Henri-François-Marie Charpentier (1769-1831)

Henri-François-Marie Charpentier naît le 23 juin 1769 à Soissons, dans l’Aisne.

Séduit par les idées révolutionnaires, il s’engage au 1er bataillon de volontaires de l’Aisne, le 26 août 1791, où il est élu capitaine. Il sert à l’armée du Nord, et devient adjoint aux adjudants généraux, le 1er mai 1793. Il combat à Maubeuge en septembre de la même année. Le 2 février 1794, il est provisoirement nommé adjudant général chef de brigade à l’armée de Sambre-et-Meuse. Le 19 avril, il passe à l’état-major de Desjardin.

« Bon officier avantageusement connu et estimé des officiers généraux sous lesquels il a servi » [1]Archives Nationales. A.F. IV 1148/A..

Le Comité de Salut Public le confirme dans son grade d’adjudant général chef de brigade le 11mai.

Il participe au siège de Luxembourg, du 22 octobre 1794 au 7 juin 1795. Le 2 septembre 1796, il est employé dans la 17e division militaire jusqu’au 12 janvier 1798, où il passe à l’armée d’Angleterre. Jusqu’en mars 1799, il est aux armées de Hollande et d’Italie dans la division Hatry. Le 5 avril 1799, il est provisoirement nommé général de brigade.

Il commande dans la division Victor en 1799. Il est blessé au bas ventre à la Trebbia, le 18 juin 1799. Très capable, avec de « l’esprit et de l’instruction » [2]COURIER. Tome II, page 79., il est confirmé dans son grade de général de brigade, le 30 juillet 1799. Passé à la division Grouchy en août 1799, il sert à Novi où décède le général en chef Joubert.

Il est nommé provisoirement commandant de la 15e division militaire le 11 mars 1800. Employé à l’armée de réserve, il passe à l’armée d’Italie le 5 juillet 1800. Le 1er juillet 1801, il est employé comme chef d’état-major de Moncey, qui dirige les troupes françaises stationnées en république cisalpine. En 1802, il passe sous les ordres de Murat, puis de Jourdan. Le 16 février 1804, il est fait général de division et maintenu chef d’état-major de l’armée d’Italie. Le 3 janvier 1806, il devient le chef d’état-major du prince Eugène.

Ce dernier commande nominalement l’armée de Dalmatie qui de fait est placée sous le commandement de Masséna. Cette armée est composée de deux divisions, de petites tailles, mais composées de vétérans, sous les ordres de généraux Clauzel et Montrichard. Bien qu’instruit et capable, Masséna, qui est bien le seul, n’accorde qu’une confiance relative à Charpentier et à sa mémoire :

« le général Charpentier, qui remplissait les fonctions de chef d’état-major, réunissait les qualités nécessaires pour cet emploi, mais il manquait de la principale, la mémoire, sans laquelle les autres sont insuffisantes. Masséna ne tarda pas à s’apercevoir de ce défaut et crut d’abord pouvoir y remédier ; cependant les oublis du général Charpentier étaient si graves et si répétés, que dans la crainte de compromettre le service, le maréchal Masséna demanda pour le remplacer le général Espagne, doué d’une grande capacité. La réponse de l’Empereur n’était pas encore arrivée lorsque la campagne s’ouvrit. Charpentier resta à son poste et ne justifia que trop les appréhensions du maréchal » [3]Masséna. Mémoires, tome V, page 52. .

Malgré la méfiance et la volonté de rejet de Masséna, le général Charpentier s’occupe d’affaires diverses et sérieuses inhérente à sa fonction sans pour autant s’enrichir comme certains [4]Son appointement est de 2153 francs au 20 octobre 1808. Le 1er juin 1807, il est chargé, par le commissaire du consul de France à Ancône, de percevoir des effets d’habillement pour les troupes de Dalmatie et de régler les soldes des équipages de deux avisos armés à cet effet.

Le 4 décembre 1807, de Venise, suite à une inspection des troupes par Charpentier, Napoléon demande à Eugène de faire mettre en route, sur-le-champ, tous les hommes qui ont été marqués pour la retraite ou pour la réforme dans la revue passée par Charpentier, appartenant, soit aux dépôts de l’armée de Naples, soit aux dépôts de l’armée de Dalmatie, soit à ceux du reste de l’armée. Ils doivent être dirigés sur Chambéry, afin qu’ils reçoivent leur destination définitive.

