Correspondance de Napoléon – Octobre 1803

Saint-Cloud, 11 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Il est nécessaire, Citoyen Ministre, d’établir un ordre particulier pour les garnisons que doivent avoir les péniches, lorsqu’elles vont de port en port. Il faudrait que ces bâtiments ne partissent jamais qu’avec des chaloupes canonnières ou des bateaux canonniers; et alors il suffirait de mettre dix hommes de plus sur les chaloupes ou bateaux canonniers, lesquels formeraient ce qui serait nécessaire pour faire marcher la péniche.

Ce qu’il me paraît le plus nécessaire de fournir à l’armement de la péniche, ce sont des barils d’eau; sans quoi, si cet approvisionnement n’était pas fourni sur toute la côte, nous aurions, je crois, de la difficulté pour nous en procurer au point de réunion.

Du reste, il n’est point nécessaire que les péniches, non plus que les chaloupes et bateaux canonniers, aient, pour partir, tous les objets qu’indiquent les états; par exemple, le bateau canonnier n’a pas besoin d’avoir la pièce de campagne qu’il ne doit prendre qu’au point de réunion; également, ils n’ont point besoin de fusils de rechange, et il suffit qu’ils aient assez de cartouches pour en fournir cent à chacun des 25 ou 26 hommes qui s’y trouvent.

Je donne l’ordre au ministre de la guerre de faire diriger sur Boulogne cent cinquante pièces de 3 avec les boulets nécessaires. Je donne également l’ordre de mettre, à Dunkerque, vingt-sept pièces de 3 à la disposition de la marine, et qu’il en envoie cinquante à Ostende. Ces pièces serviront à armer les demi-péniches. Il faut ordonner à Dunkerque qu’on commande les affûts tournants pour ces petites pièces. La guerre fournira également une centaine de pièces à la Rostaing.

Il serait convenable qu’on établît à bord des péniches une tente pour mettre à couvert les hommes qui y seraient placés; car, comme l’observe le préfet maritime de Rochefort, il serait impossible que ces hommes traversassent dans la mauvaise saison cent lieues de côtes sans aller tous à l’hôpital en chemin.

 

Saint-Cloud, 11 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès

Donnez l’ordre, Citoyen Ministre, que les bateaux canonniers appelés l’Ostende, le Ferme,qui sont à Ostende, se rendent à Boulogne;

Aux bateaux canonniers 1, 2, 3, 4, qui sont à Flessingue, de se rendre de suite à Boulogne. Les bateaux de Nieuport seront remplacés par une corvette de pèche, armée.

Les bateaux canonniers, par leur construction, ne peuvent pas être de service, ni à Ostende, ni à Flessingue. Les bateaux hollandais et les corvettes de pêche y feront le service de préférence.

Je vois avec peine que l’on met des pièces de 18 sur les bateaux canonniers, qui doivent avoir du 24.

Donnez l’ordre que les sept bateaux canonniers de la 1e division, et qui sont armés avec un mortier de la petite portée, le soient avec un mortier à grande portée.

 

Saint-Cloud, 11 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès

Nos constructions me paraissent tellement bien aller dans les ports, que je pense qu’il est inutile d’en continuer de nouvelles dans l’intérieur. Faites-moi un rapport, vendredi, sur toutes les constructions qu’ont proposé de faire les différentes communes et associations de citoyens, afin de désigner, par un arrêté général, le lieu où ils doivent verser les sommes qui y étaient destinées, étant tout à fait inutile de permettre qu’on commence des constructions qui ne seraient jamais finies et qui coûteraient fort cher, pendant qu’elles peuvent être faites si rapidement et si bien dans les ports.

 

Saint-Cloud, 11 octobre 1803

DÉCISION

Le ministre de la marine transmet une lettre de l’amiral Bruix qui demande six lettres de marques Mon intention est conforme à la  lettre de l’amiral. On peut d’abord lui en adresser trois, pour de petits bâtiments, très-bons marcheurs, destinés à aller sur les côtes d’Angleterre et nous amener des prisonniers anglais, afin d’être au fait de ce qui se passe en Angleterre.

 

Saint-Cloud, 12 octobre 1803

NOTES POUR LE MINISTRE DE LA GUERRE

D’après le rapport du général Dejean, cinquante soldats ont été fournis pour charretiers. Écrire aux généraux commandant en chef du camps que cette mesure est très-mauvaise.

