Curial, Philibert-Jean-Baptiste-Francois (1774-1829)

La bataille de Somosierra

Les tirailleurs, sous les ordres du général. Curial, firent leurs premières armes dans cette journée et montrèrent de la vigueur. Le général Dorsenne, colonel commandant la vieille Garde, la plaça en troisième ligne, formant un mur d’airain seul capable d’arrêter tous les efforts de l’armée autrichienne. (Xe Bulletin de l’Armée – 23 mai 1809)

L’’Empereur fit sur-le-champ avancer la division Curial se porta au village de Doelitz, l’attaqua à la baïonnette, le prit sans coup férir, et fit 1,200 prisonniers, parmi lesquels s’’est trouvé le général en chef Merveldt (XIIIe Bulletin de la grande Armée – 16 octobre 1813)

 

Origines

Philibert.Jean.Baptiste-François Curial est né le 21 avril 1774, à Saint-Pierre d’Albigny (Savoie)

Les origines de sa famille remontent à la fin du 17ème siècle. Ce ne sont pas des gens riches, une branche est faite de petits fermiers, tandis qu’une autre est composée de marchands. On rencontre aussi des notaires dans la famille.

Le père de Philibert, Francois-Joseph Curial avait épousé, en premières noces, le 1er Septembre 1764, une jeune fille du nom de Gabrielle Chabert, qui meurt malheureusement quelques années plus tard et, pour autant qu’on le sache, il n’y eu pas d’enfant de cette alliance. En juin 1771, Francois-Joseph se remarie, avec une cousine éloignée, Marie Domenget, dont la famille vit dans un village du voisinage.

Marie donnera naissance à quatre enfants, deux filles et deux garçons. L’aîné est une fille, Florentine-Antoinette-Josephte, née en 1772; une seconde fille, prénommée Remire Michelle, naît l’année suivante. Puis vient le futur général, Philibert, enfin, en 1776, naîtra Roch-François-Louis.

 

Commencement d’une carrière

En 1792, il a tout juste 16 ans, Philibert s’enrôle dans la légion des Allobroges. Puis il rejoint le 1e bataillon du Mont-Blanc (qui deviendra plus tard le 18e de ligne), devient capitaine, et sert dans l’armée du Midi sous la commandement du général Jean Carteaux.

En 1793, il tombe malade, victime d’une une épidémie, et doit se faire soigner à Perpignan, à la suite de quoi il retourne à son régiment.

1796, 1797 Curial sert à l’armée des Pyrénées orientales puis à l’armée d’Italie, se montrant plein de courage en de nombreuses occasions.

L’Egypte

Philibert et son frère Roche, qui s’est également engagé dans l’armée, embarquent sur la flotte qui emmène l’armée d’Orient en Egypte. Philibert a été provisoirement nommé, le 16 mai, chef de bataillon par Bonaparte lui-même.  Il participe au siège de Saint Jean d’Acre, durant lequel, conduisant ses hommes à l’assaut de la forteresse, il reçoit une blessure au genou, qui le met hors de combat. Levant le siège, l’armée française entame sa retraite jusqu’au Caire.

Le 22 août Bonaparte embarque sur la frégate « La Muiron » et rentre en France, emmenant avec lui un certain nombre de ses officiers supérieurs, parmi lesquels Murat, Lannes, Marmont et Bessières.

Jean-Baptiste Kleber - Musée de l'Armée
Jean-Baptiste Kleber – Musée de l’Armée

Le commandement de l’armée est laissé au général Jean Kleber. Celui-ci sera assassiné le 14 juin 1800, le jour de la bataille de Marengo. C’est Jacques-Francois de Boussay Menou qui lui succède. 

Kleber et Menou ont été impressionnés par les actions du jeune Curial et il a été promu par Menou (le 23 septembre 1798), provisoirement  au grade de commandant de la 88e demi brigade, qu’il commande à la bataille de Canope, le 21 mars 1801, où les Anglais, emmenés par le général Sir Ralph Abercromby, sont vainqueurs. Curial reçoit une balle de mousquet, qui lui traverse le haut du bras et pénètre la poitrine. Peu après, il est rapatrié en France avec le reste de l’armée française.

