Correspondance de Napoléon – Novembre 1806
Berlin, 6 novembre 1806, 9 heures du soir
A l’Impératrice
J’ai reçu ta lettre où tu me parais fâchée du mal que je dis des femmes. Il est vrai que je hais les femmes intrigantes au delà de tout. Je suis accoutumé à des femmes bonnes, douces et conciliantes; ce sont celles que j’aime. Si elles m’ont gâté , ce n’est point ma faute, mais la tienne. Au reste, tu verras que j’ai été fort bon pour une qui s’est montrée sensible et bonne, Mme de Hatzfeld. Lorsque je lui montrai la lettre de son mari, elle me dit en sanglotant , avec une profonde sensibilité et naïvement : « Ah! c’est bien là son écriture. » Lorsqu’elle lisait, son accent allait à l’âme. Elle me fit peine; je lui dis : « Eh bien, Madame, jetez cette lettre au feu , je ne serai plus assez puissant pour faire punir votre mari. » Elle brûla la lettre, et me parut bien heureuse. Son mari est depuis fort tranquille. Deux heures plus tard il était perdu. Tu vois donc que j’aime les femmes bonnes, naïves et douces; mais c’est que celles-là seules te ressemblent.
Adieu, mon amie. Je me porte bien.
Berlin, 6 novembre 1806
Au roi de Hollande
Votre royaume ne me rend aucun service, aujourd’hui moins que jamais. Vous devez fournir au moins 20,000 hommes, et vous gouvernez votre royaume avec beaucoup trop de mollesse. Il faut que moi seul je supporte tous les frais de la guerre. Vous ne me fournissez que la moitié des troupes que me fournit le roi de Wurtemberg. Vous n’avez pas seulement organisé votre état militaire de manière à faire front au roi de Suède. Tout cela n’est pas bien administré. Un royaume n’est bien administré que lorsqu’il l’est avec vigueur et énergie. Vous vous en faites accroire par la prétendue pénurie des Hollandais, qui ont tout l’argent de l’Europe. Toutes vos mesures se ressentent de cette extrême bonhomie. Vous n’avez que 6,000 hommes d’infanterie, quatre faibles escadrons et douze pièces de canon; vous devriez avoir quarante pièces de canon, 3,000 hommes à cheval et 12 ou 15,000 hommes d’infanterie ce qui, joint à mes 6,000 Français, vous ferait une armée de 25,000 hommes, avec laquelle vous auriez pu vous faire honneur. La guerre continuera; tâchez, pour le printemps prochain, d’avoir 25,000 hommes sur pied, pour renforcer l’armée de Hanovre et défendre vos États.
Berlin, 6 novembre 1806, 10 heures du soir
Au roi de Hollande
J’espère que le 5, ou au plus tard le 6, vous aurez fait votre entrée en Hanovre. Le 6 ou le 8 vous serez joint par le maréchal Mortier. La forteresse de Rinteln me paraît très-bonne pour observer Hameln. Faites-la occuper et tenir en bon état. Envoyez-m’en le plan avec une reconnaissance d’officiers du génie, pour que je voie ce que je puis faire. Elle me paraît bien placée entre Magdeburg et Wesel pour servir de point d’appui de ma ligne de communication; mais il faut qu’elle soit susceptible de résister à un coup de main. Quant aux forteresses de Hanau, Marburg et Ziegenhain, je donne ordre au général Lagrange de les faire démolir. J’espère que le maréchal Mortier sera rendu à Hambourg avec son corps d’armée le 10 ou le 11. Si une colonne de 12,000 hommes, qui est poursuivie par le prince de Berg et les maréchaux Soult, Lannes et le prince de Ponte-Corvo, et qui était le 3 à Kriwitz, ayant l’air de se retirer sur Wismar, avait débordé la gauche du maréchal Soult pour se retirer sur Hambourg, vous vous mettrez à sa poursuite. Le maréchal Mortier, avant d’entrer à Hambourg, pourra passer dans le Lauenbourg pour y culbuter tout ce qui appartient aux Suédois. Je le laisse le maître de ce mouvement; mais il se mettra à la poursuite de la colonne du général Blücher, si elle n’était pas encore prise. Le maréchal Davout est entré à Posen, capitale de la grande Pologne. Les Polonais paraissent vouloir s’insurger. Dans peu de jours je vais moi-même marcher sur la Vistule. Envoyez-moi, tous les jours, un officier avec des états de situation.
Berlin, 7 novembre 1806
A M. de Talleyrand
Monsieur le prince de Bénévent, M. Maret vous enverra les décrets par lesquels je rappelle M. la Rochefoucauld de Vienne et je nomme à sa place le général Andréossy. Mon intention est que vous m’apportiez leurs lettres de créance et de récréance à signer à dix heures du matin, et que votre courrier soit prêt à partir avant midi; il sera adressé au général Andréossy. M. la Rochefoucauld présentera sur-le-champ sa lettre de récréance et partira immédiatement pour Berlin.
