Correspondance de Napoléon – Octobre 1812

Octobre 1812

 

NOTES.

Moscou          1812. (Ces notes ne portent pas de date ; on présume qu’elles ont été dictées par l’Empereur dans les premiers jours d’octobre.)

1° L’ennemi se dirigeant sur la route de Kief, son but est évident : c’est qu’il attend des renforts de l’armée de Moldavie. Marcher à lui, c’est agir dans le sens de ses secours, et se trouver sans points d’appui pendant les cantonnements de l’hiver, ayant notre droite et notre gauche en l’air, tandis que l’ennemi se trouverait avoir ses flancs et ses derrières assurés. Moscou, se trouvant abandonné de ses habi­tants et brûlé, n’entre plus pour nous dans aucune considération : cette ville ne peut contenir nos blessés et nos malades; les ressources qui s’y trouvent une fois épuisées, elle ne peut en fournir d’autres; enfin elle n’offre aucun moyen d’organiser le pays.

2° Toute opération sur Kalouga n’est raisonnable que dans le cas où elle aurait pour but, arrivé dans cette ville, de se déployer sur Smolensk.

3° Si l’armée se reploie sur Smolensk, est-il sage d’aller chercher l’ennemi et de s’exposer à perdre, dans une marche qui aurait l’air d’une retraite, quelques milliers d’hommes devant une armée con­naissant bien son pays, ayant beaucoup d’agents secrets et une nom­breuse cavalerie légère ? Quoique l’armée française soit victorieuse, le mouvement qu’elle ferait se trouverait tel, qu’elle aurait l’infé­riorité, puisqu’une troupe d’arrière-garde perd chaque jour des hommes, tandis qu’une avant-garde en acquiert, et qu’enfin l’arrière-garde est destinée à abandonner chaque jour le champ de bataille, perd ses blessés, ses traîneurs et ses maraudeurs.

4° A ces considérations il faut ajouter celle qu’il est probable que l’ennemi, ayant fortifié quelque bonne position et ayant déjà reçu la tête de ses renforts, peut nous disputer le terrain et donner 3 à 4,000 blessés; cela aurait bien l’air d’une défaite. Un mouvement rétrograde de cent lieues, avec des blessés et des événements que l’ennemi peindrait à son gré, lui donnerait l’avantage dans l’opinion, quoique battu.

5° Voulant se replier pour passer ses quartiers d’hiver sur la Pologne, vaut-il mieux se reployer directement par la route sur laquelle nous sommes venus ? On n’aurait pas l’ennemi sur soi; on connaît bien la route et elle est plus courte de cinq marches ; nous pouvons aller aussi vite que nous voudrons ; nous pouvons même recevoir à mi-chemin nos convois venant de Smolensk. L’armée por­terait d’ailleurs facilement quinze jours de farine, et on arriverait à Smolensk sans être obligé de marauder. On pourrait même s’arrêter à Viazma le temps que l’on voudrait ; on y trouverait des subsistances et des fourrages, en s’étendant de droite et de gauche.

Nous sommes vainqueurs, nous sommes organisés, et, si nous avions des affaires et des blessés, on serait dans la position où nous étions en venant, à l’égard des blessés qu’a eus l’avant-garde. A la vérité, on peut prévoir de l’embarras pour les fourrages; mais on s’en procurerait à deux ou trois lieues; ce ne serait donc pas là une difficulté de premier ordre.

 

1° Il n’y a aucune espèce de doute que, si Smolensk et Vitebsk étaient des pays comme Königsberg et Elbing, le projet le plus sage serait celui dont il vient d’être parlé ci-dessus, se rendant dans un beau pays pour y passer ses quartiers d’hiver et y refaire l’armée.

2° Dans la situation ci-dessus, on ne pourrait cependant pas se dissimuler que la guerre traînerait en longueur; mais elle tournerait bien plus en longueur vers les mauvais pays, tels que Smolensk et Vitebsk, qui offrent si peu de ressources et où on serait si médio­crement établi pour passer huit mois de quartiers d’hiver.

 

 

DE CE QU’IL CONVIENDRAIT DE FAIRE.

1° Quel but a-t-on à remplir ? 1° placer l’Empereur le plus près possible de France, et donner à l’Empire la confiance que l’Empereur est au milieu d’un peuple ami pendant ses cantonnements d’hiver ; 2° cantonner l’armée dans un pays ami, la rapprocher de ses ressources d’habillement et d’équipement; 3° se mettre dans une position qui appuie les négociations de paix que l’Empereur fait faire en menaçant Saint-Pétersbourg; 4° soutenir l’honneur des armes à la hauteur où l’a élevé cette glorieuse campagne.

2° Sans contredit, une manœuvre qui réunirait les quatre condi­tions ci-dessus serait parfaite.

