Correspondance de Napoléon – Novembre 1806
Meseritz, 27 novembre 1806
Au général Clarke, gouverneur général de la Prusse
J’ai fait donner l’ordre aux gouverneurs de Stettin, de Küstrin, Spandau, Magdeburg et Wittenberg de correspondre avec vous tous les jours. J’ai ordonné qu’il fût placé des postes le long de l’Oder par le commandant de Stettin, jusqu’à Oderberg, et par celui de Küstrin, de Küstrin jusqu’à Oderberg; de sorte qu’il n’y aura plus aucune correspondance sur l’Oder que par Stettin, Küstrin et Francfort. Diligences, courriers, chariots de commerce, etc., devront passer la rivière sur un de ces points. M. de Thiard commande la place de Dresde; il est fort convenable que vous vous mettiez en correspondance avec lui.
Berlin peut être attaqué par la Poméranie suédoise : j’ai ordonné au maréchal Mortier de tenir à Rostock et à Anklam deux fortes divisions, qui formeront de 12 à 14,000 hommes; non-seulement elles contiendront les Suédois, mais aussi serviront de réserve pour se porter à Berlin et partout où il sera nécessaire.
Des partis ennemis peuvent partir des bords de la Vistule pour tenter un coup de main sur Stettin, le gros de mon armée opérant sur le haut de la Vistule : j’ai donné des ordres circonstanciés dans ce sens au commandant de Stettin. J’ai ordonné qu’une partie des dépôts de cavalerie fût portée sur l’Oder; dans un cas d’événement pressant, on trouvera toujours dans ces dépôts un millier de chevaux qui repousseraient les partis ennemis. Dans ce cas même j’ai ordonné
au commandant de Stettin de prévenir les généraux du corps du maréchal Mortier, qui ont ordre de venir au secours de Stettin et border l’Oder.
Une révolte à Berlin me parait difficile. Je pense que, des 1,600 hommes de garde nationale, vous devez n’en armer que 800 sous prétexte que les fusils manquent; un fusil peut servir à deux hommes; ils se le passeraient. Il y aura à Berlin assez de garnison pour pouvoir contenir la population. D’ailleurs, le dépôt de Potsdam sera toujours en mesure de fournir un millier d’hommes, ainsi que les garnisons de Stettin, de Küstrin, et enfin le corps du maréchal Mortier, si les choses devenaient graves. Le principal est de ne souffrir à Berlin ni fusils, ni canons, ni sabres; tout doit être enfermé soigneusement à Spandau et dans les places fortes. La populace sans armes ne peut rien faire. Au moindre événement, vous devez faire arrêter le prince Auguste et le mettre à Spandau, en otage. Vérifiez ce que sont devenues les armes provenant du désarmement. Si on les a laissées à Berlin , faites-les transporter sans délai, à Spandau.
Je vais vous envoyer à Berlin, pour garnison, deux bataillons de Nassau qui font bien le service.
Enfin, cependant, si l’ennemi parvenait à passer l’Oder, ou d’un autre côté menaçait Berlin, vous vous retireriez dans la citadelle de Spandau, après avoir prévenu le plus possible les commandants des différentes places et donné des ordres pour qu’on n’éprouve point des pertes.
Je vais ordonner la formation de plusieurs colonnes et camps volants, qui pourront se trouver à Berlin et parcourir les provinces. D’ailleurs pendant longtemps vous aurez des troupes de passage. En exigeant que les commandants de Wittenberg, Magdeburg et Erfurt, etc., vous écrivent fréquemment, vous saurez toujours sur quoi vous pouvez compter. Une division de cuirassiers de 2,000 hommes, que commande le général Espagne, n’arrivera guère que dans quinze jours à Berlin ; enfin des bataillons provisoires, formés de conscrits que j’organise à Mayence, arriveront à la fin de décembre et en janvier, et vous fourniront plusieurs milliers d’hommes.
Portez une grande attention à ce qu’il n’y ait ni canons ni armes à Berlin, à ce qu’il n’y en ait que dans les places fortes. Envoyez des individus inspecter les lieux où il y a eu des combats du côté de Prenzlow, pour en retirer tous les canons qui pourront s’y trouver et les envoyer dans les places fortes. Il y a un conseiller du grand-duc de Berg qui a servi à Wesel et dans la campagne passée; il parle bien allemand, c’est un homme sûr; vous pouvez vous en servir avec avantage pour la police. Sur toutes choses, écrivez tous les jours afin qu’on sache ce qui se passe.
Portez une grande surveillance à ce que l’on confectionne des souliers, et qu’on les envoie à Küstrin; le temps devient mauvais, et l’on commence à en avoir très-grand besoin.
On avait conclu ici une suspension d’armes avec le roi de Prusse, qui a déclaré qu’il ne pouvait point la ratifier, parce qu’il était entièrement au pouvoir des Russes.
