Correspondance de Napoléon – Mars 1812
Paris, 20 mars 1812
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, il n’y a pas d’inconvénient à écrire ces lettres aux généraux commandant les 17e et 31e divisions militaires.
Il faudra donner une nouvelle instruction au général Molitor, aussitôt qu’on aura décidé les troupes qui doivent garder la Hollande.
II va avoir deux cohortes des gardes nationales du pays, fortes ensemble de 1,600 hommes; un bataillon des compagnies de réserve départementales; deux bataillons des gardes soldées d’Amsterdam et de Rotterdam ; ce qui fera une bonne brigade de près de 4,000 hommes. Indépendamment de ce, il a, je crois, en compagnies d’artillerie et en régiments étrangers, la force de 3,000 hommes environ. Le général Molitor aurait donc dès ce moment 7,000 hommes. Il y aura en outre en Hollande six cohortes de gardes nationales de l’intérieur, qui se réuniront à Utrecht; ce qui fera encore une brigade de 5,000 hommes. Il y aura également une brigade de six 4e bataillons. Ainsi quatre brigades ou 18 ou 20,000 hommes se trouveront en Hollande. Anvers, Bruges, Wesel, même Hambourg et Boulogne, fourniront bientôt un autre renfort de 25 à 30,000 hommes.
Il est nécessaire que le général de division connaisse d’avance l’usage qu’il doit faire de ces troupes, non pour leur rien ordonner, mais seulement pour avoir l’œil sur leur formation, les passer en revue et censurer leur tenue et leur instruction.
Paris, 20 mars 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris
Mon Cousin, donnez ordre au duc d’Elchingen de faire partir le 1er avril de Torgau le 2e corps de réserve de cavalerie, composé des divisions Wattier, Defrance et Sébastiani, pour se diriger sur Francfort-sur-l’Oder, et prendre là des cantonnements. .
Paris, 20 mars 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, écrivez au prince d’Eckmühl que le corps bavarois sera le 28 à Glogau, et que, s’il y avait quelque chose de nouveau et qui exigeât des mesures extraordinaires, il est autorisé à diriger ce corps sur Posen.
Vous connaissez la destination que je désire donner au général Marchand; il est nécessaire qu’il soit rendu le 1er avril à Glogau.
Paris, 21 mars 1812
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, je désire que vous m’apportiez mercredi des plans et des mémoires qui me convainquent de l’impossibilité absolue de construire des vaisseaux de ligne à Nantes, même avec la perfection que l’exemple du Rivoli a donnée à nos chameaux. J’attache toujours la plus grande importance à construire des vaisseaux à l’embouchure de la Loire.
Paris, 21 mars 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, donnez ordre au duc de Reggio que, s’il n’y a rien de nouveau après son entrée à Berlin, il fasse partir le 1er avril la division Verdier, qui est à Brandenburg, pour se rendre directement, sans passer par Berlin, à Stettin, et qu’il mette la brigade de cavalerie légère du général Castex sous les ordres du général Verdier, qui établira cette brigade sur le chemin de Stettin à Stargard. La division Belliard se réunira à Brandenburg.
Comme une trop grande quantité de cavalerie pourrait être nuisible à Berlin, le duc de Reggio donnera ordre à la 3e division de cuirassiers de se porter avec son artillerie légère entre Stettin et Küstrin, aux environs de Schwedt, de manière à déboucher par le pont de Schuedt. Il ne gardera avec lui que la brigade de cavalerie légère du général Corbineau.
Vous instruirez de ces dispositions le prince d’Eckmühl, qui, par ce mouvement, aura près de lui sur l’Oder la brigade Castex et la 3e division de cuirassiers, et toute la cavalerie du général Montbrun à Francfort-sur-l’Oder.
Vous donnerez l’ordre au général Saint-Cyr de commencer à faire partir les Bavarois le 5 avril pour se rendre à Posen , et de maintenir la meilleure discipline parmi ces troupes. Il placera la cavalerie dans la direction de Thorn, dans les lieux où elle pourra vivre le plus facilement, et son infanterie en colonne depuis Posen jusqu’à Gnesen.
Instruisez de ce mouvement le prince d’Eckmühl, afin qu’il donne ordre à la division Dessaix de se rendre à Thorn, et d’avoir évacué le 10 ou au plus tard le 12 Gnesen, puisque la tête des Bavarois doit occuper cette ville, et la queue, Posen.
Palais des Tuileries, 22 mars 1812.
ALLOCUTIONS DE L’EMPEREUR.
A LA DÉPUTATION DE L’ALLIER.