Cette manœuvre serait la suivante :

Le duc de Bellune, avec son corps renforcé de quatre bataillons saxons, de deux bataillons westphaliens, de deux ou trois bataillons d’Illyrie, de deux bataillons du 129e régiment d’infanterie, ce qui doit approcher ce corps d’armée d’une force de 40,000 hommes, partirait de Smolensk le premier jour de l’opération pour se porter sur Velije et Velikié-Louki, où il pourrait arriver le huitième ou le neuvième jour ; de Velikié-Louki, le duc de Bellune prendrait sa ligne d’opérations sur Polotsk et Vitebsk. Le maréchal Saint-Cyr, partant de sa position de Polotsk, le rejoindrait en six jours de marche.

Le maréchal duc de Tarente lui enverrait, des environs de Dinabourg, une brigade d’infanterie pour le rejoindre. Le maréchal duc de Bellune, comme le plus ancien, commanderait toutes ces troupes réunies à Velikié-Louki, où, le dixième jour à partir du premier où l’expédition serait mise en mouvement, se trouverait réunie une armée de 70,000 hommes. De Velikié-Louki, l’armée du duc de Bellune tirerait ses vivres de Polotsk et de Vitebsk.

Le jour où le maréchal duc de Bellune commencerait son mou­vement, l’Empereur avec l’armée partirait de Moscou pour marcher sur Velije, passant par Voskresensk, Volokolamsk, Zoubtsov, Bieloï, pour arriver à Velije, la tête de l’armée le dixième jour de marche, et la queue le treizième ou le quatorzième. De Velije, l’armée tirerait ses vivres également de Vitebsk et de Polotsk. Ainsi, pendant que le duc de Bellune menacerait Saint-Pétersbourg de sa position de Velikié-Louki, l’armée se trouverait derrière lui sur la Dvina ; le 3e corps d’armée et le corps du duc d’Abrantès, formant au moins 15,000 hommes, se porteraient de Moscou et de Mojaïsk sur Smolensk par Viazma.

Tous les régiments de marche d’infanterie et de cavalerie qui sont en marche pour rejoindre l’armée se dirigeraient sur Vitebsk et Velije, pour se rencontrer avec l’armée et s’y incorporer à son arrivée. L’Empereur, avec sa Garde à cheval, sa jeune et vieille Garde à pied, marcherait en tête, de sorte à pouvoir se porter sur le duc de Bellune si, contre toute attente, ce secours lui était nécessaire. Enfin, le douzième jour de l’opération, c’est-à-dire du mouvement de l’armée, la position se trouverait ainsi qu’il suit :

Le maréchal duc de Bellune, avec le maréchal Saint-Cyr et une brigade du duc de Tarente, formant un corps de 60 à 70,000 hommes, serait à Velikié-Louki, ayant une avant-garde à plusieurs marches de lui, sur la route de Saint-Pétersbourg.

L’Empereur, avec la Garde et le corps du vice-roi, formant 40,000 hommes, serait à Velije.

Le roi de Naples, avec ses troupes et le corps du prince d’Eckmühl, formerait une espèce d’arrière-garde ou corps d’observation à trois journées en arrière, sur la direction de Bieloï.

L’armée ennemie ne pourrait entrer à Moscou que le sixième jour de l’opération, et déjà le général Wittgenstein serait en retraite; le duc de Bellune aurait passé la Dvina et menacerait Saint-Pétersbourg.

L’armée ennemie, arrivée à Moscou six jours après notre départ, suivrait notre mouvement pour nous livrer bataille à Velije, et alors le roi de Naples, le prince d’Eckmühl, le maréchal duc d’Elchingen nous auraient joints, tandis que les secours que l’ennemi attend de Moldavie ne l’auraient pas joint et se perdraient sur les grands che­mins. Il arriverait donc sur nous avec des forces très-inférieures qui diminueraient tous les jours, tandis que les nôtres augmenteraient.

Le duc de Bellune, cinq jours après son arrivée à Velikié-Louki, renforcé du corps qui marcherait avec l’Empereur, pourrait, s’il était nécessaire, se porter sur Novgorod.

Saint-Pétersbourg ainsi menacé, on doit croire que l’ennemi fera la paix, et, si les circonstances des mouvements de l’ennemi ne por­taient pas à avancer, on resterait à Velikié-Louki.

 

Moscou, 1er octobre 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Moscou.

Mon Cousin, donnez les ordres suivants pour l’armement et les fortifications du Kremlin :

Armement. — Les douze premières pièces de canon qui seront placées au Kremlin le seront dans la journée d’aujourd’hui et celle de demain, dans les emplacements ci-après : une à la tour n° II, deux à la tour n° IV, une à la tour n° VIII, ce qui armera le coté de la rivière, qui est long de 350 toises; une à la tour n° 1, deux à la tour n° XVI, une à la tour n° XIV, ce qui armera le côté opposé, qui a 420 toises.

L’autre côté du trapèze a près de 500 toises ; on placera deux pièces à la tour n° XII, une pièce à la tour n° XI et une pièce à la tour n° IX.

