Correspondance de Napoléon – Mars 1805
La Malmaison, 21 mars 1805
RÉPONSE REMISE PAR L’EMPEREUR À S.S. LE PAPE
Sa Majesté, touchée de l’attachement paternel dont Votre Sainteté ne cesse de lui donner d’éclatants témoignage, et convaincue que la plus grande prospérité de la religion ne peut avoir que la plus utile influence sur le bien des ses États et sur le bonheur de son peuple, a examiné avec une attention filiale les observations et les demandes qui lui sont présentées au nom de votre Sainteté. Elle s’empresse de répondre aux différents articles que ces observations et des demandes renferment.
I
Votre Sainteté représente que les dispositions du Code civil sur le divorce ne sont point en harmonie avec le dogme religieux de l’indissolubilité du mariage. Elle désirerait un changement dans cette partie de la législation française.
La loi civile ne pouvait proscrire le divorce dans un pays où l’on tolère des cultes qui l’admettent. Il eût été peu sage, dans tous les cas, de vouloir changer subitement une jurisprudence que quinze ans de révolution avaient naturalisée en France, lorsqu’on a procédé à la confection du nouveau Code civil.
En général, les lois civiles ne sauraient avoir qu’une bonté relative. Elles doivent être adaptées à la situation dans laquelle un peuple se trouve. C’est au temps à les perfectionner. Il n’appartient qu’aux lois religieuses de recommander le bien absolu, qui est de sa nature immuable.
Mais, pour que la conduite des ministres du culte catholique ne soit jamais en contradiction avec les dogmes qu’ils professent, Sa Majesté a déclaré, par l’organe de son ministre des cultes, dans une lettre circulaire du 19 prairial an X, que les ministres du culte catholique sont libres de refuser la bénédiction nuptiale à des époux qui se remarient après un divorce, avant que le premier mariage soit dissous par la mort de l’un des conjoints. Elle a déclaré encore qu’un pareil refus de la part des ministres du culte catholique ne pouvait fonder le recours au Conseil d’État.
II
Il s’agit dans cet article de conserver aux évêques l’inspection naturelle qui leur complète sur les mœurs et la conduite des clercs soumis à leur sollicitude.
Les lois françaises n’ont eu garde d’attribuer aux agents de l’autorité civile les droits essentiels dont l’exercice n’appartient qu’à la juridiction épiscopale.
L’autorité séculière doit incontestablement connaître des délits des ecclésiastiques, lorsque ces délits blessent les lois qui obligent tout citoyen : car on ne cesse pas d’être citoyen en devenant prêtre, et conséquemment on continue d’être soumis aux lois et aux autorités, auxquelles tout citoyen doit soumission et obéissance. Mais, s’il s’agit de délits purement ecclésiastiques, de délits qui n’intéressent que la discipline, et qui sont uniquement susceptibles des peines portées par les canons, il est dans l’intention de Sa Majesté que les évêques soient les juges de ces délits. L’autorité séculière ne peut en prendre connaissance que dans les cas d’abus.
Aussi, dans une foule d’occasions, les ecclésiastiques ont été renvoyés par les ordres exprès de Sa Majesté à la censure pastorale des évêques, quand ces ecclésiastiques ont été dénoncés, pour des faits relatifs à des manquements qui pouvaient blesser les devoirs ou la dignité du sacerdoce. S’il y a des entreprises insolites de la part de quelques agents de l’autorité civile, c’est que tous les hommes ne sont pas assez sages pour se renfermer constamment dans les termes précis de leurs attributions. Sa Majesté veut que ces entreprises soient prévenues ou réprimées.
III
Cet article renferme plusieurs demandes dont l’objet général est de donner au clergé catholique les moyens d’exister avec décence et de se perpétuer pour la religion, qui ne peut subsister sans ministres. La loi du 18 germinal an X n’avait doté que les archevêques, les évêques et les curés. La bienveillante sollicitude de Sa Majesté s’est successivement étendue sur toutes les autres classes de ministres.
D’abord, pour donner de l’éclat au rétablissement de la religion catholique, Sa Majesté a désiré que des prélats français fussent revêtus de la pourpre romaine; Votre Sainteté a accédé à ce vœu, et l’Église de France, reprenant son ancien lustre, a compté plusieurs cardinaux, qui ont été dotés par les arrêtés des 7 ventôse et 15 thermidor an XI, et dont trois se trouvent dans le Sénat, premier corps de l’État.
Un arrêté du 14 ventôse an XI assura le traitement des vicaires généraux et des chanoines.
Depuis le séjour de Votre Sainteté dans cette capitale, Sa Majesté s’est occupée du sort des ministres qui desservent les succursales, et, par un décret du 5 nivôse dernier, 24,000 de ces ministres reçoivent chacun un traitement de 500 francs, et des précautions sont prises pour garantir l’entretien et la subsistance de ceux qui ne sont point salariés par le trésor public et qui demeurent à la charge des communes.
Votre Sainteté verra, dans ces diverses opérations, la protection signalée que Sa Majesté accorde au culte et à ses ministres, et le désir qu’elle aura toujours de remplir les vues de Votre Sainteté pour le plus grand bien de l’Église. Au milieu des nécessités de la guerre, Sa Majesté a déployé, en faveur du culte et de ses ministres, des ressources qui semblaient ne pouvoir se réaliser qu’après plusieurs années de paix.