Je vous remercie des sentiments que vous m’exprimez au nom du collège électoral du département de l’Allier. Mes peuples me verront toujours prêt à tout entreprendre pour consolider sur des bases immuables les destinées de cet empire et faire triompher la France de la haine de l’Angleterre. J’ai la confiance qu’aucun sacrifice ne paraîtra pénible aux Français, lorsque je le jugerai nécessaire pour l’accomplissement de ces grands desseins.
A LA DÉPUTATION DES ARDENNES.
Les vœux que vous faites pour l’avenir seront accomplis : il doit consolider ce qui a été fondé par la bravoure des Français. Le département des Ardennes se montrera toujours au premier rang par son zèle et son bon esprit. Je vous remercie des sentiments que vous m’exprimez en son nom.
A LA DÉPUTATION D’INDRE-ET-LOIRE.
La ville de Tours, quoiqu’une des plus belles de l’Empire, souffre de la médiocrité de la récolte. Neuf années d’abondance succèdent en France à une année médiocre. Mes peuples ne sauraient mieux me prouver l’amour qu’ils ont pour ma personne qu’en montrant le calme et la résignation que veulent les circonstances. J’agrée vos sentiments.
A LA DÉPUTATION DE LOIR-ET-CHER.
Les sentiments que m’expriment mes peuples, dans les différentes circonstances où ils sont appelés près de moi, sont chers et nécessaires à mon cœur. Le gouvernement du plus grand empire du monde comporte avec lui des soucis que l’amour d’es Français peut seul effacer.
A LA DÉPUTATION DE LA HAUTE-MARNE.
J’ai passé mes premières années au milieu de mes peuples de Champagne; je sais combien ils sont bons et attachés à ce qui est estimable.
J’agrée les vœux que vous formez pour moi : ils me font plaisir; je sais qu’ils sont vrais.
Paris. 24 mars 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, la division du général Bruyère, ou la 1e de la cavalerie légère de la réserve, sera composée de deux brigades françaises et d’une brigade polonaise composée de trois régiments de cavalerie légère que le prince Poniatowski a déjà reçu l’ordre de former et de réunir à Thorn. La 2e division, ou la division Wattier, sera composée de deux brigades françaises et d’une brigade commandée par le général Ornano, du régiment de chevau-légers wurtembergeois, qui a déjà servi dans la campagne de Prusse avec la réserve de cavalerie, et de deux régiments de chevau-légers prussiens. La 3e division, ou division Kellermann, sera composée de deux brigades françaises et de deux régiments de chevau-légers bavarois, et d’un régiment de chevau-légers saxons, sous les ordres du général de brigade Dommanget La 3e brigade de la division Bruyère prendra le n° 15; la 3e de la division Waltier portera le n° 16, et la 3e de la division Kellermann le n° 17. Ainsi chacune de ces divisions de cavalerie légère sera d’un complet de 6,000 hommes et d’un présent au moins de 4,000.
Il y aura un 4e corps de la réserve, composé de la 4e division de cavalerie légère et d’une 7e division de grosse cavalerie. La 4e division de cavalerie légère sera composée de deux brigades, chacune de trois régiments polonais, avec une batterie de six bouches à feu d’artillerie polonaise par brigade. Un général de division polonais et deux généraux de brigade polonais commanderont cette division. La 7e division de grosse cavalerie sera composée d’une brigade de cuirassiers saxons et d’une brigade de cuirassiers westphaliens, ayant également douze pièces d’artillerie légère. Le général Lorge commandera cette division.
Le général Latour-Maubourg aura le commandement de la cavalerie de toute la droite.
Le 5e corps aura trois brigades de cavalerie légère, composées chacune de deux régiments polonais; ce qui emploiera encore six régiments polonais.
Ainsi les seize régiments de cavalerie polonaise seront employés, savoir : trois à la division Bruyère, un à la brigade Pajol, six à la division de cavalerie légère et six avec les trois brigades du 5e corps. Ces trois dernières brigades porteront les n° 18, 19 et 20.
Les six régiments de cavalerie légère saxons seront employés de la manière suivante : deux attachés à la division de la réserve, un attaché à la division Kellermann ; les trois autres restants formeront brigade; cette brigade portera le n° 23 et sera attachée au corps d’armée saxon.
Des six régiments bavarois, deux feront partie de la division Kellerman, et quatre formeront deux brigades, qui seront attachées au corps d’armée bavarois et porteront les n° 21 et 22.
Des quatre régiments westphaliens, deux feront partie de la 7e division de grosse cavalerie, et deux feront brigade, attachés au corps westphalien sous le n° 24.