Le ministre de la guerre fera connaître au général Ney que, par L’acte de médiation, il a été stipulé que le Premier Consul retirerait les troupes françaises après la tenue de la diète. La diète a terminé ses séances, et le Premier Consul est dans l’intention de retirer les troupes; mais, avant qu’il leur soit ordonné de se mettre en marche, il a désiré que le général Ney fût consulté sur cet objet.

 

Saint-Cloud, 12 octobre 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE ler. – Il sera construit, sans délai, à Saint-Germain, pour protéger le havre de Saint-Germain, département de la Manche, une batterie composée de trois pièces de gros canon.
ART. 2. – Il sera établi une autre batterie de deux grosses pièces de canon à Surtainville.
ART. 3. – Ces pièces seront en batterie et prêtes à faire feu avant le 5 brumaire.
ART. l. – Le ministre de la guerre est chargé de l’exécution du présent arrêté.

 

Saint-Cloud, 12 octobre 1803

Au général Marmont, commandant le camp de Bruges

Citoyen Général Davout, je désire que vous vous fassiez rendre compte de la prise du sloop, que je regarde comme un événement important, vu que, si les ordres avaient été exécutés, il n’aurait pas été pris. Tenez constamment six escadrons de cavalerie sur l’estran, depuis Ostende jusqu’à Calais, afin que tout bâtiment qui s’échouerait sur la plage soit sur-le-champ protégé par un grand nombre d’hommes qui le mettraient à l’abri des insultes des péniches anglaises.

L’officier général ou supérieur que vous avez nommé inspecteur de la côte doit être tout le jour à cheval; il doit, toutes les semaines, avoir fait faire l’exercice à toutes les batteries de côte; il doit même exercer la cavalerie aux manœuvres du canon, afin que des compagnies puissent se porter aux batteries attaquées, augmenter le nombre des servants. Choisissez de préférence de vieux soldats, qui sont nécessairement plus de sang-froid et de courage que de nouvelles levées. C’est par de semblables mesures que, sur la côte de Normandie, nous n’avons plus d’exemple de semblables événements; des pièces de canon et des détachements de cavalerie sont en mesure de se porter au galop sur tous les points attaqués.

J’ai appris par votre lettre qu’il n’y avait encore aucune division de corvettes de pêche à Ostende. Il n’y a pas d’excuse à tant de lenteur. Concertez-vous avec le général Émériau pour que, au 1er brumaire, cinquante-quatre corvettes soient armées et en état de tenir la mer.

Veillez à ce que les corps de garde et les signaux des garde-côtes soient organisés et dans le meilleur état. Si vous n’avez point d’avirons, que le général Émériau voie si le commerce peut en procurer; qu’il en achète sur-le-champ. Qu’il fasse, s’il le faut, ralentir les pénibles et les petits bâtiments. Il faut que, le 1er brumaire, il y ait cinquante-quatre bateaux de pêche installés avec des pièces de 24. Il n’y a qu’à établir des coulisses sur chaque bateau , si l’on croit des coulisses indispensables.

Berthier part demain pour faire une tournée sur la côte. Faites manœuvrer un peu vos troupes; qu’elles soient exercées aux manœuvres que le général Bessières a dû vous envoyer. Établissez-les sur les carrés qui ont été donnés. A ma prochaine revue, je ferai manœuvrer les troupes en grand, quelque temps qu’il fasse.

 

Saint-Cloud, 12 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Je vous renvoie, Citoyen Ministre, les états et la correspondance que vous m’avez envoyés.

J’y vois que le préfet maritime de Brest propose d’arranger les coulisses des bateaux de manière que les affûts marins puissent servir sans recourir à de nouveaux affûts, ce qui n’est qu’une différence de trois pouces.

J’y vois que la commission dit qu’elle n’a reçu aucun ordre pour l’expédition des bateaux de Terre-Neuve. Ils seraient cependant bien utiles à Boulogne. Donnez ordre qu’on en expédie le plus possible.

Je vois dans la correspondance du capitaine Jacob que, dans le 5e arrondissement, il y a onze bâtiments de commerce d’achetés. Donnez ordre qu’on les fasse partir de suite pour Boulogne.

 

Saint-Cloud, 12 octobre 1803

A l’amiral Bruix, commandant la flottille de Boulogne

Citoyen Amiral Bruix, j’ai reçu un projet du génie pour faire à Wimereux un port pareil à celui  d’Ambleteuse; mais, pour des opérations de cette nature, ma confiance repose plus spécialement sur vous et sur Sganzin. Envoyez-m’en un projet avec l’estimation. Si Sganzin a trop d’ouvrage, le génie, qui a un grand nombre d’officiers sur la côte, pourra s’en charger.