Le culte catholique entraîne des dépenses indispensables pour la reconstruction et la réparation des édifices consacrés à ce culte, pour les ornements et fournitures nécessaires au service divin. Un arrêté de Sa Majesté, du 7 thermidor an XI, a rendu aux églises les biens non aliénés qui avaient appartenu aux anciennes fabriques, et dont les revenus peuvent aider la piété des fidèles à supporter les dépenses du culte.
Dans la crainte que les biens restitués dont il s’agit ne fussent pas suffisants pour remplir le but que Sa Majesté se proposait, la loi des finances de l’an XIII, publiée depuis le séjour de Votre Sainteté à Paris, autorise les conseils généraux de département à imposer un certain nombre de centimes additionnels pour réparations, entretien de bâtiments et supplément de frais de culte.
Déjà Sa Majesté avait invité par divers arrêtés les conseils généraux de département à exprimer leur vœu sur ces différents objets. La loi nouvelle les met à portée de réaliser ce vœu en autorisant les impositions destinées à le remplir.
Sa Majesté pense, comme Votre Sainteté, que l’établissement des séminaires est le seul moyen de perpétuer le clergé et de former les ministres qui doivent remplacer ceux qui décèdent ou qui vieillissent. Par le Concordat, le Gouvernement ne s’était point engagé à doter ces sortes d’établissements; mais Sa Majesté, ne consultant que le désir de faire prospérer la religion, accorde journellement aux évêques qui les réclament les maisons nationales qui peuvent recevoir la destination dont il s’agit, et elle autorise toutes les donations et tous les legs,, même en immeubles, qui peuvent être faits aux séminaires. De plus, Sa Majesté, par une loi de l’an XII, a fondé elle-même dix séminaires métropolitains, qui seront absolument à la charge du trésor public.
La liberté laissée aux départements d’imposer pour le supplément des frais de culte s’étend indéfiniment à toutes les choses et à toutes les personnes qui sont consacrées au culte; elle achèvera de mettre les ressources en équilibre avec les besoins.
Sa Majesté s’occupera du soin de donner des aumôniers aux troupes de terre et de mer, ainsi qu’aux hôpitaux militaires, dès que les circonstances pourront le permettre. Déjà elle a autorisé des aumôniers dans les hospices civils; ces aumôniers sont salariés par les administrations auxquelles ils sont attachés.
Sur les représentations de Votre Sainteté en faveur des religieux et religieuses dont la pension n’est point encore liquidée, Sa Majesté a renouvelé les ordres qu’elle avait précédemment donnés au directeur de la liquidation, de continuer ce travail sans interruption. Il est impossible de réparer tous les maux que la révolution a produits; mais toutes les mesures ont été prises pour adoucir ceux qu’il n’est pas au pouvoir des hommes de réparer. Les religieux valides et qui ont des mœurs sont presque tous employés dans l’organisation ecclésiastique. Sa Majesté, pour faciliter aux religieuses les moyens de subsister plus commodément, les a autorisées à vivre en commun sous la condition de se conformer aux lois de l’État. Celles d’entre les religieuses qui, par leur ancien institut, s’étaient consacrées à l’éducation publique, ont été autorisées, quand elles l’ont demandé, à remplir le but de leur institution première, pour qu’elles puissent trouver des ressources que leur pension ne leur offrait pas.
Une des principales demandes et observations de Votre Sainteté porte sur les obstacles que la conscription militaire offre aux candidats qui voudraient se vouer à l’état ecclésiastique. Sa Majesté, prenant cet objet en grande considération, donnera tous ses soins pour concilier les intérêts majeurs de la politique avec les besoins pressants de l’Église.
Elle aura égard à la situation de chaque diocèse, au nombre de prêtres qui y sont employés, à celui des candidats qui s’offriront pour entrer dans l’état ecclésiastique, aux bons témoignages que les évêques rendront de la vocation éprouvée et de la capacité reconnue de ces candidats; elle autorisera les ordinations que le bien du service rendra nécessaires.
IV
Votre Sainteté désirerait le renouvellement des anciennes lois sur la célébration des dimanches et des fêtes. Sa Majesté partage les sentiments de piété et les vues de bon ordre qui animent Votre Sainteté; mais elle s’est convaincue que, dans tous les objets qui tiennent à l’observance des pratiques religieuses, les bons exemples et les invitations ont toujours plus de force que des lois, ordinairement mal exécutées. S’il est à craindre que les dimanches et les fêtes ne soient pas dignement observés, cette crainte se vérifie moins dans les campagnes que dans les villes. Les gens de la campagne sont plus religieux, et les travaux pénibles auxquels ils se livrent leur rendent le délassement et le repos plus nécessaires. Dans les villes, la religion n’a pas un égal empire sur tous les cœurs, et, dans le nombre même des hommes qui tiennent le plus à leurs devoirs de religion, il en est auxquels on ne pourrait interdire tout travail les dimanches et les fêtes sans compromettre leur existence et leur vie; l’expérience prouve d’ailleurs que, dans les grandes villes, tous les moments qui sont dérobés au travail sont donnés aux vices ou au crime.
L’essentiel est que les fonctionnaires publics et les citoyens éclairés donnent l’exemple à la multitude. Or, par les lois actuelles, tout travail extérieur et public est interdit aux fonctionnaires de tous les rangs et de toutes les classes. Il suffira d’avertir les administrations publiques de ne faire travailler à aucun ouvrage public et servile les jours de dimanches et fêtes, excepté dans les cas urgents qui ne comportent ni lenteur ni délai.