Des quatre régiments wurtembergeois, un fera partie de la brigade Ornano, et trois formeront brigade, seront attachés au 3e corps et porteront le n° 25.
Enfin vous me présenterez la formation de deux ou trois brigades avec les régiments prussiens, qui prendront les numéros suivants.
Je désire que vous me remettiez un état de situation, ainsi composé, de toute la cavalerie.
Par ce moyen, je serai maître de faire passer une brigade de cavalerie légère d’un corps à l’autre, quand le bien de mes opérations l’exigera.
Le 1er corps aura en conséquence deux brigades; le 2e corps en aura deux; le 3e corps en aura trois; le 4e corps en aura deux ; le 5e corps en aura trois ; le 6e corps en aura deux ; le 7e corps en aura une; le 8e corps en aura une, et les Prussiens, qui formeront le 9e corps, en auront deux ou trois; total des brigades attachées aux corps d’armée, dix-huit ou dix-neuf.
Le 1er corps se trouvera ne pas en avoir assez; mais, comme il est probable que l’on tiendra toujours un corps de grosse cavalerie avec ce corps, il aura toujours les moyens d’être suffisamment éclairé.
Paris, 24 mars 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, donnez ordre que les cent bouches à feu qui forment l’équipage de siège de Magdeburg soient embarquées à Magdeburg pour se rendre à Bromberg. Bouches à feu, charrettes, voitures, camions, porte-corps, boulets, poudre, artifices, tout s’embarquera. Soixante ou quatre-vingts bateaux doivent être suffisants. Les compagnies d’artillerie attachées à l’équipage de siège s’embarqueront avec l’équipage. Le tout marchera en règle, sous l’escorte d’un officier d’artillerie du grade de chef de bataillon au moins. Arrivé à Küstrin, cet équipage recevra de nouveaux ordres pour marcher sur Bromberg. Vous ferez connaître au commandant de l’artillerie que, lorsque l’équipage sera rendu à Bromberg, je ferai connaître l’usage que j’en veux faire; et alors, si les cent bouches à feu ne sont pas nécessaires pour remplir mon but, je n’en prendrai que cinquante ou soixante, et les autres pièces serviront pour l’armement de Danzig et de Thorn.
Il est nécessaire que vos ordres soient donnés de manière que les cent bouches à feu et tout leur approvisionnement soient rendus à Bromberg dans les dix premiers jours de mai ; il faut donc que cela parte du 1er au 5 avril.
Paris. 34 mars 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, donnez ordre que l’équipage de siège de cent trente bouches à feu de Danzig soit embarqué sur des bateaux, bouches à feu, camions, porte-corps, voitures, poudre, boulets, etc. Dès le 15 avril, on réunira les bateaux. Du 20 au 25, on commencera le chargement, de manière qu’au 1er mai les bateaux, en nombre nécessaire pour porter cet équipage de siège, puissent se mettre en mouvement ; les compagnies d’artillerie destinées à son service l’escorteront.
Je suppose que le commandant de l’artillerie a donné des ordres pour faire transporter de Magdeburg à Danzig les poudres nécessaires pour l’armement de cette place.
Instruisez le prince d’Eckmühl des ordres que vous donnez pour l’embarquement de l’équipage de siège de Danzig, et rendez-moi compte de la quantité de poudre qui restera dans cette place après le départ de l’équipage de siège. Il est nécessaire que l’approvisionnement complet pour sa défense s’y trouve.
Paris, 25 mars 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, par le mouvement qu’a fait la division Belliard et celui que va faire la division Delaborde, Magdeburg va se trouver sans garnison. Il est nécessaire que vous écriviez au roi de Westphalie d’y envoyer son 4e régiment. Donnez ordre au gouverneur de garder, indépendamment des Westphaliens, 2,000 Français des bataillons de marche; ces bataillons se montent à une force de 9,000 hommes, qui doivent passer à Magdeburg.
Écrivez au duc de Reggio pour savoir quelle serait la force qu’il faudrait laisser pour garnison à Berlin, et quelle est la force de la garde bourgeoise qui fait le service.
Si, en conséquence du mouvement du prince d’Eckmühl sur la Vistule, les Russes déclaraient la guerre en envahissant le Grand-Duché, il serait nécessaire qu’il fît partir de Stettin la division Verdier, la faisant précéder par la brigade de cavalerie légère du général Castex et par la 3e division de cuirassiers; qu’avec le reste de son corps d’armée il se portât sur Stettin, et de là sur la Vistule, pour soutenir le prince d’Eckmühl ; dans ce cas, il laisserait à Berlin un régiment en garnison. Comme ce qui retarde le plus la marche, c’est le parc, il est nécessaire que le duc de Reggio le fasse partir pour Schwedt, lorsqu’il quittera Brandenburg, en le plaçant dans des endroits favorables entre Stettin et Küstrin , afin qu’il soit avancé d’autant.
