Correspondance de Napoléon – Novembre 1814

Novembre 1814

 

Porto-Ferrajo, 1er novembre 1814.

Au général comte Drouot, gouverneur de l’île d’Elbe

J’ai vu le rapport que vous m’avez adressé sur les blés. Il en résulte que le rubbio pèse 450 livres poids de marc et fait trois sacs trois quarts du pays ; ce qui donne 133 livres deux tiers pour le poids d’un sac; que, le rubbio ayant coûté 12 piastres et demie, cela fait revenir le blé à 17 livres 10 sous le sac du pays, ou 13 livres 2 sous 6 de­niers le quintal poids de marc. Le capitaine Richon ayant apporté 400 rubbi de blé, cela fait 1,500 sacs ou 2,000 quintaux poids de marc, pour une valeur de 26,250 francs; le nolis doit être évalué à 1,500 francs; le sac reviendra donc à 18 livres 10 sols. Combien se vend-il aujourd’hui à Porto-Longone et à Porto-Ferrajo ?

Ordonnez au capitaine Richon de venir ici; faites décharger son blé dans les magasins et confiez-le au garde-magasin, qui sera chargé de sa conservation moyennant le prix que vous aurez fixé. Prenez toutes les mesures nécessaires pour que ce blé se conserve au moins jusqu’au mois d’octobre. Le procès-verbal de réception de ce blé, signé par le capitaine Richon et le garde-magasin, sera remis chez le sieur Peyrusse pour qu’il règle ses comptes à Rome.

 

Porto-Ferrajo, 3 novembre 1814.

Au général comte Bertrand, grand-maréchal du palais.

Monsieur le Comte Bertrand, on avait proposé de faire un alma­nach pour l’île; je m’y suis opposé. Je désire seulement en avoir un petit pour moi ; le secrétaire général de l’intendance pourra le faire. Cet almanach comprendra les noms de tous les membres de l’ordre judiciaire et de tous les employés de l’administration, avec l’indica­tion du pays dont ils sont et du montant de leurs traitements ou gages. Il comprendra également tout le clergé, depuis le grand vicaire jus­qu’au moindre clerc, avec le traitement dont chacun jouit, et leur pays. Cela me donnera une idée nette de tous les employés de l’île.

Napoléon.

 

Porto-Ferrajo, 5 novembre 1814.

Au général comte Bertrand, grand-maréchal du palais.

Monsieur le Comte Bertrand, j’ai reçu votre rapport sur l’exploi­tation de la carrière de marbre de Campo. J’approuve les commandes suivantes : 1° une cheminée de 335 francs; 2° quatre vases pour 440 francs; 3° six cheminées pour 216 francs; 4° six vases sem­blables à ceux qui saut à Saint-Martin, mais plus transparents, pour 240 francs; total de la commande, 1,231 francs. Si les vases sont bien transparents, j’en commanderai volontiers un plus grand nombre. Mais il serait bien important qu’on pût faire des pavés de marbre, dont on trouverait beaucoup de débit pour les églises. Faites-moi connaître ce qu’il faudrait pour établir une scierie.

Assurez-vous que l’argent sera employé à acheter les outils et à faire la cabane. Il serait possible que ces ouvriers après l’avoir touché disparussent.

Napoléon.

 

Porto-Ferrajo, 15 novembre 1814.

À M. Peyrusse, trésorier.

J’ai à Livourne plusieurs affaires que je désire terminer; j’ai aussi plusieurs achats à y faire faire; je prends donc le parti d’y envoyer le sieur Holard, mon jardinier de Porto-Ferrajo, qui s’embarquera sur la Caroline. Voyez-le, et donnez-lui les instructions nécessaires. Il sera porteur d’une lettre de vous au sieur Bartolucci, par laquelle vous lui ferez connaître que vous êtes autorisé à lui solder le compte des deux envois de livres, qui se monte à 3,235 francs 71 centimes, suivant l’état ci-joint, j’ai fait quelques réductions sur des ouvrages vieux et dépareillés, et je lui renvoie le Spectacle de la Nature, de Pluche. Vous trouverez ci-joint un état des livres qui restent à en­voyer de Livourne sur la première commande. Vous écrirez au sire Bartolucci que je n’ai plus besoin d’aucun de ces livres, que j’ai reçus d’ailleurs; que la première condition, en faisant cette commande, était que ces livres seraient envoyés de suite, et cependant cela dure depuis six mois ; que pourtant, pour faire cesser toutes les criailleries, je consens à recevoir tous les livres qui sont portés dans l’état et qui viendront par la Caroline. Après ce, je n’en recevrai plus aucun. Le libraire pourra les envoyer brochés, tels qu’il les a; mais prévenez le sieur Bartolucci que tous ceux qui seraient vieux ou de différentes éditions, ou qui auraient quelques défauts, ne seront pas reçus à Porto-Ferrajo. Vous lui ferez remarquer que j’aimerais mieux ne recevoir aucun de ces livres, vu la mauvaise qualité des envois précédents et la manière dont cette commission a été faite.

Vous chargerez le sieur Holard de l’achat de tous les objets portés dans les états ci-joints. Comme je pense que l’intervention du sieur Bartolucci est inutile pour leur payement, vous pourrez donner une lettre de crédit au jardinier.

Le secrétaire du grand maréchal faisait la correspondance avec Livourne et Gènes ; mais, comme vous êtes chargé des payements, il est plus naturel et plus simple que vous la fassiez vous-même.

Écrivez également au sieur Bartolucci qu’on attend les 20,000 li­vres de charbon qu’il a achetées, et que nous n’avons pas besoin des 20,000 qu’il propose, ainsi que l’horloge qu’a offerte M. Cuilli.