Faites-moi connaître si vous êtes dans la pensée qu’Étaples, Boulogne, Ambleteuse et Wimereux sont soumis au même vent, qu’il y règne en général le même temps, et que de ces quatre ports on pourra sortir à la fois par un même vent et dans les mêmes circonstances. Enfin, pour vous rendre mon idée, je me figure que ces quatre ports me produisent le même effet que s’ils étaient à un quart de lieue de Boulogne. Si, dans cette manière de voir, je me trompe, faites-le moi sentir, et faites-moi connaître si un temps pourrait offrir des chances favorables pour sortir d’un de ces ports, qui ne le fussent pas pour les autres.

Les Hollandais étant sur le point d’avoir à l’eau 100 chaloupes canonnières et 250 bateaux plats de haut bord, je compte les réunir aux corvettes de pêche d’Ostende, et ne faire de cela qu’une seule opération, ce qui me mettrait à même de réunir à Boulogne, Étaples, Ambleteuse et Wimereux, au moins les quatre cinquièmes des forces de toutes les flottilles dont je vous ai envoyé l’état.

J’ai envoyé à Soult un exercice pour apprendre à nager. Je le ferai imprimer dès que j’aurai toutes les observations des ports qu’il vous donnera lieu de faire. Rédigez-moi un pareil projet d’exercice pour un bateau canonnier et pour une chaloupe canonnières.

J’ai été fâché de voir que le capitaine Saint-Haouen ait eu une autre destination. Il avait appris à connaître le personnel et le matériel de sa division. En général, il est nécessaire de ne pas changer, à moins de mécontentement, les officiers et les hommes qui sont ensemble, comme je fais pour les bataillons.

Nos constructions s’achèvent partout. Je compte, au ler frimaire, réunir à Boulogne 2,000 ouvriers, partie de nos ports et partie de l’intérieur. Faites-moi connaître où vous les placerez et les lieux où ils travailleront. Je n’ai pas besoin de vous dire ce que nous en ferons. Ils seront constamment employés aux aménagements et aux réparations des nombreuses avaries qu’éprouveront les bâtiments; car, lorsque je serai sur la côte, il faudra que le temps soit bien gros pour qu’une division ne sorte pas.

Nous avons à Lorient, Nantes et Bordeaux , une grande quantité de bâtiments de toute espèce; faites-moi connaître les difficultés et les retards que pourront apporter ces difficultés, dans la saison où nous sommes, à doubler la pointe de Brest.

La division de Granville vient de doubler le cap de la Hague.

Dans les états de situation qui m’ont été remis de la division du capitaine Saint-Haouen, qui est, je crois, la le, j’ai vu qu’il y avait sept bateaux canonniers armés de mortiers. On m’assure que les bois qui soutiennent ces mortiers ont besoin d’être renouvelée tous les trois mois; s’ils sont à petite portée, ils ne vont pas à plus de 1,000 ou 1,100 toises, ce qui est très-peu de chose. Il faudrait voir si l’on ne pourrait pas y substituer, ou des mortiers à la Gomer, qui iraient à 1,500 toises, ou même des mortiers à plaque, qui iraient à 2,000.

Je désirerais aussi que vous me fissiez connaître si une opération peut être combinés entre Ostende et Flessingue, c’est-à-dire si des vents qui permettent à des bâtiments de la nature de ceux de la flottille de sortir de l’Escaut leur permettraient aussi de sortir d’Ostende.

Il me paraît que, de l’embouchure de l’Escaut aux côtes d’Angleterre, il y a un tel éloignement, qu’on ne peut se servir de péniches, ni de bateaux canonniers. Voici comme je conçois cette seconde opération ; je voudrais composer cette expédition de deux bonnes frégates françaises que nous y avons, d’un vaisseau et de deux frégates hollandaises, que les Hollandais pourront nous procurer, de 100 chaloupes canonnières hollandaises de la force des nôtres, de 108 corvettes de pêche d’Ostende, armées d’une pièce de 24, s’il est nécessaire, de 54 de nos chaloupes canonnières, de 250 bateaux plats hollandais et de 100 bateaux de pêche de notre flottille de transport; ce qui porterait fort bien une armée de 40,000 hommes. Elle partirait un soir avec un temps opportun, disparaîtrait dès lors aux croisières que l’ennemi aurait pu placer, et qui ne peuvent d’ailleurs, dans le mois de janvier, serrer la côte, extrêmement dangereuse pour de gros bateaux; notre flottille ne leur permettrait pas de le faire avec des petits.

