Denis-Charles Parquin (1786-1843)

Denis-Charles Parquin nait à Paris, le 20 décembre 1786, de parents justement honorés dans le commerce. Son jeune courage s’enflamme aux bulletins de Marengo et de Zurich, et il s’enrôle à 16 ans, au 20e régiment de chasseurs à cheval, alors en garnison à Abbeville, dans lequel il servira jusqu’en 1813.

Après la rupture de la paix d’Amiens, son régiment fut dirigé sur les côtes de l’Océan ; Parquin y fit les campagnes des années 12 et 13 de la république, puis en 1806 participe, comme fourrier, aux batailles de Saalfeld et d’Iéna.
Le 8 février 1807, la bataille d’Eylau enlève beaucoup de monde au 20° régiment de chasseurs et Parquin est entouré par un gros de cosaques, reçoit cinq coups de lance, et est fait prisonnier. Il ne retrouve la liberté qu’à la paix de Tilsit.
En 1809, la campagne d’Allemagne étant ouverte, le jeune Parquin, qui a été promu maréchal des logis le 2 février, puis sous-lieutenant le 30 avril, déploie son courage dans mainte occasion.

Le 20e chasseurs forme avec le 9e hussards et lé 7e chasseurs, sous les ordres du général Colbert, l’avant-garde des grenadiers réunis, corps commandé par le général Oudinot,
Le 6 avril l’ennemi se retirant sur Saint-Pölten, la brigade Colbert atteint son arrière-garde au village d’Amstetten. Le 20e chasseurs l’attaque avec son impétuosité ordinaire. Il lance plusieurs charges qui détruisent en entier le régiment Merfeld Houlans.
Durant la bataille de Wagram, Parquin est blessé d’un coup de feu au bras gauche.
La guerre en Allemagne terminée, le 20e chasseurs traverse la France pour se rendre en Espagne, où il est mis sous les ordres du général Fournier, commandant l’avant-garde du 9e corps d’armée.
La gloire de la France avait grandi, avec son territoire ; l’Empereur l’avait entourée d’une auréole de puissance et de majesté auxquelles toutes les autres puissances rendaient hommage. L’Espagne cependant soutenait une guerre harcelante, guerre de guérillas, à laquelle aucune affaire décisive ne venait mettre un terme. L’armée d’Espagne en était réduite à un continuel et très-fatigant qui-vive.
Le 5 mai 1811, à la bataille de Ciudad-Rodrigo, Parquin reçoit un coup de feu au visage. Son colonel envoie une ordonnance s’informer de sa santé. Parquin lui écrit de l’ambulance ce petit billet au crayon : « Ma blessure ne sera rien. J’avais une dent contre les Anglais, ils ont voulu l’enlever ; ils auraient bien dû se dispenser d’en faire disparaître cinq autres avec. »
A Salamanque, le 22 juillet 1812, nouvelle blessure, cette fois au poignet droit, le privant de l’usage de son bras jusqu’à la fin de la campagne d’Espagne.
Il rentre en France avec le maréchal duc de Raguse, qui le fit admettre comme lieutenant en second (il accepte volontiers cette rétrogadation) aux chasseurs de la vieille garde, le 10 mars 1813.
Après son retour de la désastreuse campagne de Russie, où les éléments avaient jeté un si énorme poids dans la balance des destinées de l’empire, Napoléon passait journellement en revue dans la cour des Tuileries les troupes qui quittaient Paris pour aller renforcer l’armée d’Allemagne. Le dimanche 6 janvier 1813, quelques escadrons des chasseurs de la garde étaient à une de ces revues, où figurait Parquin à la tête de son peloton. Désirant parler à l’Empereur et craignant de le manquer, attendu qu’il ne se gênait pas avec ses guides et passait souvent au galop sans s’arrêter près d’eux, Parquin mit pied à terre dans un moment de repos et fut se placer à la gauche d’un régiment d’infanterie que l’Empereur passait en revue.
« Qui es-tu lui dit l’Empereur. — Officier de votre garde, Sire. J’ai perdu un grade pour servir près de Votre Majesté-.— Que me veux-tu ?—La décoration.— Qu’as-tu fait pour la mériter ?-— Enfant de Paris, je suis parti enrôlé volontaire dès l’âge de seize ans. J’ai fait huit campagnes. J’ai gagné mes épaulettes sur le champ de bataille et reçu dix blessures que je ne changerais pas contre celles que j’ai faites à l’ennemi. Je lui ai enlevé un drapeau en Portugal ; le général en chef m’avait à cette occasion noté pour la décoration, mais il y a si loin du Portugal à Moscou que la réponse est encore à venir. -.Eh bien! Je le rapporte moi-même. Berthier, écrivez la croix pour cet officier, et que son brevet lui soit expédié demain. Je ne veux pas que ce brave me fasse plus longtemps crédit. »
Durant la campagne de 1813, Parquin combat à Lützen, Bautzen et Leipzig; dans cette dernière bataille, le 16 octobre l813, il a le bonheur de sauver, au péril de sa vie, celle du maréchal Oudinot, duc de Reggio, qui se trouvait seul, n’ayant que son épée pour sa défense et entouré d’un gros de cuirassiers autrichiens.
A Hanau, le 29 septembre. 1813, la cavalerie de la garde et les gardes d’honneur firent des prodiges de valeur sur l’armée bavaroise, qui fut mise en pleine déroute.
Parquin y reçoit un coup de baïonnette à la tête en chargeant sur l’infanterie. Le 21 décembre il est nommé capitaine au 2e régiment de Chasseurs à cheval de la Garde.
Durant la campagne de France, Parquin se distingue à Oulchy-le-Château, où il fait un grand nombre de tués et de blessés, et une centaine de prisonniers, dont deux colonels, qui furent immédiatement envoyés à
l’Empereur.
Il s’illustrera encore, quelques jours plus tard, à Saint-Dizier, dans une charge contre 18 pièces d’artillerie russes.
Nommé par brevet du roi capitaine au 11e régiment de cuirassiers, le 19 juin 1814, Parquin, que Napoléon rappelle dans sa Garde durant les Cent-Jours, a probablement participé à la bataille de Waterloo (mais ses états de service n’en font pas état).
Durat la seconde Restauration, Parquin est mis en demi-solde en 1816.
Il est appelé comme témoin dans le procès de la conspiration dite napoléonienne qui fut déféré à la cour des pairs en 1820 ; le colonel Maziau y était impliqué comme chef du complot : le chancelier Dambray demandant à Parquin si cet officier ne l’avait pas initié dans la conspiration, le capitaine répond à la cour : « Le colonel ne m’a rien confié, mais, l’eût-il fait, n’attendez pas de moi, MM. les pairs, que par une déclaration quelconque je fasse porter à l’échafaud la tête d’un de mes anciens camarades. »
Parquin est mis immédiatement à la réforme.
Vivement affecté de la perte d’un état où il avait brillé par tant et de si honorables services, Parquin se réfugie en Suisse, où il se met à l’abri des tracasseries sans cesse renaissantes de la police de France.
Dans cette nouvelle patrie, il épouse une amie d’enfance de la reine Hortense, Louise Cochelet, seule de ses dames qui l’eût suivie dans son exil. Le couple acquiert, en 1824, le château de Wlfsberg, qu’ils habitent lorsque la révolution de 1830 éclate.