Paris, 25 mars 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, donnez ordre au duc d’Elchingen de se mettre en marche le 4 avril pour se rendre à Francfort-sur-l’Oder, où il aura son quartier général le 10. Il cantonnera ses troupes dans les environs de Francfort et sur le chemin de Posen, en leur faisant occuper des pays sains, où les troupes puissent bien se refaire. Vous lui ferez connaître que, si l’armée russe ne fait aucun mouvement, mon intention est de le laisser quelques jours dans cette position ; mais que si, par suite du mouvement du prince d’Eckmühl sur Thorn, des Saxons et des Westphaliens sur Varsovie et des Bavarois sur Posen, les Russes marchaient sur les frontières du Grand-Duché ou de la Prusse, il faut, prévoyant ce cas, que ses troupes soient disposées de manière qu’il puisse sur-le-champ déboucher par Posen et se porter rapidement sur Thorn. Il enverra un de ses aides de camp au prince d’Eckmühl, qui sera le 10 à Thorn pour connaître la situation des choses. Mais la difficulté de se procurer des fourrages me porte à le laisser quelques jours sur l’Oder; ce qui sera utile au repos de ses troupes, si les mouvements de l’ennemi n’obligent pas à faire autrement.
Paris, 25 mars 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, donnez ordre au général de division Walther de se rendre sans délai de sa personne à Würzburg pour diriger les mouvements de la Garde, infanterie, cavalerie, artillerie, sur Dresde. Les chasseurs à cheval arrivent le 29 à Würzburg; les dragons y arrivent le 2 avril, et les grenadiers le 4 avril. Il dirigera ces trois régiments de cavalerie sur Dresde, après leur avoir donné un séjour à Würzburg et un séjour à Bamberg. Il donnera ordre à la colonne de cavalerie composée du 1er régiment de chevau-légers polonais et de deux détachements de chasseurs et de gendarmes d’élite de la Garde, qui arrivent le 29 à Dresde, d’y séjourner deux jours et de continuer sa route sur Glogau. Les deux batteries d’artillerie qui ont marché avec cette colonne suivront son mouvement sur Dresde.
Le général de brigade Boyer prendra provisoirement le commandement des deux bataillons du 3e régiment de grenadiers, des deux bataillons du 2e régiment et des deux bataillons du 2e de chasseurs. Le 3e régiment de grenadiers arrive le 29 à Würzburg; il y séjournera deux jours et en partira le 1er avril pour Dresde. Le général Boyer marchera avec ce régiment. Le 2e régiment de grenadiers partira le 3 avril, et le 2e régiment de chasseurs le 4. Tous ces régiments auront des séjours à Bamberg et partout où il sera nécessaire.
Le général Walther prendra connaissance du mouvement de l’armée d’Italie, qui se dirige sur Dresde, pour régler sa marche de manière qu’il n’y ait pas de confusion.
Les bataillons de vieille Garde qui arrivent le 10 avril à Würzburg y séjourneront deux jours et se mettront en marche pour Dresde. Les deux bataillons de flanqueurs, les sapeurs et les différentes batteries d’artillerie séjourneront deux jours à Würzburg, deux jours à Bamberg, et se dirigeront sur Dresde.
Vous réitérerez l’ordre à la Garde de faire partir ses bagages, caissons, ambulances et toutes ses voitures, pour se diriger par Metz, Mayence et Würzburg sur Dresde.
Vous donnerez ordre au général Sorbier d’être rendu de sa personne le 8 avril à Würzburg, pour diriger lui- même le mouvement de toute l’artillerie de la Garde.
Vous donnerez le même ordre au général du génie. Il prendra toutes ses mesures pour que son service soit bien organisé.
Vous donnerez ordre au général de division Delaborde, qui arrive le 29 à Magdeburg, d’y séjourner le 30 et le 31 et de partir le 1er avril pour Stettin. Vous autoriserez ce général, si deux jours de séjour ne lui paraissent pas suffisants, à en prendre deux ou trois de plus. Vu l’éloignement, je ne puis que m’en rapporter à ce général ; il est maître de ne partir que le 3 ou le 4 au lieu de partir le 1er. Il aura soin de laisser à Magdeburg un dépôt des hommes malades ou fatigués, et des chevaux éclopés.