Ayant fait, dans la nuit, douze ou quinze lieues au large, ayant quatre frégates et un vaisseau de guerre et des bâtiments, armés de cinq à six cents pièces de canon, il me semble que cette flottille aurait de grandes chances pour arriver où l’on voudrait; bien entendu qu’on voudrait deux ou trois points différents, selon les vents qui viendraient à régner le lendemain de son départ.

Pour cette opération, faut-il que tout parte de Flessingue ou d’Ostende, ou la moitié doit-elle partir de Flessingue et la moitié d’Ostende, sauf à faire la jonction à un point déterminé ? Peut-on se flatter qu’un armement aussi considérable, dans une rade aussi mauvaise que celle d’Ostende, ne courra point de danger, au que, en s’enfermant dans ce port, il pourra en sortir dans le temps convenable? Enfin les glaces ne feraient-elles pas courir de grandes chances à toute cette expédition ? Enfin quel est le maximum des bâtiments qu’on pourrait placer à Boulogne, Ambleteuse, Wimereux et Étaples ?

 

Saint-Cloud, 12 octobre 1803

Au citoyen Portalis, conseiller d’État, chargé de toutes les affaires concernant les cultes

Le Premier Consul désire, Citoyen, que vous invitiez M. l’archevêque de Paris à faire venir chez lui l’abbé de Damas, afin de savoir pourquoi cet ecclésiastique ne porte pas l’habit de son état.

 

Saint-Cloud, 13 octobre 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

J’ai été fort surpris d’apprendre, Citoyen Ministre, que le ministre d’Espagne a eu l’indécence de disputer le pas au ministre de France à Florence. Faites-moi connaître si le général Clarke a écrit quelque chose à ce sujet. Mon intention est que, sous quelque prétexte que ce soit, il ne laisse subsister une si ridicule prétention.

Derville, chargé d’affaires de la République à Lucques, paraît avoir demandé de l’argent et avoir fait plusieurs autres demandes tellement ridicules qu’il a eu l’affront d’essuyer un refus dont probablement il ne s’est pas plaint. Il a demandé une diaria, une maison, voiture, etc. Je n’ai pas besoin de vous faire observer l’inconvenance d’une pareille conduite. Faites-le venir sur-le-champ à Paris pour en rendre compte.

 

 Saint-Cloud, 12 octobre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Le chef de brigade Lahoussaye, Citoyen Ministre, a très-bien fait de ne point souffrir qu’on disposât de l’artillerie mobile pour tout autre service que celui de la côte. Recommandez-lui de veiller à ce que la batterie qu’il demande à l’entrée du havre de Saint-Germain soit placée sans délai, et qu’il soit ajouté à la batterie de Surtainville deux autres pièces de 36.

Donnez ordre qu’il soit placé un poste d’infanterie à cet endroit.

 

Saint-Cloud, 14 octobre 1803

DÉCISION

Chanson intitulée : Invitation à partir pour l’Angleterre. Cette chanson est copiée sur papier du grand juge. Il est convenable de connaître  l’auteur de cette chanson ; quoiqu’elle paraisse faite dans des intentions louables, l’autorité de police ne doit être étrangère à aucun mouvement.

Saint-cloud, 14 octobre 1803

ARRÊTÉ

ARTILE ler. – Un buste en marbre de Jean Bart sera placé dans la grande salle de l’hôtel de ville de Dunkerque, patrie de ce brave marin.
ART. 2. – Le ministre de l’intérieur est chargé de l’exécution du présent arrêté.

 

Saint-Cloud, 14 octobre 1803

DÉCISION

Le ministre de la guerre annonce que l’ambassadeur hollandais Schimmelpenninck demande, au nom de son Gouvernement, à recruter 400 hommes dans le Hanovre. Le ministre de la guerre autorisera non-seulement le recrutement de 400 hommes pour la Hollande, mais d’un plus grand nombre encore.

 

Saint-Cloud, 14 octobre 1803

DÉCISION

Le ministre de la marine fait un rapport au sujet de la construction des navires offerts par les communes et par différentes associations de citoyens. Le ministre écrira dans les dépôts à Liège, Strasbourg, Colmar, Namur, que, vingt-quatre heures après la réception du présent ordre, on ait à dresser procès-verbal des bâtiments qui sont sur le chantier en bois debout, et de ceux qu’on a le projet d’y mettre.

