Correspondance de Napoléon – Novembre 1803

Paris, 26 novembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre qu’il soit formé quatre corps d’éclaireurs : un à Alencon, un à Nogent-le-Rotrou, un au Mans et l’autre à Mayence.

Ces quatre corps seront sous les ordres du général Lagrange , inspecteur général de gendarmerie, qui se rendra à cet effet à Alençon.

Le corps d’éclaireurs de Nogent-le-Rotrou sera commandé par le colonel Lhuillier, de la Garde.

Celui du Mans sera commandé par le général Larue, et celui de Mayenne par le général Devaux.

Celui de Nogent-le-Rotrou sera composé de gendarmes, d’une compagnie de 60 hommes à cheval du 9e régiment de dragons, et de deux compagnies du 4e régiment d’infanterie légère, fortes de 65 hommes chacune au moins; total, 215 hommes.

Celui d’Alençon sera composé de 25 gendarmes, d’une compagnie de 60 hommes à cheval du 3e régiment de dragons , qui est à Versailles, de deux compagnies, de 65 hommes au moins chacune, du 2e régiment d’infanterie légère, et d’une compagnie de 60 hommes au moins du 16e régiment de chasseurs.

Celui du Mans sera composé de 25 gendarmes, d’une compagnie de 60 hommes à cheval du 16e de dragons, et de deux compagnies de la légion d’élite de gendarmerie à pied, fortes chacune au moins de 65 hommes.

Celui de Mayenne sera composé de 25 gendarmes, d’une compagnie de 60 hommes à cheval du 2e régiment de chasseurs, qui est à Rennes, et de deux compagnies, chacune de 60 hommes, du 4e régiment d’infanterie , qui est à Rennes.

Les détachements de dragons seront pris dans les escadrons de dépôt qui sont à Versailles.

Les troupes faisant partie de ces quatre corps d’éclaireurs jouiront d’une indemnité de vivres de campagne.

Le général Lagrange sera autorisé, en sa qualité de général de gendarmerie, à faire toutes les dispositions qu’il jugera convenables; il appellera, des légions de gendarmerie, quelques piquets pour aider à ses opérations, lorsque cela sera nécessaire.

Il doit tenir ces quatre corps perpétuellement en marche, cerner les bois, villages et tous les lieux où la compagnie de brigands qui a arrêté deux diligences et a paru, il y a un mois, près de Mayenne, pourrait se retrouver, et les exterminer.

Je ne doute pas que les malveillants ne profitent du prétexte de la conscription pour agiter ces départements. Le général Lagrange se portera partout où il y aurait du trouble; il se concertera avec les préfets, les maires, les évêques, les curés, les présidents des assemblées cantonales, et enfin tous les hommes marquants et attachés au Gouvernement, afin de parvenir à faire une justice exemplaire des auteurs de ce commencement de brigandage.

Vous lui ordonnerez de correspondre tous les jours avec vous; il sera traité comme le général Gouvion.

En sa qualité de général de gendarmerie, il se portera partout, ne respectera aucune limite de division, ni de département, et suivra lui-même, avec ses colonnes d’éclaireurs, les brigands partout où ils pourraient se réfugier.

 

Paris, 28 novembre 1803

Au général Berthier

Je vous prie, Citoyen Ministre, de me présenter un rapport sur la dissolution du camp de Bayonne et sur la formation de trois cantonnements.

L’un à Toulon, composé de deux bataillons du 12e d’infanterie légère, formant 1,600 hommes; de deux bataillons du 23e de ligne, formant également 1,600 hommes; du bataillon des chasseurs d’Orient, fort de 300 hommes, et d’une compagnie du 4e régiment d’artillerie, de 80 hommes; total, 3,600 hommes, commandés par un général, un adjudant commandant, un chef de bataillon d’artillerie, un capitaine et deux lieutenants du génie et un commissaire des guerres.

L’artillerie de ce cantonnement sera composée de trois pièces de 4 et de trois pièces de 8 de campagne, avec armement, harnais et approvisionnement de 200 coups par pièce.

