Correspondance de Napoléon – Novembre 1806
Novembre 1806
Berlin, 1er novembre 1806, 8 heures du matin
Au maréchal Lannes
Mon Cousin, croyez-vous donc que je ne voie pas que votre corps d’armée a fait des marches forcées et que vous l’avez dirigé avec toute l’intelligence possible ? Vous êtes de grands enfants. En temps et lieu, je donnerai des preuves, à vous et à votre corps d’armée, de toute la satisfaction que j’ai de votre conduite. J’attends avec impatience que vous preniez ce duc de Weimar. Le grand-duc de Berg m’a sans doute envoyé beaucoup de renseignements; mais je n’ai reçu qu’une page de sa lettre, l’autre page est restée sur son bureau. J’ai envoyé à Stettin le général Bertrand pour voir la situation de 1a place, le général Chasseloup, un général d’artillerie et un commissaire des guerres.
Berlin, ler novembre 1806
Au grand-duc de Berg
Vous m’écrivez une lettre du 31 octobre à huit heures du matin. Il parait que la lettre était longue, puisqu’elle est composée de deux feuilles; mais vous ne m’avez envoyé que la dernière feuille et vous avez oublié la première.
Berlin, 1 novembre 1806, 2 heures du matin
Talleyrand arrive et me dit, mon amie, que tu ne fais que pleurer. Que veux-tu donc ? Tu as ta fille, tes petits-enfants, et de bonnes nouvelles; voila bien des moyens d’être contente et heureuse.
Le temps est ici superbe; il n’a pas encore tombe de toute la campagne une seule goutte d’eau. Je me porte bien, et tout va au mieux.
Adieu, mon amie; j’ai reçu une lettre de M. Napoléon; je ne crois pas qu’elle soit de lui, mais d’Hortense.
Mille choses à tout le monde.
Berlin, 2 novembre 1806, 5 heures du matin
Au maréchal Davout
Mon Cousin, il parait que l’Oder est environné de marais; faites-en faire la reconnaissance, depuis Krossen jusqu’à Küstrin, par un officier du génie. Faites aussi faire la reconnaissance de la Warta et de la Marche depuis Küstrin jusqu’à Landsberg. De quelle nature sont ces marais? Y a-t-il des chaussées ? Comment communique-t-on de Sonnenburg à Küstrin ?
J’ai donné ordre au corps des Bavarois et des Wurtembergeois, formant 18,000 hommes, de se porter à Krossen, ce qui formera votre droite. Tenez votre corps d’armée, reposé le plus possible, à Francfort et environs. Procurez-vous là quelques paires de souliers et des capotes. Opérez avec quelques détachements sur Küstrin. Envoyez des piquets de cavalerie sur Landsberg et Posen. Faites préparer à Francfort 120,000 rations de pain biscuité, afin qu’en partant vous puissiez remplir vos caissons pour quatre jours, indépendamment de quatre jours de pain que vous ferez distribuer à vos troupes. Je pense que, si vous n’avez aucun ennemi à portée, il faut tenir cantonnées vos troupes.
Berlin, 2 novembre 1806
Au maréchal Davout
Mon Cousin, je vous félicite de la prise de Küstrin. J’attends avec impatience l’état des magasins que vous y avez trouvés. Sur un plan que j’ai, je vois qu’il y a un petit fortin sur la rive gauche de l’Oder formant tête de pont. Faites-le rétablir; ayez là une bonne tête de pont, qui nous rende maîtres de l’Oder et de la Warta. Faites-moi connaître ce qu’il y a de fours et ce qu’on peut faire de pain. Voilà un bon appui pour l’armée.
Berlin, 2 novembre 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, faites donner 1,200 paires de souliers au 28e régiment d’infanterie légère. Faites donner 3,000 chapeaux au corps du maréchal Davout, 1,000 au corps du maréchal Lannes, 1000 à celui du maréchal Soult, 1,000 à celui du prince de Ponte-Corvo.
Prévenez, par l’ordre de l’armée, qu’il y a dans l’arsenal de Berlin une grande quantité de caisses de tambours, et que les corps qui en auront besoin peuvent en demander.
Chargez le maréchal Bessières de visiter les 5,000 bois de selles qui sont ici en magasin, pour savoir s’ils sont bons, et faites connaître ce qu’il faudrait pour compléter les selles. Donnez au corps du maréchal Lannes 6,000 paires de souliers à prendre à Stettin, et au corps du maréchal Davout 6, 000 à prendre à Franccfort.
Prévenez l’armée qu’il y a à Berlin 80,000 gibernes que les corps peuvent demander, s’ils en ont besoin.
Faites distribuer les 2,103 culottes de peau qui sont à Berlin aux dragons, à mesure qu’ils sont montés. Faites-leur donner aussi, s’ils en ont besoin , des sabres et des baudriers. Prévenez les corps de chasseurs, dragons et hussards, qu’il y a beaucoup de baudriers à Berlin.
Donnez ordre que les 5,000 paires de bas de laine soient donnés en gratification aux blessés, à mesure qu’ils sortent de l’hôpital et qu’ils rejoignent leurs corps.