Posen, 28 novembre 1806
A M. de Talleyrand
Monsieur le Prince de Bénévent, je vous ai écrit hier de Meseritz que le roi de Prusse n’avait pas voulu ratifier la suspension d’arme. J’imagine qu’à l’heure qu’il est vous aurez eu une communication de ces messieurs. Comme le maréchal Duroc ne m’a rapporté aucune communication par écrit, j’attendrai une réponse de ces messieurs pour prendre un parti. En attendant, je désire que vous partiez sur-le-champ pour vous rendre à Posen. Dites la même chose à M. Maret, qui pourra partir avec vous. Les deux plénipotentiaires prussiens se rendront également à Posen. Vous et M. Maret vous passerez à Francfort-sur-l’Oder, Meseritz et Posen; il vous faudra trente-six heures pour arriver. Les plénipotentiaires de Saxe et de Saxe-Weimar recevront une autorisation de partir vingt-quatre heures après vous,
vous direz au grand chambellan de Saxe d’être tranquille, et qu’arrivé à Posen, la paix sera signée. Les plénipotentiaires prussiens passeront par Küstrin, Landsberg, Schwerin, Birnbaum et Posen, et seront accompagnés d’un officier que leur donnera le général Clarke. Ils ne devront pas se détourner de la route que je viens de prescrire. Le général Clarke fera partir en avant un courrier pour leur préparer leurs chevaux. Vous leur direz que je ne puis avoir grande confiance en eux, puisqu’ils sont désavoués; non que j’attache une grande importance à la suspension d’armes, que je ne m’en souciais guère, mais que cette manière de traiter prouve le peu de confiance qu’on a en eux.
Je désire que les plénipotentiaires partent de Berlin le plus tôt possible, parce que Lucchesini continue son métier d’intrigant; et quoique cela n’ait pas d’inconvénients, cela ne peut pas avoir non plus d’avantages.
Le roi de Prusse a déclaré au maréchal Duroc qu’il s’était jeté entre les bras des Russes. Le roi de Prusse ne peut pas avoir pour excuse qu’il est forcé par les Russes, car le général Bennigsen a déclaré qu’il obtempérera à tout ce que ferait la Prusse.
Vous savez que le bruit qui a couru que Hameln n’était pas pris est faux, car il n’y a eu qu’une fausse alerte. La ville ne s’en est pas moins rendue, et le général Savary a fait 9,000 prisonniers. Il est probable que le prince Murat est entré hier à Varsovie. Les Russes ne paraissent pas se trouver en mesure pour livrer bataille.
Je me porte bien.
Si vous n’avez pas de nouvelles de Vienne, écrivez-y, et mandez que l’on m’écrive, par la Gallicie, à Varsovie, en expédiant un secrétaire de légation, qui verra tout ce qui se passe.
Posen, 28 novembre 1806
Au général Clarke
Faites mettre dans les journaux de Berlin que Hameln s’est rendu; le général Savary a fait 9,000 prisonniers, dont quatre généraux, parmi lesquels le général Lecoq.
Expédiez un officier avec les plénipotentiaires prussiens. Ils suivront la route dont M. de Talleyrand vous donnera la note.
Faites mettre dans les journaux, dans quatre jours d’ici, qu’une suspension d’armes avait été signée entre M.M. Lucchesini, de Zastrow et le maréchal Duroc; que le roi de Prusse a déclaré n’être pas en pouvoir de la ratifier, étant dans le pouvoir des Russes. Faites connaître cette nouvelle dans ce sens.
Posen, 28 novembre 1806
Au grand-duc de Berg
Mon Frère, je suis arrivé hier ici. J’attends vos nouvelles du 25 et du 26; je n’ai encore que vos nouvelles du 24 au soir. Le maréchal Ney a déjà une de ses divisions réunie ici. Tout est en marche. J’ai donné l’ordre à ma Garde et à mon petit quartier général de s’arrêter à Kutno, afin que cela puisse faire les escortes et me servir en route. Je suppose d’ailleurs que vous n’en avez pas besoin. Tout le reste de la cavalerie de la réserve sera réunie dans deux jours.
Le maréchal Duroc, qui a été à Osterode et qui y était le 24, n’a vu aucune trace des Russes et rien qui annonce leur passage par là; mais on lui a donné les mêmes renseignements que ceux que vous avez reçus de Varsovie, ce qui prouve qu’ils sont faux. C’est la mode des Russes. Ce qui prouve encore que cela est faux, c’est ce qu’ils mettent en seconde ligne sur le général Essen, tandis que les troupes de Bennigsen, au moins pour les deux tiers, sont des troupes qui étaient à Austerlitz. Les prisonniers et déserteurs que vous avez ne manqueront pas de vous instruire de cela. Du moment que vous serez arrivé à Varsovie, laissez cantonner le long de la Vistule, à dix lieues sur la gauche, les corps du maréchal Lannes et du maréchal Augereau. Tâchez de réunir tous les moyens de passage, et envoyer le long de la frontière autrichienne pour savoir ce qui s’y passe, les troupes qu’ils y ont et la position qu’ils y tiennent.