Chaque homme aura 100 cartouches : 30 dans la giberne et 70 dans le sac.

Le second cantonnement se réunira à Saintes, et sera compose des 3e et 12e régiments d’infanterie légère, des 26e, 7e, et 79e de ligne (chacun de ces régiments fournira deux bataillons de 800 hommes chaque), de deux compagnies d’artillerie de 80 hommes chacune, de trois escadrons du 24e de chasseurs et de trois escadrons du 4e, commandés par un général de brigade de cavalerie.

Ce cantonnement sera commandé par un général de division, deux généraux de brigade, un adjudant commandant, un ordonnateur, deux commissaires des guerres, un chef de bataillon d’artillerie, un capitaine et deux lieutenants du génie.

L’artillerie sera composée de huit pièces de 4, de quatre pièces de 8, de quatre pièces de 12 et de quatre obusiers, d’un approvisionnement de 200 coups par pièce, et les chevaux nécessaires pour leur attelage.

Le troisième cantonnement se réunira à Brest. Il sera composé des 7e et 16e régiments d’infanterie légère, des 3e, 24e, 37e et 65e de ligne, des 7e et 28e régiments de chasseurs, et du 1er de hussards.

L’artillerie sera composée de huit pièces de 4, de six pièces de 8, de six pièces de 12 et de six obusiers, avec un approvisionnement de 300 coups à tirer par pièce, 200 cartouches par homme, et un approvisionnement d’infanterie proportionné.

Ce cantonnement sera commandé par un général en chef, deux généraux de division, deux généraux de brigade et un général de cavalerie.

Faites-moi un projet sur ces bases avant de rien exécuter.

 

Paris, 28 novembre 1803

Au général Soult, commandant le camp de Saint-Omer

J’ai reçu vos dernières lettres. Je vous prie de me faire exactement connaître les travailleurs employés aux travaux du port et du bassin à Ambleteuse et à l’arsenal de l’artillerie de la marine.

Les temps, qui sont encore contraires, s’opposent sans doute à la réunion des flottilles qui sont dans tous les ports de la Normandie. C’est une raison de plus pour travailler avec la plus grande activité à mettre le port de Boulogne à même de pouvoir les contenir sans embarras.

Faites-moi connaître tout ce qui aura été fait depuis mon départ de Boulogne jusqu’au 10 frimaire (2 décembre), ce qui fera quatorze jours; si les magasins de la marine sont réunis à la caserne, et quel est le nombre des forgerons et ouvriers de toute espèce arrivés depuis le 20 brumaire jusqu’au 10 frimaire.

Le général Dejean m’assure qu’il y a plus de 60,000 bidons à Saint-Omer. Écrivez pour qu’on vous envoie à Boulogne la quantité nécessaire, et faites-les distribuer à la troupe, et vous chargerez la masse de linge et chaussure de leur entretien.

Les Anglais annoncent un nouveau bombardement à Boulogne, dont ils veulent s’approcher davantage. Nous ne pouvons rien désirer de plus heureux.

Faites-moi connaître le nombre de mortiers que vous avez mis en batterie depuis mon départ. On m’avait promis qu’il y aurait de plus quatre mortiers à la Gomer et quatre à plaque.

Faites-moi connaître où en sont les travaux du musoir au 10 frimaire.

 

Paris, 29 novembre 1803

Au citoyen Chaptal, ministre de l’intérieur

Je désire, Citoyen Ministre, que vous fassiez faire, sur l’air du Chant du départ, un chant pour la descente en Angleterre.

Faites faire également plusieurs chants sur le même sujet, sur différents airs.

Je sais qu’il a été présenté plusieurs comédies de circonstance; il faudrait en faire un choix, pour les faire jouer sur différents théâtres de Paris, et surtout aux camps de Boulogne, Bruges, et autres lieux où est l’armée.

