Etienne Nicolas Lefol (1764-1840) – Le Consulat et le Premier empire

 

Portrait du général Lefol
Portrait du général Lefol

Les débuts d’une carrière – 1764-1804

Etienne Nicolass Lefol naît le 24 octobre 1764, à Giffaumont, un petit village près de Vitry-le-François (Marne) [1]Le village de Giffaumont est situé au sud-est de St Remy en Bouzemont, entouré de petits monts, au bord du lac du Der, au nord de Montier-en-Der. (Arrondissement de Vitry le François, dans le … Continue reading). Il s’engage, en 1786, comme soldat dans le régiment de dragons Colonel Général (qui deviendra en 1791 le 5e dragons). Cette première tentative dans la vie militaire n’est pas un succès. Déçu de ne pas obtenir de promotion, il quitte l’armée pour un congé illimité en octobre 1788.

On le retrouve, le 4 septembre 1791, au 3e bataillon des Volontaires de la Marne, ses hommes l’ayant élu leur capitaine.  Il sert alors en Belgique, puis, le 26 novembre 1792, il rejoint les Chasseurs des Ardennes dans l’Armée du Nord.

En mai 1794, il passe à l’état-major du général de division Fromentin, avant que celui-ci ne soit « remplacé » par les Représentants en mission. Au moment de la formation de l’Armée de Sambre et Meuse, en juillet 1794, il rejoint l’état major de la division Grenier. Il reste dans cette armée durant trois années, passant sous les ordres, en mars 1797, du général Tilly, alors chef d’état-major de l’Armée de Sambre et Meuse.

Sa carrière commence à se dessiner lorsqu’il est promu adjudant général chef de brigade, le 5 février 1799, et qu’il rejoint l’Armée du Bas Rhin, puis adjudant général chef de brigade, le 25 juillet 1799. Mais ses espoirs sont brusquement stoppés, par sa faute. Durant une reconnaissance conduite sans précautions devant Mannheim, il est fait prisonnier, le 18 septembre 1799. Il ne retrouve la France, grâce à un échange, que le 20 mars 1800. Il retrouve alors l’Armée du Rhin, le 30 juin 1800, comme chef d’état major de la division Hardy. Il est à ce poste à Hohenlinden, le 2 décembre 1800. Foncièrement républicain, il ne cache pas son opposition au nouveau régime consulaire, ce qui lui vaut, après la paix d’Amiens, d’être mi en disponibilité et, le 23 septembre 1801, en demie solde !

 

A la Grande Armée – 1805-1807

Au moment de la rupture de la paix, Lefol est rappelé (le 21 septembre 1803). Il est tout d’abord nommé chef d’état-major de la 22e division militaire (Tours), un poste à vrai dire sans grand avenir.  Mais la chance lui sourit bientôt : le 31 décembre 1803, il rejoint l’état major de Ney, au camp de Boulogne. Lorsque la Grande Armée voit le jour, il est nommé chef d’état major de la division Mahler, du VIe corps de Ney. Le 9 octobre, c’est le passage du Danube et Lefol se distingue à Leipheim, près de Gunzberg, conduisant lui-même un des assauts destinés à sécuriser les ponts. Il force ainsi les Autrichiens (d’Aspre) a se retirer, et sécurise une tête de pont très importante sur la rive droite, près d’Ulm.

Il est à l’avant, durant la manoeuvre de la division Mahler devant Ulm, combat le 14 octobre à Elchingen. Mais il ne sera pas à Austerlitz, puisque le corps de Ney sera alors dans le Tyrol, à la poursuite de l’archiduc Jean.

En octobre 1806, Lefol est nommé chef d’état-major du général Marchand (qui a remplacé Mahler) Il participe aux campagnes de Prusse(Iéna, le 14 octobre 1806 – siège de Magdebourg, 20 octobre-11 novembre 1806) et de Pologne (Eylau, 8 février 1807, où l’arrivée de Ney sauve la situation – Friedland, 14 juin 1807) .

La paix signée à Tilsitt, Lefol restera un moment dans l’armée qui occupe alors la Silésie.

