Eferding – 2 mai 1809

General Claude Carra de Saint-Cyr (1756-1834)

Le 2 mai, à Sigharting, Masséna reçoit de Napoléon l’ordre, écrit la veille, d’accélérer sa marche sur Linz. Il fait savoir qu’il sera à Efferding le soir même, et se dirige aussitôt sur cette ville.

Le maréchal Masséna
Le maréchal Masséna

Les dernières divisions se mettent en marche au lever du jour, celle de Carra Saint-Cyr vers six heures du matin. La cavalerie de la Confédération (GM Stettner) reste à Weidenholz jusqu’à 8 heures, pour, peu après, passer rapidement devant la colonne. L’avant-garde 814e chasseurs à cheval – un bataillon du 24e léger), est commandée par le général Trenqualye

Partis de Prambachkirchen, les chasseurs à cheval rencontrent rapidement les postes de cavalerie autrichienne, qui se replient sans résistance. Mais lorsqu’ils arrivent à l’ouest d’Eferding, ils trouvent, devant la ville et sur les deux côtés de la route, de l’infanterie, qui a pris position derrière les haies  et les clôtures. Ce sont les deux bataillons de frontaliers Walachie-Illyrie et deux compagnies du 2e bataillon de Volontaires Viennois, sous le commandement du lieutenant colonel Steigentesch.

Trenqualye comprenant qu’une attaque avec de la cavalerie n’a pas de sens, il fait déployer les fantassins du  24e léger. Comme ceux-ci n’arrivent pas à gagner du terrain, il demande en renfort à Carra Saint-Cyr 3 compagnies de voltigeurs. Leur attaque permet de faire reculer, à 9 heures, les Autrichiens, le 24e léger les poursuit avec force, arrivant, sur leurs talons, à Eferding, où une partie des frontaliers, complètement isolés, sont obligés de se rendre.

Avec l’arrivée des cavaliers de la Confédération, Trenqualye espère contourner le village, et couper la ligne de communication des Autrichiens. Avec le 14e chasseurs à cheval et les dragons badois, il contourne la ville par le nord, mais est arrêté par l’obstacle infranchissable que représente le ruisseau qui, d’Eferding, rejoint le Danube. Il fait donc demi-tour.

Entre-temps, l’infanterie de l’avant-garde et les chevau-légers garde wurtembergeois ont poursuivi les Autrichiens à travers la ville, pour les repousser sur Raffelding, lorsque de nouvelles troupes autrichiennes arrivent sur le front et arrêtent cette poursuite.

Vincenz Ferrerius Frederico Bianchi Duc de Casalanza
Vincenz Ferrerius Frederico Bianchi Duc de Casalanza

Conformément aux ordres qu’il avait reçu, Bianchi, à Wallern, a mis sa brigade en marche à 5 heures du matin, et est arrivé à 8 heures à Raffelding. Là, il a recueilli le groupe du colonel Gratze et a pris position sue le Wilden Innbach. Il fait occuper  les passages de Hörsdorf et Ranzing par un demi-bataillon Duka (capitaine Josef Wasserthal), et le pont près de Fraham par la sixième division de Gyulai (capitaine Ladislaus Sártory). Le reste des fantassins de Gyulai (major Czarnotzay von Charlottenburg), et deux canons de brigade, sont placés en avant du pont de Raffelding. Sur la rive droite se trouve quatre bataillons (Major Nepomuk von Urmenyi). Le régiment d’infanterie Duka se trouve encore plus en arrière, en réserve.

Carra-Sant-Cyr comprend qu’il lui faut renforcer son avant-garde et faire avancer de l’artillerie. Le développement de forces supérieures et l’attaque de l’adversaire qui recule en désordre sur le pont de Raffelding, n’est pas sans effet sur les 4 compagnies Gyulai. Czarnotray ordonne la retraite. C’est à ce moment qu’arrive de nouveau Trenqualye avec ses deux régiments de cavalerie. Il envoie deus escadrons de dragons badois, et les chevau-légers wurtembergeois, couvrir l’artillerie, suivant avec les autres escadrons l’infanterie en marche.