Faites connaître aux régiments de cavalerie qu’il y a une grande quantité d’objets de harnachement à Berlin , et qu’ils en forment la demande quand ils en auront besoin.
Il y a également des marmites et des petits bidons. Faites donner 800 marmites, 800 gamelles, 800 bidons, 800 haches au corps du maréchal Davout, qui les a demandés.
Berlin, 2 novembre 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, envoyez l’ordre au général Sanson de faire une reconnaissance de l’Oder, depuis Francfort jusqu’à la mer Baltique, à trois lieues sur l’une et l’autre rive. Il fera connaître le nombre de villages, leur population, la nature du terrain, et, s’il y a des marais, les débouchés et les digues par où on peut les passer; enfin les monticules et les accidents de terrain qui seraient favorables à une armée. Le général Sanson chargera quatre ingénieurs géographes de cette reconnaissance, et leur donnera le même programme. Cette reconnaissance sera faite dans le but qu’on voulût défendre le s- sage de l’Oder en s’appuyant à Küstrin et Stettin.
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Il est nécessaire que cette reconnaissance me soit remise avant huit jours.
Berlin, 2 novembre 1806
NOTE POUR L’INTENDANT GÉNÉRAL
Il y aura un officier supérieur, qui se tiendra à Burg, qui sera chargé du commandement du duché de Magdeburg. Il y aura un sous-inspecteur aux revues, faisant fonctions de préfet et d’intendant des finances, et un receveur chargé des recettes.
La Vieille-Marche sera organisée de la même manière; chef-lieu, Stendal (ville dont le nom inspirera Henri Beyle… qui deviendra Stendahl);
La moyenne Marche, Berlin;
La Marche de l’Ucker, Prenzlow;
La Priegnitz, Perleberg;
La Marche citérieure, Landsberg;
La Marche ultérieure, Friedeberg;
La Marche incorporée, Krossen;
La Poméranie citérieure, Stettin;
La Poméranie ultérieure, Halle.
Ainsi donc, pour l’endroit de la Prusse qui est occupé, dix départements; il faut dix inspecteurs aux revues ou auditeurs, dix préposés du receveur, et dix adjudants commandants, chefs de bataillons ou capitaines.
DE LA POLICE
Chaque commandant correspondra avec le gouverneur général à Berlin. Il sera autorisé à armer quatre brigades de gendarmerie, composées d’hommes du pays, de six hommes chacune, pour se porter dans la campagne.
Chaque commandant aura une escouade de dragons ou de cavalerie, de six ou huit Français au moins.
DE L’ADMINISTRATION
L’intendant sera chargé de toute la partie des finances; à mettre la main sur tous les magasins appartenant au Roi, caisses et domaines, veillera à la perception des revenus.
L’intendant correspondra avec M. Estève directement, avec l’adjudant général pour ce qui concerne l’armée, et avec le directeur général des contributions.
La justice continuera à être rendue par les tribunaux du pays. Il sera établi des commissions militaires à Berlin, Stettin, Halle, pour les traîneurs commettant des désordres.
Les intendants feront aussi les fonctions de commissaires guerres attachés au territoire, et pourvoiront aux étapes, passages de troupes, etc.
ORGANISATION MUNICIPALE
Dans les grandes villes, telles que Berlin, Stettin, Francfort-sur-l’Oder, Brandenburg et Halle, ayant plus de 3,000 habitants, il sera formé une garde nationale, qui sera de 1,200 hommes pour Berlin, 40 hommes pour Stettin, 60 hommes pour Halle, etc. Ils seront nommés par le commandant français, qui leur fera remettre des armes, et ils seront à sa disposition pour la police de la ville.
Toutes les villes correspondront avec l’administration générale par le canal de l’intendant, hormis celles de Berlin, Stettin et Francfort, qui auront une organisation particulière et correspondront directement.
Auprès de chaque intendant il sera nommé un conseil de notables, choisis parmi les plus capables; M. d’Angern pourra écrire à cet effet.
- Daru présentera ce décret, demain, bien rédigé, tel que l’organisation de Berlin s’y trouve, compris même le décret qui regarde les fonctions de MM. Estève, Villemanzy et autres.
Il y mettra le nom de tous les inspecteurs aux revues, et il demandera au ministre de la guerre qu’il y mette les noms de tous les commandants qu’il enverra dans les divers lieux.
S’informer pourquoi la poste ne marche pas, et m’en faire un rapport ce soir.
S’informer de ce qu’il faut faire pour le commerce, soit des approvisionnements, soit général.
faire nommer également par M. d’Angern les habitants qui doivent former le conseil.
Ordonner la continuation des impositions.
Berlin, 2 novembre 1806
Au grand-duc de Berg, à Demmin
Le roi de Suède est ennemi. Si vous rencontrez des troupes suédoises, il faut les désarmer et leur faire tout le mal qu’on pourra.
Je vous autorise à faire prendre tous les étalons du Mecklenburg et à les faire conduire à Spandau, en les faisant escorter par des piquets de cavalerie. Faites saisir également toutes les caisses du Mecklenburg; tous ces princes sont nos ennemis.