Posen, 28 novembre 1806
35e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE
L’Empereur est parti de Berlin le 25, à deux heures du matin est arrivé à Küstrin le même jour, à dix heures. du matin. Il arrivé à Meseritz le 26, et à Posen le 27, à dix heures du soir. Le lendemain, Sa Majesté a reçu les différents ordres des Polonais. Le maréchal du palais, Duroc, a été jusqu’à Osterode, où il a vu le roi de Prusse, qui lui a déclaré qu’une partie de ses États était occupée par les Russes, et qu’il était entièrement dans leur dépendance; qu’en conséquence il ne pouvait ratifier la suspension d’armes qu’avaient conclue ses plénipotentiaires, parce qu’il ne pourrait pas exécuter les stipulations. Sa Majesté se rendait à Königsberg.
Le grand-duc de Berg, avec une partie de sa réserve de cavalerie et les corps des maréchaux Davout, Lannes et Augereau, est entré à Varsovie. Le général russe Bennigsen, qui avait occupé la ville avant l’approche des Français, l’a évacuée, apprenant que l’armée française venait à lui et voulait tenter un engagement.
Le prince Jérôme, avec le corps des Bavarois, se trouve à Kalisz.
Toute le reste de l’armée est arrivé à Posen, ou en marche par différentes directions pour s’y rendre.
Le maréchal Mortier marche sur Anklam, Rostock et la Poméraranie suédoise, après avoir pris possession des villes hanséatiques.
La reddition de Hameln a été accompagnée d’événements assez étranges. Outre la garnison destinée à la défense de cette place, quelques bataillons prussiens paraissaient s’y être réfugiés après la bataille du 14. L’anarchie régnait dans cette nombreuse garnison. Les officiers étaient insubordonnés contre les généraux et les soldats contre les officiers. A peine la capitulation était-elle signée, que le général Savary reçut la lettre ci-jointe, n° 1, du général von Schoeler; il lui répondit par la lettre n° II. Pendant ce temps la garnison était insurgée, et le premier acte de la sédition fut de courir aux magasins d’eau-de-vie, de les enfoncer et d’en boire outre mesure. Bientôt, animés par ces boissons spiritueuses, on se fusilla dans les rues, soldats contre soldats, soldats contre officiers, soldats contre bourgeois. Le désordre était extrême. Le général von Schoeler envoya courrier sur courrier au général Savary, pour le prier de venir prendre possession de la place avant le moment fixé pour sa remise. Le général Savary accourut aussitôt, entra dans la ville à travers une grêle de balles, fit filer tous les soldats de garnison par une porte et les parqua dans une prairie. Il assembla ensuite les officiers, et leur fit connaître que ce qui arrivait était un effet de la mauvaise discipline, leur fit signer leur cartel, et rétablit l’ordre dans la ville. On croit que, dans le tumulte, il y a eu plusieurs bourgeois tués.
Posen, 29 novembre 1806
A M. Cambacérès
Je reçois votre lettre du 20. Je suis dans la capitale de la grande Pologne. Une de mes armées est aux portes de Varsovie. Les Polonais sont animés de la meilleure volonté. Ils forment des compagnies à pied et à cheval avec une grande activité. Ils montrent une grande ardeur de recouvrer leur indépendance : la noblesse, le clergé, les paysans ne font qu’un,
Posen, 29 novembre 1806
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je vous ai laissé maître de l’affaire de cette ridicule conspiration. Je crois qu’il y aurait du mal à la laisser dans l’obscurité, parce qu’elle a déjà fait trop de bruit, et que, dès lors, elle passerait dans l’opinion pour être plus importante qu’elle n’est. Il y aurait du mal à la produire devant la haute cour. Il faut renvoyer le rapport du procureur général au Conseil d’État, et décider qu’il y a bien eu tentative de renverser l’État; qu’il y a crime particulier; qu’aucun personnage important ne se trouvant compromis, cette affaire ne peut être du ressort d’un tribunal tel que la haute cour, dont le principal but est d’être instituée pour la sûreté de l’État, mais des tribunaux ordinaires, dont la destination est de réprimer les crimes particuliers ; que l’affaire dont il est question est un crime particulier, dans ce sens qu’il y avait si peu de probabilité de succès que l’État n’a couru aucun danger. Après ce raisonnement, le Conseil d’État conclura au renvoi devant le tribunal criminel de Paris, et, si le Conseil d’État voit de la difficulté à renvoyer l’affaire au tribunal de Paris, il la renverra aux tribunaux spéciaux ordinaires et on fera demander par mon commissaire près la cour de cassation qu’elle soit renvoyée au tribunal criminel de Paris. Voilà, je crois, la marche à suivre. Ensuite je vous dirai, pour vous, que, tout en croyant qu’il faut donner quelque publicité à cette affaire, je ne pense pas qu’elle doive faire répandre du sang. Mon intention est donc que, lorsque le tribunal aura condamné les coupables, l’exécution soit suspendue jusqu’à ce qu’il m’en ait été référé comme en demande de grâce. Les pièces du procès feront paraître l’affaire dans son jour, et, si elle est telle qu’elle se présente actuellement, je pense qu’il sera convenable de commuer la peine.
Posen, 29 novembre 1806
A M. de Champagny
Monsieur Champagny, j’approuve que vous rendiez exécutoire la contribution sur les Juifs des départements, pour indemniser les rabbins et membres de l’assemblée de Paris. Moyennant cette indemnité, mon intention est qu’ils restent à Paris et que le sanhédrin soit convoqué dans le plus court délai.