 

En Espagne – 1808-1811

Au mois de mars 1808, Lefol est gratifié d’une rente de 4.000 francs, sur la Westphalie. Il es ensuite avec la division Marchand, lorsque celle-ci entreprend la longue marche qui la conduit de Silésie en Espagne, en août et septembre 1808. Le 12 novembre, durant une revue de l’armée, à Burgos, Napoléon le nomme général de brigade et chef d’état major du Ier corps de l’Armée d’Espagne, placé sous le commandement de Victor. Dix jours après – le 22 novembre – il est fait baron de l’Empire.

Le 15 décembre 1808, suite au décès du général Labruyères, des suites des blessure reçues lors de la prise de Madrid, Lefol prend le commandement de sa brigade, au sein de la division Ruffin. Il reste dan cette division, lorsque celle-ci est chargée de couvrir Madrid. Le 13 janvier 1809, il se fait remarquer à Ucles, où le Ier corps de Victor est victorieux de Venegas, pourtant en supériorité numérique. Mais la chance a été du coté des Français : un instant égarée, la division Ruffin était réapparue sur les arrières des espagnols qui, de façon inexplicable, effectuaient une retraite alors qu’ils avaient la victoire à la portée de la main. Ils perdent dans cette bataille la moitié de leurs effectifs.

En mars 1809, Lefol est encore avec Victor, qui opère contre l’armée d’Estramadur conduite par le général Cuesta. Le 29 mars, il combat à Medellin. Le 12 juillet, il passe dans la 3e division du général Villatte, et participe au mouvement des Français contre Wellington. A Talavera, les 27-28 août 1809, sa brigade (9e et 95e de ligne) est en position à Cerro de Cascajal, lorsque l’artillerie française bombarde les lignes anglaises par dessus la vallée. Lorsque les Français lancent leur attaque sur les positions de Hill, sur le Cerro de Medellin, elle reste en réserve, tandis que les divisions Villatte et Ruffin essayent, sans succès, de déloger les Anglais. A la fin de la journée, elle couvre leur retraite et doit subir de lourdes pertes, surtout causées par l’artillerie anglaise.

En janvier 1810, Lefol, avec le Ier corps de Victor, quitte l’Estramadure et rejoint le corps d’armée de Soult, en marche pour l’Andalousie. Il va passer près de deux ans au siège de Cadix. Il combat l’anglais Graham, dans la courte campagne qui se termine par la défaite des Français, à Barossa, le 5 mars 1811. Dans cette affaire, Lefol fut un moment critiqué par Victor, pour être rester à Almanza, se contentant d’y contenir les forces de La Pena. Victor se rétracta cependant, réalisant que, ce faisant, Lefol avait probablement sauvé ses deux autres divisions.

Le général Ruffin était mort à Barossa : c’était là une place pour Lefol. Mais Soult ne l’aimait guère, et il proposa le général Barrois à sa place. Faut-il y voir une compensation ? Toujours est-il que Lefol reçoit, le 6 août 1811, la Croix de Commandeur de la Légion d’honneur.

 

En Espagne – La fin – 1812-1813

Lefol va passer son temps en Andalousie entre le siège de Cadix et les garnisons de Séville et de Cordoba. Après la nouvelle de la défaite de Marmont à Salamanque, sa brigade et les restes de la division Villatte abandonnent le siège de Cadix et se replient ers ‘est, par étapes, au travers de l’Andalousie, vers Valence. Lefol participe à la nouvelle avancée du roi Joseph su Madrid, en octobre, qui permet, à l’hiver, de repousser Wellington sur la frontière du Portugal. Il passe cet hiver à Salamanque, avec la division Villatte, mais, dès le printemps, de plus en plus isolé, ils abandonnent la ville, le 26 mai 1813, lorsque des forces supérieures, emmenées par Hill, se présentent. Lefol conduit ave brio leur repli sur Zamora, recueillant le respect de tous.

Le 21 juin 1813, Lefol combat vaillamment à Vittoria, mais la déroute de la division Leval, à Arinez, oblige la division Villatte à retraiter. Alors que les Français évacuent le nord de l’Espagne, il reçoit la nouvelle de sa promotion au grade de général de division, qui prend effet au… 30 mai 1813 ! Il prend alors la place de Leval (sa défaite de Vittoria a coûté son poste à ce dernier) à la tête de la 1e division de l’Armée du Sud. Mais l’arrivée de Soult , qui prend le commandement de ce qui reste de troupes françaises, a un effet négatif pour Lefol. En effet, les trois armées vaincues sont fondues en une seule, et la division Lefol est dissoute, le 17 juillet 1813. Quatre jour plus tard, il reçoit l’ordre de rentrer en France.