Vous préparerez une dépêche au général Andréossy pour lui faire connaître qu’il doit dire : qu’il ne sera plus question que très-légèrement d’alliance; que cela était bien il y a un mois, que la cour de Vienne ne m’avait donné aucuns sujets d’inquiétude; qu’aujourd’hui ils sont visibles, que je ne puis me le dissimuler; et que, tant qu’elle entretiendra sur mes flancs 60 à 80,000 hommes, je ne la croirai pas disposée à vivre tranquille avec moi. En présentant sa lettre de créance à l’empereur, le général Andréossy lui dira que je veux lui donner une nouvelle preuve de mon amitié et de mon désir de vivre en paix, mais dans une véritable paix, et que je ne puis considérer comme tel un état de choses où je me trouverais menacé. Il expliquera aussi au ministère que j’entends par être en paix n’être point menacé et ne pas voir l’Autriche profiter de tous les événements militaires pour être prête à me tomber dessus.
Vous me présenterez également à midi la réponse aux deux nouveaux hospodars, que vous ferez partir également par un courrier extraordinaire.
Berlin, 7 novembre 1806
Au maréchal Berthier
Faites partir quatre ingénieurs géographes pour Posen, pour qu’ils fassent la reconnaissance d’une circonférence de douze lieues dont Posen serait le centre, car c’est là que j’ai le projet de livrer bataille aux Russes s’ils veulent avancer.
Berlin, 7 novembre 1806
Au maréchal Davout
Mon Cousin, j’ai lu votre lettre du 5 au prince de Neufchâtel. Vous recevrez l’ordre de vous diriger sur Posen avec votre corps d’armée. Faites suivre, comme vous pourrez, vos 3,000 fusils, afin que vous puissiez les distribuer aux Polonais à Posen. Des lettres du 30 octobre, interceptées, paraissent prouver que les Russes ne sont pas encore à Varsovie. J’imagine que vous serez le 9 on le 10 à Posen. Toutefois mon intention est que vous n’engagiez aucune affaire sérieuse, surtout avec les Russes, s’il en était arrivé sur la Vistule. Le maréchal Augereau sera le 9 à Driesen. Le maréchal Lannes sera le même jour à Schneidemühl. Le prince Jérôme sera maître de Gross-Glogau, si cette place veut se rendre, et, en cas qu’elle ne veuille point se rendre, mon intention est de faire passer l’Oder au corps du prince Jérôme et de le diriger du côté de Schmie gel, pour intercepter la route de Breslau à Posen. Quand vous serez à Posen, vous enverrez des partis pour intercepter les routes de Posen à Breslau, Graudenz et Thorn. Il est impossible que cela ne vous procure pas quelques renseignements importants. Envoyez reconnaître les ponts sur la Warta, entre Küstrin et Posen, afin que si, par les mouvements de l’ennemi, vous deviez vous porter sur votre gauche, je sache où vous devez passer cette rivière. Envoyez des ordres à la division de dragons du général Beaumont, qui est partie d’ici ce matin à la pointe du jour, afin qu’elle vous joigne; elle sera le 7 sur l’Oder, et elle pourra être le 10 à Posen; si l’ennemi est toujours très-loin, ne la fatiguez pas inutilement, et ne la faites arriver que le 11. Prévenez le général Beaumont de maintenir une sévère discipline, et établissez-la dans votre corps d’armée; il serait malheureux d’indisposer les Polonais. J’imagine que vous avez quelques Polonais avec vous. Vous devez trouver facilement des espions et des agents pour être instruit de la marche des Russes. N’ayez point trop de confiance, c’est ce que je dois vous recommander aujourd’hui. Il m’importe d’avoir fréquemment de vos nouvelles. Envoyez un adjoint sur la route de Stettin , pour qu’il puisse vous porter des nouvelles du maréchal Lannes. Ne fatiguez point vos troupes, et arrivez à Posen sans faire des marches forcées. Choisissez à Posen une bonne position militaire qui couvre la route de Thorn et celle de Varsovie. Comme il est possible que je vous laisse là trois ou quatre jours, ne pouvant m’avancer davantage sans avoir fait rapprocher les corps qui sont sur mes derrières, faites faire des baraques et établissez-vous là très militairement. Faites lever par des ingénieurs le croquis de votre position tout autour, et que, dans la position que vous prendrez, vous puissiez faire votre retraite indistinctement sur la rive gauche ou sur la rive droite de la Warta. Vous ferez, en conséquence, reconnaître votre seconde position de retraite, qui me parait devoir être derrière un petit ruisseau qui rencontre la route de Posen à Schneidemühl, au village de Rogasen.
Faites construire des fours à Posen, puisque toute l’armée va se réunir là; mais faites-les construire véritablement en trois jours. Envoyez-en l’ordre à votre cavalerie. Faites-moi connaître en combien de jours un bateau remonte la Warta depuis Küstrin jusqu’à Posen.