J’espère qu’enfin à l’heure qu’il est vous vous serez rendu maître du duc de Weimar, et qu’ainsi seront terminées entièrement les destinées de cette armée.
Küstrin s’est rendu hier. Nous y avons trouvé 80 pièces de canon et des magasins de subsistances considérables; nous y avons fait 4,000 prisonniers.
Ainsi le maréchal Davout et le prince Jérôme avec l’armée auxiliaire, qui est de 30,000 hommes environ, sont sur les confins de la Pologne.
J’ai passé en grand détail la revue de la division du général Nansouty. Il est encore à Berlin, où son monde se repose et se met en bon état.
J’attendrai, pour vous prescrire de nouveaux mouvements, que je sache où se trouveront les différents corps d’armée des maréchaux Soult, Bernadotte et Lannes, au moment où le duc de Weimar et le reste de sa colonne seront pris. Aussitôt que ces opérations seront finies, il sera convenable que le maréchal Lannes revienne sur Stettin pour y réunir tout son corps d’armée.
Berlin, 2 novembre 1806
25e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE
Le général de division Beaumont a présenté aujourd’hui à l’Empereur 50 nouveaux drapeaux et étendards pris sur l’ennemi. Il a traversé toute la ville avec les dragons qu’il commande et qui portaient ces trophées. Le nombre des drapeaux, dont la prise a été la suite de la bataille d’Iena, s’élève en ce moment à 200.
Le maréchal Davout a fait cerner et sommer Küstrin, et cette place s’est rendue. On y a fait 4,000 hommes prisonniers de guerre. Les officiers retournent chez eux sur parole, et les soldats sont conduits en France. 90 pièces de canon ont été trouvées sur les remparts. La place, en très-bon état, est située au milieu des marais; elle renferme des magasins considérables. C’est une des conquêtes les plus importantes de l’armée; elle a achevé de nous rendre maître de toutes les places sur l’Oder.
Le maréchal Ney va attaquer en règle Magdeburg, et il est probable que cette forteresse fera peu de résistance.
Le duc de Berg avait son quartier général, le 31, à Friedland. Ses dispositions faites, il a ordonné l’attaque de la colonne du général prussien Bila, que le général Beker a chargée, sur la plaine en avant de la petite ville d’Anklam, avec la brigade de dragons du général Boussart. Tout a été enfoncé, cavalerie et infanterie, et le général Beker est entré dans la ville avec les ennemis, qu’il a forcés de capituler. Le résultat de cette capitulation a été 4,000 prisonniers de guerre. Les officiers sont renvoyés sur parole, et les soldats sont conduits en France. Parmi ces prisonniers se trouve le régiment de hussards de la Garde du Roi, qui, après la guerre de Sept An avaient reçu de l’impératrice Catherine, en témoignage de leur bon conduite, des pelisses de peau de tigre.
La caisse du corps du général Bila et une partie des bagages avaient passé la Peene et se trouvaient dans la Poméranie suédoise; le grand-duc de Berg les a fait réclamer.
Le 1er novembre, au soir, le grand-duc avait son quartier général à Demmin.
Le général Blücher et le duc de Weimar, voyant le chemin de Stettin fermé, se portaient sur leur gauche, comme pour retourner sur l’Elbe; mais le maréchal Soult avait prévu ce mouvement, et il y a peu de doute que ces deux corps ne tombent bientôt entre nos mains.
Le maréchal Lannes a réuni son corps d’armée à Stettin , où l’on trouve encore chaque jour des magasins et des pièces de canon.
Nos coureurs sont déjà entrés en Pologne.
Le prince Jérôme avec les Bavarois et les Wurtembergeois, formant un corps d’armée, se porte en Silésie.
Sa Majesté a nommé le général Clarke gouverneur général de Berlin et de la Prusse, et a déjà arrêté toutes les bases de l’organisation intérieure du pays.
Le roi de Hollande marche sur Hanovre, et le maréchal Mortier sur Cassel.
Berlin, 2 novembre 1806
Au roi de Wurtemberg
Monsieur mon Frère, je reçois la lettre de Votre Majesté, du 27 octobre. Elle aura appris par ses officiers, qui sont près de moi, les événements subséquents qui se passent ici. Il me suffit de lui dire, eu un mot, que pas un homme n’a passé l’Oder; que j’ai dans ce moment plus de 100,000 prisonniers; que Stettin et Küstrin se sont rendus quoique parfaitement approvisionnés et armés, et munis d’une bonne garnison; qu’il ne reste plus au roi de Prusse 10,000 hommes avec lui, avec lesquelles il a repassé la Vistule; que le prince Jérôme, avec un corps de 30,000 hommes, parmi lesquels se trouvent 10,000 hommes des troupes de Votre Majesté, va entrer en Silésie. Le prince de Hohenlohe est retenu à Spandau. J’ai été visiter effectivement le tombeau du grand Frédéric.
Présentez, je vous prie, mes hommages à la Reine et à la princesse Catherine.