Ces douze pièces, obusiers, pièces de 12 et pièces de 3, seront dans le cas de donner des feux sur tout le pourtour de l’enceinte et de la flanquer entièrement.

Dix-huit autres pièces seront destinées à achever l’armement du Kremlin. Le général d’artillerie fera connaître les lieux où il faudra les placer.

Fortifications. — Les ouvrages les plus importants à faire au Kremlin sont :

1° Démolir le bâtiment qui est adossé entre la tour n° 1 et la tour n° 11 ;

2° Ouvrir quatre des cinq portes et les environner d’un tambour, de sorte qu’on puisse se servir de ces quatre portes pour déboucher et faire des sorties, et qu’en même temps ces portes se trouvent à l’abri d’être enfoncées par les coups de canon, moyennant les palis­sades et ouvrages en terre qui seront placés devant ;

3° Couper plusieurs murailles dans l’intérieur, afin qu’on puisse en faire le tour rapidement;

4° Rétablir, en forme de lunettes, les lunettes H, K et L, en les rattachant à la muraille et les bien palissadant, de manière qu’on puisse y mettre beaucoup d’artillerie;

5° Achever le fossé et établir des espèces de chemins couverts et de petits glacis, du côté de l’enceinte, entre les tours XI et VIII, aux lieux qui paraissent la partie la plus faible de la place;

6° Démolir tous les bâtiments qui se trouvent autour du Kremlin, surtout ceux qui sont entre la tour n° XIV et la tour n° VIII, et spé­cialement une mosquée à plusieurs clochers.

 

Moscou, 2 octobre 1812.

Mon Amie.

J’ai reçu ta lettre où tu me parles de Saint-Leu. Je suis bien aise que tu aies été contente de la vallée de Montmorency, c’est un site très pittoresque, mais c’est au mois de mjuin qu’il est dans son beau. Ma santé est bonne. Je t’aime, embrasse mon fils. Tout à toi.

 

Moscou, 3 octobre 1812.

 

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant le 4e corps de la Grande Armée, à Moscou

Mon Fils, vous avez laissé à l’abbaye en arrière de Mojaïsk deux obusiers de 5 pouces 6 lignes. Je ne sais pas pourquoi vous affai­blissez votre artillerie. Prenez les chevaux des officiers qui ne doivent pas en avoir, et menez avec vous toute votre artillerie. Témoignez mon mécontentement au général   de ce qu’il a laissé ses pièces derrière; cela est contraire à l’honneur militaire : on doit tout laisser excepté ses canons. Il faut aviser au moyen de recompléter ces bat­teries. Je remarque aussi avec peine que son corps est celui qui laisse le plus de chevaux en arrière; il y a 119 voitures qui sont sans atte­lages à Moscou; il faut qu’il prenne des mesures pour les atteler.

 

Moscou, 3 octobre 1812.

A M. Maret, duc de Bassano, ministre des relations extérieures, à Vilna

Monsieur le Duc de Bassano, j’ai reçu vos lettres du 25 septembre.

Nous n’avons rien de nouveau ici ; l’ennemi est dans la direction de Kalouga. Nous tâchons de rétablir un peu d’ordre dans la ville.

 

Moscou, 3 octobre 1812.

Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris

Monsieur Decrès, j’ai jugé à propos d’accorder la retraite au con­seiller d’État Malouet ; vous en recevrez le décret et vous le lui notifierez. Vous lui insinuerez également que mon intention est que sous quinze jours il ait choisi son domicile à quarante lieues de Paris. Vous ne lui laisserez pas ignorer que je suis mécontent de voir qu’après avoir coopéré à la ruine de l’ancienne monarchie il continue, à son âge, par inconduite et folie d’esprit, à se mêler encore d’in­trigues qui ne peuvent avoir aucun résultat, et qui montrent seule­ment que les hommes sont incorrigibles. Comment un homme qui a vécu si longtemps chez les Anglais, et à qui je dois supposer des relations très-étendues dans ce pays, au lieu de reconnaître tous les bienfaits dont je l’ai comblé, de prendre leçon de tout ce qu’il a vu depuis trente ans, au lieu de marcher droit, se mêle-t-il de pratiques et de menées qui ne le regardent pas ? Il est inutile qu’il m’écrive, mais il est indispensable qu’il s’éloigne de Paris.

 

Moscou, 3 octobre 1812.

 

Au général comte de la Riboisière, commandant l’artillerie de la Grande Armée, à Moscou.

Monsieur le Comte la Riboisière, j’ai été visiter aujourd’hui les salles d’artifice; j’y ai trouvé peu d’activité et peu d’ordre. Tous les renseignements que l’on a font connaître que l’ennemi avait 100,000 boulets dans ce parc, et l’on croit qu’il les a jetés dans la pièce d’eau, qui, étant un étang, est facile à dessécher. Il faut donc qu’on tra­vaille avec activité à faire un petit fossé nécessaire pour cela et qu’on retire ces fers coulés. On n’a fait, depuis quinze jours que nous sommes ici, que 10,000 cartouches à boulet. Je désire qu’à dater d’après-demain vous ayez monté cet atelier pour y faire 6,000 coups de canon par jour, qu’on emmagasinera au Kremlin au fur et à mesure qu’ils seront faits.