En prenant une position militaire, éloignez-en un peu votre cavalerie, afin de ne pas manger ce qui serait autour de votre camp et de le réserver pour des moments difficiles d’opérations. A votre entrée à Posen, prenez des mesures pour établir des magasins de farine, d’avoine, d’eau-de-vie et de viande, si vous n’y en trouvez pas, non-seulement pour votre corps, mais pour toute l’armée.
Berlin, 7 novembre 1806
Au général Lemarois
Monsieur le Général Lemarois, je vois avec plaisir la situation déjà avancée des fortifications; mais je ne puis voir sans peine qu’i n’y ait pas une pièce en batterie. Qu’avant le 10 il y en ait au moins vingt, et que les ouvrages soient garnis. Je suis étonné que vous n’ayez pas reçu d’ordre pour envoyer de l’artillerie à Magdeburg; il y a quatre jours que vous auriez dû y envoyer des mortiers et de pièces; envoyez-y sur-le-champ six pièces de 24, approvisionnées chacune à cinq cents boulets, avec la poudre nécessaire, et deux mortiers avec trois cents bombes. Faites venir à Wittenberg les cinq cents milliers de poudre de Torgau. Vous pouvez en envoyer cent milliers à Magdeburg. Je ne pense pas que les bateaux qui les porteront seront assez bêtes pour se jeter dans la ville. Prévenez bien le maréchal Ney du jour où ils partiront, afin qu’il fasse garder l’endroit où on les débarquera.
Envoyez à Berlin tous les constructeurs de fours français qui seraient à Wittenberg. Combien avez-vous de fours de faits ? Ramassez des boulangers pour vous faire du biscuit; il faut que vous ayez à Wittenberg un approvisionnement.
Je vous ai donné l’ordre de revenir près de moi; mais, avant de partir, ordonnez qu’on ne ménage pas les palissades. Je suppose que l’adjudant commandant Nivet est capable de me répondre de ce poste. Il faut que l’on cantonne la garnison qu’on aura dans les bastions, en chargeant chaque officier de la défense d’un ouvrage. Par ce moyen vous défendrez avec 600 hommes ce que vous ne défendriez pas avec 4,000 hommes. Vous me ne dites pas si les fossés sont pleins d’eau; c’est un moyen de défense pour la place, qui la mettra à l’abri d’un coup de main. Renvoyez une des deux compagnies de sapeurs que vous avez; cela ne répond pas à votre demande, mais j’ai aujourd’hui d’autres points à garder. Vous devez avoir une bonne compagnie d’artillerie à pied, c’est tout ce qu’il vous faut. Les officiers d’artillerie ne manqueront pas d’instruire quelques soldats d’infanterie à la manœuvre du canon.
Berlin, 7 novembre 1806
Au maréchal Mortier
Mon Cousin, j’ai reçu votre lettre du 3 octobre. Je suis surpris que le régiment italien ne soit pas encore arrivé. Il devait être le 26 à Mayence. J’imagine que les hommes à pied qui étaient à Mayence sont arrivés, et que vous les avez montés avec les chevaux de l’Électeur. Je ne vous parle plus de Cassel, parce que vous en êtes parti depuis longtemps. Il est nécessaire que vous soyez le 10 ou le 11 à Hambourg. Le roi de Hollande vous donnera vos instructions. Cela ne doit pas vous empêcher de vous mettre en correspondance avec les commandants de Berlin et de Stettin; car il est possible que, dans quelques jours, je me porte de ma personne au milieu de la Pologne, où mes postes sont déjà arrivés. Si le Roi s’en retourne en Hollande et que vous commandiez en chef, cela ne changera rien à votre position.
Vous laisserez un petit corps devant Hameln et Nienburg, et vous vous porterez dans le Lauenbourg et de là sur Hambourg, d’où, selon les ordres que je vous enverrais, vous vous porteriez dans la Poméranie suédoise, à la poursuite de la colonne du général Blücher. Vous laisserez à Hanovre un commandant avec une poignée de monde. Point de dilapidations, portez-y une grande attention; je n’en veux pas, tout doit être clair et net. Vous ne sauriez m’envoyer trop souvent des officiers pour m’instruire de toutes vos opérations. J’enverrai demain au roi de Hollande des instructions sur la prise de possession de Hambourg. Faites aux Suédois le plus de mal que vous pourrez, et tâchez de couper la colonne de Blücher, qui était le 3 à Kriwitz. Mettez-vous en correspondance avec le maréchal Ney, qui assiège Magdeburg.
Berlin, 7 novembre 1806
Au maréchal Davout, à Francfort-sur-l’Oder
Mon Cousin, voici les renseignements positifs que je reçois sur les Russes. Le général Bennigsen commande en chef l’armée russe. Elle est composée de quatre colonnes; chaque colonne, infanterie cavalerie et artillerie comprises, est de 14,000 hommes, ce qui fait en tout 56,000 hommes, qui probablement se réduiront à 50,000 car cette armée a mis vingt jours pour arriver sur ses frontières et elle en mettra bien vingt autres pour arriver an point de rendez vous. Le général Bennigsen est arrivé en courrier à Grodno le 18 octobre; il y a conféré avec les généraux prussiens envoyés pour conduire les colonnes.