Pour Trenqualye, ce désordre des autrichiens refoulant sur Eferding doit être mis à profit. Il donne l’ordre au lieutenant-colonel Heimrodt d’attaquer avec ses deux escadrons badois et un escadron du 14e chasseurs à cheval. Comme il est difficile d’avancer le long de la route,  les cavaliers doivent progresser en colonne. Ils sont aussitôt pris sous le feu de l’infanterie autrichienne, qui s’est postée des deux côtés de l’entrée du pont, ce qui force le gros des cavaliers à faire demi-tour. Seul Heimrodt et le capitaine Schimmelpennig, 10 dragons et 12 chasseurs à cheval continuent leur marche en avant, dans l’espoir de s’emparer des deux canons autrichiens, dont les chargements avaient été perdus dans la fuite.

Ce petit groupe de cavaliers réussi à passer le pont et à rejoindre les deux canons au deuxième pont, à l’entrée ouest de Raffelding, oì ils s’étaient arrêtés. Heimrodt s’en empare à la première attaque. Mais des Autrichiens arrivent en renfort. Le Wachtmeister Weber (chevau-légers Rosenberg) se lance, avec quelques cavaliers, à l’assaut de ses adversaires, des fantassins s’en mêlent, et forcent, après un court affrontement, Heimrodt à prendre la fuite. Schimmelpennig est tué dans cette action d’une balle en plein cœur, plusieurs cavaliers sont blessés et faits prisonniers.

Par chance pour Heimrodt, le 4e de ligne, envoyé par Carra Saint-Cyr en renfort, s’est emparé des bosquets de la rive gauche du Wilden Innbach, ce qui permet à Heimrodt et à ses hommes de se retrouver en sécurité derrière cette infanterie.

L’attaque française sur le Wilden Innbach marque un temps d’arrêt. Une offensive menée sur le pont par quelques escadrons de cavalerie est repoussée.

General Claude Carra de Saint-Cyr (1756-1834)

Carra Saint-Cyr amène maintenant son artillerie, pour préparer une nouvelle attaque du pont, que les Autrichiens ne sont plus en mesure de détruire, en dépit des mesures prises, sous la pression des évènements.

A 10 heures, Bianchi doit reconnaître qu’une bataille est inévitable et que le maintien de l’avant-garde sur le Wilden Innbach, et le retour simultané de sa brigade à Linz, comme le lui ordonne Hiller, sont impossible. Il ordonne une retraite générale sur Alkoven, où il espère être recueilli par le 2e corps de réserve.

Le FML Kienmayer se trouve à ce moment à Maria Scharten et, pour se rendre à sa position de Hartheim, emprunte la route qui passe par Polsing. Les dragons Knesevich forme l’arrière-garde. Tout comme pour Bianchi, les ordres de Hiller à Kienmayer contraignants : il doit recueillir les troupes de l’avant-garde, mais sa mission principale est de rejoindre les positions de Linz. C’est la raison pour laquelle Bianchi a engagé si peu de moyens, Kienmayer se dirige vers le point de rencontre, mais continue sa marche sur Linz, peu après son arrivée à Hartheim (vers 11 heures), lorsqu’il apprend le repli de Bianchi et l’impossibilité de se maintenir sur le Wilden Innbach. Le 2e corps de réserve arrive à Linz à deux heures de l’après-midi.

Lorsque Trenqualye remarque le repli des Autrichiens, il fait passer le pont à toute sa cavalerie. L’avant-garde (les Badois apparemment) rejette une compagnie de chevau-légers Rosenberg qui s’est mis en travers.

Les cavaliers rejoignent le 1er bataillon Gyulai, qui est mis en morceaux avant qu’il ait pu se regrouper. Bianchi lui-même (qui se trouve à l’arrière-garde avec son état-major) au milieu des cavaliers. Tandis que Bianchi réussit à s’échapper, le commandant du bataillon est blessé et manque de peu d’être fait prisonnier. Le caporal Szrabo et cinq soldats qui viennent à son secours, deux sont déjà gravement blessés, lorsque enfin arrive du secours.

Après la destruction du bataillon, le gros des cavaliers a continué sa charge, apercevant les deux canons en retraite. Ceux-ci sont bientôt la proie des cavaliers, les servants sabrés et le capitaine d’artillerie Franz Hayduck fait prisonnier. Alors qu’ils s’apprêtent à mettre leur butin en sécurité, une salve retentit : c’est le 3e bataillon Gyulai, placé là pour recueillir l’arrière-garde. Au même moment, le major Scheibler attaque avec des chevau-légers rapidement rassemblés, et même des hussards Stipsicz, qui viennent à la rescousse. Les canons sont reconquis, un certain nombre de prisonniers sont libérés.