Indépendamment d’un approvisionnement et demi qu’il faut avoir attelé aux corps d’armée, il faut avoir en réserve un demi-approvi­sionnement attelé.

J’ai été surpris de ne trouver aucun officier supérieur du parc. J’ai vu 200 petits caissons russes ; je désire connaître si vous comptez vous en servir ou non. Dans le cas où ces caissons ne serviraient pas pour l’artillerie, on pourrait les employer pour les transports mili­taires. Le prince Poniatowski se plaint d’avoir 100 caissons de trop, ayant plus d’approvisionnements qu’il ne lui en faut. Je désire savoir combien il a de pièces et combien il a d’approvisionnements : il parait qu’il désirerait qu’on lui ôtât une centaine de caissons pleins.

 

Moscou, 3 octobre 1812.

Au général comte de la Riboisière, commandant l’artillerie de la Grande Armée, à Moscou.

Monsieur le Comte la Riboisière, j’ai lu avec attention vos états de l’artillerie. Je n’ai point compris, dans l’état n° 5, pourquoi vous portez deux fois, en dépôt pour les corps d’armée, à l’abbaye, 4 pièces, et dans les places, à l’abbaye, 24 pièces. Ces 24 pièces sont-elles à l’abbaye ? Pourquoi sont-elles là ? Si l’ennemi s’emparait de l’abbaye, il prendrait donc 28 pièces de canon ? Il résulte de l’état n° 1 que l’artillerie française des 1er, 3e et 4e corps, des réserves de cavalerie et de la Garde serait de 524 pièces, et de l’état n° 5 que, sur ce nombre, il n’y en a que 331 existantes; qu’il y en a 28 à l’abbaye, 47 en route avec les convois et 8 à Moscou, ce qui ferait 414 pièces de canon. Je désire avoir le détail des 28 pièces qui sont à l’abbaye, savoir à quels corps elles appartiennent, si elles ont des attelages et des caissons, et avoir les mêmes renseignements sur les 8 pièces qui sont à Moscou et sur les 47 pièces qui sont avec les convois ; enfin savoir quand ces 83 pièces arriveront.

Il résulte de l’état n° 2 que la Garde a 113 pièces de canon; le 1er corps 86, le 3e corps 33, le 4e corps 70, les réserves de cavalerie 79; total, 381 pièces.

Pourquoi, cependant, n’en portez-vous que 331 à l’état n° 5 ? Ainsi la Garde devrait avoir 208 pièces, elle en a 113, il lui en manque 95; il en manquerait au 1er corps 8, au 3e corps 11, au 4e corps 18, aux réserves de cavalerie 11, ce qui porterait à 48 le déficit du nombre de pièces que les 3e et 4e corps et les réserves de cavalerie avaient à la bataille, et ces corps n’ont obtenu aucune augmentation. Le 3e corps, qui devait avoir 200 caissons, le 4e corps, qui devait en avoir 390, les réserves de cavalerie, qui devaient en avoir 310, n’ont, savoir : le 3e corps que 139 caissons, le 4e corps 310, et les réserves de cavalerie 260, ce qui fait 715 caissons au lieu de 900 : il manquerait donc 185 caissons à ces trois corps, qui n’ont reçu aucune augmentation.

Par l’état n° 2, je vois qu’il y a à l’armée 46 pièces de 12 qui devraient avoir 138 caissons pour avoir un approvisionnement com­plet et qui n’en ont que 113, il manque donc 25 caissons ; qu’il y a 201 canons de 6 qui devraient avoir 402 caissons et qui n’en ont que 312, ce qui fait un déficit de 90 caissons; qu’il y a 10 obusiers de 6 pouces 4 lignes qui devraient avoir 30 caissons et qui n’en ont que 24 ; qu’il y a 92 obusiers de 5 pouces 6 lignes qui devraient avoir 184 caissons et qui n’en ont que 172; qu’ainsi, pour avoir l’approvisionnement complet de 349 pièces, il manquerait 133 cais­sons. Ainsi, au lieu d’avoir à Moscou un double approvisionnement, savoir : un et demi attelé avec les corps d’armée et un demi en réserve, je n’ai pas même un approvisionnement.