Vous donnerez ordre au général Bourcier de diriger les chevaux de la Garde qui sont en remonte à Hanovre sur Stettin, où ils rejoindront la division Delaborde.
Envoyez ces ordres directement au général Walther et au général Delaborde, pour qu’ils les fassent exécuter. Envoyez-les aussi au duc d’Istrie, qui, de son côté, veillera à leur exécution.
Donnez ordre au général Saint-Sulpice d’être rendu le 10 avril à Würzburg pour prendre, sous les ordres du général Walther, le commandement des trois régiments de la cavalerie de la Garde.
Vous donnerez ordre que l’ordonnateur de la Garde, avec les administrations, soit rendu le 10 avril à Würzburg, pour arriver à Dresde avant la Garde.
Paris. 25 mars 1812
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, je vois par l’état de situation du contingent prussien que dix bataillons se réunissent à Königsberg et trois à Berlin, ce qui fait treize bataillons; que quatorze escadrons se réunissent à Königsberg et deux à Berlin, ce qui fait seize escadrons. Écrivez au ministre de la guerre du roi de Prusse que je désirerais que les trois bataillons et les deux escadrons qui se réunissent à Berlin joignissent les cinq bataillons et les quatre escadrons qui se réunissent à Breslau, ce qui ferait huit bataillons et six escadrons, ou 6,000 hommes d’infanterie et 1,200 chevaux réunis à Breslau ; que je désirerais que ces troupes fussent prêtes à partir de Breslau le 10 avril; que les dix bataillons et les quatorze escadrons qui se réunissent à Königsberg, sous les ordres du général qui commande cette armée auxiliaire, manœuvrassent avec le prince d’Eckmühl, qu’une garnison suffisante de ces troupes fût mise à Pillau, et que le reste fût sous les ordres de ce général; que, moyennant cet arrangement, je laisserai les troupes prussiennes où elles sont, et que, lorsqu’on verra la tournure que prennent les choses, je ferai réunir les corps de Prusse; que jusque-là il me parait nécessaire de les laisser tels qu’ils sont.
Par ce moyen, le prince d’Eckmühl se trouvera avoir dans les mains 8,000 hommes d’infanterie et 3,000 hommes de cavalerie de plus; ce qui, avec les Bavarois, mettra à sa disposition au 10 avril sur la Vistule 140,000 hommes, avec lesquels il sera parfaitement en mesure de protéger toute la basse Vistule. Recommandez au prince d’Eckmühl de s’attacher à bien garder Pillau. Il chargera le général Grawert d’en aller faire l’inspection et d’y mettre une bonne garnison avec un bon commandant, en prenant toutes les mesures pour que cette place soit en parfait état de défense.
Vous donnerez ordre au prince d’Eckmühl de faire partir du 12 au 15 avril deux bataillons, 50 chevaux, une compagnie de sapeurs et deux pièces d’artillerie, de Danzig, pour construire à la pointe du Xehrung une redoute qui croise ses feux avec Pillau. Il faut que cette redoute soit construite de manière que 300 hommes du côté de l’île la mettent à l’abri d’un coup de main et donnent le temps de venir de Danzig. Il est convenable que cette opération ne se fasse pas avant le 15 avril. On se servira des matériaux qui avaient été préparés contre Pillau pour construire cette redoute, en conservant la partie des ouvrages actuels qui peut être utile.
Paris, 25 mars 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, écrivez au roi de Westphalie qu’il est nécessaire qu’il soit rendu de sa personne le 10 avril à Glogau, où il trouvera le général Marchand et les généraux employés à l’aile droite, et que le 12 il soit à Kalisz; qu’il ne doit donner aucun ordre, ne prendre aucun commandement que sur son corps d’armée, à moins que les Russes n’aient fait un mouvement et déclaré la guerre en attaquant le Grand-Duché, auquel cas il devrait se rendre sur-le-champ à Varsovie et prendre le commandement de la droite, composée des 5e, 7e et 8e corps. Il sera muni d’ordres non cachetés pour le prince Poniatowski et le général Reynier, annonçant à ces généraux qu’ils sont sous ses ordres avec leurs corps. Si les Russes ne font aucun mouvement, vous écrirez au Roi qu’il doit rester à Kalisz, ignoré et commandant son seul corps.