Charpentier sert durant la campagne de 1809 en Italie puis en Allemagne, où il prend son travail très à cœeur ; le 5 juin 1809, il ordonne, d’Adenbourg, au général Grouchy de partir le lendemain pour

« Guns avec une division de dragons et les deux régiments de chasseurs, de relever les postes du Gal Colbert et d’observer l’ennemi de manière à faire connaître ses mouvements à son Altesse impériale » [5]Il invite aussi le Général Grenier à se rendre à la porte d’Adenbourg qui conduit à Guns. Lettre de Charpentier. Coll.part..

Armes du comte Charpentier
Armes du comte Charpentier

Le 18 juin, en Autriche, il occupe le rôle d’inspecteur de l’infanterie. Le 6 juillet 1809, il est Wagram. Il est fait comte d’Empire, le 14 février 1810. Ses qualités militaires sont reconnues. Joseph Bonaparte fait même son éloge :

« le général Charpentier est un homme vigoureux à la guerre » [6]JOSEPH BONAPARTE. Tome X, page 419., écrit-il.

Le 8 février 1812, il retrouve sa place à la tête de l’état-major du prince Eugène. Le lendemain, une lettre manuscrite du Ministère de la Guerre le prévient :

« Général, l’intention de l’Empereur est que vous remplissiez les fonctions de Chef d’Etat Major à l’Armée commandée par le Prince Vice-Roi. Vous partirez à réception du présent ordre et vous vous rendrez en poste à Vérone…L’ordre de Sa Majesté porte que vous devez être arrivé à votre destination…J’informe de cette disposition le Prince Vice-Roi » [7]Lettre de Clarke à Charpentier, Coll. Part..

Le prince Eugène de Beauharnais Appiani. Malmaison
Le prince Eugène de Beauharnais (Appiani. Malmaison)

Lorsque débute la campagne de Russie, il est placé à la suite de l’état-major du 4e corps. Le 9 août, il est nommé gouverneur des provinces conquises à Witebsk. Là, il assiste au retour effroyable des troupes françaises de Moscou [8]« Nous arrivâmes à Smolensk. Là, les rangs étaient encore diminués. Une masse de soldats affamés, croyant trouver sur ce point quelque soulagement à leurs souffrances, avaient quitté leur … Continue reading. Sa conduite est irréprochable et, lorsqu’il quitte ce poste pour rejoindre l’état-major de Davout, les membres du conseil municipal lui adresse une lettre de remerciement plus que chaleureuse pour des Russes occupés :

« combien nous étaient précieux et utiles à la fois, l’amour du Bien, la fermeté de volonté, la modération et la justice dont en peu de temps vous nous avez souvent donné les preuves et combien nous avons à les regretter » [9]Lettre du conseil municipal de Witebesk à Charpentier, 2 octobre 1812. Coll. J.Croyet, BVIII/16. 

Auprès de Davout, c’est d’une main rigoureuse qu’il gère les affaires du 1er corps. Le 10 février 1813, il prend le commandement de la 36e division d’infanterie au 11e corps, commandé par Gouvion St Cyr, puis Macdonald, le 10 mars.

Il sert à Lutzen, Bischofswerda et à Bautzen. Il défend énergiquement le passage de la Bober, où meurt le général Sibuet et où est capturé le général Puthod, lors de la bataille de la Katzbach, le 26 août 1813.

Le 16 octobre, il fait enlever au pas de charge une redoute ennemie à Wachau. Il est à Leipzig, où Napoléon jugeant à la première vue que de la prise d’une redoute dépend peut-être le succès de la journée, demande à Charpentier en lui désignant du doigt un régiment d’infanterie qui restait en position au pied de la hauteur :

« Quel est ce régiment ? »,

« Sire, c’est le 22e léger ». « Cela n’est pas possible, général ; je connais le 22e léger : il ne resterait pas là l’arme au bras, à se faire mitrailler ; finissons-en ! ».

Et sur un signe ce régiment s’élance et la redoute est emportée.

Il est à Hanau, où ses 3.000 tirailleurs, avec à leur tête le duc de Tarente, combattent les tirailleurs bavarois de la division Lamotte et les font lentement reculer vers la lisière de la forêt.