Dans l’état n° 5 on ne voit pas si les 194 caissons qui sont à Moscou aux dépôts des corps d’armée sont pleins ou vides. Ces états ne me paraissent donc pas aussi clairs que je désirerais. Je désirerais que vous me fissiez dresser un état qui me fit connaître, 1° la quantité de pièces de canon attelées qui sont avec chaque corps, 2° la quan­tité des caissons attelés qui sont avec chaque corps, 3° le nombre des pièces et des caissons non attelés qui sont à l’abbaye, 4° la quantité de munitions sans caissons, avec l’indication des lieux où elles se trouvent, afin que je voie, si je devais marcher à l’ennemi, le nombre de pièces que j’aurais en batterie, la quantité de munitions que j’aurais à consommer, enfin ce que j’aurais à Moscou pour les rem­placer. Cette ignorance où je suis de la situation de mon artillerie influe beaucoup sur les opérations actuelles. Si je n’ai pas un appro­visionnement attelé, je ne peux pas être satisfait de voir si peu d’ac­tivité dans les ateliers de confection.

 

Moscou, 3 octobre 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Moscou.

Mon Cousin, le bataillon de Bade qui arrive à Vitebsk et qui doit arriver à Smolensk fera partie de la 26e division et rejoindra les troupes de Bade.

La 28e division sera composée de trois brigades, savoir : 1e bri­gade, 6 bataillons des 4e, 7e et 9e régiments polonais; 2e brigade, 4 bataillons saxons de Low et de Rechten ; 3e brigade, 2 bataillons du 8e régiment westphalien et 2 bataillons de Hesse-Darmstadt qui arriveront à Smolensk, ce qui portera cette division à 14 bataillons.

Par ce moyen, le 9e corps sera composé de trois divisions, la 1e de 16 bataillons, la 2e de 14 bataillons, la 3e de 14 bataillons; total, 44 bataillons. Il est nécessaire qu’il y ait trois généraux de brigade par division.

Faites-moi connaître la composition de l’artillerie de ces divisions, qui, indépendamment des pièces de régiment, doivent avoir : la 12e division, une batterie d’artillerie à pied et une à cheval; la 26e division, 14 pièces d’artillerie de Berg et 8 de Bade, et la 28e divi­sion, indépendamment de l’artillerie polonaise, 14 pièces à pied et à cheval. Il serait nécessaire d’organiser à ce corps de réserve une ou deux batteries de pièces de 12.

 

Moscou, 4 octobre 1812.

Au général comte de la Riboisière, commandant l’artillerie de la Grande Armée, à Moscou.

Mon Cousin, donnez ordre au général Marchand de partir, à cinq heures du matin, demain, avec un millier d’hommes du 3e corps, infanterie, cavalerie, artillerie, pour se rendre sur la Moskova ; d’y faire construire une bonne redoute et retrancher une maison comme poste d’observation, sous les ordres d’un capitaine intelligent et ferme, qui puisse tous les jours rendre compte de ce qui se passe. Il pourra séjourner là jusqu’à ce que ce poste soit en état de défense et approvisionné pour plusieurs jours. Il sera nécessaire que des patrouilles de cavalerie aillent fréquemment jusque-là.

 

Moscou, 4 octobre 1812, 2 heures du matin.

 

Ma chère Louise.

 

J’ai reçu ta lettre du 16 septembre, où tu me dis tant de bien du petit roi. J’ai appris avec plaisir que tu étais bien portante et tranquille. Je te prie d’être gaie si tu veux me plaire, car je ne pourrais pas supporter l’idée que tu es triste et inquiète. Nous nous verrons un mois plus tôt ou plus tard, cela me tarde autant qu’à toi, car tu ne doutes pas que je ne t’aime beaucoup et que mon bonheur est d’être près de ma bonne Louise. Embrasses trois fois le petit roi, aimes-moi et ne doute jamais.

 

Moscou, 4 octobre 1812, 11 heures du soir.

 

Ma bien bonne Louise. J’ai lu avec plaisir ta lettre du 17 septembre. Tu dis que le nouvel opéra est bien beau. Pourquoi n’y as-tu pas été. Il t’aurait amusé. Fait donner une gratification, quand tu iras, à l’auteur des paroles, de la musique et du ballet, si toutefois tu en es contente. Ma santé est bonne. Il fait ici le temps de la Saint-Martin pour le froid et beau soleil. Tout à toi.

 

Moscou, 5 octobre 1812.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, j’ai demandé deux cents chirurgiens : je suppose que le ministre de l’administration de la guerre les a mis en route. Veillez à ce qu’ils arrivent, car ils sont ici d’une grande nécessité.

 

Moscou, 5 octobre 1812.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, par les dernières dispositions prises cette année, la garnison des vaisseaux doit être fournie par la marine. Dans la levée que j’ai ordonnée pour la marine, j’ai en conséquence affecté 6,000 hommes à cette destination : la marine pourrait donc rendre la plupart des compagnies de garnison qu’elle a, ce qui four­nirait un secours de 6,000 soldats qui ne serait pas indifférent. Discutez cela avec le ministre de la marine, afin de voir à en former deux colonnes d’élite, qu’op dirigerait sur la Grande Année pour remplacer les cadres; car il y a une bien grande économie à employer des hommes faits, dans une guerre aussi lointaine.

 

Moscou, 5 octobre 1812.

Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Duc de Feltre, j’ai quatre régiments étrangers allemands : deux sont en Italie et y sont utiles; deux, je crois, sont en Hollande. Si ces régiments étaient bien composés et qu’on pût s’y fier, on pourrait les faire venir et les préparer l’hiver pour pouvoir, au mois de février, se mettre en marche pour la Pologne. Faites-moi un rapport là-dessus. J’entends dire en Hollande beaucoup de bien d’eux, il faudrait seulement avoir soin de n’y laisser aucun Russe, à moins qu’il ne fût né en Pologne. Ces troupes, aujourd’hui, sont inutiles en Hollande, puisque les cohortes suffisent pour la garde de l’intérieur.

Il faudrait que ces régiments fussent bien habillés, que le nombre des officiers fût complété, et, ensuite, qu’on prit quelques précau­tions pour leur faire traverser l’Allemagne. Mais je vous ferai con­naître mes intentions ultérieurement et quand j’aurai reçu votre rapport.

 

Moscou, 5 octobre 1812.

NOTE DICTÉE PAR L’EMPEREUR AU PRINCE EUGÈNE.

La division Grenier, qui doit se réunir le 1er novembre à Vérone, sera composée de trois brigades, savoir : deux brigades françaises et une brigade italienne.

le brigade: quatre bataillons du 22e léger, deux bataillons du 1er léger;

2e brigade : quatre bataillons du 112e de ligne, deux bataillons du 6e de ligne;

3e brigade : quatre bataillons du 5e régiment de ligne italien, un bataillon du 1er de ligne, un bataillon du 2e léger italien.

Chaque régiment aura son artillerie régimentaire; on prendrait, pour ceux qui n’en auraient pas, l’artillerie des corps qui restent en Italie.

Chaque bataillon français sera porté à 900 hommes et chaque bataillon italien à 1,000 hommes; de cette manière, on suppose qu’ils arriveront sur l’Oder au complet de 840. Mais, pour porter les bataillons français à 900 hommes, il serait nécessaire de retirer des cinq dépôts français qui sont en Italie le nombre d’hommes néces­saire pour compléter les bataillons des 6e et 112e de ligne, et, comme il n’y a point d’infanterie légère en Italie, on prendra tout ce qui sera disponible dans le dépôt du 3e léger, qui est à Parme, et même dans le bataillon du 8e léger, qui est en Illyrie, s’il n’est pas trop loin. Enfin, si cela est nécessaire, on laisserait un cadre de bataillon du 22e léger.

Les bataillons italiens seront complétés à 1,000 hommes par le moyen des dépôts des autres corps qui existent dans le royaume.

Un régiment de cavalerie italienne, le 4e de chasseurs, complété à 1,000 chevaux, sera attaché à cette division.

Indépendamment de l’artillerie régimentaire, il y aura trois bat­teries d’artillerie, savoir : une batterie d’artillerie à pied française, une batterie à pied italienne, une à cheval italienne; total, vingt-deux pièces, obusiers ou pièces de 6, et huit ou dix pièces de 3 ; ce qui fera de trente à trente-deux bouches à feu. On y joindra le nombre de caissons d’infanterie nécessaire.

On attachera à cette division une compagnie de sapeurs italiens avec ses outils, et une compagnie de la marine de Venise, complétée à 120 hommes.

On organisera dans le dépôt du 9e bataillon de transports français une compagnie pour atteler 100 voitures à la comtoise, et il en sera organisé une pareille dans les dépôts de transports italiens.

Le ministre de la guerre de l’Empire enverra des modèles de voi­tures à la comtoise pour les faire construire, soit à Vérone, soit à Venise, à moins qu’il ne juge plus convenable de faire construire les toitures à Nuremberg, et même d’y faire acheter les chevaux, s’ils n’existent pas aux dépôts de transports.

Les divisions d’artillerie, à l’exception de celle régi ment a ire, pour­ront emmener leurs chevaux haut le pied, et ne prendre leur maté­riel qu’à Glogau, où le ministre de la guerre aura soin de l’y faire trouver.

Il sera affecté, dans cette division, deux chirurgiens par bataillon et une ambulance par brigade.

Il sera donné quatre moulins portatifs par bataillon et douze moulins en réserve de la division. Un modèle bien confectionné sera envoyé sur-le-champ par le ministre de la guerre de l’Empire à Vérone et à Venise, pour qu’il en soit construit.

L’intention de l’Empereur est que cette division, qu’on peut consi­dérer comme un corps d’armée, se mette en mouvement, de Vérone, de manière à passer le Brenner dans les premiers jours de décembre. Ce corps marcherait par brigades et serait dirigé, pour y être can­tonné jusqu’à nouveaux ordres, sur Nuremberg, Bamberg et Augsburg.

Tout ce qui manquerait à l’organisation entière de ce corps, soit en matériel, soit en personnel, comme chirurgiens, soldats du train, etc., serait, par les soins du ministre, complété en Bavière ou en Silésie, où il est probable que cette division passera plusieurs mois de l’hiver.