Berlin, 2 novembre 1806
Au maréchal Kellermann
Mon Cousin, j’ai lu avec intérêt votre état de situation. Je vois que vous avez dans votre réserve 1,500 chevaux de cavalerie, dragons et hussards. Faites-les partir de Strasbourg et Mayence par gros détachements de 600 hommes, avant le 10 novembre. J’ai demandé que vous fassiez partir, au 4 novembre, 150 hommes de chacun des régiments que vous avez, ce qui, à raison de trente-trois régiments, fera 4 ou 5,000 hommes. Mon intention est que vous fassiez partir un second détachement de même force le 15 novembre. Il suffit que les conscrits soient habillés et armés et aient des capotes. S’ils ne sont pas parfaitement instruits, ils le deviendront, parce que je les laisserai à Wittenberg, Spandau, etc., pour former la garnison de ces places fortes. Il y a besoin ici de troupes, et j’attache de l’importance à ce que ces 10 ou 12,000 hommes, infanterie et cavalerie, me joignent sur la Vistule, c’est-à-dire à plus de dix marches au delà de Berlin, avant le 15 ou le 20 décembre.
Berlin, 2 novembre 1806
Au maréchal Berthier
Comme il serait possible que le maréchal Soult ne reçut pas l’ordre de venir à Dessau, envoyez un aide de camp pour faire exécuter le même ordre que j’avais donné à ce maréchal relativement aux 450 chevaux saxons. Laissez-le maître de les laisser venir à Potsdam, s’il y a des hommes pour les monter, et si, comme on me l’assure, des 4 ou 5,000 chevaux qui doivent arriver à Spandau, il n’y en a que 500.
Berlin, 2 novembre 1806
A M. de Thiard, gouverneur de Dresde
Je reçois votre lettre. Les renseignements que vous me donnez d’un marchand de Mannheim ne sont pas assez clairs; il fallait l’interroger en règle, savoir le jour où il est parti et avoir plus de détails. Il est convenable d’envoyer, en toute diligence, des espions et des agents affidés pour savoir ce qui se passe à Prague et sur toute l’extrême frontière.
Faites-moi connaître la situation des fortifications de Dresde, s’il y a beaucoup à faire pour la mettre à l’abri d’un coup de main. Par le retour de mon courrier, envoyez-m’en un plan avec des observations sur chaque front.
Berlin, 2 novembre 1806
Au général Dejean
Monsieur Dejean, j’apprends qu’il y a de l’embarras à Paris pour ma Garde, qu’on ne la paye pas, et que mon régiment de fusiliers n’est pas habillé. Levez ces obstacles promptement, car je vais appeler cette Garde sous peu de jours.
Berlin, 3 novembre 1806, 5 heures du matin
Au maréchal Davout, à Francfort-sur-Oder
Mon Cousin, ne consommez pas les vivres de siège de Küstrin; ces approvisionnements sont très-difficiles à faire, et Küstrin est une place de première ligne; portez, au contraire, tous vos soins à les conserver; continuez à tirer vos subsistances de Francfort et de Landsberg. Je donne ordre que tout ce qui appartient à votre corps d’armée, qui serait aux dépôts d’Erfurt, Wittenberg, Spandau et autres dépôts en arrière, se rende à Küstrin.
Si vous le jugez convenable, vous pouvez envoyer une bonne division d’infanterie à Landsberg. La division Beaumont est arrivée aujourd’hui; je la laisserai reposer deux jours; immédiatement après, je vous l’enverrai. Le corps que commande le prince Jérôme sera réuni le 4 à Krossen, et appuiera ainsi votre droite; il se chargera de vous couvrir de tout ce qui pourrait déboucher de la Silésie. Il a plus de 3,000 hommes de cavalerie, Bavarois, Badois et Wurtembergeois.
Berlin, 3 novembre 1806
Au maréchal Berthier
Donnez ordre au général Montbrun de partir dans la nuit pour Küstrin. Il se rendra près du prince Jérôme et suivra ses ordres. Faites connaître au prince Jérôme que c’est un excellent officier de cavalerie légère, qu’il peut lui confier une des colonnes qui vont investir Glogau.
Donnez l’ordre suivant au prince Jérôme :
Qu’il envoie par un aide de camp l’ordre à la cavalerie de la seconde division, et à celle wurtembergeoise, de forcer de marche pour le venir rejoindre dans la journée du 6 à Krossen; qu’il en forme sans délai trois détachements, et confie le commandement du premier au général Lefebvre, du deuxième an général Montbrun, et du troisième à un Bavarois; chaque détachement sera de 800 bommes. Il dirigera l’un sur la rive gauche de l’Oder, l’autre sur la rive droite, et le troisième sur Posen. Les deux détachements de la rive gauche et de la rive droite se porteront à Glogau, pour investir la place et voir si elle est disposée à capituler comme Küstrin. Ils enverront des partis jusqu’à Breslau, pour intercepter des courriers et des convois qui pourront donner des nouvelles sur la situation des affaires.
Faites part de ces dispositions au maréchal Davout; recommandez lui de ne pas disséminer sa cavalerie et de la porter toute sur la direction que va bientôt prendre son corps d’armée. Instruisez-le que le général Durosnel, qui est à Oderberg, a eu ordre de passe l’Oder et de pousser des partis sur la gauche; qu’en cas que le besoin de cette cavalerie devient pressant il peut lui ordonner de venir le joindre.