V
L’intention de Sa Majesté est qu’il ne soit employé dans l’éducation publique aucun prêtre ni aucun religieux mariés. Cette intention a été depuis longtemps manifestée. Sa Majesté donnera des ordres précis pour que l’éducation de la jeunesse ne soit jamais confiée à des prêtres qui ne seraient pas en communion avec leur évêque.
Sa Majesté n’entend pas non plus que l’éducation religieuse soit négligée dans les lycées; et, pour être assurée que ses intentions ne seront point éludées à cet égard, elle placera les évêques dans les administrations qui dirigent ces établissements.
VI
La réconciliation des évêques dits constitutionnels étant faite avec Votre Sainteté, Sa Majesté tiendra la main au maintien de la paix religieuse qui doit être l’heureux résultat de cette réconciliation.
VII
Sa Majesté rendra au culte le temple de Sainte-Geneviève, patronne de Paris.
Elle invitera les évêques à faire célébrer l’office quotidien dans leurs cathédrales. Il a toujours été dans son vœu de maintenir la dignité et la solennité du culte.
Quant au rétablissement des congrégations de prêtres, Sa Majesté se réserve d’examiner avec maturité cette importante question. Dans les premières années d’une nouvelle organisation ecclésiastique, il est nécessaire que le clergé puisse prendre une certaine consistance avant que d’élever à côté de lui des corporations qui pourraient bientôt devenir plus fortes et plus puissantes que le clergé même.
Néanmoins, Sa Majesté s’est empressée de rétablir toutes les corporations connues sous le nom de sœurs de la Charité ou de sœurs Hospitalières, consacrées par leur institution au service des malades et à l’éducation des pauvres filles. Elle a même, pour donner un signe particulier de protection à des établissements aussi utiles à l’humanité, nommé Madame, mère de l’Empereur, protectrice de ces établissements.
VIII
Votre Sainteté demande que la religion catholique soit déclarée dominante en France. Elle l’est de fait, puisque cette religion est celle de Sa Majesté, de tous les membres de la famille impériale et de la très-grande majorité des Français. Une loi qui déclarerait la religion catholique dominante n’aurait donc aucune utilité réelle, et elle aurait de grands dangers pour la religion même. Dans la disposition actuelle des esprits, une pareille loi réveillerait les haines anciennes, et elle préparerait de nouveaux ennemis au catholicisme.
IX
Les circonstances n’ont pas permis à Sa Majesté de maintenir les différents colléges ou séminaires fondés en France au profit des catholiques irlandais. Aucun de ces établissements n’aurait pu se soutenir seul, parce que, dans la révolution, tous avaient perdu des ressources considérables. Il a fallu réunir tous les biens et toutes les administrations pour former un collége ou un séminaire qui pût remplir dignement le but des premiers fondateurs.
Comme tous les colléges ou séminaires destinés à l’instruction des catholiques irlandais avaient le même objet, la réunion de tous les établissements en un seul a été possible, et même sage, ou pour mieux dire, nécessaire.
L’unité ne peut être un inconvénient dans des circonstances où il s’agit de donner et de recevoir la même instruction. Cette unité est, au contraire, un grand avantage, puisqu’elle garantit le même esprit et la même doctrine dans des hommes consacrés à suivre et à enseigner la même religion.
X
Il existait en France trois établissements consacrés aux missions : les prêtes Lazaristes, le séminaire dit des Missions étrangères, et celui de Saint-Esprit. Indépendamment de ces établissements, plusieurs ordres religieux, tels que les Récollets, les Capucins et autres, s’étaient voués aux missions.
Le décret impérial du 7 prairial an XII a rétabli la mission dite des Lazaristes. Ce décret leur donne une mission et leur assure une dotation annuelle de 15,000 francs. Il établit une cure pour augmenter les ressources des missionnaires. Cette mission, comme établissement ecclésiastique, se trouve sous la juridiction de M. l’archevêque de Paris pour tout ce qui regarde la discipline et le bon ordre du diocèse. Mais M. l’archevêque ne donne ni ne peut donner aucun pouvoir aux ecclésiastiques qui vont exercer leur ministère dans les autres diocèses ou chez l’étranger. Ce prélat n’est pas le directeur des missions.
Sa Majesté dotera volontiers les séminaires des Missions étrangères et pourvoira abondamment à tout ce que la propagande pourra désirer. Pour un objet si important, les plus grands sacrifices lui paraîtront légers.
XI
Sa Majesté remplacera par un revenu équivalent ce que le Gouvernement français acquittait autrefois en faveur de l’église et du chapitre de Saint Jean de Latran à Rome, sous la condition que Sa Majesté y jouira des droits, prérogatives et honneurs dont ont joui de tous temps les souverains de France.
Sa Majesté ne laissera échapper aucune occasion favorable de concourir, avec Votre Sainteté, au plus grand bien de la religion et de ses ministres.
La Malmaison, 21 mars 1805
A M. Champagny
Monsieur Champagny, par le compte du port de Nice, je ne vois pas si on a allongé le môle ou réparé celui qui existait. Il me semble que, si ou avait réparé le môle qui existait, il n’y avait qu’à suivre ce qui était fait. Si l’on a fait de nouveaux môles, on s’est jeté dans une dépense que je n’ai pas autorisée.
La Malmaison, 21 mars 1805
Au maréchal Berthier
Il sera fait un appel de conscrits de la réserve de l’an XII, de 5,000 hommes, et répartis conformément à l’état coté A.