 

Moscou, 5 octobre 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Moscou.

Mon Cousin, le mémoire de l’intendant général me paraît erroné; j’ai peine à croire qu’il faille quarante-cinq jours pour évacuer les blessés qui se trouvent à Mojaïsk, au couvent et à Ghjatsk ; car je remarque que, dans ces quarante-cinq jours, en ne faisant rien, partie guérira, partie mourra; il n’y aurait donc que le surplus à évacuer, et l’expérience prouve que, trois mois après une bataille, il ne reste pas le sixième des blessés ainsi, en comptant sur 6,000, il n’en resterait au bout de trois mois que 1,000 à transporter. Mon intention est de rester maître de ma ligne d’opération et de faire évacuer mes blessés. Vous prescrirez de distinguer en deux classes ceux qui sont au couvent et à Mojaïsk : d’abord ceux qui peuvent guérir dans un mois et qui s’évacueraient eux-mêmes; ceux dont les chi­rurgiens augurent mal el qu’on peut également laisser à l’hôpital, puisque le transport ne ferait qu’aggraver leur situation; enfin ceux qui, ayant besoin de deux ou trois mois pour se rétablir, sont cepen­dant susceptibles d’être évacués sans inconvénient ou qui, étant amputés, ne peuvent marcher, et qu’il faut évacuer sur Smolensk. Mon intention n’est pas que le peu de charrois que j’ai ici, et qui montent à 800 ou 900 voitures, soient envoyés sur les derrières. J’ai déjà consenti à ce que tout ce qui viendrait de Smolensk fût employé aux évacuations, ainsi que toutes les voitures qu’on pourra se procurer. Vous donnerez l’ordre que les 1er, 3e, 4e et 8e corps envoient 200 voitures pour concourir à cette opération, savoir : le 1er corps, 60 voitures; le 3e  40; le 4e 60; le 8e 40. On prendra aussi toutes celles qui existent au dépôt de cavalerie de Mojaïsk.

Les voitures que doivent fournir le 1er et le 3e corps partiront demain et après-demain : elles seront chargées de farine, d’eau-de-vie, de vin, de médicaments, qui seront envoyés à Mojaïsk et sur­tout au couvent. Le général Ornano les fera escorter. Faites en sorte que ces convois partent en règle et portent à ces hôpitaux les secours qui leur sont si nécessaires. On commencera l’évacuation par les officiers.

Témoignez mon mécontentement à l’ordonnateur qui est à Mojaïsk, aux commissaires des guerres et agents de l’administration qui sont au couvent, et qui n’écrivent jamais pour faire connaître la situation de leurs hôpitaux. Enfin envoyez un officier et un agent de l’admi­nistration pour connaître exactement le nombre des malades à Mojaïsk, au couvent, et jusqu’à Viazma, afin que dans toutes les circonstances je puisse connaître le sacrifice qu’il y aurait à faire si les opérations amenaient l’abandon de ces établissements.

Il faut que les états distinguent les malades en officiers, sous-offi­ciers et soldats.

 

Moscou, 6 octobre 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Moscou.

Mon Cousin, ayant pourvu à ce que le duc d’Abrantès et le général Baraguey d’Hilliers aient les hommes nécessaires pour être maîtres du pays tout à l’entour, mon intention est que les effets s’ensuivent. Vous chargerez, sous sa responsabilité, le duc d’Abrantès de faire évacuer tous les blessés sur Viazma, et le général Baraguey d’Hilliers de les faire évacuer de Viazma sur Smolensk. A cet effet, le duc d’Abrantès et le général Baraguey d’Hilliers feront battre le pays à dix lieues à la ronde, et ramasser un bon nombre de voitures pour pour­voir aux dites évacuations. On pourra aussi y employer les transports militaires qui arriveront jusqu’à Mojaïsk, et qui ne seraient pas chargés d’effets d’habillement et d’hôpitaux, mais seulement de farines. On emploiera les farines pour le service des hôpitaux et des étapes, et les voitures feront un voyage pour aider les évacuations de Mojaïsk, de Rouza et de l’abbaye, jusqu’à Viazma. Ainsi, les ordres de retenir les voitures des équipages militaires ne doivent être donnés qu’au duc d’Abrantès et à l’adjudant commandant Simonin, qui com­mande à l’abbaye. Ceux-ci emploieront les voitures jusqu’à Viazma, et ensuite les voitures reviendront à vide de Viazma à Moscou. Faites connaître à l’intendant ces dispositions qui modifient les ordres qu’il a donnés. Enfin, quelque chose qui arrive, mon intention est que d’ici à huit jours il n’y ait pas un blessé à Rouza, à l’abbaye, à Mojaïsk et à Ghjatsk ; faites connaître aux généraux que cela est de la plus haute importance.

 

Moscou, 6 octobre 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Moscou.

