Deux opposants à Napoléon

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“Sérurier commande un bataillon de la 1e demi-brigade de ligne, 3 bataillons de la 29e demi-brigade de ligne et 6 escadrons de cavalerie.) à capituler, laissant 252 tués et 2700 prisonniers, et ouvrant la route de Milan. Dans son élan, Charles de Rohan, sans aucun soutien, prend possession de la…”

La Maison de Rohan, maison princière du duché de Bretagne a marqué l’Histoire de France, est surtout connu, auprès du public, au travers de Louis-Édouard de Rohan-Guéméné, notamment cardinal de son état, impliqué dans la célèbre « affaire du collier », que d’aucuns (notamment Goethe) considèrent, à tort ou à raison, comme l’un des déclencheurs de la Révolution française.

Cette Révolution qui, très tôt, poussa beaucoup de membres de cette Maison à émigrer hors de France, comme ce fut le cas de deux membres de la branche Rohan-Guéméné : Charles-Alain-Gabriel de Rohan Guéméné et Louis-Victor, prince de Rohan-Mériadec, qui choisirent alors l’Autriche et décidèrent de combattre dans les armées impériales.

Charles-Alain-Gabriel de Rohan. Portrait de Alexander Clarot (1796 - 1842)
Charles-Alain-Gabriel de Rohan. Portrait de Alexander Clarot (1796 – 1842)

Charles-Alain-Gabriel était né au château de Versailles, le 18 janvier 1764, fils de Henri-Louis-Marie de Rohan (1745-1808), prince de Guéméné et de son épouse, Victorine-Armande de Rohan-Soubise (une cousine éloignée), gouvernante des enfants royaux de Louis XVI et Marie-Antoinette. La Révolution incitent son père, en 1791, à l’émigration, et à s’installer, avec ses trois fils (Charles, Victor et Louis) en Autriche. Charles, qui a déjà servi dans l’armée française, se range sous la bannière des Habsbourg et, en juin 1798, est déjà promu colonel, et affecté à l’armée impériale se trouvant alors dans le Tyrol, où, sous le commandement du général Wukassovich, il va démontrer, à de nombreuses reprises son courage et sa détermination. C’est par exemple le cas, le 8 avril, lors de l’attaque de Cassano  (lac d’Idro) et, un peu plus tard, à la prise des défenses françaises de Rocca d’Anfo, pourtant réputées imprenables. Son action intelligente permet également aux Autrichiens la prise de Brescia (21 avril 1799) et à Wukassovich d’atteindre l’Adda. C’est là qu’il force, à Verderio (28 avril 1799), le général français Sérurier ((Sérurier commande un bataillon de la 1e demi-brigade de ligne, 3 bataillons de la 29e demi-brigade de ligne et 6 escadrons de cavalerie.) à capituler, laissant 252 tués et 2700 prisonniers, et ouvrant la route de Milan.

Dans son élan, Charles de Rohan, sans aucun soutien, prend possession de la citadelle d’Ivrea et du fort de Bard, et de plusieurs pièces de canon. Cette action permet aux impériaux de s’emparer de la vallée d’Aoste et des deux cols Saint-Bernard, où Rohan installe ses troupes, assurant ainsi la protection des flancs de l’armée principale, alors engagée en direction de Turin.

En octobre 1800, Charles de Rohan est promu major général et reçoit la médaille de Chevalier.

Lorsque les hostilités reprennent en 1805, il se trouve en Allemagne, sous les ordres du feldmarshalleutnant (FML) Werneck, à la tête de chevau-légers Latour et des hussards palatins. Après Ulm, il se joint à l’armée de l’archiduc Ferdinand, qui retraite en direction de la Bohême. Mais, blessé, il est fait prisonnier. Lorsque la paix revient, il quitte, avec le rang de FML, le 1er février 1806.

La guerre ayant éclaté de nouveau entre la France et l’Au­triche, en 1809, Rohan ((Le prince avait été compris dans le décret de Napoléon qui ordonnait à tout Français de quitter le service de l’Autriche, et condamné à mort par la cour spéciale de Paris, pour avoir porté les armes contre son pays postérieurement au mois de septembre 1804. Le même jugement confisquait ses biens.)), combattit encore très bravement à Wagram, où il fut blessé. Après la paix de Vienne, il fut nommé grand-croix de l’Ordre de Marie-Thérèse.