Le 22, les quatre colonnes doivent se réunir, l’une dans le nord de la Pologne, à Georgenburg, la seconde à Olita, la troisième à Grodno et la quatrième à Jalowka. Il ne paraît pas que la tête d’aucune de ces colonnes fût arrivée le 22 octobre. En faisant la supposition la plus favorable à l’ennemi, que la tête des colonnes arrivât le 23, on savait que la queue était à dix jours en arrière, c’est-à-dire ne pouvait arriver que le 2 novembre. Le général prussien avait obtenu du général Bennigsen, qui cependant n’avait pas reçu d’instructions de son maître, qu’il ferait entrer les colonnes par 5,000 hommes, à mesure qu’elles arriveraient. En supposant que la nouvelle de la bataille n’ait point changé ces dispositions, comme tout porte à le penser, on peut supposer que les cinq premières colonnes de 5,000 hommes seraient entrées le 23. Il leur faut quinze jours pour arriver à Thorn; elles arriveraient donc le 7 ou le 8 novembre dans cette ville, et les autres colonnes, si elles avaient continué leur mouvement, y arriveraient le 18 ou le 20 novembre. Voici la disposition des choses. Je vous ai fait mettre sur un croquis les positions que prennent les colonnes russes, afin que, par les renseignements que vous aurez, vous puissiez être instruit de leurs mouvements. Ce que je vous dis là est sûr. C’était le projet arrêté à Grodno entre les deux commissaires le 18 octobre.
Si la nouvelle de la bataille du 14 n’a point changé les dispositions des Russes, et qu’ils n’aient point retardé leur mouvement, mon intention n’est pas de dépasser Posen. Il faut donc m’établir des magasins, choisir une belle position, en faire lever le croquis par les ingénieurs géographes et tracer un plan tel que je puisse me retirer sur Stettin ou sur Küstrin à volonté, c’est-à-dire sur la rive droite ou sur la rive gauche de la Warta. Faites bien reconnaître tous les ponts de cette rivière. Je ne suppose pas que, dans la position de Posen, l’ennemi vienne m’attaquer avant le 18. Il y a donc plus de huit jours pour faire ses dispositions et s’établir bien convenablement. Je réunirai là, avant ce temps, les corps des maréchaux Lannes et Augereau avec le vôtre, les alliés que commande le prince Jérôme, ma Garde et les divisions Klein et Nansouty.
J’imagine que vous aurez fait passer les 3,000 fusils que vous avez pour armer 3,000 Polonais.
Le grand-duc de Berg et les maréchaux Bernadotte et Soult s’éloignent tous les jours. Le général Blücher, qui a pris le commandement de la colonne du duc de Weimar, paraît avoir 15,000 hommes, dont 2 on 3,000 de cavalerie. Le 3, il battait en retraite; son arrière-garde a été culbutée. Il a été le 3 à Schwerin, le 4 à Lübeck; mais le 4 le grand-duc de Berg était arrivé à l’avant-garde avec 6,000 hommes de cavalerie. Le défaut de cavalerie avait empêché le maréchal Bernadotte de profiter de ses avantages; mais je compte que, le 6 ou le 7, je serai défait de cette colonne-là; mais il faudra toujours dix jours à ces corps pour retourner à Berlin. Vous sentez que la raison qui m’empêche de m’éloigner davantage est que j’espère les avoir à Posen vers le 20 novembre. Si les Russes, au contraire, avaient retardé leur mouvement, les choses seraient différentes, et je me résoudrais à un autre parti. Faites-moi faire, par l’officier du génie qui a suivi votre marche, un croquis de la route de Francfort et Küstrin à Posen. Faites faire aussi un croquis de la route de Posen à Glogau et de Posen à Thorn, avec une bonne reconnaissance de la Warta depuis Posen jusqu’à l’Oder.
Berlin, 7 novembre 1806
Au maréchal Lannes
Mon Cousin, le major général vous envoie un ordre de mouvement pour que votre cavalerie légère pousse des reconnaissances, le 9, jusqu’à Schneidemühl. Si vous pouvez y être le 9 ou le 10, soyez-y. Faites observer une sévère discipline en Pologne. Le colonel Exelmans est entré le 4 à Posen; il y a été reçu avec un enthousiasme difficile à peindre. Le maréchal Davout sera le 9 à Posen; éclairez la route de Neu-Stettin. Laissez emporter pour quatre jours de pain que vous distribuerez aux soldats, et pour quatre jours que vous ferez mettre dans les caissons.
Le corps du maréchal Augereau sera le 9 à Driesen.