Il sera fait une levée sur la réserve de l’an XIII, savoir : 1,500 répartis conformément à l’état B; 1,000 hommes conformément à l’état C; 1,500 hommes conformément à l’état D; 3,000 hommes pour porter les régiments de dragons au grand complet de paix, et 8,000 hommes pour mettre les quarante-quatre régiments qui composent l’armée des trois camps dans le cas de porter les bataillons de guerre à un complet de 1,050 hommes présents sous les armes, tous les malades ou absents sous quelque prétexte que ce soit devant compter aux 3e bataillons,
On remarquera qu’il n’y a que quarante-quatre régiments, parce qu’on ne compte point le bataillon corse, destiné à se recruter de conscrits corses ; on ne compte pas le 19e, qui a ordre de se rendre en Hanovre, ni le 18e, qui reste à Paris; ce qui fait une différence de quatre bataillons avec le compte du ministre.
L’état à six colonnes que j’ai demandé au ministre n’était pas dans d’autre but que de me diriger moi-même dans ce travail; il peut donc servir d’élément.
On observera dans ce travail d’épargner les départements maritimes, et de faire le plus possible recruter les corps par les mêmes départements où ils ont recruté dans l’an XII pour l’an XII, et dans l’an XIII pour l’an XIII.
Faites-moi connaître, après avoir établi ce travail, quelle espèce de secours il sera nécessaire d’accorder aux quarante-quatre régiments des trois camps pour une augmentation si considérable.
Mon intention est que, cette année, tous les régiments se trouvent à leur complet de paix; et si, en parcourant les états que je vous envoie, le ministre s’apercevait que, malgré la conscription de l’an XIII et les deux appels que j’ordonnés, ils ne le fussent pas, il faudrait me proposer un troisième appel pour les compléter.
Je prévois, que les régiments qui reviennent des colonies et qui se réorganisent dans 11e division sont dans ce cas. Il faut faire le plus tôt possible, et dans la semaine, l’appel relatif des 5,000 hommes de l’an XII, et seulement en germinal l’appel de l’an XIII, et dans prairial le troisième appel, s’il y avait lieu. Mais, il n’en sera pas moins nécessaire que ces appels soient coordonnés dans un seul travail, de manière que, dès que j’en aurai donné l’ordre, on puisse le signer et le faire paraître.
La Malmaison, 21 mars 1805
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, je vois avec peine qu’on me propose, tous les jours des avancements rapides pour des officiers d’état-major, des lieutenants qui ne le sont que de deux, trois, quatre ans, et l’on se croit ancien lorsqu’on date de l’an VII. Cependant il n’y a pas de régiment où il n’y ait huit capitaines de 1792 ayant des blessures et fait toutes les campagnes. J’en compte sept dans le 1er régiment, dix dans le 2e, huit dans le 3e, quatorze dans le 4e, quatorze dans le 5e, quinze dans le 6e, six dans le 7e, quatre dans le 8e, dix dans le 9e, neuf dans le 10e, treize dans le 11e, six dans le 12e, quatre dans le 13e, et ainsi de suite. Mon intention est que vous me remettiez un état de tous les officiers qui ont été faits capitaines pendant l’an XIII et avant, un même état des lieutenants et sous-lieutenants, avec la note de leurs services, s’ils ont fait la guerre dans leur corps sans interruption, avec des notes sur chacun d’eux, et que vous ne me proposiez aucun officier pour être chef de bataillon que la liste de ceux qui sont sur cet état ne soit épuisée.
La Malmaison, 21 mars 1805
Au vice-amiral Decrès
Monsieur Decrès, il n’y a plus un moment à perdre pour faire travailler au nettoyage des ports de Boulogne et d’Ambleteuse; employez, s’il le faut, un fonds de 400,000 francs pour cet objet. On m’assure qu’il faudra trente ou quarante jours de travail pour rétablir ces ports dans l’état où ils étaient. Qu’on y travaille avec activité dès le 15 germinal, de manière qu’au 15 floréal ces ports soient aussi bien qu’ils l’ont jamais été, et mieux s’il est possible. Je vois avec peine qu’on ait mis cent trois bâtiments de transport à la disposition de commissaires pour des ambulances et autres services , ce qui annule leur activité. Les installations des bâtiments ont été détruites. Donnez ordre que l’ingénieur Guarrigues, qui dirigeait ces installations, soit chargé de les rétablir. Un grand nombre de barils sont cerclés en bois; les eaux se perdent; il y en a quatre cents à cercler en fer. Il manque une certaine quantité de barils pour compléter l’eau des transports et des bâtiments de guerre. Cet objet est extrêmement sérieux; pourvoyez-y sans délai. Il y a des bâtiments qui n’ont point de lisses de garde-corps; il faut en établir partout.
Paris, 21 mars 1805
Au roi de Prusse
Monsieur mon Frère, j’ai fondé une institution destinée à perpétuer dans mon Empire le sentiment des bonnes et des grande actions; je lui ai donné le nom de Légion d’honneur. Le bien que cette institution a déjà produit a excité en moi le désir de lier à elle les Ordres qui ont pour but d’encourager et de récompenser, dans tous les pays amis de la France, le dévouement à l’État et à la personne du prince, et c’est dans cette vue que je me détermine à offrir à Votre Majesté le grand cordon de ma Légion impériale, pour être uni aux décorations des Ordres dont elle est protecteur et chef suprême dans son royaume. Je charge en même temps mon ministre des relations extérieures de l’adresser à six des principaux et des plu recommandables sujets et serviteurs de Votre Majesté. Je suis assuré qu’elle ne verra dans cette démarche qu’une preuve nouvelle du cas particulier que je fais de ses sentiments, et un témoignage de l’estime et de l’attachement véritable avec lesquels je suis, Monsieur mon Frère,
Votre bon Frère
(Des lettres identiques ont été adressées à la même époque au prince régent de Portugal et à l’électeur de Bavière.)
