Correspondance de Napoléon – Octobre 1814
Octobre 1814
Porto-Ferrajo, 6 octobre 1814
Au général comte Drouot, gouverneur de l’île d’Elbe
Il sera formé deux compagnies de tous les Polonais , mameluks et chasseurs qui sont ici, une compagnie à pied et une à cheval. Elles seront sous les ordres du commandant Jermanowski. La compagnie à cheval sera composée de 1 capitaine, 1 lieutenant, 7 maréchaux des logis, 1 fourrier, 1 trompette et 11 chevau-légers. Les chasseurs et mameluks de la Garde feront partie de cette compagnie. Les compagnies à pied seront formées de 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 maréchal des logis chef, 4 maréchaux des logis, 1 brigadier-fourrier, 8 brigadiers, 1 trompette ou tambour et 79 soldats. Cette compagnie fera le service de canonniers. On fera faire la manœuvre du canon aux sous-officiers et soldats, et on pressera leur instruction avec le plus d’activité possible. II sera nécessaire de placer une pièce de canon sous une voûte, pour la faire manœuvrer pendant les pluies. Le capitaine de cette compagnie prendra les ordres du commandant d’artillerie pour le service; mais il rendra compte tous les jours au major polonais pour tout ce qui regarde la discipline, la comptabilité, les avancements, etc.
Donnez les ordres les plus positifs pour que le détachement de cavalerie ait constamment ses armes en bon état et un paquet de cartouches. Recommandez également que les officiers fassent exactement le service des écuries.
Quelques jours après que les selles et les brides auront été remises à la sellerie, rendez-vous-y avec le major Jermanowski pour vous assurer que tous ces objets sont existants et en bon état, et vous en dresserez procès-verbal.
Toute la compagnie à pied sera chaussée en souliers, en conséquence, toutes les bottes seront mises en magasin, pour s’en servir en cas de besoin.
Tous les piquets d’escorte seront sous les ordres du chef d’escadron Roui, qui les inspectera.
Porto-Ferrajo, 10 octobre 1814.
Au général comte Bertrand, grand-maréchal du palais.
Monsieur le Comte Bertrand, mon intention est de distribuer à la Garde toutes les terres qui m’appartiennent autour des salines. Je donnerai aux officiers jusqu’à deux arpents de terre en toute propriété pour eux et leurs enfants.
J’accorde bien volontiers au colonel Viallet le jardin qu’il demande, et même je le lui donne en toute propriété, afin que les dépenses qu’il y fera lui restent.
Napoléon.
Porto-Ferrajo, 10 octobre 1814.
A Ferdinand-Joseph, grand-duc de Toscane.
Monsieur mon Frère et très-cher Oncle, n’ayant pas reçu de nouvelles de ma femme depuis le 10 août, ni de mon fils depuis six mois, je charge le chevalier Colonna de cette lettre. Je prie Votre Altesse Royale de me faire connaître si elle veut permettre que je lui adresse tous les huit jours une lettre pour l’impératrice, et m’envoyer en retour de ses nouvelles et les lettres de Mme la comtesse de Montesquiou , gouvernante de mon fils. Je me flatte que, malgré les événements qui ont changé tant d’individus, Votre Altesse Royale me conserve quelque amitié. Si elle veut bien m’en donner l’assurance, j’en recevrai une sensible consolation. Dans ce cas, je la prierai d’être favorable à ce petit canton, qui partage les sentiments de la Toscane pour sa personne. Que Votre Altesse Royale ne doute pas de la constance des sentiments qu’elle me connaît pour elle, ainsi que de la parfaite estime et de la haute considération que je lui porte; qu’elle me rappelle au souvenir de ses enfants.
Napoléon.