Les premiers seront achevés dans le plus court délai, et il est défendu d’en mettre d’autres. On mentionnera les matériaux reconnus déjà existants dans le port et qui seraient suffisants pour achever les constructions commencées. Le surplus sera envoyé dans les ports aux prix courants. Le ministre fera sentir, dans sa lettre, que les bateaux qui ne seraient pas en bois debout seraient faits trop tard, et que le Gouvernement a dans les ports tout ce qu’il faut pour y pourvoir.

 

Saint-Cloud, 15 octobre 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, des interrogatoires qu’a fait subir le préfet de police à quatre brigands qu’il a fait arrêter. Des renseignements que j’ai d’ailleurs me portent à penser que ces misérables tiennent à Paris à des comités qui correspondent avec des agents de l’Angleterre et cherchent à les agiter dans leur sens.

Faites mettre les deux individus les plus compromis par ces rapports en galbanum à Bicêtre, au secret. Faites-les interroger sur les comités où ils se réunissent; faites-les interroger aussi de différentes manières pour connaître les individus qui composent ces comités et sur ceux qui cherchent à les agiter. Je désire que cette affaire soit suivie avec un peu d’intelligence. Faites observer la conduite de l’ancien tribun Alexandre.

Faites réunir par la police secrète les renseignements qu’on pourrait avoir dans les bureaux sur les individus de cette classe, et sur les individus déportés par le sénatus-consulte du 14 nivôse, qui sont rentrés en France. Quelques-uns sont rentrés par la voie de l’Angleterre avec des Anglais.

 

Saint-Cloud, 15 octobre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire connaître au colonel Lahoussaye qu’il doit inspecter et faire exercer, tous les jours, les canonniers garde-côtes, et qu’il doit même exercer la cavalerie à la manœuvre du canon, afin qu’elle puisse aider à toutes les batteries où elle se trouvera.

 

Saint-Cloud, 15 octobre 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. –  Il sera établi à Boulogne dans la caserne, à Ostende dans une des casernes, et à Montreuil également dans une caserne, des dépôts de convalescence.
ART. 9-. – Tous les hommes sortant de l’hôpital, avant de rentrer à leurs corps et de baraquer, resteront une ou plusieurs semaines dans ces dépôts.
ART. 3. – Ils feront ordinaire entre eux. Il leur sera fourni une ration de vin et, selon la nature des maladies qu’ils auraient eues, les remèdes qui pourront achever leur convalescence.
ART. 4. – Le dépôt de convalescence à Boulogne sera capable de contenir mille hommes. Le dépôt d’Ostende en contiendra cinq cents, et le dépôt de Montreuil en contiendra huit cents.
ART. 5. – Il sera nommé un chef de bataillon spécialement chargé de la direction et du commandement de chacun de ces dépôts.

Chaque corps faisant partie des camps fournira un nombre d’officiers proportionné au nombre des soldats qu’il aura pour la police du dépôt, savoir : un capitaine pour cent, un lieutenant pour vingt-cinq.
ART. 6. – Des médecins des hôpitaux ou des corps feront le service de ces dépôts.
ART. 7. – Les ministres de la guerre et de l’administration de la guerre sont chargés de J’exécution du présent arrêté.

 

Saint-Cloud, 15 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Je vous renvoie votre correspondance, Citoyen Ministre. Mon intention n’est pas de donner de l’avancement aux officiers qui ne sont rentrés que depuis quatre mois, à moins d’actions d’éclat, et qu’ainsi les citoyens Lostanges et Pinières ne peuvent être avancés dans ce moment; mais j’approuve qu’on les mette en évidence pour qu’ils se distinguent.

 

 

Saint-Cloud, 16 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès

Le citoyen Forfait pense, Citoyen Ministre, que les péniches et même les bateaux canonniers de Rochefort, Bordeaux et Nantes, peuvent arriver à Paris en les faisant passer par le canal de Briare. Ce projet serait bien avantageux, puisqu’il mettrait les bâtiments à l’abri de tout danger.

Il faudrait que les bâtiments du 5e arrondissement en partissent avec leurs équipages et tout équipés; car, sans cela, nous ne saurions où avoir des matelots. Faites-moi connaître ce que vous pensez de ce projet; il me paraît infaillible pour les péniches. Je vous renvoie votre correspondance d’aujourd’hui.