 

Paris, 29 novembre 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Je vous prie, Citoyen Ministre, de demander un rapport au citoyen Reinhard sur l’emprunt qu’a fait le général Mortier. Je désire être instruit, dans le plus grand détail, s’il se trouve dans ce traité quelques clauses secrètes pour détourner, au profit de particuliers, une portion des fonds demandés en emprunt.

Faites connaître au ministre de la République près l’Électeur ainsi qu’à nos différents ministres en Allemagne, que cet emprunt été fait pour le compte du Hanovre; qu’il n’en revient rien à la France; qu’il n’a jamais été entendu qu’il fût hypothéqué sur autre chose que sur les biens patrimoniaux du roi d’Angleterre; que, quant à des propositions indiscrètes faites à des bailliages, aucun agent français n’a jamais été autorisé à des démarches de cette nature; que le Gouvernement français n’approuvé point la part qu’y ont prise des officiers français, ayant, il est vrai, autorisé cet emprunt, mais pour compte du Hanovre.
Je vous prie de m’apporter ce soir toutes les pièces que vous auriez, qui regarderaient directement on indirectement cet emprunt.

 

Paris, 29 novembre 1803

NOTE POUR LE MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES.

Le Citoyen Talleyrand est chargé d’adresser au ministre de la République batave à Paris la note ci-après.

« Le soussigné est chargé de demander à M. Schimmelpenninck des renseignements sur les deux expéditions que, par le traité conclu entre les deux républiques, le Gouvernement batave s’est chargé d’organiser à Flessingue et au Texel, l’une par l’article 3 dudit traité, devant consister en cinq vaisseaux, cinq frégates et bâtiments de transport, capables de porter 25,000 hommes et 2,500 chevaux; l’autre, en 100 chaloupes canonnières et 250 bateaux canonniers, de manière que cette seconde expédition pût porter 36,000 hommes, des équipages d’artillerie, des munitions et 1,500 chevaux.

Le Premier Consul a chargé le contre-amiral Ver Huell de commander cette seconde expédition, et de lui donner des renseignements sur la situation des choses.

Il désire avoir des renseignements positifs sur ce qu’il peut espérer, le terme approche, et le Premier Consul a calculé, dans ses projets, sur l’exécution de ladite convention. »

 

Paris, 29 novembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Le Général Mortier, Citoyen Ministre, a fait un emprunt dans les îles hanséatiques : cet emprunt s’est mal fait. Il n’était pas de la dignité française d’envoyer un général faire cet emprunt; c’est avilir le caractère d’un général. Si on voulait le faire ouvertement, il fallait envoyer un officier d’un grade inférieur, accompagné d’un agent de la trésorerie; mais, ce qui valait beaucoup mieux, cet emprunt devait se faire par les États, et en leur nom, et le général Mortier n’y intervenir ostensiblement que pour le garantir.

On a eu bien plus grand tort encore de faire un emprunt auprès de l’Électeur et de proposer des bailliages en garantie. On n’a jamais pu être autorisé à faire une pareille démarche, qui a alarmé toute l’Europe et que le Gouvernement a été obligé de désavouer.

Je ne sais à quel point les rapports qui m’ont été faits sont vrais; mais on m’a dit qu’il y a un banquier de Paris mêlé dans cet emprunt; ce qui serait inconcevable. Le trésor public et ses agents peuvent seuls intervenir dans les affaires d’argent. Vous demanderez, par le retour du courrier, au général Berthier (Louis César Gabriel de Berlux, comte Berthier, 1765-1819. Il s’agit du frère du maréchal. Il sera chef d’état-major de Joseph à Vienne) des renseignements sur cet emprunt, sur la manière dont les fonds sont versés, et les pièces originales; pour qu’il soit . .(manque dans l’original) . . . au ministère des relations extérieures. Ordonnez aussi que, s’il y avait des fonds réservés, ils soient versés dans la caisse du payeur.

Envoyez-moi sur-le-champ les pièces qui tendraient à donner des lumières directes ou indirectes sur cet emprunt, et que vous auriez reçues.