Je n’ai pas besoin de vous dire que je ne veux avoir aucun engagement sérieux; et, si vous appreniez que les Russes sont entrés à Graudenz, vous en donneriez avis au maréchal Davout et vous manoeuvreriez, selon les circonstances, pour n’engager rien de sérieux.
Une compagnie d’artillerie doit être arrivée à Stettin; elle ne perdra pas un moment à armer la place. Les 1,200 hommes que vous y laissez vont être employés de la manière suivante : 200 à Damm, 200 au fort de Prusse, 100 au fort Guillaume, 100 an fort Léopold, 600 dans Stettin. Ces hommes se baraqueront par compagnies dans les bastions. Par ce moyen, leur service ne sera pas pénible et ils seront toujours en mesure. Ces 1,200 hommes seront promptement augmentés par les 600 hommes de votre corps d’armée qui partent de Wittenberg et par les détachements qui arrivent de tous côtés.
Donnez ordre que tout ce qui arrivera de votre corps s’arrête à Stettin, pour en renforcer la garnison, jusqu’à nouvel ordre. Ce corps ensuite formera l’arrière-garde de votre division. Il sera de 2,000 hommes environ, et vous rejoindra lorsque la tête du corps d’armée du prince de Ponte-Corvo sera à Stettin , et selon l’ordre que je donnerai. Je vais d’ailleurs envoyer un corps auxiliaire de 1,500 hommes de troupes allemandes.
Recommandez que l’on arme la place avec la plus grande activité, et que, sous deux jours, il y ait des canons dans chaque bastion. Assurez-vous qu’il y ait une compagnie d’artillerie de 100 hommes complète. Par les états que m’a remis le commandant de l’artillerie, cette compagnie est la 18e du 5e régiment d’artillerie à pied, forte de 100 hommes.
Assurez-vous qu’il y ait un chef supérieur de l’artillerie et plusieurs officiers du génie. J’ai donné mes ordres au général Chasseloup. Je veux défendre tout Stettin.
Stettin, avec 1,200 hommes, ayant des canons sur tous les bastions, doit être à l’abri de toute surprise, si, à la manière des Turcs, et suivant l’usage que nous avons aussi pratiqué avec succès, au lieu de monter la garde tous les jours, on confie la garde de chaque pièce à une compagnie, on se baraque dans chaque bastion, on exige que, de nuit, tout le monde soit là jusqu’à dix heures du matin ; lorsqu’on est certain que l’ennemi ne paraît pas, on ne fait rester que la moitié de son monde près de la pièce, et l’on permet au reste d’aller se promener en ville.
Donnez vos ordres en conséquence au commandant de la place. J’ai donné l’ordre à l’état-major d’envoyer des officiers pour commander au fort de Damm et au fort de Prusse.
Berlin, 7 novembre 1806
Au général Songis
Le major général vous donnera l’ordre d’envoyer le général Pernety pour diriger le bombardement de Magdeburg. Des mortiers ont été envoyés d’Erfurt et sont déjà arrivés au camp devant cette place. Six pièces de 24 et huit mortiers sont partis de Wittenberg par l’Elbe. Tout cela est abondamment approvisionné de poudre, bombes et boulets. Mon intention est que le bombardement commence et se continue avec la plus grande activité, de manière qu’il aille tous les
jours en augmentant pendant dix jours; on embrassera tous les points de la ville. Les pièces tireront à boulets rouges pour mettre le feu. Il est impossible que l’ennemi résiste à l’idée de la destruction de cette grande ville. Le général Pernety correspondra fréquemment avec vous. Il tirera de Dresde tout ce dont il aura besoin.
Berlin, 7 novembre 1806
Au maréchal Ney
Je donne ordre au général Lemarois, qui est à Wittenberg, de vous expédier six pièces de 24 et deux mortiers avec armement et approvisionnement. Nous avons de la poudre et des bombes en quantité à Dresde. Vous avez des canonniers qui peuvent servir ce matériel. Bombardez Magdeburg. Toutes les lettres de Stettin assurent que la place n’est pas approvisionnée et manque des objets les plus importants. Je vous ai fait connaître que le bombardement devait toujours aller en augmentant. Servez les pièces avec des boulets rouges, afin de mettre le feu à la ville. J’imagine que vous avez établi de petites redoutes devant la ville, afin que, si les assiégés, mécontents de se voir ainsi maltraités, faisaient des sorties, vous puissiez les recevoir. Envoyez fréquemment des officiers au roi de Hollande à Hanovre, et au maréchal Mortier, qui arrivera le 10 à Hambourg, et faites-moi passer régulièrement les nouvelles que vous aurez de ces deux corps. Je vous recommande aussi de m’envoyer fréquemment des officiers et le bulletin de bombardement. Il y a à Wittenberg 500 milliers de poudre, à Dresde des bombes tant qu’on en veut. Envoyez à Wittenberg des officiers, et à Dresde, à M. de Thiard, que j’ai nommé commandant de cette ville et qui a ordre de vous fournir tout ce dont vous aurez besoin. Ne tardez pas à m’apprendre que Magdeburg est rendu ou en feu. Vous ne manquerez pas de faire connaître au gouverneur qu’il vous est arrivé un équipage de siège de Dresde; qu’avec cent pièces d’artillerie et les officiers du génie et d’artillerie que vous avez la place sera bientôt prise; que dans huit jours vous aurez passé le fossé et pratiqué la brèche; que la ville sera brûlée et saccagée; qu’arrivé à ce point, il n’y aura pas de capitulation pour les officiers; que cette résistance est sans but car mes armées sont sur la Vistule, et que Küstrin et Stettin sont pris. Si jamais ils doutaient de cette prise, je ne verrais pas d’inconvénient qu’un de leurs officiers se rendit par Berlin à Küstrin et Stettin, et revint à Magdeburg pour les assurer de la position des choses. J’imagine qu’avant le 15 novembre vous aurez Magdeburg.