 

Les campagnes de 1813 et 1814.

Le 17 août 1813 Lefol rejoint le XVIe corps d’armée d’Augereau, qui se concentre à Mayence. Comme il n’a pas de commandement spécifique à son arrivée, il est nommé adjoint du maréchal, le 1er septembre.  Durant six semaines, il reste avec lui en Bavière, observant les mouvements des Autrichiens, puis il se rend en Saxe, début octobre. Lorsque les Alliés encerclent Leipzig, il est nommé commandant de la garnison. Au moment de l’attaque au sud de la ville, le 16 octobre, ses 4.000 hommes se joignent à ceux de Poniatowski, et participe à l’action qui permet ‘arrêter Klenau qui menace les flancs de l’armée française, sur l’Elster. Le 18 octobre, c’est l’assaut final des Alliés sur le sud de la ville. Lefol est sévèrement blessé à la tête. Emmené par ses hommes, il survivra à ses blessures et à la pénible retraite vers le Rhin, mais il ne participera plus aux évènements de la campagne.

Le 25 décembre 1813, il reçoit l’ordre de prendre le commandement de la 2e division du VIe corps de Marmont, mais cet ordre est annulé quatre ours après, remplacé par celui de rejoindre l’état major de Napoléon. C’est là qu’il va faire la campagne de rance, étant présent à toutes les grandes batailles de celle-ci. Il reçoit finalement le commandement d’une division, alors qu’il rejoint le corps de Ney, en remplacement de Janssens, blessé à Arcis-sur-Aube (20-21 mars 1814)

 

La première restauration et les Cent-Jours

Après la première abdication de Napoléon, Lefol est transféré dans le VIIe corps d’armée d’Oudinot, le 9 avril 1814. Lorsque les armées sont dissoutes, il est placé en demie solde, le 17 mai 1814. Il est fait Chevalier de l’Ordre de Saint-Louis, le 29 juillet. Rappelé le 15 janvier 1815, il accepte un poste dans la 19e division militaire, comme commandant de la 2e subdivision, à Aurillac. 

Lorsque la nouvelle du débarquement de Napoléon à Fréjus parvient à Paris, le comte d’Artois ordonne à Lefol de marcher avec ses troupes sur Lyon. Lorsqu’il arrive, le 12 mars, il trouve une vile en plein émoi.  Napoléon est aux portes de la cité et ses propres troupes sont au bord de la mutinerie, devant l’idée de devoir combattre leur ex empereur.  Lorsque, finalement, ses troupes se rallient à Napoléon, Lefol refuse de se joindre à la marche sur Paris, et retourne chez lui, pour, comme beaucoup, attendre la suite des évènements. Finalement, il change d’avis, et, le 31 mars 1815, accepte de prendre le commandement de la e division d’infanterie du IIe corps de l’Armée du Nord.

Au début de juin, Lefol et sa division sont transférés sous le commandement de Vandamme (IIIe corps d’armée), dont elle forme alors la 8e division [2]8ème division d’Infanterie – Général de division Baron Etienne-Nicolas Lefol – 5 245 1ère Brigade – Général de Brigade Baron Billiard – 2 952 1er Bataillon / 15e … Continue reading . Lorsqu’elle passe en Belgique, cette division n’est pas complète plusieurs de ses bataillons étant encore en route depuis leurs dépôts. Mais elle a quand même belle allure, comprenant le 15e léger, les 23e, 37e et 64e de ligne, soit u total 11 bataillons (5.272 officiers et soldats – huit canons).  Le 15 juin, elle participe aux escarmouches devant Charleroi, au cours desquelles l’un de ses brigadiers (Billard) est sévèrement blessé, lourd handicap pour le reste de la campagne.