La Malmaison, 22 mars 1805
DÉCRET
ARTICLE Ier. – Il sera fait un code militaire pour l’armée de terre.
Ce code remplacera et annulera tout ce qui existe de lois, ordonnances, règlements, arrêtés et décisions relatifs à l’armée de terre.
ART. 2. – Ce code ne présentera qu’une seule série de livres, titres et articles.
Les titres pourront être subdivisés en chapitres, et les chapitres en sections.
ART. 3. – Les ministres de la guerre et de l’administration de la guerre détermineront de concert les moyens les plus prompts et les plus sûrs de faire rédiger ledit code.
Ils en présenteront la rédaction à S. M. l’Empereur, au plus tard dans le courant de pluviôse an XIV.
ART. 4. – Ce projet, après avoir été discuté par la section de la guerre, sera soumis au Conseil d’État. La discussion en sera commencée dès le mois de germinal an XIV.
ART. 5. – Les ministres de la guerre et de l’administration de la guerre sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret.
La Malmaison, 22 mars 1805
Au maréchal Berthier
J’ai lu avec attention les bases que vous présentez pour la nouvelle organisation de l’armée. Je vois avec peine que cela présente une augmentation de sept millions. Il est vrai que cela me donnera une augmentation de 30,000 hommes. Je désire que vous me représentiez les mêmes bases en ôtant le deuxième sous-lieutenant, lequel ne sera nommé qu’en temps de guerre; et, effectivement, ce n’est qu’en temps de guerre que la compagnie, étant à 160 hommes, exige ce quatrième officier. Au lieu de deux vélites par compagnie, nombre que les prytanées ne pourraient fournir, vous ne mettrez qu’un vélite. Ces deux retranchements devront former une économie de quatre millions, ce qui ne ferait plus que trois millions en sus pour avoir 30,000 hommes de plus.
Il faudrait ajouter à ces renseignements l’économie. La compagnie étant de 100 sous-officiers ou soldats au pied de paix, il deviendrait possible d’avoir en semestre, neuf mois de l’année, 40 hommes, le tiers de tous les grades par compagnie, et, au lieu de 104 hommes, n’en avoir pendant neuf mois que 70; tandis que, dans la situation actuelle, la compagnie n’étant au pied de paix que de 70 hommes, il est difficile d’accorder des semestres, et cela n’est possible qu’à un huitième ou au plus à un sixième du corps. Il faut donc faire entrer ces avantages du nouveau système de n’avoir, en tout, la compagnie qu’à 70 hommes pendant neuf mois.
La Malmaison, 22 mars 1805
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, il ne doit y avoir une taille particulière que pour être admis dans l’artillerie, les carabiniers, les cuirassiers et la Garde. On ne peut exiger, dans les autres corps, que la taille de la conscription. Pour les hussards, les chasseurs et les dragons, la taille est indifférente si les hommes sont bien formés. Dans la lettre vous écrirez à ce sujet aux généraux, aux colonels généraux, aux commandants des divisions de ces armes, vous ferez sentir l’impossibilité qu’il y aurait de recruter si on tenait à la taille, vu la nécessité d’accorder une taille supérieure à l’artillerie, aux carabiniers, aux cuirassiers et à la Garde.
La Malmaison, 22 mai 1805
Au général Morand, commandant la 23e division militaire à Ajaccio
Votre présence est nécessaire en Corse; vous y avez ma confiance. Vous y resterez pendant toute la guerre. Faites régner dans le pays une sévère police; traduisez devant des commissions militaires et faites des exemples sévères des lâches qui auraient des correspondances avec les Anglais. Allez visiter toutes les parties de l’île, spécialement les districts de la Rocca et de Bonifacio. Faites pousser, autant que possible, les travaux, la communication de la route d’Ajaccio à Bastia, que mon intention est de rendre propre à toutes les voitures. Faites finir les quais et canaux de la ville d’Ajaccio. Du moment que la saison sera favorable, réunissez deux bataillons, faites-les exercer aux manœuvres. Surtout je vous recommande de faire marcher la conscription. La frégate viendra prendre les conscrits. Pour ne pas exposer les bâtiments, écrivez, quand vous en aurez deux ou trois cents à Ajaccio, à Sartène, et on les enverra prendre. Il faut aussi prendre des mesures pour lever des marins, que la Corse fournisse son contingent à nos escadres.
La Malmaison, 22 mars 1805
Au vice-amiral Villeneuve
L’escadre dont je vous ai confié le commandement est destiné aux opérations d’une tout autre importance que celle à laquelle je l’avais d’abord destinée; mais un plus long retard rendrait difficile et votre sortie de la Méditerranée et l’exécution combinée de mes projets. J’attends avec impatience d’apprendre votre départ, et je désire beaucoup que le vent, le temps et les autres circonstances vous permettent de l’effectuer avant le 5 germinal.
J’espère qu’indépendamment du vaisseau français qui vous ralliera à Cadix, vous y trouverez plusieurs vaisseaux espagnols; réunion qui peut être utile à votre mission, sans y être indispensable. Je compte, dans une opération si importante et dont les résultats peuvent être si grands sur les destins futurs de la France, sur votre dévouement, votre zèle et votre attachement à ma personne.
