Correspondance de Napoléon – Novembre 1795

Paris, 10 brumaire an IV (1er novembre 1795).

A JOSEPH BUONAPARTE.

Il y a déjà huit jours que je suis nommé général en chef de l’année de l’intérieur.

Le Conseil des Cinq-Cents et celui des Anciens sont réunis; le premier a déjà formé sa liste pour le Directoire exécutif; il parait que les cinq membres seront  Sieyès, Reubel, Barras, Le Tourneur (de la Manche), Cambacérès et La Revellière-Lépeaux ; l’un de ces six membres n’en sera pas.

Ma santé est bonne, quoique je mène une vie très-occupée.

Buonaparte.

 

Quartier général. Paris, 19 brumaire an IV (10 novembre 1795).

DISPOSITIONS DE LA FORCE ARMÉE POUR SON SERVICE À PARIS.

La force armée qui est à Paris a pour but,

1° De maintenir la police et de faire le service des tribunaux :

2° De garder le Corps législatif, le Directoire exécutif, et de se trouver toujours dans le cas de dissiper les rassemblements.

La garde nationale de Paris, la légion de police et les compagnies de vétérans sont spécialement chargées, sous la direction du com­mandant temporaire de la place, du premier service.

La garde de Paris fourni à cet effet un corps de garde
Chaque corps de garde fait des patrouilles dans son arrondisse­ment, et chaque corps de garde placé au chef-lieu de la section donne main-forte aux habitants de la section.

La légion de police, logée aux casernes des ci-devant gardes fran­çaises, rue de Babylone, rue de l’Oursine, rue Mouffetard, rue Popincourt, rue Verte, fournit tous les jours des gardes, 1° aux neuf maisons d’arrêt; 2° à la trésorerie nationale ; 3° à onze établissements publics; 4° à six casernes; en tout 550 hommes et 100 hommes de réserve au Luxembourg.

Les vétérans invalides fournissent tous les jours, à différents édi­fices nationaux, 160 hommes.

La garde du Corps législatif et du Directoire exécutif est confiée :

Au bataillon des grenadiers de la Convention ;

Aux piquets servant de garde provisoire au Directoire exécutif ;

Aux vétérans de la Convention ;

A six bataillons cantonnés à l’École militaire et à deux régiments de cavalerie.

Ces forces réunies doivent toujours offrir présents sous les armes

à l’École militaire, en batterie…         4

qui fournissent d’infanterie, au Luxembourg. . .                  100 hommes.

Aux Tuileries…………………………………………………….. 500

A l’École militaire et au quartier général. . .                   150

De piquet à l’École militaire, prêta à.marcher au premier ordre           500

Total du service de l’infanterie…………….. 1,250

L’artillerie a, au Conseil des Anciens……………………. 2 pièces de 4

au  Conseil des Cinq-Cents………………… 2′        id.

au  Petit-Luxembourg………………………. 2         id.

 

Il y a une réserve au Champ-de-Mars composée de 6 obusiers.

de          4 pièces dis il

de          6             id.           de       8

de          4             id.           dé          4

20 bouches à feu, indépendamment des pièces des bataillons.

La cavalerie fournit tous les jours un piquet de quarante hommes

aux Tuileri          40 hommes.

au Luxembourg            25

à l’École militaire        25

Total : 90

Il y a tous les jours soixante hommes de cavalerie de piquet; qui, à neuf heures du soir, se divisent en douze patrouilles de cinq hommes chacune, et restent jusqu’au jour, en faisant de fréquentes patrouilles, au corps de garde central de chaque municipalité.

Les jours de fête l’on ordonne des patrouilles extraordinaires prises sur les piquets de réserve.

En cas d’alarme par raison de feu ou de tocsin, les troupes doi­vent se rendre à leurs casernes, et les réserves doivent envoyer des patrouilles pour maintenir le bon ordre,, ou reconnaître les raisons des rassemblements qui pourraient exister.

Nous avons :

2 demi-brigades cantonnées à Sceaux.

1 demi-brigade cantonnée., à Belle vue.

2 bataillons cantonnés. . . à Saint-Cloud.

1 demi-brigade cantonnée.. à Courbevoie.

1 bataillon cantonné. … à Rueil.

Les bataillons cantonnés à l’École militaire changent tous les dix jours avec ceux-ci.

Il y a deux régiments de cavalerie à Versailles, qui changent tous les dix jours avec ceux qui sont à Paris.

Nous avons une réserve à Saint-Cloud composée de

2 pièces             de          16

4             id.          de          12

6             id.          de          8

6             id.          de          4

6 obusiers.

Cette réserve n’est pas encore complète, mais sera en règle sous peu de jours.

En cas de générale, le bataillon de la légion de police caserné à la rue Verte se rendra aux Tuileries, en envoyant cent cinquante hom­mes à la trésorerie.

Celui qui est à la rue de Babylone se rendra au Luxembourg ; celui qui est aux rues de l’Oursine et Mouffetard se rendra au Luxembourg.

Celui qui est à la rue Popincourt se rendra, en suivant les boulevards, à la place de la Révolution et de là aux Tuileries.

Le parc d’artillerie de réserve qui est à l’École militaire se tient prêt à marcher, les troupes prennent les armes ; 300 hommes de piquet se rendent aux Tuileries, 200 au Luxembourg ; chacun de ces détachements a avec lui deux pièces de 4.