Berlin, 3 novembre 1S06
Au prince Jérôme
Mon Frère, je vous envoie un de mes officiers d’ordonnance, officier du génie. Vous l’enverrez sur la rive droite de l’Oder reconnaître Glogau. L’état-major doit donner des ordres pour faire accélérer la marche de la colonne wurtembergeoise et de la seconde division bavaroise, pour qu’elles soient réunies le 6 à Krossen. Je vous envoi le général de brigade Montbrun, excellent officier de cavalerie légère, que j’ai fait venir de Naples. J’ai prescrit la formation de trois forts détachements de votre cavalerie; vous donnerez le commandement de l’un au général Lefebvre et le commandement du second au général Montbrun. Ces deux détachements sont destinés à se porter sur les deux rives de l’Oder. Le troisième, qui se portera sur Posen pour se lier avec les partis du maréchal Davout, sera commandé par un Bavarois. Vous garderez près de vous le reste de votre cavalerie, et vous l’enverriez à l’appui de celles de ces trois reconnaissances qui en auraient besoin.
Berlin, 3 novembre 1806
A M. Fouché
Faites venir Kosciuszko; dites-lui de partir en diligence pour venir me joindre, mais secrètement et sous un autre nom que le sien. Il s’adressera au général Dombrowski, ou directement au grand maréchal Duroc. Donnez-lui tout l’argent dont il aura besoin. Faites partir aussi tous les Polonais qu’il aurait avec lui. Je désire que tout cela se fasse le plus secrètement possible.
Berlin, 3 novembre 1806
26e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE
On n’a pas encore reçu la nouvelle de la prise des colonnes du général Blücher et du duc de Weimar.
Voici la situation de ces deux divisions ennemies et celle de nos troupes. Le général Blücher, avec sa colonne, s’était dirigé sur Stettin. Ayant appris que nous étions déjà dans cette ville, et que nous avions gagné deux marches sur lui, il se reploya, de Gransee, où nous arrivions en même temps que lui, sur Neu-Strelitz, où il arriva le 30 octobre, ne s’arrêtant point là et se dirigeant sur Waren, où on le suppose arrivé le 31, avec le projet de chercher à se retirer du côté de Rostock pour s’y embarquer.
Le 31, six heures après son départ, le général Savary, avec une colonne de 600 chevaux, est arrivé à Strelitz, où il a fait prisonnier le frère de la reine de Prusse, qui est général au service du Roi.
Le ler novembre, le grand-duc de Berg était à Demmin, filant pour arriver à Rostock et couper la mer au général Blücher.
Le maréchal prince de Ponte-Corvo avait débordé le général Blücher. Ce maréchal se trouvait le 31, avec son corps d’armée, à Neu-Brandeuburg, et se mettait en marche sur Waren, ce qui a dû le mettre aux prises, dans la journée du 1er, avec le général Blücher.
La colonne commandée par le duc de Weimar était arrivée le 29 octobre à Neu-Strelitz; mais, instruit que la route de Stettin était coupée, et ayant rencontré les avant-postes français, il fit une marche rétrograde le 29 sur Wittstock. Le 30, le maréchal Soult en avait connaissance par ses hussards, et se mettait en marche sur Wüstershausen. Il l’aura immanquablement rencontré le 31 ou le 1er. Ces deux colonnes ont donc été prises hier ou aujourd’hui au plus tard. Voici leur force. Le général Blücher a 30 pièces de canon, sept bataillons d’ infanterie et 1,500 hommes de cavalerie; il est difficile d’évaluer la force de ce corps; ses équipages, ses caissons, ses munitions, ont été pris; il est dans la plus pitoyable situation. Le duc de Weimar a douze bataillons et trente-cinq escadrons en bon état, mais il n’a pas une pièce d’artillerie. Tels sont les faibles débris de toute l’armée prussienne. Il n’en restera rien. Ces deux colonnes prises, la puissance de la Prusse est anéantie, et elle n’a presque plus de soldats. En évaluant à 10,000 hommes ce qui s’est retiré
avec le Roi sur la Vistule, ce serait exagérer.
- Schulenburg s’est présenté à Strelitz pour demander un passe port pour Berlin. Il a dit au général Savary : « Il y a huit heure que j’ai vu passer les débris de la monarchie prussienne; vous les aurez aujourd’hui ou demain. Quelle destinée inconcevable et inattendue ! La foudre nous a frappés. » Il est vrai que, depuis que l’Empereur est entré en campagne, il n’a pas pris un moment de repos; toujours en marches forcées, devinant constamment les mouvements de l’ennemi. Les résultats en sont tels, qu’il n’y en a aucun exemple dans l’histoire. De plus de 150,000 hommes qui se sont présentés à la bataille d’Iena, pas un ne s’est échappé pour en porter la nouvelle au delà de l’Oder. Certes, jamais agression ne fut plus injuste, jamais guerre ne fut plus intempestive. Puisse cet exemple servir de leçon aux princes faibles que les intrigues, les cris et l’or de l’Angleterre excitent toujours à des entreprises insensées !