Promotions et Décorations

La carrière ascendante de Curial continue : sur ordre des Consuls daté du 5 juillet 1802 il est confirmé dans son grade de chef de brigade. Le 4 décembre 1803 il est promu colonel du 88e régiment de ligne à l’armée des Cotes de l’Océan, dans la 3e division Suchet (Ve corps de Lannes). Les autres régiments sont le 17e léger et les 34e, 40e et 64e des régiments de ligne.

Le Ve Corps est à Austerlitz, le 2 décembre 1805, posté sur le Santon, qu’il a reçu l’ordre de tenir. En récompense de sa conduite ce jour là, Curial est décoré de la Légion d’Honneur.

Au milieu de l’année suivante, 1806, Curial, qui a maintenant 32 ans, entre dans la Garde Impériale, comme major dans les Chasseurs à pied, grade dans lequel il combat à Iéna, le 14 octobre. Ce jour-là, son régiment repousse avec succès six attaques prussiennes, et il a son cheval tué sous lui.

Curial continue ses actions exceptionnelles à Eylau (février 1807) et à Heilsberg (10 juin) où il est sérieusement blessé. 

Deux semaines plus tard, Curial est nommé général de brigade.

Le 29 juin 1807, Philibert est fait Chevalier de l’Ordre de Saint Henri de Saxe et nommé colonel du 2e régiment de chasseurs à pied de la Garde. L’année s’achève par une nouvelle décoration : il est fait Chevalier de l’Ordre de la  Couronne de Fer.

Insigne de la Couronne de Fer
Insigne de la Couronne de Fer

1808 commence comme 1807 s’est terminée puisqu’il se voit accorder une pension annuelle de 30,000 francs sur le Royaume de Westphalie. En mars il prend un court congé, retrouve son village natal et en profite pour épouser une jeune femme de 21 ans, Clémentine-Marie Beugnot, fille du comte Beugnot , ministre des Finances du Grand Duché du Berg.

Sa bonne fortune continue : le 6 juin il est élevé à la noblesse Impériale et fait Baron de l’Empire.

Vers la fin de 1808, il  est en Espagne avec l’Empereur pour ce qui doit être une visite très brève. Il est à  Somo-Sierra, mais n’y prend pas vraiment part.

Mai 1809. À Essling, Curial commande la 1e division de la Jeune Garde.

Le 5 juin, Curial est promu général de division, mais conserve son poste de colonel-major des chasseurs à pied de la Garde et de commandant la 1e division de la Garde Impériale, forte maintenant de quelques 6100 hommes. 

 

La famille s’agrandit

Cette année là, Clémentine-Marie donne naissance à leur premier enfant, un garçon, qu’ils prénomment Joseph-Napoléon. Un autre garçon naît en 1810, Adolphe-Philibert, et Curial reçoit une récompense de 10,000 francs, sur la Galicie, en Espagne.

Curial se souviendra longtemps de l’année 1812. C’est d’abord la naissance de ses deux filles (on ignore d’ailleurs s’il s’agit de jumelles, où si elles sont nées au début et à la fin de la même année) Clémentine-Marie, et Bathilde, qui décèdera à l’âge de 15 ans. 

Russie – Allemagne – France 

400,000 hommes traversent le Niémen, le 22 juin 1812. À l’arrivée à Vilna, Curial établi son quartier général dans un couvent local.

Le commandant du Vieille Garde, durant la campagne de Russie, est le maréchal Francois-Joseph Lefebvre, duc de Dantzig. Curial commande la 3e division (brigades Boyer Rebeval et Michel). Curial a sous ses ordres environ 6,400 hommes.

Curial va survivre aux batailles et au climat. Il est rappelé en France en janvier 1813 et plus tard cette année-là sert en Saxe où il commande la 1e brigade de la Vieille Garde (chasseurs à pied) sous les ordres du général Louis Friant. À la fin d’août il prend le commandement de la 1e division de la Jeune Garde, remplaçant Dumoustier qui a été sérieusement blessé au pied gauche à la bataille de Dresde, le 27 août.

Avec la 2e division de la Vieille Garde, à Wachau (Bataille de Leipzig), le 16 octobre, il prend possession de la position de Dölitz et participe à différentes actions, deux semaines plus tard, à Hanau (30 octobre).