Les grenadiers de la Convention se portent au Corps législatif, la garde provisoire du Directoire exécutif se place au Luxembourg, deux bataillons se rendent aux Tuileries, deux autres se rendrait au Luxembourg avec chacun un obusier et un caisson seulement par pièce, et une pièce de 8 et un caisson.

Toutes les troupes qui sont à Sceaux se mettent sur-le-champ en marche pour se rendre au Luxembourg, hormis les quartiers-maîtres, les caporaux-fourriers, et un piquet de garde de cent hommes qui se rendra, à l’Ecole militaire.

Les troupes qui sont à Bellevue laissent us bataillon pour garder Meudon et le pont de Sèvres, et se rendent à lssy, où elles attendent de nouveaux ordres. Les quartiers-maîtres et les caporaux-fourriers, avec un piquet de cent hommes, se rendent de suite à l’Ecole mi­litaire.

Les troupes cantonnées à Saint-Cloud s’emparent du pont de Saint-Cloud „ où il reste un bataillon en attendant de nouveaux ordres ; le restant se rend aux Tuileries avec quatre obusiers, quatre pièces de 8, ayant un caisson par pièce, en suivant la crête des hauteurs. La compagnie d’artillerie à cheval se rend avec ses pièces au camp de Clamart, où elle attend la cavalerie qui est à Versailles.

Les troupes cantonnées à Courbevoie et à Rueil s’emparent du pont de Neuilly, se portent à la porte Maillot, protègent le passage des troupes qui sont parties de Saint-Cloud, envoient un détachement de cent hommes à l’Ecole militaire avec les quartiers-maîtres et capo­raux-fourriers, et attendent de nouveaux ordres dans cette position.

Les troupes qui se trouveraient à Vincennes se rendront à la bar­rière de la Déchéance1, où elles attendront de nouveaux ordres.

Les troupes qui sont à Franciade [1]La barrière du Trône. — Saint-Denis. — La place de la Concorde.

s’approcheront de la Chapelle, à l’intersection du chemin qui conduit à la butte Montmartre, et en­verront des patrouilles sur cette hauteur.

Les deux régiments de cavalerie qui sont cantonnés à Versailles se rendent à la position du camp de Clamart, et envoient une patrouille de cinquante hommes à l’École militaire.

La cavalerie cantonnée à l’Ecole militaire enverra une patrouille de cent hommes au Luxembourg.

La cavalerie qui est au quai d’Orsay se portera aux Tuileries.

Toutes les troupes qui arriveront aux Tuileries feront prévenir l’of­ficier commandant, qui se tiendra, maison de Noailles, au bureau de l’adjudant général de service.

Toutes les troupes qui arriveront au Luxembourg s’adresseront à l’adjudant général commandant au Luxembourg, dans un des salons du Directoire exécutif.

Tous les officiers généraux, commissaires ordonnateurs, agents détachés à l’armée, hormis les garde-magasins, se rendront à l’École militaire.

Tous les avis, rapports, seront envoyés à l’École militaire, où le général en chef est censé se trouver, au logement de l’adjudant géné­ral de service, qui les lui fera passer.

Le commandant des Tuileries aura soin qu’il n’y ait point de ras­semblements dans la rue Saint-Honoré, au Carrousel, au quai du Louvre, à la place de la Révolution’, sur le pont de la Révolution, aux quais, à la rue Saint-Florentin, etc.

Le commandant du Luxembourg aura soin qu’il n’y ait point de rassemblements dans la rue Vaugirard, dans celles de Tournon, et dans les places et rues environnant le Luxembourg.

Le commandant à l’Ecole militaire aura soin qu’il n’y ait aucun rassemblement au Champ-de-Mars, dans les allées qui communiquent

aux Invalides, dans la place Bourbon, au pont de la Révolution, et sur les boulevards jusqu’à la rue Vaugirard.

Si des rassemblements persistaient et résistaient, si les patrouilles fréquentes de cavalerie et d’infanterie étaient insuffisantes pour les dissiper, les commandants de ces trois postes sont autorisés à les dis­siper par la force, surtout dès l’instant que la générale aurait battu.

Les commandants des Tuileries et du Luxembourg distribueront leurs pièces et leurs hommes conformément à l’instruction particulière qu’ils auront du général en chef, et se conformeront à la circonstance.

Les ambulances se tiennent prêtes à marcher : l’on chargera plu­sieurs voitures de barils d’eau-de-vie.

BUONAPARTE.

 

Quartier général. Paris, 23 brumaire an IV, 9 heures du soir (13 novembre 1795).

AU GÉNÉRAL DE DIVISION MICAS.

Vous voudrez bien, Citoyen Général, vous rendre demain à Vincennes; vous inspecterez les six compagnies de vétérans, les diffé­rentes divisions de gendarmerie et le dépôt devant servir à la forma­tion du cinquième bataillon de la légion de police.

Vous inspecterez le donjon, qui doit servir à contenir les poudres.

Vous vous transporterez à la fabrique de poudre des Minimes; vous veillerez à ce que les ordres que j’ai donnés, pour que les pou­dres qui sont dans ces magasins soient transférées à Vincennes, soient exécutés.

Vous donnerez tous les ordres que vous croirez utiles au bien du service.

BUONAPARTE.

References

References
1La barrière du Trône. — Saint-Denis. — La place de la Concorde.