La Malmaison, 22 mars 1805
Au général Lauriston
Monsieur le Général Lauriston, mon Aide de camp, on devait former depuis deux ans le 82e régiment à la Martinique, et le 66e à la Guadeloupe. Mon intention est que, dès votre arrivée, si vous avez le temps de débarquer, vous reformiez vous-même ces régiments, et que vous en rapportiez en France le contrôle. Tout ce qui se trouvera à la Martinique de détachements du 82e, du 15e et de troupes quelconques de ligne, soit arrivées avec le capitaine général Villaret-Joyeuse, soit portées par des frégates ou corsaires arrivés depuis, sera formé en deux bataillons sous le titre de 82e régiment. Je ne comprends pas dans ces détachements ce que vous trouverez à la Martinique d’arrivé avec le contre-amira1 Missiessy. Tout ce qui se trouvera à la Guadeloupe de détachements du 66e ou de toutes autres troupes arrivées avec le capitaine général Richepanse ou depuis, sera formé en deux bataillons sous le titre de 66e régiment. Vous ne formerez ces régiments qu’à deux bataillons, chacun portés au grand-complet de paix, c’est-à-dire à 100 hommes par compagnie , les 3e bataillons se formant en France.
Il y a à la Martinique et à la Guadeloupe des détachements de canonniers de la marine que j’y ai envoyés en l’an XII. Ils sont très-nécessaires à bord des vaisseaux : il faudra les faire distribuer sur l’escadre. Ces troupes seront bien remplacées par le bataillon du 67e que vous devrez y débarquer.
Par le dernier état de situation des troupes que j’ai reçu de la Martinique, j’avais dans cette île 1,600 hommes et autant à la Guadeloupe. J’y en ai envoyé 3,000 par le général Lagrange; j’en ai envoyé ultérieurement 600; vous êtes chargé d’en débarque 1,200; j’ai pris d’autres mesures pour y en faire passer 1,300; ce qui me ferait de 8 à 9,000 hommes. Ce corps de troupes serait évidemment trop fort et ne pourrait servir, si nous n’avions ni la Dominique ni Sainte-Lucie. Si donc, lorsque vous arriverez, vous trouvez à la Martinique plus de 3,000 hommes, et à la Guadeloupe plus de 3,000 hommes, vous ne débarquerez du 67e et des autres troupes que 30 hommes par compagnie, c’est-à-dire 3 ou 400 hommes, pour incorporer dans le 82e et porter ce corps au complet. Vous en ferez autant du 37e pour le 66e et vous ramènerez alors tout le reste en Europe, en laissant cependant présents sous les armes et bien portants 6,200 hommes entre les deux îles, et au moins 6,500 ou 6,600 hommes à l’effectif. Si vous ne trouviez pas ce nombre d’hommes à la Martinique et à la Guadeloupe, vous débarquerez le 67e et le 37e, conformément à mes instructions générales.
La Malmaison, 22 mars 1805
Au général Lauriston
Monsieur le Général Lauriston, mon Aide de camp, l’escadre de Toulon est destinée à se combiner avec d’autres escadres. Il est absolument indispensable qu’elle soit partie avant le 5 germinal. Cependant je sais très-bien que la volonté des hommes n’est rien dans cela, et qu’il faut le concours de bien des événements; mais accélérez le départ par tous les moyens qui sont possibles; que rien ne vous retarde. Encouragez l’amiral pour qu’il suive droit sa destination et n’hésite point dans des opérations dont les résultats seront si importants pour les destinées futures de la France. Nos amiraux ont besoin de hardiesse pour ne point prendre des frégates pour des vaisseaux de guerre, et des vaisseaux marchands pour des flottes. Il faut de la décision dans les délibérations, et, l’escadre une fois sortie, aller droit au but, et non relâcher dans des ports ou revenir.
La Malmaison, 23 mars 1805
A M. Talleyrand
Je désire que vous fassiez faire sur le droit d’épave un mémoire détaillé, et que l’on imprime une brochure qui récapitulera tout ce qui a été fait sur cet objet et les principes qui m’ont dirigé. On pourrait aussi traiter la question de l’Ordre équestre : ce sont, je crois, les deux principaux points qui divisent actuellement l’empire germanique.
La Malmaison, 23 mars 1805
Au maréchal Berthier
Mon Cousin, l’école de Fontainebleau avait été organisée pour mille élèves. Il paraît que ni le local ni les circonstances ne permettront d’en placer plus de cinq cents. Il faudrait donc réduire l’état-major, soit pour l’administration, soit pour l’instruction, à raison de cette différence de cinq cents à mille.