Mes troupes sont entrées en Pologne; elles ont été reçues à Pose avec un enthousiasme difficile à peindre. Le peuple de Pologne demande à grands cris des armes; je lui en ai envoyé. Les Russes n’y étaient pas encore entrés le ler novembre. Il est probable qu nous les rencontrerons dans les premiers jours de décembre. Vous sentez combien je désire que vous soyez débarrassé de Magdeburg, pour être, vers ce temps, sur la Vistule. Vous trouverez à Magdeburg une partie du trésor du prince de Hesse-Cassel et beaucoup de caisses de régiments. Que rien ne vous échappe; pour cela faites visiter tous les fourgons et bagages, et ne laissez aux officiers que ce qui leur appartient bien véritablement.
Berlin, 7 novembre 1806
Au général Lemarois, à Wittenberg
Monsieur le Général Lemarois, j’approuve l’envoi que vous avez fait devant Magdeburg de six pièces de 24, de deux obusiers de 9 pouces, de six obusiers de 7 pouces 1/2. Tout cela est fort bien. Envoyez-y une grande quantité de poudre; vous savez la quantité énorme qu’il en faut pour tant de boulets.
Envoyez un de vos aides de camp sur la route de Leipzig, Gera, Plauen et Hof, à la rencontre des dépôts de cavalerie de Forchheim, où il y a 7 ou 800 chevaux. Cet aide de camp passera par Bayreuth, prendra connaissance des troupes qui s’y trouvent; il verra pourquoi on ne jette pas de bombes dans le fort de Culmbach pour l’obliger à se rendre, et reviendra après vous rejoindre.
Berlin, 7 novembre 1806
Au général Corbineau, à Spandau
Je reçois votre lettre de trois heures et demie. Le général Bourcier avait prévenu les ordres que je lui ai donnés, de faire venir 400 dragons à pied, pour prendre les chevaux qui vous arrivent. Il faut prendre les bottes des prisonniers et leur donner des souliers; la nécessité n’a point de loi, et j’ai besoin de remonter ma cavalerie; d’ailleurs, allant à pied, ces souliers seront plus commodes.
Le général Beker reçoit l’ordre de rester demain pour voir partir les prisonniers de Spandau, afin de s’assurer qu’ils sont bien escortés, et de se rendre à Berlin avec ses deux régiments. J’approuve que vous fassiez escorter ces prisonniers par de l’infanterie; mais je croyais qu’il y avait encore des troupes de Hesse-Darmstadt. Toutefois s’il n’y en a pas, il faut bien se servir des dépôts du 7e corps. Il faut mettre un officier supérieur, afin que les prisonniers ne s’échappent pas. Je pense que toutes les colonnes prisonnières sont arrivées et que vous n’en avez plus à attendre. Si cela est, vous me rejoindrez ; mais, avant de partir, visitez en détail les Augustins, les dépôts et hôpitaux, afin de me rendre compte de tout. A-t-on nettoyé un des magasins dans la citadelle pour y mettre les effets trouvés sur les bateaux ? De quel droit a-t-on donné 450 culottes de peau à un seul régiment ?
Portez-moi un inventaire exact de tous les effets d’habillement qui se trouvent à Spandau.
Il faut garder les culottes de peau qui restent pour les distribuer aux dragons qui vont arriver.
Berlin, 7 novembre 1806
Au roi de Naples
J’ai éprouvé de la peine de la perte du colonel Bruyère; c’était un joli officier. Encore s’il était mort sur le champ de bataille ! J’ai vu avec plaisir que vous me renvoyez cinq régiments de dragons. Je vous ai fait connaître que je désire que vous me renvoyiez encore quelques régiments de cavalerie. Vous me proposez de m’envoyer un régiment napolitain ; vous êtes là-dessus le maître de faire ce que vous voudrez. Un régiment de 2,000 Napolitains me serait fort agréable. Si vous prenez ce parti, dirigez-le sur Brescia, d’où j’aurai le temps de le faire venir sur Berlin. Quant aux généraux et adjudants commandants, vous pouvez prendre ceux qu’il vous convient.