Mon Cousin, le duc de Trévise demande des vivres pour les em­ployés de la police ; il en demandera pour les enfants trouvés ; il en demandera pour les Russes qui sont aux hôpitaux ; il en demandera pour les habitants malades, etc.; toutes ces demandes sont fort lé­gitimes, mais nul n’est tenu à l’impossible. Il faut que la municipalité forme une compagnie russe qui se rendra par détachements dans les villages et rapportera des vivres en les payant ; l’intendant accordera l’argent nécessaire sur les fonds que j’ai mis à sa disposition. On formera ici, à la municipalité, un magasin qui sera destiné pour la ville et approvisionné ainsi qu’il vient d’être dit. Cette compagnie pourra s’appeler compagnie de police; et, si cela réussit, on pourra en former trois ou quatre autres semblables, lesquelles parcourront les environs et feront arriver ici, en payant, tout ce qui est nécessaire aux habitants et surtout aux hôpitaux. Voilà le seul moyen de suffire à tout; parlez-en au sieur Lesseps (Barthelemy de Lesseps – Préfet de Moscou), et qu’on ne perde pas un moment.

 

Moscou, 6 octobre 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Moscou.

Mon Cousin, faites connaître au duc d’Elchingen que j’approuve qu’il réunisse tout son corps à Bogorodsk; qu’il organise parfaitement ce district ; qu’il tâche de lever quelques chevaux pour sa cavalerie légère; qu’il y a un régiment de marche à pied pour garder le Kremlin; que, s’il avait des chevaux, on lui enverrait des hommes avec leurs selles, pour les monter; qu’il doit engager les gens du pays â venir au marché à Moscou; que tout sera payé comptant; qu’ils apportent de l’avoine, des fourrages et des vivres; qu’il doit éviter toute échauffourée, ne point souffrir que les troupes aillent au ma­raudage, puisqu’il peut se faire apporter par les paysans.

Vous lui donnerez l’ordre de laisser une garnison, avec un officier supérieur, au couvent de Moscou, pour former le dépôt de son corps d’armée; qu’il dirige de la farine et du biscuit sur ce couvent, de sorte que, lorsque son corps reviendra à Moscou, il trouve là des vivres pour six mois. Il faut qu’il se mette en mesure de pouvoir éva­cuer en vingt-quatre heures sans rien perdre; qu’il doit donc mettre au couvent ses hommes inutiles, ses convois, ses magasins de vivres; qu’aujourd’hui qu’il a 80,000 rations de biscuit il doit sentir l’impor­tance de ne pas les consommer; qu’il est donc nécessaire qu’il les dirige sur son couvent, qui sera son chef-lieu.

 

Moscou, 6 octobre 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Moscou.

Mon Cousin, faites partir demain un de vos aides de camp pour Mojaïsk, et donnez ordre au duc d’Abrantès et à l’ordonnateur qui doit se trouver à Mojaïsk de se réunir avec lui pour former une com­mission et visiter les hôpitaux de cette ville, de l’abbaye et des environs. Ils seront accompagnés de l’officier de santé le plus élevé en grade, et classeront tous les malades sous trois titres : 1° ceux qui peuvent marcher ou qui, blessés légèrement, pourront guérir en quinze jours; 2° ceux qui ne seront guéris que dans deux ou trois mois; 3° ceux qui sont amputés et hors d’état de servir, et ceux qui mourront de leurs blessures.

On distinguera dans cet état, qui sera fait par corps et nominatif, les officiers et les soldats. Comme il faudra peut-être plusieurs jours pour le dresser, votre aide de camp vous écrira journellement par l’estafette. De là, il se rendra à Rouza pour y faire, avec le comman­dant, la même opération; il portera au duc d’Abrantès et à l’adjudant commandant Simonin les ordres d’évacuation et l’autorisation d’ar­rêter les voitures.

 

Moscou, 6 octobre 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Moscou.

Mon Cousin, envoyez au duc de Bassano la lettre de Varsovie du 25 septembre en lui faisant connaitre combien peu fait le gouverne­ment du Grand-Duché, et la nécessité qui le stimule.

 

Moscou, 6 octobre 1812.

Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Moscou.

Mon Cousin, faites connaître au général Ornano que sa corres­pondance n’est pas satisfaisante, qu’il doit toujours faire connaître le nombre d’hommes qu’il envoie en escorte ; que le mot détachement ne signifie rien ; que, s’il avait envoyé une force convenable, il aurait rossé les Cosaques. Donnez ordre au générai Broussier et à lui de former trois gros partis de cavalerie et d’infanterie, commandés par des officiers intelligents, pour tendre la nuit des embuscades aux Co­saques dans les lieux où la route peut être le plus facilement inter­ceptée ; qu’ils doivent faire reconnaître les lieux où ils se tiennent et les attaquer. Recommandez au général Ornano d’envoyer des rapports très-détaillés tous les jours et tous les renseignements qu’il prend.