Gudin, César Charles Étienne (1768-1812)
Le général comte César Charles Étienne Gudin nait à Montargis, le 13 février 1768. Après avoir été élevé à l’école militaire de Brienne [1]il y est donc condisciple de Napoléon Bonaparte, il entre dans le corps des gendarmes de la Maison du roi, le 28 octobre 1782 ; il passe sous-lieutenant de remplacement au régiment d’Artois, le 8 septembre 1784, et y est promu lieutenant, le 1er janvier 1791, mois durant lequel, il embarque pour Saint-Domingue, avec le 2e bataillon de son régiment, et y débarque en juillet 1792, pour combattre le soulèvement haïtien.
Au mois de janvier 1793, il sert comme aide-de-camp du général Gudin, son oncle, et devient ensuite chef de bataillon, aide-de-camp du général Ferrand, qui commande alors en chef l’armée des Ardennes, et provisoirement celle du Nord. Il fait, avec distinction, la campagne de 1793 [2]comme chef de bataillon et 1794, aux armées du Nord et de Sambre-et-Meuse. Ses services et ses talents militaires lui valent le grade d’adjudant-général chef de brigade, qui lui est conféré le 6 avril 1795.
Il est alors employé en cette qualité à l’armée da Rhin. En 1796, il est à l’armée de Rhin-et-Moselle, et y mérite plusieurs fois des éloges de la part du général en chef, Moreau. Il se distingue particulièrement à l’affaire du 14 juillet, où l’armée chasse les Autrichiens de la vallée de la Kintzig. Il commande, sous le général Duhame, l’aile droite de la colonne, qui est chargée de l’attaque du camp de Freudenthal, attaque Wolfach, en chasse l’ennemi, et fait de nombreux prisonniers.
Vers le milieu de la campagne de 1796, il est fait chef de l’état-major du corps d’armée commandé par le général Saint-Cyr.
Il se trouve, en cette qualité, à toutes les affaires qui ont lieu pendant la retraite de la Bavière. Il passe ensuite chef de l’état-major de la division chargée de la défense de Kehl, et se trouve au bombardement de ce fort par les ennemis, pendant vingt-quatre jours.
En 1797, après le traité de Leoben, Gudin est envoyé à l’armée d’expédition destinée à envahir l’Angleterre, mais revient, l’année suivante, à l’armée du Rhin, dans le corps d’armée commandé par le général Lefebvre. Promu général de brigade, le 5 février 1799, il est employé, en cette qualité, à l’armée d’observation sous Mannheim, jusqu’au mois de mai suivant, époque à laquelle le général Masséna lui confie le commandement de la brigade de droite de la division Lecourbe, chargée alors d’agir dans l’Oberland.
Ayant reçu, dans les premiers jours d’août suivant, l’ordre d’attaquer la position importante du Grimsel, et de s’emparer des passages du Valais et du Forca, il fait remonter sa colonne par la vallée de l’Aar ; et, après avoir vaincu de nombreux obstacles, il attaque, le 14 du même mois, le poste de Grimsel, défendu par plus de 2000 hommes, l’enlevant au pas de charge et à la baïonnette, malgré la résistance opiniâtre des ennemis.
Continuant sa marche par le Saint-Gothard et Urseren, il rejoint, le 16 au matin, la division Lecourbe qui, se trouvant alors toute réunie, engage sur les hauteurs de l’Ober-Alp un violent combat, dans lequel les Autrichiens sont complétement mis en déroute. L’armée russe d’Italie conduite par le maréchal Souvorov, s’étant avancée par Bellinzona, Gudin fut chargé de reprendre les positions du Saint-Gothard, de la vallée d’Urseren et de l’entrée du pays des Grisons. A cet effet, il traverse de nouveau le Grimsel et le Furca, avec la 109e demi-brigade de ligne, et fait prisonniers un général et 4000 Russes prisonniers de guerre.
Après ces glorieuses opérations, durant lesquelles il montre de grandes qualités militaires, Gudin quitte l’armée du Danube, pour être chef de l’état-major général de celle du Rhin, en remplacement du général Baraguay-d’Hilliers : cette dernière armée est alors sous le commandement du général Lecourbe.
Il se trouve à la bataille qui se déroule pour occuper de nouveau Phillipsburg. A l’époque de la réunion des armées du Danube et du Rhin, sous les ordres du général en chef Moreau, il est, auprès du général Lecourbe, chef de l’état-major de l’aile droite de cette nouvelle armée. Il se trouve au passage du Rhin, près de Steig en mai 1800 ; à la bataille d’Engen-Hockach, le 5, à celle de Meßkirch [3]Ou Mösskirch. Une des batailles les plus sanglantes de la guerre contre la 2e Coalition, le même jour, et au combat de Menymuen, le 10 du même mois.