Si décidément vous ne savez que faire de Masséna, envoyez-le Berlin. Je tâcherai de lui donner le commandement d’un de mes corps d’armée.
Berlin, 7 novembre 1806
28e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE
Sa Majesté a passé aujourd’hui, sur la place du palais de Berlin depuis onze heures du matin jusqu’à trois heures après midi, la revue de la division de dragons du général Klein. Elle a fait plusieurs promotions. Cette division a donné avec distinction à la bataille d’Iena, et a enfoncé plusieurs carrés d’infanterie prussienne. L’Empereur a vu ensuite défiler le grand parc de l’armée, l’équipage de pont et le parc du génie; le grand parc est commandé par le général d’artillerie Saint-Laurent, l’équipage de pont par le colonel Bouchu et le parc du génie par le général du génie Cazal.
Sa Majesté a témoigné au général Songis, inspecteur général, sa satisfaction de l’activité qu’il mettait dans l’organisation des différentes parties du service de l’artillerie de cette Grande Armée.
Le général Savary a tourné près de Wismar sur la Baltique, à la tête de 500 chevaux du 1er de hussards et du 7e de chasseurs, le général prussien Usedom, et l’a fait prisonnier avec deux brigades de hussards et deux bataillons de grenadiers. Il a pris aussi plusieurs pièces de canon. Cette colonne appartient au corps que poursuivent le grand-duc de Berg, le prince de Ponte-Corvo et maréchal Soult, lequel corps, coupé du côté de l’Oder et de la Poméranie, paraît acculé du côté de Lubeck.
Le colonel Exelmans, commandant le ler régiment de chasseurs du maréchal Davout, est entré à Posen, capitale de la grande Pologne. Il y a été reçu avec un enthousiasme difficile à peindre; la ville était remplie de monde, les fenêtres parées comme en un jour de fête; à peine la cavalerie pouvait-elle se faire jour pour traverser les rues.
Le général du génie Bertrand, aide de camp de l’Empereur, s’est embarqué sur le lac de Stettin, pour faire la reconnaissance de toutes les passes.
On a formé, à Dresde et à Wittenberg, un équipage de siége pour Magdeburg; l’Elbe en est couvert. Il est à espérer que cette place ne tiendra pas longtemps. Le maréchal Ney est chargé de ce siège.
Berlin, 8 novembre 1806
A M. de Champagny
Monsieur Champagny, j’ai appris avec plaisir, par votre lettre du 30 octobre, que Mme Champagny vous a donné un fils, et qu’elle est bien portante. Votre fils marchera sur vos traces, c’est ce que je puis lui souhaiter de plus heureux. Je le tiendrai volontiers sur les fonts de baptême. Je serai fort aise de faire une chose agréable à Mme Champagny.
Berlin, 8 novembre 1806
A M. Fouché
Les journaux parlent du voyage de Moreau et de ses conférences avec les agents anglais. Les lettres interceptées disent qu’il est passé à Paris. Cela est-il vrai ou non ? Je désire que vous me disiez quelque chose là-dessus. Voici des lettres de ce misérable Fauche-Borel.
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Je vous envoie beaucoup de lettres interceptées de Mittau et autres endroits.
Berlin, 8 novembre 1806
A la margrave de Bade
Ma Cousine, j’ai reçu votre lettre. La recommandation de Votre Altesse est toute-puissante sur moi. J’ai, à sa considération, oublié tous les griefs que j’avais contre le duc de Weimar. J’ai beaucoup à me plaindre du duc de Brunswick. Elle peut être sans inquiétude sur son fils le prince Charles. Il s’est bien comporté à la bataille, et il supporte très-bien la fatigue. Il me reste à assurer Votre Altesse de l’estime que je lui porte et du désir que j’ai de lui en donner des preuves dans toutes les circonstances.
Berlin, 8 novembre 1806
Au prince d’Orange
Mon Cousin, je ne suis pas le juge de la conduite de Votre Altesse. Il ne me convient pas de balancer la nature de ses obligations. Votre Altesse me dit dans sa lettre qu’elle n’était pas le maître de ne pas me faire la guerre; elle ne trouvera donc pas mauvais que je désire avoir à Fulde un prince qui soit maître de rester en paix avec moi.
Berlin, 8 novembre 1806
A la princesse héréditaire de Hesse
Ma Cousine, je vois, par votre lettre du 7 novembre, combien vous avez de peine; j’y prends part. Je remercie Votre Altesse de tout ce qu’elle me dit d’aimable. Je voudrais que mes rapports avec elle fussent dans des circonstances plus tranquilles. Nous nous trouvons tous ballottés au milieu d’un orage : ceux qui l’ont suscité méritent votre blâme et le mien. Toutefois je prie Votre Altesse de croire aux sentiments d’estime et de considération avec lesquels je suis son bon Cousin,
Napoléon
Berlin, 8 novembre 1806
A Madame de Montmorency-Mortemart
Madame de Mortemart, j’ai reçu votre lettre. J’ai ordonné que votre grand’mère pût rentrer en France. Je suis aise que ceci puisse contribuer à votre satisfaction. Ne doutez pas de l’intérêt que je vous porte et de mon intention de vous en donner des preuves dans toutes les circonstances.