 

Paris, 29 novembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre qu’une pièce de 4, une pièce de 8 et un obusier soient envoyés à Compiègne, avec une demi-compagnie du ler régiment d’artillerie. Elles seront destinées à apprendre l’exercice du canon à des détachements de dragons de la division du général Baraguey d’Hilliers.

 

Paris, 29 novembre 1803

Au contre-amiral Ver Huell

Monsieur le Contre-Amiral Ver Huell, je reçois votre courrier du 4 frimaire, et je vous expédie sur-le-champ mes réponses. Je vous prie d’observer au gouvernement batave que ce qui est relatif aux écuries n’est pas exact, parce que la convention dit qu’on doit fournir 1,500 chevaux, et vous exprimez que je n’en demande que 1,000.

Quant aux bâtiments de transport, il n’est pas davantage exact de dire qu’il n’en soit pas question dans la convention; car il est dit au deuxième paragraphe de l’article 3 : « de sorte que cette seconde expédition pourra porter 36,000 hommes, avec les équipages, l’artillerie nécessaire et 1,500 chevaux  » . Or je n’ai demandé pour l’artillerie que deux divisions, chacune de 27 bâtiments. Vous voyez donc que je suis resté dans les termes du traité. Il ne s’agit point ici d’arguer, mais de faire.

Je vous autorise à diminuer la flottille de bateaux canonniers, et, au lieu de dix divisions, à les porter à huit; ce qui fera donc, au lieu de 270 bateaux, 216; vous savez que, par le traité, on en devait fournir 250.

Si la République batave n’a pas de canons de 24, je vous autorise à armer vos bâtiments de canons de 18.

Quant aux vivres et matelots, je vous autorise également à promettre en mon nom que je ferai solder, tous les trois mois, toutes les avances qui seront faites pour les équipages. Si même vous pensez qu’il y ait trop de difficultés à avoir trois divisions de chaloupes canonnières, je me réduis à deux, c’est-à-dire 54. Vous savez que par le traité on devait en fournir 100.

Ce que je demande donc à la République batave se réduit à :

54 chaloupes canonnières,
216 bateaux canonniers,
54 bâtiments de transport,
54 bâtiments-écuries.
—————
Total, 378 bâtiments

qui, l’un portant l’autre, ne peuvent exiger plus de 5 matelots; ce qui ferait un nombre de 1,800 matelots à peu près pour six mois, et une dépense de près de 4 on 500,000 francs.

Après cette concession faite, nous avons le droit d’espérer que le Gouvernement batave agira avec la plus grande activité, pour que la première portion demandée soit prête au 20 frimaire, et le restant à l’époque de nivôse. Je vous prie donc d’avoir une nouvelle conférence et de m’assurer que je puis véritablement compter sur ce résultat.

J’ai compté sur l’exécution du traité de la part du Gouvernement batave, et, si de grands et vastes plans se trouvaient déconcertés par des non-exécutions, j’aurais droit de me plaindre du Gouvernement hollandais.

 

Paris, 20 novembre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Donnez ordre qu’une péniche de Paris se rende à Compiègne; elle sera destinée à apprendre à nager aux dragons de la division Baraguey d’Hilliers, qui sont à Compiègne.

Ordre qu’une péniche dé Saint-Valery-sur-Somme se rende à Abbeville, pour y apprendre à nager à des détachements de la division de dragons du général Klein.

 

Paris, 30 novembre 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Je vous envoie, Citoyen Ministre, le rapport qui m’a été fait par le ministre de la guerre, avec la convention qui a été passée par ordre du général Mortier, relatifs à l’emprunt. Je vous envoie en original la lettre que j’écris au ministre de la guerre, où vous verrez mes intentions. Vous la ferez passer à ce ministre, après en avoir pris connaissance, et vous vous concerterez avec lui pour qu’il écrive, par le même courrier que vous expédierez par Hambourg, au général Mortier, auquel il notifiera mes intentions.