« Le village, auquel on avait mis le feu la veille, brûlait encore, grillant des blessés qui étaient réfugiés dans les maisons. Des monceaux de cadavres complétaient un tableau que n’ont peut-être jamais présenté les lus grandes guerres, car ici quatre mille soldats morts étaient entassés dans une très petite superficie; les allées qui conduisaient à Ligny étaient tellement encombrées que, sans être taxé d’exagération, je puis certifier que mon cheval trouvait difficilement le moyen d’éviter de marcher sur des cadavres. » (Souvenirs du général Lefol)

Lefol est présent le lendemain, à Ligny, à l’extrême gauche de la ligne française, face au village de Saint-Armand, que la division de Lefol va attaquer au début de l’après-midi. L’attaque s’effectue sur trois colonnes, au son de la musique et drapeaux déployés. Le village est d’abord pris par les Français, puis reconquis par les Prussiens de Jagow. Cinq fois le village changera de mains, les Français l’abandonnant vers six heures, lorsque l’approche des soldats de Drouet d’Erlon, pris pour des ennemis, déclenche la panique. Mais l’arrivée de la Jeune Garde (Duhesme) permet à Lefol [3]Pour contrecarrer ce début de panique, Lefol n’a pas d’autre choix que de faire mettre ses propres canons en batterie contre les fuyards. Ceux-ci, se croyant alors, n moment , pris entre … Continue reading de rallier ses troupes et de les joindre à la contre-offensive française. Finalement, les Prussiens sont repoussés et doivent retourner sur les positions qu’ils occupaient le matin.

Le 18 juin, Lefol est à Wavre, essayant, avec les troupes de Vandamme, de se saisir de la ville, sans succès. Les combats durent jusqu’à la nuit, mais la ville reste aux mains des Prussiens. C’est alors que parvient la nouvelle de la défaite à Waterloo. Il faut retraiter sur Namur. Après une escarmouche dans cette ville contre de la cavalerie prussienne, Lefol rentre avec ses troupes, durant la nuit, en France. Il reste avec Vandamme lorsque l’armée se replie sur Pari, puis se replie sur la Loire après l’armistice. Etant l’officier le plus ancien, il prend, lorsque Vandamme s’enfuit de France, le commandement du IIIe corps, le 2 août 1815.

Lefol est placé en non activité le 4 septembre 1815. Le 7 décembre 1816, il démissionne de l’armée. Il est rappelé en activité le 7 février 1831, au Grand Quartier Général à Paris. Il prend sa retraite le 1er mai 1832 et s’installe à Vitry-le-François.

Etienne Nicolas Lefol meurt le 5 septembre 1840 à l’âge de 76 ans.

 

LIEUX DE MÉMOIRE

  • La maison natale du général Lefol, dans le plus pur style champenois est toujours visible, 18 rue Chantecoq, dans le village de Giffaumont-Champaubert (sur la photo ci-dessous, c’est la maison qui se trouve au bout de la rue, et non pas celle en premier plan)
Maison natale du général Lefol
Maison natale du général Lefol
  • La tombe du général Lefol se trouve au cimetière de Vitry le François
Tombe du général Lefol
Tombe du général Lefol

 

References

References
1Le village de Giffaumont est situé au sud-est de St Remy en Bouzemont, entouré de petits monts, au bord du lac du Der, au nord de Montier-en-Der. (Arrondissement de Vitry le François, dans le canton de Saint-Remy en Bouzemont.
28ème division d’Infanterie – Général de division Baron Etienne-Nicolas Lefol – 5 245

1ère Brigade – Général de Brigade Baron Billiard – 2 952
1er Bataillon / 15e Léger – Colonel Brice
2e Bataillon / 15e Léger – Colonel Brice
3e Bataillon / 15e Léger – Colonel Brice
1er Bataillon / 23e Ligne – Colonel Baron Vernier
2e Bataillon / 23e Ligne – Colonel Baron Vernier
3e Bataillon / 23e Ligne – Colonel Baron Vernier

2ème Brigade – Général de Brigade Baron Corsin – 2 107
1er Bataillon / 37e Ligne – Colonel Cornebise
2e Bataillon / 37e Ligne – Colonel Cornebise
3e Bataillon / 37e Ligne – Colonel Cornebise
1er Bataillon / 64e Ligne – Colonel Dubalen
2e Bataillon / 64e Ligne – Colonel Dubalen

Division d’Artillerie
7e Cie. 6e d’Artillerie à Pied – Capitaine Chauveau – 186, (6 pièces de 6, 2 obusiers de 5.5)

3Pour contrecarrer ce début de panique, Lefol n’a pas d’autre choix que de faire mettre ses propres canons en batterie contre les fuyards. Ceux-ci, se croyant alors, n moment , pris entre deux feux, finissent pas retourner dans leurs rangs.