Le 23, il prend le commandement de l’une des divisions du corps d’armée de Lecourbe, s’acquittant, avec le plus grand succès, de la mission qu’il a reçue, d’effectuer le passage du Lech à Landsberg, Kaufenstein et Friedberg, en avant d’Augsbourg. Au mois de juin de la même année, le général en chef ayant résolu de marcher sur le Bas-Danube et de couper la communication de l’ennemi avec ses magasins, les divisions Gudin et Montrichard se portent en arrière des bois de Blentheim. Gudin, chargé de la première attaque, force la position des Autrichiens ; et les sapeurs de son corps d’armée s’étant jetés dans le Danube, abordent sur la rive gauche, se précipitent sur l’ennemi, le culbutent, et lui enlèvent 2 pièces de canon, et forcent bientôt les Autrichiens de se retirer sur Dillingen.
Après le passage glorieux du Danube, le directoire-exécutif récompense la bravoure et les talents du général Gudin, en le nommant général de division, le 6 juillet 1800.
Celui-ci se distingue de nouveau au combat de Neubourg. Chargé de marcher, avec 8 bataillons, sur les débouchés du Lech, pour attaquer Fuessen et Renti, il a, le 10 juillet, quelques escarmouches avec l’ennemi. Il se porte, le 11, sur Fuessen ; et, après avoir gravi des montagnes escarpées, défendues par de l’artillerie, il parvient à emporter les retranchements des Autrichiens. Il livre encore différents combats avec une intelligence et une habileté qui le rendent vainqueur, et qui lui font le plus grand honneur.
Le passage de l’Inn ayant été résolu, au mois de décembre suivant, Gudin repousse, le 8, les avant-postes de l’ennemi sur la rive gauche de cette rivière, dans la vallée jusqu’à Kufstein , qu’il fait bloquer par 5 compagnies. Il concourt, le 9, au passage de l’Inn, et marche ensuite sur Feldkirch, sur la Saal, afin de forcer l’ennemi à passer sur la rive droite de cette dernière rivière. Dans un combat qui a lieu à cette occasion, entre le corps de Lecourbe et les Autrichiens, Gudin, coupe la retraite de l’aile droite de ces derniers, et les force d’abandonner 600 prisonniers et 6 pièces de canon.
La paix ayant été signée avec l’Autriche, le général Gudin [4]Qui n’a jamais eu l’occasion de combattre sous les yeux du nouveau Chef de la France n’occupe aucun commandement, jusqu’en août 1803, lorsqu’il est envoyé à Toulouse, à la tête de la 10e division militaire.
Vers la fin de 1804, il est appelé au commandement de la 3e division du corps d’armée du maréchal Davout, alors campée sous les murs de Dunkerque [5]Gudin, qui remplace le général Durutte, est pour sa part stationné au camp de Bruges. Il va suivre ce corps d’armée, en 1805, dans la guerre contre les Autrichiens.
Cantonné à Presbourg [6]aujourd’hui Bratislava, il fait mouvement sur Brünn pour rejoindre le gros de l’armée qui va faire des prodiges à Austerlitz, mais arrivera trop tard pour participer à la bataille.
Après cette campagne, la division Gudin est cantonnée dans la Basse-Autriche, où elle reste jusqu’au 12 octobre 1806, époque à laquelle éclate la guerre entre la France et la Prusse. Gudin, met alors sa division en mouvement, et arriva à Naumburg, le 13 octobre suivant. Le lendemain,14, jour du combat d’Auerstaedt, il passe la Saal sur le pont de Kosen; et, ayant rencontré les Prussiens à la hauteur de Hoffenhausen, il engage avec eux un combat terrible, qui va durer plus de quatre heures, et pendant lequel sa division et lui font des prodiges de valeur, qui seuls peuvent tirer cette division de la position extrêmement critique où elle s’était trouvée. [7]Son rôle est alors « capital », selon l’historien Hourtoulle. Rappelons également que Davout fut fait, de son côté, duc d’Auerstaedt.
Après cette glorieuse affaire, Gudin suit, avec sa division, les mouvements du corps d’armée du maréchal Davout, sur Leipzig et sur Berlin. Le 29 octobre, il se dirige sur la forteresse de Küstrin, qu’il force de capituler, le novembre, et dans laquelle il se saisit de 140 bouches à feu, et d’une quantité considérable de munitions et de subsistances. Il y fait aussi prisonnière de guerre la garnison, forte de 4000 hommes.