La division bavaroise, commandée par le général Wrede, est partie de Dresde le 31 octobre. Celle commandée par le général Deroy est partie le 1er novembre. La colonne wurtembergeoise est partie le 3. Toutes ces colonnes se rendent sur l’Oder. Elles forment le corps d’armée du prince Jérôme.
Le général Durosnel a été envoyé à Oderberg avec un parti de cavalerie, immédiatement après notre entrée à Berlin, pour intercepter tout ce qui se jetterait du canal dans l’Oder. Il a pris plus de 80 bateaux chargés de munitions de toute espèce, qu’il a envoyé à Spandau.
On a trouvé à Küstrin des magasins de vivres suffisants pour nourrir l’armée pendant deux mois.
Le général de brigade Macon, que l’Empereur avait nommé commandant de Leipzig, est mort dans cette ville d’une fièvre putride. C’était un brave soldat et un parfait honnête homme. L’Empereur en faisait cas, et a été très-affligé de sa mort.
Berlin, 3 novembre 1806
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, donnez ordre aux détachements du 5e et du 9e régiment de dragons, qui viennent du camp de Meudon, de rejoindre ce soir leurs régiments, qui sont à Berlin. Donnez ordre au général Beaumont de se rendre demain, à onze heures du matin, avec les régiments qui composent sa division, sur la place du château, où il se placera dans l’ordre que désignera le maréchal Bessières. S’il a des détachements à Spandau, il les fera revenir. Il faut que tout le monde soit présent, que les colonels aient la situation de leurs régiments et des détachements qu’ils auront faits, afin que je connaisse parfaitement leur situation; et que l’on prépare les propositions pour toutes les places vacantes, afin qu’on puisse me les présenter si je les demande. Vous donnerez l’ordre que dans la nuit on paye un mois de solde à cette division. Il est nécessaire que cela soit fait dans la nuit, afin que les officiers et les soldats puissent acheter dans la ville ce dont ils ont besoin, ces régiments devant bientôt partir. Donnez l’ordre que tous les dépôts de cavalerie qui ont été à Würzburg, Forchheim, et, depuis, à Erfurt, Wittenberg et autres endroits, se rendent à Potsdam pour y être sous les ordres du général Bourcier. Donnez également l’ordre que tous les hommes qui viennent de France sans chevaux se réunissent là.
Berlin, 3 novembre 1806
Au général Bourcier
Je désire connaître l’état de situation exact du grand dépôt de Potsdam en personnel, chevaux, selles et armes. Le général Oudinot m’a dit qu’il avait remis 1,800 chevaux aux dragons à pied. Vous avez dû en reprendre 4 ou 500 de Spandau. C’est le rebut de la cavalerie. Mais vous devez avoir des selles, et quelques jours de repos referont les chevaux. En Silésie, les corps les remplaceront par de meilleurs. Le général Milhaud m’annonce qu’il en a amené 500 aujourd’hui. Je donne ordre que les 200 hommes du 4e régiment de dragons restent sous vos ordres. Il y a ici des magasins de bois de selles, d’étriers, d’éperons. Envoyez l’état de ce dont vous avez besoin au maréchal Bessières, que j’ai chargé de les visiter et qu vous en fera passer. J’ai chargé le général Corbineau de vous envoyer de Spandau des culottes de peau. Il y a ici 15 à 20,000 sabres. Je suis surpris qu’on ne trouve pas de bottes. Mais donnez l’ordre qu’on retire les bottes à tous les cavaliers prussiens et de leur donner en place une paire de souliers. Ils n’en ont plus besoin, et d’ailleurs la nécessité ne connaît pas ces petits ménagements. Je désire que le 1,000 hommes que vous avez viennent à Berlin dans trois ou quatre jours. Je les enverrai à leurs régiments, qui pourront mieux les équiper que je ne pourrais le faire à Potsdam. Envoyez-moi sans délai l’état que je vous demande.
Berlin, 3 novembre 1806
Au maréchal Kellermann
Mon Cousin , je reçois votre lettre du 30 octobre. Je vous ai fa connaître le désir que j’avais que vous me fissiez passer le plus d’hommes possible. Le 28e d’infanterie légère n’a que 1,600 hommes; envoyez-lui-en au plus tôt 400 autres. J’ai des places fortes où je les ferai exercer s’ils ne sont pas instruits, et dont ils formeront même la garnison.
Je vous ai donné ordre de faire partir la 1e compagnie du corps de gendarmerie d’ordonnance. Lorsque ce corps sera de 1,200 hommes et digne de vous, je vous appellerai volontiers pour le commander. Ne laissez point de troupes en arrière. J’occupe beaucoup de pays. Nos postes sont déjà sur les confins de la Pologne. J’ai donc besoin de troupes; mais il faut que les renforts m’arrivent de bonne heure sinon ils arriveront trop tard. Les Russes sont bien loin ; mais il est possible que nous les rencontrions et que nous soyons aux main dans un mois; il n’y a pas de temps à perdre. Tout ce qui arriverait après la bataille ne servirait pas à grand’chose; partez de ce principe.