Quant au projet d’organisation de la nation juive, il faut que le sanhédrin soit rassemblé. Convoquez-le pour une époque telle que je puisse lui renvoyer tout ce qui doit y être réglé. Il faut ôter des lois de Moïse tout ce qui est intolérant; déclarer une portion de ces lois lois civiles et politiques, et ne laisser de religieux que ce qui est relatif à la morale et aux devoirs des citoyens français.
NOTE RELATIVE AU SANHÉDRIN
- 1er. Pour marcher d’une manière régulière, il faudrait commencer par déclarer qu’il y a dans les lois de Moïse des dispositions religieuses et des dispositions politiques; que les dispositions religieuses sont immuables, mais qu’il n’en est pas de même des dispositions politiques, qui sont susceptibles de modification; que c’est le grand sanhédrin qui seul peut établir cette distinction ; que, pendant tout le temps que les Juifs sont restés dans la Palestine et formaient corps de nation, les circonstances politiques étant les mêmes que du temps de Moïse, les grands sanhédrins n’ont point été dans le cas de faire cette distinction; que, depuis que les Israélites ont quitté leur patrie, il n’y a plus eu de grand sanhédrin. Après la déclaration de ces principes viendra l’application.
1° La polygamie était permise; elle doit cesser de l’être aux Juifs qui sont répandus dans l’Occident, tandis qu’elle peut l’être encore à ceux de ‘l’Orient, en considération de la situation particulière où ils se trouvent.
2° Selon la loi de Moïse, les Juifs ne regardaient comme leurs frères que ceux qui professaient la même religion. Cela devait être lorsque le peuple juif était environné de peuples idolâtres qui avaient juré une haine commune aux enfants d’Israël; cela peut cesser d’être quand cette situation a changé, et c’est ce que le sanhédrin établira en décidant qu’on doit considérer comme frères tous les hommes, quelque religion qu’ils professent, s’ils ne sont pas idolâtres et si les Israélites jouissent au milieu d’eux des mêmes droits qu’eux-mêmes.
3° Cette fraternité étant établie, il en doit résulter l’obligation de défendre le pays où les Israélites jouissent des mêmes droits que les autres citoyens, de même que, selon la loi de Moïse, ils doivent défendre le temple de Jérusalem : le sanhédrin doit en faire une loi positive.
4° De la doctrine qui établira que les Juifs doivent considérer les Chrétiens comme frères, il résultera non-seulement que les mariages entre Juifs et Chrétiens ne sont point anathèmes, mais la nécessité de les recommander, parce qu’ils importent au salut de la nation.
5° et 6° La répudiation et le mariage doivent être assujettis à l’observation préalable des formalités prescrites par le Code Napoléon.
7° et 8° Les explications sur le prêt à intérêt, à peu près telles qu’elles sont établies dans le projet, dérivent également de la fraternité reconnue.
9° Les professions utiles.
Ajoutez aux dispositions de la décision proposée une invitation à devenir propriétaires.
10° Enfin une obligation de la propriété.
Toutes ces décisions appartiennent au grand sanhédrin, et c’est seulement de cette partie dogmatique que le travail prescrit par le ministre fait mention.
- II. Des dispositions d’organisation et de discipline doivent aussi être prises, et elles paraissent appartenir à l’assemblée générale. Ainsi l’assemblée générale déterminera :
1° L’organisation de sanhédrins ou de consistoires administratifs par arrondissement et par département, et celle d’un consistoire ou sanhédrin central, et les attributions de ces institutions qui doivent exercer une police sévère sur les rabbins ;
2° Le nombre des rabbins, la manière dont ils seront payés, leurs obligations et leurs attributions;
3° Les conditions nécessaires pour être autorisé à faire le commerce, et la manière dont cette autorisation sera donnée, sous l’approbation de l’autorité locale;
4° La prohibition de toute espèce de commerce, du droit de tirer des lettres de change, de l’exercice du brocantage, de la faculté d’avoir boutique à tout individu qui ne sera pas pourvu de l’autorisation ci-dessus ;
5° La prohibition pendant dix ans, à tous les Israélites qui ne prouveraient pas qu’ils possèdent en France des biens fonds, de la faculté de prêter sur hypothèque, et l’autorisation aux propriétaires de fonds, en limitant la faculté de prendre hypothèque à une somme égale à la valeur du fonds qu’ils possèdent;
6° L’obligation, dans chaque département ou arrondissement de sanhédrin ou consistoire, de n’autoriser, sur trois mariages, que deux mariages entre Juifs et Juives, et un mariage mi-parti entre Juif et Chrétien; si cette disposition paraît d’une exécution trop difficile, il faut prendre des mesures d’invitation, d’instruction, d’encouragement, de commandement qui puissent conduire à ce but;
7° L’obligation de fournir une quantité de conscrits proportionnée à la population israélite, sans qu’il puisse y avoir de remplacement d’un Israélite autrement que par un Israélite.