 

Saint-Cloud, 17 octobre 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Il reste sur l’an XI, Citoyen Ministre, 96,000 francs. Je désire que vous les employiez à prendre, sous le nom de deux personnes différentes, 80 actions de la banque. Ces actions seront pour vous; vous choisirez deux hommes instruits et qui aient votre confiance, de manière qu’ils puissent faire partie du conseil général de la Banque, et qu’ils puissent parler et soutenir les intérêts du Gouvernement dans cette association.

 

Saint-Cloud, 17 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Il paraît, Citoyen Ministre, que les petits ports de la Manche ne peuvent contenir que très-peu de bâtiments, et les pratiques pensent qu’il faudrait répartir les bâtiments de la flottille par sections de neuf. Fixez votre attention sur cet objet, et décidez ce que vous croirez le mieux pour le service.

 

Saint-Cloud, 18 octobre 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Un nommé Primavesi, qui demeure hôtel d’Alsace, rue des Bons- Enfants, est un agent de l’Angleterre. Le motif ostensible de son séjour à Paris est la poursuite de liquidations sur des émigrés; mais le but réel est de s’entendre avec les agents de l’Angleterre et de réunir des armes. Comme il part demain, il serait convenable de le faire arrêter demain à la pointe du jour.

Faites prendre des renseignements chez le restaurateur Bertrand, palais du Tribunat, et chez un restaurateur rue Baillif, no 5, où il dîne souvent.

Vous ferez interroger Primavesi sur les personnes qu’il voit, sur un nommé Joly, sur un chevalier Montemorin, etc. On lui demandera quels sont les individus par lesquels il faisait faire des achats d’armes, et avec quels agents de l’Angleterre il correspond ici pour les dernières fournitures d’armes.

Il est certain que cet homme a des correspondances avec des Anglais.

 

Saint-Cloud, 18 octobre 1803

Au général Moncey, Premier inspecteur général de la gendarmerie

Citoyen Général Moncey, vous ferez partir pour Verneuil six brigades de gendarmerie d’élite à pied et six à cheval, qui resteront dans les environs de cette ville, jusqu’à ce que les brigands qui y ont attaqué des courriers soient arrêtés.

 

Saint-Cloud, 18 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Je vous renvoie, Citoyen Ministre, votre correspondance. Je vois dans le rapport du général Levavasseur qu’il pense que l’obusier de 6 pouces peut très-bien être placé sur une péniche. Donnez l’ordre, dans ce cas, qu’on rectifie le modèle d’affût, après l’expérience faite, et désignez dans les ports l’armement que doit avoir chaque péniche. Je désirerais que les deux tiers des péniches fussent armées avec des pièces de 4 et un obusier de 4 pouces 6 lignes, et qu’un tiers le fût avec un obusier de 6 pouces et un obusier de 4 pouces 6 lignes. La marine fera faire les affûts, et la terre fournira les pièces.

Il y a quelques ports où la terre ne pourra fournir ni pièces de 4 ni obusiers. Le port fera embarquer l’affût, et la pièce sera fournie dans des relâches qui seront désignées.

Ordonnez de faire faire l’expérience de la pièce de 4 qui a été placée sur une péniche.

D’après une lettre que je reçois du général Berthier, Étaples ne va pas. Il n’y a encore aucune espèce d’approvisionnement, ni ouvriers de marine, ni contre-maîtres, ni garde-magasins, enfin rien de ce qui est nécessaire pour l’organisation d’un port.

Il parait qu’Ostende ne va pas mieux.

 

Saint-Cloud, 19 octobre 1803

Au citoyen Régnier, Grand-juge, ministre de la justice

Citoyen, le Premier Consul me charge de vous inviter à faire connaître par le préfet de police aux imprimeurs et libraires que l’intention du Premier Consul est qu’on ne publie un ouvrage dédié soit à lui, soit à sa femme, sans que l’auteur ait obtenu la permission de la dédicace.

 

Saint-Cloud, 19 octobre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Le général Davout, Citoyen Ministre, fera fournir des garnisons aux péniches qui, d’Ostende, de Dunkerque et de Flessingue, doivent se rendre à Boulogne. Le général Soult en fera fournir à celles qui doivent s’y rendre de Calais.

Donnez ordre au général Lemarois de faire fournir dix hommes par péniche et dix hommes par caïque, qui doivent partir de Saint- Malo, par la 32e, ou la 39e. Un bataillon de la 32e, a eu ordre de se rendre à Saint-Malo.

Vous donnerez ordre au général Dupas d’en faire fournir, par la 9e et la 10e légères, à celles qui partiront des différents points de son arrondissement.