Le 20 novembre 1813, il est décoré de la Grande Croix de l’Ordre de la Réunion. Début 1814 il se rend à Metz, pour y rejoindre le reste de la Garde Impériale.

Le 25 janvier 1814 Curial a été rejoint à Metz par l’Empereur, qui le met sous les ordres du maréchal Oudinot, duc de Reggio.

Le maréchal Oudinot, duc de Reggio
Le maréchal Oudinot, duc de Reggio

Six jours plus tard, il doit remplacer le général Pierre Decouz, mort à Paris des blessures reçues à la bataille de Brienne. Curial devient donc de fait commandant de la 2e division de la Jeune Garde, sous les ordres du maréchal Michel Ney, duc d’Elchingen.

Le maréchal Michel Ney
Le maréchal Michel Ney

Curial est présent dans de nombreuses actions menées par la Grande Armée dans sa tentative d’empêcher les Alliés de prendre Paris. Il est ainsi à La Rothière (1er février), Vauchamps (14 février), Craonne (7 mars) et Laon (9/10 mars). Le 22 mars Curial est fait comte de l’Empire. Le 25, il est à Fère-Champenoise, cinq jours plus tard à La Villette. 

Première Restauration – Cent-Jours

Le 4 juin, Louis XVIII nomme Curial à la Pairie. Le 14 février 1815, il est nommé commandant colonel les chasseurs à pied, qui sont rebaptisés chasseurs de France et stationnés à Nancy, où il se retrouve de nouveau sous les ordres d’Oudinot. Le même jour il reçoit la Grand Croix de la Légion d’Honneur.

Il cesse ces fonctions le 1er avril 1815. Curial est ensuite nommé Gouverneur du palais de Rambouillet, puis, le 13 mai, commandant de la 19e division militaire, à la place du général Michel-Sylvestre Comte Brayer, sous les ordres du maréchal Gabriel Suchet, duc d’Albufera, commandant en chef de l’Armée des Alpes. Il ne conserve pas son titre de pair de France pendant le Cent Jours.

Louis Gabriel Suchet, duc d'Albufuera. Adèle Gault. Musée de l'Armée
Louis Gabriel Suchet,. Adèle Gault. Musée de l’Armée

Le 12 juin, moins d’une semaine avant la bataille de Waterloo, Curial succède au général Michel-Marie Pacthod à la tête de la 22e  division d’infanterie, toujours sous les ordres de Suchet.

Après la deuxième abdication, Curial est placé sur la liste  de non activité et fait à nouveau Pair de France.

Au procès du maréchal Ney, Curial était parmi ceux qui se prononcent pour la déportation. 

Les dernières années

Curial va servir sans état d’âme les Bourbons, devenant Inspecteur Général de l’infanterie le 21 avril 1820 et Gentilhomme de la Chambre du Roi, le 26 novembre de la même année.

Il retourne au service actif pendant une  brève période, en 1823. Il est alors nommé commandant de la 5e la division d’infanterie du 4e Corps de l’Armée des Pyrénées sous les ordres du maréchal Moncey, duc de Conegliano et se bat à Medina del Rey, le 9 juillet.

D’autres honneurs le récompensent : Commandeur de l’Ordre de Saint Louis, Grand-Ccroix de l’Ordre Ferdinand d’Espagne. Au mois d’avril suivant, c’est cette fois le Grand Cordon de l’ordre russe de Saint Alexandre Newski.

En juin 1827 il est nommé le Premier Chambellan et Maître de la Garde Robe du Roi, et, finalement, chevalier commandeur des Ordres du Roi. 

Curial assiste au couronnement de Charles X, le 29 mai 1825. Pendant le cortège qui précède la cérémonie, les chevaux tirant sa calèche sont effrayés par les armes à feu tirant un salut. A coté de Curial, trois autres dignitaires : le maréchal duc de Damas, le maréchal duc d’Aumont et maréchal duc de Cosse Brissac. Il y a trois blessés graves, dont Curial, qui ne se remettra pas de ses blessures et décèdera le 30 mai 1829, à l’âge 55 ans.

Repères bibliographiques

  • Six. Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et du Premier Empire.
  • Ian Castle. Aspern and Wagram. Osprey Campaign Series.