La Malmaison, 23 mars 1805
Au général Lacuée, gouverneur de l’école polytechnique
Monsieur Lacuée, Conseiller d’État, je voudrais enfin m’occuper de l’organisation de l’École polytechnique. Vous m’avez présenté plusieurs projets séparés; je désire que vous me remettiez un projet qui offre l’ensemble de l’administration. Il convient de distinguer en deux titres séparés ce qui regarde, l° le logement des élèves, 2° leurs pensions. Mon intention n’est pas que la dépense soit payée par deux ministères différents. L’école sera considérée comme école spéciale de mathématiques, et payée par l’intérieur. La guerre a bien assez de ses dépenses. Vous vous rappellerez que mon désir est que cet établissement coûte peu. Il est dangereux pour des personnes qui n’ont pas de fortune de leur donner des connaissances en mathématiques trop étendues. Quant aux sujets ayant de grandes dispositions et peu de fortune, il sera facile de les placer au moyen de vingt ou trente bourses qui seront créées à cet effet; mais les pensions des autres élèves doivent être payées par les parents. Une dépense de 500,000 francs ne peut pas être maintenue. Il est bien entendu que ces dispositions ne s’appliqueront point aux jeunes gens qui sont à présent à l’école. L’organisation en bataillon et le conseil d’administration peuvent être établis à l’instar de l’école de Fontainebleau. L’école spéciale de mathématiques ou École polytechnique est destinée à réunir deux ou trois cents élèves. Les Ponts et chaussées, les ingénieurs géographes, les ingénieurs de la marine, l’artillerie et le génie, ne peuvent recevoir deux cents jeunes gens par an : il faut donc qu’une partie de ces élèves puisse entrer dans l’armée; mais comment y entreront-ils, ave quel grade ? Cela doit aussi être réglé. Je regrette de voir un aussi grand nombre de jeunes gens de cet âge réunis à Paris; je sens l’inconvénients qu’il y aurait à les éloigner trop; mais, si on pouvait les placer à deux ou trois lieues, il en résulterait un grand avantage J’ai peine à croire qu’il n’y ait pas à cette distance, aux environs de Paris, des séminaires ou d’autres bâtiments propres à ce service. Ne pourrait-on pas, par exemple, placer l’école au château de Saint-Germain ? Son éloignement ne serait pas assez grand pour que quelques bons professeurs ne pussent pas s’y rendre. Si cependant il faut absolument laisser l’école à Paris, de tous les quartiers celui que je préfère, c’est le quartier latin, et celui pour lequel j’ai le plus à répugnance c’est le quartier où elle est actuellement (c’est à dire au palais Bourbon).
La Malmaison, 23 mars 1805
Au maréchal Soult
Mon Cousin, j’ai reçu votre lettre et votre rapport sur la flottille. J’ai donné des ordres au général Songis sur la manière dont l’artillerie doit être embarquée. Je n’ai pas besoin de l’équipage de siège; je l’ai toujours fait réunir, d’abord pour armer la flottille, et pour l’avoir à ma disposition surtout. Je n’ai pas besoin des voitures que l’artillerie traîne après elle; dans le pays où je vais aller, je ne manquerai point de voitures.
J’attache une grande importance aux manœuvres des péniches, surtout pour le débarquement. Une division de péniches peut porte 1,200 hommes; dix divisions peuvent donc porter 6,000 hommes; que ces 6,000 grenadiers, dans un débarquement, donnent à propos et dans l’endroit convenable, ils doivent balayer la place et donner lieu au débarquement. Attachez-vous donc avec Lacrosse à exercer les commandants des chaloupes; on doit tirer à canon et à mitraille en débarquant, et avoir des signaux pour parler à chaque division.
Je vous ai ôté le 19e de ligne, que je n’ai pas jugé propre à faire la guerre et que j’envoie en Hanovre. Je le fais remplacer par 100e régiment, composé de vieux soldats et fort de 1,900 hommes.
Ce que vous me dites du 72e n’est pas non plus très-rassurant. Cependant j’ai donné des ordres pour qu’il reçoive beaucoup de recrues cette année.
Je vais faire un appel de 5,000 hommes sur la réserve de l’an XII, et de 1,000 hommes sur la réserve de l’an XIII, tous destinés aux quarante-quatre régiments des trois camps; car, si cela est possible, je vais porter les bataillons an grand complet de guerre, c’est-à-dire à 1,050 hommes.
Vous devez avoir reçu l’ordre de faire passer la division Legrand à Boulogne. J’ai fait donner l’ordre à la première partie de la flottille batave de se rendre à Ambleteuse.
Palais des Tuileries, 24 mars 1805
RÉPONSE DE L’EMPEREUR AU CONSEIL D’ÉTAT VENANT LE FÉLICITER SUR SON AVÉNEMENT
AU TRÔNE D’ITALIE.
Je suis bien touché des sentiments que vient de m’exprimer, au nom du Conseil d’État, l’un de ses présidents. Je suis convaincu que ses membres s’occuperont toujours avec intérêt et avec zèle de tout ce qui pourra ajouter au bonheur de mes peuples et à l’éclat de ma couronne ; car j’ai toujours trouvé parmi eux de vrais amis.
Paris, 24 mars 1805
DÉCISION
L’électeur de Bade réclame le maintien de sa principauté en Allemagne | Renvoyé à M. Talleyrand. Je désire que M. Talleyrand écrive à M. Laforest pour faire faire des ouvertures à Berlin sur cet objet, qui doit être tenu très-secret à cause de la Russie. |
DÉCISION
Le ministre de la guerre demande si les colonels ayant un service d’honneur auprès de l’Empereur, des princes et des princesses, doivent rejoindre leurs corps, ainsi que le prescrit l’ordre de ce jour à l’égard des autres colonels de l’armée. | Oui. Le service de guerre marche avant tout. |
DÉCISION
Le ministre de la guerre propose à l’Empereur d’accorder à l’ex-maréchal de camp Lameth le traitement de réforme. | Je ne sais ce que le ministre entend par le traitement de réforme à un général qui ne sert pas depuis vingt ans. |
DÉCISION
Mouton, capitaine aide de camp, est proposé pour l’emploi de chef d’escadron. | Il y a dans l’armée des capitaines de 92 qui sont très-bons. |
DÉCISION
Le ministre de la guerre soumet à l’Empereur un état des officiers proposés pour faire partie du 3e bataillon du 18e régiment d’infanterie légère. | Cette méthode de composer un bataillon par des officiers réformés a bien des inconvénients. Le ministre ne peut les connaître, et l’on s’expose à avoir un bataillon mal composé. Il faudrait, au moins, avoir quelques garanties que ces officiers sont bons. |
Paris, 24 mars 1805
Au vice-amiral Ganteaume
DÉPÊCHE TÉLÉGRAPHIQUE DE GANTEAUME A L’EMPEREUR. L’armée navale est prête et peut mettre sous voile demain soir; mais il y a ans l’Iroise quinze vaisseaux anglais et il est impossible de sortir sans risquer un combat. Le succès n’est pas douteux. J’attends les ordres de Votre Majesté | A TRANSMETTRE SUR-LE-CHAMP, PAR LE TÉLÉGRAPHE.Une victoire navale dans cette circonstance ne conduirait à rien.N’ayez qu’un seul but, celui de remplir votre mission.Sortez sans combat.Ce qui doit vous joindre est parti. |
La Malmaison, 25 mars 1805
Au maréchal Davout
Mon Cousin, j’ai donné ordre que la troisième partie de la flottille batave se rendît d’Ostende à Dunkerque, et que la première se rendît de Dunkerque à Ambleteuse. Le ministre de la guerre a dû vous envoyer l’ordre pour le jour auquel la première division du camp Ostende doit se rendre à Ambleteuse pour occuper l’emplacement de la division du général Legrand.