Faites connaître au citoyen Reinhard que je ne puis ratifier la convention; qu’il faut que l’emprunt soit fait par les États du Hanovre, puisqu’il n’est fait que pour les soulager; que le Hanovre choisisse, ou d’en promettre le remboursement dans dix ans, ou de l’hypothéquer sur les biens patrimoniaux du roi d’Angleterre; et que je garantirai que ces stipulations seront fidèlement exécutées. Envoyez-lui les pouvoirs et instructions nécessaires.

Faites également connaître au citoyen Reinhard qu’il n’aurait dû rien faire sans vos ordres; qu’il devait vous envoyer un courrier pour demander des instructions, et, jusque-là, répondre au général Mortier qu’il devait attendre. Recommandez-lui de procéder avec la plus grande circonspection, et de vous tenir instruit de la marche de cette affaire; et, en général, je désire que vous écriviez à tous les ministres de la République, quelle que soit leur qualité, qu’ils ne doivent jamais se permettre de faire aucune démarche que par les ordres du Gouvernement, transmis par le Premier Consul ou par le ministre des relations extérieures.

 

Paris, 30 novembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Il m’est impossible, Citoyen Ministre, de ratifier la convention faite avec le sénat de Hambourg. Ce n’est pas par l’armée française que cet emprunt devait être fait, mais par les États de Hanovre. D’ailleurs, on devait affecter pour son remboursement les biens patrimoniaux du roi d’Angleterre. Une convention avec un gouvernement étranger devait être faite par un ministre de la République, muni de pouvoirs et d’instructions en règle. Il est donc convenable qu’elle soit transformée en une autre où les États du Hanovre soient partie contractante et la France simplement garante. Si les Hambourgeois ne voulaient pas des biens du roi d’Angleterre pour hypothèque, les États de Hanovre promettraient remboursement pour dans dix ans, et la France se portera garante de cette stipulation. Je ne ferai point de difficulté alors de ratifier ladite garantie. Si les États de Hanovre se refusent à cette démarches la convention avec Hambourg sera nulle; car le Premier Consul ne se résoudra jamais à la ratifier, et, dès lors, il faudra avoir recours à des impositions de guerre sur l’Électorat, proportionnées aux besoins de l’armée, surcharge à laquelle les Hanovriens auront donné lieu s’ils refusent l’emprunt.

Faites connaître au général Mortier ces dispositions. Le ministre des relations extérieures envoie des pouvoirs et des notes en règle au citoyen Reinhard. Tout ce qui tient aux relations extérieures est d’une nature très-délicate; vous ne sauriez conseiller trop de circonspection. Je suis mécontent de ce que le général Mortier ne vous rend pas compte de tout, en détail, et tous les jours.

 

Paris, 30 novembre 1803

NOTE POUR LE MINISTRE DE L’ADMINISTRATION DE LA GUERRE.

Le général Dejean écrira, par courrier extraordinaire, au commissaire général, pour que, sur-le-champ, on dresse le bordereau  des fourrages que les départements ont fournis par réquisition; que le décompte en soit fait aussitôt, à raison de trente sous, prix moyen de la ration. On aura soin de diminuer pour les départements où les fourrages sont à bon marché, et d’augmenter pour ceux qui sont plus éloignés et où ils sont plus chers. Ces diminutions et augmentations seront toutefois faites de manière que, dans le résultat général, la ration ne revienne pas à plus de trente sous.

Le commissaire général donnera l’assurance que tout le monde sera payé, et que, aussitôt le décompte parvenu au Gouvernement, les fonds nécessaires seront envoyés en poste, si les 200,000 francs mis à sa disposition pour cet objet et sur lesquels les payements doivent être faits sur-le-champ ne sont pas suffisants.

Le commissaire général restera à son poste jusqu’à ce que ce décompte soit dressé et afin de l’apporter lui-même. Le ministre écrira aux préfets des départements qui ont éprouvé des réquisitions, pour leur annoncer qu’aussitôt les décomptes arrivés les payements seront effectués, et les charger, en conséquence, d’inviter les cultivateurs à ne point se défaire à perte des bons de réquisition, le payement en étant assuré.