Le corps d’armée du maréchal Davout ayant ensuite marché en Pologne, la division Gudin entre à Varsovie, le 29 novembre, passe la Vistule, et se porte, le 6 décembre, sur la Narew, qu’elle traverse de même, en présence des Russes. Gudin se retranche en avant d’Ocunin, et prend une part très-distinguée aux combats de N isiel*k et de Pułtusk.
Napoléon ayant donné quelque repos à son armée, la division Gudin est appelée à Varsovie. Elle quitte cette capitale de la Pologne, le 29 octobre 1806, et se porte sur Pułtusk, et de là sur Lansberg. Elle arriva sur le champ de bataille d’Eylau, le 8 février 1807, à quatre heures du matin, y combat d’une manière énergique, s’empara pendant l’action, du village d’Aklapen. Gudin contribue ensuite à la prise de Friedberg.
En juin de la même année, sa division passa la Pregel, à Labiau, et suivit le mouvement de l’armée jusqu’à Tilsit, où elle campe jusqu’à la paix, signée le 9 juillet. Le général Gudin est promu grand-officier de la Légion-d’Honneur, le 7 du même mois de juillet, et obtient la croix de l’ordre de commandeur de Saint-Henri de Saxe, en 1808, année durant laquelle il est nommé candidat au sénat-conservateur par le département du Loiret.
Après avoir été fait comte de l’Empire, le 19 mars de cette même année, il prête serment, entre les mains de Napoléon, le 5 février 1809, pour la charge de gouverneur du palais de Fontainebleau.
Employé, la même année, à la grande-armée d’Allemagne, il y fait la campagne contre l’Autriche, à la tête de l’une des divisions du corps d’armée du maréchal Davout, commandant la droite de ce corps d’armée, à la bataille de Thann, le 19 avril. Il combat, les 20 et 21 du même mois, à la bataille d’Abensberg et à la prise de Landshut : sa division a alors été placée provisoirement sous les ordres du maréchal Lannes. À la première de ces affaires, il attaque le front de l’armée de l’archiduc Charles. Il se trouva à la bataille d’Eckmühl et à la prise de Ratisbonne, les 22 et 23. Il dirigea, avec la plus grande habileté, le 26, l’attaque d’une des îles du Danube, vis-à-vis de Presbourg : cette île est enlevée, et on y fait bon nombre de prisonniers.
Sa division et lui se couvrent ensuite de gloire à la bataille de Wagram, le 6 juillet. Dans le courant de cette campagne brillante pour les armées françaises, Gudin est souvent cité avec les plus grands éloges dans les rapports officiels des opérations de la grande armée. Après la paix faite avec l’Autriche, la division Gudin vient cantonner en Westphalie, durant l’année 1810.
En 1812, Gudin est en Russie, et y commande une division [8]L’inébranlable » du 1er corps, sous les ordres du maréchal Davout. Il combat avec une grande intrépidité à la bataille de Smolensk, contribuant puissamment à la prise de cette ville, le 17 août.
Le lendemain 18, sa division rejoint le corps du maréchal Ney, qui faisait ses dispositions d’attaque contre la forte position de Valoutina-Gora, occupée par les Russes [9]Les Russes nommaient cette position Champ suri, et la regardaient comme inexpugnable..

A six heures du soir, la division Gudin marche sur le centre des ennemis, sans que rien ne puisse l’arrêter, renversant tout ce qu’elle trouve devant elle : mais, aux premiers coups de canon tirés par les Russes, le général Gudin est atteint par un boulet , qui lui emporte la cuisse. Il meurt glorieusement des suites de cette blessure.

References[+]
↑1 | il y est donc condisciple de Napoléon Bonaparte |
---|---|
↑2 | comme chef de bataillon |
↑3 | Ou Mösskirch. Une des batailles les plus sanglantes de la guerre contre la 2e Coalition |
↑4 | Qui n’a jamais eu l’occasion de combattre sous les yeux du nouveau Chef de la France |
↑5 | Gudin, qui remplace le général Durutte, est pour sa part stationné au camp de Bruges |
↑6 | aujourd’hui Bratislava |
↑7 | Son rôle est alors « capital », selon l’historien Hourtoulle. Rappelons également que Davout fut fait, de son côté, duc d’Auerstaedt. |
↑8 | L’inébranlable » |
↑9 | Les Russes nommaient cette position Champ suri, et la regardaient comme inexpugnable. |