A l’époque de la restauration, en 1814, il rentre en France, et le roi Louis XVIII le rétablit, au­tant qu’il pouvait le faire constitutionnellement, dans la possession de la troisième pairie laïque du royaume, dont ses ancêtres avaient joui de­puis l’érection du comté de Montbazon en duché- pairie (mai 1738).

Charles-Alain-Gabriel de Rohan-Guéméné  se retire en 1816 à Prague, où il décèdera le 24 avril 1836. Il avait acquis, le 30 août 1820, le lieu où il fit construire le château de Sychrov ((En 1945, le château sera nationalisé, par les décrets Benes, qui confisquaient en particulier les biens de la noblesse austro-hongroise.)).

Louis-Victor Meriadec de Rohan. Portrait de Frantisek Tkadlik (1786-1840)
Louis-Victor Meriadec de Rohan. Portrait de Frantisek Tkadlik (1786-1840)

Louis-Victor était lui aussi né à Versailles, le 20 juillet 1766. Entré très jeune dans la carrière des armes, il avait déjà acquis une très grande expérience, lorsqu’il entre, en octobre 1794, avec le grade de colonel, dans le bataillon léger de son frère Charles, il a déjà acquis tellement d’expérience après 13 ans passés dans la marine royale française ainsi que sous le pavillon britannique, qu’il va se voir confier les tâches les plus difficiles en Italie, qui vont lui valoir la complète reconnaissance de ses supérieurs, et faire de lui, dès le 23 janvier 1801, un major-général, avec le commandement du régiment d’infanterie n° 21.

En 1805, il est dans l’armée de l’archiduc Jean, à la tête d’un bataillon de volontaires. Peu après le début des hostilités, il se retrouve, à la tête d’environ de 4000 hommes, isolé, dans le Tyrol, de l’armée principale. Il se trouve devant le dilemme d’être fait prisonnier ou de tenter un passage en force. C’est évidemment cette seconde alternative, qu’en valeureux soldat, il choisit : se frayer un chemin, depuis Nauders dans le Vinschgau, par le Val Sugana, en direction de Venise, au milieu de forces ennemies, tout en effectuant, en même temps, une diversion dans le dos des Français , tant au Tyrol qu’en Italie.

Le 17 novembre ses troupes sont rassemblées à Merano, en route vers Bolzano. Ils atteignent Trient le 20, et continuent, le lendemain sur Borgo, pour, passant au milieu des Français, à travers le Vintschgau ((Vallée supérieure de l’Adige, dans le Tyrol du sud.), atteindre finalement l’Adige, où il rassemble ses troupes sur les deux rives, à Gries. Il espère pouvoir rejoindre Venise et sa garnison assiégée. Malheureusement pour lui, Masséna ne l’entend pas ainsi : il donne l’ordre à Gouvion Saint-Cyr de stopper Rohan et de l’anéantir. Simultanément, le général Reynier attaque Rohan, à Castel-Franco, le 24 novembre : encerclé, Rohan ne peut que rendre les armes, il est lui-même blessé ; 3780 fantassins et 494 cavaliers sont faits prisonniers ((Les troupes de Rohan se composaient des régiments d’infanterie Duka (n° 38), Beaulieu (n° 58), de 8 escadrons du régiment de cuirassiers Prince héritier (n° 4), d’un escadron du régiment de chevau-légers Hohenzollern (n° 2), au total 4400 hommes et 5 canons.)).

Nonobstant cet épisode malheureux, Rohan se verra décoré, pour sa conduite valeureuse, de la Croix de Marie-Thérèse, le 28 mai 1806.

En 1808, le prince est nommé colonel propriétaire du régiment d’infanterie n° 21, et le 4 mai 1809 promu feldmarshalleutnant (FML). Durant la campagne d’Autriche, il est à la tête d’une division au sein du IVe corps d’armée autrichien (Rosenberg). Il combat à Essling, puis à Wagram, où il est blessé, le 6 juillet.

Le prince Rohan quittera le service actif à l’automne 1810, se retirant en Bohême, à Sychrov, où il décède le 10 décembre 1846.

 

Sources.

 

Michaud. Biographie Universelle. Tome 36. Paris.

Wurzbach. Biographisches Lexikon des Kaiserthums Österreich. Tome 26. Wien, 1874

Hirtenfeld Jaromir. Der Militär-Maria-Theresen-Orden. Wien, 1857.

 

(Cet article est dédié à mon épouse Josiane)