Berlin, 8 novembre 1806
NOTE
Prendre tout ce qui se trouve à Stettin de vin, eau-de-vie, liqueurs, rhum et rack, pour le service de l’armée; on donnera des repas aux particuliers.
On fera transporter les trois quarts de tout à Küstrin, et on me fera connaître pour combien de jours il y en a pour l’armée.
Les froids vont devenir vifs et l’eau-de-vie peut sauver mon armée. On m’assure qu’on trouve beaucoup de vin à Stettin; il faut tout prendre, y en eût-il pour vingt millions. C’est le vin qui dans l’hiver me vaudra la victoire; il faut le prendre en règle et on donnera des reçus.
Tous les souliers qu’on pourra se procurer, les diriger sur Küstrin, ne point en distribuer à Berlin; faire venir ceux qui sont à Mayence et à Erfurt jusqu’à Küstrin : tout ce qu’il y a de confectionné.
- la Bouillerie portera en compte un mois de solde du 5e corps, qui sera payé par M. le maréchal Lannes.
Berlin, 9 novembre 1806
Au roi de Hollande
J’ai reçu votre lettre du 4 novembre, de Paderborn. Il est possible que le corps sorti de Hameln soit sorti pour fourrager et qu’il y rentre. Je ne sais ce que vous voulez dire en parlant d’officiers qui se réunissent au corps dans leurs anciennes garnisons. Chacun de ces officiers doit retourner dans sa famille. S’il y en a d’étrangers au pays, il faut les renvoyer sur-le-champ; ils ont la permission de s’en retourner chez eux et voilà tout. J’espère que vous avez, à l’heure qu’il est, pris possession de Hanovre.
Le corps de Blücher, que je vous avais annoncé se diriger du côté de Lubeck, a été battu et pris. Il était de 20,000 hommes. Magdeburg capitule en ce moment.
Berlin, 9 novembre 1806
A l’Impératrice
Ma bonne amie, je t’annonce de bonnes nouvelles : Magdeburg s’est rendu, et, le 7 novembre, j’ai pris à Lubeck 20,000 hommes qui étaient échappés depuis huit jours. Ainsi voilà toute l’armée prise; il ne reste pas à la Prusse, au delà de la Vistule, 20,000 hommes. Plusieurs de mes corps d’armée sont en Pologne. Je suis toujours à Berlin. Je me porte assez bien.
Adieu, mon amie; mille amitiés à Hortense, à Stéphanie et au petit Napoléon.
Berlin, 9 novembre 1806
A M. Cambacérès
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 2 novembre. Le bulletin d’aujourd’hui vous intéressera; mais j’imagine que vous aurez été instruit, par des courriers de Hambourg, du combat de Lubeck. Voilà toute l’armée prussienne finie; il ne reste pas, au delà de Vistule, 20,000 hommes au roi de Prusse.
Faites venir l’ambassadeur de la Porte; dites-lui que je sais que la Porte a été forcée de rétablir les deux hospodars; mais que je suis à Varsovie et que je ne ferai pas de paix qu’ils ne soient chassés et remplacés par des amis de la Porte; que la Porte doit prendre courage et montrer un peu d’énergie; que toutes les forces russes vont être obligées de venir sur moi pour défendre la Pologne russe; qu’il faut que la Porte profite de ce moment pour montrer des troupes à Choczim et sur les frontières du Dniester.
Berlin, 9 novembre 1806
Au roi de Hollande
- de Montesquiou m’apporte votre lettre du 5 novembre. J’agrée que vous retourniez dans votre royaume et laissiez le commandement en chef au maréchal Mortier. Dès que vous serez arrivé chez vous, envoyez en Hanovre de la cavalerie pour compléter la cavalerie hollandaise. Gouvernez d’une manière ferme. Tout n’est pas fini; il faut dire à votre conseil qu’il faut reconquérir les colonies par terre, puisque nous sommes si impuissants sur mer. Il faut qu’au printemps prochain vous puissiez me fournir 20,000 hommes. Complétez le plus possible votre division du Hanovre. Envoyez surtout votre cavalerie, qui ne vous est d’aucune utilité et qui est si utile.
Berlin, 9 novembre 1806
Au maréchal Berthier
Écrivez à l’officier qui commande le génie à Spandau pour témoigner mon mécontentement de ce que les travaux de cette place ne continuent pas; la raison qu’il allègue du défaut de sapeurs n’est pas valable. Il peut prendre quelques sergents de ligne pour diriger les travaux. Cela peut ralentir, mais non faire suspendre les travaux. Mon intention est donc qu’on continue.