D’autres dispositions pourraient être prescrites; mais elles viendront ensuite.
- III. Parmi celles établies ci-dessus, il en est plusieurs qui sont non-seulement de discipline, mais encore de législation, et pour lesquelles le concours du Conseil d’État est nécessaire. Ainsi le grand sanhédrin expliquerait les dispositions politiques de la loi de Moise, prescrirait comme dogme les objets qui se trouvent dans son ressort. L’assemblée générale des Israélites, faisant une sorte de convention avec l’administration, et en considération des avantages que la révolution a accordés aux Juifs, prescrirait les dispositions d’organisation et de discipline. Enfin le Conseil d’État ferait les règlements nécessaires pour l’exécution des dispositions et des prohibitions indiquées ci-dessus.
Il y a dans tout ceci un mélange de dogmes, de discipline, de législation, d’où résulte la nécessité d’un grand sanhédrin, d’une assemblée générale des Israélites et d’un concours mutuel de l’autorité publique.
Il faut beaucoup de réflexion et de discernement pour distinguer d’une manière précise ce qui doit appartenir dans ce plan au grand sanhédrin, à l’assemblée générale et au Conseil d’État.
Si un sénatus-consulte était nécessaire, on n’y verrait pas de difficulté; mais il ne serait pas possible de procéder au moyen d’une loi, attendu qu’il s’agit d’arriver par des dispositions civiles à des résultats politiques.
- IV. Le principal but qu’on s’est proposé a été de protéger le peuple juif, de venir au secours des campagnes et d’arracher plusieurs départements à l’opprobre de se trouver vassaux des Juifs; car c’est un véritable vasselage que l’hypothèque d’une grande partie des terres d’un département à un peuple qui, par ses mœurs et par ses lois, formait une nation particulière dans la nation française. C’est ainsi que, dans un temps fort rapproché de nous , la mainmorte menaçant de s’emparer du territoire, on fut obligé d’opposer des obstacles à ses progrès. De même, la suzeraineté des Juifs s’étendant sans cesse au moyen de l’usure et des hypothèques, il devient indispensable d’y mettre des bornes. Le deuxième objet est d’atténuer, sinon de détruire, la tendance du peuple juif à un si grand nombre de pratiques contraires à la civilisation et au bon ordre de la société dans tous les pays du monde.
Il faut arrêter le mal en l’empêchant; il faut l’empêcher en changeant les Juifs.
L’ensemble des mesures proposées doit conduire à ces deux résultats. Lorsque sur trois mariages il y en aura un entre Juif et Français, le sang des Juifs cessera d’avoir un caractère particulier.
Lorsqu’on les empêchera de se livrer exclusivement à l’usure et au brocantage, ils s’accoutumeront à exercer des métiers, la tendance à l’usure disparaîtra.
Lorsqu’on exigera qu’une partie de la jeunesse aille dans les armées, ils cesseront d’avoir des intérêts et des sentiments juifs ; ils prendront des intérêts et des sentiments français.
Lorsqu’on les soumettra aux lois civiles, il ne leur restera plus, comme Juifs, que des dogmes, et ils sortiront de cet état où la religion est la seule loi civile, ainsi que cela existe chez les Musulmans, et que cela a toujours été dans l’enfance des nations. C’est en vain qu’on dirait qu’ils ne sont avilis que parce qu’ils sont vexés : en Pologne, où ils sont nécessaires pour remplacer la classe intermédiaire de la société, où ils sont considérés et puissants, ils n’en sont pas moins vils, malpropres et portés à toutes les pratiques de la plus basse improbité.
Les spéculateurs proposeraient sans doute de se borner à introduire des améliorations dans leur législation ; mais cela serait insuffisant. Le bien se fait lentement, et une masse de sang vicié ne s’améliore qu’avec le temps. Cependant les peuples souffrent, ils crient, et l’intention de Sa Majesté est de venir à leur secours.
Il faut user concurremment de deux moyens, dont l’un est d’arrêter l’incendie et l’autre de l’éteindre.
De là la nécessité d’employer en même temps le grand sanhédrin, l’assemblée générale des Juifs et les dispositions réglementaires délibérées par le Conseil d’État.
Le grand sanhédrin a pour lui les vœux et l’opinion de tout ce qu’il y a d’éclairé parmi les Juifs de l’Europe. Avec cet appui il est le maître de supprimer de la législation de Moïse les lois qui sont atroces et celles qui n’appartiennent qu’à la situation des Juifs dans la Palestine.
Posen, 29 novembre 1806
A M. Cretet, gouverneur de la Banque
Je reçois votre lettre du 15 novembre. Je ne puis qu’applaudir à la mesure, que vous m’annoncez que la Banque a prise, d’autoriser les villes de commerce à tirer sur elle à vue et à lui faire des remises de trois mois.