« Les étincelles d’une vive fusillade brillaient au loin dans les ombres de la forêt, et la bataille commençait comme une grande partie de chasse. Le général Dubreton sur la gauche, le général Charpentier sur la droite, conduisaient les attaques« .

Le 1er novembre 1813, il prend la tête du 11e corps à la place de Macdonald. Le 19 novembre 1813, il est fait grand croix de l’ordre de la Réunion. Le 28 décembre, il prend le commandement de la 1ère division provisoire. Il rejoint Paris, le 24 janvier 1814. Le 7 février, il prend le commandement de la 7e division de la Jeune Garde. Il sert sous le maréchal Victor.

Claude Victor Perrin - Gros-1812 - Château de Versailles
Claude Victor Perrin – Duc de Bellune – Gros-1812 – Château de Versailles

Le 18 février, ses troupes et celles du général Allix entrent à Fontainebleau. Elles occupent Moret, tandis que le général autrichien Hardegg se retranche derrière le canal du Loing et fait canonner Moret des hauteurs de Saint-Lazare.  Cette situation empêche Allix de franchir le canal et de se jeter à Fossard sur le flanc des Wurtembergeois. Charpentier y repousse les cosaques et le 20 février 1814, Napoléon lui dit : “ Nous ne les verrons plus d’ici le Rhin ”. Il est aux batailles de Craonne, de Laon, de la Fère-Champenoise et de Paris.

Après la première abdication, il est fait chevalier de St Louis, le 8 juillet 1814 et grand officier de la Légion d’honneur, le 27 décembre. Le 10 février 1815, il est membre de la commission chargée d’établir le code pénal militaire.

De retour le 27 mars 1815, Napoléon ne l’emploie que comme commandant de la 12e division militaire.

Après la défaite de Waterloo, Charpentier est mis en demi-solde, le 21 juillet, puis rayé des cadres. Il doit alors s’exiler en Suisse. Ce n’est que le 17 décembre 1818 qu’il est replacé en cadre d’activité. Il est admis à la retraite, le 1er décembre 1824.

Henri-François-Marie Charpentier décède le 14 octobre 1831 au château d’Oigny, dans l’Aisne. Son nom est inscrit au côté sud de l’Arc de Triomphe.

LIEUX DE MÉMOIRE

  • La tombe de Henri-François-Marie Charpentier se trouve au cimetière de Vailly-sur-Aisne (à 16 km de Soissons), dans le cimetière du village, dans un caveau abritant également la dépouille du général de division Claude Carra Saint-Cyr
Tombe du général comte Charpentier
Tombe du général comte Charpentier
  • Son cénotaphe se trouve, à Oigny-en-Valois, juste à coté de l’église. Près de cette même église, le château du XVIe siècle fut sa dernière résidence
Mausolée du général comte Charpentier
Mausolée du général comte Charpentier
Le château d'Oigny en Valois
Le château d’Oigny en Valois

 

References

References
1Archives Nationales. A.F. IV 1148/A.
2COURIER. Tome II, page 79.
3Masséna. Mémoires, tome V, page 52.
4Son appointement est de 2153 francs au 20 octobre 1808.
5Il invite aussi le Général Grenier à se rendre à la porte d’Adenbourg qui conduit à Guns. Lettre de Charpentier. Coll.part.
6JOSEPH BONAPARTE. Tome X, page 419.
7Lettre de Clarke à Charpentier, Coll. Part.
8« Nous arrivâmes à Smolensk. Là, les rangs étaient encore diminués. Une masse de soldats affamés, croyant trouver sur ce point quelque soulagement à leurs souffrances, avaient quitté leur rang pour arriver les premiers. Cette masse était si hideuse par son accoutrement, par ses vêtements, pour la plupart recouverts de peaux de moutons, de guenilles e toutes couleurs, que les militaires, formant une garnison commandée par le général Charpentier, en furent effrayés, et leur fermèrent les portes de la ville ». Capitaine Béniton dit Gervais : Souvenirs d’un soldat de l’Empire. Bernard Giovanangeli éditeur, 2003.
9Lettre du conseil municipal de Witebesk à Charpentier, 2 octobre 1812. Coll. J.Croyet, BVIII/16.