Cette contre-attaque ne dure pas longtemps. Voyant arriver le gros de la cavalerie Alliée, les poursuivants doivent penser à se mettre à l’abri. Bianchi a entre-temps réussi à remettre de l’ordre dans sa brigade, qui reprend sa retraite, en carré, la cavalerie sur les ailes. Les 5 compagnies qui se trouvaient à Fraham et Ranzing retraitent indépendamment, au pied de la colline.

Trenqualye a remarqué cette colonne et demande à Carra Saint-Cyr de l’infanterie pour la couper. Celui-ci prend désormais le commandement pour la suite des opérations, et met sa division en marche, en direction de Alkoven. La cavalerie suit l’infanterie en soutien.

Bianchi retraite lentement vers l’entrée du défilé près de Wilhering, où il arrive dans le courant de l’après-midi. Il ne lui reste qu’un canon, les 6 autres ayant été  envoyés avec 7 chariots à Linz, où 2 autres bataillons doiventsuivre. Le soir, les frontaliers Wallachie-Illyrie et vraisemblablement les deux compagnies  de Volontaires Viennois, retournent à Linz.

Carra Saint-Cyr ne s’est avancé que jusqu’à Alkoven, car il a été informé que l’ennemi occupe les hauteurs des deux côtés de la route qui va de Strassham à Linz. L’infanterie hessoise est chargée de l’attaque : 3 bataillons se déploient sur la droite de la chaussée, les tirailleurs (10 par compagnies) se déploient pour contourner la gauche ennemie, vers Annaberg, les fusiliers restent en réserve.

Il n’y aura pas de combat, Masséna, ayant reçu la nouvelle que Caara Sant-Cyr se heurte à une vive résistance, a d’abord envoyé les divisions qui sont restées à Waizenkirchen pour accélérer le mouvement. Au début de l’après-midi il arrive sur le champ de bataille. Selon les dires de prisonniers, il y a des forces considérables à Linz ; on entend la canonnade en direction de Wels, sur l’autre rive du Danube on aperçoit des unités autrichiennes, qui laisse augurer l’arrivée de l’armée principale. Dans cette situation incertaine, avec des troupes fatiguées et après avoir atteint le but fixé, Masséna ne souhaite pas se laisser entraîner dans une attaque sur un terrain difficile à l’ouest de Linz, et envoie donc l’ordre à Carra saint-Cyr de cesser le combat.

Entre-temps, les unités autrichiennes ont commencé leur retraite, et rejoignent, à Leonding, le groupe du FML Dedovich. Carra Saint-Cyr fait cantonner ses troupes à l’est de Alkoven, la cavalerie (Trenqualye) est envoyé, par sécurité, en avant à Bergham, les tirailleurs hessois occupent Annaberg.. La division Legrand occupe Emling et Staudach, les divisions Claparède et Boudet l’espace derrière Eferding, où Masséna prend ses quartiers au château Starhemberg. Les cuirassiers d’Espagne passent la nuit à Alkhoven.

Afin d’établir la liaison avec Lannes, un escadron de chevau-légers wurtembergeois (Rittmeister Palm) est envoyé sur la route Eferding – Wels. Il semble qu’ils aient ainsi atteint Maria-Scharten. Masséna envoie le lietenant badois Zorn von Bulach au quartier général de Napoléon, porteur du rapport de la journée. Passant par la vallée du Wlden Innbach, il tombe aux mains d’une patrouille de Schustekh.

 

Durant cette affaire d’Eferding-Raffelding les Autrichiens ont eu environ 600 hommes hors de combats:

Gyulai : 9 fantassins tués, 2 officiers et 48 fantassins blessés, 3 officiers et 30 fantassins prisonniers, 120 disparus;

Duka : un tué, 16 prisonniers ou disparus;

Frontaliers Walachie-Illyrie: 5 officiers et 72 hommes prisonniers, 4 tués, 216 disparus;

Volontaires Viennois : 2 tués, 3 disparus, 22 prisonniers;

Chevau-légers Rosenberg : 8 tués; 

Hussards Stipsicz : 8 tués.

Les pertes des Français sont très inférieures :

Dragons badois : 1 officier tué, 13 hommes blessés, 4 prisonniers;

24e léger : 1 homme tué, 2 officiers et 18 hommes blessés.