J’ai vu avec peine que vous aviez envoyé un régiment de cuirassiers pour escorter des prisonniers dans l’intérieur de la France. C’est aux gardes nationales à faire ce service.
Je suis ici dans un pays de cavalerie. Ainsi donc, quand il y aura dans les dépôts de cavalerie 15 hommes en état de partir, envoyez- les-moi sur-le-champ.
Berlin, 3 novembre 1806
Au général Corbineau
Le 21e d’infanterie légère doit avoir été relevé à Spandau par des troupes de Hesse-Darmstadt. Faites-moi connaître ce qu’il y a à Spandau, ainsi que tous les détachements qui s’y trouvent, appartenant au corps d’armée du maréchal Lannes.
Il doit vous arriver 1,500 prisonniers, canonniers d’artillerie légère, qui viennent à cheval; ainsi leurs chevaux vous arriveront tous sellés. On me dit qu’il serait possible que ces hommes consentissent à prendre du service chez mon frère le roi de Naples. Faites-en la proposition aux sous-officiers, si toutefois vous pensez que cela puisse réussir.
Faites-moi connaître tous les détachements, de quelques corps qu’ils soient, qui se trouvent actuellement à Spandau.
Berlin, 3 novembre 1806
Au général Corbineau
Je reçois votre lettre. Faites compter les bateaux et faites l’inventaire exact de tout ce qui se trouve, afin d’éviter que rien ne soit dilapidé. Ayez soin de tout réunir dans de bons magasins. Vous finirez par trouver des bateaux chargés de bottes ; vous en ferez fournir la quantité nécessaire aux dragons à pied qui sont à Potsdam. Envoyez-leur aussi les culottes de peau et ce qui peut être à leur usage. Donnez-moi le plus grand détail sur les fortifications. Faites-moi connaître en détail ce qui se trouve aux différents dépôts et ce qui forme la garnison de Spandau. Puisque vous pensez que la Garde ne pourra pas se remonter avec les chevaux de prise, par la raison qu’on les a changés, envoyez un des officiers de ma Garde qui sont à Spandau, à Dessau. Il doit y avoir là 450 chevaux des régiments saxons; il choisira les meilleurs pour ma Garde, et dirigera les autres sur Potsdam, pour les dragons. Faites-moi connaître si, avec les chevaux de prise, se trouvaient des selles et des sabres, et dans quel état sont ces selles.
Berlin, 3 novembre 1806, 6 heures du soir.
Au maréchal Lannes, à Stettin
Mon Cousin, je reçois votre lettre du 2 novembre. Vous verrez dans l’ordre du jour, que je vous ai accordé 6,000 capotes à prendre à Stettin. Si 15,000 vous étaient nécessaires, faites-vous-les donner, ce serait autant de moins que vous auriez à prendre sur les derrières.
Mon intention est que vous réunissiez toute votre cavalerie légère au delà de l’Oder et qu’elle batte tout le pays jusqu’à la Vistule. Vous donnerez pour instructions aux commandants de défendre aux recrues d’aller rejoindre, conformément à l’appel que leur fait en ce moment le roi de Prusse, et de faire connaître partout que le premier village qui laissera partir ses recrues sera puni.
Faites-moi connaître tout ce qui se passe sur les trois routes de Dantzig, de Posen et de Graudenz.
Mon intention est de laisser reposer vos troupes les 3, 4, 5 et 6 de ce mois. Je recevrai d’ici à ce temps votre état de situation , qui me fera connaître ce que vous avez de présents sous les armes, et en escorte de prisonniers.
D’ici là, faites réparer votre artillerie et vos caissons de vivres. Faites faire 150,000 rations de pain biscuité, afin que cela puisse vous suivre et que vous ne soyez pas exposé à manquer de pain.
Nous avons trouvé à Küstrin des magasins de farine capables de nourrir l’armée pendant plus de cent jours. Je vois que vous en avez trouvé d’aussi considérables à Stettin. Ils nous y sont bien nécessaires, puisque cette place va devenir un centre d’opérations.
Le maréchal Davout a jeté des partis de cavalerie sur Posen; donnez des ordres pour que les vôtres soient liés avec les siens.
On est en mouvement en Pologne : beaucoup de propositions me sont faites; ils commencent à se remuer.
Tâchez de vous organiser à Stettin six pièces de 6 de plus; il vous sera facile de vous procurer le matériel; quant au personnel, vous devez avoir le moyen de faire servir six pièces de plus.
Donnez l’ordre qu’on palissade et qu’on répare les fortifications autant que possible.
J’ai donné l’ordre que tous les détachements qui appartiennent à votre corps d’armée, et qui se trouvent sur les derrières, se rendent à Stettin , où sera votre dépôt général.
J’imagine que vous n’avez pas oublié de faire effectuer le désarmement de tous les habitants. Il faut ordonner qu’il soit fait sous vingt-quatre heures et faire renfermer les armes dans la citadelle. Occupez-vous aussi de faire faire la recherche des magasins; il doit y en avoir beaucoup à Stettin. Il faut désormais communiquer par la route qui est sur la rive droite. Nous occupons les deux rives de l’Oder.