Vous instruirez de ces dispositions le prince d’Eckmühl ; vous le préviendrez que le roi de Westphalie doit être rendu le 12 à Kalisz ; que les Saxons s’approcheront de Puławy et de Sandomir, et que le corps westphalien sera réuni le 12 à Kalisz avec le Roi; que le général Marchand remplira les fonctions de chef d’état-major; que, si les Russes n’attaquent point et ne déclarent pas la guerre en violant le territoire prussien ou polonais, mon intention est que le roi de Westphalie reste inconnu a Kalisz et ne prenne aucun autre commandement que celui de son corps ; que, dans le cas contraire, il se rende à Varsovie pour prendre le commandement de la droite; qu’il est, à cet effet, porteur d’ordres pour le prince Poniatowski et pour le général Reynier ; qu’il est donc nécessaire qu’aussitôt que le prince d’Eckmühl apprendrait la déclaration de guerre par la marche des Russes sur les frontières du Grand-Duché ou de la Prusse, il en prévienne le roi de Westphalie.
Vous instruirez le prince d’Eckmühl que les Bavarois seront le 20 avril à Posen ; que le 5 avril le 2e corps de cavalerie que commande le général Montbrun sera rendu à Francfort-sur-l’Oder; que le… la division Verdier, avec la brigade Castex et la 3e division de cuirassiers, sera rendue à Stettin ; que la division de la Garde que commande le général Delaborde sera rendue à Stettin à peu près à la même époque; que, si les Russes ne font aucun mouvement, on doit rester au statu quo, réparer Marienburg, approvisionner Thorn, Danzig, et ne point bouger, puisque nous sommes toujours en paix, et que je désirerais, dans cette situation, pouvoir gagner le mois de mai ; mais que, si les Russes déclarent la guerre, le prince d’Eckmühl doit faire venir les Bavarois à Thorn, prévenir le duc d’Elchingen qu’il doit marcher sur Posen , et le duc de Reggio qu’il marcherait sur la Vistule. L’armée d’Italie ne sera entièrement réunie à Glogau que le 15 avril.
Le langage du prince d’Eckmühl doit donc être très-pacifique ; il doit éviter toute reconnaissance ou mouvement militaire au-delà de la Vistule; il faut qu’aucune de ses patrouilles n’aille même jusqu’à Osterode.
Quant au contingent prussien, le général qui doit le commander sera rendu le 10 à Thorn. Il faut que le prince d’Eckmühl en emploie une partie pour garder Pillau et place l’autre partie sur le Niémen pour éclairer la marche des Russes; bien entendu qu’en cas d’attaque cela viendrait se réunir sur la Vistule au corps du prince d’Eckmühl, qui, par ce moyen, aurait son corps d’armée, les Bavarois et les Prussiens sous la main, et ne tarderait pas à être joint par le duc d’Elchingen et par le duc de Reggio.
Palais des Tuileries, 25 mars 1813.
NOTE DICTÉE EN CONSEIL DES MINISTRES.
Le ministre de la marine rend compte d’une dépêche qu’il a reçue du Transport Office, relativement à l’échange des prisonniers. Sa Majesté indique ainsi qu’il suit la réponse à faire :
J’ai reçu votre lettre du 10 de ce mois; je l’ai mise sous les yeux du ministre de la marine. La négociation qui a eu lieu par le canal de M. Mackensie, dans le courant de 1810, a tellement simplifié cette question de l’échange, que, si le gouvernement britannique veut réellement l’échange général des Français et des alliés de la France contre les Anglais et les alliés de l’Angleterre, cette négociation peut être très-promptement terminée. Les deux gouvernements sont d’accord sur le principe, mais ne paraissent pas d’accord dans leurs intentions. Le gouvernement anglais ne veut réellement avoir que les prisonniers anglais et être le maître, lorsqu’il aura opéré cet échange, de continuer ou non l’échange du reste des prisonniers français contre les alliés de l’Angleterre. Le gouvernement français ne veut point dépendre en cela d’un changement de dispositions dans le gouvernement anglais, et il veut que le mode d’exécution assure la réalité de l’exécution du principe.
Paris, 26 mars 1812.
Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris
Monsieur le Comte Decrès, la construction des vaisseaux de ligne, non-seulement de 74, mais encore de 80 et même à trois ponts, sur la Loire, est de la plus haute importance : alors Brest ne devient plus qu’une place d’armement, et les vaisseaux se construisent à l’embouchure de la Loire.