Au premier aperçu, ceci se présente comme extrêmement avantageux pour l’universalité des villes de l’Empire, et comme très-avantageux à la ville de Paris, en tendant à centraliser les payements dans cette ville , et c’est peut-être le seul moyen de porter la Banque de Paris à un certain degré d’élévation. Je ne suis embarrassé que de savoir comment vous agirez ensuite pour ne pas admettre indistinctement les traites de toutes les villes de commerce. Vous avez donc établi dans chaque ville un comité d’escompte ? car il y aurait de grands abus à solder à vue contre des remises à trois mois qui ne seraient pas sûres, ou qui ne seraient que des papiers de circulation; il y en aurait aussi à ce qu’une maison de commerce de Bordeaux ou de Lyon, espérant profiter du privilège de la Banque, basât des opérations sur ces payements à vue, et que la Banque les refusât. Comment juger que ces remises ne présentent pas assez de sûreté ? Cette mesure ne se présente pas bien dans ma tête; mais, puisque vous l’avez réalisée, vous avez trouvé moyen d’en éloigner les inconvénients, et, en le supposant ainsi, ce ne peut être qu’une chose extrêmement avantageuse.
Quant aux réductions d’escompte, je pense que c’est très convenable, et je ne puis les voir qu’avec satisfaction. Vous savez que nous voulons rétablir l’intérêt légal à cinq pour cent.
Quant à l’emploi de l’escompte de l’argent, j’ai été frappé de ce que vous me dites, qu’il faut trouver à donner de l’emploi aux capitaux. Mais il me semble que le trésor public prend autant d’argent qu’on veut à six pour cent, soit pour les obligations, soit pour les billets de la caisse d’amortissement. Il me semble que, la rente étant à 72, il y a toujours un profit de sept pour cent; il y a même du temps avant qu’elle monte à 80, et alors même elle donne encore six pour cent. Je ne crois pas qu’en Angleterre on trouve un meilleur placement, puisqu’en Angleterre le trois pour cent, étant à 60, forme les cinq pour cent au pair, et qu’enfin il y aura constamment pour les gens sensés une grande différence d’avoir son argent dans un pays qui a du papier monnaie, ou dans un pays où il n’y en a pas; entre un pays où il n’y a pas d’impôt sur les rentes et un pays où l’on impose non-seulement les rentes nationales, mais même les rentes étrangères; et il est naturel qu’elles subissent le même sort, puisque l’établissement des rentes au profit des personnes étrangères est déjà une chose contraire au crédit, le premier principe du crédit étant que le trésor doit payer les créances sans s’embarrasser à qui elles appartiennent.
Posen, 29 novembre 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, je n’approuve point le projet de cantonnement; il est mal fait. On m’en présentera un nouveau dans lequel le corps du maréchal Ney sera cantonné sur la route de Posen à Bromberg; le corps d’armée du maréchal Soult, sur la route de Posen à Varsovie; la division d’Hautpoul, sur la Warta, entre Posen et Obernik; la division Grouchy, sur le chemin de Glogau; la division Sahuc, à Pudewitz, sur le chemin de Thorn; le grand parc restera au lieu où il est. Les cantonnements seront au plus éloignés de Posen de douze petites lieues ou six meilen.
Posen, 29 novembre 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, donnez ordre aux officiers de la seconde légion du Nord de se diriger sur Posen. Ils dirigeront tous leurs soldats pour être incorporés dans la première légion. Donnez ordre au maréchal Kellermann de me rendre compte de la formation de la première légion du Nord. Il me fera connaître comme elle est composée et de quelle nation sont les officiers. Le maréchal Kellermann nommera un officier pour commander cette légion, et le général Zajonchek se rendra en toute diligence à Posen.
Posen, 29 novembre 1806, 10 heures du soir
Au grand-duc de Berg, à Varsovie
Je reçois vos lettres des 26 et 27. J’ai vu avec plaisir que, le 28, vos troupes ont dû entrer à Varsovie. J’y ai envoyé un des deux hommes qui ont signé la proclamation et que vous connaissez, et je l’ai chargé de faire connaître secrètement mes intentions à ses compatriotes. Maintenez une bonne discipline, assurez les subsistances de l’armée et rendez-moi compte de tout. Le prince Jérôme doit être arrivé aujourd’hui à Kalisz. Mon intention est de lui donner l’ordre de se rendre à Breslau. La maréchal Ney se rendra à Thorn, où j’ai l’intention de passer la Vistule. Ramassez tous les bateaux, afin de pouvoir passer sur tous les points du moment que j’aurai un corps de l’autre côté.
Tout le reste de la réserve de cavalerie arrive à Posen demain. Le maréchal Soult y arrive le 2 décembre. Nommez commandant de Varsovie un général intelligent et probe. J’attends quelqu’un de Paris pour le nommer gouverneur de cette ville. Conciliez-vous les Polonais. J’ai donné ordre au général Walther de rester à mi-chemin, pour pouvoir placer des escortes. Ma Garde à pied et le reste de ma Garde à cheval sont arrivés à Posen.
Le maréchal Mortier avec 20,000 hommes arrive à Anklam.
Posen, 29 novembre 1806, 10 heures du soir
Au maréchal Mortier
Mon Cousin, le major général vous fait connaître mes intentions. Il faut qu’avec un corps de 15 à 16,000 hommes, et vingt-quatre à trente pièces de canon attelées, vous soyez prêt, de la Poméranie et de l’Oder, à vous porter sur la Vistule, si cela était nécessaire. Je ne dois pas dédaigner, dans les chances de la fortune, 16,000 braves commandés par vous. Mes troupes sont entrées à Varsovie hier 28.