Le projet de faire porter par des bâtiments de transport les bois qui ont servi à la construction des baraques pourrait être avantageux; car alors on pourrait construire à Ambleteuse pour une nouvelle division, mon intention étant de réunir là votre armée.
Faites-moi connaître, par le retour de mon courrier, la situation de votre armée, celle de la flottille batave, et surtout la situation des écuries et autres bâtiments de transport destinés à embarquer le matériel de votre artillerie et de vos chevaux. Il ne faut rien laisser à Ostende; tous les magasins de réserve, d’outils, d’artillerie, etc., doivent se replier d’Ostende sur Dunkerque.
La Malmaison, 26 mars 1805
Au vice-amiral Decrès
Les matelots français ont, dans différentes circonstances et dans différents pays, pris des engagements avec des capitaines de vaisseau américains. Ainsi naturalisés, ils se croient à l’abri de toute poursuite sur les bâtiments de cette nation. Faites arrêter tout matelot natif français enrôlé sur bâtiment américain dans nos ports. Faites faire une circulaire sur cet objet; ne pas nommer les Américains, mais dire, en général, toute nation neutre.
La Malmaison, 26 mars 1805
Au vice amiral Decrès
La caisse des Invalides est riche; elle fait constamment des économies très-considérables. Mon intention est, au lieu de 12, 000 francs, de mettre pour les ouvriers de Brest 50,000 francs. De tous côtés on porte plainte : à Saint-Malo, que les travaux ont cessé; à Brest, de même; au Havre, à Dunkerque, à Lorient, Nantes, sur tous les points de la côte enfin, on éprouve le même malheur; point de commerce et point la possibilité de la pêche; les familles des marins sont dans la désolation. Quel plus bel emploi puis-je faire des fonds des Invalides de la marine que de soulager, dans les moments les plus critiques, les habitants des côtes ? Mon intention est donc d’employer quatre millions provenant de la caisse des Invalides à exécuter des travaux sur la côte pendant la campagne, savoir :
Deux millions à des constructions de bâtiments de guerre et deux millions à des travaux qui améliorent les ports.
Les deux millions des bâtiments de guerre seront destinés à construire une frégate à Nantes, une à Saint-Malo, un vaisseau à Toulon, un vaisseau à Lorient, et 8 gabares ou flûtes dans les ports de l’Océan où il serait le plus nécessaire d’occuper les ouvriers, et conformément au rapport que vous me ferez. Par ce moyen, les ouvriers qui, à Brest, ne peuvent être employés faute de matériaux, en trouveront à Lorient, à Nantes et à Saint-Malo. Sans doute que deux millions ne suffiront pas pour faire 2 vaisseaux, 2 frégates et 8 bricks ou gabares ou flûtes; mais ils suffiront pour les porter, dès cette année, à dix ou douze vingt-quatrièmes. Mon intention est que, ces bâtiments une fois construits, l’État les rachète à la caisse des Invalides moyennant des arrangements faits dans le temps.
Ces deux millions, joints aux constructions ordinaires du budget et aux deux millions que j’ai ordonnés par mon décret de ce jour et fournis pour un supplément à votre budget, remettront de l’activité sur des points de la côte.
Les deux autres millions de la caisse des Invalides seront employés, savoir :
500,000 francs au bassin ou travaux de Brest; 500,000 francs au port de Cherbourg;
500,000 francs répandus sur les petits ports, selon le rapport fait, depuis la Loire jusqu’à Granville;
500,000 francs sur les petits ports depuis Granville jusqu’à la Somme.
Ce qui, joint, aux dépenses des ports portés à votre budget, à l’extraordinaire de l’intérieur que je veux augmenter, remettront de l’activité dans ce genre de service sur les ports.
Présentez-moi un rapport détaillé avec décret, et convenable. Ordonnez aux ingénieurs de présenter la répartition des fonds dans les petits ports; de se concerter avec Cretet.
Vous présenterez un rapport sur la manière de se procurer les quatre millions. Il s’agira de se procurer à peu près 400,000 francs par mois, qui, à dater du 1er germinal, feraient six mois pour l’an XIII et quatre mois pour l’an XIV; ce sera à peu près la manière dont ces fonds pourront être dépensés. Comme cet objet est à mes yeux d’une importance majeure, je désire un rapport au travail le mercredi.