Il y a bien des années que j’ai le pressentiment que l’on peut construire des vaisseaux à l’embouchure de la Loire. Les rapports de la commission que j’avais établie alors ne m’ont point paru convaincants. Puisque des frégates ayant leur armement avec six mois de vivres et d’eau et tirant 18 à 19 pieds peuvent sortir pour se rendre dans les Indes, comment des vaisseaux légers ou armés en flûte et tirant 14 pieds d’eau ne peuvent-ils point sortir ? Or, quand il sera prouvé que mes vaisseaux ne peuvent sortir qu’en flûte et tirant 15 à 16 pieds, ils se trouveront en la même situation que les frégates chargées. Il est à présumer qu’ils ne pourront sortir définitivement qu’en temps de paix ; mais ce sera déjà un grand résultat d’avoir en temps de guerre sept ou huit vaisseaux sur chantier, qui utilisent des bois précieux qui se pourrissent à Nantes, et nous mettraient en situation d’avoir à la paix un grand nombre de vaisseaux de tous côtés.
Serait-on obligé d’attendre la paix ? Qui empêcherait de mettre à l’eau des vaisseaux en suivant le procédé qui a eu lieu à Venise ? Le vaisseau a été relevé de 5 pieds 6 pouces et a passé avec un tirant d’eau de 13 pieds 6 pouces.
On pourrait donc, en faisant venir les vaisseaux désarmés en rade de Mindin, les armer là, les placer sur les chameaux, et alors, tout armés, tirant au plus 14 pieds d’eau, ils tireraient 4 pieds moins que les frégates, pour se rendre en haute mer. Ainsi un vaisseau de 80, ne tirant lui-même avec les chameaux que moins de 16 pieds d’eau, se trouverait dans une condition au moins inférieure à la frégate.
De Paimbœuf à Mindin il y a deux lieues; le vaisseau placé à Paimbœuf sur chameaux pourrait être établi de manière à ne tirer que 9 ou 10 pieds d’eau, et dès lors pourrait mettre le temps nécessaire pour se rendre en rade de Mindin. Mais enfin, s’il était vrai qu’il y eût des difficultés de Paimbœuf à Mindin, pourquoi ne pas construire à Mindin ou à Saint-Nazaire ? De Saint-Nazaire à Mindin il y a 1,000 toises; on peut considérer l’embouchure comme parfaitement défendue.
Je pense qu’il faut donner l’ordre à M. Tupinier de se rendre en toute diligence à Paris, en lui écrivant toutefois la lettre que vous proposez pour qu’il fasse ses observations et rapports, sa réponse. Il ira à Paimbœuf, Saint-Nazaire et Mindin, et pourra ainsi faire un bon mémoire sur cette question, à laquelle j’attache une si haute importance. À l’embouchure de la Loire, on trouve bois, chanvre, mâture, fers, artillerie; tout y est facile, tandis que tout est difficile à Brest.
Quant à la construction d’un bassin, je désirerais que vous donniez à l’ingénieur Cachin la commission de se rendre à Saint-Nazaire et Mindin. La petite rade touche au rocher de Siméon ; qui empêcherait de creuser un bassin pour trois vaisseaux entre Saint-Nazaire et la pointe de Penhouet, et même d’y construire une forme à la manière de l’ingénieur hollandais, c’est-à-dire d’y établir des pompes à feu pour le jeu des eaux ? Trois formes établies ainsi me donneraient deux vaisseaux par an. L’ingénieur Cachin peut s’y rendre de Cherbourg sans faire une absence de plus de huit à dix jours, et me donner les premières idées sur ce projet.
Paris, 26 mars 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, la 1e division du grand-duché de Varsovie a son quartier général à Varsovie. La 3e division a son quartier général à Bromberg; les troupes occupant Posen, Kulm, Thorn et Bromberg, je pense que le quartier général de cette division doit s’approcher de Modlin, et les troupes se répartir entre Plock et Varsovie. La 3e division a son quartier général à Varsovie, les troupes placées sur la Vistule, entre Varsovie et Pulawy. Ces trois divisions doivent être placées de manière qu’elles puissent se réunir en trois jours sur Praga ou sur Modlin. Je suppose que chaque division a son artillerie, ses cartouches, etc., et est prête à entrer en campagne.
Paris, 26 mars 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, si les Russes déclaraient la guerre, le duc de Reggio n’aurait pas besoin d’aller jusqu’à Stettin; il serait plus simple qu’il passât l’Oder au pont de Schwedt, ce qui lui ferait gagner trois marches. Le mouvement du parc du 2e corps sur Schwedt doit être opéré directement et aussitôt que ce parc se sera reposé à Brandenburg.
Il faut expliquer au général Reynier qu’il doit consulter le prince Poniatowski sur les meilleurs cantonnements à donner à ses troupes ; qu’il doit les cantonner entre Kalisz et la Vistule, de manière à avoir des avant-postes à Pulawy sur sa droite, et aussi à portée de Varsovie que la nécessité de faire vivre ses troupes lui en fait une loi.