Je n’ai point encore de nouvelles de la prise de la colonne du duc de Weimar. Cela ne devrait pas tarder. Il parait qu’il gagne du côté de Rostock et qu’il cherche à s’embarquer sur la Baltique ou a se jeter dans Stralsund.
Berlin, 3 novembre 1806, 6 heures du soir
A M. Daru
Monsieur l’Intendant général, on a trouvé des magasins considérables à Stettin. Donnez des ordres pour qu’on y fasse 100,000 rations de pain biscuité, et, s’il est possible, 200,000 rations de biscuit. Donnez le même ordre à Küstrin.
Faites évacuer sur France toutes les marmites de cuivre qui sont ici; elles ne peuvent servir en rien pour l’armée et seront très-utiles en France. Vous pourrez les faire déposer provisoirement dans le fort de Spandau.
Faites-moi connaître demain quelle contribution on pourrait mettre sur Stettin. Je désirerais qu’elle fût frappée promptement, afin qu’on pût payer un mois de solde au corps du maréchal Lannes, qui va se réunir sur cette place.
Berlin, 4 novembre 1806
A M. Mollien
Monsieur Mollien , vous m’avez proposé de vous autoriser à prendre, dans le portefeuille des obligations de 1807, vingt-cinq millions à remplacer par les traites des coupes de bois, qui sont comprises dans les fonds de 1806 et qui ne sont pas encore rentrées au trésor; vous avez de plus proposé de donner, pour garantie à l’exercice de 1807, les piastres qui viennent de l’Espagne.
Mon intention est qu’aucune obligation de 1807 ne paraisse sur la place avant le mois de janvier. Mais j’autorise, vous et la caisse d’amortissement, à négocier les trente ou quarante millions que doit avoir cette caisse pour l’équivalent des fonds qu’elle vous a versés sur ceux appartenant à la Grande Armée, qui sont de l’exercice 1806. Vous les remplacerez par des obligations de 1807, en ayant soin d’y comprendre un intérêt d’un demi pour cent par mois.
Berlin, 4 novembre 1806
A M. Fouché
Je vous ai déjà fait connaître que je blâmais qu’on voulût faire lire les bulletins au prône. Il peut y avoir des défaites; les curés seraient donc autorisés à les publier. Voilà comme on passe toute la mesure. Si les préfets veulent donner de la publicité aux bulletins, qui les empêche de les faire afficher à la porte des mairies et même des églises ? Mais je n’aime pas l’intervention des curés dans toutes ces affaires.
Suivez l’affaire de Lyon et de l’individu que le sous-officier Charpentier a été arrêté comme voulant troubler la marche de la conscription.
Berlin, 4 novembre 1806
DÉCISION
Le ministre directeur de l’administration de la guerre prend les ordres de l’Empereur sur une demande de M. de Belingaut, gentilhomme de Bretagne, qui sollicite l’autorisation de lever un corps de Bretons destinés à servir comme volontaires près de l’Empereur. | Le ministre de la police traitera cette affaire; si effectivement ce monsieur peut organiser un bataillon de 5 ou 600 hommes, sans toucher à la conscription, il n’y a pas d’inconvénient à le permettre. |
Berlin, 4 novembre 1806
Au vice-amiral Decrès
Monsieur Decrès, puisque les vaisseaux peuvent passer à Venise, donnez ordre qu’on en mette plusieurs en construction; envoyez les plans pour les construire. On sera toujours à temps de construire les chameaux (caissons remplis d’air servant à soulever un navire pour lui faire franchir des hauts fonds – merci D.D.). Je préfère qu’on travaille cette année à mettre huit vaisseaux en construction à Venise, et qu’avec une année d’activité on puisse les mettre tous à l’eau comme par enchantement. J’ai vu avec plaisir l’arrivée de la Caroline. Faites passer le bulletin à la Martinique et à l’île de France. Il y a ici, en Prusse, une quantité immense de bois de construction qu’on pourrait faire filer par l’Elbe sur Hambourg; cela nous resterait. Il serait convenable que vous m’envoyassiez ici un ingénieur et une douzaine de constructeurs qui donneraient l’éveil là-dessus et seraient utiles.
Berlin, 4 novembre 1806
A M. de Talleyrand
Monsieur le Prince de Bénévent, vous répondrez au prince de Nassau-Usingen , par l’officier qui est arrivé ici, que j’ai reçu sa lettre; que je vois avec peine qu’il ne se soit pas arrangé avec les princes de la Confédération ; mais, comme je désire avoir les ler bataillons, je payerai ce qui a été convenu que devaient payer les princes d’Aremberg, de Hohenzollern et d’Isembourg; qu’il envoie donc le plus de troupes possible ; que je donne des ordres pour qu’elles soient armées à Cassel. Vous ferez sentir, d’une manière un peu vague, que de leurs efforts et du nombre de troupes qu’ils donneront dépendra l’agrandissement qu’ils peuvent espérer ; qu’ils peuvent donner le plus de troupes possible, puisqu’il ne s’agit que de cela; et que, du reste, leurs troupes ne leur coûteront rien, puisqu’elles sont armées et nourries.