Procurez-vous des souliers; la saison vient où ils sont bien nécessaires. Voyez si on ne pourrait pas en faire venir de Hambourg une vingtaine de milliers de paires sur Stettin, où nous en avons très-grand besoin. Composez bien vos divisions; ayez de bons généraux de division et quatre ou cinq bons généraux de brigade. Des généraux intelligents et intrépides assurent le succès des affaires. Prenez le général Lacombe Saint-Michel pour commander votre artillerie. Dans ces guerres-ci, l’artillerie est de première nécessité; il faut que vous en ayez trente pièces. Le roi de Hollande pourrait en envoyer quelques-unes de Hollande à ses troupes. Il est cependant nécessaire qu’il y ait des canonniers et des batteries à l’embouchure des rivières. Faites pour le mieux. Envoyez-moi en détail la composition de vos divisions, afin que je sache le degré de confiance que je dois avoir dans chacune.
Posen, 29 novembre 1806
Au prince Eugène
Mon Fils, vous trouverez ci-joint le décret pour les places d’Italie. Je ne veux dépenser que 1,300,000 francs à Palmanova; sur ces 1,300,000 francs, mon intention est que d’abord on prenne les fonds nécessaires pour achever entièrement les contrescarpes de deux lunettes, et fonder deux escarpes. Quand un ouvrage a une contrescarpe, il est à l’abri de toute attaque. Du moment que la guerre se prépare, on fraise et palissade les ouvrages, et ils sont à l’abri de toute insulte. En outre il faut faire un magasin à poudre. Ce sont là les travaux les plus importants. Il y a à Palmanova des souterrains pour contenir les objets d’artillerie. Quant à la garnison , des blindages le long du talus des remparts offrent plus de sûreté aux soldats que toutes les casernes; il sera cependant nécessaire d’en faire une belle pour hôpital; mais on peut l’ajourner à une autre année.
Je ne veux dépenser que 200,000 francs à Osoppo; je n’y veux qu’une citadelle.
Je ne veux rien dépenser à Pizzighettone, Rocca d’Anfo, Peschiera, Porto-Legnago, Mantoue.
Je veux seulement dépenser 200,000 francs à Porto, c’est-à-dire à la partie qui est sur la rive gauche. Je veux relever cet ouvrage de manière que la place défende bien l’Adige. J’accorde 200,000 francs pour Pietole de Mantoue, pour revêtir entièrement cet ouvrage.
Posen, 29 novembre 1806
Au roi de Naples
Je vois avec plaisir que les malades commencent à diminuer. Tout va aller de mieux en mieux de votre côté.
J’occupe tout le pays en deçà de la Vistule. Les Polonais de toutes les classes montrent le plus grand enthousiasme.
Je désire toujours que vous fassiez passer le plus de régiments de cavalerie que vous pourrez en Italie. Cette arme vous coûte beaucoup et est peu utile, à ce que je vois.
Posen, 30 novembre 1806
A M. Fouché
La lettre que vous m’avez envoyée de Kosciuszko à ses compatriotes est ridicule; ce n’est qu’une amplification de rhétorique.
Le sujet du retour d’Ulysse dans sa patrie ne peut prêter à aucune allusion de ce côté-ci; il pourrait seulement en prêter d’un autre côté. D’après ce que vous me dites, il parait qu’il n’y a pas d’inconvénient à le donner. Dites à M. de Luçay de le faire jouer.
Je lirai avec plaisir le manuscrit de Rulhière sur la Pologne. J’en ai entendu parler avec éloge. Cet écrivain s’est déjà montré historien du premier ordre dans sa relation de la mort de Pierre III.
Si Kosciuszko veut venir, bien; sans cela on se passera de lui. Il serait pourtant bon qu’il vînt.
Posen, 30 novembre 1806
A M. Gaudin
Je reçois votre lettre du 20 novembre. Pour que la diminution du produit des douanes, cette année, soit le résultat des prohibitions de toiles de coton de fabrique étrangère, il faudrait me faire connaître ce que vous avez perçu sur le coton brut. Je n’ai pas entendu perdre neuf millions dans cette opération, mais remplacer un impôt par un autre. Dites-moi encore un mot là-dessus, je vous prie.
