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Friedrich Adolf von Kalckreuth (1737 – 1818)

Friedrich Adolf von Kalckreuth (1) nait le 21 février 1737 à Gotterhausen. Son père, major du régiment du duc de Weißenfels, meurt en 1740. Sa mère était née von Bülow. Il est âgÉ de 10 ans quand le roi Frédéric de Prusse (le Grand) fait venir le jeune garçon à Berlin, et met auprès de lui un précepteur de la colonie française de la capitale prussienne En 1752, le jeune Kalckreuth entre dans les Gardes du Corps, où son frère aîné sert déjà.

C’est ave ce régiment qu’il participe aux deux premières années de la Guerre de Sept-Ans. En 1758, il est aide de camp du prince Henri, position qu’il occupe durant les années de guerre suivantes. Il s’y distingue par son courage, étant notamment blessé, très légèrement, le 24 septembre 1762, à la bataille de Freiberg. (2)., après laquelle il est nommé Major. C’est lui qui est chargé, par le prince Henri, de porter la lettre qui annonce la victoire au roi, dans laquelle il écrit : Mon aide de camp, qui Vous présentera ma lettre, a été chargé d’aider à conduire L’attaque par le Spittelwald; si, en cette considération, Vous vouliez avoir la bonté de l’avancer, j’aurais de très-humbles grâces à vous le rendre » (3)

Après la paix, Kalckreuth suit le prince. En 1766, il est envoyé en Prusse orientale (4) . Il est en garnison à Königsberg, avec interdiction de se rendre à Berlin. Après la mort du roi Frédéric (le Grand) son successeur élève Kalckreuth à la baronnie (15 octobre 1786), le fait venir près de lui. S’il participe à la guerre de succession de Bavière, on n’en trouve cependant pas de trace glorieuse.. Durant la guerre contre la Hollande, en 1787, il est  major général d’une une division indépendante, et s’empare, avec peu de troupes, de la petite place de Rieuderstuns, par ailleurs faiblement défendue. Il commence à faire connaître ses capacités, et à la fin de la campagne, il est promu lieutenant-général.

Francophile, enfant du mouvement encyclopédique,  l’alliance de la Prusse avec l’Autriche, , les tentatives de restaurer la monarchie français, et la guerre de 1792-1795 le touchent profondément. Durant ces années de guerre, il suit les opérations, des armées prussiennes et autrichiennes avec un regard critique. Lors de l’entrée en Champagne (1792), il est à la tête d’une partie de l’armée principale, réussit la jonction avec Clerfait, puis conduit les négociations de cessez-le-feu  avec Kellermann, près d’Azenne, permettant ainsi à l’arrière-garde et au train de se retirer sans problème. (5). En mars 1793, le Roi lui confie le siège de Mainz, qui capitule le 23 juillet suivant, ce qui lui vaut la décoration de l’Aigle Noir et le commandement d’un corps d’armée. Il est vainqueur le 13 août, à Neukirch, le 17 à Rohrbach et, le 29 septembre, il rejette les Français au-delà de la Saar. Mais il échoue devant les lignes de Lauter, en partie parce que Würmser, sur qui il comptait, n’apparait pas. Il doit renoncer à s’emparer de Bitche, et doit lever le siège de Landau.

Le 23 juin 1794, Kalckreuth est à la bataille de Kaiserslauten; il est ensuite vainqueur, avec Blücher, à Kirweiller, le 28, s’empare de Zweibrücken et menace Saarlouis. Le 20 septembre, il est de nouveau vainqueur, à Kaiserslauten, cette fois avec Hohenlohe.

Les termes de la paix de Basel correspondent parfaitement à ses inclinaisons politiques.