Aussitôt, s’arrachant à une vie heureuse et paisible, il accourt se ranger sous son ancien drapeau. Il est ainsi nommé chef d’escadron de la gendarmerie du Doubs, ce qui lui vaut le titre de « commandant », mais il se met en congé dès l’année suivante. Promu officier de la Légion d’honneur le 19 juin 1831, il est finalement replacé chef d’escadron dans la garde municipale de Paris en 1835, grâce à l’intervention de son frère aîné, devenu « ténor du barreau ».
En 1836, Parquin, chef d’escadron de la garde municipale, alla en Suisse à l’occasion de la vente de sa propriété , où sa femme venait de mourir. Tout le monde connaît la part active qu’il prend le 30 novembre de cette année dans l’affaire de Strasbourg comme aide de camp du prince Napoléon Bonaparte.
Arrêté et traduit devant la cour d’assises du Bas-Rhin, le président de cette cour croit devoir adresser à l’accusé de graves reproches sur son manque de fidélité au serment, Parquin lui répond :
« Il y a 32 ans qu’assistant comme soldat au couronnement, et suivant l’exemple de quatre millions de mes concitoyens, j’ai prêté serment de fidélité à l’Empereur et à sa dynastie. Ce serment, monsieur le président, est resté profondément gravé dans mon cœur, et je ne crois pas que ni les traîtres, ni les Cosaques, ni aucun autre serment, aient pu l’effacer ; le jour où le neveu de l’Empereur, à défaut de son fils mort, est venu se présenter aux troupes avec l’aigle impériale, je me suis rappelé avec bonheur mon serment et avec enthousiasme la gloire de la France, qui était alors la grande nation ! Voilà, monsieur le président, ce qui m’a fait aider le prince Napoléon dans sa noble et belle entreprise. »
Le jury de Strasbourg ne voulut pas voir des conspirateurs dans les amis du neveu de l’Empereur, marchant à l’ombre de son aigle et de sa gloire : aussi après un quart d’heure de délibération, il les acquitte tous.

Dès l’arrestation de Parquin à Strasbourg, le ministre de la guerre l’avait mis en traitement de réforme, immédiatement après son acquittement, Parquin lui envoie sa démission.
Ayant juré à la duchesse de Saint-Leu qu’il protégerait son fils, Parquin assiste à nouveau Louis-Napoléon lors de sa seconde tentative, à Boulogne (6 août 1840). Après ce nouvel échec, le commandant Parquin, arrêté en même temps que Montholon, est condamné par la Cour des Pairs à vingt années de détention.
Incarcéré à la citadelle de Doullens, il y rédige en 1843 ses Souvenirs avant d’y mourir d’une maladie de cœur à l’âge de 59 ans.
Denis-Charles Parquin est enterré au cimetière de Doullens.