Paris, 26 mars 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, vous donnerez l’ordre que les 919 chevaux de l’équipage de pont qui arrivent à Magdeburg le 30 mars, les 3, 5 et 8 avril, se reposent le nombre de jours nécessaire pour se remettre, y attellent des charrettes et des voitures légères d’artillerie, et soient ensuite dirigés sur Stettin et de là sur Danzig, pour arriver entre le 20 et le 30 avril; de sorte que, du 20 au 30 avril, le général Eblé aura à Danzig les compagnies de pontonniers et 900 chevaux, ce qui pourra déjà suffire aux premiers besoins de l’équipage de pont.
Donnez ordre que la portion du parc général qui a été tirée du 1er corps suive ce corps sur la Vistule; que celle du 2e corps reste attachée jusqu’à nouvel ordre au 2e corps, et que le personnel de l’équipage du parc général, soit de l’artillerie, soit du génie, se réunisse sur l’Oder, où il sera rendu le 15 avril, afin que l’un et l’autre soient rendus sur la Vistule, si cela est nécessaire, à la fin d’avril. Ainsi les parcs du génie et de l’artillerie se sépareront du quartier général et prendront position ensemble entre Stettin et Küstrin, du côté de Schwedt.
Paris, 26 mars 1812.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de la Grande Armée, à Paris.
Mon Cousin, donnez ordre au prince d’Eckmühl de faire partir sur-le-champ, par terre, 50 milliers de poudre de Stettin sur Thorn; de faire partir sans délai, par eau , 50 milliers de poudre de Thorn pour Modlin ; enfin de faire partir de Modlin 50 milliers de pondre pour Zamosc. Il est bien important que Zamosc soit abondamment approvisionné de tout, puisque cette place est la plus susceptible d’être assiégée. J’ai fait écrire en Saxe pour qu’on fasse partir sur-le-champ 100 milliers de poudre pour Modlin.
La Prusse doit fournir 600 milliers de poudre; demandez que ces 600 milliers de poudre soient fournis, savoir : 100 milliers à Thorn, 200 à Modlin et 300 à Danzig. Les 300 milliers de plomb seront répartis dans la même proportion.
Écrivez au général commandant en chef l’artillerie pour qu’il prenne les mesures nécessaires pour l’expédition de 300 milliers de poudre sur Danzig, de 100 milliers sur Thorn et de 200 milliers sur Modlin ; et que les différents mouvements de poudre de Modlin sur Zamosc, de Thorn sur Modlin et de Stettin sur Thorn, aient lieu sans délai. Chargez-le de prendre des informations sur l’époque du versement des 300 milliers de poudre à Thorn et à Modlin. Je suppose que la poudre qui sera versée à Modlin viendra de Silésie. Il est très-nécessaire que cet envoi soit fait sans délai.
Par ce moyen, Zamosc, qui a 68 milliers de poudre, en recevrait 50 milliers de Modlin et se trouvera avoir 118 milliers de poudre; Modlin, qui a 100 milliers de poudre, en recevrait 100 milliers de la Saxe et 200 milliers de la Prusse, ce qui ferait 400 milliers ; Thorn, qui a 76 milliers de poudre, en recevrait 100 milliers de la Prusse, ce qui ferait 176 milliers. Il serait nécessaire qu’aussitôt que les 200 milliers de la Prusse seraient arrivés à Modlin on envoyât à Zamosc 80 autres milliers, de sorte qu’il y ait à Zamosc 200 milliers de poudre. Mais il est urgent que, sans perdre de temps, on dirige de Modlin de la poudre sur Zamosc, laquelle sera remplacée à Modlin par de la poudre tirée de Thorn et par la poudre de Saxe.
Il faut que vous écriviez au ministre de la guerre du roi de Saxe pour que le premier convoi de 100 milliers de poudre pour Modlin parte dans les premiers jours d’avril, afin qu’elle soit arrivée dans le courant de ce mois à Modlin, et pour qu’il soit envoyé de la poudre à Zamosc, car cette place est compromise par le peu de poudre qui s’y trouve dans ce moment.
Paris, 27 mars 1812.
Au comte Collin de Sussy, ministre des manufactures et du commerce, à Paris
Monsieur le Comte de Sussy, le procès-verbal de la séance du conseil des subsistances du 24 mars ne me fait pas connaître la situation des choses. Demandez au comte Maret d’y faire insérer les renseignements accoutumés, c’est-à-dire la situation des achats, les quantités de farine, les quantités de blé et les lieux où tout cela se trouve, afin que je puisse me faire une idée de notre situation actuelle.