En 1795, Kalckreuth est commandant en chef en Poméranie; en 1796, il est promu General der Cavalerie (maréchal), puis inspecteur de cette arme. Au printemps de 1806, il est nommé gouverneur de Danzig et de Thorn. A l’été de cette même année, et en prévision d’une éventuelle guerre avec la Suède, il reçoit le commandement supérieur du corps d’armée rassemblé en Poméranie Occidentale (Mecklembourg). Lorsque la guerre avec la France éclate. il reçoit un commandement indépendant, la 2e division de réserve de l’armée principale, ce qu’il prend mal, face à des généraux plus jeunes, comme Hohenlohe et Rüchel. Il émet des critiques sévères à propos des mesures prises, prédit la défaite prussienne. Lorsque le duc de Brunswick et le maréchal Mollendorf sont blessés, et bien que le Roi lui ait adressé l’ordre de conduire l’armée dans sa retraite, il ne se considère que comme le commandant de l’arrièr-garde. (6)

Après la défaite, il retraite par Norhausen, vers Magdeburg. Là, c’est Hohenlohe qui commande. Pour éviter un conflit entre les deux hommes, le Roi envoie Kalckreuth, fin octobre, en Prusse, commander un corps de 20.000 hommes. Un peu plus tard, il forme un corps franc. Lorsque les Français approchent de Danzig, il s’y rend pour en préparer et diriger la défense (il en est le gouverneur). Il va ainsi défendre la ville 76 jours durant, Elle capitule finalement le 26 mai suivant. à bout de munitions et sa garnison totalement épuisée. Le Roi, pour cette brillante défense, le nomme General-Feldmarschal et le tsar Alexandre le décore de l’ordre de Saint-André.

Après la bataille de Friedland (14 juin 1807), Kalckreuth est chargé des négociations pour le cessez-le-feu, qu’il signe avec Berthier le 25 juin.. Durant les négociatons de Tilsitt, il se fait mener par le bout du nez par Berthier, et les contemporains lui reprocheront d’avoir signé la Convention du 12 juillet.

Après cela, Kalckreuth est nommé gouverneur de Könisgberg, puis, en 1809, de Berlin. En 1810, il est à Paris, pour le mariage de Napoléon avec Marie-Louise, invité de Napoléon comme personna grata. Il y est couvert de décorations. Il est de ceux qui, en Prusse, pensent impossible une résurrection du pays et sa délivrance de l’occupation napoléonienne; il est donc un ennemi des Stein, Hardenberg et autres Gneisenau. (7)

En 1812, Kalckreuth est nommé gouverneur de Breslau. En 1813, il conduit la réorganisation de la Silésie, puis retrouve son poste de gouverneur de Berlin, en 1814, après le traité de Paris.

C’est là qu’il meurt, le 10 juin 1818, âgé de 81 ans, après 67 années au service de la Prusse. (8)

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(1) Ou Kalkreuth

(2) Il y aurait sauvé la vie du prince, amis cela n’est confirmé ni dans les Mémoires de Bulow, ni dans celles de Bouillé.

(3) En français dans le texte.

(4) Sans doute à la suite d’une éventuelle liaison entre lui et l’épouse du Prince, qui, à cette occasion, se sépara également de sa femme.

(5) « Tous les péchés de mavie, s’ils étaient grands, sont effacés par la belle action d’avoir sauvé de la destructon totale cettebelle armée uniquement par l’enchantement de mes paroles. Jamais Prussiens n’ont tant soufferts, nous ne marchions pas avec des soldats, mais avec des mourants » (Kalckreuth dans ses Mémoires)

(6) Clausewitz, dans son Manuscrit de 1806, se montre très sévère à l’égard de Klckreuth.

(7) Il dira, au printemps 1813 : « Je n’étais pas du parti français; je ne suis pas aujourd’hui du parti russe; je suis du pauvre parti prussien, et j’ai malheureusement peu de collègues »

(8) Il laissa des Mémoires, en français, que son fils publia en 1839. Mais elles s’arrêtent à la bataille d’Hochkirch, et ne traitent pas un instant de la periode critique 1806-1807.