte du gouvernement, Addington augmente les pouvoirs des magistrats. L’habeas corpus est suspendu en 1817 et il sera responsable des Six Actes de 1819.
Il surveille les événements de la conspiration de Cato Street qui abouti à l’exécution d’Arthur Thistlewood et de ses comparses.
Il est également impliqué dans le procès de la Reine Caroline, un rôle qui ne sera pas à son honneur. Il démissionne du Cabinet en 1824, après avoir été ministre sans portefeuille depuis 1822.
Addington épouse, en 1823, Marie Anne Townsend, et l’été 1825 il visite la Belgique, l’Allemagne et la France. En 1829 il fait son dernier discours à la Chambre des lords, s’opposant à l’émancipation catholique, votée par le gouvernement de Wellington. Il vote aussi contre le projet de loi de Réforme, en 1832. C’est la fin de sa carrière publique : bien qu’il vote encore de temps en temps, il ne participera à aucun événement important.
Son épouse décède en avril 1844; il était malade depuis un certain temps, et était devenu presque aveugle.
Il meurt de la grippe le 15 février 1844, à l’âge de quatre-vingt sept ans.
References[+]
↑1 | Robert Jenkinson, le deuxième Comte de Liverpool, 1770 – 1828. Il sera Premier Ministre du 8 juin 1812 au 17 février 1827. Au Congrès de Vienne, c’est lui qui poussera en avant l’idée de l’abolition de l’esclavage |
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↑2 | A noter que Spencer Perceval est le seul Premier Ministre anglais à avoir été assassiné |