Posen, 30 novembre 1806
Au général Junot
Le ministre de la guerre donne ordre au régiment de fusiliers de ma Garde de partir le 12 décembre de Paris, en poste, pour être rendu à Mayence le 19 ou le 20. Mon intention est que ce régiment soit fort de deux bataillons de quatre compagnies chacun, chaque compagnie de 180 hommes, les deux bataillons formant un total de 1,500 hommes. Vous le passerez en revue à leur départ et vous vous assurerez qu’ils ont quatre paires de souliers, une aux pieds et trois dans le sac, et leurs capotes. Passez la revue du régiment de dragons de ma Garde. Vous en avez fait partir 200 hommes, leurs chevaux les attendent à Berlin; mais il sera nécessaire qu’ils aient apporté leurs selles. Ce régiment a encore 140 hommes disponibles : faites-les partir; ils prendront à Nancy les chevaux qui doivent leur être fournis, en apportant leurs selles de Paris. Par ce moyen, je me trouverai avoir, en janvier, un régiment de dragons de trois escadrons. S’il y en avait d’autres disponibles, il faudrait les faire partir. Il serait très-avantageux d’avoir un quatrième escadron. On peut faire partir en poste les 140 dragons pour Nancy, si cela est nécessaire, c’est-à-dire si les chevaux sont livrés à Nancy avant que ce détachement puisse y arriver. Je vous recommande bien de visiter vos cinq escadrons de dragons; je vois qu’ils commencent à avoir des chevaux; et de les faire manœuvrer fréquemment devant vous, à pied et à cheval. Vous avez là un millier de chevaux prêts à se porter partout où les circonstances le rendraient nécessaire.
Voyez M. Lacuée pour qu’il soit affecté sur la réserve de Paris, de la conscription de 1807, le nombre d’hommes nécessaire pour compléter le 1er et le 2e régiment de la garde de Paris. Ils sont aujourd’hui bien faibles; et, pour que je ne perde rien à ce qui sera fourni à ces deux régiments sur la réserve de 1807, je désire qu vous fassiez partir le 1er bataillon de chacun des deux régiments complété à 600 hommes, ce qui fera 1,200 hommes. Vous choisirez un des deux colonels pour les commander, et les officiers les plus propres à faire la guerre. Vous garderez à Paris les plus sûrs,
vous ferez partir les autres; ils seront bons pour l’armée. Cela affaiblira votre garde à pied de 1,200 hommes; mais, M. Lacuée vous donnant 1 200 conscrits de la réserve de Paris et des départements environnants, vous réparerez dans un clin d’œil cette perte. Vous aurez le temps de les exercer; avant la belle saison vous aurez vos 1,600 hommes disponibles. Concertez cette mesure avec M. l’archichancelier et MM. Lacuée et Dejean. Vous ferez partir vos deux bataillons en poste, en même temps, pour qu’ils arrivent Berlin vers le 8 ou le 10 janvier. Ayez soin qu’ils aient quatre paires de souliers, une dans les pieds et trois autres dans le sac, et leurs capotes. Ce corps sera joint à la réserve et servira avec la Garde.
Posen, 30 novembre 1806
Au général Bourcier
Je reçois votre lettre de Potsdam. Il vient effectivement de Frane une grande quantité d’hommes à pied appartenant à divers régiments de cavalerie. Tout cela se dirige sur Potsdam. Quand vous auriez 4,000 chevaux à leur donner, ce ne serait pas trop. Gardez donc bien précieusement les chevaux que vous avez de reste, pour ces hommes à pied. Je mets 50,000 francs à votre disposition ; ne vous laissez point manquer d’argent. Établissez seulement une bonne comptabilité, parce que tout ce qui est compte d’argent doit être net. Chargez quelqu’un de faire les fonctions de quartier-maître de ce dépôt. Le pays où je suis est un pays d’immenses plaines; on ne saurait avoir trop de cavalerie.
Je vois, par votre état n° 1, que vous avez 2,000 chevaux et 1,600 hommes. Je désire que vous puissiez m’envoyer bientôt ces 1,600 hommes montés. Vous avez 718 cuirassiers et carabiniers et vous n’avez que 500 chevaux. Il faut choisir les chevaux les plus hauts que vous trouverez parmi ceux que vous avez, et les leur donner. Ils changeront ensuite ces chevaux lorsque les circonstances le permettront. Je vois que vos dépôts sont composés de 3, 000 hommes et de 4,000 chevaux. Ainsi donc vous avez 4,700 hommes et 6,000 chevaux. Si tous ces chevaux sont blessés, il n’y a rien à dire, mais, s’ils ne joignent pas l’armée par défaut de quelque raccommodage de selles ou autre babioles pareilles, ce serait votre faute. Faites fournir tout ce qui est nécessaire, et n’épargnez rien pour envoyer bientôt un millier de chevaux. J’envie bien ces 6,000 chevaux que vous avez, et je voudrais bien les avoir sur la Vistule. Vous ne m’annoncez que 600 hommes montés; c’est bien peu de chose.
Faites-moi un nouvel état en dix colonnes, dans chacune desquelles vous mettrez le nombre de chevaux que vous avez dans le cas de rejoindre l’armée dans une semaine, à compter du 1er décembre. Ce sera sans doute hypothétique, puisque cela dépendra de la guérison des chevaux, mais enfin ce sera tel que vous le jugerez.
Faites-moi faire un autre état qui me fera connaître combien, sur ces 6,000 chevaux, il y en a de blessés; faites des échanges. Donnez des chevaux non blessés à ceux qui ont des selles en règle. Vous pouvez, par ce moyen, m’envoyer 2 ou 3,000 chevaux. Si vous arrangez bien cela, il ne vous restera que des chevaux blessés. Tout le reste doit partir, puisque tous les hommes du petit dépôt ont leurs selles.